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L'épidémie fasciste touche-t-elle l'Ukraine?

Aujourd'hui la population française, ou pour être plus précis tous les Européens, acceptent beaucoup plus facilement l'existence de partis d'extrême droite dans leur pays. L'impression que les socialistes ou les libéraux en général hésitent à se mouiller plutôt que de passer à l'action amène le peuple à se rapprocher de partis marginaux comme le Front national ou l'UKIP. C'est d'autant plus perturbant lorsque l'on pense aux élections européennes à venir. L'épidémie fasciste progresse lentement à travers toute l'Union Européenne.

Inna Schevchenko Activiste, leader du mouvement des femmes FEMEN

Entre-temps, l'Ukraine, pays qui espère rejoindre l'Union européenne comme une voie salutaire, vit une crise de plus en plus complexe mois après mois.

Plus les informations affluent dans la presse européenne, plus il est difficile pour les citoyens européens de comprendre ce qu'il se passe réellement là-bas. Plus les "experts" qui décryptent la réalité politique en Europe de l'Est à travers les médias expriment une opinion erronée, plus la situation devient difficile pour les rebelles ukrainiens et plus l'espoir que nous avons d'un changement radical s'effondre. Les informations sur la résistance des nationalistes ukrainiens parmi les manifestants ont été propagées par les médias européens et filtrées par les médias russes, dont Poutine tient les rennes. Ainsi la peur d'une révolution ukrainienne fasciste s'est implantée immédiatement dans l'esprit de l'audience internationale. En réalité, les médias russes ont cette capacité à transformer les informations infondées en vérité absolue et le public international a une étonnante tendance à toujours y croire. Comme cela s'est passé avec l'action FEMEN, lorsque nous avons abattu une croix anonyme à Kiev, la principale et première chaîne de télévision russe a affirmé que les activistes aux seins nus avaient détruit le monument aux victimes du stalinisme. Jusqu'à aujourd'hui, nous entendons encore cette rumeur durant les discussions autour de FEMEN. Mais ne prêtons pas trop attention à la Russie et parlons pour une fois de l'Ukraine.

Herder a proposé une nouvelle formule "nationalismus" en 1770 mais en Ukraine ce terme est apparu à la fin du 19ème siècle, non pas comme une forme d'activité politique mais plutôt comme quelque chose qui décrirait la société ukrainienne de manière générale dans la littérature ukrainienne. Plus tard l'intelligencia ukrainienne sera appelée "nationaliste". Tous les poètes ukrainiens, les écrivains et même les peintres, tous ceux qui parlent ou écrivent ukrainien ou qui rêvent de l'indépendance de l'Ukraine seront appelé "nationalistes".

Plus tard des mouvements politiques pour l'indépendance de l'Ukraine apparaîtront. Ensuite, avant la Seconde Guerre Mondiale le plus gros mouvement nationaliste UPA a commencé à s'inscrire dans la politique ukrainienne, présidé par le célèbre ultra-nationaliste Stepan Bandera, assassiné par le KGB en 1959.

Avec l'extrémisme de Bandera, et plus particulièrement après la chute du mur de Berlin et l'indépendance de l'Ukraine, les mouvements nationalistes seront considérés comme des collectifs marginaux en Ukraine. Depuis, la société ukrainienne apolitique ne se représente plus clairement la nationalisme puisqu'il n'est plus une part active de la réalité politique ukrainienne.

Pendant la Révolution Orange de 2004, le mot nationalisme est redevenu populaire en Ukraine. Dans le conflit opposant le candidat pro-européen Ushenko et le pantin de Poutine Yanukovich, qui avait promis de remettre la langue russe comme langue officielle de l'Ukraine, le mot "nationalisme" s'est vu utilisé par de plus en plus d'Ukrainiens. Mais il est important de dire que le sens de nationalisme est exactement le même qu'au 19ème siècle. Tous ceux qui craignent l'occupation russe et parlent l'ukrainien se nommeraient eux-même "nationalistes" en synonyme de "patriote".

Le parti d'extrême droite "Social nationaliste" derrière tous les groupes fascistes marginaux depuis 1991, apparaît désormais sous le nouveau nom de "Svoboda" juste à temps pour soutenir cette vague patriotique d'indépendance de la population.

Aujourd'hui en Ukraine, comme pendant la Révolution Orange, le parti néo-nazi Svoboda et son leader Tyahnybok ainsi que l'autre nouveau groupe fasciste Pravyi Sector et son leader Yarosh, sont représentés par un tout petit nombre de personnes en comparaison avec la quantité de protestants à Maidan. Ce ne sont pas eux qui ont fait la révolution, ce ne sont pas eux qui étaient en première ligne non plus.

Mais je ne suis pas celle qui cacherait ma peur devant eux même si ces groupes sont ridiculement minoritaires. J'ai bien peur que le fait seul de leur existence soit intelligemment utilisé par Poutine qui nomme la révolution ukrainienne "la révolution de Bandera" et qui l'utilise comme prétexte à de nouvelles interventions militaires, tuant chaque jour de nouveaux civils. Je tremble quand je vois que les leaders européens considèrent Tyahnybok comme un représentant de l'opposition ukrainienne alors qu'il est le représentant d'une minorité fasciste, pas plus.

Et ce dont j'ai peur par dessus tout c'est que le faible niveau d'éducation politique, la beaucoup trop longue occupation de l'Ukraine par la Russie, et les récentes actions militaires renforcent le soutien des Ukrainiens à Svoboda et aux autres groupuscules partageant leurs patriotisme et leur sentiments anti-Poutine sans avoir conscience de leur idéologie fasciste.

Dès aujourd'hui les partis Svoboda, Pravy Sector et UNA-UNSO doivent être considérés comme marginaux et non comme des leaders de la Révolution Ukrainienne comme le désirerait Poutine.

Slava aux rebelles ukrainiens !

Honte aux fascistes ukrainiens !


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