Une succession de scandales a terni sa fin de règne. Pourtant, Juan Carlos restera dans la postérité comme celui qui, durant ses 38 ans sur le trône de la monarchie espagnole, a réussi à instaurer durablement la démocratie et assurer l'unité espagnole.
Juan Carlos, l'héritier de Franco. Dès 1948, Franco, qui avait pris le pouvoir en 1939 au terme d'une guerre civile, avait désigné Juan Carlos comme son possible successeur. Il n'a alors que 10 ans, le dictateur le fait revenir en Espagne pour poursuivre son éducation, et l'imprégner de la culture franquiste. Né en 1938 en exil à Rome, Juan Carlos est le fils de Juan de Bourbon, comte de Barcelone, prétendant au trône mais chassé par les Républicains en 1931.
Entre Franco «El Caudillo» et le père de Juan Carlos, les relations ont toujours été tendues, surtout après que Juan de Bourbon a publié en 1945 un Manifeste aux Espagnols, promettant, s'il accédait au pouvoir, l'instauration de la démocratie par une monarchie constitutionnelle.
Il tue son frère par accident
Le 29 mars 1956, alors qu'il est en vacances avec sa famille à Estoril au Portugal, Juan Carlos, âgé de 18 ans, tue accidentellement son frère cadet Alfonso, 14 ans. En ce Jeudi Saint, il lui tire dessus avec un revolver offert quelques semaines plus tôt par... Franco.
En 1969, Juan Carlos est officiellement désigné successeur de Franco. Alors âgé de 31 ans, il est le prince d'Espagne, titre honorifique. Cinq ans plus tard, il est nommé chef de l'Etat par intérim, durant les périodes de maladie de «El Caudillo».
Juan Carlos, héros de la démocratie espagnole. Juan Carlos est couronné le 22 novembre 1975 à 37 ans, deux jours après la mort de Franco. Alors qu'il avait été programmé pour assurer la continuité avec la période franquiste, Juan Carlos entreprend très vite les réformes pour faire rentrer le pays dans le cercle des grandes démocraties européennes. Il nomme Adolfo Suàrez, issu du parti unique, le Mouvement national, au poste de président du gouvernement. A charge pour lui de démanteler le système franquiste et d'élaborer une constitution. Très vite, les partis politiques sont autorisés en échange de leur loyauté à Juan Carlos, la censure est abolie. Les premières élections démocratiques ont lieu en 1977 et la constitution est adoptée par référendum l'année suivante.
Le 23 février 1981, le trône de Juan Carlos vacille. Ce jour-là, des militaires tentent un coup d'Etat, des coups de feu sont tirés dans la Chambre parlementaire lors d'une session retransmise en direct (voir la vidéo ci-dessous). Le roi Juan Carlos prend alors la parole à la télévision lors d'une allocution qui restera gravée dans les mémoires espagnoles. Vêtu de son uniforme de capitaine général des armées, il s'oppose au coup d'Etat et ordonne aux officiers putschistes de la Garde civile qui occupaient alors le Parlement de rentrer dans leurs casernes. Ce jour-là, le roi Juan Carlos devient, aux yeux des Espagnols, le défenseur de la transition démocratique ibérique.
Juan Carlos, le roi à scandale. «Je regrette beaucoup. Je me suis trompé et cela ne se reproduira pas». Le 18 avril 2012, Juan Carlos, contrit, fait cette étonnante déclaration dans les couloirs d'un hôpital, béquille à la main. Car le monarque est au coeur d'une violente polémique qui agite l'Espagne : quelques jours auparavant, la presse avait révélé qu'il avait pris part à une coûteuse partie de chasse au Botswana, alors que la crise frappait durement le pays. L'histoire serait restée secrète s'il n'avait pas dû être rapatrié après s'être fracturé la hanche.
Sa popularité a sombré encore plus lorsqu'un scandale judiciaire frappa sa fille cadette, Cristina, 48 ans, mise en examen pour fraude fiscale et blanchiment d'argent, et son époux, Iñaki Urdangarin, soupçonné de corruption.