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Le trésor des nazis existe-t-il vraiment ?

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Après la défaite de l’armée allemande à la fin de la Seconde Guerre mondiale, on a assisté à une frénétique chasse à ce qui a été appelé « le trésor des nazis ». En réalité, il conviendrait plutôt de parler « des trésors des nazis », car plusieurs ont été trouvés et beaucoup d’autres restent à découvrir...

 

Afin de renflouer ses finances, Hitler donne l'ordre de piller systématiquement les coffres des banques centrales des pays qu'il envahit : 100 tonnes d'or aux Pays-Bas, 221 tonnes en Belgique...

Afin de renflouer ses finances, Hitler donne l'ordre de piller systématiquement les coffres des banques centrales des pays qu'il envahit : 100 tonnes d'or aux Pays-Bas, 221 tonnes en Belgique...

Partout où les troupes d’Adolf Hitler passaient, les soldats volaient le maximum de biens précieux aux populations rencontrées : cette pratique de « prises de guerre » par des armées a toujours été la règle lors des conflits, quelle que soit la période historique considérée.

Mais les nazis sont allés beaucoup plus loin : ils ont élaboré une stratégie de vols à très grande échelle, vols ordonnés par tout l’état-major allemand, de Hitler à Goering en passant par Rommel ou Eichmann. Puis, quand leur défaite devint inéluctable, les nazis commencèrent à cacher la plupart de leurs butins, en attendant des temps meilleurs pour venir les récupérer. Voici l’inventaire des principaux trésors nazis... trouvés ou à découvrir.

L’or volé aux banques des pays occupés

En janvier 1939, Adolf Hitler devient littéralement fou furieux en entendant Hjalmar Schacht, le président du directoire de la Reichsbank, la Banque d’Allemagne (devenue, après la guerre, la Bundesbank), lui révéler que les caisses de l’État nazi sont vides. L’or confisqué à l’Autriche lors de son annexion est, en effet, déjà épuisé. La raison est simple : l’effort de guerre entrepris par Hitler demande des capitaux colossaux. Or seul l’or est le « nerf de la guerre », car il permet d’acheter les matériaux stratégiques nécessaires aux forces armées du Reich : tungstène, pétrole, wolfram, uranium… Ces achats se font surtout auprès des pays neutres : ainsi, la Suède fournit le fer et les roulements à bille, la Turquie le chrome, le Portugal le tungstène pour la construction d’armes de qualité.

Afin de renflouer ses caisses, Hitler donne l’ordre de piller systématiquement les pays qu’il envahit : Pologne, Tchécoslovaquie, Belgique, Pays-Bas, France… Tout ce qui a de la valeur l’intéresse : lingots et pièces d’or, bijoux, devises, oeuvres d’art… Il confie cette « mission » aux SS, qui créent alors une unité spécifique chargée d’agir sur le terrain et surnommée DSK : le Devisen Schutz Kommando (détachement pour la mise en sûreté des devises). Ces derniers s’arrogent tous les droits : ils vident les coffres des banques centrales mais aussi des banques privées, pillant lingots et pièces d’or et n’hésitant pas à confisquer tous les objets en or des bijoutiers.

Leur première action d’envergure consiste à rafler 100 tonnes d’or à la Banque nationale des Pays-Bas, en lingots (1 kg) et en barres (12 kg). Puis, en juin 1940, direction la Banque nationale belge (BNB), mais les coffres sont vides. L’explication est simple : à la déclaration de la guerre, la BNB a déposé ses 221 tonnes d’or à la Banque de France. Le gouvernement de Vichy ayant envoyé, peu avant, tout son stock d’or à Dakar au Sénégal, Johannes Hemmen, le chef de la délégation allemande chargé de récupérer l’or belge, met les choses au point avec le gouverneur de la Banque de France, Bréat de Boisanger : « En Belgique, c’est nous qui sommes les maîtres. Nous avons donc tous les droits sur la Banque de Belgique et c’est à titre de client que je vous demande de mettre notre or en sécurité en le faisant transporter en Allemagne. » Le gouvernement français est contraint de s’incliner et doit rapatrier l’or belge après un parcours rocambolesque : utilisant camions, bateaux, trains et même chameaux, le convoi des caisses contenant l’or belge passe par Bamako, Tombouctou, Gao, Colomb-Béchar, puis Alger. De là, le tout est transféré par avion à la Reichsbank à Berlin. Le voyage aura duré au total dix-huit mois ! (voir « L’incroyable sauvetage des 736 tonnes d’or de la Banque de France ! » dans E&C n°40 et n°41).

L’or des victimes des camps allemands

Parallèlement au vol des stocks d’or des banques centrales des pays occupés par les nazis, une autre opération a lieu dès l’été 1942 : le Reichsführer Heinrich Himmler, responsable de la trentaine de camps de concentration nazis, ordonne de voler aux prisonniers les objets en or qu’ils portent sur eux (alliances, montres, bracelets, chaînes, montures de lunettes…). Et, dans les six camps d’extermination (ou « camps de la mort ») qu’il supervise, il demande d’arracher leurs dents en or aux cadavres sortant des chambres à gaz. Tout cet or non monétaire est ensuite refondu en lingots, frappés de l’aigle allemand et de la croix gammée, puis envoyés, sous bonne escorte, à Berlin, à la division SS chargée de la gestion des biens, qui les remet enfin à la Banque centrale allemande. Quand Hitler est certain de perdre la guerre, il fait effacer toute trace de cette effroyable opération, en donnant l’ordre de détruire les archives de la Reichsbank relatives à l’or provenant des camps.

À cette période, beaucoup de pays comme l’Espagne et le Portugal se mettent à refuser cet or : on commence, en effet, à savoir qu’il a été acquis de façon épouvantable. Le rôle de la Suisse devient alors incontournable, ce qui explique que le franc suisse soit resté la seule devise convertible durant toute la guerre. C’est Paul Rossy, le vice-président de la Banque nationale suisse basée à Berne, qui a eu l’idée de blanchir cet « or sale » en transformant l’or allemand en or suisse. Voici le mécanisme très efficace qu’il a mis au point : Hitler lui échange l’or volé contre des francs suisses, puis paye avec cette monnaie les matières premières stratégiques en provenance de pays neutres qui, ensuite, revendent leurs francs suisses contre de l’or, porteur d’un certificat d’origine suisse. La boucle est bouclée et « l’or sale » est désormais blanchi.

Le trésor des nazis existe-t-il vraiment ?

Le trésor découvert dans les mines de sel de Merkers

Le 3 février 1945, plus de 900 bombardiers américains B-17 lâchent 2 300 tonnes de bombes sur Berlin, détruisant presque entièrement la ville. Walther Funk, le président de la Reichsbank, craignant de voir tout son stock d’or pulvérisé, décide alors de le mettre à l’abri dans un endroit secret, à Merkers, ville située à 300 km au sud-ouest de Berlin.

Deux mois plus tard, le 4 avril 1945, des soldats du 358e Régiment d’infanterie de la 3e Armée entrent dans Merkers : ils libèrent des prisonniers polonais et français qui leur apprennent alors avoir travaillé dans la mine de sel de la ville et avoir été obligés d’y ranger des milliers de sacs, caisses et valises. Un commando de GI’s est immédiatement dépêché sur place : les soldats utilisent le monte-charge qui les descend à 800 m de profondeur. Ils se trouvent face à une galerie dont l’entrée est protégée par un mur de béton d’un mètre d’épaisseur. Après avoir dynamité ce dernier, ils découvrent une grande salle de 50 m de long sur 25 m de large et 4 m de haut. À l’intérieur, un trésor colossal s’offre à leurs yeux et à ceux du général Dwight D. Eisenhower, commandant des Forces alliées en Europe, arrivé le lendemain sur le site : plus de 8 000 lingots d’or, 1 300 sacs remplis de marks en or, 711 sacs de pièces d’or de 20 dollars, des centaines de sacs contenant des napoléons français et des livres anglaises en or, des centaines de sacs remplis d’objets en or, 40 sacs de lingots d’argent, plus de 400 oeuvres d’art (peintures, dessins…).

Pour emporter l’ensemble du trésor, il faudra remplir 1 100 containers et charger un premier convoi de 32 camions de 10 tonnes chacun. Deux jours plus tard suivra un second convoi de 26 camions, emportant les oeuvres d’art. À la fin de la guerre, les services secrets des États-Unis ont calculé que les Allemands auraient pillé pour environ 580 millions de dollars en or (environ 6 milliards d’euros d’aujourd’hui) aux banques centrales des pays occupés et aux particuliers. Ils en auraient transféré 440 millions vers la Suisse, soit les trois-quarts. La Suisse a donc servi de banque privilégiée aux nazis, ce qui lui a évité d’être envahie par Hitler et lui a permis de conserver son statut de pays neutre.

Le 25 mai 1946, un accord est signé à Washington. Il y est stipulé que « les gouvernements alliés ont fait valoir leurs droits aux biens allemands en Suisse et ont demandé la restitution d’or qu’ils disent avoir été pris contre tout droit par l’Allemagne aux pays occupés, pendant la guerre, et transféré par elle en Suisse ».

Puis, en septembre 1946, on confie l’or récupéré aux nazis à une commission internationale nommée Tripartite Commission for the Restitution of Monetary Gold composée, comme son nom l’indique, de représentants des États-Unis, de la Grande-Bretagne et de la France. Sa mission : s’assurer que chaque pays demandeur obtienne la restitution de l’or monétaire volé, en proportion de ce que les Allemands avaient pillé dans leurs banques centrales (l’or non monétaire, c’est-à-dire celui volé aux particuliers, n’est pas concerné). Dix pays émettent officiellement des revendications : Albanie, Autriche, Belgique, Tchécoslovaquie, Grèce, Italie, Luxembourg, Pays-Bas, Pologne et Yougoslavie. Un premier versement de 143 millions de dollars a lieu en 1947, puis un deuxième entre 1958 et 1966. Le dernier a eu lieu seulement en 1996 (Albanie). Au total, une quantité d’or d’une valeur de 4 milliards de dollars a été remboursée. À noter que l’ensemble des demandes ayant été supérieures à la quantité d’or nazi récupérée, chacun des dix pays a reçu 65% de ce qu’il réclamait.

Enfin, en avril 1998 (soit presque cinquantedeux ans plus tard), afin d’indemniser les victimes et les survivants de la Shoah, l’Allemagne, les principales banques suisses (Crédit Suisse, Union des Banques Suisses…), et des compagnies d’assurances, proposent 1 milliard de dollars pour solde de tout compte. Le Congrès juif mondial, basé à New York, réclame et obtient 1,25 milliard de dollars, par l’entremise de son département nommé Conference on Jewish Material Claims Against Germany (Organisation mondiale juive pour la restitution des biens).

Le trésor des nazis existe-t-il vraiment ?

Les trésors des lacs d’Autriche

Depuis 1945, de nombreux chercheurs ont plongé dans le lac Töplitz en Autriche car des témoins avaient vu, cette année-là, des SS y jeter de lourdes caisses. En 1959, beaucoup de faux billets de banque (essentiellement des livres anglaises), ainsi que des plaques d’imprimerie, ont été retrouvés au fond du lac par des plongeurs. Il s’agissait des faux billets de l’« Opération Bernhard », destinés à être largués par avion au-dessus de l’Angleterre, afin de créer une panique financière dans le pays. Mais rien d’autre ne fut trouvé dans le lac Töplitz.

En revanche, dans la ville d’Altaussee, toujours en Autriche, a été cherché et trouvé le trésor de l’Autrichien Ernst Kaltenbrunner, chef de la Gestapo, qui fut capturé par les Américains le 12 mai 1945. Ces derniers découvrent d’abord dans sa résidence, transformée en véritable forteresse, 76 kilos d’or enterrés dans le jardin. Puis ils mettent au jour 50 caisses contenant 2 tonnes de lingots d’or et une collection de timbres valant 5 millions de marks-or. En 2001, dans le lac voisin de la propriété, un plongeur retrouve même le sceau personnel de Kaltenbrunner : ce dernier a dû le jeter à l’approche des troupes américaines, afin de ne pas être identifié. Certains pensent qu’il reste probablement d’autres objets précieux dans ce lac.

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Le vol par Rommel des biens de riches familles juives de Tunisie

Erwin Rommel, le célèbre général allemand, a été surnommé « le Renard du désert », durant la Seconde Guerre mondiale, en raison de la grande campagne militaire qu’il mena en Afrique du Nord de 1941 à 1943, à la tête de son armée : l’Afrikakorps.

Lors de ses campagnes en Tunisie et en Libye, Rommel aurait amassé un véritable trésor de guerre, regroupé dans six énormes caisses en bois, remplies de lingots d’or, de diamants et de bijoux, volés à de riches familles juives de Tunisie. Quand Rommel est rentré en Allemagne en mars 1943, il a demandé à un commando de convoyer le magot par bateau. Ce dernier quitte le port de Bizerte le 12 mai 1943 et arrive en Corse en septembre, où il est bloqué dans le port de Bastia. On perd alors la trace du trésor… jusqu’en 1948, lorsqu’un ancien SS tchèque du nom de Peter Fleig affirme avoir été chargé, avec d’autres SS, d’emporter les caisses à bord d’une vedette et de se rendre sur la côte italienne. Mais l’embarcation ayant été attaquée par l’aviation américaine au sud de Bastia, au large de l’embouchure de la rivière Golo, Fleig et ses compagnons sont obligés de jeter les six caisses par-dessus bord. Depuis, Peter Fleig a monté plusieurs expéditions sous-marines sur place, afin de récupérer le magot, sans succès à ce jour faute d’avoir effectué à l’époque un relevé précis de sa position.

Dans le prochain numéro, nous verrons comment les nazis, après avoir profité de la Seconde Guerre mondiale pour voler les principaux stocks d’or des banques centrales européennes et détrousser les prisonniers des camps de leurs objets personnels en or, n’ont pas hésité à confisquer aussi des milliers d’oeuvres d’art de très grande valeur à de nombreux collectionneurs.

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