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Péan Pierre

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Pierre Péan, né dans la Sarthe le 5 mars 1938, est un journaliste d'investigation français. Pierre Péan a publié une vingtaine d'ouvrages depuis 1975. 

Péan Pierre

Certains ont été des succès, comme TF1, un pouvoir, écrit en collaboration avec Christophe Nick, ou l'Argent noir ou encore Une jeunesse française – François Mitterrand, 1934-1947, qui a été son best-seller, et dont il a regretté certaines interprétations parues dans la presse, qu'il juge contraire à sa démonstration et beaucoup trop sévères pour François Mitterrand. Il s'en est expliqué dans Dernières volontés, derniers combats, dernières souffrances.

Il s'est particulièrement intéressé, sans s'y limiter, aux scandales politiques (articles sur l'« affaire des diamants » de Giscard pour Le Canard enchaîné ; Affaires africaines, sur le Gabon, pays symbole des relations franco-africaines souterraines et affairistes ; V, sur l'Affaire des avions renifleurs ; L'Argent noir, sur la corruption dans les pays du Sud) et aux affaires étouffées (Manipulations africaines, sur l'attentat contre l'avion d'UTA). Son essai biographique sur Jacques Foccart lui a valu un procès, qu'il a gagné.

Depuis le début des années 1990, il a diversifié ses enquêtes. Certaines portent sur des sujets historiques et non plus d'actualité : Le Mystérieux Docteur Martin, biographie de Henri Martin, l'un des plus grands comploteurs français du XXe siècle, lié à la Cagoule et aux activistes de l'Algérie française ; L'Extrémiste, sur le Suisse François Genoud, exécuteur testamentaire d'Adolf Hitler et financier de certains groupes terroristes ; La Diabolique de Caluire, sur la dénonciation de Jean Moulin (il écrit un article dans Paris-Match à ce sujet, à propos du livre Les petits agendas rouges de Laurence de Cambronne) ; Main basse sur Alger, ouvrage consacré aux motifs secrets de l'expédition contre Alger, en 1830.

Ses ouvrages lui ont valu de vives réponses de la part de certaines personnes visées, et des commentaires élogieux dans une partie de la presse. Le Nouvel Observateur du 15 mars 2001 écrit à son propos : « Il se veut enquêteur. Et enquêteur seulement. Disons qu'en tout cas il appartient à une espèce rare : celle qui prend du temps avant d'écrire. [...] Péan [...] n'a jamais dérogé à sa méthode. »

Dans un article publié en septembre 2002 par Le Monde diplomatique, Pierre Péan cite un article qu'il attribue au journaliste israélien Amir Oren, selon lequel le massacre de Sabra et Chatila (Liban, 1982) aurait été planifié par les Israéliens. Selon une enquête publiée en janvier 2008 par L'Arche, cette citation est un faux. Pierre Péan n'a jamais tenté de justifier ses affirmations.

En février 2009, la publication d'un livre d'enquête critique sur Bernard Kouchner, Le Monde selon K., déclenche une polémique nationale. Son ouvrage Noires fureurs, blancs menteurs. Rwanda, 1990-1994 est consacré aux accusations portées contre la politique française au Rwanda, qu'il s'attache à réfuter, et aux accusateurs, à qui il attribue des liens avec le Front patriotique rwandais (FPR).

Dans cet ouvrage de 544 pages, publié en novembre 2005, Pierre Péan entend mettre un terme à l'ensemble des accusations, injustes selon lui, formulé à l'égard de la France, de sa politique au Rwanda entre 1990 et 1994, et à l'égard de l'armée française. L'auteur affirme s'appuyer sur une enquête approfondie et l'accès à des documents inédits pour établir les points suivants :

 

  • le Front patriotique rwandais est à l'origine de l'attentat du 6 avril 1994 ;
  • c'est cet attentat qui est l'élément déclencheur du génocide ;
  • les dirigeants du FPR, et son leader Paul Kagamé, l'ont déclenché en toute connaissance de cause ;
  • la Mission parlementaire française ne s'est pas suffisamment intéressée à l'attentat ;
  • les chiffres repris par la Communauté internationale sont faux, environ 280 000 Tutsis ont été tués, et par ailleurs le FPR aurait tué un million de Hutus ;
  • les Tutsis ont formé une « culture du mensonge » ;
  • François Mitterrand et le gouvernement français, ont fait tout ce qui était en leur pouvoir pour empêcher cette tragédie;
  • certaines associations qui critiquent l'action de la France sont manipulées par le gouvernement de Paul Kagame, et ont constitué un lobby efficace qui a trompé l'opinion française et internationale. RFI aurait joué un rôle significatif dans ce domaine ;
  • certains activistes, comme Jean Carbonare et Gérard Sadik, ont trompé l'opinion publique.


Le livre a fait l'objet de nombreuses critiques, et d'une plainte pour « incitation à la haine raciale ». Pierre Péan était accusé par ses détracteurs d'avoir écrit un livre « sur commande » dans le seul but de minimiser les responsabilités françaises dans le génocide rwandais. Cette interprétation semble soutenue par le quotidien La Libre Belgique (1er décembre 2005), qui, lui-même, est accusé de partialité par M. Péan dans son livre. Pour RFI, rien ne justifie les mises en cause de la Radio par Pierre Péan (qu'il a présentée comme un « lobby » du FPR). Pour sa part, le président du Conseil national de l'Église réformée de France s'est élevé contre les critiques de Pierre Péan et lui renvoie l'accusation de « désinformation ».

En revanche, les africanistes André Guichaoua et Stephen Smith ont défendu Noires fureurs, blancs menteurs comme un livre apportant d'utiles révélations sur les réseaux pro-FPR et des informations complémentaires sur l'assassinat de Juvénal Habyarimana malgré « ses erreurs factuelles et ses dérives « ethnicistes » ». Pierre Péan a répondu aux critiques formulées contre ce livre et publiées dans Le Monde par une lettre à ce quotidien, publiée dans l'édition datée du 13 janvier 2006. Dans ce même ouvrage, il procède au démantèlement des accusations portées contre la France, recoupant en certains points les thèses de l'historien Bernard Lugan, de l'ancien ministre Bernard Debré, ou des journalistes d'enquête Robin Philpot et Charles Onana, qui se sont heurtés aux critiques de chercheurs et confrères journalistes travaillant sur le Rwanda, que Péan décrit comme des partisans du FPR.

Début octobre 2006, SOS Racisme et des rescapés du génocide au Rwanda, soutenus par l'association Ibuka, ont déposé une plainte contre Pierre Péan et les éditions Fayard pour diffamation raciale et incitation à la discrimination raciale après la parution du livre, qualifié de négationniste par SOS Racisme. Pierre Péan a commenté : « Face à des accusations ridicules, le silence s'impose ». Finalement, le 4 janvier 2008, Pierre Péan et son éditeur, Claude Durand, ont été renvoyés devant le tribunal correctionnel de Paris. Le journaliste était accusé de « complicité de diffamation raciale » et de « complicité de provocation à la haine raciale » ; l'accusation était motivée par quatre pages du livre, consacrées au rapport des Tutsis avec le mensonge. La rescapée du génocide, la psychothérapeute et écrivain Esther Mujawo-Keiner, a accusé Pierre Péan de « jouer avec des mots qui tuent ». Au procès toujours, Péan a reçu le soutien d'Hubert Védrine, secrétaire général de l’Élysée sous Mitterrand, qui a expliqué que le livre de Péan ne constituait « en rien un scandale horrible », et de Bernard Debré, ex-ministre (RPR) de la Coopération en 1994, qui a dénoncé un « procès en sorcellerie de racisme ».

Le 7 novembre 2008, Pierre Péan, ainsi que son éditeur ont été relaxés. En appel, la relaxe a été confirmé et SOS-racisme un nouvelle fois débouté le 20 novembre 2009. Dans ce livre publié en février 2009, Pierre Péan a enquêté sur Bernard Kouchner, ministre des Affaires étrangères à l'époque de la parution du livre. Comme l'explique Péan dans le premier chapitre de ce livre très polémique, c'est à propos du Rwanda et de la nouvelle politique menée par Kouchner à l'égard de ce pays depuis que ce dernier est au Quai d'Orsay que lui, Péan, s'est vraiment intéressé à Kouchner. De fait, après une centaine de pages mettant en lumière les aspects des moins reluisants de l'ensemble de la carrière de Kouchner, une petite centaine de pages est consacrée au Rwanda.

Le chapitre 10 du livre concerne la journaliste Christine Ockrent en même temps directrice de France Monde et compagne du ministre des Affaires étrangères. Le chapitre 11 répond à l'intention exprimée dans le premier chapitre d'analyser le « sansfrontiérisme » de Kouchner et « son vrai rapport à la France ». Dans ce onzième chapitre, Péan tente de montrer que la « vision du monde » commune de Kouchner et de Bernard-Henri Levy, qui se réclame du droit d'ingérence est en fait identique à celle des néoconservateurs américains. Les valeurs gaullistes de l'indépendance nationale seraient « honnies » par les deux hommes « au nom d'un cosmopolitisme anglo-saxon, droit-de-l'hommiste et néolibéral, fondements de l'idéologie néoconservatrice que nos nouveaux philosophes ont fini par rallier ».

Enfin, dans le dernier chapitre, Péan met en lumière des informations concernant l'activité de consultant exercée par Kouchner entre 2002 et 2007 et rémunérée assez grassement. Des contrats de consultanat ont ainsi existé avec le Gabon et la République du Congo. L'auteur précise que le président de la République Nicolas Sarkozy ignorait les activités africaines de son futur ministre lors de sa nomination. Au final, selon Le Monde, « l'ouvrage est principalement une attaque en règle de la politique de Bernard Kouchner, sur fond de désaccord idéologique majeur exprimé par l'écrivain, en particulier sur le génocide rwandais » qui occupe en effet une partie du livre, mais pas autant que ce qui concerne les relations commerciales de Kouchner avec des dictateurs africains.

La polémique éclate, un certain nombre de personnalités taxant Pierre Péan de manière plus ou moins voilée d'antisémitisme, pour avoir utilisé les termes « cosmopolitisme » et « affairisme ». Michel-Antoine Burnier, ami et biographe de Kouchner, attaque le premier le 3 février en évoquant « des relents nauséabonds », suivi de Bernard Henri Levy, puis Philippe Val (sur Canal + ou à France Inter). Le 4 février, le ministre a réagi, en utilisant la même attaque, dans Le Nouvel Observateur, ce qui a déclenché une polémique médiatique au cours de laquelle Philippe Cohen s'émeut de cette attaque généralisée pour discréditer Péan. Le fait est que Bernard Kouchner a utilisé l'accusation d'antisémitisme en prétendant avoir été qualifié par Pierre Péan de représentant de « l'Antifrance », ce qui n'est pas dans le livre.

La presse étrangère (The Guardian, The Independent, The Washington Post) se fait l'écho des accusations portées contre Bernard Kouchner. Sur l'échiquier politique, la droite prend le parti du ministre des Affaires étrangères tandis que la gauche hésite. Le 12 avril 2009, un site internet consacré aux théories du complot révèle qu'un des passages de Le Monde selon K. concernant le groupe Bilderberg a été plagié.

Publications
 

  • La Troisième Guerre mondiale (avec une préface de Jean-Pierre Vigier), éditions Calmann-Lévy, coll. « Questions d'actualité », Paris, 1974, , [pas d'ISBN]. – Réédition revue et augmentée, sous le titre « Pétrole, la troisième guerre mondiale », éditions Club français du livre, coll. « Le Club pour lui », Paris, 1975, 252 p., [pas d'ISBN].
  • Après Mao, les managers, éditions Fayolle, coll. « Intervalle », Paris, 1977, 188 p., (ISBN 2-86221-002-1).
  • Bokassa, éditions Alain Moreau, « Collection dirigée par Jean Picollec », Paris, 1977, 196 p. + 6 p. de planches illustrées, [pas d'ISBN].
  • Pierre Péan et Jean-Pierre Séréni, Les Émirs de la République : l'aventure du pétrole tricolore, éditions du Seuil, Paris, 1982, 224 p., (ISBN 2-02-006154-6).
  • Les Deux Bombes, éditions Fayard, Paris, 1982, 203 p., (ISBN 2-213-01133-8). – Sous-titré : « comment la France a donné la bombe à Israël et à l'Irak ». – Ouvrage réédité en 1991 sous le titre « Les Deux Bombes : ou comment la guerre du Golfe a commencé le 18 novembre 1975 ».
  • Affaires africaines, éditions Fayard, Paris, 1983, 340 p., (ISBN 2-213-01324-1).
  • V : enquête sur l'affaire des avions renifleurs et ses ramifications proches ou lointaines, éditions Fayard, Paris, 1984, 265 p., (ISBN 2-213-01450-7).
  • Secret d'État : la France du secret, les secrets de la France, éditions Fayard, Paris, 1986, 365 p., (ISBN 2-213-01840-5).
  • Les Chapellières : Une terre, deux destins en pays Chouan, éditions Albin Michel, Paris, 1987, 359 p., (ISBN 2-226-02835-8).
  • La Menace, éditions Fayard, Paris, 1987, 306 p., (ISBN 2-213-02087-6).
  • L'Argent noir : corruption et sous-développement, éditions Fayard, Paris, 1988, 278 p., (ISBN 2-213-02204-6).
  • L'Homme de l'ombre : éléments d'enquête autour de Jacques Foccart, l'homme le plus mystérieux et le plus puissant de la Ve République, éditions Fayard, Paris, 1990, 585 p., (ISBN 2-213-02631-9).
  • Les Deux Bombes : ou comment la guerre du Golfe a commencé le 18 novembre 1975, éditions Fayard, Paris, 1991, XIV-198 p., (ISBN 2-213-02744-7). – Nouvelle édition de l'ouvrage paru en 1982.
  • Vol UT 772 : contre-enquête sur un attentat attribué à Kadhafi , éditions Stock, coll. « Au vif », Paris, 1992, 327 p., (ISBN 2-234-02486-2).
  • Le Mystérieux Docteur Martin (1895-1969), éditions Fayard, Paris, 1993, 500 p., (ISBN 2-213-02784-6).
  • Une jeunesse française : François Mitterrand, 1934-1947, éditions Fayard, Paris, 1994, 615 p.-16 p. de planches illustrées, (ISBN 2-213-59300-0).
  • L'Extrémiste : François Genoud, de Hitler à Carlos, éditions Fayard, Paris, 1996, 424 p.-16 p. de planches illustrées, (ISBN 2-213-59615-8).
  • Pierre Péan et Christophe Nick, TF1, un pouvoir, éditions Fayard, Paris, 1997, 695 p., (ISBN 2-213-59819-3).
  • Vies et morts de Jean Moulin : éléments d'une biographie, éditions Fayard, Paris, 1998, 715 p.-16 p. de planches illustrées, (ISBN 2-213-60257-3).
  • La Diabolique de Caluire, éditions Fayard, Paris, 1999, 261 p.-20 p. de planches illustrées, (ISBN 2-213-60402-9).
  • Pierre Péan et Richard Labévière, Bethléem en Palestine, éditions Fayard, Paris, 1999, 321 p. + 12 p. de planches illustrées, (ISBN 2-213-60510-6).
  • Manipulations africaines : l'attentat contre le DC 10 d'UTA, 170 morts, éditions Plon, Paris, 2001, 290 p.-32 p. de planches illustrées, (ISBN 2-259-19319-6). – Sous-titré : « qui sont les vrais coupables de l'attentat du vol UTA 772 ? ». – Voir : Les preuves trafiquées du terrorisme libyen, 2001.      
  • Dernières volontés, derniers combats, dernières souffrances, éditions Plon, Paris, 2002, 328 p., (ISBN 2-259-19495-8).
  • Pierre Péan et Philippe Cohen, La Face cachée du Monde: du contre-pouvoir aux abus de pouvoir, éditions Mille et une nuits, Paris, 2003, 631 p., (ISBN 2-84205-756-2).
  • Guy Vadepied, Marcel Dassault ou les ailes du pouvoir (avec la collaboration de Pierre Péan), éditions Fayard, Paris, 2003, 473 p., (ISBN 2-213-61337-0).
  • Main basse sur Alger : enquête sur un pillage, juillet 1830, éditions Plon, Paris, 2004, 271 p.-12 p. de planches illustrées, (ISBN 2-259-19318-8).
  • Noires fureurs, blancs menteurs : Rwanda, 1990-1994, éditions Mille et une nuits, Paris, 2005, 544 p., (ISBN 978-2-84205-929-3), voir présentation au chapitre 2 de cette fiche : Pierre Péan
  • L'Accordéon de mon père : une enquête intime (avec une postface de Jean Grégor), éditions Fayard, Paris, 2006, 306 p. + 8 p. de planches illustrées, (ISBN 978-2-213-63026-7).
  • Chirac, l'Inconnu de l'Élysée, éditions Fayard, Paris, 2007, 516 p., (ISBN 978-2-213-63149-3). – Initialement titré : « L'Inconnu de l'Élysée ».
  • Une blessure française : les soulèvements populaires dans l'Ouest sous la Révolution, éditions Fayard, Paris, 2008, 325 p., (ISBN 978-2-213-63566-8).
  • Le Monde selon K., une biographie critique de Bernard Kouchner, éd. Fayard, Paris, 2009, 323 p., (ISBN 2213643725 et ISBN 978-2213643724) : voir présentation au chapitre 3 de cette fiche, Pierre Péan

 


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