Français Libre un jour, Français Libres toujours : 74 ans après l'Appel du 18 juin 1940, la flamme qui animait ceux qui ont tout quitté pour suivre le général de Gaulle et continuer le combat, brûle encore.
Des vétérans de la Seconde Guerre mondiale et Compagnons de la Libération, dont Daniel Cordier (3e g) et Fred Moore (4e g), lors d'une cérémonie au Mont-Valérien, près de Suresnes, le 18 juin 2008 - Photo de Eric Feferberg
Mercredi après-midi, quelques dizaines d'entre eux - nonagénaires pour la plupart - commémoreront cet acte fondateur au Mont-Valérien, en présence de François Hollande et de Manuel Valls.
La Fondation de la France Libre recense quelque 53.500 Français Libres. Le nombre des survivants est estimé par les historiens à un millier.
Mercredi devant le mur en grès rose des Vosges du Mémorial de la France combattante, huit Compagnons de la Libération seront présents sur les 19 encore vivants de cet ordre prestigieux qui a compté au total 1.038 Compagnons. Le dernier sera inhumé dans la crypte aux côtés des 15 hommes et femmes morts pour la France de 1939 à 1945, originaires de France et des colonies, symbolisant les différentes formes des combats pour la Libération.
Ces huit vieux messieurs - le plus jeune a 89 ans - porteront la Croix de la Libération, un écu de bronze rectangulaire avec un glaive et une Croix de Lorraine et la devise latine "Patriam servando victoriam tulit" (En servant la Patrie, il a remporté la victoire). L'écu est accroché à un ruban, alliant le noir du deuil au vert de l'espérance pour symboliser l'état de la France en 1940.
Les représentants des cinq villes Compagnon (Nantes, Grenoble, Paris, Vassieux-en-Vercors, Ile de Sein) et des 18 unités Compagnon, seront également présents avec les médaillés de la Résistance.
-'Je ne vous félicite pas...'-
Le colonel Fred Moore, délégué national du Conseil national des communes Compagnon et Anne Hidalgo, maire de Paris, raviveront la flamme de la Résistance du mémorial.
"Alors Moore, toujours Français Libre!", avait lancé le général de Gaulle en novembre 1958 à Fred Moore qui venait de remporter l'un des sièges de député à Amiens. L'ancien officier de spahis a combattu en Tunisie contre l'Afrika Korps de Rommel et a participé à la libération de Paris dans les rangs de la 2e DB. Il s'était présenté à cette élection législative à la demande du général de Gaulle.
Dans son livre de mémoires qui vient de paraître et intitulé "Toujours Français Libre!" (éditions Elytis), Fred Moore, 94 ans, raconte son engagement dans la France Libre à Londres, dès le 23 juin 1940, pour "parler au nom de tous les Compagnons, une responsabilité éminente".
"Français Libre, c'est pour moi la seule chose de ma vie qui a de l'importance et que je serais prêt à recommencer", dit à l'AFP Daniel Cordier, 93 ans. L'ancien secrétaire de Jean Moulin, qui avait gagné Londres dès le 25 juin 1940, se souvient des "maigres rangs de la Légion de Gaulle formés de centaines de lycéens" passés en revue par le général de Gaulle début juillet.
Daniel Cordier dit avoir été choqué par la première phrase du chef de la France Libre: "Je ne vous félicite pas d'être venus, vous n'avez fait que votre devoir". Il n'a jamais oublié la deuxième : "Ca sera dur, ça sera long mais à la fin nous gagnerons".
"Français Libre est un terme qui, pour moi, n'a jamais vieilli, assure Daniel Cordier, et je suis toujours resté un Français Libre même quand j'ai rompu politiquement avec De Gaulle quand il a quitté la présidence du gouvernement en janvier 1946".
Jean-Louis Crémieux-Brilhac, 97 ans, chef du service de diffusion clandestine de la France Libre à Londres, est "fier d'avoir participé à cette épopée, l'élément majeur de sa vie", raconte-t-il à l'AFP. Cette "aventure n'est pas seulement militaire, c'est aussi une réussite politique de bout en bout due au talent exceptionnel du général de Gaulle".