Francis Bacon : Peintre britannique, né le 28 octobre 1909 à Dublin et décédé le 28 avril 1992 à Madrid, ayant pour thèmes de prédilection la violence, la cruauté et la tragédie
d'où ses dires : « l'odeur du sang humain ne me quitte pas des yeux ». Son œuvre se déploie en grands triptyques mettant en scène sa vie, ses amis, son admiration pour Vélasquez, Vincent Van Gogh
ou Picasso, ou par des portraits torturés, comme pliés dans la texture de la toile, de ses amis Michel Leiris, Mick Jagger, etc ...
Jeune, Bacon est un enfant maladif, asthmatique, que son père éduque avec rigueur. Ce dernier est éleveur et entraîneur de chevaux. À la déclaration de guerre en 1914, il est affecté au ministère
de la guerre à Londres, la famille vit dès lors entre Londres et Dublin. Ne pouvant suivre une scolarité normale, le jeune garçon a un précepteur. Francis Bacon est rejeté par son père lorsque
son homosexualité est découverte — une anecdote dit que son père l'aurait renvoyé du foyer familial à l'âge de 16 ans après l'avoir surpris en train d'essayer les sous-vêtements de sa mère. Sa
mère lui verse néanmoins une pension régulière qui lui permet de vivre à Londres.
Puis, Bacon quittera l'Angleterre, et passera plusieurs mois entre Berlin et Paris, où il mène une vie de bohème, exerçant différents métiers dont celui de peintre-décorateur d'appartements. Il
réalise dessins et aquarelles. De retour à Londres, en 1928, il expose dans son atelier de Queensbury Mews. Il s'installe comme décorateur et peint ses premières toiles sous la forte influence du
surréalisme et de Picasso, dont il a pu admirer les œuvres lors de son séjour à Paris à la galerie Paul Rosenberg. Les dessins d'après Picasso de cette époque, visibles dans ses carnets, montrent
ainsi la façon dont Bacon s'en est inspiré, et les similitudes avec le travail de celui-ci.
Artiste autodidacte, parmi ses influences, on reconnaît non seulement Picasso mais aussi Vélasquez, Poussin ou encore Rembrandt. Lors d'un entretien, il affirma que l'influence du surréalisme sur
son travail ne provenait pas de la peinture mais des films de Luis Buñuel comme Un chien andalou. En 1930, le journal The Studio lui consacre un article après l'exposition d'arts décoratifs
(meubles, peintures et gouaches) qu'il a organisée dans son atelier. En 1931, il abandonne peu à peu son métier de décorateur pour se consacrer exclusivement à la peinture ; pour survivre il vit
de petits métiers. En 1933, il peint Crucifixion qui est reproduite dans la revue Art Now. En 1934 se tient sa première exposition personnelle à la Transition Gallery, qui est un échec. Bacon
pense arrêter la peinture. En 1936, il est refusé par l'exposition internationale du surréalisme organisée par André Breton. Il est sélectionné, en 1937, pour l'exposition collective « Young
British Painters » avec Graham Sutherland et Victor Pasmore.
Affecté à la défense civile en 1941, déclaré inapte au service militaire, Bacon s'installe un temps à la campagne puis revient à Londres et loue un atelier à Kensington. Il détruit alors tout son
travail, ne conservant qu'une dizaine de toiles. En 1945, Trois études de figures au pied d'une crucifixion provoque le scandale lors de l'exposition à la Lefevre Gallery. Le tableau, d'une rare
violence expressive, choque au lendemain de la Seconde Guerre mondiale où l'on préfère oublier les images d'horreur que celle-ci a engendrées. Ces corps ramassés à l'extrême, tordus et
écrabouillés, musculeux, disloqués, ravagés, ces distorsions crispées, ces contractures paroxystiques, ces poses quasi acrobatiques, sont d'abord signes de fulgurances nerveuses et d'un
emportement furieux, presque athlétique, plus somatiques que psychologiques de la mystérieuse animalité d'anthropoïde solitaire et désolée qui est en chaque homme. Le tableau est acquis en 1953
par la Tate Gallery.
Bacon part vivre à Monte-Carlo en 1946. Son tableau Peinture 1946 est acheté par le Musée d'art moderne de New York en 1948. Il commence les fameuses séries de « Têtes », s'inspire de Velasquez
pour la série des « Papes », et utilise les photographies de Muybridge comme source d'inspiration. Il rencontre le peintre Lucian Freud dont il peint un premier portrait en 1951. En 1952, Bacon
expose des paysages inspirées de la Provence et de l'Afrique du Sud, qu'il a visitée pour rendre visite à sa mère, l'année précédente. En 1953, il peint Deux Lutteurs. En 1954, avec Ben Nicholson
et Lucian Freud, Bacon représente la Grande-Bretagne à la XXVIIe Biennale de Venise. En 1955 se tient une première retrospective à l'Institute of Contemporary Arts de Londres. En 1956, il fait un
voyage au Maroc.
1957 est l'année de sa première exposition à Paris et de la création de la série des « Van Gogh » inspirée par la vie du peintre et par la destruction de ses toiles pendant la Seconde Guerre
mondiale. En 1958, il signe son contrat avec la galerie Marlborough qui devient son marchand. Les expositions en galeries et les rétrospectives se succèdent à partir de cette date. En 1959, Bacon
participe à la Biennale de Sao Paulo. En 1961, sa galerie l'installe dans une maison de deux étages, 7 Reece Mews South Kensington, à Londres. Son atelier est situé à l'étage, dans une petite
pièce qu'il ne nettoie jamais et qui s'encombre de tubes de peintures gachés et de livres, revues, journaux, photographies usagées, tachées dont il s'inspire.
En 1964, Bacon peint son premier grand triptyque, Trois études pour une crucifixion, qui est acquis par le musée Guggenheim de New York. Le triptyque devient une des formes conventionnelles de
son travail. Il rencontre George Dyer qui devient son ami, son confident et son modèle pour de nombreuses toiles. C'est pendant la première rétrospective de Bacon à Paris, au Grand Palais en
1972, que Dyer se suicide dans leur chambre d'hôtel. Bacon lui dédiera une suite de triptyques.
Influencé par son ami Michel Leiris et par son goût de la violence, Bacon réalise trois Études pour la corrida en 1969, dont l'Étude pour une corrida n° 2, actuellement conservée au musée des
Beaux-arts de Lyon, qui a servi pour l'affiche de la feria de Nîmes en 1992. Jean-Claude Lebenztejn décrit Étude pour la corrida n° 1 comme un tableau où : « Le public dans l'arène paraît comme
projeté sur un panneau coulissant », tandis que, dans la deuxième version, le panneau est blanc et une ombre noire semble flotter. La violence, mais aussi l'aspect sexuel de la corrida attiraient
Bacon, qui la considérait, à l'instar de la boxe, comme « un apéritif merveilleux pour l'amour ».
Au long de sa carrière, Bacon affine son style, délaissant les images de violence crue de ses débuts pour préférer « peindre le cri plutôt que l'horreur », prônant que la violence doit résider
dans la peinture elle-même, et non dans la scène qu'elle montre. En voyage à Madrid, Francis Bacon s'éteint en 1992. Son atelier est donné par son dernier compagnon, John Edwards, au Musée d'art
moderne de Dublin. L'atelier est photographié, puis déplacé et reconstruit à l'identique. Francis Bacon fut un artiste prolixe qui a laissé de très nombreux interviews et documentaires audio et
vidéo, où il exprime avec clarté et une simplicité touchante ce qu'est pour lui l'art de la peinture. Il était également connu pour être une figure habituelle du pub londonien The French.
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Bacon Francis
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