Politique - Mais quelle mouche a piqué François Fillon? Sur France Inter ce mardi 29 avril, l'ancien Premier ministre a réclamé une "initiative autonome des Européens" et un dialogue avec la Russie pour résoudre la crise en Ukraine. Surtout, il a qualifié Vladimir Poutine de "dictateur". "La Russie, c'est la Russie, Poutine, c'est Poutine, c'est un dictateur", a-t-il dit pour qualifier sa stratégie dans l'est de l'Ukraine, comme on peut l'entendre dans la vidéo en haut de cet article.
Une déclaration pour le moins étonnante, venant d'un homme politique connu pour entretenir des liens étroits avec le président russe depuis plusieurs années. On se souvient qu'en mai 2013, François Fillon avait été vertement critiqué pour avoir contesté la position française sur le dossier syrien, d'autant plus qu'il l'avait fait en tant qu'invité du Forum de Valdai aux côtés de... Vladimir Poutine. A cette occasion, l'ancien chef du gouvernement s'était adressé au président russe en ces termes: "C'est donc par notre dialogue, cher Vladimir, que passera la paix".
Les deux hommes avaient également échangé des plaisanteries sur leur possible candidature à la prochaine élection présidentielle de leur pays respectif. "Ils se tutoient et s'apprécient. En fait, ils se connaissent depuis leurs années de Premiers ministres", rappelait récemment le JDD, selon lequel "l'ancien Premier ministre peut se targuer d'être l'homme politique français le plus proche du chef d'Etat russe".
"Tout le monde sait que c'est un dirigeant autoritaire"
Dans un article intitulé "François Fillon et son ami Poutine" et publié en janvier 2014, Le Point allait dans le même sens en notant que François Fillon est "celui qui connaît le mieux" le président russe "au sein de la classe politique" française, rapportant également une anecdote révélatrice. Au lendemain de la défaite de Nicolas Sarkozy face à François Hollande à la présidentielle de 2012, l'ex-Premier ministre a reçu un coup de fil de Vladimir Poutine, lui demandant: "Qu'est-ce que tu vas faire maintenant?"
C'est durant cette conversation que François Fillon aurait confié au président russe son intention de "prendre le parti", c'est à dire la présidence de l'UMP. Un objectif qu'il ne parviendra pas à atteindre, avec le psychodrame que l'on connaît et la victoire de son rival Jean-François Copé. Alors, volonté d'affirmer sa différence de point de vue sur le dossier ukrainien ou véritable volte-face vis-à-vis de Vladimir Poutine?
En dehors de l'appellation "dictateur", François Fillon garde en fait une certaine cohérence depuis son discours sur le dossier syrien, appelant à "l'autonomie" de la France et de l'Europe pour ne pas être "à la remorque des Etats-Unis", dont il a dénoncé la "vision fausse" sur la crise ukrainienne. Au sujet de Vladimir Poutine, il a d'ailleurs ajouté: "tout le monde sait que c'est un dirigeant autoritaire, comme les dirigeants chinois, comme la plupart des dirigeants dans le monde d'ailleurs". Belle lucidité...