Friedrich Ratzel, géographe du XIXe, créateur du concept de Lebensraum, lequel a été dévoyé à partir des années 1920 et sous le Troisième Reich.
Sous le régime du Troisième Reich, les frontières de l'Allemagne sont profondément modifiées, augmentant au rythme des acquisitions et des conquêtes (Sudètes, Autriche, Pologne, etc.), pour atteindre en 1942 un écart maximal de 3200 km, entre la France et l'URSS. La géographe Mechtild Rössler note : « une analyse des rapports entre la géographie comme science et le nazisme englobe trois domaines […] : « le domaine économique et social, le domaine idéologique, et leur répercussion tous deux sur la pensée des géographes à travers l'expansion géographique » ».
Le concept d'espace vital (Lebensraum) date du XIXe et avait été mis en place par Friedrich Ratzel ; ce sont ensuite des scientifiques comme des écrivains (Hans Grimm, Peuple sans espace), qui lui donnent une dimension politique que peut dès lors reprendre l'idéologie national-socialiste. En effet, il convient de noter que ce n'est qu'à partir des années 1920 que le concept de Lebensraum, à l'origine seulement culturel, prend une dimension racialeL1 83. Sous la République de Weimar, beaucoup de géographes sont influencés par ces idées ; augmenté du fait qu'ils appartiennent souvent à des partis conservateurs ou réactionnaires (NSDAP ou Deutsche Volkspartei), « leur [aux géographes] travail universitaire et scientifique et leurs intérêts politiques se recoupaient de plus en plus ».
Une des plus importantes revues géographiques de l'époque est la Geographische Zeitschrift ; le géographe Friedrich Flohr y redéfinit en 1942 le concept de Lebensraum en mettant de côté l'État (« espace vital imparfait ») et en posant la réalité de plusieurs espace : un espace vital communautaire fondé sur la race, puis d'autres espaces semi-vitaux puis complémentaires, critiquant dès lors les conceptions de K. Vowinckel fondée sur la terre, territoire du paysan, ainsi que de Obst qui proposait la mise en place d'un espace eurafricain. Schmittenner défend lui la distinction d'un espace vital actif et d'un espace passif.
Le terme de terroir populaire et culturel (Volks-und-Kulturboden) est lui créé par des géographes d'une fondation géographique située à Leipzig, et développé notamment par Albrecht Penck, Wilhelm Volz (de), Emil Meynen (de) et Friedrich Metz (de) puis, à partir de 1932, par des communautés de géographes et d'historiens, dit « spécialistes de germanité » (Volksdeutsche Forschungsgemeinschaften) jusqu'à devenir, sous le Troisième Reich (en 1943), une composante administrative, au sein de la « Fondation de géographie du Reich » : ces scientifiques défendent notamment l'idée d'un territoire de germanité qui va au-delà des frontières étatiques de l'Allemagne de Weimar (Pologne, pays Baltes, etc.). Des communautés de recherches se spécialisent alors dans des territoires précis (russes, nord-européens), pour en établir des données démographiques et statistiques, à partir des communautés allemandes isolées déjà installées.
La « Communauté du Reich pour la recherche sur l'espace », créée en 1936 est intimement lié au Plan de quatre ans et à des objectifs militaires. Elle est au départ concurrencée par le Bureau du Reich pour l'organisation spatiale. Les théories urbaines suivent celle développée en 1933 par Walter Christaller, reposant sur un système à structure hiérarchique ; cette idée sera plus tard reprise lors des entreprises de colonisation allemande orientale, à partir de l'« Administration centrale pour l'organisation spatiale ». Un Atlas du gouvernement général est réalisé. Des instituts de recherche sont fondés à Poznan (ex-Pologne) et à Kiev (ex-Ukraine) chargés de prévoir la future organisation de l'espace occupé : le generalplan Ost. Des missions de cartographie ont également lieu.