Otto Ohlendorf (né le 4 février 1907 à Hoheneggelsen et mort le 7 juin 1951 à Landsberg am Lech) est un dirigeant SS allemand. SS-Gruppenführer, il fut responsable de dizaines de milliers de meurtres dans le cadre de la Shoah et condamné à mort pour cela au procès de Nuremberg. Né à Hoheneggelsen près de Hildesheim en Allemagne, fils d'un fermier, il rejoint en 1925 le Parti nazi, puis la SS en 1926. Il étudie le droit et l'économie aux universités de Leipzig, de Göttingen et de Pavie.
Il obtient le titre de docteur en jurisprudence. Il devient directeur de recherche à l'institut de l'Economie mondiale et du Transport maritime de Kiel. En 1938, il devient Hauptgeschäftsführer du Reichsgruppe Handel, c'est-à-dire un des dirigeants du commerce extérieur allemand. Au début de l'année 1936, il devient consultant économique pour le SD et il est également rattaché à la SS avec le grade de SS- Hauptsturmführer. En mai 1936, il est promu SS-Sturmbannführer, puis SS-Standartenführer en 1939.
À partir de cette année, il est nommé chef de l'Amt III du RSHA, poste qu'il occupe jusqu'en 1943. Il devient ensuite Ministerialdirektor et délégué du secrétaire d'État au ministère de l'économie. Heydrich le juge trop indépendant, car il n'aimait pas qu'un SS poursuive des activités en dehors de l'organisation, ce qui était le cas d'Ohlendorf. Les opérations mobiles de tuerie prévues dans le cadre de l'invasion de l'URSS demandent des dirigeants à plein temps. Heydrich décide d'y affecter Ohlendorf. En juin 1941, Ohlendorf est donc nommé chef de l'Einsatzgruppe D par Reinhard Heydrich. Il a alors 34 ans. L'Einsatzgruppe D, rattaché à la 11e armée, opère dans la région du Caucase et en Crimée.
Il se montre un officier consciencieux et efficace, soucieux de ses hommes. Lors de massacres collectifs de Juifs, il refuse que ses hommes exécutent leurs victimes d'une balle dans la nuque pour ne pas leur imposer « une responsabilité personnelle ». Il s'efforce de minimiser l'impact des tueries auprès des populations civiles et de la Wehrmacht. Il assiste donc personnellement aux tueries pour s'assurer qu'elles s'effectuent dans les règles militaires et « humainement » Il veille à ce que les corps soient bien enterrés pour cacher les méfaits des nazis.
Les massacres de l'Einsatzgruppe qu'il dirige continuent leurs basses œuvres jusqu'à l'été 1942. Sous son commandement, l'Einsatzgruppe D est responsable du massacre de 90 000 personnes. Une des tueries les plus connues a lieu à Simferopol et coûte la vie à plus de 14 300 personnes, majoritairement des Juifs. À la fin de l'année 1943, Ohlendorf devient délégué du secrétariat à l'Économie du Reich. Il était chargé des plans de coordination de la reconstruction de l'économie allemande à la fin de la guerre. En 1944, il est promu SS-Gruppenführer. Otto Ohlendorf accepte de témoigner des méthodes utilisées par les Einsatzgruppen, au procès des responsables du Troisième Reich, à Nuremberg.
Pendant le Procès des Einsatzgruppen contre les chefs des Einsatzgruppen en 1947, il n'exprime aucun remords. Ohlendorf justifie ses actes par la nécessité militaire. Il affirme que les Juifs constituaient un danger permanent pour les troupes allemandes et auraient pu un jour attaquer l'Allemagne. En ce qui concerne l'exécution des enfants, Ohlendorf déclare : « Je crois que c'est très simple à expliquer, si l'on part du fait que cet ordre visait non seulement à procurer (à l'Allemagne) une sécurité temporaire mais aussi une sécurité permanente. Dans cette optique, les enfants étaient des individus qui grandiraient et constitueraient sûrement, étant les enfants de parents qui avaient été tués, un danger non moindre que celui de leurs parents. ».
Ces déclarations reprennent un discours de Himmler prononcé le 6 octobre 1943. Il est condamné à mort et pendu le 7 juin 1951. Le capitaine Harry Murray Johnson, qui avait été chargé par l'ambassadeur des États-Unis de faire un rapport sur l'exécution d'Otto Ohlendorf, rapporte que le condamné interpela les personnes autour de la potence et leur dit :
« J'ai servi mon pays, j'ai servi ma famille, j'ai servi la race aryenne, j'ai servi Hitler ». Lorsque le bourreau s'approcha de lui pour lui mettre la corde autour du cou, Ohlendorf lui cracha à la figure et l'interpela en ces termes : « Fais ton office sous-homme ». Ce furent les dernières phrases d'Otto Ohlendorf.