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MacArthur Douglas

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Douglas MacArthur (26 janvier 1880 - 5 avril 1964) fut un général américain et reçut la Médaille d'Honneur ainsi que le commandement suprême des forces alliées dans le sud-ouest du Pacifique durant la Seconde Guerre mondiale

MacArthur Douglas

Il dirigea la défense de l'Australie et la reconquête de la Nouvelle-Guinée, des Philippines et de Bornéo. Il était prêt à envahir le Japon en novembre 1945 mais accepta à la place leur capitulation le 2 septembre 1945. Il fut responsable de l'occupation du Japon de 1945 à 1951. Il s'occupa également des forces des Nations unies défendant la Corée du Sud contre la Corée du Nord en 1951. MacArthur fut démis de ses fonctions par le président des États-Unis Harry S. Truman en avril 1951 au vu de ses préférences stratégiques durant la guerre de Corée. Il comptait attaquer la République populaire de Chine puis la Corée du Nord avec des bombes atomiques avant d'entamer des négociations avec les Soviétiques.

Le Général MacArthur prit part à trois guerres majeures (la Première Guerre mondiale, la Seconde Guerre mondiale et la guerre de Corée) et monta jusqu'au rang de Général d'Armée (cinq étoiles). Il devint ainsi l'une des cinq personnes ayant occupé cette position dans l'histoire des États-Unis. Il est toujours l'un des soldats les plus décorés dans l'histoire militaire des États-Unis. MacArthur reste l'une des figures les plus controversées de l'histoire militaire américaine. Certains l'admirent pour ses talents de stratège tandis que d'autres le critiquent pour certaines de ses actions, notamment son rôle lors du procès de Tokyo. Il permit à de nombreux accusés, dont des membres de la famille impériale, d'échapper à la justice du tribunal. Son face à face avec Truman en 1951 divisa également l'opinion à son sujet.

MacArthur est né à Little Rock dans l'Arkansas. Son père était le Lieutenant Général Arthur MacArthur Jr. qui avait reçu la Medal of Honor (plus haute distinction militaire aux États-Unis) à l'âge de 19 ans durant la guerre de Sécession ; il fut aussi le général conquérant d'Emilio Aguinaldo en 1901 lors de l'insurrection des Philippines (guerre américano-philippine). Sa mère, Mary Pinkney Hardy MacArthur était originaire de Norfolk en Virginie. Dans ses mémoires Reminiscences, MacArthur indique que son premier souvenir est celui du son d'un clairon, instrument qu'il dit avoir appris à dompter avant même d'être capable de lire et d'écrire, presque avant même d'être capable de marcher et de parler. Son enfance suivit les déplacements de sa famille. Il passa une partie de sa jeunesse à Washington avec son grand-père paternel, le juge Arthur MacArthur, un membre de la haute-société et de la scène politique de la capitale.

En 1893, le père de MacArthur était en poste à San Antonio au Texas. Douglas suivit alors la West Texas Military Academy (devenue l'Episcopal School of Texas) où il devint un excellent étudiant. Il entra ensuite à West Point en 1898 et démontra ses aptitudes : premier rang parmi 93 hommes en 1903 avec une moyenne qui ne fut surpassée que par deux personnes durant toute l'histoire de l'académie. MacArthur rejoint le corps des ingénieurs de l'US Army en tant que second lieutenant. Il assista son père devenu gouverneur général aux Philippines après que l'archipel passe en main américaine. De 1904 à 1914, MacArthur servit dans le domaine de l'ingénierie aux Philippines, dans le Wisconsin, le Kansas, le Michigan, le Texas et Panama. Durant cette période, il étudia à l'Engineer School of Application (1906 à 1907), et reçut son diplôme en 1908.

Il travailla par la suite dans le bureau du Chief of Engineers. De 1913 à 1917, MacArthur servit dans l'état-major du département de la Guerre, notamment en tant que détaché lors d'une mission de renseignement à Veracruz au Mexique en 1914. Il était par ailleurs franc-maçon. C'est dans le contexte de la Révolution mexicaine que MacArthur fut amené à effectuer des missions au Mexique. Sous les ordres du général Frederick Funston, MacArthur fut envoyé pour une longue mission de reconnaissance derrière les lignes mexicaines. Même s'il fut admiré pour son courage et proposé pour la Medal of Honor, ses actions avaient dépassé les limites que Funston lui avait imposées. Durant la Première Guerre mondiale, MacArthur effectua son service en France en tant que chef d'état major de la 42e division d'infanterie (Rainbow). Suite à sa promotion au grade de brigadier général, il devint commandant de la 84e brigade d'infanterie. Quelques semaines avant la fin de la guerre, il fut nommé commandant de division. Pendant la guerre, il reçut plusieurs médailles : deux Distinguished Service Cross, sept Silver Star, une Distinguished Service Medal et deux Purple Heart.

Douglas MacArthur mit un point d'honneur à « mener (ses) hommes depuis le front ». En raison de cette volonté ferme, il fut exposé à des gaz toxiques lors des combats. Comme il refusait de porter un masque à gaz, il souffrit de problèmes respiratoires jusqu'à sa mort. Il fut l'un des officiers les plus décorés de la guerre et le général Menoher dit un jour de lui qu'il était l'un des plus grands combattants de l'armée. Comme beaucoup d'officiers après la guerre, MacArthur eut des difficultés pour trouver un emploi à temps complet dans l'armée. Cette période fut difficile, il mit en œuvre son réseau de connaissances ainsi que celui de son père, afin de trouver des offres et asseoir sa place. On lui proposa de devenir attaché militaire au bureau des affaires indiennes. Il conserva son grade après la guerre principalement grâce à l'appui du général Peyton March, le nouveau chef d'état-major. En 1919, MacArthur devint superintendant de l'académie militaire des États-Unis de West Point. L'école était en retard par rapport aux nouvelles stratégies militaires et nécessitait des réformes. MacArthur ordonna des changements drastiques dans l'enseignement tactique, athlétique et disciplinaire. Il modernisa et enrichit le cursus en ajoutant des branches qui n'étaient pas liées à la vie militaire, notamment des cours d'arts.

Il épousa le 14 février 1922 Henrietta Louise Cromwell Brooks, une riche héritière avec deux enfants d'un précédent mariage. Ils divorcèrent en 1929. De 1922 à 1930, MacArthur effectua deux mandats successifs aux Philippines, la deuxième fois en tant que commandant du département des Philippes (1928 à 1930). Il fit également deux mandats de commandant des zones de corps aux États-Unis. En 1925, il fut promu major général, devenant ainsi le plus jeune officier avec ce grade, et participa à la cour martiale qui s'occupa de l'affaire du brigadier général Billy Mitchell, accusé puis condamné pour insubordination. En 1928, MacArthur fut président du comité olympique des États-Unis et œuvra dans le but d'envoyer une délégation américaine forte pour les Jeux olympiques d'été d'Amsterdam.

Le président Herbert Hoover éleva MacArthur au rang de Chef de l'état-major de l'armée des États-Unis en novembre 1930, avec un grade temporaire de général 4 étoiles. La situation était toutefois difficile pour le nouveau commandant : les budgets étaient serrés et en même temps, le nombre de volontaires pour une carrière militaire augmentait sensiblement à cause du chômage. Le président suivant, Franklin D. Roosevelt renouvela son affectation. En octobre 1935, l'armée américaine se trouvait à la 16e place au niveau mondial (en termes de taille) avec 13 000 officiers et 126 000 soldats. Le programme de MacArthur incluait le développement de nouveaux plans de mobilisation, l'établissement de quartiers généraux mobiles pour l'armée de l'air, et une réorganisation de l'armée en quatre parties afin de rendre son administration plus efficiente. Il prit part activement dans le « New Deal » via sa gestion du « Civilian Conservation Corps ». MacArthur emmena avec lui des officiers subalternes talentueux qui allaient marquer l'histoire durant les décennies suivantes : George C. Marshall et Dwight D. Eisenhower.

Les actions les plus controversées de MacArthur se produisirent en 1932 quand Hoover lui demanda de disperser la « Bonus army », un groupe de vétérans de la première guerre qui protestait contre le gouvernement à Washington. Il mena cette action avec fermeté — malgré les réticences d'Eisenhower — et fut critiqué pour avoir utilisé du gaz lacrymogène contre les manifestants. Deux vétérans furent tués par balles, deux enfants décédèrent des suites d'une intoxication au gaz et une centaine de participants furent blessés. Afin de justifier la réplique, MacArthur affirma que la manifestation avait été organisée par les communistes et les pacifistes. Selon ses dires, il n'y avait qu'un « seul vétéran pour 10 manifestants ». Cela n'empêcha toutefois pas la « Bonus army » de se rassembler à nouveau l'année suivante.

Lorsque le Commonwealth des Philippines atteint son statut semi-indépendant en 1935, avec sa propre armée, le président des Philippines, Manuel L. Quezon, demanda à MacArthur de superviser la création d'une armée des Philippines. Avec l'approbation de Roosevelt, MacArthur accepta. Quezon était un ami de la famille MacArthur, plus particulièrement du père de Douglas alors qu'il était gouverneur général. MacArthur imposa toutefois deux conditions : son salaire devait être identique à celui du président et son logement devait être comparable à celui du président. La demeure présidentielle était en effet celle que MacArthur avait connue durant sa jeunesse, le Malacanang Palace. Celui-ci avait abrité le gouvernement général d'Espagne, le gouverneur général des États-Unis et tous les présidents philippins.

Il fut décidé de loger MacArthur dans une suite du Manilla Hotel. L'hôtel était propriété du gouvernement philippin et se trouvait non loin de l'Army & Navy Club, un lieu particulièrement apprécié par MacArthur. De plus, l'ambassade américaine se trouvait non loin de là. Les comptables du gouvernement décidèrent de limiter les coûts de l'hébergement du général en l'inscrivant comme employé de l'hôtel. MacArthur reçut le titre honorifique de General Manager. MacArthur ignora ce statut et géra également l'hôtel durant son séjour. La suite MacArthur existe toujours. Le 30 avril 1937, MacArthur épousa sa seconde femme, Jean Faircloth. Elle lui donna un fils et ils restèrent ensemble jusqu'à la mort du général en 1964. Quand il quitta l'armée en 1937 à l'âge de 57 ans, il fut nommé Field Marshal de l'armée des Philippines par le président Quezon. En juillet 1941, Roosevelt le rappela au service actif et le nomma commandant des Forces des États-Unis en extrême-orient (USAFFE) basées à Manille.

MacArthur investit passablement de fonds dans l'industrie et les mines aux Philippines. Peu avant que la Philippine National Bank ne ferme à New York lors de l'attaque sur Pearl Harbor, MacArthur réussit à vendre l'ensemble de ses actions et convertir ses pesos en dollars. Parmi les assistants et conseillers militaires de MacArthur aux Philippines figurait Dwight D. Eisenhower. Après l'entrée en guerre des États-Unis en décembre 1941, MacArthur fut propulsé au poste de commandant des forces alliées aux Philippines. Certains de ses ordres furent critiqués, en particulier lorsqu'il passa outre l'avis de son commandant des forces aériennes, le général Lewis H. Brereton, qui avait demandé la permission de lancer des attaques aériennes contre les bases japonaises de Taïwan. L'opération devait être menée par la US Far East Air Force (FEAF) mais fut qualifiée de suicide par MacArthur. Il ordonna en contrepartie de déplacer les avions afin de les protéger des raids nippons. Seule la moitié des aéronefs fut repositionnée, le reste fut détruit au sol par les avions japonais. Cet évènement indiqua l'imminence de l'invasion des Philippines.

Son quartier-général pendant la campagne des Philippines entre 1941 et 1942 se trouvait sur la forteresse insulaire de Corregidor. Il y resta pendant 3 mois et demi et rendit visite aux soldats sur le front de Bataan une seule fois. Son départ de Corregidor et l'absence de visites plus fréquentes furent mal perçus par ses hommes qui le surnommèrent Dugout Doug littéralement le « Doug(las) du bunker ». La forteresse de MacArthur était progressivement devenue peu sûre pour lui et faisait partie des cibles visées par les Japonais, jusqu'à ce que Manuel Quezon lui demande de « ne pas s'exposer au danger ». En mars 1942, les forces japonaises commencèrent à encercler la zone des Philippines et MacArthur, sur ordre de Roosevelt, fut envoyé à Melbourne en Australie. Le président philippin et sa femme avaient quitté l'archipel quelque temps auparavant. De Gaulle rapporte, dans ses souvenirs de guerre (tome 1) que voyant MacArthur encerclé par les Japonais et sans doute promis à la captivité, il aurait demandé à voir l'ambassadeur Américain à Londres. Lorsqu'il vit celui-ci, il lui déclara qu'il fallait absolument que le Gouvernement Américain sauvât cet officier, qui selon de Gaulle, était l'un des meilleurs du camp allié. Sans savoir si son avis pesa, MacArthur fut effectivement évacué quelques jours après.

Le 12 mars 1942, MacArthur, accompagné de sa femme, de son fils de quatre ans, de son infirmière chinoise et d'un groupe d'officiers, s'échappa à bord d'un PT 41 (un petit navire torpilleur) sous le commandement du lieutenant John D. Bulkeley. Le groupe réussit à se soustraire à l'intense recherche menée par les Japonais afin de retrouver le général. Le navire se dirigea vers Mindanao. Ils atteignirent l'île le 13 mars et embarquèrent sur un B-17 trois jours plus tard. Le 17 mars, MacArthur arriva au Batchelor Airfield au nord de l'Australie. Un train du Ghan railway l'amena à Adelaïde. Le 20 mars à Terowie, il déclara : I came out of Bataan and I shall return (Je suis parti de Bataan mais je reviendrai), une phrase devenue célèbre et qui montra la détermination de MacArthur. La citation a été utilisée dans beaucoup de plaisanteries de l'époque à son sujet. Le président Manuel Quezon le décora avec la Philippine Distinguished Conduct Star.

Élevé au rang de Commandant suprême des forces alliées dans la zone du sud-ouest pacifique (Southwest Pacific Area, SWPA), il poursuivit son commandement depuis l'Australie. Pour lever toute ambiguïté, le premier ministre australien, John Curtin, le mit en contact direct avec l'armée australienne dont le nombre d'hommes était supérieur au contingent géré par MacArthur. Un petit nombre de militaires américains, hollandais et d'autres pays alliés rejoignirent ces troupes. La première mission de MacArthur était de rassurer le peuple australien qui craignait une invasion japonaise. Les combats se déroulaient principalement en Nouvelle-Guinée et dans les Indes orientales néerlandaises. Le 20 juillet 1942, les quartiers du SWPA furent déplacés à Brisbane dans un bâtiment de l'assurance AMP (plus tard baptisé MacArthur central).

Les succès australiens durant la bataille de Milne Bay et la campagne de la piste de Kokoda arrivèrent vers la fin de l'année 1942. Elles marquèrent les premières victoires de forces terrestres alliées contre les Japonais. Quand les stratèges constatèrent qu'un grand nombre d'officiers de la 32e division d'infanterie (une unité de la garde nationale mobilisée en urgence) s'étaient avérés incompétents lors de la bataille de Buna-Gona, MacArthur décida de nommer le commandant de corps Robert L. Eichelberger à la tête des opérations alliées pour relever le général Edwin F. Harding. MacArthur ordonna le 29 novembre 1942 ce nouveau commandement en ces termes : Bob, je vous place au commandement à Buna. Relevez Harding... Je veux que vous enleviez tous les officiers qui ne se battent pas. Relevez les commandants des bataillons et des régiments ; si nécessaire, placez des sergents à la tête des bataillons et des caporaux à la tête des compagnies. Bob, soit vous prenez Buna, soit vous ne revenez pas vivant. Et cela s'applique également pour votre chef d'état-major.

Eichelberger arriva le 2 décembre sur place, remplaça immédiatement plusieurs officiers supérieurs et réorganisa l'approvisionnement. Le coup de force de MacArthur dans l'organisation des opérations à Buna s'avéra payante puisque les alliés réussirent à s'emparer de plusieurs positions japonaises durant le mois de décembre et remportèrent la bataille — malgré de lourdes pertes — le 22 janvier 1943. En mars 1943, le Comité des chefs d’états-majors interarmes approuva la stratégie de MacArthur dans le cadre de l'opération Cartwheel qui avait pour but de capturer la principale base japonaise de Nouvelle-Guinée à Rabaul. Divers points stratégiques devaient servir de points d'appui à l'avancée alliée. Durant l'année 1944, les plans furent modifiés afin de contourner Rabaul. Initialement, la majorité des forces terrestres était composée d'Australiens mais un nombre important d'Américains fut intégré dans l'opération, en particulier la 6e armée (Alamo Force) et plus tard la 8e armée. Les forces alliées menées par MacArthur arrivèrent sur l'île de Leyte le 20 octobre 1944. MacArthur avait tenu sa promesse, il était revenu aux Philippes et avait repoussé l'envahisseur nippon. En décembre 1944, il fut promu au rang de général 5 étoiles (General of the Army). Le 15 décembre 1944, les troupes de MacArthur s'attaquèrent à Mindoro. Elles arrivèrent le 9 janvier 1945 à Luçon après des combats acharnés qui permirent d'asseoir leurs positions. La marine japonaise contre-attaqua durant la bataille du golfe de Leyte. La reconquête des Philippines se poursuivit durant les premiers mois de 1945, avec la prise de contrôle de Manille en mars.

MacArthur déplaça son quartier général à Manille, une ville complètement dévastée, où il commença à préparer l'invasion du Japon prévue pour la fin 1945. Notamment en faisant bombarder massivement, sous son commandement, des villes du Japon sans aucun intérêt stratégique, provocant ainsi plusieurs centaines de milliers de morts gratuites. Les plans furent interrompus par les bombardements atomiques d'Hiroshima et Nagasaki en août. Le 2 septembre 1945, MacArthur préside la signature des actes de capitulation du Japon à bord de l'USS Missouri. Il signa l'acte avec six stylos qu'il distribua à plusieurs personnes : sa femme, le général Wainwright, le général Percival, l'académie de West Point et sa secrétaire Courtney Whitney. Un stylo est également présent aux archives nationales à Washington. Il prononce son discours après l'arrivée de la délégation japonaise  : Nous sommes réunis ici, les représentants des principales nations en guerre, afin de conclure un accord solennel par lequel la paix sera rétablie. Les questions, impliquant des idéaux et des idéologies divergents, ont été déterminées sur les champs de bataille du monde et ne feront pas l'objet de (notre) discussion ou d'un débat. Pas plus qu'il n'est question de nous rencontrer ici, en représentant une majorité des peuples de la terre, dans un esprit de méfiance, méchanceté ou haine. Mais il est plutôt question pour nous, les victorieux et les vaincus, de s'élever vers cette noble dignité qui seule convient aux buts sacrés que nous nous apprêtons à servir, en engageant sans réserve toutes nos nations à une fidèle conformité avec l'accord que nous allons ici formellement adopter. C'est mon espoir le plus sincère, et effectivement l'espoir de toute l'humanité, qu'à partir de cette occasion solennelle un monde meilleur émerge du sang et du carnage du passé - un monde dédié à la dignité de l'homme et la réalisation de son vœu le plus cher de liberté, de tolérance et de justice.

Après avoir reçu les signatures des Japonais, MacArthur poursuit son discours qui sera transmis par radio dans le monde entier : Aujourd'hui, les armes se sont tues. Une grande tragédie se termine. Une grande victoire a été remportée... Quand je regarde en arrière le long, tortueux chemin depuis ces tristes jours de Bataan et Corregidor, quand le monde entier vécut dans la peur, quand la démocratie était partout sur la défensive, quand la civilisation moderne se mit à trembler dans la balance, je remercie un Dieu clément qui nous a donné la foi, le courage et l'énergie nous permettant de forger la victoire. Nous avons connu l'amertume de la défaite et l'exaltation du triomphe, et des deux, nous avons appris qu'il n'y avait aucun retour en arrière possible. Nous devons aller de l'avant afin de préserver en paix ce que nous avons gagné à la guerre.

Une nouvelle ère s'approche. Même la leçon de la victoire en elle-même apporte une profonde inquiétude, pour notre sécurité future et la survie de la civilisation. Le potentiel destructif de la guerre, au travers des progrès de la découverte scientifique, a en fait atteint un point qui modifie les concepts traditionnels de la guerre. Les hommes ont cherché à atteindre la paix depuis la nuit des temps... Les alliances militaires, la répartition des forces, les unions de nations, ont toutes faillies à leur tour, laissant comme unique solution l'épreuve de la guerre. Nous avons eu notre dernière chance. Si nous ne concevons maintenant un système plus grand et plus équitable, l'Armageddon se trouvera devant notre porte. Le problème est fondamentalement théologique et demande un effort spirituel et l'amélioration du comportement humain qui se synchronisera avec nos avances presque incomparables en science, art, littérature et dans toute la substance et le développement culturel des dernières 2000 années. Cela doit rester dans notre esprit si nous voulons épargner les nôtres.

MacArthur reçut la Medal of Honor pour ses actions dans la guerre du Pacifique. Le président philippin, Sergio Osmeña lui décerna la plus haute distinction militaire des Philippines, la « médaille de la valeur. » À titre de commandant suprême des forces d'occupation alliées au Japon, Mac Arthur insista pour que l'empereur Hirohito demeure en poste pour éviter une déstabilisation du pays. Plusieurs historiens critiquent les efforts qu'il mena pour exonérer l'empereur et tous les membres de la famille impériale impliqués dans la conduite de la guerre de poursuites criminelles lors du Procès de Tokyo. Selon John Dower, «Cette campagne menée à bien pour absoudre l'Empereur de sa responsabilité à l'égard de la guerre ne connut aucune limite. Hirohito ne fut pas seulement présenté comme étant innocent de toute action formelle qui aurait pu le rendre susceptible d'une inculpation comme criminel de guerre. Il fut transformé en une icône sainte ne portant même aucune responsabilité morale à l'égard de la guerre.»

Selon Herbert Bix, «Les mesures réellement extraordinaires entreprises par Mac Arthur pour sauver Hirohito d'un jugement comme criminel de guerre eurent un impact persistant et profondément distordant dans la compréhension des japonais à l'égard de la guerre perdue.» et «plusieurs mois avant que ne débutent les travaux du Tribunal, les plus hauts subordonnés de Mac Arthur travaillaient à attribuer la responsabilité ultime de l'attaque de Pearl Harbor à Hideki Tojo.» Ainsi, «immédiatement à son arrivée au Japon, (le brigadier-général) Bonner Fellers se mit au travail pour protéger Hirohito du rôle qu'il avait joué pendant et à la fin de la guerre» et «permit aux principaux criminels de guerre de coordonner leur version des faits afin que l'Empereur échappe à une inculpation.».

Mac Arthur obtint également en 1948 l'immunité pour Shiro Ishii et tous les employés de son réseau d'unités de recherche bactériologique et de vivisection, pourtant accusés de crimes de guerre et crimes contre l'humanité. La paternité de l'actuelle constitution du Japon et le retour d'une démocratie parlementaire dans l'archipel lui revient. Le proconsul Douglas Mac Arthur a travaillé librement sans trop se soucier des idées de l'administration américaine et s'est montré plus ouvert et moins restrictif que l'administration démocrate de l'époque car pour lui, le Japon a toujours été un allié potentiel et non simple vaincu.

Les États-Unis proposèrent à l'Union soviétique, en même temps que la capitulation du Japon, de diviser la péninsule coréenne alors partie de l'empire du Japon le long du 38e parallèle et de l'occuper; les États-Unis et l'Union soviétique occupèrent respectivement le sud et le nord de la région. La division se poursuivit et fut bientôt marquée par plusieurs batailles sur la frontière. Finalement, en 1950, la Corée du Nord augmenta son potentiel militaire et attaqua vers le sud avec l'intention d'unifier la péninsule et d'instaurer un système communiste. La guerre de Corée débuta par une attaque nord-coréenne le 25 juin 1950. L'assemblée générale des Nations Unies autorisa le déployement d'une force au sud afin d'aider la Corée du Sud. MacArthur mena la coalitation de l'ONU qui contre-attaqua et repoussa les forces nordistes après un débarquement amphibie derrière leurs lignes. La bataille d'Inchon força la Corée du Nord à se repositionner plus haut sur son territoire. Les Américains et leurs alliés poursuivirent les frappes si bien qu'ils commencèrent à s'approcher de la frontière chinoise. La république populaire de Chine avertit alors qu'elle pouvait potentiellement entrer dans le conflit plutôt que de laisser la Corée du Nord se faire battre et offrir aux Américains la possibilité de se rapprocher des frontières chinoises.

Pendant son déplacement à Wake Island afin de rencontrer le président Harry S. Truman, MacArthur fut questionné au sujet de l'implication chinoise dans la guerre. MacArthur ne considérait pas la Chine comme un danger et prônait la défaite complète de la Corée du Nord avec un « Il n'y a pas de substitut pour la victoire. ». Le 19 novembre 1950, l'armée populaire de libération traversa la rivière Amnokgang, obligeant les forces de l'ONU à battre en retraite. MacArthur appela cette opération chinoise le début d'une « guerre complètement nouvelle ». Il demanda à plusieurs reprises l'autorisation de procéder à des frappes en guise de représailles sur la Mandchourie et les grandes villes chinoises. MacArthur voulait utiliser entre 30 et 50 bombes atomiques dans le cadre de l'opération, mais Truman et le département d'état opposèrent leur veto de peur d'entraîner l'Union soviétique dans le conflit. Remonté par le désir de Truman de limiter l'expansion de cette guerre, MacArthur publia plusieurs déclarations dans la presse en annonçant la possibilité d'une défaite écrasante.

En mars 1951, après une âpre contre-attaque par l'ONU menée par Matthew B. Ridgway, la coalition alliée reprit l'avantage. Truman avertit MacArthur de son intention de lancer des pourparlers pour un cessez-le-feu. Cette nouvelle réduit à néant les espoirs de MacArthur de diriger une guerre à grande échelle contre la Chine. Il décida de lancer son propre ultimatum contre la Chine, se moquant du manque de puissance de l'armée et de l'industrie chinoise, et outrepassant la politique adoptée par le gouvernement. Cette prise de position, qualifiée d'insubordination, était tellement en inadéquation avec les états de service de MacArthur, que le général Omar Bradley dira plus tard que l'insatisfaction de MacArthur dans le contexte de la guerre de Corée avait cassé « son brillant mais fragile état d'esprit ». Bradley avait ajouté « Dans la mesure où nous considérons l'Union Soviétique comme l'adversaire principal, et l'Europe occidentale comme l'enjeu principal, la stratégie préconisée par MacArthur nous aurait lancés dans la mauvaise guerre, au mauvais endroit, au mauvais moment et contre le mauvais ennemi ». Désavoué, MacArthur fut relevé de son commandement le 11 avril 1951 par le président Truman. Le général Matthew B. Ridgway le remplaça.

MacArthur retourna à Washington, après 11 ans d'absence sur le continent américain, où il fit sa dernière apparition publique au Congrès le 19 avril 1951. Il fut ovationné plus de 30 fois. À la fin de son discours  d'environ 35 minutes, il récite lentement : Les vieux soldats ne meurent jamais, ils ne font que s'éteindre. Et comme le vieux soldat de cette ballade, je vais maintenant terminer ma carrière militaire et disparaître - un vieux soldat qui a essayé de faire son devoir puisque Dieu lui avait donné la lumière pour voir ce devoir. Au revoir. Après sa suspension par Truman, MacArthur fut adulé par le public, ce qui laissa penser qu'il pouvait se présenter à la présidentielle de 1952 en tant que candidat républicain. Il parada à New York et les membres du sénat reçurent environ 2 millions de lettres louant MacArthur.

Toutefois, l'opinion publique changea après la publication des résultats d'une enquête menée par le comité du sénat. À la tête de l'investigation, Richard Russell fit en sorte de ne pas relever les détails militaires et diplomatiques à l'issue des témoignages et des audiences tout en satisfaisant la presse avec des communiqués fréquents. MacArthur témoigna durant trois jours et affirma avoir été déstabilisé par une nouvelle politique prônant la diplomatie plutôt que l'action. L'affaire s'étala sur environ sept semaines et le public finit par s'en désintéresser. Les témoignages de plusieurs officiers haut placés mais contestant les plans de MacArthur discréditèrent définitivement le général qui avait été peu convaincant et n'avait pu justifier sa demande de guerre nucléaire. Dans ses mémoires Reminiscences, MacArthur indique à plusieurs reprises qu'il n'avait pas été tenté par une carrière politique.

Lors du duel républicain/démocrate de l'élection présidentielle de 1952, les rumeurs laissaient entendre que le sénateur Robert Taft de l'Ohio offrirait la vice-présidence à MacArthur. Si le duo Taft-MacArthur avait battu le démocrate Adlai Stevenson en novembre, le général serait devenu président (selon la Constitution américaine) puisque Taft est mort soudainement quelques mois plus tard en juillet 1953. Taft, initialement favori, fut finalement écarté au profit de Dwight Eisenhower. MacArthur devint président de la Remington Rand Corporation.

Il continua sa retraite militaire à New York, et fit quelques discours notamment lors son sentimental journey consacré aux Philippines en 1961 et où il fut décoré par le président Carlos P. Garcia avec la légion d'honneur des Philippines au rang de commandant en chef. Durant l'une de ses visites, une section de l'autoroute Pan-Philippine fut rebaptisée en MacArthur Highway (l'autoroute MacArthur). Le président John Fitzgerald Kennedy sollicita ses compétences en 1961. La première des deux réunions eut lieu quelque temps après le débarquement de la Baie des Cochons. D'après Kenneth O'Donnell, membre de l'équipe de la Maison blanche à l'époque, MacArthur était extrêmement critique vis-à-vis du Pentagone et des conseils que recevait Kennedy. MacArthur avertit le jeune président qu'il devait éviter l'accumulation de forces militaires américaines au Viêt Nam en avançant que les problèmes intérieurs et plus proches du continent devaient primer. On dit de Kennedy qu'il fut « fortement impressionné » par sa rencontre de plus de trois heures avec MacArthur.

Le 12 mai 1962, soit 59 ans après l'année de sa promotion (1903), il fit un discours à West Point sur le thème du devoir, de l'honneur et de la patrie (Duty, Honor and Country). Dans le public composé de jeunes officiers figuraient les généraux William Westmoreland et Leslie Richard Groves. Le général Groves lui remit un Sylvanus Thayer Award au nom de l'association des diplômés de l'académie militaire des États-Unis. MacArthur et sa seconde femme, Jean Faircloth, passèrent le reste de leurs jours ensemble dans un appartement de l'hôtel Waldorf-Astoria. Après la mort de son mari en 1964, elle continua à vivre dans cet appartement jusqu'à son décès. Le couple fut enterré ensemble à Norfolk en Virginie, près d'un mémorial et d'un musée (anciennement le Norfolk city hall) dédié à sa mémoire. D'après le musée, le général avait décidé d'être enterré à Norfolk en raison des liens entre sa famille maternelle et la ville. Le fils de MacArthur, Arthur MacArthur IV, a changé son nom et vit maintenant anonymement à New York. Son neveu, Douglas MacArthur II, fut diplomate pendant plusieurs années et eut la fonction d'ambassadeur au Japon ainsi que dans d'autres pays.

MacArthur voulait que sa famille se souvienne de lui au-delà de l'image du soldat. Il dit un jour : Ma profession est soldat et je suis fier de cela. Mais je suis encore plus fier, infiniment plus fier, d'être un père. Un soldat détruit afin de construire, le père ne fait que construire et ne détruit jamais. Le premier peut engendrer la mort, l'autre est à l'origine de la création et de la vie. Et alors que les hordes de la mort sont puissantes, les bataillons de la vie sont encore plus puissants. J'espère que mon fils, quand je serai parti, se souviendra de moi non pas dans une bataille mais à la maison en train de répéter avec lui notre simple prière quotidienne, Notre Père qui êtes aux cieux.


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