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Un musée pour se souvenir que Lyon fut la capitale de la Résistance

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Le Progrèspublié le 15/02/2014 à 23h54 par Gérard Corneloup

Rhône. Au Centre d’histoire de la Résistance et de la Déportation, l’horreur le dispute à l’espoir et la vie quotidienne cohabite avec les combats contre l’occupant.



Un musée pour se souvenir

À voir jusqu’au 13 avril au CHRD, l’exposition « Pour vous, mesdames ! la mode en temps de guerre »

 

Lyon « capitale de la Résistance ». Ce glorieux label fut décerné, il y soixante-dix ans, en septembre 1944, par un expert en la matière : le général de Gaulle lui-même, juste après la libération de la cité des griffes l’occupation allemande. Si la collaboration y connut également une vie active, bien des Lyonnais, de souche ou d’adoption, parfois tout jeunes, tel René Leynaud, s’y engagèrent, y combattirent et y laissèrent parfois la vie. Et c’est à Lyon que les trois grands mouvements de Résistance de la zone Sud se regroupèrent autour de Jean Moulin pour donner naissance aux M.U.R. (Mouvements unis de résistance).

Afin de garder vivace ce souvenir et les témoignages qui s’y rattachent, afin aussi d’en informer les jeunes générations, est né le Centre d’Histoire de la Résistance et de la Déportation (CHRD), musée mais aussi centre d’expositions, de conférences, de manifestations, qui traite l’histoire de la Seconde Guerre mondiale à Lyon, en France, voire dans le monde entier. Il est d’ailleurs symboliquement aménagé dans l’ancienne École de santé militaire, occupée par la Gestapo en 1943-1944 et où les caves, cœur actuel du musée, servaient alors de geôles aux prisonniers avant les violents interrogatoires.

Dans l’exposition permanente, de sobre mais impressionnante manière, le visiteur voit et sent défiler l’atmosphère des années d’Occupation, avec recours à un système d’audio guidage permettant d’obtenir le son allant avec ce que l’on observe (chansons, explications, paroles et sons des films). Là est la nuit de la clandestinité et du secret, la nuit de la peur et de la trahison, la nuit des wagons plombés. Là apparaît, aussi, la lumière de la Résistance et avec elle l’espoir. Le tout scandé par maints textes symboliques gravés aux murs, tels les mots d’Elie Wiesel : « Toutes les victimes n’étaient pas juives, mais tous les Juifs étaient des victimes ». Vient ensuite le temps du premier procès pour crimes contre l’humanité en France, celui de Klaus Barbie, le chef de la Gestapo lyonnaise, surnommé « le boucher de Lyon ». Un moment d’importance, en mai 1987, pour la mémoire mondiale. Qui se déroula au palais de Justice de Lyon et dont le CHRD diffuse en exclusivité des extraits du procès, grâce à l’autorisation exceptionnelle de l’autorité judiciaire.

> 14, avenue Berthelot, Lyon 7e. Tél. 04 78 72 23 11. Visite de l’exposition permanente : 4 € (réduit : 2 €). Gratuit pour les moins de 26 ans. Ouvert du mercredi au dimanche de 10 à 18 heures. www.chrd.lyon.fr


Un ancien infirmier d’Auschwitz emprisonné en Allemagne à 93 ans

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Egalité et Réconciliationpublié le 24/03/2014 à 22h01



Pour avoir travaillé un mois en septembre 1944 comme médecin à Auschwitz-Birkenau, Ernst-Hubert Zafke, 93 ans, est emprisonné depuis la mi-mars.



Entrée principale du camp de la mort d'Auschwitz

 

Arrêté à Schwerim (Mecklembourg-Poméranie-Occidentale), le vieil homme est détenu à la prison de Bützow. En désignant qui était ou non apte au travail, le retraité se serait rendu coupable indirectement de la mort de 1 721 personnes, selon le procureur de Schwerim. Procureur qui a d’ailleurs reconnu : « En raison de l’âge de l’accusé, l’enquête devra se faire rapidement » (DPA, 18 mars 2014).

Si dans l’immédiat après-guerre les condamnations furent rare, la législation s’est paradoxalement durcie avec le temps. Surtout depuis la condamnation de l’Ukrainien John Demjanjuk à Munich en mai 2011 (91 ans à l’époque, décédé depuis), qui fut l’occasion d’un élargissement de la qualification de complicité de meurtre à des personnes ayant occupé des postes subalternes et sans implication directe.

C’est ainsi qu’en septembre dernier, l’Office central d’enquête sur les crimes du national-socialisme, basé à Ludwigsburg (créé en 1958), annonçait le transfert du dossier de 30 gardes présumés d’Auschwitz aux parquets régionaux, les parquets étant chargés de mener les enquêtes contre les suspects de leur zone.

Et le mois dernier, dans le Land du Bade-Wurtemberg, trois hommes âgés de 88, 92 et 94 ans avaient subi une perquisition de domicile avant d’être arrêtés, présentés à un juge et depuis détenus dans un hôpital carcéral en raison de leur âge. Cinq autres retraités âgés de 88 à 94 ans avaient également été arrêtés dans le Land de Hesse (centre) par la police criminelle.

Soixante-neuf ans après la fin de la guerre, les chasseurs de grabataires sont plus que jamais en action.

Les clés du mystère Jean-Louis Klée révélées par Jean-Marie Stoerkel

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L'Alsacepublié le 02/04/2014 à 05h00 par Hervé de Chalendar, photos Thierry Gachon

Certaines vies égalent les fictions. Celle de Jean-Louis Klée, enfant de Katzenthal qui s’est illustré comme espion dans l’Europe des années 30 avant de refaire sa vie en Amérique du Sud, a alimenté bien des fantasmes. Le journaliste Jean-Marie Stoerkel rétablit la vérité, et elle vaut la légende.



Portrait de Jean-Louis Klée

Portrait de Jean-Louis Klée et, en fond, de son village natal, Katzenthal. La photo de Klée a été prise fin 1936, alors qu’il avait été arrêté par les autorités belges.

 

Que va-t-on en dire à Katzenthal ? S’intéresser à Jean-Louis Klée (1908-1989), un enfant du village parti, à la veille de la Seconde guerre, s’exiler en Bolivie puis en Argentine, c’est comme libérer un fantôme coincé dans un grenier. « J’ai l’impression de réveiller plein de choses , constate Jean-Marie Stoerkel, qui sera de retour dans ce village demain (lire ci-dessous). Mais ça permet de tordre le cou à la rumeur, même s’il reste encore des parts de mystère… »

Journaliste et écrivain, Jean-Marie Stoerkel publie L’espion alsacien , une enquête révélant la personnalité et le parcours pour le moins romanesques de cet agent du Deuxième bureau français, qui fut affecté à la surveillance de l’appareil militaire nazi. Stoerkel était sans doute le mieux placé pour apporter cette masse de révélations concernant Klée : parce que cet ancien fait-diversier de L’Alsace est un enquêteur aguerri et parce que l’histoire de l’espion fait régulièrement résonance avec la sienne.

Son livre est documenté comme un article, mais fait rêver comme une fiction. En le lisant, on pense aux films en noir et blanc du style Casablanca : il y a du suspense, du danger, du double jeu, un monde en train de basculer, une pincée d’exotisme… Et même ce qu’il faut d’amour.

Il s’évade en plongeant dans la Tamise

À Katzenthal, Jean-Louis Klée est une figure de légende, un mythe sur lequel on ne s’est pas privé de broder : on a raconté qu’il avait été condamné à mort par contumace, qu’il avait vendu les plans de la ligne Maginot aux nazis, qu’il avait tué un curé (le père Ernest Klur pour être précis) avant de lui piquer sa soutane, qu’il s’était évadé d’un bateau en sautant dans la Tamise…

Jean-Marie Stoerkel effectue enfin le tri entre faits et fantasmes. Oui, Klée a bien joué les James Bond en plongeant d’un cargo à vapeur quittant Londres (c’était le 27 octobre 1938) ; oui, il s’est déguisé en curé pour quitter la France et n’y plus revenir (c’était en mai ou juin 1939) ; mais non, il n’a pas vendu les plans des fortifications françaises, et non, il n’a jamais tué d’ecclésiastique…

Comme Jean-Louis Klée, le père de Jean-Marie est originaire de Katzenthal. Le papa de l’auteur et son sujet ont dû jouer ensemble quand ils étaient gamins : ils n’avaient qu’un an de différence. Un jour de l’été 1959, papa Stoerkel emmène son fiston, alors âgé de 12 ans, dans l’épicerie-café-restaurant de Katzenthal. Elle appartenait à Camille Klée, frère de ce fameux Jean-Louis et maire de 1945 à 1977. Le gamin n’a jamais oublié la fillette aperçue ce jour-là, dans l’escalier du commerce : elle n’avait que neuf ans, mais elle fascinait forcément puisqu’elle était la benjamine des trois filles de « D’r Spion » , l’espion sur lequel tant de rumeurs étaient déjà en train de courir, et qu’elle venait de Bolivie…

« Je me souviens aussi du décès de la maman de Jean-Louis et Camille, en 1966 , poursuit Jean-Marie Stoerkel. Les gendarmes planquaient au cas où Jean-Louis reviendrait. Tu vois la scène : le frère du maire qui risque de se faire arrêter en venant à l’enterrement de sa mère… » De quoi affoler les imaginations, a fortiori celle d’un futur journaliste-écrivain.

Un peu plus tard, dans les années 72-73, Jean-Marie Stoerkel est allé bourlinguer en Bolivie. Il y a vu Klaus Barbie (alias Altmann) taillant ses rosiers à La Paz et a raconté ce voyage initiatique dans un livre, Le chaos de l’âme.

« Pourquoi n’est-il pas rentré en France ? »

En avril 2010, c’est en dédicaçant un autre ouvrage, La morte du confessionnal , que l’histoire de l’espion alsacien s’est de nouveau manifestée à lui : il a alors rencontré Isidore, autre frère de Jean-Louis. Quelques mois plus tard, il dînait avec le vieil homme et Monilé, l’ancienne fillette de Bolivie, établie désormais à Cayenne. « Elle m’a alors dit qu’elle aimerait savoir pourquoi son père n’était jamais rentré en France… » C’est ainsi que l’ancien fait-diversier s’est remis au travail, et que l’enquête a démarré.

L’auteur a sollicité les archives suisses, allemandes, belges et françaises. Les moins coopératives ? Les françaises, comme toujours.

Ce qu’il a trouvé est à la hauteur de la légende. Au fil de cet Espion alsacien , on suit l’homme Klée essayant de vendre les plans d’un obus allemand aux Polonais, dînant avec un diplomate du IIIe Reich, mentant comme il respire, collectionnant les fausses identités, recrutant d’autres agents secrets, refaisant sa vie dans les mines sud-américaines… Toujours recherché par les uns, mais couvert par les autres, se faisant arrêter, mais repartant toujours…

On le découvre aussi s’efforçant de trouver l’argent pour soigner sa femme Walli, souffrant de tuberculose, avec qui il vivait, semble-t-il, une passion fusionnelle.

Au final, qui fut ce Jean-Louis Klée ? Un bon soldat ou un roi de l’embrouille ? Un traître ou un brave type ? Jean-Marie Stoerkel s’est forgé son intime conviction, mais on retient notre envie de vous la révéler pour ne pas vous priver du plaisir de le lire.

LIRE L’espion alsacien, Un destin rocambolesque à la veille de la 2e guerre mondiale , Jean-Marie Stoerkel, éditions La Nuée Bleue, 175 pages, 15 €.

L'Institutrice d'Izieu - Dominique Missika

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Téléramapublié le 29/03/2014 à 12h48 par Gilles Heuré

Essai - Lumière sur une figure exemplaire, qui offrit à des enfants juifs, avant leur déportation, son écoute et sa passion de l'enseignement.

L'Institutrice d'IzieuOn aime beaucoup

Ce fut une tragédie, celle qui, le jeudi 6 avril 1944, à Izieu (Ain), vit l'arrestation et la déportation par les Allemands de quarante-quatre enfants juifs réfugiés et de leurs sept éducateurs. Deux ouvrages reviennent sur cet événement. Le premier, celui de Pierre-Jérôme Biscarat, aujourd'hui réédité, retrace très précisément le contexte historique, les étapes du drame et le parcours des enfants de la Maison d'Izieu, dirigée par le couple Zlatin (1.) Le second, celui de Dominique Missika, s'attache à la figure méconnue de Gabrielle Perrier.

Fin 1943, cette institutrice célibataire de 21 ans vit encore chez ses parents, à Colomieu, et cumule les remplacements. C'est une jeune femme réservée et sérieuse, passionnée par son métier, qui attend avec impatience les affectations que l'inspection académique veut bien lui octroyer. On la dirige finalement vers un poste d'institutrice intérimaire à Izieu pour s'occuper de la classe d'une quarantaine d'enfants réfugiés, dont on ne lui a pas précisé qu'ils étaient juifs. Elle s'y rend à vélo, avec un enthousiasme seulement refroidi quand elle apprend du maire que, contrairement aux usages, il ne lui fournira aucun logement de fonction et qu'elle devra louer elle-même une chambre, jusqu'à ce que, finalement, une indemnité de logement soit débloquée en février 1944.

Gabrielle fera peu à peu connaissance avec les enfants, âgés de 5 à 17 ans, apprendra leurs noms aux consonances étrangères et à l'orthographe un peu difficile. Elle retient d'abord les prénoms : Hans, Nina, Otto ou Mina. Ils viennent d'Allemagne, d'Autriche, de France, de Pologne, de Belgique ou d'Algérie, et, après une rapide évaluation des connaissances de chacun, elle organise sa classe en cinq niveaux. Son poste est bien officiel, mais elle connaît le statut particulier des enfants de ce foyer, pris en charge par des réseaux clandestins et en attente d'un passage en Suisse. En revanche, elle n'évalue pas à quel point ce sont les victimes désignées d'un régime français qui apporte son soutien à la chasse aux Juifs. Gabrielle Perrier vit un peu isolée, loin de sa famille, à l'écoute des rumeurs qui circulent sur les maquis, les hommes qui fuient le STO et les répressions – mais à la colonie, pas plus que dans le village, qui est à près d'un kilomètre, on n'a jamais vu de soldats allemands. Elle fait sa classe, s'organise comme elle peut avec le manque de fournitures scolaires et comprend le mutisme de certains gamins sur ce qu'ils ont vu et vécu.

C'est donc le 6 avril 1944, pendant les courtes vacances de Pâques, alors que Gabrielle est retournée chez ses parents, que les Allemands, sur ordre de l'officier SS Klaus Barbie, viendront rafler tous leurs enfants et leurs éducateurs. Pendant des années, Gabrielle restera discrète, gardant pour elle un traumatisme qui la hante, et ce n'est qu'à l'occasion du procès Barbie, en 1987, qu'elle sera « témoin officiel ». « Est-elle une héroïne ?, écrit Dominique Missika. Certes non. Elle n'a pas pris les armes et risqué sa vie. Mais elle a été exemplaire. » La Maison des enfants d'Izieu est devenue un musée-mémorial national en 1994.

L'institutrice D'izieu

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L'institutrice D'izieuGabrielle Perrier, avait 21 ans. Des enfants réfugiés à la colonie d'Izieu, auxquels elle faisait la classe, elle ne savait rien - même pas qu'ils étaient juifs. D'un naturel réservé, timide et convaincue de son peu d'importance, elle n'a pas cherché à en apprendre davantage, n'a rien deviné. Jusqu'à cette veille de Pâques, le premier jour des vacances, où elle a appris, au marché du bourg, que ses élèves avaient tous été emmenés le matin même par les Allemands. Pour elle le monde s'est alors effondré.

Elle a passé le reste de sa vie à s'en vouloir de n'avoir rien fait, de son ignorance, de son manque de clairvoyance. Ni orpheline de guerre, ni veuve de guerre, ni parente de victime, l'institutrice d'Izieu en a pourtant tous les stigmates. Modeste, elle a été oubliée lors de l'enquête sur le dénonciateur de la colonie, ainsi qu'à l'occasion des commémorations de la tragédie... jusqu'au procès Barbie où, quarante-trois ans après la rafle, elle a enfin pu témoigner, parler des enfants dont elle a partagé la vie pendant plusieurs mois et se libérer, un peu, du poids de ce drame. Elle est devenue, alors, la voix des enfants d'Izieu.


Auteur : Dominique Missika
Editeur : SEUIL
Date de parution : 13/03/2014

Hérépian : bon pied bon oeil, Jeanne Marchal a célébré ses 100 ans

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Midi Librepublié le 21/02/2014 à 20h00

Pierre Bernard, maire, Laurent Cros, adjoint, Michel Rius, conseiller municipal et voisin ont rendu visite à Jeanne Marchal le jour de ses cent ans.



Jeanne et le maire en grande conversation

Jeanne et le maire en grande conversation

 

Pendant  le partage du gâteau, la doyenne du  village a bien voulu confier quelques étapes de sa vie.

Jeanne Marchal est originaire de Bertry, près de Cambrai, dans le Nord, et elle rit quand on lui demande si elle a fait des bêtises dans sa jeunesse. En villégiature chez son fils Marcel, demeurant sur l'avenue des Treize-vents, elle était aux premières loges pour assister au passage du tour de France.

 Toujours bon pied bon œil, la néocentenaire regrette de ne pas avoir connu son père, mort au combat le dernier jour de l'assaut de la forteresse du fort de Maubeuge, seulement  quelques mois après sa naissance. Durant la Seconde Guerre mondiale, elle est allée rendre visite à son mari, prisonnier, à 80 km de là à vélo. Pour cela, elle a dû traverser l'Oise sur une poutre servant de pont, le vélo d'une main, une corde de l'autre. Encore durant cette guerre, pour soigner la pleurésie double qui la frappe, elle s'est soignée avec des ventouses, du sirop de navet et beaucoup de repos. Et de se remémorer encore qu'elle a élevé son fils avec sa mère pendant l'Occupation jusqu'au retour de son époux captif durant 5 ans. Elle a ensuite tenu la comptabilité de son mari , artisan ébéniste.

Pierre Bernard, après avoir énuméré les centenaires qu'il a connus sur la commune ( MM.Coste, Bertin, Mmes Royer , Trallero et Emma Ferret) a souhaité en choeur avec famille et élus un bon anniversaire à Jeanne.

P.-O : le camp de Rivesaltes, l’Histoire pour servir l’avenir

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Midi Librepublié le 13/02/2014 à 12h23 par Philippe Mouret

Agnès Sajaloli a été désignée directrice de l'Etablissement public de coopération culturelle associé au camp de Rivesaltes (P.-O.). Elle dirigeait auparavant le Centre d’art dramatique de Lille (depuis 2009), le Grand Bleu.



Agnès Sajaloli

Agnès Sajaloli dirigeait le Centre d’art dramatique de Lille

 

"Donner du sens à ce site, montrer comment l’Histoire peut servir l’avenir...", c’est ainsi que Christian Bourquin le président de la région Languedoc-Roussillon évoque le camp de Rivesaltes et l’Établissement public de coopération culturelle (EPCC), désormais opérationnel et dont s’est déroulé hier le premier conseil d’administration.

De 39 candidats au départ, six avaient été présélectionnés

 À cette occasion a donc été désignée la directrice de cet EPCC : Agnès Sajaloli qui dirigeait auparavant le Centre d’art dramatique de Lille (depuis 2009), le Grand Bleu. De 39 candidats au départ, six avaient été présélectionnés et c’est donc cette femme aux multiples facettes qui, après des études de lettres et de théâtre amené conjointement une carrière d’enseignante, de comédienne et de metteur en scène.

 "Il s’agissait alors de sauver le camp de la destruction"

Christian Bourquin a annoncé hier le programme de la "troisième étape" de ce projet de mémorial de Rivesaltes qui lui tenait à cœur depuis bien des années : "Le bâtiment sera inauguré le 14 janvier 2015, date de l’ouverture du camp, en 1941. La scénographie sera en place le 14 juin". Le président du conseil régional a refait le parcours difficile de ce projet, initié dès 1998, alors qu’il était président du conseil général des Pyrénées-Orientales. "Il s’agissait alors de sauver le camp de la destruction", a-t-il rappelé. Mission accomplie et en 2010, lancement de la deuxième phase avec le choix de l’architecte et le démarrage des travaux qui seront donc achevés en décembre de cette année.

Les Républicains espagnols, d’abord, puis les juifs et tziganes

À ses côtés, le directeur scientifique du projet, l’historien Denis Peschanski a souligné la particularité de ce site "où des histoires et des mémoires différentes" se croisent : les Républicains espagnols, d’abord, puis les juifs et tziganes durant la Seconde Guerre mondiale, les Harkis, enfin dans les années 60... Avant d’être à la fin des années 80 un centre de rétention administrative. Ce site c’est "le trait d’union pour toutes ces populations déplacées. Ce que porte ce mémorial, c’est un message profondément humaniste", a-t-il souligné. L’humain, c’est ce que Christian Bourquin tenait à placer au centre de ce lieu qu’il a désigné comme le "grand dossier" de sa vie politique.

Pyrénées-Orientales : le Mémorial de Rivesaltes sort enfin l’Histoire de terre

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Midi Librepublié le 07/12/2013 à 19h14 par Estelle Devic

Après quinze ans de polémiques et de discussions, la construction du musée du camp de Rivesaltes a commencé. Les travaux doivent s’achever à la fin 2014.



Mémorial de Rivesaltes

Le pôle pédagogique et le centre documentation ont déjà pris forme

 

"Ne pas s’imposer". Tel est le credo de l’architecte Rudy Ricciotti qui travaille en collaboration avec le cabinet audois Passelac et Roques sur la construction du Mémorial de Rivesaltes. Un musée dont les travaux ont commencé depuis un peu plus d’un an. "Il a d’abord fallu compter six mois pour les terrassements", expliquent ainsi Jerémy Anduix et François Roques.

Un musée enterré

 Effectivement, le projet qu’avaient présenté ces architectes lors du concours international présente une originalité majeure qui a d’ailleurs séduit le président de Région : c’est un musée enterré qui ne dénature pas l’environnement et laisse intacte l’image des baraquements alentours encore debout.

Les travaux de gros œuvre ont commencé il y a cinq mois à peine et déjà, le pôle pédagogique et le centre documentation ont pris forme. Le hall, l’accueil et l’auditorium sont en cours de finition, tout comme la boutique et l’administration. Reste à continuer ce long bâtiment de 230 m de long avec les zones d’exposition et les locaux techniques dont les murs devraient commencer à monter à partir de janvier prochain.

Fin des travaux prévue en décembre 2014

Fin novembre, 30 % du bâtiment était ainsi terminé. La fin des travaux est prévue en décembre 2014. "On se laissera ensuite trois ou quatre mois pour la mise en place de la scénographie et l’inauguration aura lieu au printemps 2015", a expliqué, hier, Christian Bourquin à l’occasion d’une visite de chantier. Les espaces extérieurs seront également aménagés et permettront ainsi de déambuler parmi les baraquements dont certains seront réhabilités.

Le président de Région ne cachait d’ailleurs pas son émotion de voir ce projet, "vieux de 15 ans" se concrétiser enfin. Un projet qu’il avait tenté de faire financer, en vain, par l’État avant de le transférer à la Région après avoir été élu président du conseil régional. L’investissement de 23 millions d’euros est ainsi supporté par la Région (65 %) et le conseil général des Pyrénées-Orientales (35 %). "Le travail de concertation entre les différentes communautés a également été long", a rappelé Christian Bourquin en se souvenant de "réunions qui ont terminé en pugilat".

L’EPCC (Établissement Public de Coopération Culturelle) qui gérera le Mémorial sera effectif au 1er janvier. Son directeur n’est toujours pas recruté mais la date du premier conseil d’administration est déjà fixée au 5 février.
Christian Bourquin : "Ce mémorial s’adresse à tout le monde"

Vous portez ce projet depuis votre élection comme président du conseil général des P.-O. en 1998. Pourquoi l’avoir désormais fait suivre à la Région ?

Il fallait lancer le chantier quoi qu’il arrive et il était temps. Le conseil général était en limite maximum pour le porter et j’ai emporté avec moi à la Région, le projet de ma vie politique. Je me suis personnellement beaucoup investi et aujourd’hui, je vis un grand moment.

Pourquoi avoir lancé ce projet ?

Pour la nature humaine, pour qu’on puisse regarder en face ce drame qui s’est répété à quatre reprises sur ma terre. Il faut absolument ouvrir la réflexion à tout le monde.

Quel public visez-vous ?

D’abord le public jeune. D’ailleurs, les professeurs des P.-O. sont déjà très investis et 1 800 scolaires ont été accueillis sur le site en 2012-2013 malgré le démarrage des travaux. Ensuite, ce mémorial s’adresse à tout le monde, on m’en parle beaucoup et de nombreuses personnes sont en attente.

Vous parliez, au moment de son lancement, de tourisme culturel, qu’en est-il ?

C’est dans l’air du temps. Nous vivons dans une société qui a choisi de nouveaux modes d’organisation. Le moment de l’histoire ne se fait plus autour de journées comme le 11 novembre ou le 8 mai, mais sur le temps libre et c’est notre force.


Camp de Rivesaltes

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Camp de RivesaltesL’officier d’artillerie Joffre propose en 1875 la création d’un camp pour le 9e régiment d’artillerie. Il dispose de nombreux atouts : proximité de la route nationale, d’une voie ferrée, de la mer, des Corbières. Mais le terrain, peu cher, manque d’eau. En 1935, quand le projet est repris, un aérodrome s’est en plus installé à côté. Un centre militaire d’instruction est donc créé, sur 600 hectares à cheval et aux quatre cinquièmes sur la commune de Rivesaltes et au cinquième sur celle de Salses. Il est doté de bâtiments en fibrociment. Suite à la Retirada, il est envisagé de placer au camp Joffre plus de 15 000 réfugiés catalans. Cela reste à l’état de projet, même si de plus faibles flux ont lieu (1939).

En 1939, dès la mobilisation, le camp est utilisé en transit pour les militaires en attente d’affectation. Le 10 décembre 1940, la Défense met à disposition 600 hectares au sud du camp militaire, afin de regrouper les personnes expulsés d’Allemagne. La partie militaire du camp fonctionne ensuite parallèlement aux camps civils. Alors même qu’arrivent les premiers internés le 14 janvier 1941, le statut du camp et des hommes qui y sont adressés n’est pas encore fixé. Il est décidé qu’il s’agit d’un « centre d’hébergement » pour familles. D’abord envisagé pour un maximum de 17 000 « hébergés », il aligne 150 grandes baraques d’habitation soit une contenance de 10 000 personnes. La particularité du lieu est d’interner des familles sans les regrouper, mais plutôt en les séparant : il y a des baraques pour les hommes, d’autres pour les femmes et les enfants (les garçons passent d’un camp à l’autre à 14 ans).

Au 31 mai 1941, le camp compte 6 475 internés de 16 principales ; plus de la moitié sont Espagnols, les Juifs étrangers représentent plus du tiers. Le 26 août 1942 à cinq heures du matin commencent les opérations de ramassage des Juifs étrangers de la zone Sud et leur regroupement au Centre national de rassemblement des Israélites de Rivesaltes. Ce dernier est installé aux îlots J (femmes et enfants), F (hommes ; antérieurement dédié aux travailleurs) et K (réception, criblage et triage). Il est prévu pour un effectif de 10 000 internés composé de familles et une durée de 15 jours. Y sont d’abord regroupés les 1 176 Juifs déjà au centre.

Selon les Archives départementales des Pyrénées-Orientales (chiffres partiels, probablement supérieurs), au moins huit convois partent pour Drancy, en 1942 : le 11 août (394 personnes), le 23 août (entre 175 et 182 personnes), le 1er septembre (173 personnes), le 4 septembre (187 personnes), le 14 septembre (594 personnes dont 76 enfants), le 21 septembre (72 personnes), le 28 septembre (70 personnes) et le 5 octobre (106 personnes), soit un total de 1 771 à 1 778 personnes déportées, dont 78 enfants3. Une autre source indique un total de 2 250 déportés. Serge Klarsfeld note que du 4 septembre au 22 octobre, le camp de Rivesaltes a joué le rôle de « Drancy de la zone libre ». Il a été le camp de rassemblement de tous les Juifs arrêtés dans la zone libre et le camp de transit vers Drancy, pour beaucoup de ces Juifs (environ 1 700).

En novembre 1942, après l’invasion de la zone libre, les troupes allemandes s’installent au camp Joffre. En conséquence, le centre d’hébergement est liquidé au 25 novembre. À cette date, il comptait 277 membres du personnel. Durant deux années, le camp de Rivesaltes a interné environ 21 000 personnes6, dont environ 5 714 au camp spécial, 2 313 ont rejoint Drancy, 2 251 ont été exclues par la commission de criblage. Sur le site sont décédés 215 internés, dont 51 enfants d'un an et moins. Le camp sert à l’instruction des recrues de la Wehrmacht jusqu’en août 1944, date de son abandon et de son sabotage par l’armée allemande. L’armée allemande quitte Rivesaltes le 19 août 1944.

Tandis que la partie militaire du camp de Rivesaltes reprend sa vocation initiale, est instauré le centre de séjour surveillé de Rivesaltes (12 septembre 1944)4. Concentrant sur l’îlot Q les personnes internées dans le cadre de l’épuration, ce nouveau camp dispose d’une capacité maximum de 1 080 internés. Le centre continue de recevoir des ressortissants d’autres pays européens : les Espagnols, internés pour passage clandestin de la frontière, assurent ainsi les travaux nécessaires à la sécurisation du centre ; en janvier et mars 1945 viennent plusieurs centaines de réfugiés soviétiques, etc. La dissolution du centre intervient le 10 décembre 1945, et sa liquidation est achevée aux premiers jours d’octobre 1946.

L’armée française installe le dépôt no 162 des prisonniers de guerre. Regroupant des militaires allemands et italiens, ce camp compte moins de 10 000 prisonniers en octobre 1944, entre 6 000 et 7 000 hommes en mai 1945, et est fermé le premier mai 1948. Les prisonniers ont amplement travaillé à la reconstruction des Pyrénées-Orientales. Mais, entre mai 1945 et 1946, 412 prisonniers de guerre allemands décèdent. Les prisonniers allemands sont employés dans des travaux agricoles dans tout le département. Dans le cadre de la guerre d’Algérie, l’État envisage, en 1957, de créer un « camp d’internement » à cet endroit. Le préfet fait tout pour l’en dissuader car les lieux contiennent le centre de formation majoritairement peuplé de Nord-Africains, un centre de formation professionnelle militaire destiné aux Nord-Africains et un centre de passage des jeunes soldats mobilisés pour la guerre.

Le projet ne va pas jusqu’au bout mais s’installe, en parfaite discrétion, un centre pénitentiaire destiné aux condamnés partisans de l’indépendance de l’Algérie. 527 prisonniers intègrent le centre entre le 9 mars et le 18 avril 1962. Parallèlement, le camp sert de camp de transit pour le contingent avant son embarquement pour l’Algérie. Courant juin, le 1er régiment de tirailleurs algériens est rapatrié au camp Joffre. Il a emporté avec lui plusieurs centaines de civils, femmes et enfants.

En octobre 1962, environ 8 000 Harkis séjournent au camp de transit et de reclassement de Rivesaltes (dont ceux en provenance du camp du Larzac et de Bourg-Lastic). En tout, selon les calculs de l’historien Abderahmen Moumen, à peu près 20 000 personnes passent dans le camp entre 1962 et 1964. Le séjour varie selon les familles : entre quelques jours pour certaines, voire des années pour d'autres. Les familles considérées comme « irrécupérables » — termes administratifs employés à l'époque — sont envoyés à la fin de l'année 1964 au camp/cité d'accueil de Saint-Maurice-l'Ardoise dans le Gard (jusqu'en 1975). Un « village civil » accueille encore plusieurs centaines de familles — ayant un emploi mais pas de logements — au camp de Rivesaltes durant les années 1960. En 1963, un hameau forestier a aussi été créé à Rivesaltes pour environ 25 familles d'anciens supplétifs (soit une centaine de personnes). La décennie suivante voit l'essentiel de cette population s'installer à la cité du Réart, construite sur la commune de Rivesaltes pour mettre fin à la situation de ces familles. Les dernières à quitter le site du camp le font en février 1977.

D’autres supplétifs coloniaux sont venus, accompagnés de civils : de 1964 à 1966 parviennent au camp environ 600 Guinéens, anciens militaires français, rapatriés et leurs familles, ainsi qu’un petit camp de familles d’anciens militaires rapatriées d'Indochine française. Le camp est rendu à sa première vocation, l’entraînement des militaires, pour quelques années. C’est le 24e régiment d'infanterie de marine (24e RIMa) qui l’utilise. Créé en 1986, le centre de rétention administrative a d’abord eu pour objet de regrouper les ressortissants Espagnols en situation irrégulière sur le territoire français. Ayant dépassé les mille entrées annuelles depuis 1994, il est, sur le territoire français, l’un de plus importants centres de rétention des immigrés clandestins. Il déménage en 2007. En 1993, Serge Klarsfeld publie Les transferts de juifs du camp de Rivesaltes et de la région de Montpellier vers le centre de Drancy en vue de leur déportation, 10 août 1942. Avec lui, le 16 janvier 1994, l'association « Fils et filles de déportés juifs de France », érige une stèle à la mémoire des 2 313 Juifs déportés du camp de Rivesaltes vers Auschwitz.

Le 2 décembre 1995, on érige une stèle à la mémoire des Harkis. En 1997, pétition du collectif « Pour la mémoire vivante du camp de Rivesaltes » signée par Simone Veil, Claude Simon, Edgar Morin et de nombreux citoyens suite à l'émotion provoquée par la révélation par le journaliste Joël Mettay du dépôt à la déchèterie d'une partie des archives du camp. En 1998, Christian Bourquin, nouveau président du conseil général des Pyrénées-Orientales, s'oppose à la destruction du site et commence la concertation autour du projet. Le 30 octobre 1999, la stèle à la mémoire des républicains Espagnols est élevée. En 2000, le site est inscrit comme monument historique par le ministère de la Culture. 2005, à l'occasion des Journées du Patrimoine, une partie du camp est ouverte pour la première fois au public. Rudy Ricciotti remporte le concours d’architecte. Robert Badinter accepte de parrainer le projet. Novembre 2005, le Conseil général fait l'acquisition de l’îlot F, de 42 hectares.

L'architecte Rudy Ricciotti dépose le permis de construire le 21 janvier 2009. La première pierre a été posée le 15 novembre 2012, par Christian Bourquin et Rudy Ricciotti, le Mémorial devrait être ouvert au public en 2015. Un parc éolien, composé de huit éoliennes (quatre de 43 m de haut et quatre de 70 m) est installé en bordure du camp. La puissance totale installée est de 7 600 kW, correspondant à l'alimentation en électricité d'environ 3 500 personnes. Des entreprises sont installées sur une partie du camp.

Sonderkommando Auschwitz-Birkenau

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Artepublié le 22/01/2014 à 0h50

Chargés de faire fonctionner les fours crématoires du camp d'extermination d'Auschwitz-Birkenau, de très rares déportés des "Sonderkommandos" (les "commandos spéciaux") ont pu témoigner, bravant l'anéantissement programmé. Emil Weiss fait résonner à nouveau leurs voix défuntes.



Auschwitz

 

Lorsque l’armée rouge pénètre dans le complexe concentrationnaire d’Auschwitz-Birkenau, le 27 janvier 1945, elle trouve les quatre fours crématoires dynamités par les nazis, qui ont cherché ainsi à effacer leurs crimes. Ce sont les Sonderkommandos, ces équipes spéciales de déportés sélectionnés par les SS, qui étaient contraints de les faire fonctionner. Témoins ultimes de l’extermination de leur peuple par la machine de mort des nazis, ils devaient mourir infailliblement au bout de quatre mois. Mais quelques-uns parvinrent à survivre aux massacres et quatre d’entre eux – Szlama Dragon, Henryk Tauber, Alter Feinsilber ainsi que le médecin Miklos Nyisli – purent témoigner devant les tribunaux de l’après-guerre.

Mode opératoire

Dans les semaines, les mois qui suivirent, et même parfois plusieurs décennies après, plusieurs manuscrits rédigés en yiddish furent retrouvés, qui avaient été enfouis sous les cendres autour des crématoires : ceux de Zalmen Gradowski, Leib Langfus et Zalmen Lewental. Le premier, l’un des organisateurs du soulèvement armé des Sonderkommandos du crématoire 3, survenu en octobre 1944, fut tué avec 451 de ses compagnons ; les deux autres furent exécutés deux mois avant la libération du camp. Comme les dépositions des survivants, ces manuscrits, rédigés dans l’urgence et en cachette, révèlent le mode opératoire de la “solution finale”, car l’angoisse de voir les nazis parvenir à effacer leur crime s’ajoutait à l’enfer vécu par leurs auxiliaires forcés. Ce qui rend ces mots soutenables, c’est le combat de leurs auteurs pour préserver leur propre humanité, exprimer leur douleur, décrire l’horreur. En arpentant aujourd’hui le camp d’Auschwitz-Birkenau, en scrutant les décombres des fours, les baraquements, les arbres qui ont poussé, Emil Weiss donne à entendre leurs voix défuntes.

Auschwitz-Birkenau: The Technology of Death

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The Huffington Postpublished 04/02/2014 at 04:47 PM by Shelly Palmer

Walking along the railroad tracks up to the main building at Birkenau was chilling. I was about to enter the largest of the 40 Nazi extermination camps and sub-camps that made up the Auschwitz complex, and its reputation preceded it.



Birkenau main gate

Birkenau main gate

 

At first, it doesn't look like much. Twenty or thirty barracks, some brick, some wood, an electric fence and a few guard towers. Then, as you walk down toward the "selection platform," a strategically placed area in the middle of the camp where the camp doctor decided who was going directly to the gas chambers and who would be admitted to the camp, it hits you: every two chimneys was a barracks, 400 people in each. When it was fully operational, 175,000 to 250,000 people were imprisoned here each with a life expectancy that could be measured in minutes to months.



Wooden barracks at Birkenau

 

I was not prepared for the size of Birkenau or the scale of the industry required to kill this many people in a demoralizing, hopeless way. I was not prepared for the organizational skill required to profit from the plunder, nor was I prepared for the economics of selling human hair and smelting gold and silver from dental fillings. This death factory used every available technology to maximize results, and the efficiency sickened me.

According to our guide, in the beginning each prisoner was photographed. There is a room at Auschwitz I now filled with uniforms and pictures and lists of prisoners. But the SS officers had a problem; when prisoners died of starvation or exposure (even within a few weeks), it was difficult to identify the bodies from the pictures. The solution was to tattoo prisoners with identification numbers. This made counting bodies much more efficient.

In camp center, the selection platform (pictured above) was a place that should never have existed anywhere in the universe. Here, a man (the camp "doctor") stood and - within seconds - decided who would be admitted to the camp and who would go for immediate "disinfection" - the euphemism for the gas chamber. Approximately 70 percent of deportees were killed within a day of arriving at Birkenau. If you were old, infirm, sick, pregnant or under the age of 14, you were killed the day you arrived. If you were able-bodied and could work, you were admitted to the camp. After learning how the prisoners lived, I'm not sure who got the better end of the deal -- those who were instantly killed or those who were worked and slowly starved to death.

The wooden barracks were the first thing I got to see here, and the description set the tone for the rest of the day. Up to 400 people were forced to live here. The floor was dirt (not concrete as it is today). The walls did not go all the way to the roof, so there was almost no protection from the weather. The heat would be unlivable in the summer and the cold was almost unsurvivable in winter. There were two stoves in each barracks for heating, but they were never used. It was too complicated to organize the distribution of wood or other suitable fuel.



The selection platform in use during the 1940s

The selection platform in use during the 1940s

 

Prisoners were not allowed to leave the barracks once they were inside, and there were no sanitary facilities. If you had to relieve yourself, you did it in your clothes or in your bed or wherever you were. There were two trips each day to the latrine. Think about the smell, the disease, the discomfort, the lack of dignity -- the level of dehumanization is almost past the point of belief, but the proof is here. It happened, right where I was standing just 72 years ago -- inside the length of one human lifetime.

The Nazis destroyed the gas chambers and crematoria at Birkenau about 10 days before the liberation of the camp. The ruins are still gut-wrenching. Each gas chamber could kill 2,000 people in about 25 minutes. This task was done with a remarkable amount of stagecraft and technique. People were assured that they were being taken to be disinfected before admission to the camp. They were told to remember the number of the hook upon which they hung their clothes. Then, naked, they were herded into the chamber. SS officers used cans of Zyklon B mixed with diatomaceous earth crystals. When the cans were opened, the crystals saturated with hydrocyanide released the poisonous gas. We were told that the lucky ones were the people who were standing close to the openings where the canisters fell. They died in seconds. It took those at the far end of the chamber up to 25 minutes to die.

Then, the bodies had to be removed to the crematorium, where the Nazis could burn about 1,500 bodies per hour. Birkenau was built with the knowledge the Nazis accumulated from Auschwitz Crematorium #1 (pictured above), which had a capacity of only 700 people and far fewer ovens. Even at the capacity of Birkenau, the crematoria were overloaded and the Nazis had to resort to burning bodies in open pits. To this day, when it rains, small bits of bone still occasionally surface in the fields surrounding the camp. It's hard to find adequate words to describe this.



The ruins of one of Birkenau's gas chambers

The ruins of one of Birkenau's gas chambers

 

What motivated men to do this? This is worse than hate, worse than fear, worse than greed or jealousy or anything else I have ever felt. I don't know how you could justify killing anyone, so I cannot even imagine what inspires a nation to conceive of, fabricate, operationalize and use a killing factory.  And Birkenau was only one of many.

The technological efficiency on display here makes this the most organized crime in history. It was sociologically skillful; the Nazis started dismantling the Jews in a methodical way, first by disrupting their businesses, then by disrupting their lives, then by taking their possessions, their dignity and ultimately their lives. But it was also technologically skillful in a way that hit me harder here at Birkenau than even at Auschwitz I. For some, at a death camp where even hope was dead, it was just another day at the office. The SS officers went about their business of killing as many people as they could, as quickly and efficiently as they could.

One day, I will take my children and grandchildren to see this place. And when we turn to leave Birkenau, we will be turning our backs on the Nazis and all they stood for. We will still be here -- a living memorial to countless, nameless millions. I will teach them that this kind of evil is never defeated; it just goes into hiding. And at that moment, they will know in a primal, visceral way why we must never forget.

Après la guerre : vengeance et résilience dans le Bordeaux des années 50

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Nice Matinpublié le 03/04/2014 à 20h57

Hervé Le Corre nous avait tordu les tripes en 2009 avec Les coeurs déchiquetés, l'histoire de ce flic, Pierre Vilar, anéanti, crucifié, par l'enlèvement jamais résolu de son fils...

Après la GuerreAuteur patient, il remet ça avec Après la guerre, où un père déporté à Birkenau, tente de retrouver le fils, parti, lui, se battre en Algérie. Oui, on est à la fin des années 50 et le titre de ce roman poignant indique le cheminement de Le Corre et aurait pu s'appeler, si ce n'était déjà fait par Jérôme Ferrari, Où j'ai laissé mon âme. Le Corre, à travers un authentique roman noir, interroge le lecteur sur les conséquences des conflits, chez les civils comme les soldats. C'est beau, infiniment humain mais aussi parfaitement documenté. Car Hervé Le Corre a su replonger son Bordeaux dans l'après-guerre, remonter le temps de cette ville qui, visiblement, s'était donnée sans retenue aux Allemands.

Jean Delbos est donc un survivant des camps. A la toute fin d'une 2e guerre mondiale qu'il pensait traverser sans anicroches, alors qu'il se croyait protégé par son " ami " policier, Darlac, une descente l'embarque avec sa femme. Tout juste ont-ils le temps de cacher leur tout jeune fils, sur le toit de la maison. Si Jean se retrouve ainsi déporté, c'est aussi parce que sa femme Olga est juive et communiste. Et incroyablement belle... Jean, le débauché, (re)découvre lors du voyage vers l'horreur, toute la bonté d'Olga, au fil de longues heures de confessions mutuelles, il se rend compte à quel point il l'a négligée, à quel point il avait un trésor dans ses bras. Olga décède peu après leur arrivée au camp. Quand il est libéré, mort à l'intérieur, il se perd dans Paris, ne pense pas à retourner à Bordeaux, ne cherche pas la trace de son fils. Jusqu'à ce que la haine pour ce flic, Darlac, prenne le dessus." J'avais vu les bourreaux à l'oeuvre. Cette haine tranquille, naturelle comme leur souffle. Moi, je n'étais pas tranquille et le souffle me manquait parfois. "

De son côté, Daniel, le fils, vit la douleur de la guerre en Algérie, tiraillé entre les aspirations pacifistes de ses amis et son désir de voir ce qu'est un conflit. Sa curiosité naturelle va vite le mener vers le dégoût, le rejet, face aux horreurs dont il sera rendra, bien involontairement, complice.

Jean, Daniel. Daniel, Jean. Hervé Le Corre dresse un subtil échange entre les deux personnalités. Entre eux se trouve ce Darlac, dont l'auteur fait une ordure monumentale, un personnage incroyablement réussi, pas si monolithique que ça, avec sa tendresse pour sa belle-fille, ses précautions pour la femme d'un collègue mortellement blessée dans une bavure. Mais il est vrai que l'auteur a un talent dingue pour dessiner ses protagonistes, il leur donne une chair incroyable, habités qu'ils sont par des personnalités subtiles et fortes. Le tout, soutenu par une syntaxe organique, qui colle idéalement au récit.

Roman sur l'impossible résilience, sur la collaboration, sur le lien de chair aussi, Après la guerre est une vraie claque sur un sujet bien difficile à manipuler. Hervé Le Corre confirme son statut de maître du polar.

Après la guerre, Hervé Le Corre, éditions Rivages, 524 pages, 19, 90 euros.

Du fil barbelé d’Auschwitz emporté comme souvenir

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The Times of Israëlpublié le 01/04/2014 à 13h28 par Edward Wight

Un touriste italien pourrait être condamné à trois ans de prison pour le câble ramassé comme souvenir



Entrée principale du camp de la mort d'Auschwitz

Entrée principale du camp de la mort d'Auschwitz

 

Un touriste italien, accusé d’avoir volé un morceau de fil barbelé du camp d’Auschwitz, pourrait être condamné à trois ans de prison. Le fil a été découvert alors que ses bagages étaient scannés à l’aéroport de Cracovie en Pologne.

Bertoldo Lori, âgé de 40 ans, et sa femme ont été arrêtés par les douaniers à 9 heures dimanche matin alors qu’ils tentaient d’embarquer pour Rome. Le fil barbelé a été identifié dans sa valise à l’enregistrement de leur vol.

Le nom de la femme de Lori n’a pas été révélé.

« Nous avons trouvé dans sa valise environ 40 centimètres de fil barbelé rouillé, enroulé dans des vêtements,» a indiqué le porte-parole de la douane, le capitaine Katarzyna.

« Il a avoué que le câble vient du camp d’Auschwitz-Birkenau, et qu’il l’avait pris comme souvenir. Il a cependant insisté pour dire qu’il l’avait ramassé à même le sol et qu’il ne l’avait pas arraché de la barrière, » a affirmé Walczak.

Le couple a été relâché par les douaniers polonais et autorisé à continuer leur voyage. Le parquet polonais doit maintenant décider s’il veut poursuivre le couple en justice.

Le vol au camp d’Auschwitz est devenu un sérieux problème au cours des dernières années. En 2009, des voleurs avaient volé l’enseigne métallique qui indiquait le slogan nazi « Arbeit Macht Frei, » située à l’entrée du camp.

L’enseigne de 5 mètres et de 40 kilos dont le slogan signifie « le travail libère » a été volée alors qu’elle était accrochée au-dessus de l’entrée principale du camp nazi, situé au sud de la Pologne.

Un porte-parole du musée d’Auschwitz-Birkenau, Bartosz Bartyzel, a qualifié le vol du câble de « profanation. » Il indique être choqué par le fait que l’histoire tragique liée au site n’arrête pas les voleurs.

« Tous les objets situés dans le camp, que ce soit un écrou, une vis, un boulon ou un morceau de câble, a une valeur culturelle et fait partie de l’histoire de ce lieu, » a déclaré Bartyzel.

Le souvenir du médecin Matus Pundik reste vivace

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Sud Ouestpublié le 28/03/2014 à 06h00 par Martial Maury


L'émotion est palpable ce mardi 18 mars à la mairie de Saint-Christoly. La raison ? 254 pages. Celles d'un livre, « Matus Pundik, presque plus fort que la mort », que son auteur, Mauricette Pundik vient remettre au maire du village Bernard Péraldi. Le récit de la vie de celui qui fut le médecin de Saint-Christoly-de-Blaye, au sortir de la seconde guerre mondiale et qui a laissé une trace indélébile dans les souvenirs du village, grâce à son dévouement auprès des habitants.


Trois des cinq filles du docteur Pundik

Bernard Péraldi, Mauricette Pundik Lachery, Michèle Limouzin et Eliane Mouyen, trois des cinq filles du docteur Pundik

 

En juin 2011, une rue du village a été baptisée au nom du docteur Pundik. « Grâce à vous, a déclaré Mauricette Pundik à Bernard Péraldi, le nom de mon père restera associé à la commune ».

Témoignages

Matus Pundik a eu une vie digne d'un roman. Il a traversé l'histoire et la géographie tumultueuses de l'Europe dans la première moitié du XXe siècle. Il est né en octobre 1909 à Krémenets dans l'actuelle Ukraine, alors terre Polonaise. Il est le 4e enfant d'une famille, pauvre, d'intellectuels juifs. En 1931, il arrive en France pour suivre des études de médecine.

En 1939, à Bordeaux, il s'engage dans l'armée polonaise. Prisonnier, il est déporté dans des camps de concentration, en France et à Auschwitz et Birkenau. Sa première épouse et son enfant, ainsi que sa famille sont exterminés par les nazis. Même dans les camps de la mort, il ne se départira pas de sa foi dans l'homme. Il soignera, soutiendra ses coreligionnaires prisonniers. Sa fille se souvient de témoignages de déportés : « Il ne vous a rien dit, mais il nous a soignés et sauvés ».

À la fin de la guerre, Matus Pundik rencontre sa seconde épouse Marie Marguerite qui a déjà deux filles. Avec elles, il s'installe à Saint-Christoly, et il aura trois autres filles, dont Mauricette, l'aînée, qui lui rend cet hommage. « Un tel homme ne devrait pas rester seulement dans sa famille, il a une telle humanité. Il n'a jamais voulu que son passé douloureux hypothèque son présent. » Michèle Limouzin, fille du premier mariage de Marguerite, le considère comme son père et partage l'avis de sa sœur. « Il nous a donné une leçon de courage, et nous a toujours enseigné l'amour, jamais la haine. Cette éducation nous colle à la peau ». Son souvenir est encore prégnant dans le village et ce livre fait revivre un destin exceptionnel et riche d'enseignements.

Mauricette Pundik participera prochainement à un petit-déjeuner littéraire à la bibliothèque de Saint-Christoly pour présenter son livre disponible à la maison de la presse.

La foule a rendu hommage à la survivante d'Auschwitz

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7sur7publié le 29/03/2014 à 19h12



Plusieurs centaines de personnes ont assisté samedi au crématorium d'Anvers aux funérailles de Regine Beer, une des dernières survivantes belges de l'Holocauste, décédée dimanche dernier à l'âge de 93 ans. Au cours de la cérémonie, la défunte a été louée pour sa lutte sans relâche contre le fascisme, le racisme et la discrimination.


Hommage à Regine Beer

 

Durant la Deuxième Guerre mondiale, Regine Beer a été déportée vers Auschwitz-Birkenau. Elle a survécu au camp d'extermination nazi et est retournée à Anvers à la fin du conflit mondial. Elle a longtemps gardé le silence sur son passage par le camp de la mort, mais dans les années '70, elle a commencé à partager son expérience, à des écoliers notamment.

Les décennies qui ont suivi, elle a abordé l'horreur de l'Holocauste au cours de milliers de conférences. Pour Jos Vander Velpen, de la Ligue des droits de l'Homme, elle incarnait la lutte contre le fascisme et le racisme. "Cinquante années durant, vous avez été une de nos voix les plus éminentes, les plus intègres et les plus incontestées en cette matière. D'autres vont maintenant défendre vos valeurs démocratiques et antifascistes, mais vous ne tomberez pas dans l'oubli."

Regine Beer a également représenté le parti socialiste flamand au conseil communal anversois. Plusieurs représentants du sp.a étaient donc présents samedi, comme Bruno Tobback, président du parti, Monica De Coninck, ministre de l'Emploi, ou encore Caroline Gennez et Yasmine Kherbache. La gouverneur provinciale, Cathy Berx (CD&V), l'échevin Claude Marinower (Open Vld), Peter Mertens (PVDA) et un représentant du Roi ont également assisté à la cérémonie.

Celle-ci s'est clôturée sur le Chant des déportés, un chant de résistance apparu dans les camps. Les cendres de Regine Beer ont été dispersées au cimetière Schoonselhof.


Ces enfants juifs déportés depuis Poitiers

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7 à Poitierspublié le 28/03/2014 à 21h28 par Arnault Varanne

Ils étaient âgés entre 6 mois et 17 ans. Eux, ce sont les enfants juifs déportés vers les camps de la mort, entre 1942 et 1944. Un remarquable travail de cartographie permet aujourd’hui de savoir où ils vivaient en France. Notamment à Poitiers et dans une trentaine d’autres communes de la Vienne.

Yvette Achach, 16 ans. Myriam Bloch, 6 ans. André Brumwazer, 5 ans. Samy Vogel, 12 ans… La liste des prénoms, noms et âges s’égrène à l’infini sur le portail tetrade.huma-num.fr. Entre juillet 1942 et août 1944, 11 450 juifs ont été arrêtés dans l’Hexagone et déportés vers des camps d’extermination. Dans la Vienne, trente et une communes apparaissent sur l’étonnante cartographie réalisée par le professeur d’histoire contemporaine à l’ENS Jean-Luc Pinol, Gérard Foliot et Sabine Zeitoun. Lesquels se sont appuyés sur le Mémorial de la déportation des Juifs de France, de Serge Klarsfeld.

A Poitiers, cinquante-trois jeunes filles et garçons auraient subi la barbarie du régime nazi. À Châtellerault, trois. À Ligugé, six. Et ainsi de suite… « Ils ont d’abord transité par le terrible camp de la route de Limoges, avant d’atterrir à Drancy puis d’être déportés vers Auschwitz et Birkenau », retrace Jean Amand. Le président de « Vienne résistance internement déportation » (Vrid) n’a pas eu connaissance de la cartographie réalisée par l’équipe d’universitaires. Il ne s’en offusque pas. Et pour cause, des liens étroits existent entre les témoignages recueillis sur le site Internet de l’association et les noms dévoilés au grand jour récemment.

Exemple avec Yvette Achache, 16 ans. Comme cinq autres camarades du lycée Victor-Hugo, elle fut « arrachée à son quotidien » pendant le deuxième trimestre de l’année scolaire 1943-1944. Une cérémonie du souvenir avait eu lieu le 26 avril 2005, à l’occasion du 60e anniversaire de la Libération des camps. Et une plaque portant leur nom trône en bonne place au sein de l’établissement.

Soixante-dix ans, déjà…

À l’instar des historiens Jean-Henri Calmon, Marie-Claude Albert et de tant d’autres, Sabine Renard-Darson a beaucoup contribué à perpétuer le devoir de mémoire sur la Seconde Guerre mondiale dans la Vienne. Du descriptif des camps d’internement du département à la mise en lumière de ceux qui ont aidé des enfants juifs, la petite-fille du célèbre résistant Louis-Renard s’est plongée dans l’Histoire avec une volonté de laisser une trace aux générations futures. « C’est important de mettre des noms sur des actions », relate-t-elle. Dommage que les descendants de juifs déportés dans la Vienne ne veuillent pas davantage témoigner.

La rédaction a tenté d’en convaincre quelques-uns, mais il faut croire que le souci de la discrétion et la résurgence de douleurs enfouies l’emportent sur la nécessité de parler. Le rabbin Elie Bloch, Marcelle Valensi, le père Jean Fleury (IV) et les Justes de la Vienne ont tour à tour contribué à « améliorer le quotidien des enfants internés » voire à « sauver des vies », dixit Sabine Renard-Darson. Soixante-dix ans après les dernières rafles, personne n’a oublié. Yvette, Myriam, André, Samy et tous les enfants juifs victimes de la barbarie nazie. Encore fallait-il le rappeler…

Plus d’infos sur tetrade.huma-num.fr et vrid-memorial.com

Ain. Jean-Marc Ayrault attendu à Izieu pour les 70 ans de la rafle des enfants juifs

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Le Progrèspublié le 28/03/2014 à 19h07


Le dimanche 6 avril, la commémoration du 70e anniversaire de la rafle des enfants juifs d’Izieu se déroulera en présence du Premier ministre Jean-Marc Ayrault.

Jean-Marc Ayrault

 

Il sera accompagné par le président du Parlement européen, l’Allemand Martin Schulz, et le président de la Région Rhône-Alpes Jean-Jack Queyranne. A cette occasion, le chef du Gouvernement procédera à la pose de la première pierre des travaux d’agrandissement du mémorial, qui se poursuivront jusqu’en 2015.

En avril 1944, la colonie de jeunes réfugiés, créée secrètement à Izieu par le couple Zlatin, est investie par la Gestapo sur ordre de Klaus Barbie. 44 enfants et 7 adultes sont déportés vers le camp d’Auschwitz-Birkenau. Seule une éducatrice survivra. A la fois lieu de mémoire et centre de documentation, la Maison d’Izieu, inaugurée le 24 avril 1994 par le président Mitterrand, va au-delà de l’histoire de la Shoah. Elle s’est forgée une dimension européenne sur la question des crimes contre l’Humanité.

Rencontre avec Dominique Missika, historienne, éditrice et productrice. « L’institutrice d’Izieu, une oubliée de l’histoire »

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Le Progrèspublié le 25/03/2014 à 20h49 par Nathalie Mauret

Pourquoi une biographie de Gabrielle Perrier, celle que l’on appelle « l’institutrice d’Izieu » ?



Dominique Missika

Dominique Missika

 

Je suis membre du comité scientifique d’Izieu, j’ai suivi le procès Barbie, j’ai produit les émissions et les DVD sur le procès. Cette histoire, je la porte en moi depuis longtemps. En 2005, j’ai rencontré Gabrielle Perrier à Izieu et je lui ai demandé de répondre à mes questions pour une campagne de témoignage. Elle a décliné, mais j’ai été troublée par sa bienveillance, sa gentillesse et aussi par sa tristesse. Ce moment est resté en moi.

Pourquoi ?

Ma vie a été rythmée par les témoignages du procès Barbie et j’ai été émue par le destin de cette institutrice qui est une clandestine de l’histoire. Dans les 107 témoins, elle apparaît de façon fugitive. J’ai été touchée par ce silence. Car on connaît la souffrance terrible de ceux qui ont subi les violences de Barbie ou de ceux qui ont perdu un être cher. Mais elle, on l’a oubliée car elle n’est pas une victime. Elle n’a pas de statut : il n’y a pas de mot qui désigne une institutrice dont les 44 élèves sont raflés. Je me suis demandée qui elle était. J’ai écrit la biographie d’une personne qui par sa présence et son absence, m’intrigue.

Pourquoi a-t-elle refusé de vous parler selon vous ?

Elle a pris la parole au procès Barbie et elle s’est ensuite souvent exprimée devant des enfants au mémorial d’Izieu. Elle n’est pas désireuse de parler en public. Elle est dans l’effacement. Son silence dit aussi quelque chose de la place des femmes dans l’histoire.

De qui cette femme est-elle représentative ?

Pour moi c’est l’institutrice jusqu’au bout des ongles : elle remplit sa mission et sa vocation, quels que soient les élèves qui sont en face d’elle. Sa présence, sa bienveillance, son dévouement, sa modestie symbolisent une sorte de résistance civile à l’occupation. Elle n’est pas une héroïne, elle n’a sauvé personne, mais son attitude, sa dignité, son attachement aux enfants, sont remarquables.

Quel sens cela a, aujourd’hui, de parler de cette femme ?

C’est restituer la place d’une femme oubliée de l’histoire, c’est dire à quel point elle a été admirable et exemplaire. Alors qu’il y a eu tant de gens peu glorieux, elle incarne ce que la République a de mieux. Il faudra toujours transmettre cette histoire et une manière de le faire est de raconter l’itinéraire de cette femme, qui au cœur de l’occupation, accomplit sa mission.

Un musée pour se souvenir que Lyon fut la capitale de la Résistance

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Le Progrèspublié le 15/02/2014 à 23h54 par Gérard Corneloup

Rhône. Au Centre d’histoire de la Résistance et de la Déportation, l’horreur le dispute à l’espoir et la vie quotidienne cohabite avec les combats contre l’occupant.



Un musée pour se souvenir

À voir jusqu’au 13 avril au CHRD, l’exposition « Pour vous, mesdames ! la mode en temps de guerre »

 

Lyon « capitale de la Résistance ». Ce glorieux label fut décerné, il y soixante-dix ans, en septembre 1944, par un expert en la matière : le général de Gaulle lui-même, juste après la libération de la cité des griffes l’occupation allemande. Si la collaboration y connut également une vie active, bien des Lyonnais, de souche ou d’adoption, parfois tout jeunes, tel René Leynaud, s’y engagèrent, y combattirent et y laissèrent parfois la vie. Et c’est à Lyon que les trois grands mouvements de Résistance de la zone Sud se regroupèrent autour de Jean Moulin pour donner naissance aux M.U.R. (Mouvements unis de résistance).

Afin de garder vivace ce souvenir et les témoignages qui s’y rattachent, afin aussi d’en informer les jeunes générations, est né le Centre d’Histoire de la Résistance et de la Déportation (CHRD), musée mais aussi centre d’expositions, de conférences, de manifestations, qui traite l’histoire de la Seconde Guerre mondiale à Lyon, en France, voire dans le monde entier. Il est d’ailleurs symboliquement aménagé dans l’ancienne École de santé militaire, occupée par la Gestapo en 1943-1944 et où les caves, cœur actuel du musée, servaient alors de geôles aux prisonniers avant les violents interrogatoires.

Dans l’exposition permanente, de sobre mais impressionnante manière, le visiteur voit et sent défiler l’atmosphère des années d’Occupation, avec recours à un système d’audio guidage permettant d’obtenir le son allant avec ce que l’on observe (chansons, explications, paroles et sons des films). Là est la nuit de la clandestinité et du secret, la nuit de la peur et de la trahison, la nuit des wagons plombés. Là apparaît, aussi, la lumière de la Résistance et avec elle l’espoir. Le tout scandé par maints textes symboliques gravés aux murs, tels les mots d’Elie Wiesel : « Toutes les victimes n’étaient pas juives, mais tous les Juifs étaient des victimes ». Vient ensuite le temps du premier procès pour crimes contre l’humanité en France, celui de Klaus Barbie, le chef de la Gestapo lyonnaise, surnommé « le boucher de Lyon ». Un moment d’importance, en mai 1987, pour la mémoire mondiale. Qui se déroula au palais de Justice de Lyon et dont le CHRD diffuse en exclusivité des extraits du procès, grâce à l’autorisation exceptionnelle de l’autorité judiciaire.

> 14, avenue Berthelot, Lyon 7e. Tél. 04 78 72 23 11. Visite de l’exposition permanente : 4 € (réduit : 2 €). Gratuit pour les moins de 26 ans. Ouvert du mercredi au dimanche de 10 à 18 heures. www.chrd.lyon.fr

Un ancien infirmier d’Auschwitz emprisonné en Allemagne à 93 ans

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Egalité et Réconciliationpublié le 24/03/2014 à 22h01



Pour avoir travaillé un mois en septembre 1944 comme médecin à Auschwitz-Birkenau, Ernst-Hubert Zafke, 93 ans, est emprisonné depuis la mi-mars.



Entrée principale du camp de la mort d'Auschwitz

 

Arrêté à Schwerim (Mecklembourg-Poméranie-Occidentale), le vieil homme est détenu à la prison de Bützow. En désignant qui était ou non apte au travail, le retraité se serait rendu coupable indirectement de la mort de 1 721 personnes, selon le procureur de Schwerim. Procureur qui a d’ailleurs reconnu : « En raison de l’âge de l’accusé, l’enquête devra se faire rapidement » (DPA, 18 mars 2014).

Si dans l’immédiat après-guerre les condamnations furent rare, la législation s’est paradoxalement durcie avec le temps. Surtout depuis la condamnation de l’Ukrainien John Demjanjuk à Munich en mai 2011 (91 ans à l’époque, décédé depuis), qui fut l’occasion d’un élargissement de la qualification de complicité de meurtre à des personnes ayant occupé des postes subalternes et sans implication directe.

C’est ainsi qu’en septembre dernier, l’Office central d’enquête sur les crimes du national-socialisme, basé à Ludwigsburg (créé en 1958), annonçait le transfert du dossier de 30 gardes présumés d’Auschwitz aux parquets régionaux, les parquets étant chargés de mener les enquêtes contre les suspects de leur zone.

Et le mois dernier, dans le Land du Bade-Wurtemberg, trois hommes âgés de 88, 92 et 94 ans avaient subi une perquisition de domicile avant d’être arrêtés, présentés à un juge et depuis détenus dans un hôpital carcéral en raison de leur âge. Cinq autres retraités âgés de 88 à 94 ans avaient également été arrêtés dans le Land de Hesse (centre) par la police criminelle.

Soixante-neuf ans après la fin de la guerre, les chasseurs de grabataires sont plus que jamais en action.

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