Magda Goebbels (11 novembre 1901 - 1er mai 1945) était la femme de Joseph Goebbels, responsable de la propagande nazie. Elle est surtout connue en tant que première dame du Troisième Reich et pour avoir tué ses six enfants, quelques heures après le suicide d'Hitler. Magda Goebbels est née en 1901. Son vrai prénom est Maria Magdalena. Elle est la fille d'Oskar Ritschel, un ingénieur, et d'une employée de maison de ce dernier nommée Auguste Behrend. Magda porte ce nom dans un premier temps.
Elle vit quelques années en Belgique. Son père biologique, qui ne la reconnaît pas, lui paie ses études dans un pensionnat catholique de Bruxelles, où elle est rejointe par sa mère et le mari de celle-ci, un commerçant juif nommé Richard Friedländer - mais en août 1914, la Première Guerre mondiale éclate et les Friedländer sont soudainement obligés de repartir pour Berlin. Elle garde le contact avec son père, Ritschel, qui l'initie au bouddhisme. À Berlin, Magda va dans un lycée pour les filles de la bonne société et devient une bonne amie de Lisa Arlosoroff, fille d'émigrés russes.
Elle y fait aussi la connaissance du grand frère de Lisa, Victor Arlosoroff, un jeune sioniste qui devient son premier grand amour. Ce dernier devient plus tard en Palestine une des grandes figures du sionisme avant d'être assassiné en 1933, dans un meurtre resté non résolu et dont certains (sans preuves réelles) avancent que Goebbels serait l'instigateur. Magda participe aussi avec ferveur (selon les carnets de Lisa, la sœur de Victor) aux débats de groupe « Tikwath Zion » sur l'avenir de la Palestine, apprend l'hébreu et porte même l'étoile de David. Mais leurs chemins se séparent et, après avoir réussi son baccalauréat, Magda veut fréquenter un pensionnat huppé à Goslar qui enseigne la formation ménagère pour les demoiselles de la bonne société.
En 1920, dans le train qui va de Berlin à Goslar, la jeune fille de dix-huit ans fait la connaissance de l'industriel Günther Quandt, âgé de trente-huit ans, un des hommes les plus riches d’Europe, membre de la célèbre famille Quandt. Il est si impressionné par l’habileté et par le charme de Magda qu'il décide de l'épouser. La perspective de vivre en grande bourgeoise sans souci matériel masque la différence d’âge et Magda accepte le mariage en 1921. Cependant, elle doit renoncer au nom de Friedländer, à cause de ses connotations juives qui le rendent peu convenable aux yeux de la famille, protestante, de son futur mari. Son père biologique accepte alors de reconnaître sa fille. De plus, sa mère divorce peu après de Richard Friedländer, qui disparaît de sa vie.
En tant que Magda Quandt, elle prend en charge les rôles de mère et de maîtresse de maison, tout en s'occupant des deux fils du premier mariage de Quandt. Mais elle vit dans une cage dorée et son rêve d'une vie heureuse aux côtés d'un millionnaire ne se réalise pas. Dix mois après le mariage, le 1er novembre 1921, elle met au monde un fils qu'elle appelle Harald et, en 1925, la famille adopte en plus les trois enfants d'un partenaire d'affaires qui sont subitement devenus orphelins. Magda consacre alors son temps à l'éducation des six enfants, qui comprend le piano et les obligations sociales. La paix familiale est soudainement rompue quand Hellmuth, le fils aîné de Quandt, meurt à la suite d'une erreur médicale. Sa mort détruit le dernier lien qui subsistait entre les mariés. Leurs différences devenues trop marquées, Magda ne supporte plus la situation et se plonge dans une liaison amoureuse avec son ancien ami, Victor Arlosoroff. Son mari la jette brusquement dehors.
Cependant, Magda menace de publier des lettres « scandaleuses » sur ses liaisons hors mariage et s'assure ainsi d'un appartement, d'une pension de 4 000 marks par mois et du droit de garde pour leur fils Harald. La femme divorcée s’ennuie dans cette vie sans souci matériel. Elle adhère aux alentours de 1929 au club Nordische Ring qui regroupe les membres de la bonne société berlinoise favorables aux idées nazies. Elle participe à une prestation électorale du NSDAP au Palais des sports à Berlin le 10 septembre 1930. Magda est fascinée par le discours de Joseph Goebbels. Le lendemain, elle s'inscrit dans la cellule du NSDAP de son quartier, puis Magda se présente dans le quartier général du NSDAP à Berlin. Grâce à son excellente formation et ses connaissances linguistiques, on lui donne un poste aux archives de la direction en face du Gauleiter Goebbels.
D'une manière générale, ce n'est sans doute pas l'idéologie nationale-socialiste qui attire Magda vers la politique mais beaucoup plus probablement l'ambition, le goût du pouvoir et une réelle fascination pour Goebbels et Hitler. Tous les témoignages décrivent une femme intelligente, belle, cultivée mais également terriblement narcissique, égoïste et vaine. Goebbels, connu pour ses histoires de femmes, remarque immédiatement la dame élégante et gracieuse, et la charge tout de suite de s'occuper de ses archives privées. Il évoque cette rencontre à la date du 7 novembre 1930 dans son journal : « Une superbe femme du nom de Quandt organise mes nouvelles archives personnelles ». Ils deviennent rapidement amants et Goebbels écrit le 15 février 1931 : « Ce soir, Magda Quandt est venue. Et est restée très tard. Elle s'épanouit en une fascinante sucrerie blonde. Comment es-tu devenue, toi, ma reine ? » C'est le début d'une relation intense et difficile, car les deux sont jaloux de leur liberté respective. L'appartement élégant de Magda devient le point de ralliement de la société nazie où Hitler et elle se rencontrent pour la première fois. Il est séduit par l'ambiance de l'appartement et particulièrement par l'hôtesse qui incarne parfaitement le stéréotype de la femme germanique. Elle est l'une des rares personnes de son entourage qui rayonne de charme, qui lui est fidèlement dévouée et qui est aussi capable de soutenir avec lui une véritable conversation. Il semble évident que Magda exerce un attrait puissant sur Hitler et elle éprouve aussi des sentiments pour le Führer. Mais comme le dictateur s'est promis à l'Allemagne, il utilise sa grande influence sur les deux pour accélérer le mariage entre Magda et le propagandiste. Le mariage a lieu le 19 décembre 1931 avec Hitler comme témoin.
Quand Hitler est nommé chancelier le 30 janvier 1933, il crée très vite un nouveau ministère pour Goebbels : « le ministère du Reich pour l'édification du peuple et de la propagande ». Pour Goebbels il est impensable de donner à sa femme un rôle politique et de fait Magda n'exerce plus de fonction dans le parti. Mais elle incarne l'Aryenne parfaite et fait partie du cercle des intimes du Fürher. Magda profite de son prestige nouveau, car Hitler refuse d'avoir une femme afin de consacrer toutes ses forces créatives à son unique « épouse », la nation allemande. L'épouse du ministre Goebbels devient en quelque sorte la « Première dame du Troisième Reich ». Elle représente le régime lors des visites d'État et des sorties officielles. Il lui incombe de se poser en modèle de la mère allemande lors de la fête des Mères. Magda se sent à l'aise dans les cercles politiques et le couple se dispute souvent à cause de leur opinions divergentes quant au rôle et au statut de la femme dans la société. Certains prétendent que Magda a épousé Joseph Goebbels pour se rapprocher d'Hitler qu'elle aimait secrètement sans que cela ne soit véritablement confirmé. Elle finit par se soumettre et accomplir la tâche la plus importante d'une femme nazie, celle d’être mère.
En 1940, elle est mère de six enfants (Helga, Hilde, Helmuth, Holde, Hedda et Heide), dont le nom commence par H. À ceux-ci s'ajoute son fils aîné, Harald, qui vit avec le couple depuis 1934. Elle devient la première femme à recevoir la « Croix de la mère » des mains d'Hitler. Toute sa famille sert la propagande nazie et donne l'image parfaite de la famille modèle du régime, avec Hitler comme bon oncle. Magda, toujours parfaitement coiffée, manucurée et maquillée parmi ses six enfants, vit dans le luxe. Mais l'apparence de la famille heureuse que Magda préserve avec discipline est trompeuse. Le père de famille passe ses nuits avec des actrices et la situation s'aggrave quand, en 1938, Goebbels confesse à Magda qu'il est amoureux de l'actrice tchèque Lida Baarova qui a 22 ans.
Cependant, Hitler, supplié par Magda d'intervenir, refuse le scandale d'un divorce à cause de cette maîtresse tchèque, car il faut maintenir l'image de la famille modèle à tout prix. En conséquence, il interdit à Goebbels tout contact avec la jeune actrice et celle-ci est bannie du Reich. Magda triomphe et retrouve la face. Goebbels, relatant cet épisode dans son journal, écrit le 18 août 1938 : « J'ai avec Hitler une longue et sérieuse discussion qui me touche au plus profond. J'en ressors abasourdi. Le Führer est pour moi comme un père [...]. En cette heure difficile, cela m'est d'un grand secours. Je prends des décisions difficiles. Mais définitives [...]. Alors je vais me plier. De tout mon être et sans rechigner. C'est une vie nouvelle qui commence à présent. Une vie dure et cruelle, entièrement vouée au devoir. C'en est fini maintenant de ma jeunesse. »
Étonnamment, Magda ne s’intéresse pas au destin de son beau-père juif. Elle accepte aveuglément le dogme du régime auquel elle se dévoue. En réponse à une question à propos de l'antisémitisme de son mari, elle répond : « Le Führer le veut ainsi et Joseph doit obéir. » Lorsque Hitler déclenche la guerre en 1939, le couple se reforme. Le propagandiste est entièrement dans son élément en annonçant des victoires réelles ou supposées et Magda retrouve sa fonction officielle en accueillant les épouses des chef d’États étrangers, en logeant des soldats et en réconfortant les veuves de guerre. Elle a même un fils qui lutte sur le front et la « Première dame » s'efforce de donner l'image de la mère patriote : une formation d’infirmière de la Croix-Rouge et un travail à Telefunken, société allemande de téléphone. En 1943, la famille s'installe dans la région idyllique de Bogensee et Magda souffre de sévères dépressions nerveuses qui reflètent son état psychologique. Magda accepte la décision de Goebbels de rester à Berlin avec le Führer jusqu'à la fin de la guerre. Ils décident que toute la famille mourra et Magda se justifie en affirmant qu'elle ne veut pas que ses enfants vivent dans un monde sans national-socialisme.
Le 22 avril 1945, la famille déménage au bunker du Führer, où ils passeront leurs derniers jours. Hitler et son épouse Eva se suicident le 30 avril 1945. Le lendemain Magda habille ses enfants de tenues blanches et leur donne d'abord un somnifère. Endormis, elle leur met des ampoules de cyanure dans la bouche et tue Helga (12 ans, née le 1er Septembre 1932), Hilde (11 ans, née le 13 avril 1934), Helmuth (9 ans, né le 2 octobre 1935), Holde (8 ans, née le 19 février 1937, 2 mois avant terme), Hedda (6 ans née en mai 1938) et Heide (3 ans, née le 29 octobre 1940). Joseph et Magda Goebbels montent alors au jardin du bunker. Goebbels se suicide par un coup de feu ; Magda, par une ampoule de cyanure. Sur ordre de Goebbels, les deux corps sont brûlés par des officiers SS.
Cependant une chose controverse cette thèse de l'empoisonnement : le colonel Helmut Futerzen aurait vu Goebbels dans les jardins de la Chancellerie brandir son revolver sur Magda puis quelques secondes plus tard sur Goebbels lui-même. Connaissant les mœurs de la bourgeoisie, Magda Goebbels voulait atteindre le sommet de la société, et c’est cette volonté d'ascension sociale qui caractérisera sa vie dès son enfance. Cependant, derrière cette façade se trouvait une femme émancipée qui ne correspondait pas aux vertus principales de la femme au foyer et de la mère fidèle. Elle se sentait supérieure aux règles suivies par les femmes du peuple, car elle fumait, buvait de l'alcool, s'habillait avec des vêtements luxueux, trompait son mari avec son secrétaire d'État, et était la seule femme avec qui le Führer s’entretenait de politique.
Elle menait une vie moins totalitaire que le régime auquel elle s'était vouée mais l'idéologie nazie servit parfaitement son besoin de croire et de s'exalter pour quelque chose. Tant et si bien qu'elle se laissait facilement fasciner par des idéologies extrêmes ou des religions auxquelles elle sacrifiera sa vie. D'abord le catholicisme de l'enfance, le judaïsme de son beau-père, le sionisme de son premier amour, le bouddhisme du père et enfin l’idéologie nationale-socialiste pour laquelle elle va jusqu'au suicide. Le fanatisme et l'absolutisme font d'elle une meurtrière de ses propres enfants, et la suite de ses noms de famille témoignent d'une vie extrême : elle naît comme Behrend, est adoptée comme Friedländer, se légitime par le nom Ritschel pour pouvoir devenir une Quandt et finir par être l'épouse du propagandiste Goebbels.