publié le 20/01/2014 à 07h18 par Laurent Legrand
Sa vie fut jalonnée d'événements tapageurs et stimulée par la prise de risques, laissant planer une incertitude perpétuelle sur les conditions de son existence.
John Fitzgerald Kennedy sortant de la messe à l'église catholique Saint Stéphane le martyr
La vie de John Fitzgerald Kennedy n'est pas des plus communes, son ascension précoce au sein de la
sphère politique témoigne d'un parcours hors du commun. Les événements et anecdotes ne manquent pas concernant l'existence de JFK qui, durant toute sa carrière politique, a pu compter sur l'investissement de son père, Joseph Kennedy, ou encore de son frère, Robert Kennedy. Cependant, JFK fut exposé à de nombreux soucis de santé et à plusieurs drames qui l'amenèrent à devenir fataliste et à
penser que son espérance de vie était comptée. Malgré les épreuves, il n'en perdait pas son sens de l'humour et son esprit de compétiteur. Diplômé d'Harvard, il devient sénateur du Massachusetts
à l'âge de 29 ans après avoir été décoré de la Purple Heart quelques années auparavant pour son investissement au sein de la Navy lors de la Seconde Guerre mondiale.
Un parcours modèle, sans tache, à l'image des documentaires et des photos de son couple diffusés dans les médias de l'époque, mais qui en définitive ne reflétaient pas le train de vie réel du
plus jeune président des États-Unis.
L'affaire Kater
Le quotidien du président Kennedy était rythmé par de nombreuses aventures, dont certaines auraient pu
lui être préjudiciables, comme ce fut le cas avec l'affaire Kater en 1959. Florence Kater ne voyait pas d'un bon oeil les actes de libertinage auxquels s'adonnait JFK avec sa collaboratrice du Sénat, Pamela Turnure. C'est ainsi qu'elle emmagasina un nombre considérable
d'informations dans l'optique de faire du tort au futur président. En tant que personnalité publique, il se devait d'être "irréprochable", et c'est ainsi qu'elle entreprit de le photographier à
la sortie de l'appartement de sa locataire. Les procédés des Kater agacèrent JFK qui n'hésita pas à
menacer le couple d'expulsion de son domicile, avant d'avoir recours à son avocat. Les négociations n'aboutirent pas, et plus le sénateur se rapprochait de la présidence, plus Florence Kater se
montrait entreprenante, en envoyant, par exemple, des dizaines de courriers de dénonciation à plusieurs éditorialistes et rédacteurs en chef de Washington et de New York. Si ses démarches
n'aboutirent pas, déterminée, elle n'hésita pas à se rendre le 14 mai 1960 à un meeting politique que tenait Kennedy à l'université du Maryland. Ce jour-là, elle brandit une pancarte où figurait un agrandissement de la
photo de Pamela Turnure quittant l'appartement à l'aube. Cette pancarte suscita l'intérêt de Bob Clark, journaliste au Washington Star, qui décida de s'entretenir avec Kater. Cette dernière lui
fit part de toutes ses manigances pour faire tomber Kennedy, et notamment des magnétophones que son
mari avait installés en secret dans les conduits d'aération du logement. Elle lui expliqua également qu'elle avait négocié son silence en échange d'un tableau de Modigliani. Finalement, Clark
n'obtint pas l'aval de son rédacteur en chef pour diffuser ces accusations. JFK nomma Pamela Turnure
attachée de presse de sa femme.
D'innombrables maîtresses
Jackie Kennedy, la femme de JFK, avait pleinement conscience des tromperies de son mari, véritable mythe dont le sex-appeal envoûta et
hypnotisa bon nombre de femmes. Ce fut le cas de Marilyn Monroe littéralement éprise de JFK et qui
menaça, à plusieurs reprises, de tout révéler de sa relation avec lui. L'instabilité émotionnelle de Monroe et son souhait de vouloir se rapprocher de l'icône présidentielle représentèrent une
menace incessante pour JFK, dont elle fut éperdument amoureuse, comme en témoigne cet enregistrement
effectué auprès de son psychanalyste, quelques semaines avant sa mort : "Marilyn Monroe est un soldat, son
commandant en chef est l'homme le plus puissant du monde. Le devoir d'un soldat est d'obéir à son commandant en chef. Il dit fais ceci, on le fait. Il dit fais cela, on le fait. [...] Jamais, je
ne lui ferai honte. Aussi longtemps que je serai vivante, John Kennedy vivra en moi."
La liste des maîtresses de JFK semble irréaliste : Angie Dickinson, Ellen Rometsch (prostituée et
soupçonnée d'être espionne russe), Helen Chavchzade, Florence Pritchett, Barbara Maria Kopsynska (a.k.a. Alicia Darr, prostituée et maquerelle de luxe, gérante d'une maison close à Boston),
Priscilla Wear et Jill Conan surnommées "Fiddle" et "Foddle" par les journalistes et fréquentant assidûment la piscine de la Maison-Blanche en présence de ses frères...
Des situations innombrables qui exposèrent le président des États-Unis à un scandale sexuel qui aurait pu ternir son image d'époux et de père de famille exemplaire. Les dérives secrètes du clan
Kennedy ne se résumèrent pas uniquement à l'activité sexuelle de JFK, puisque, lors de son élection à
la présidence, de fortes présomptions de votes truqués firent irruption.
Les relations douteuses avec la pègre
L'ascension de John Fitzgerald Kennedy à la fonction de président des États-Unis fut largement
influencée par l'implication de son père, très présent et désireux d'amener son fils à la plus haute fonction du pays. Manipulateur hors du commun et doté d'un sens des affaires remarquable,
Kennedy Senior disposait d'un réseau très étendu et pas toujours licite qui bénéficia directement à
l'élection de son fils. Lors de la campagne présidentielle de 1960, Joe Kennedy s'associa à Sam Giancana et au puissant syndicat du crime de Chicago dans l'État de l'Illinois. La pègre était très influente à
Chicago, plus particulièrement auprès des syndicats dont elle avait le contrôle total et dont elle put assurément orienter les votes.
En parallèle, Kennedy bénéficia pareillement du soutien financier du puissant syndicat des routiers
(les "teamsters"), dont Jimmy Hoffa était le président et avec qui Robert Kennedy, frère de JFK, était en guerre ouverte. Bobby lutta avec acharnement contre le racket organisé dans le milieu du travail
et s'en prit avec virulence à Jimmy Hoffa réputé pour ses méthodes violentes et dont les affinités politiques
n'obéissaient pas aux priorités de Giancana, autrement dit le clan JFK. Toutefois, la pression intense exercée par Robert Kennedy, nommé conseiller en chef de la commission McClellan - chargée d'enquêter sur les liens entre les
syndicats et le crime organisé -, n'est pas sans conséquence, puisque Jimmy Hoffa, pourtant pro-Nixon, cède plusieurs millions de dollars à Joseph Kennedy dans l'optique de financer la campagne du fils de ce dernier sous réserve de la paix sur le plan
judiciaire. La mafia de Chicago contrôlait parallèlement les activités des teamsters de Cleveland, Saint Louis, Kansas City, Las Vegas et Los Angeles et vint s'ajouter aux bénéfices issus du
chantage exercé sur Hoffa, une aubaine pour Giancana face à qui le FBI se montra beaucoup moins regardant. JFK fut élu plus jeune président des États-Unis tandis que Bobby hérita de la fonction de ministre de la Justice et conserva sa réputation de champion de la guerre contre
le crime organisé, une parfaite couverture pour son frère dont le bien-être était sa priorité absolue.
La vie secrète de John Fitzgerald Kennedy fut jalonnée d'événements tapageurs et stimulée par la prise
de risques. Les rumeurs, les témoignages, les enregistrements, les clichés laissent planer une incertitude perpétuelle sur les conditions d'existence de JFK tout comme les raisons et les conditions dans lesquelles il fut assassiné à Dallas le 22 novembre 1963.
Son parcours atypique et sa fin tragique participent à l'élévation d'un mythe, l'image du Golden Boy restera, quoi qu'il arrive, gravée dans les mémoires.