Tommaso Buscetta (dit Don Masino ou Boss des Deux Mondes) (Palerme, 1928 - New York, 2000) était un dirigeant de la mafia sicilienne. Il fut aussi le premier grand repenti de Cosa nostra.
Issu d'une famille nombreuse et modeste, Tommaso Buscetta, dit « Don Masino » est né à Palerme le 13 juillet 1928 dans une famille modeste. Sa mère était une femme au foyer tandis que son père était vitrier. Il se marie à seize ans avec Melchiorra Cavallaro. Le couple met au monde deux fils. Pour faire vivre sa famille, Buscetta s'initie à une série d'activités illégales ; comme par exemple la vente sur le marché noir de farine, durant le régime fasciste de Mussolini.
Tommaso Buscetta intègre le réseau des hommes d'honneur à l'adolescence, après que ses « frères » se furent assurés de son intégrité (réputation; liens avec la justice, la police; liens avec la délinquance...). Il devient membre de la famille mafieuse de Porta Nuova (quartier de Palerme) en 1948. Il devient rapidement influent au sein de Cosa Nostra et entreprend une carrière partagée entre la Sicile, les États-Unis et l'Amérique du Sud (notamment l'Argentine et le Brésil, où il existe de fortes communautés d'origine italienne) qui lui valut son surnom de « Boss des deux mondes. » Il fut principalement actif dans le trafic de cigarettes et de drogue, même s'il a toujours nié avoir participé à cette dernière activité.
Durant près de quarante ans, Tommaso Buscetta vit en homme d'honneur, en mafieux, bien que cette dernière condition se soit pas, dans l'esprit d'un membre de Cosa Nostra, une réalité avouable. Se trouvant dans le camp des « perdants » lors de la guerre des gangs mafieux qui éclata en Sicile vers 1981-82, il se résigne à collaborer avec la justice après son arrestation au Brésil en 1984. Il devient ainsi le premier « pentito » (repenti), c'est-à-dire un mafieux ayant accepté de collaborer avec la justice. Il dénonçe au juge Falconne les activités mafieuses siciliennes, les rapports de Cosa Nostra avec le monde politique italien et bien d'autres secrets couverts par l'« omerta. » Cette règle de l'« omerta » constitue le fondement du comportement mafieux, elle oblige surtout l'homme d'honneur à ne jamais entrer en contact avec les forces publiques.
Sa déposition d'environs 320 pages recueillies par le juge Giovanni Falcone fut l'une des plus importantes dans l'histoire de la lutte contre la mafia. Il fut en particulier le premier à dévoiler l'existence de la « Commission régionale », chargée de coordonner les activités des familles mafieuses siciliennes. Ses révélations et celles d'autres grands repentis de l'époque comme Antonino Calderone ou Salvatore Contorno conduisirent à la mise en accusation de 475 mafieux lors du maxi-procès qui se déroula à Palerme en 1986-87, dont l'ex-maire de Palerme Vito Ciancimino, etc. Il collabora aussi avec la justice américaine (surtout parce qu'il avait plus confiance dans son programme de protection des témoins que celui existant en Italie : il connaissait notamment les liens qui existaient entre certains politiques et les différentes Mafias) , en particulier pour l'opération pizza connection.
Après l'attentat de Capaci contre le juge Falcone en 1992, Tommaso Buscetta accepta enfin de parler des liens entre la mafia et la politique qu'il avait tenus secrets jusque-là, accusant en particulier l'ex-président du Conseil Giulio Andreotti, l'un des hommes politiques italiens les plus importants de l'après-guerre. Sa faute était grave. Il avait expliqué l'organisation, les règles, les techniques de recrutement, les stratégies de Cosa Nostra. Il avait parlé de la supériorité de celle-ci sur les autres organisations criminelles italiennes: la Camorra (mafia napolitaine), la 'Ndrangheta (mafia calabraise) et la Sacra Corona Unita (mafia des Pouilles). Il avait aussi révélé sa puissance économique et militaire, et parlé des liens qu'elle avait dans les milieux qui comptent. Il avait démoli cette image selon laquelle Cosa Nostra défendait les pauvres et les opprimés. Tommaso Buscetta est à l'heure actuelle le plus important pentito (repenti) dans l'histoire de la Cosa Nostra sicilienne.
Vivant aux États-Unis sous une nouvelle identité et bénéficiant d'un programme de protection des collaborateurs de justice, Tommaso Buscetta mourut en avril 2000 d'un cancer dans sa maison de New York. La mafia l'a inutilement poursuivi pendant 20 ans. Mais comme elle n'arrivait pas à l'éliminer, elle a exterminé sa famille : enfants, frères, beaux-parents, neveux et amis sont tombés sous les balles de Cosa Nostra. 34 personnes en tout.