Le Special Operations Executive (SOE, « Direction des opérations spéciales ») est un service secret britannique qui opéra pendant la Seconde Guerre mondiale (créé le 19-22 juillet 1940 par Winston Churchill et dissous le 30 juin 1946), avec pour mission de soutenir les divers mouvements de résistance, au départ ceux des pays d'Europe occupés par l'Allemagne, et progressivement ceux de tous les pays en guerre, y compris en Extrême-Orient. Il eut aussi une action dans les pays faisant partie de l'Axe, et eut des sections dans les pays neutres (Espagne, Syrie, etc.).
Pour bien comprendre la place du SOE dans l'histoire de la Résistance et éviter certaines confusions parfois observées, il y a lieu de ne pas faire dépendre ce service du War Office (WO) ni des autres services secrets britanniques, tels que l’Intelligence Service. Les Britanniques, très marqués par la Grande Guerre, se refusaient pour la plupart à imaginer qu'un nouveau conflit fût possible ; mais quand même l'Anschluss, c'est-à-dire l'annexion de l'Autriche par Hitler en mars 1938, leur fit prendre conscience du danger. Et, comme ils ne pensaient évidemment pas que le Royaume-Uni pourrait, à lui seul, venir à bout de l'ennemi dans une bataille ordinaire (ils comptaient plus sur un blocus et sur des opérations capables d'affaiblir son moral et sa capacité de résistance), ils mirent alors sur pied diverses petites équipes chargées d'étudier, qui les voies d'une action psychologique sur les forces et sur la population ennemies (on se souvenait des résultats obtenus par la campagne de propagande menée en 1917), qui les moyens de frapper l'ennemi d'autre manière que selon les méthodes militaires classiques. Ce furent :
- EH (pour "Electra House", nom de l'immeuble où furent installés ces quelques journalistes et spécialistes de la radio qui s'occupaient des questions de propagande) relevant du Foreign Office ;
- la Section D, au sein du Secret Intelligence Service, relevant aussi du Foreign Office ;
- MI(R), pour Military Intelligence (Research), au War Office, c'est-à-dire au Ministère de la Guerre.
MI(R) et la Section D ne tardèrent pas à se découvrir l'une l'autre et se partagèrent le travail : la première s'occupant de ce qui pourrait être entrepris par des troupes en uniforme, l'autre de ce qui devait rester plus discret. Leurs chefs établirent, ensemble, un rapport qu'ils soumirent au chef de l'État-Major Impérial, Lord Gort, lequel en parla au ministre des Affaires Étrangères Lord Halifax ; et celui-ci organisa, le 23 mars 1939, une réunion au cours de laquelle une certaine forme de coopération pratique fut décidée, et de premières autorisations d'entrée en action furent données, visant des régions du centre et du sud-est de l'Europe alors déjà manifestement menacées par l'Allemagne.
Vinrent le 3 septembre 1939 et l'entrée en guerre. Aussitôt, chaque ministère récupère ses troupes ; et bientôt le manque de liaison, la dispersion des efforts, deviennent manifestes. Les mois passent. Le 10 mai 1940, un gouvernement de coalition est formé, et Churchill devient Premier Ministre. Il ne tarde pas à se rendre compte de la situation et prend l'initiative de l'indispensable remise en ordre. Il confie l'affaire à Lord Hankey qui, de Secrétaire dans le gouvernement de Neville Chamberlain (il avait donc une solide expérience des problèmes de coordination), était devenu Chancelier du Duché de Lancastre dans le gouvernement de coalition et disposait à la fois de l'autorité et du temps nécessaires.
Le 6 juin 1940, la chute de Dunkerque marque la déroute de l'armée britannique aux côtés de l'armée française. Les troupes régulières ne pourront pas reprendre pied sur le continent avant longtemps. Churchill envoie une note au général Hastings Lionel Ismay, chef du secrétariat militaire du cabinet de guerre britannique et du comité de défense impériale :« Nous devons nous mettre dans la tête que tous les ports de l'autre côté du Channel et que toutes les régions qui s'étendent entre ces ports sont un territoire ennemi. Des entreprises contre ce territoire doivent être préparées avec des troupes spécialement entraînées à débusquer le gibier et à répandre la terreur le long de ces rivages. Je compte sur le comité des chefs d'état-major pour me proposer des mesures appropriées à une vigoureuse et hardie offensive, menée sans répit contre toute la côte occupée par les Allemands. »
Lord Hankey entend tous les intéressés, sait les convaincre et amène Lord Halifax à réunir et présider, le 1er juillet 1940, une grande conférence à laquelle participent, entre autres, Lord Lloyd (ministre des Colonies, et — surtout — vieil ami de T.E. Lawrence dont il connaît bien les méthodes), Hugh Dalton (ministre de la Guerre économique), Stewart Menzies (nouveau chef du SIS, à la tête duquel il a succédé à l'amiral Sinclair, et patron de la section D) et le chef du Renseignement Militaire, dont dépend MI(R). Débats constructifs, et conclusion unanime : tous les services en cause doivent être rassemblés, et être placés sous une autorité unique disposant des pouvoirs les plus étendus. Dès le lendemain, Hugh Dalton confirme dans une lettre qu'il adresse à Lord Halifax, les vues qu'il a exprimées au cours de la conférence. Il écrit : « Nous devons organiser, dans les territoires occupés par l'ennemi, des mouvements comparables au Sinn Fein en Irlande, à la guérilla chinoise opérant actuellement contre les japonais, aux irréguliers espagnols... dans la campagne de Wellington... Ce dont nous avons besoin, c'est d'une nouvelle organisation qui soit en mesure de coordonner, d'inspirer, de contrôler et d'aider les ressortissants des pays opprimés, qui doivent eux-mêmes participer activement aux opérations... »
Le 11 juillet, Halifax voit Churchill. Neville Chamberlain, l'ancien Premier, et Clement Attlee, chef du Parti Travailliste, sont présents. La décision est prise ; et c'est Chamberlain, l'homme de Munich, qui est chargé de la mise en forme : il est maintenant Lord Président du Conseil et a le temps de s'occuper d'« extras » de la sorte. Il le fait tambour battant ; et ce n'est pas un papier de compromis qu'il prépare. Le 13 juillet, il fait déjà tenir son projet à tous les intéressés. Le 16 juillet, Churchill, document en main, reçoit Hugh Dalton, et lui demande de prendre la tête de l'organisme à créer. Son choix est déterminé par les capacités de l'homme (le Royaume-Uni est pratiquement seul face à l'Allemagne et, dans la conception stratégique de l'époque, seuls blocus et subversion peuvent permettre de venir à bout de l'ennemi : c'est donc l'instrument clef de la victoire qui est en cause) ; mais c'est aussi un choix politique : Dalton est travailliste et, depuis longtemps son parti se plaint que tous les services secrets soient dirigés par des conservateurs ; sa nomination est un moyen de rétablir l'équilibre ; en outre c'est vers les couches populaires des pays occupés que va devoir se tourner la nouvelle organisation et un homme de gauche paraît tout indiqué pour la mener dans cette voie. C'est lors de cette entrevue que Churchill aurait exprimé la mission du SOE par une phrase lapidaire devenue célèbre : « And now, set Europe ablaze ! » (« Et maintenant, mettez le feu à l'Europe ! »)
Le 19 juillet, Chamberlain signe son texte définitif. C'est la dernière tâche importante de sa vie, quelques jours avant son hospitalisation. Et c'est ce document qui est vénéré par le SOE comme sa charte de fondation. Le 22 juillet, le Cabinet s'en saisit et l'arrête formellement (après une correction mineure). Et le procès-verbal de la réunion du Cabinet ajoute seulement qu'« il serait très peu souhaitable que des questions relatives au SOE apparaissent à l'ordre du jour de la Chambre des Communes ». Les liaisons et échanges que les dispositions adoptées imposent sont les seules restrictions à l'autonomie du nouvel organisme qui, pour le reste, est donc tout à fait indépendant. Il l'est en particulier des autres services secrets et, d'abord, du S.I.S. dont le chef, Stewart Menzies (qui, rappelons-le, a participé à la réunion fondatrice présidée, le 1er juillet, par Lord Halifax) doit s'accommoder de la situation. En fait, pris par ses autres occupations, il a complètement perdu l'affaire de vue : il ne s'est même pas aperçu qu'un accord, intervenu dès le 16 août, entre Dalton et Halifax, l'a privé de sa section D et a fait passer celle-ci, en même temps que l'équipe de Electra House (propagande), sous l'autorité du SOE (personne n'a songé à l'avertir !) ; et lorsqu'il prend conscience de la situation, au début de septembre, il est évidemment trop tard pour tenter quoi que ce soit.
Il reste qu'il n'apprécie pas, et que le ressentiment qu'il éprouve — ajouté à la conviction qu'une fois en place les agents du SOE risquent fort de susciter des réactions peu propices au travail de ses agents à lui, chargés du renseignement — n'est pas de nature à le mettre dans de bonnes dispositions à l'égard de ce nouveau partenaire. Le Ministère de la Guerre, de son côté, a accepté le transfert du MI(R) : les discussions à ce sujet ont cependant pris un peu plus de temps, et c'est seulement en octobre qu'intervient la décision formelle. Mais la partie à proprement subversive de l'unité a pris les devants et a, tout simplement et sans attendre, rejoint la nouvelle formation.
Dalton organise rapidement son domaine :
- Il s'assure de la coopération d'un diplomate de talent, Gladwyn Jebb (qui sera, de 1954 à 1960, ambassadeur à Paris), qu'il nomme Chief Executive Officer et qu'il installe auprès de lui, à Berkeley Square House, c'est-à-dire au Ministère de la Guerre Économique, où il sera une sorte de Permanent Under Secretary (l'équivalent du Secrétaire Général de certains ministères français) pour le SOE (Sir Robert Vansittart, l'« assistant » désigné dans la « charte » du 22 juillet, reste, pour sa part, au Ministère des Affaires Étrangères, où il continue d'assumer ses fonctions de Chief Diplomatic Adviser, et ne consacre que relativement peu de temps au SOE, encore qu'au début, au moins, il soit consulté chaque fois que se posent des questions politiques importantes) ;
- Il met en place trois divisions, chargées respectivement de la propagande (SO1), des opérations (SO2) et du planning ainsi que de la sécurité (SO3) ;
- Et il nomme un Directeur Général à la tête de SO2, en la personne de Frank Nelson, un homme d'affaires (il a été dans le commerce des Indes), qui a été député conservateur et, en 1939, consul à Bâle, où il a acquis une certaine expérience des problèmes du renseignement et de la sécurité (il a été question, un moment, pour ce poste, du général Edward Spears), Grand et Holland, qui commandaient respectivement l'un la section D, l'autre MI(R), quittent le SOE pour rejoindre l'armée.
Mais les choses ne resteront pas longtemps en l'état. Un haut fonctionnaire des Affaires Étrangères, Rex Leeper, chef du Political Intelligence Department du ministère, est appelé à diriger SO1 (Sir Campbell Stuart, patron d'Electra House, est courtoisement renvoyé à ses journaux) et se met au travail. Aussitôt, ou presque, le ministère de l'information intervient (deux ministres se succèdent, Duff Cooper et Brendan Bracken, qui, tous deux, sont à la fois des personnages de poids et des amis personnels de Winston Churchill), exigeant qu'une coordination appropriée soit organisée entre ce que font ses services, chargés de la propagande officielle, et l'action moins « avouable » conduite par le SOE. Le ministère de l'information entend que le tout devrait être placé sous son autorité. Il obtient la création d'un second executive : le Political Warfare Executive, auquel est confiée la guerre politique ou psychologique et qui passe dans le giron des Affaires Étrangères. La charte du nouvel organisme prévoit heureusement que les autres ministères intéressés et le SOE auront leur mot à dire sur les orientations à donner et sur les choix à faire ; et le résultat sera satisfaisant : les relations entre PWE et SOE seront bonnes et leurs agents, assez souvent, coopéreront sur le terrain.
SO3 est confié à Philip Broad, arrivé comme assistant personnel de Gladwyn Jebb. Il est assisté, pour les questions de sécurité, par le brigadier van Cutsem. Et le service se noie rapidement dans les papiers et dans les complications de sa structure. Ses tâches concrètes passent à une unité nouvelle, qui est reprise par SO2, et est bientôt augmentée d'une administration des finances et d'une administration du personnel : SO2 ainsi agrandie et désormais seule, est alors... le SOE, tel que nous le connaîtrons.
L'organisation du SOE comprend :
- le quartier général,
- les antennes, créées dans les capitales neutres ou alliées,
- les Sections, chargées de l'action dans les pays étrangers (finalement sans se limiter à l'Europe)
- les Stations, situées en territoire britannique, qui se répartissent en :
- Stations expérimentales
- Écoles d'entraînement spécial (STS, Special training schools).
Le SOE est formé par la réunion de trois départements secrets, qui lui fournissent ses dirigeants et ses moyens initiaux :
- SO1 provient du département EH chargé de la propagande au Ministère des Affaires étrangères, dirigé par Sir Campbell Stuart. Plus tard, en septembre 1941, cette section sera détachée du SOE pour former le PWE, Political Warfare Executive, (en français : « Direction de la guerre politique »).
- SO2 provient de la section D, une sous-section de l'Intelligence Service créée en 1938, service action agissant plus particulièrement dans les Balkans, dirigée par le Major Lawrence Grand avec George Taylor comme adjoint, et dont le quartier général est installé dans The Frythe. Fin 1941, après la suppression de SO3 et le nouveau rattachement de SO1, SO2 représente la totalité du SOE.
- SO3 provient du MIR (Military Intelligence, Research), un département du Ministère de la Guerre, chargé de la planification des actions subversives et de sabotage, dirigé par le Major John C. Holland, avec le lieutenant-colonel Colin Gubbins pour adjoint ; le 17 janvier 1941, le SO3 est supprimé et ses principaux éléments rattachés au SO2.
Sir Frank Nelson est nommé à la tête du SOE. Pour des raisons de santé, il est remplacé par Sir Charles Hambro (1897-1963, KBE, MC) en avril 1942. Désapprouvant le regroupement des activités du SOE et de l'armée sous la même autorité, en août 1943, Hambro démissionne. Il est remplacé par son adjoint, le général de division (Major General) Colin Gubbins, qui prend lui-même pour adjoint R. H. Barry.
Tout commence petitement dans les locaux qu'occupait à Londres la section D à Caxton Street, non loin de la station de métro de St James's Park. L'espace manque vite ! SO2 s'installe dans un hôtel du voisinage, le St Hermin's6, et y est bientôt à l'étroit. La chance veut qu'un immeuble entier de bureaux devienne alors vacant, qui se trouve au 64 Baker Street, au nord d'Oxford Street, et appartient au gouvernement (il avait été occupé par les services de l'administration pénitentiaire, entre-temps casés ailleurs) : l'emménagement se fait le 31 octobre 1940. Le développement du SOE conduit à l'occupation d'espace sur une bonne partie du côté ouest de Baker Street. Ainsi, il s'étend au 84 dans d'anciens locaux des magasins Marks & Spencer, qui abrite le chiffre et les transmissions, en laissant le 62-64 à sa section française (section F). Au 84, le seul signe de la présence de services officiels est la plaque indiquant Inter-Services Research Bureau. En outre, plusieurs sections sont amenées à louer, dans le quartier, des appartements (ainsi la section F à Orchard Court) ou de petits hôtels particuliers (ainsi la section RF au 1, Dorset Square), pour y recevoir les agents sans que ceux-ci aient à accéder à la maison-mère (discussions préalables au recrutement, communication des consignes avant le départ en mission, exposé des rapports au retour des missions). Plus tard, le SOE occupera aussi Norgeby House, au 83. Le nom de Baker Street, celui de la rue où demeurait Sherlock Holmes, vaudra aux agents du SOE le surnom d'« Irréguliers de Baker Street ».
Le SOE comprend un certain nombre de sections régionales (country sections) qui coordonnent l'action des réseaux dans les différents pays :
- France : Deux importantes sections régionales du SOE (F et RF) sont consacrées aux opérations en France, et six autres sections sont impliquées à des titres divers :
- Section F : section française du SOE, sans relation avec la France libre. C'est la section la plus importante. Elle donna lieu à la formation de 95 réseaux.
- Section RF : section chargée de travailler avec les gaullistes (en l'occurrence André Dewavrin « Passy », chef des services de renseignements, qui devint le BCRA).
- Section DF : section chargée de la mise en place des filières d'évasion devant permettre le retour des agents en Angleterre.
- Section EU/P : section en relation avec les réseaux polonais du nord de la France.
- Section AL : section servant de bureau de liaison avec le ministère de l'Air britannique et chargée des liaisons aériennes clandestines avec le territoire français.
- Section Stockage-Emballage, pour les chargements de ravitaillement.
- Section MT : organise les écoles d'entraînement spécial qui forment les agents à la guerre secrète et subversive.
- section AMF : à partir de fin 1942, section basée à Alger qui opère dans le midi de la France ; après avoir brièvement collaboré avec les giraudistes, elle se met au service des gaullistes.
Autres pays
- Section H : Espagne ;
- Section I : Italie et Suisse ;
- Section MP : Pologne ;
- Section MPH : Hongrie ;
- Section MY : Tchécoslovaquie ;
- Section N : Pays-Bas ;
- Section S : Scandinavie :
- Section SD : Danemark ;
- Section SN : Norvège ;
- Section SS : Suède ;
- Section T : Belgique et Luxembourg ;
- Section X : Allemagne et Autriche ;
- Section Y : Yougoslavie.
- Autres sections : Grèce, Albanie, Roumanie, Abyssinie, Asie du Sud-Est.
Pour l'entraînement de ses agents, le SOE dispose de plusieurs dizaines d'écoles d'entraînement spécial (Special Training Schools ou STS) dont la liste est présentée dans l'article Liste des établissements du SOE. Le quartier général de l'entraînement du SOE est situé à Norgeby House, 83 Baker Street. Il est dirigé par le colonel J.S. Wilson. Les écoles d'entraînement spécial du SOE se répartissent en plusieurs catégories. Pour les présenter, suivons la séquence du programme d'entraînement d'un agent :
- Écoles préparatoires (preliminary schools). Ces écoles sont situées dans les Midlands et le sud de l'Angleterre et sont dirigées par le colonel Roger de Wesslow. Les futurs agents des deux sexes y sont répartis par nationalité, chaque Country section disposant de la sienne. Le stage dure quatre semaines, et permet de tester le caractère, les capacités physiques et les aptitudes à des tâches particulières de l'agent. Bien que formé par plusieurs instructeurs, l'agent est suivi par un même officier qui l'observe, le note, l'aide et finalement donne son avis sur son orientation. Avant l'été 1943, des aménagements sont apportés aux méthodes de recrutement : les preliminary schools sont alors remplacées par un Student Assessment Board (à Wanborough Manor, pour la section F) qui soumet les agents potentiels à toute une série de tests pratiques et psychologiques qui permettent de vérifier plus solidement leur aptitude au travail clandestin et, de plus, facilite leur orientation vers tel ou tel type de mission.
- Écoles d’endurcissement (roughning schools). Ces écoles sont situées en Écosse, dans l'Invernessshire : quartier général à Arisaig House, demeure familiale des Nicholson située près de Loch Ailort ; six autres manoirs réquisitionnés aux alentours. Elles sont dirigées par deux vétérans de la Première Guerre mondiale, le lieutenant-colonel Pat Anderson et le major James Young. Le stagiaire qui a été reconnu apte à la fin de son stage en école préparatoire y suit une nouvelle phase d'entraînement (tir instinctif, techniques de combat, techniques de démolition, maniement des explosifs, télégraphie morse, etc.) en cotoyant cette fois des stagiaires d'autres nationalités.
- École d'entraînement au saut en parachute no 1 de Ringway Airport. Cette école est située près de Manchester. Elle est dirigée par le wing commander Maurice Neuwham. Elle accueille des stagiaires du SOE, des commandos-parachutistes ou des combattants des troupes aéroportées, mais ceux du SOE sont logés à part, à Dunham Lodge (Bowdon, près d'Altrincham, dans le Cheshire).
- Écoles de finition spéciale (special finishing schools). Ces écoles sont situées sur les terres de la famille Montagu près de Beaulieu dans le Hampshire. Elles sont dirigées par le colonel Frank Spooner. Le stagiaire est préparé individuellement à sa future mission. Il est présenté à son futur officier traitant. Il suit un cours général sur les techniques de sécurité : comment trouver un refuge, organiser des liaisons, rompre une filature, communiquer en secret (chiffrage, encres invisibles, camouflage des documents), utilisation de « boîtes aux lettres », procédés du contact, prévention contre les méthodes de la police, comportement lors des interrogatoires, etc.). Il est informé des conditions et des habitudes de vie du pays où il va se rendre. À la fin du stage, il est soumis à un exercice spécial de trois à cinq jours destiné à tester sa débrouillardise : il reçoit un objectif de sabotage (décrit dans un dossier sommaire qu'il doit entièrement mémoriser) ; on lui retire tous ses papiers ; on lui laisse dix shillings ; s'il se fait prendre par la police et ne parvient pas à s'échapper ou à se faire libérer, il peut utiliser comme ultime recours un numéro de téléphone appris par cœur, qui le protège contre l'incarcération pour espionnage mais probablement pas de la radiation du SOE pour incapacité.
Les futurs radio passent, eux, à l'école spéciale d'entraînement située à Thames Park, dans l'Oxfordshire. Cette école à part ne dépend pas de la direction de l'entraînement, mais de celle des signals, dont dépendent également les stations centrales (Home stations), le service du chiffre et une section de recherche spécialisée dans la conception et le perfectionnement des appareils émetteurs et récepteurs (postes récepteurs dits biscuits, appareils Rebecca-Eureka, S-phone). Les moyens aériens dont les sections régionales du SOE ont besoin pour leurs opérations leur sont fournis par la Royal Air Force. Grâce à l'appui de Churchill, les effectifs du SOE croissent rapidement, au point d'atteindre finalement environ 13 000 personnes, employées directement ou contrôlées.
Le 30 juin 1946, le SOE, devenu sans objet, est dissous. Ce qui reste du personnel et des équipements, absorbé par le MI6, est réparti entre les différentes divisions opérationnelles et le nouveau Directoire de l'entraînement et du développement pour la préparation à la guerre (DEWP).