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Mengele Josef

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Josef Mengele (16 mars 1911 à Guntzbourg en Allemagne - 7 février 1979 à Bertioga au Brésil) était un médecin nazi allemand actif notamment au camp de concentration d'Auschwitz, où il a participé à la sélection des déportés voués à un gazage immédiat et s'est livré sur de nombreux prisonniers à des expériences à prétention scientifique constituant des crimes de guerre. Après la guerre, il ne fut jamais capturé et vécut 35 ans en Amérique latine sous divers pseudonymes, dont celui de Wolfgang Gerhard sous lequel il fut inhumé en 1979 au Brésil.

Richard Baer, Dr. Josef Mengele and Rudolf Hoess

Richard Baer, Dr. Josef Mengele and Rudolf Hoess

Son pseudonyme était « Beppo » ; il est aussi connu sous le surnom d'« ange de la mort ». Josef Mengele nait à Günzburg, cité médiévale située au bord du Danube. Il est le deuxième enfant et l'aîné des trois fils de Karl Mengele (1881-1959) et de sa femme Walburga (1946), de riches industriels bavarois. Ses frères se nomment Karl (1912-1949) et Alois (1914-1974). En janvier 1930, il quitte sa ville natale pour rejoindre Munich où il décroche un doctorat de philosophie. Les troubles qui secouent alors la capitale bavaroise ne le laissent pas indifférent et ses origines, son éducation et son caractère le poussent à militer dans les rangs de la droite nationaliste. Dès 1931, il est membre des Casques d'acier et soutient activement Hindenburg. Il est entraîné par ses amis étudiants à un meeting du NSDAP où il est conquis par l'éloquence d'Adolf Hitler.

En octobre 1933, il s'inscrit à la SA, puis part pour Francfort, où il étudie la médecine. Il obtient son doctorat en 1938, année où il devient également membre du parti nazi ; il entre ensuite dans la SS. Peu de temps après, il est nommé à l'Institut de Biologie Héréditaire et d'Hygiène Raciale de Francfort, où il travaille comme assistant d'Otmar von Verschuer, qui lui communique sa passion pour l'étude des jumeaux. Avec le déclenchement de la Seconde Guerre mondiale, il est envoyé à l'inspection sanitaire de la Waffen-SS, un poste tranquille qui ne lui déplaît pas, mais est bientôt muté à la division Wiking, partiellement composée de volontaires scandinaves.

Une promotion le nomme médecin-chef des bataillons de réserve de l'infanterie S.S. pour le front de l'est. Plus tard, il fait jouer ses relations au sein de la hiérarchie SS et parvient à se faire muter dans l'administration des camps de concentration. En mai 1943, il est affecté au camp d'Auschwitz-Birkenau, où il débute sous les ordres du Dr Klein. La qualité de son travail sera vite reconnue par ses supérieurs et quelques mois plus tard, il devient médecin-chef du camp. La principale tâche de Mengele est la sélection des déportés qui arrivent dans les convois. Ceux qui peuvent travailler sont gardés en vie : ils serviront de main d'œuvre pour satisfaire les besoins sans cesse croissants de l'industrie de guerre. Les autres (dont les femmes, les enfants et les vieillards) sont immédiatement dirigés vers les chambre à gaz et exterminés. Le travail de Mengele ne se limite cependant pas à la sélection.

Chercheur passionné, il est en effet en mesure de satisfaire sa curiosité avec les centaines de milliers de cobayes sur lesquels il a le droit de vie ou de mort. Il consacre ainsi ses rares instants de loisir à participer à toutes les expériences médicales dont Auschwitz est le théâtre. Mengele s'intéresse particulièrement aux jumeaux et à l'hérédité. Les jumeaux, ainsi que les nains, sont ainsi sélectionnés et reçoivent un traitement spécial, meilleur que celui infligé aux autres prisonniers, avant d'être transférés dans une baraque d'expérimentation spécialement aménagée dans le camp des tziganes. À la tête de ce laboratoire, le Dr Epstein, pédiatre de renommée mondiale et professeur juif de la faculté de Prague, prisonnier depuis quatre ans, son assistant le Dr Bendel, juif également et médecin de la faculté de Paris, et Dina, artiste-peintre originaire de Prague, qui exécute tous les dessins et croquis nécessaires aux recherches. Celles-ci portent sur trois axes.

Le plus important aux yeux de Mengele est le secret de la gémellité. Il s'intéresse aussi aux causes biologiques et pathologiques du nanisme et du gigantisme, espérant y trouver une prédisposition héréditaire des « races inférieures ». Enfin, une maladie rare apparue chez les enfants tziganes lui offre un troisième champ d'investigations : le noma facès ou gangrène sèche du visage. Mengele espère prouver que cette maladie est spécifique aux tziganes et est le résultat de leur « hérédité syphilitique ».

Les prisonniers sélectionnés subissent des examens médicaux in vivo, qui ne suffisent pas à Mengele pour étayer ses hypothèses. Mengele veut aller plus loin en étudiant l'anatomie des organes internes et comparant les organes sains avec des organes malades ou fonctionnant anormalement. Pour cela, des cadavres sont nécessaires. Pour mener à bien les dissections, Mengele recherche un spécialiste. Ce sera Miklos Nyiszli, déporté juif de Hongrie et diplômé de médecine de l'université Frédéric-Guillaume de Breslau, en Allemagne. Des dizaines de jumeaux, nains, malformés de toutes sortes, seront ainsi abattus, parfois de la main même de Mengele, et disséqués par Nyiszli pour satisfaire la curiosité scientifique de celui qui reçut le surnom d'« ange de la mort ». En juin 1944, Rome tombe aux mains des Alliés, le débarquement en Normandie ouvre un nouveau front à l'ouest et quelques semaines plus tard, les troupes de l'armée rouge lancent une offensive massive. Le Dr Mengele doit comprendre que la fin du IIIe Reich est proche. Son influence sur l'administration du camp est suffisante pour faire libérer Wilma, sa jeune maîtresse juive, qu'il envoie à Varsovie. En janvier 1945, peu avant la prise par les troupes russes de Cracovie, à une soixantaine de kilomètres d'Auschwitz, Mengele quitte la camp et rejoint sa Bavière natale. Sa famille l'y accueille en soldat qui a fait son devoir.

Peu sont ceux qui lui réclament des détails sur ses années de services et pendant près de cinq ans, il vit confortablement. Cependant, les témoins aux procès des criminels de guerre commencent à citer son nom. Ses anciens collègues, son chauffeur SS, révèlent des détails toujours plus accablants. Les Américains, qui contrôlent la zone de Günsburg et qui jusque là avaient ignoré le personnage, commencent à s'y intéresser. Mengele estime qu'il est temps de disparaître. L'organisation d'émigration des anciens SS le confie à une filière d'évasion vers l'Italie. Au début de l'année 1951, Mengele franchit clandestinement le col de Reschen et gagne Merano.

De multiples détours le conduisent en Espagne d'où il s'embarque pour l'Amérique latine. Il arrive à Buenos Aires en 1952 où il ouvre quelques mois plus tard un cabinet médical dans un quartier résidentiel. Mengele n'a pas de permis de travail mais ce n'est pas un problème : il a d'excellentes relations avec la police du dictateur Peron, dont la carrière a été favorisée par le IIIe Reich, et compte de nombreux amis dans l'influente colonie nazie. En 1954, sûr de sa retraite, il expédie une demande de divorce à Fribourg-en-Brisgau, son dernier lieu de résidence avec sa femme. Une erreur qui permettra au justicier juif Simon Wiesenthal de retrouver sa trace en 1959. Insouciant, Mengele fréquente allègrement les cercles mondains de Buenos Aires et épouse en seconde noces la femme de son frère Karl, mort pendant la guerre. Mais le 16 septembre 1955, le régime de Peron s'effondre. Leur protecteur disparu, la plupart des nazis réfugiés en Argentine émigrent alors au Paraguay voisin. Mengele en fait partie mais la situation se stabilisant en Argentine, il revient s'y installer. Aucune poursuite n'étant entreprise contre lui dix ans après la capitulation nazie, il prend la direction de la succursale argentine de l'entreprise familiale sous sa véritable identité.

Au début de l'année 1959, le père de Mengele meurt. Mengele n'hésite pas à rentrer à Günsburg pour assister aux obsèques. Personne ne songe alors à le dénoncer. Mais depuis quelques mois a commencé en Allemagne le grand procès d'Auschwitz et bientôt son nom est cité parmi les principaux accusés. Le 5 juillet 1959, le procureur de Fribourg-en-Brisgau lance un mandat d'arrêt contre lui. Une demande d'extradition est formulée mais les Argentins prétendent ne pas connaître son adresse. Simon Wiesenthal prend alors l'affaire en main et demande à un de ses informateurs à Buenos Aires de découvrir l'adresse exacte de Mengele, ce qui est fait le 30 décembre 1959. Deux demandes d'extraditions se heurteront à un refus poli : le passé de Mengele est jugé comme relevant du délit politique, ce qui sur un continent où les coups d'état se succèdent, ne constitue pas un motif légitime pour une extradition. Mengele a de toute manière pris les devants. Alerté dès le début des procédures engagées contre lui, il s'est rendu au Paraguay dont il a acquis la nationalité le 27 novembre 1959.

Le témoignage de deux de ses amis, le baron Alexandre von Eckstein et l'homme d'affaire Werner Jung lui ont permis de prouver qu'il réside dans le pays depuis plus de cinq ans, condition préalable à l'obtention de la nationalité. Muni de ce sauf-conduit rassurant, Mengele rentre à Buenos Aires et attend la suite des événements. Mais la passivité des Argentins pousse les agents israéliens, qui ont récemment retrouvé et enlevé Adolf Eichmann, à agir. Ils resserrent la surveillance autour de sa villa et se préparent à l'enlever aussi. Mais Mengele leur échappe. Il est brièvement aperçu à Bariloche, station de villégiature a proximité de la frontière chilienne, avant de disparaître de nouveau. Entre-temps, l'Argentine s'est décidée à lancer un mandat d'arrêt contre lui, et la piste de Mengele se perd dans la forêt brésilienne. Pendant plus d'un an, il restera introuvable.

En avril 1961, un informateur, ancien membre des SS dont il s'est vite désolidarisé, alerte Wiesenthal : Mengele a été repéré en Égypte où il se prépare à gagner la Crète ou une des îles voisines. Les services israéliens s'activent mais Mengele parvient à nouveau à s'échapper. Convaincu que l'Amérique latine est le seul endroit où il sera en sécurité, Mengele est de retour au Paraguay en 1962. Sa femme et son fils sont restés en Europe, où ce dernier poursuit ses études. Simon Wiesenthal les localise sans peine mais l'enquête révèle que Mengele n'est pas sur place, même de façon épisodique. Mengele est en effet en Asuncion, la capitale du Paraguay, véritable refuge pour anciens nazis.

En juillet 1962, le Paraguay reçoit à son tour une demande d'extradition. Craignant que sa nouvelle nationalité ne le protège pas suffisamment, Mengele se retire dans un province reculée près de la frontière. La veille de noël 1963, Rolf Mengele, le fils du Dr Mengele, prévient ses camarades qu'il doit se rendre en Italie pour rencontrer un proche parent qui vit depuis de nombreuses années en Amérique du sud. Lorsque Wiesenthal, prévenu trop tard, arrive à l'hôtel milanais où le jeune homme est descendu, il apprend que la note a été réglée par le Dr Gregor Gregory, une des nombreuses identités dont use Mengele.

En août 1966, à Hohenau, petite station de villégiature prisée des paraguayens, six hommes font irruption dans l'hôtel Tirol à la recherche du Dr Fritz Fisher. Lorsqu'ils arrivent dans la chambre de celui-ci, elle est vide, l'homme s'est échappé par les toits et ses poursuivants israéliens ont encore raté leur cible. Mengele finit sa vie dans un deux-pièces cuisine de la banlieue de Sao Paulo, complètement reclus, sans aucune relation sociale de peur d'être reconnu, vivant chichement des subsides envoyés par sa famille ou d'anciens nazis. Malgré tous les efforts internationaux pour le trouver, Mengele ne fut jamais pris et après 34 ans de fuite, il meurt noyé au Brésil en 1979, foudroyé par une attaque cardiaque durant une baignade à Bertioga.

Sa tombe fut localisée en 1985 par un effort combiné des autorités américaines, allemandes et sud-américaines. Après exhumation, il fut identifié en 1992 par des tests génétiques sur ses os (mâchoire) réalisés par les légistes de UNICAMP (Université de Campinas), et Clyde Snow a confirmé l'identité de Mengele. De l'aveu même des services israéliens, Mengele ne constitue pas le pire des criminels nazis. D'autres médecins, tels Carl Clauberg ou Horst Schumann, lui sont bien supérieurs en ce domaine. De la même manière, son rang dans la SS était modeste et ses recherches n'ont jamais attiré l'attention d'Himmler, le puissant maître de la SS pourtant friand de ce type d'expérimentations. Cependant il a des centaines de victimes à son actif ; rien que pour ses "expériences" sur les jumeaux, il fait 111 victimes. C'est surtout sa traque à travers tous les continents et le fait qu'il n'ait jamais été pris, parfois de très peu, qui ont contribué à faire de lui l'incarnation de la barbarie nazie restée impunie.


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