Dalimier AZlbert François Marie né le 20 février 1875 à Bordeaux (Gironde), mort le 6 mai 1936 à Neuilly-sur-Seine (Seine).
Albert Dalimier naquit le 20 février 1875 à Bordeaux, dans une famille d'universitaires. Il fit ses études aux lycées de Marseille et de Vanves, puis au lycée Buffon à Paris, dont son père était
proviseur. Il obtint sa licence en droit en 1896 et entra, jeune avocat, comme secrétaire chez M. Léon Mougeot, qui devait, de juillet 1898 à juin 1902, occuper dans les Ministères Brisson,
Charles Dupuy et Waldeck-Rousseau, le poste de Sous-Secrétaire d'Etat aux Postes et Télégraphes, puis celui de Ministre de
l'Agriculture, de juin 1902 à janvier 1905, dans le Cabinet Combes. Albert Dalimier fut attaché aux cabinets de
Charles Dupuy, de Waldeck-Rousseau et d'Emile
Combes. Comme avocat, il se distingua aussi bien au criminel qu'au civil et s'acquit rapidement une situation en vue.
Entré au Conseil général de Seine-et-Oise, il en est, en 1914, le premier Vice-Président et le Rapporteur général du budget départemental. En 1932, lors de sa dernière réélection, il appartient
toujours à cette Assemblée. Le parrainage politique qu'il avait su s'acquérir lui permit de se présenter pour la première fois avec succès, en 1906, dans la première circonscription de Corbeil en
Seine-et-Oise, qui devait lui rester fidèle pendant trente ans. Au renouvellement général législatif des 6 et 20 mai, il distança au premier tour de scrutin, d'un millier de voix, le député
sortant Berthoulat, et fut élu au second tour, avec 6.365 suffrages contre 5.272 à son concurrent, sur 12.044 votants. En 1910, le 24 avril, il l'emporta dès le premier tour avec plus de 3.000
voix d'écart, totalisant 7.479 voix sur 12.056 votants contre 4.263 à Théry.
En 1914, son élection fut moins aisée : arrivé en tête au premier tour de scrutin, le 26 avril, avec 5.850 voix sur 12.064 votants et 3.630 à Kellershohn et 2.332 à Barrion, il écrasait cependant
au second tour, le 10 mai, avec 6.660 voix sur 10.273 votants, un rival de dernière heure, seul maintenu en lice contre lui, Ackermann, qui avait rassemblé 2.236 suffrages. Il ne se présenta pas
aux élections générales de 1919 qui eurent lieu au scrutin de liste, mais au renouvellement de 1924, le 11 mai, il fut le seul élu, au quotient électoral, de la liste du cartel des gauches qu'il
menait avec 24.714 voix sur 220.879 votants, ce quotient étant de 18.111. Le retour au scrutin uninominal en 1928 ne lui fut favorable qu'au second tour : le 22 avril, il était en tête avec 5.295
voix sur 14.118 votants, totalisant près d'un millier de suffrages de plus que son concurrent Ditte ; au second tour, le 29 avril, il l'emportait avec 5.859 voix sur 13.752 votants, contre 4.234
à Ditte et 3.502 à Tirand. Aux élections générales des 1er mai et 8 mai 1932, il triompha, au premier tour, avec 6.000 voix d'avance sur ses adversaires, totalisant 8.815 suffrages sur 13.696
votants, contre 2.765 au communiste Bonnefous et 2.117 au candidat S.F.I.O. Auclair.
Lorsqu'il brigua pour la première fois les suffrages de ses électeurs, il se présenta à eux sous le patronage de l'Union des Comités républicains radicaux et radicaux-socialistes ; il préconisait
une politique d'union de toutes les forces républicaines. Pacifiste convaincu, il estimait cependant nécessaire, pour éviter des conflits « de porter au plus haut point la force défensive du pays
». Mais, vingt-six ans plus tard, il fera siennes les théories d'Aristide Briand sur le désarmement. Partisan d'un « impôt progressif sur le revenu », il mettait à son programme le dégrèvement de
la terre cultivée, la réalisation des réformes sociales et la nécessité d'assurer la paix sociale.
A la Chambre, Albert Dalimier siégea avec le groupe des républicains-radicaux et radicaux-socialistes. Pendant les vingt-cinq années où il représenta la .première circonscription de Corbeil il
appartint à un certain nombre de commissions. Dès le début de sa carrière, en 1906, il est membre de celle des octrois et de celle de l'enseignement ; en 1910, de celle du règlement, de la
réforme judiciaire, d'enquête sur l'affaire Rochette et de celles des Budgets des exercices 1911, 1912, 1913 et 1914. Pendant la onzième législature, il appartint, en 1918, aux Commissions de
l'enseignement, de la législation civile et criminelle, à celle qui fut chargée d'examiner les pièces concernant la condamnation de Louis Malvy, député du Lot et, en 1919, à la Commission
d'enquête sur la métallurgie et à celle des régions libérées. En 1924, avec la Commission d'assurance et de prévoyance sociales, il retrouva celle de l'enseignement et des Beaux-Arts et entra à
celle des pensions ; en 1925, il siégea de nouveau à celle de la législation civile et criminelle.
Dès la première législature à laquelle il appartint, il fut désigné, le 12 juin 1909, comme secrétaire de la Chambre et renouvelé, l'année suivante, le 11 janvier, dans les mêmes fonctions. Son
activité, en tant que Député et que Ministre, fut très vaste. Mais il fut plus un orateur qu'un législateur et, durant les longues années qu'il passa à la Chambre, il ne déposa que trois
propositions de loi : la première, en 1907, présentée avec M. Gioux et autres députés, concernant les conditions d'avancement dans la magistrature ; la seconde en 1918 pour proposer, mais ce fut
sans suite, le transfert au Panthéon des cendres de Rouget de Lisle et enfin, en 1930, pour faire prononcer par les tribunaux la suspension ou la suppression du permis de conduire.
Avant la guerre de 1914 surtout, il rapporta de nombreux projets ou propositions de loi, concernant plus particulièrement les Postes et Télégraphes. Il fut même, pour les exercices 1912, 1913 et
1914, le Rapporteur du budget des Postes et Télégraphes préconisant, dès 1912, la création d'un Ministère des P.T.T., vœu qui recevra un début de réalisation en 1926, mais ne sera pleinement
exaucé qu'en novembre 1929 avec l'arrivée au pouvoir du premier cabinet Tardieu. Il eut ainsi à connaître de
l'établissement du câble télégraphique sous-marin entre Marseille et Alger et aérien entre Paris et Marseille (1912), du réseau intercolonial de T.S.F., de la ratification de la convention
radiotélégraphique internationale arrêtée à la Conférence de Londres le 5 juillet 1912, de l'approbation de la convention passée entre l'Etat et la Compagnie Générale Transatlantique pour
l'exploitation du service maritime postal entre Le Havre et New York (1913), de la construction de divers bureaux de postes et de matériel postal roulant (1914) et en 1918 et 1919 de la
répression du trafic des billets de théâtre.
Cependant, ce fut surtout pas ses interpellations et ses interventions que se manifesta Albert Dalimier, l'habitude du barreau le. mettant à l'aise à la tribune pour traiter des sujets les plus
variés : salaire des ouvriers, secret et liberté du vote (1907), amnistie, incompatibilités parlementaires, fonctionnement des juridictions disciplinaires aux colonies, interpellation, suivie
d'un ordre du jour accepté, sur les dramatiques événements intervenus à Draveil au cours de grèves (1908) et sur les mesures disciplinaires prises à la suite de grèves des agents des P.T.T.,
modification des conseils de guerre, politique générale du Cabinet Clémenceau (1909), interpellations sur
les mesures que compte prendre le Ministre de la Guerre à propos de la discipline militaire (1908), sur un arrêt du Conseil d'Etat au sujet de l'approvisionnement des halles (1911) ou sur la
protection de la santé publique (1913). Nombreuses encore sont ses interventions à propos de la suppression des délimitations régionales, des limites de la Champagne viticole, de la direction
générale de l'Indochine, des retraites ouvrières et paysannes, du scrutin de liste et de la représentation proportionnelle (1911), de la politique générale du Cabinet Poincaré, de la réforme
électorale, des tarifs postaux (1912), de la fixation des taxes télégraphiques internationales, de la création d'un corps d'ingénieurs militaires des poudres (loi du 25 juin 1914), de la
catastrophe de Melun et enfin de la politique générale du Cabinet Ribot qui, le 12 juin 1914, fut renversé sur
l'ordre du jour motivé d'Albert Dalimier, à propos notamment du service de 3 ans.
René Viviani, qui succédait à Ribot, prit dans son équipe ministérielle celui qui venait de lui ouvrir les portes de la présidence du Conseil. Albert Dalimier reçut ainsi le sous-secrétariat
d'Etat aux Beaux-Arts le 14 juin 1914, qu'il devait conserver sans discontinuer dans les Cabinets Briand, Ribot et Painlevé jusqu'au 16 novembre 1917, date à laquelle Clémenceau arrivant au
pouvoir dans les conditions que l'on sait, supprima momentanément ce poste. Dans ses fonctions vice-ministérielles, Dalimier intervint à propos de l'acceptation définitive de la donation Rodin en
1916, puis, la même année et en 1919, sur des questions financières (ouverture de crédits provisoires et discussion d'une interpellation sur la situation financière de la France).
Après la Grande Guerre, Albert Dalimier ne se représenta pas aux élections générales de 1919,
reprenant l'exercice de sa profession d'avocat. Après cette interruption de quatre années, il sera de nouveau réélu jusqu'en 1936. Durant cette seconde phase de son activité parlementaire, s'il
ne rapporta qu'un projet de loi relatif à la réalisation du programme de constructions scolaires nécessité par l'accroissement de la population dans la banlieue de Paris, sa participation aux
débats fut encore une fois très ample. Il intervint souvent dans la discussion des budgets (exercices 1925, 1928, 1929 à 1933), au titre des Beaux-Arts, des P.T.T., des constructions scolaires,
du travail, de l'aménagement de la région parisienne. Cette dernière question, d'ailleurs, lui tint assez à cœur - il fut membre du Conseil supérieur d'aménagement de la région parisienne et
Président du groupe parlementaire de défense des intérêts de la banlieue - pour qu'il en fasse, en 1925, 1927 et 1929 l'objet de diverses demandes d'interpellation, ainsi qu'en 1931, de la
protection de la main-d'œuvre française dans la même région.
Il interpella aussi le Gouvernement sur la démission, le 3 avril 1925, de Clémentel, Ministre des finances. S'il prit souvent, au cours de ces trois législatures, la parole en matière législative
: au sujet des rap ports entre bailleurs et locataires d'habitations (1926), du tarif douanier, de l'amnistie (1928), des tribunaux d'instance (1929), de l'aménagement de la région parisienne,
des promesses unilatérales dans les ventes d'immeubles (1930), du chômage et de l'outillage national (1931), de la surtaxe applicable aux rhums coloniaux contingentes (1932), ses interventions de
caractère purement politique ne sont pas négligeables. Il participa aussi à la discussion d'interpellations relatives à des attaques de l'épiscopat français contre les institutions laïques et
républicaines, aux manifestations d'étudiants suscitées par la nomination de M. Scelle à la Faculté de Droit de Paris, ou aux incidents sanglants survenus en avril 1925 rue Damrémont à Paris. Il
intervint aussi à propos des grèves des postiers, de la politique intérieure et générale du Gouvernement Tardieu
(1929) et d'une proposition de résolution de Marcel Cachin tendant à l'élargissement des députés Duclos et Marty (1931).
Elu vice-président de la Chambre le 12 janvier 1932 avec 332 voix sur 503 votants, il s'associe en mars, à ce titre, à l'hommage rendu à Toma Masaryk, président de la République tchécoslovaque à l'occasion de ses 83 ans. Réélu à ces fonctions au début de la
législature suivante, il donne immédiatement sa démission car Edouard Herriot lui confie, le 3 juin 1932, le
portefeuille du Travail, portefeuille qu'il conservera jusqu'au 31 janvier 1933 dans le cabinet Paul
Boncour qui succède à Herriot le 18 décembre 1932. A ce titre, il intervint à propos du chômage, de la
grève dans l'industrie de la chaussure, du crédit agricole à moyen terme, de la protection de la main-d'œuvre nationale, des pouvoirs d'enquête de la commission d'assurance et de prévoyance
sociales, des caisses mutuelles et de la défense du marché du blé. Lorsque, le 6 septembre 1933, Albert Sarraut
remplaça à la Marine Georges Leygues, que la mort venait d'emporter, Daladier offrit à Dalimier le portefeuille des Colonies que détenait Sarraut.
Ce Cabinet Daladier ayant été renversé le 23 octobre 1933, Albert Sarraut qui lui succède, confie le 26 à Dalimier la garde des Sceaux et la vice-présidence du Conseil. Le nouveau
Ministre de la Justice eut l'occasion d'intervenir ès-qualités à propos de la protection des locataires, de la réglementation du choix et des attributions des commissaires aux comptes dans les
sociétés par actions ainsi qu'en matière de révision des baux. Le Ministère Sarraut étant tombé au bout d'un
mois, le 23 novembre, Camille Chautemps confie de nouveau les Colonies à Dalimier. Mais sa carrière va
bientôt s'achever dramatiquement : la fin de l'année 1933 et les premiers jours de 1934 sont en effet secoués par le scandale de l'affaire Staviski et des faux bons du Crédit municipal de Bayonne.
Dalimier, lorsqu'il était Ministre du Travail en 1932, avait appelé l'attention du président du Comité général des assurances sur « l'intérêt qu'il y aurait à ce que « les compagnies d'assurances
» aident les caisses de crédit municipal » en souscrivant largement à leurs émissions de bons. Cette recommandation malencontreuse lui coûta son portefeuille : il essaya de se justifier au
Conseil des ministres, mais dut offrir sa démission qui fut acceptée le 9 janvier 1934. Il tenta de s'expliquer devant la Chambre le 11 janvier et, malgré tous ses efforts, le parti radical
décida de l'exclure le 13 mars suivant. Il ne se démit pas de son mandat, mais sa vie parlementaire fut désormais terminée. Il ne se représenta pas aux élections générales de 1936, peu après
lesquelles il mourût, à Neuilly-sur-Seine, le 6 mai 1936, à l'âge de 61 ans. Officier d'académie, chevalier du Nicham-Iftikar, il était décoré du Mérite agricole.
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Dalimier Albert
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