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Schirach Baldur von

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Baldur von Schirach (9 mars 1907 à Berlin - 8 août 1974 à Kröv-an-der-Mosel (de)) était le chef des Jeunesses hitlériennes et également gauleiter de Vienne. Il fut condamné à vingt ans de prison à la suite du procès de Nuremberg et emprisonné à la prison de Spandau. 

Baldur von Schirach

Baldur von Schirach

Baldur von Schirach est né le 9 mars 1907 à Berlin. Il est issu d'une riche famille d'aristocrates officiers et est le dernier des quatre enfants von Schirach. Son père, l'officier Carl von Schirach épousa Emma, la fille d'un avocat américain. En 1908, Carl démissionna de l’armée pour devenir directeur du théâtre de la Cour grand-ducale de Weimar. Baldur connaît une enfance privilégiée, marquée par la musique, le théâtre et la littérature.

Très tôt, il fit preuve d’un talent de poète et aime particulièrement Goethe. Malheureusement, la Première Guerre mondiale mit vite fin à cette vie sans souci. À 10 ans, le jeune von Schirach devint membre de la ligue des Jeunes Allemands, une organisation nationaliste et raciste. Le lendemain de la défaite allemande de 1918, son père fut révoqué et resta quelque temps sans emploi. Les désordres qui agitaient alors l’Allemagne traumatisèrent durablement la famille von Schirach. Le fils aîné ne supportant pas le déshonneur de sa patrie mit fin à ses jours.

Désenchanté, Carl von Schirach se tourne vers l’extrême-droite et devint l’un des partisans du parti national-socialiste. urant son adolescence, Baldur fut marqué par la haine de son père envers la République de Weimar. Au cours d’un voyage qu’il effectua avec sa mère aux États-Unis, sa famille américaine lui proposa de s’y installer pour entamer une carrière. Mais Baldur choisit de retourner en Allemagne. Le 29 août 1925, lors d’un dîner organisé dans la maison familiale, il fit la connaissance d'Adolf Hitler. L’adolescent profondément impressionné par cette rencontre adhéra peu après au NSDAP. En 1927, Baldur entra à la SA et s’installa à Munich où il s’inscrivit à l’université pour y suivre des cours d’histoire de l’art, d’anglais et de littérature allemande. n dépit de son jeune âge, von Schirach fit très vite partie du cercle intime des dirigeants du NSDAP. Ainsi, le 20 juillet 1928, il fut nommé à la tête de l’Union des étudiants hitlériens .

En 1929 son engagement politique le poussa à abandonner ses études. Propagandiste et organisateur remarquable du mouvement étudiant, il inspira chez ses compagnons les idéaux de la camaraderie, du sacrifice, de la discipline, du courage et de l’honneur. Il gagna ainsi à la cause nazie des centaines de milliers de jeunes. L'efficacité de son action auprès de la jeunesse et la dévotion aveugle qu’il exprime dans ses poèmes lui valent l’estime de Hitler. Le 30 octobre 1931, celui-ci le nomma chef des Jeunesses hitlériennes, poste qu'Hitler crééa spécialement pour lui. Baldur, qui n’avait que 24 ans, devint ainsi colonel SA. En mars 1932, il épousa Henriette Hoffmann, la fille du photographe personnel de HitlerHeinrich Hoffmann. Leur  témoin, Hitler, leur offrit un chien. Le couple aura quatre enfants, trois garçons et une fille. Le 31 juillet, von Schirach entre au Reichstag. Quelques mois plus tard, début octobre 1932, il organisa une monumentale marche de la jeunesse nazie.

Des dizaines de milliers de jeunes, venus à pied de toute l'Allemagne, rendirent ainsi hommage à Hitler au cours d’un défilé qui dura près de 7 heures. Le Führer fut lui-même très impressionné. A partir de janvier 1933, von Schirach travailla d’arrache-pied pour atteindre son objectif : inculquer à la jeunesse allemande les idéaux nazis. Il prit ainsi possession, par la force, des bureaux du comité des associations de jeunesse du Reich, puis de l’organisation des auberges de jeunesse. Le 17 juin 1933, lors d’une cérémonie en présence de Hitler, von Schirach devint chef des Jeunesses du Reich allemand. La Hitlerjugend fut ainsi libérée de la tutelle SA et devint autonome du parti. Entre janvier 1933 et 1934, les jeunesses hitlériennes passèrent de un à 3,5 millions de membres. À la suite du décret du 1er décembre 1936 qui en fit une organisation d’État, les adhérents furent de plus en plus nombreux. Von Schirach devint alors Secrétaire d’État à la jeunesse. Désormais, il ne dépendit plus que de Hitler et fut « entièrement responsable de l’éducation physique, idéologique et morale de la jeunesse allemande ».

En janvier 1937, avec l'aide du docteur Ley, il ouvrit les écoles Adolf Hitler pour former l’élite du IIIe Reich. Son organisation travailla en étroite collaboration avec le ministère de la propagande qui avait pour chef Joseph Goebbels. Présenté comme une sorte de héros, adulé par les jeunes nazis comme un dieu, les photographies du chef des jeunesses hitlériennes furent diffusées en nombre dans l’ensemble du Reich. En 1938, von Schirach déclara : « Le combat pour l’unification de la jeunesse allemande est terminé. Je considère comme de mon devoir de la conduire d’une manière dure et intransigeante [...] et je promets au peuple allemand que la jeunesse du Reich, la jeunesse d’Adolf Hitler, accomplira son devoir suivant l’esprit de l’homme à qui seul leurs vies appartiennent. » Le 25 mars 1939, l’adhésion aux jeunesses hitlériennes devint obligatoire pour les jeunes voulant faire des activités sportives ou encore aller à l'école. Elles regroupèrent alors 12 millions de jeunes. Von Schirach transforma ainsi la jeunesse allemande en « objet de propagande vivante », faisant ainsi l'embrigadement des parents par leurs enfants.

C'est à cette époque que von Schirach prononça la célèbre phrase dans un meeting, joignant le geste à la parole : « Quand j'entends le mot « culture », je sors mon revolver ! ». Cette phrase a en fait été écrite par Hanns Johst (de) (1890-1978), lui-même national-socialiste, qui l'a placée comme réplique d'un personnage de l'une de ses pièces de théâtre intitulée « Schlageter » (1933). Attribuée à tort à Hermann GoeringJoseph Goebbels ou von Schirach lui-même, c'est une des plus célèbres citations apocryphes du XXe siècle. Terrain d’entraînement des futurs officiers, les jeunesses hitlériennes devinrent également à partir du 26 août 1938 le vivier de la SS : à la suite d’un premier accord conclu entre Baldur von Schirach et Heinrich Himmler, les meilleures recrues furent orientées vers l’Ordre noir après avoir suivi un entraînement particulier. Un bureau de liaison entre la SS et la Hitlerjugend fut mis en place le 1er octobre, et un nouvel accord renforçant cette collaboration fut signé le 17 décembre 1938.

Quant à la coopération avec l’armée, elle fut renforcée le 11 août 1939. Von Schirach signa alors une nouvelle convention avec Wilhelm Keitel, commandant en chef de la Wehrmacht, suivant laquelle la Hitlerjugend effectuera l’entraînement pré-militaire suivant les règles fixées par l'armée qui, en contrepartie, s’engagea à former chaque année 30.000 instructeurs pour la jeunesse hitlérienne. Cependant, le Jugendführer n’avait pas que des amis au sein du NSDAP. L’un de ses principaux ennemis, Martin Bormann, fit en sorte de nuire à sa réputation par des plaisanteries sur son comportement. Il fut vrai que le grassouillet Baldur n’appréciait guère la vie spartiate qu’il faisait régner dans les camps de la Hitlerjugend, et se montra distant envers ses troupes lors de ses déplacements. Quelque temps après le déclenchement de la guerre, en décembre 1939, sans doute pour couper court aux insinuations de ses opposants, von Schirach rejoignit volontairement l’armée. Après avoir subi un entraînement, il servit sur le front de l’ouest à partir d’avril 1940 et participa à la campagne de France.

En juin 1940, promu lieutenant, il reçut la Croix de fer de seconde classe, avant d’être rappelé à Berlin par Hitler. Son opposition à la guerre et des litiges internes le conduisirent à être remplacé à la tête des jeunesses hitlériennes ; il resta néanmoins Reichsleiter, chargé de l’éducation de la jeunesse allemande. Déçu par son protégé, Hitler l’exila en le nommant en 1940 gouverneur de la région de Vienne et Reich commissaire à la défense. À partir de septembre 1940, il fut également chargé de l’évacuation des enfants des villes pour les protéger des bombardements britanniques. Dans la métropole viennoise, Baldur von Schirach donna de somptueuses fêtes. Sur place, ses responsabilités couvraient l’économie de guerre, l’administration de Vienne et celle du Gau sous la supervision du ministre de l’Intérieur. Il y fut responsable du programme de travail forcé. Surtout, dès sa prise de fonction, von Schirach précipita la déportation des Juifs de la région de Vienne. Le 2 octobre 1940, alors qu’il participait à une réunion dans le bureau de Hitler, il demanda au chef du Gouvernement Général de se charger des Juifs qui étaient encore présents à Vienne. Le 3 décembre 1940, à la suite de ses rapports, il reçut une lettre lui annonçant que Hitler avait décidé de déporter les 60 000 Juifs restant à Vienne vers le Gouvernement Général. Au total, il participa directement à l’envoi à l’Est de 185 000 Juifs. Expulsion qu’il jugea, dans l’un de ses discours, comme étant « une contribution active à la culture européenne ».

Von Schirach n’a désormais plus de réelle influence au sein du Reich. Ses rapports avec son Führer iront en se dégradant jusqu’à la fin du conflit. Bormann fit d’ailleurs en sorte d’envenimer leurs relations. Après le 17 novembre 1942, une nouvelle répartition administrative le déchargea de la responsabilité du Danube inférieur et du Danube supérieur. En 1943, il s’attira les foudres de Hitler pour avoir organisé à Vienne une exposition sur « l’art décadent ». La rupture fut pratiquement consommée au cours d’un dîner avec le Führer, le 24 juin 1943. Von Schirach aurait alors demandé qu’un meilleur traitement soit accordé aux peuples de l’Est, en particulier aux civils russes, et aurait protesté contre les conditions dans lesquelles s’effectue la déportation des Juifs. Quant à sa femme Henriette, elle se serait déclarée opposée aux déportations et aurait demandé au Führer s’il avait lui-même permis que les Juifs soient maltraités. Hitler, furieux, aurait quitté la pièce avec fracas.

Au moment de la prise de Vienne par l’Armée rouge le 13 avril 1945, von Schirach tenta dans un premier temps d’échapper à la capture. Sous le nom de Falk, il travailla à Schwaz, dans le Tyrol, comme interprète pour l’armée américaine. Cependant, quelques jours avant la capitulation allemande, le 5 mai 1945, il dévoila par lettre son identité aux Américains et se constitua prisonnier. Le 20 novembre, il fut mis en accusation par le tribunal de Nuremberg pour « plan concerté ou complot » et « crimes contre l’humanité ». Le principal acte d’accusation reposa sur sa participation aux déportations des Juifs d’Autriche. Au cours du procès de Nuremberg, von Schirach fut le seul, avec Speer et Hans Frank, à reconnaître la culpabilité du régime nazi et à faire preuve de quelque repentance. Il déclara : « Devant Dieu, devant la nation allemande, devant le peuple allemand, je porte seul la culpabilité d’avoir entraîné la jeunesse à soutenir un homme qui durant de longues années a été considéré comme étant irréprochable et qui a assassiné des millions de gens ». Il apporta la preuve qu’il avait protesté auprès de Bormann contre le traitement inhumain infligé aux Juifs et, déclarant que les crimes commis resteront pour des siècles une tache dans l’histoire allemande, il assura ne pas avoir eu connaissance de l’existence des camps d’extermination.

Affirmation fort douteuse, puisque ses fonctions lui valaient de recevoir les rapports du SD sur l’application de la « Solution Finale ». Il se défendit en déclarant que ses « principales activités à Vienne étaient sociales et culturelles ». Le 1er octobre 1946, disculpé du premier chef d’accusation, von Schirach fut reconnu coupable de Crime contre l'humanité et condamné à 20 ans de prison. Au cours de ses années d’incarcération, il commença à écrire secrètement ses mémoires. En 1950, les époux von Schirach divorcèrent. La même année, ses enfants demandèrent sa grâce, en vain. Ce fut un homme malade et prématurément vieilli qui sortit de la prison de Spandau le 30 septembre 1966. Jusqu’à son décès, il vécut retiré dans le sud-ouest de la République fédérale d'Allemagne. En 1967, il publia Ich glaubte an Hitler (J’ai cru en Hitler), tentant d’expliquer la fascination que le Führer avait exercée sur lui et sur la jeunesse allemande. Il mourut dans son sommeil dans un petit hôtel de Kröv-an-der-Mosel, le 8 août 1974.


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