Bob Maloubier (né le 2 février 1923 à Neuilly-sur-Seine) fut, pendant la Seconde Guerre mondiale, un agent secret français du Special Operations Executive. À ce titre, il fut d'abord parachuté clandestinement deux fois en
France occupée comme saboteur dans le réseau SALESMAN de Philippe Liewer, dans la région de Rouen au deuxième semestre 1943, puis dans le Limousin à la libération. Puis, ayant rejoint la Force
136, il fut parachuté au Laos en août 1945.
Après la guerre, il fut agent du SDECE, participa à la création des premières unités de nageurs de combat et travailla en Afrique pour des compagnies pétrolières. Fils d'Eugène Maloubier, natif
de Paris, engagé en 1914 et affecté à l'état-major du général Haig comme interprète, et de Henriette une Franc-Comtoise, née en 1880. Il a un frère aîné : Jacques (né en 1920). C'est en 1920 que
la famille, venant des États-Unis, débarque au Havre. Il fait ses études au lycée Pasteur de Neuilly
1940. En mai, alors qu'il prépare son bac, « les épreuves du baccalauréat sont reportées à une date ultérieure ». En juin, il quitte Paris avant l’arrivée des Allemands. Il décide de rejoindre le
général de Gaulle. Il essaie de partir par Bordeaux, par Saint-Jean-de-Luz, par Marseille, mais il échoue les trois fois. En décembre, il retourne à Paris embrasser ses parents une dernière fois.
Retour à Marseille, avec un crochet par Royat, où il rencontre le colonel Émile Bonotaux, qui, se méfiant du général de Gaulle, lui conseille, d’aller en Afrique plutôt qu'en Angleterre. 1941. En janvier, il s’enrôle dans l’aviation
de l’armée d’armistice, résolu, dès son premier lâcher seul aux commandes d’un avion, à mettre le cap sur Gibraltar ou Malte. Mais comme il y a déjà trop de pilotes, il est affecté à la garde de
la base aérienne de Bizerte. 1942. Le 8 novembre, la base est encerclée par les Allemands. Après l’assassinat de Darlan, Jacques Vaillant de Guélis le recrute comme agent secret du SOE.
1943 Janvier. Le 102, il quitte Alger pour Londres, via Gibraltar. Février. Il est brièvement interrogé par le MI5 à Patriotic School, puis est emmené à Orchard Court où les membres dirigeants et
les officiers traitants de la section F rencontrent les agents opérationnels. Commence ensuite son entraînement. Il se rend à Wanborough Manor. Mars. Il est inscrit à la session de mars en
compagnie de Pierre Raynaud et d’Henri Silhol. Tous trois se joignent à une vingtaine de stagiaires, dont Diana Rowden, Éliane Plewman et Éric Cauchi : maniement des armes et des explosifs,
liaisons radio, actions de commandos (Wanborough Manor) ; sécurité (New Forest) ; parachute (cinq sauts, dont un de nuit, à Ringway) Août. Dans la nuit du 15 au 16, il est parachuté en France, à
la périphérie de Louviers. Il atterrit, à minuit passé, dans un champ de blé. Au pied d’un pommier patiente un homme jeune, plutôt petit, aux lèvres bien ourlées, au regard gris pétillant
d’intelligence et d’humour. C’est Philippe Liewer, qui sera son « boss », le chef du réseau SALESMAN. Maloubier vient remplacer Gabriel Chartrand comme saboteur du réseau. Secondé par Claude
Malraux, Bob Maloubier mène alors une équipe de « terroristes » qui réalise plusieurs sabotages : un « tender » de sous-marins qui, depuis longtemps, force le blocus de la Royal Navy et accroît
le rayon d’action des U-Boote ; une usine qui fabrique des pièces d’avions Focke-Wulf ; une centrale électrique qui alimente la région rouennaise.
Décembre. Le 20, mis en retard par un poivrot et trahi par un passager, il frôle de trop près le couvre-feu. Il est intercepté, arrimé, pistolet sur la nuque, sans espoir de sortie, par les
Feldgendarmes. Il s’échappe et reçoit plusieurs balles. Traqué, il brise la banquise d’un canal qu’il traverse de façon que les chiens perdent son odeur. Il se couche sur la terre givrée, par
moins dix. À l’aube, il se réveille surgelé et parvient à se rendre à Rouen, à quatorze kilomètres de là. 1944 Février. Dans la nuit du 4 au 5, un avion Hudson le ramène à Londres. Mars. Pendant
qu'ils sont à Londres, Philippe Liewer et Bob Maloubier apprennent que de nombreux membres du réseau ont été arrêtés. Juin. Dans la nuit du 7 au 8, Philippe Liewer « Hamlet », Violette Szabo, Bob
Maloubier et Jean-Claude Guiet « Virgile », l'opérateur radio, sont parachutés dans le Limousin. Ils viennent soutenir les maquis de la région.
1945. Il est affecté à la Force 136. En août, il est parachuté au Laos et fait prisonnier par les Japonais6 juste à la fin de la guerre. 1945 (suite). Après la guerre, comme son profil de
saboteur, dynamiteur et tireur d'élite n'est plus recherché, il offre ses services au contre-espionnage français. Cela va durer dix ans. 1947. Il participe à la fondation du service action du
SDECE (services spéciaux français). 1948. Le 8 juin, il témoigne au procès d’Henri Déricourt. 1952. Il fonde l’unité « nageurs de combat » d'Arzew, avec Claude Riffaud, créateur du CINC
d'Aspretto, Au Gabon, il est forestier (il y coupe du bois et gère des domaines forestiers). Il travaille pour Jacques Foccart (le « Monsieur Afrique » du général de Gaulle) pour qui il met sur
pied la garde personnelle du président gabonais. 1962. Il devient pétrolier à la Shell. 1967. En mai, il est en poste à Lagos, capitale du Nigéria, lorsque s'y déclenche la guerre du Biafra. Il
termine sa carrière chez Elf. 2010. Sélection au festival de Cannes de Film Socialisme de Jean-Luc Godard, dans lequel Bob Maloubier interprète le rôle d'un passager du paquebot. Il témoigne dans
le documentaire Histoire des services secrets français. 2011. Le 19 mars, il est élu président de la Fédération Nationale Libre Résistance pour un an.
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Maloubier Bob
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