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Gay Francisque

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Né à Roanne le 2 mai 1885, Francisque Gay est le fils d'un entrepreneur en plomberie ; ses études se déroulent dans des institutions chrétiennes, d'abord chez les maristes de Char-lieu, puis chez les lazaristes de Lyon ; mais son engagement catholique prend une toute autre tournure lorsqu'il se rend en 1903 à Paris, pour retrouver Marc Sangnier, qu'il avait brièvement fréquenté à Lyon.

Gay Francisque

Très influencé par le christianisme social de celui-ci Francisque Gay fonde l'antenne du Sillon à Roanne, collabore au journal de ce mouvement, Démocratie, dirigé par Marc Sangnier. La foi ardente de Francisque Gay le pousse à s'engager plus avant dans le catholicisme : en 1905, il intègre le grand séminaire de Francheville, qu'il ne quitte qu'à la fermeture de l'établissement, en décembre 1906. Il repart alors pour Paris, suivre des cours à la faculté des lettres de la Sorbonne, puis pour Montpellier, où un collège religieux l'accueille en tant que professeur d'anglais. Cependant, il délaisse vite l'enseignement et rentre, en 1909, à la librairie Bloud, qui devient la librairie Bloud et Gay lorsque le propriétaire l'associe à son entreprise ; c'est là qu'il entame une longue carrière d'éditeur, dont les publications sont largement influencées par les idées sillonistes. Il épouse le 20 mai 1911 Blanche Marie Fromillon dont il aura six enfants.

En dehors de son métier d'éditeur, Francisque Gay milite ardemment pour la diffusion, à travers l'Europe entière, des idées du catholicisme social ; il crée notamment en 1927 l'organisation des Volontaires du Pape, avec laquelle il met en place, deux ans plus tard, un grand pèlerinage à Rome. Mais la presse est le principal relais de son action : Gay fonde La vie catholique en 1924, l'Almanach catholique et surtout L'Aube, dont le succès s'affirme grâce à la signature de collaborateurs prestigieux comme Georges Bidault, avec lequel il fonde en 1938 les Nouvelles Equipes Françaises. Ses activités journalistiques périclitent à l'approche de la guerre : La Vie catholique disparaît en 1938, L'Aube en juin 1940.

Francisque Gay reprend alors la direction de sa maison d'édition, et se lance très vite dans la Résistance active : dans les locaux de sa maison d'édition, à Paris ou à Lyon, il reçoit Jean Moulin, Estienne d'Orves, Brossolette et bien d'autres résistants d'envergure ; il accueille les travaux clandestins du Comité central d'études de la Résistance, qui publie les revues La France continue et Les cahiers politiques. En mars 1944, il échappe à une arrestation de la Gestapo ; il se cache alors jusqu'à la Libération de Paris, puis, le 23 août, au plus fort de l'insurrection parisienne, fait reparaître L'Aube. Francisque Gay est au premier rang de ceux qui jugent que, dans le contexte troublé de la Libération de la France, il faut donner un prolongement politique au combat pour le catholicisme social : il fonde en novembre 1944 avec Georges Bidault et quelques autres, le Mouvement des Républicains Populaires (MRP), et prend la direction de la Presse au ministère de l'information.

En outre, il est désigné le même mois pour siéger à l'Assemblée Consultative provisoire ; membre de la Commission de l'éducation nationale et de la Commission de l'information et de la propagande, il intervient surtout lors des débats relatifs au retour à la liberté de la presse. Sa longue intervention à la tribune de l'Assemblée, le 7 mars 1945, relative au ravitaillement en papier des journaux qui se multiplient dans la France libérée, témoigne notamment de son souci constant d'offrir à la presse française les moyens techniques sans lesquels les mutations profondes qu'il appelle de ses vœux resteraient lettre morte.

Après cette première expérience, Francisque Gay est élu député de la première Assemblée nationale constituante ; la liste M.R.P. qu'il conduit décroche quatre des dix sièges à pourvoir dans la 1re circonscription de la Seine, avec 137 669 voix sur 429 633 suffrages exprimés. Il est réélu sans peine lors de l'élection de la seconde Assemblée nationale constituante, malgré le fléchissement assez net de la liste MRP qui ne draine plus que 107 070 voix sur 434 358 suffrages exprimés. Après avoir refusé le premier projet de Constitution, présenté à l'Assemblée le 19 avril 1946, Francisque Gay vote pour le second projet (28 septembre), qui sera ratifié par référendum par le peuple français.

Si l'activité parlementaire de Francisque Gay n'est pas des plus intenses au long de ces mandats dans les deux Assemblées Constituantes, c'est parce qu'il occupe, au sein du pouvoir exécutif, une place éminente : autorité morale et figure majeure d'un MRP dont le soutien au Gouvernement s'affirme déterminant, Francisque Gay est sollicité pour devenir en novembre 1945, aux côtés de Vincent Auriol et de Maurice Thorez, ministre d'Etat dans les derniers mois du gouvernement du général de Gaulle. Sa carrière ministérielle se poursuit après le départ de celui-ci, puisqu'il est vice-président du Conseil dans le cabinet Gouin, en janvier 1946, et de nouveau ministre d'Etat dans le cabinet Bidault, en juin : elle s'achève avec la chute de Bidault en décembre 1946.

Un mois auparavant, Francisque Gay avait retrouvé, à la tête de la liste MRP, son siège de député de la 1re circonscription de la Seine, en obtenant 119 138 voix sur 433 260 suffrages exprimés (contre 129 941 au PCF) ; durant cette première législature, son activité parlementaire se fait plus intense ; membre de la Commission de la presse, de la Commission des affaires économiques et de la Commission des affaires étrangères, Francisque Gay intervient cinq fois dans le débat parlementaire durant l'été 1947, le plus souvent sur des questions financières. Il accorde sa confiance aux cabinets Blum (17 décembre 1946) et Ramadier (4 mai 1947) ; absent lors du vote sur les écoles privées des houillères nationalisées (14 mai 1948), il se prononce pour l'adoption du projet relatif à la constitution du conseil de l'Europe (9 juillet 1949), pour la ratification du pacte de l'Atlantique (26 juillet 1949) et pour la réforme électorale relative aux apparentements (7 mai 1951). De plus, il désapprouve silencieusement l'opportunisme gouvernemental de certains de ses amis et progressivement, il est amené à prendre ses distances avec son parti, le MRP ayant - à ses yeux une politique trop conservatrice, notamment sur les questions coloniales.

Francisque Gay ne se représente pas aux élections législatives de juillet 1951 et retourne à son métier d'éditeur, puis revend sa maison d'édition en 1954 à Desclée et Cie. L'observateur qu'il est resté déplore l'opposition passionnelle de la majorité du MRP à la personne et à la politique de Pierre Mendés France et se réjouit, en 1958, du retour au pouvoir du général de Gaulle dont il était toujours resté proche. Il avait - avant-guerre - accueilli sa collaboration occasionnelle à L'Aube et il était l'un des rares confidents auxquels le chef du gouvernement avait fait part, quelques jours à l'avance, de son intention de démissionner en janvier 1946. Francisque Gay est l'auteur de plusieurs ouvrages, pour la plupart issus de ses voyages ou de ses réflexions politiques : Bolchevisme et Démocratie, en 1919 ; L'Irlande et le sang des Nations, en 1921 ; Dans les flammes et le sang, en 1936 ; Canada, XXe siècle, en 1949; Les Démocrates d'inspiration chrétienne à l'épreuve du pouvoir, en 1951. Il meurt à Paris le 23 octobre 1963 des suites d'une crise cardiaque.


D'Estienne d'Orves Honoré

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Honoré d’Estienne d’Orves (6 juin 1901 à Verrières-le-Buisson - 29 août 1941 à Suresnes) est un officier de marine français, héros de la Seconde Guerre mondiale, martyr de la Résistance. 

D'Estienne d'Orves Honoré

Le réseau de renseignement de la France libre, qu'il a dirigé, porte son nom « Estienne d'Orves ». Sorti de l'École polytechnique en 1923, le comte Honoré d'Estienne d'Orves entre à l'École navale à Brest. En décembre 1939, il est lieutenant de vaisseau et officier d'ordonnance à bord du croiseur lourd Duquesne, dans la Force X, de l'amiral Godfroy. Au moment de l'armistice de juin 1940, cette escadre se trouve bloquée à Alexandrie et d'Estienne d'Orves ne se satisfait pas de l'inaction à laquelle il est contraint. En juillet 1940, avec plusieurs de ses camarades, il tente de rejoindre le général Legentilhomme, commandant supérieur des troupes de la Côte française des Somalis, qui a annoncé son intention de refuser l'armistice. La colonie s'étant finalement ralliée au gouvernement de Vichy, d'Estiennes d'Orves décide, en août 1940, de rejoindre l'Angleterre.

Il parvient à Londres à la fin de septembre après un long périple autour de l'Afrique et se présente au quartier-général du général de Gaulle. Il est affecté au 2e bureau des Forces navales françaises libres. Le 21 décembre 1940, il est envoyé en mission en France : il fait la traversée de la Manche à bord d'un petit chalutier, accompagné du quartier-maître radiotélégraphiste Marty ; ils sont débarqués à Plogoff (Finistère). Installé à Nantes dans le quartier de Chantenay, il organise un réseau de renseignement pour la Bretagne, le réseau Nemrod. Il établit la première liaison radio entre la France occupée et Londres. Du 6 au 19 janvier 1941, il est à Paris, où il séjourne entre autres chez Max André, une connaissance d'avant-guerre, qui accepte, à sa demande, de monter un réseau de renseignement dans la capitale.

À son retour à Nantes, il est trahi par Marty qui est en réalité un agent du contre-espionnage allemand du nom de Gaessler. Il est arrêté le 22 janvier 1941, ainsi que les époux Clément, chez qui il se trouvait, et, par la suite, les vingt-trois autres membres du réseau. Les accusés sont transférés à Berlin puis à Paris où, le 23 mai, la cour martiale allemande condamne à mort d'Estienne d'Orves ainsi que huit de ses camarades qui sont transférés à Fresnes. Cependant les condamnés ne sont pas immédiatement exécutés. Ce sursis peut s'expliquer par la volonté du général von Stülpnagel, commandant des forces d'occupation en France, de garder des otages pour une occasion spectaculaire. Le tribunal allemand est si impressionné par le courage et la dignité de d'Estienne d'Orves et de ses deux compagnons Jan Doornik, officier hollandais et Maurice Barlier, sous lieutenant FFL, qu'il demande à Hitler en personne, la grâce des trois condamnés à mort. Egalement au sein du gouvernement de Vichy, la condamnation d'un officier de marine a provoqué l'intervention de l'amiral Darlan, vice-président du Conseil, qui demande personnellement, le 25 mai 1941, dans le cadre de ses tractations avec les Allemands concernant les Protocoles de Paris, la grâce de d'Estienne d'Orves à l'amiral Canaris.

Le 22 juin 1941, c'est l'entrée en guerre de l'URSS et le 21 août 1941, le résistant communiste Pierre Georges, le futur colonel Fabien, abat l'aspirant d'intendance de la Kriegsmarine Moser au métro Barbès. Le lendemain, les Allemands promulguent une ordonnance transformant les prisonniers Français en otages et le général von Stülpnagel profite de l'occasion pour faire un exemple. En représailles, cent otages seront exécutés dont d’Estienne d’Orves le 29 août 1941 au Mont-Valérien, en compagnie de Maurice Barlier et de Jan Doornik. Il a laissé un journal où il exalte sa foi patriotique et sa grandeur d'âme ainsi que des lettres émouvantes à sa famille.

Ceausescu Nicolae

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Nicolae Ceaușescu, né le 26 janvier 1918 à Scornicești et mort le 25 décembre 1989 à Târgoviște, est un homme d'État roumain. Il est le principal dirigeant du régime communiste roumain de 1965 à son renversement et à son exécution, lors de la révolution de 1989. Il était surnommé le Conducător, le « Génie des Carpates » ou encore le « Danube de la pensée ». 

Ceausescu Nicolae

Il quitte sa famille et s'installe à Bucarest en 1929 à 11 ans. Apprenti cordonnier, il est vite « connu des services de police ». L'histoire officielle veut qu'il ait adhéré au parti communiste de Roumanie dès 1932, qu'il ait été arrêté l'année suivante pour activités séditieuses au cours d'une grève, puis à nouveau en 1934 pour avoir collecté des signatures pour une pétition contre un procès fait à des cheminots, et encore en 1936 pour des activités anti-fascistes. Sa fiche de police présentée de 1972 à 1989 dans tous les musées d'histoire de Roumanie, contenait les appréciations suivantes : « dangereux agitateur communiste » et « activiste de la propagande communiste et anti-fasciste ». Mais après 1989, plusieurs biographies indiquent qu'il aurait été arrêté pour des affaires de droit commun, et que c'est dans la prison de Doftana qu'il aurait connu des communistes et qu'il les aurait rejoints, en 1937 ou 1938, de toute manière avant que le fascisme ne prenne le pouvoir.

En 1939, il fait la connaissance d'Elena Petrescu, qui devient son épouse en 1946 et qui va connaître la même ascension et la même chute finale. Son influence et son rôle grandissent avec les années. En 1940, nouvelle arrestation et nouvel emprisonnement : cette fois son appartenance au PCR est certaine. En 1943 il est transféré au camp d'internement de Târgu Jiu, où il fait la connaissance de Gheorghe Gheorghiu-Dej, dont il devient le protégé. À la fin de la Seconde Guerre mondiale, alors que la Roumanie tombe dans l'aire d'influence soviétique, il devient secrétaire de l'Union des jeunesses communistes (1944-1945). En 1947, après la prise du pouvoir par les communistes et l'abolition de la monarchie, il devient successivement ministre de l'agriculture, puis ministre délégué aux forces armées sous la férule de Gheorghe Gheorghiu-Dej.

En 1952, quelques mois après l'éviction de la ministre des Affaires étrangères Ana Pauker, il est nommé au comité central du Parti des travailleurs roumains. En 1954, Nicolae Ceaușescu est promu au bureau politique et son influence s'accroît jusqu'à faire de lui le « numéro deux » du parti. En mars 1965, trois jours après la mort de Gheorghe Gheorghiu-Dej, il est coopté comme premier secrétaire du parti des travailleurs de Roumanie. L'une de ses premières décisions est de rebaptiser le parti en parti communiste roumain et de déclarer que son pays, plutôt qu'une « république populaire », sera désormais la « République socialiste de Roumanie ». En 1967, il consolide sa position en se faisant élire, en plus, comme président du conseil d'État. Sa politique étrangère vise à sortir la Roumanie de l'orbite soviétique. La Roumanie est le seul pays du bloc de l'Est qui refuse de rompre ses relations diplomatiques avec Israël après la guerre des Six jours.

Sa popularité dans les milieux de gauche européens est alors assez importante, en raison de sa politique indépendante, à l'égard des dirigeants soviétiques. Tout en restant formellement membre du Pacte de Varsovie, la Roumanie cesse de participer à toutes les opérations militaires de l'alliance, et Ceaușescu va jusqu'à condamner l'invasion de la Tchécoslovaquie par les troupes du Pacte en 1968, invasion consécutive au Printemps de Prague. Lorsque les chars du Pacte de Varsovie mettent fin au Printemps de Prague, la Roumanie se tient à l'écart. Ceaușescu parle de « grave erreur, une menace sérieuse pour la paix, un moment de honte dans l'histoire du mouvement révolutionnaire ». Il conclut un traité de défense avec la Yougoslavie et refuse de prendre parti dans la querelle intestine communiste qui oppose l'Union soviétique et la République populaire de Chine. Son indépendance lui donne du prestige à l'Ouest. La même année, il reçoit la visite du général de Gaulle, du 14 au 19 mai.

Comme la plupart des dictateurs, Ceaușescu institue en sa faveur un culte de la personnalité omniprésent, se faisant désigner sous les titres de Conducător et même de « geniul din Carpați » (littéralement : le génie des Carpates), ou encore en se faisant fabriquer un sceptre comme un roi. L'historiographie roumaine de l'époque communiste le comparait d'ailleurs régulièrement avec les grands héros nationaux du passé. La critique sur la personne du Conducător n'est guère appréciée : la presse est muselée, les écrivains dissidents comme Paul Goma et Virgil Tanase fuient à Paris, et même là, ils ne sont pas à l'abri des commandos meurtriers de la Securitate.

Ces excès conduisirent le peintre Salvador Dalí à envoyer un télégramme de félicitations au conducător. Le quotidien du parti communiste Scînteia, sans percevoir l'ironie de la démarche du peintre surréaliste, publia le texte du message dans ses colonnes, croyant y voir un témoignage de la gloire universelle du leader roumain. Le népotisme, habituel dans de nombreux régimes autocratiques, est également une caractéristique de l'époque Ceaușescu, son épouse Elena, prétendument chercheur universitaire de haut niveau, étant aussi promue à des fonctions ministérielles, tandis que d'autres membres de leurs familles respectives se voient octroyer de multiples avantages matériels et honorifiques. Il fera également nommer son plus jeune fils Nicu (1951 - 1996) comme Premier secrétaire des Jeunesses communistes, le désignant ainsi comme héritier politique présomptif. Des trois enfants, il sera le grand bénéficiaire des largesses du régime paternel. Ainsi Nicu ne refusera rien : grand amateur de femmes et d'alcool, il eut une relation, qui apparaîtra par la suite forcée, avec la gymnaste Nadia Comaneci, triple championne olympique aux Jeux d'été de Montréal en 1976.

Ses autres enfants furent Valentin, le fils ainé (né en 1948), et une fille Zoia (1949 - 2006). Tous avaient des diplômes universitaires en physique ou mathématiques. Zoia était d'ailleurs une vraie mathématicienne, auteur d'une trentaine d'article publiés dans des revues d'audience internationale. On considère généralement qu'elle se tenait à l'écart des affaires publiques et qu'elle a contribué à protéger la communauté mathématique roumaine durant la dictature de son père, permettant ainsi à la Roumanie de continuer à former des mathématiciens de tout premier plan mondial, conformément à sa tradition. Mais Zoia rentrera très vite en dissidence contre son père allant même jusqu'à renier son nom de famille (se faisant appeler uniquement « Mademoiselle Zoia »). Nicolae Ceaușescu la fera alors constamment surveiller par Securitate (police politique).

Valentin resta, lui totalement à l'écart du pouvoir qui ne l'intéressait pas, étant constamment en opposition avec ses parents qui n'hésitèrent pas alors à le rejeter comme un paria (ainsi, on ne lui autorisa l'accès aux résidences officielles qu'en l’absence de ces derniers). De plus, il n'avait pas hésité à commettre l'« ultime affront » de se marier avec Iordana (dit « Dana ») Borilă, fille de Petre Borilă, l'un des plus sérieux rivaux de son père au sein du parti, mariage que ses parents désapprouvèrent totalement. Ce comportement rebelle expliquera certainement les rumeurs colportées à son sujet sur ses prétendues absences de liens de parenté avec le couple Ceaușescu, rumeurs totalement infondées puisque des analyses ADN sur les restes des époux Ceaușescu ont été réalisées à des fins d’identification en novembre 2010 à la demande de Valentin lui-même. Il s'exilera d'ailleurs pendant plusieurs années avec sa femme et ses enfants au Canada. Revenu en Roumanie dans les années 1980, il s'investira dans la direction du club de football FC Steaua Bucarest, au côté de son oncle paternel Ilie.

En 1974, Ceaușescu ajoute à sa moisson de titres officiels celui de président de la République. Il continue à jouer sur la scène internationale un rôle farouchement indépendant de celui du « grand frère » soviétique, donnant par exemple son aval à la participation de la Roumanie aux Jeux olympiques d'été de 1984 à Los Angeles, qui sont pourtant boycottés par l'immense majorité des pays du bloc de l'Est. La Roumanie est le premier des pays de l'Est à entretenir des relations officielles avec la Communauté économique européenne : un accord incluant la Roumanie dans le système de préférences généralisées de la Communauté est signé en 1974 et un autre, sur les produits industriels, en 1980. Cependant, Ceaușescu se refuse à mettre en œuvre la moindre réforme d'inspiration libérale. Suivant en cela la position de Gheorghe Gheorghiu-Dej, il se tient obstinément à une vision « stalinienne », ce qui explique la politique d'indépendance à l'égard des dirigeants soviétiques, à mesure que progresse la déstalinisation chez les membres du pacte de Varsovie. Ceaușescu maintient voire accroît la mainmise de la Securitate sur la liberté de parole dans les médias, et ne tolère aucune opposition interne, même la plus minime.

Le régime de Ceaușescu a subi une évolution particulière. Lors de son accession au pouvoir en 1965, le dirigeant roumain mène une politique qui contraste avec celle de son prédécesseur Gheorghiu-Dej : une modeste libéralisation s'amorce dans le domaine politique alors que le népotisme et le clientélisme sont des phénomènes bien moins présents qu'ultérieurement. Les résultats économiques sont indéniables et les rapports diplomatiques avec des puissances occidentales favorisent un climat international moins tendu. Cependant, le régime se transforme progressivement pour laisser place à une autocratie de plus en plus prégnante. Le début des années 1970 peut être considéré comme le tournant du régime. En 1971, Ceaușescu se rend en visite officielle en république populaire de Chine puis en Corée du Nord. Il manifeste un grand intérêt pour l'idée de la transformation nationale totale telle que développée dans le programme politique du parti des ouvriers coréens ou telle que l'avait mise en œuvre la Chine durant la Révolution culturelle. Peu après son retour en Roumanie, il commence à imiter la dictature nord-coréenne, influencé par la « philosophie du Juche » du président Kim Il-sung, faisant traduire en roumain, et largement distribuer dans le pays, divers ouvrages consacrés au Juche et à la création idéologique de l'Homme nouveau roumain façonné à la fois par le communisme et l'héritage national.

En 1972, Ceaușescu institue un programme de systématisation, inspiré des écrits d'Engels sur la réduction des différences ville-campagne. Conçue comme une manière de construire une société socialiste multilatéralement développée, cette ambitieuse politique se traduit par de nombreux bouleversements dans toute la Roumanie, et en particulier par la démolition systématique de nombreux villages, avec déplacement de la population dans des petites structures urbaines, souvent sans même attendre l'achèvement des programmes de construction. La systématisation est la plus visible à Bucarest même, où un bon cinquième de la vieille ville est rasé pour être reconstruit selon les vues du dictateur. Parmi les édifices détruits un certain nombre de bâtiments classés ; certains bâtiments historiques, notamment des monastères, étant détruits pour « vétusté » après le tremblement de terre de 1977. Un palais du peuple, deuxième bâtiment au monde par sa superficie après le Pentagone, est ainsi édifié en lieu et place d'un quartier ancien de Bucarest.

Malgré le régime totalitaire, la politique étrangère indépendante vis-à-vis de l'Union soviétique suscite l'intérêt des puissances occidentales. Ceaușescu obtient de nombreux prêts des institutions financières occidentales, prêts censés financer des programmes de développement économique, mais qui déséquilibrent gravement les finances du pays. Dans les années 1980, Ceaușescu ordonne l'exportation d'une grande partie des productions industrielle et agricole, afin de rembourser les dettes du pays. Ce qui n'était jusque là que des pénuries courantes dans les régimes des pays de l'Est, se transforme pour de nombreux Roumains en un combat quotidien pour la survie. La symbolique identitaire d'ordre national occupe une place stratégique dans le régime du Conducător : elle permet de légitimer le pouvoir en s'appuyant sur des personnages historiques comme Étienne le Grand, prince médiéval de Moldavie, Burebista, roi des Daces, ou encore Alexandre Ier le Bon, prince médiéval de Valachie, sans oublier le fameux Vlad III l'Empaleur, prince médiéval de Valachie, qui donna à Bram Stoker le prétexte du mythe de Dracula.

Ceaușescu évoque même les origines daces de la population de la Roumanie pour régler le problème des Hongrois de Transylvanie, source de tension avec la Hongrie voisine. Ce nationalisme de façade se renforce à partir de 1977 alors que la crise économique se profile à l'horizon et que le régime est mis sous pression. En pratique, la valorisation de l'identité roumaine par le Conducător se traduit par des festivals, discours fleuves sur l'histoire du pays. Ainsi en 1980, est organisée une commémoration du 2 050e anniversaire du début du règne de Burebista, roi dace, au motif qu'il avait organisé le premier « État centralisé » de Dacie. Sur le terrain, le patrimoine culturel, architectural et paysager du pays subit de profonds changements. Des centaines de localités voient leurs centres historiques démolis au profit de constructions en béton jugées plus fonctionnelles.

L'histoire est réinterprétée dans l'optique du nationalisme officiel. À certains noms de villes sont accolés le nom antique : Cluj-Napoca, Drobeta-Turnu-Severin ; d'autres villes sont renommées au contraire pour commémorer des évènements ou des personnages modernes : 23 august, 6 martie ou Gheorghe Gheorghiu-Dej. Certains noms sont également modifiés (Tatanir au lieu de Tatomiresti). Xénophobe, le nationalisme de Ceaușescu s'opposait aux minorités et se méfiait des influences étrangères.

La politique sociale mise en œuvre par Ceaușescu contribua à aggraver une situation relativement précaire. Obnubilé par une volonté d'augmenter l'effectif de la population roumaine, Ceaușescu se lança dans une politique nataliste contraignante, interdisant en 1966 par le décret 770, aussi bien l'avortement que la contraception et imposant de sévères restrictions aux modalités du divorce. Les couples sans enfant doivent payer un supplément d'impôts. Plus grave encore, les médecins de village sont tenus pour responsables si un enfant décède avant son premier anniversaire. La population augmenta en effet, mais au prix de l'abandon de milliers d'enfants par leurs familles incapables de subvenir à leurs besoins et placés dans des orphelinats d'État, mal gérés et où sévissait une mortalité infantile surélevée due aux manques chroniques de soins et de médicaments. Ceaușescu se « distingua » également en refusant de reconnaître l'existence de malades du SIDA au sein de la population roumaine, en interdisant les tests de dépistage avant les collectes de sang, et en laissant utiliser, lors de transfusions sanguines faites sur des orphelins, des aiguilles non stérilisées, causant ainsi une forte contamination des enfants orphelins par le virus.

Les conséquences dramatiques de la politique de peuplement de Ceaușescu n'apparaîtront au grand jour qu'en 1989, lorsque s'ouvriront après la révolution, les portes des orphelinats roumains. En 1978, le lieutenant général Ion Mihai Pacepa, vétéran de la Securitate (les services secrets roumains), fit défection et se réfugia aux États-Unis, portant un coup sévère au régime, contraignant Ceaușescu à revoir toute l'« architecture » de la Securitate. En 1986, Pacepa devait révéler, dans son livre Red Horizons: Chronicles of a Communist Spy Chief, divers détails sur le régime de Ceaușescu, tels sa collaboration avec des terroristes arabes, ses entreprises d'espionnage industriel aux États-Unis et ses efforts constants et élaborés pour obtenir le soutien des pays occidentaux.

Le régime de Ceaușescu s'effondra après avoir ordonné aux forces armées et à la Securitate d'ouvrir le feu sur les manifestants anti-communistes dans la ville de Timișoara le 17 décembre 1989. Les manifestations faisaient suite à la tentative d'expulsion, par le régime, du pasteur hongrois László Tőkés. La rébellion, qui se propagea à Bucarest, fut probablement aiguillonnée par la décision peu opportune de Ceaușescu d'y organiser le 21 décembre 1989 un rassemblement de masse, censé confirmer le soutien populaire au régime. La manifestation, diffusée en direct à la télévision, se transforma en une démonstration massive de protestation contre le régime. Huit minutes après le début du discours de Ceaușescu la foule crie « Timișoara » et Ceaușescu, installé sur le balcon du Comité central (Calea Victoriei) interrompt son discours avec inquiétude alors que la transmission télévisée est coupée. Le lendemain les manifestants envahissent le bâtiment du Comité central où le dictateur présidait une réunion. Les époux Ceaușescu rejoignent un hélicoptère sur le toit du bâtiment pour s'enfuir avec deux conseillers et trois hommes d'équipage dans le but de rejoindre un palais de province et de reconstituer les forces encore fidèles au régime. Les manifestants s'attaquent ensuite à la chaîne de télévision publique et à 13 h parviennent à en prendre le contrôle. Les forces armées fraternisent spontanément avec les insurgés.

Selon la version officielle ultérieure, Nicolae et Elena Ceaușescu prirent la fuite en hélicoptère, prétendument en prenant en otage son pilote, menacé à l'aide d'une arme à feu. À cause de manque de carburant, ce dernier posa l'hélicoptère dans la campagne, à proximité des bâtiments d'une ferme. S'en serait suivie une fuite erratique du couple présidentiel, au cours de laquelle il aurait notamment été pris en chasse par des citoyens insurgés tentant de les arrêter, avant de parvenir à trouver un répit de courte durée dans une école. Ils auraient finalement été retenus prisonniers pendant plusieurs heures dans une voiture de police, les policiers restant dans l'expectative et écoutant la radio pour deviner dans quel sens le vent allait tourner, avant d'être livrés aux forces armées.

Selon d'autres hypothèses, le général Stănculescu aurait œuvré pour des puissances étrangères (la CIA et le KGB voulant tous deux se débarrasser du dirigeant) et le détournement de l'hélicoptère présidentiel ne serait pas dû au hasard. Le 25 décembre 19895, à la suite d'un procès expéditif de 55 minutes rendu par un tribunal auto-proclamé, réuni en secret dans une école de Târgoviște à 50 km de Bucarest, Nicolae Ceaușescu et Elena Petrescu, déclarés coupables de génocide, étaient condamnés à mort et aussitôt fusillés dans la base militaire de Târgoviște. Le soir même, les images des corps exécutés du couple Ceaușescu sont diffusées à la télévision. Les cadavres seront enterrés dans le cimetière civil de Ghencea à Bucarest, dans une tombe sans nom. Par la suite, la tombe sera identifiée et des fidèles du couple présidentiel passent encore aujourd'hui la fleurir. Plusieurs proches des Ceaușescu, dont leurs propres enfants, ont pourtant toujours douté que le couple ait été enterré à Ghencea. Le 21 juillet 2010, les corps présumés de l'ancien dictateur et de sa femme sont exhumés, à la demande de leur fils Valentin et de leur gendre (l’époux Zoïa), afin d'effectuer des prélèvements ADN pour vérifier leur identité. Les analyses confirment qu'il s'agit bien du corps de Nicolae Ceaușescu.

De tous les pays de l'Est ayant renversé le régime communiste après la chute du mur de Berlin au cours de l'automne et l'hiver 1989-1990, la Roumanie a été le seul où cette métamorphose s'est faite dans le sang : 1 104 morts (dont 564 à Bucarest, 93 à Timișoara, 90 à Sibiu, 66 à Brașov, 26 à Cluj-Napoca) et 3 321 blessés (dont 1 761 à Bucarest). En 1990, Ion Iliescu, ancien dignitaire du régime communiste « reconverti » dans la démocratie « à l'occidentale », remportait la première élection présidentielle de l'ère post-communiste. Selon certaines sources, il aurait été à la tête d'un complot visant la prise de pouvoir et l'exécution du couple présidentiel.

Pauker Ana

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Ana Pauker, née Hannah Rabinsohn le 13 février 1893 près de Vaslui (Moldavie) et décédée le 14 juin 1960 à Bucarest, est une femme politique communiste roumaine. Elle tient un rôle de premier plan dans les premières années du régime communiste roumain.

 

Pauker Ana

Hannah Rabinsohn naît en Moldavie, dans une famille de rabbins. Elle rejoint en 1915, alors qu'elle est étudiante, le Parti social-démocrate roumain. Après 1917, lorsque celui-ci se scinde (comme partout ailleurs en Europe) entre sociaux-démocrates et maximalistes pro-bolchéviques, elle rejoint ces derniers et contribue à la fondation du Parti communiste roumain avant d'être élue en 1922 au Comité central de ce parti. Elle épouse Marcel Pauker ; ils ont ensemble trois enfants : Tanio (1921 - 1922), Vlad (né en 1926) et Tatiana (née en 1928 et qui se fait appeler « Marie »). Ces deux derniers vivent aujourd'hui en France.

Après une première arrestation en 1925 (son avocate, française, est la tante d'Alain Bombard, elle-même militante socialiste et féministe), Ana Pauker rejoint Moscou une fois libérée. En 1931, elle participe, sous la direction d'Eugen Fried, au « Collectif de direction » mis en place par l'Internationale communiste pour épauler la direction du Parti communiste français. En 1938, son mari Marcel Pauker, ancien militant communiste qui se trouvait alors en URSS, est arrêté et exécuté à l'occasion des « Grandes Purges » staliniennes. Selon sa biographie officielle, en 1945, cet événement ne détourne cependant pas Ana Pauker « de ses ferventes convictions communistes et de son attachement au camarade Staline et à l'Union soviétique ».

De retour en Roumanie, où elle mène une activité clandestine, elle est de nouveau arrêtée, puis libérée en 1940, à la suite d'un échange de prisonniers entre l'Union soviétique et le Royaume de Roumanie. En septembre 1944, elle devient membre du Secrétariat du Comité central du Parti communiste roumain. Elle représente le PC roumain lors de la conférence de fondation du Kominform, puis devient ministre des Affaires étrangères en septembre 1947, et plus tard vice-Premier ministre. Durant cette période, une répression « qui se doit d'être impitoyable » (selon ses propres termes) s'abat sur la société roumaine, et notamment sur les intellectuels, et de façon générale sur tout « ennemi de classe », en particulier toute personne en lien avec les structures historiques de la société traditionnelle roumaine ; en Roumanie, le souvenir d'Ana Pauker, véritable criminelle politique, reste lié à cette époque. En 1948, elle fait la une du Time magazine avec comme titre : « La femme la plus puissante d'aujourd'hui » (The most powerful woman alive).

En 1952, dans un contexte d'antisémitisme au sein des mouvements communistes, elle est démise de ses fonctions dans le parti et au gouvernement pour « cosmopolitisme » (euphémisme qui désigne alors souvent les victimes juives des purges) et « déviation de droite » à la suite d'une lutte d'influence perdue face au premier secrétaire Gheorghe Gheorghiu-Dej, soutenu par Joseph Staline, alors que de nouvelles épurations sont organisées contre des anciens dirigeants communistes et qu'une campagne contre des intellectuels juifs est lancée (notamment l'affaire du complot des blouses blanches). Elle est arrêtée en février 1953, puis libérée après la mort de Staline et placée pendant plusieurs années en résidence surveillée. Exclue du parti des ouvriers, elle est autorisée à travailler comme traductrice d'allemand et de français à la Maison d'éditions politiques. Elle décède des suites d'un cancer, le 3 juin 1960, à Bucarest. L'un des fondateurs du Parti communiste roumain, le vétéran Gheorghe Cristescu, assiste à la cérémonie, lors de son incinération.

Partidul Social Democrat (PSD)

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Le Parti social-démocrate (en roumain, Partidul Social Democrat ou PSD) est un des principaux partis politiques roumains, de type social-démocrate, membre du Parti socialiste européen et de l'Internationale socialiste. Depuis 2010, son dirigeant est Victor Ponta.

 

Partidul Social Democrat (PSD)

La grande majorité des hommes politiques du régime de Ceaușescu créent un nouveau parti dans les jours qui suivent le coup d'État de 1989. Parmi eux se trouve l'ancien chef de l'Union de la jeunesse communiste, Ion Iliescu, qui fonde le parti Front de salut national. Avec le temps, le parti change de nom et de composition pour devenir l'actuel PSD.

Le 7 avril 1992, la lutte pour le pouvoir au sein du Front de salut national (Frontul Salvării Naționale, FSN), le parti historique issu de la « Révolution roumaine de 1989 » entre la ligne la plus dure menée par Ion Iliescu et la ligne réformiste menée par Petre Roman conduit le groupe Iliescu à se retirer du FSN et à créer le Front démocratique de salut national (Frontul Democrat al Salvării Naționale, FDSN), qui deviendra plus tard l'actuel PSD.

Le FDSN gagne les élections législatives roumaines de 1992 et gouverne la Roumanie jusqu'en 1996. Le 10 juillet 1993, il prend le nom de Parti de la social-démocratie en Roumanie (Partidul Democrației Sociale din România, PDSR) lors de sa fusion avec le Parti démocratique socialiste de Roumanie (PDSR), le Parti républicain et Parti coopératif.

De 1994 à 1996, le PDSR mène une coalition avec trois partis extrémistes - de droite avec le Parti de l'unité nationale roumaine (PUNR) et le Parti de la Grande Roumanie (PRM), et de gauche avec le Parti socialiste du travail. Le PUNR a des ministres dans le gouvernement dirigé par Nicolae Văcăroiu de mars 1994 à septembre 1996. Le PRM n'est pas représenté au gouvernement mais obtient certains postes dans la haute administration. Le PDSR perd les élections législatives de 1996, qui sont remportées par une coalition multi-partis, la Convention démocratique roumaine (CDR).

En novembre 2000, le PDSR revient au pouvoir, cette fois dans une coalition nommée le Pôle social démocratique de Roumanie avec le Parti démocratique social de Roumanie (PSDR) et le Parti humaniste roumain (PUR). Le PSDR fusionne avec le PDSR le 16 janvier 2001, et le nouveau parti prend son nom actuel, le PSD.

En novembre 2004, Adrian Năstase, le candidat du PSD, arrive en tête du premier tour de l'élection présidentielle mais est battu au second tour par Traian Băsescu de l'alliance Justice et vérité. Aux élections législatives de la même année, le PSD arrive en tête des suffrages mais comme il n'a pas la majorité des sièges, tous les autres grands partis s'unissent dans l'alliance Justice et Vérité qui forme le gouvernement, repoussant le PSD dans l'opposition.

Considéré comme un jeune réformateur, Mircea Geoană est élu président du parti en avril 2005 lors du congrès du parti à Bucarest. Sa victoire et la défaite de l'ancien président Ion Iliescu sont une grande surprise. Les médias attribuent la victoire de Geoană aux accords de dernière minute des chefs du parti opposés à Iliescu aussi bien qu'aux gaffes faites par Iliescu à la tribune du congrès, dont l'emploi d'anciens termes communistes pour désigner ses collègues du parti.

En 2010, Victor Ponta bat Geoană dans l'élection pour le présidence du parti. Lors des élections européennes de 2014, le PSD, allié au Parti conservateur et à l'Union nationale pour le progrès de la Roumanie, a terminé premier en remportant plus de 32% des suffrages exprimés et 12 sièges sur les 32 alloués à la Roumanie.

Ponta Victor

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Victor Viorel Ponta, né le 20 septembre 1972 à Bucarest, est un homme politique roumain, président du Parti social-démocrate (PSD), depuis 2010, et Premier ministre, depuis mai 2012.

 

Ponta Victor

Victor Ponta est diplômé en droit de l'université de Bucarest. Il travaille comme procureur à partir de 1995. En 1998, il rejoint la Cour suprême de justice, dans la section anticorruption, poursuites pénales et criminelles. Le Premier ministre, Adrian Năstase, le promeut chef du département anticorruption du gouvernement en 2001. En 2003, Ponta soutient une thèse sur la Cour pénale internationale sous la direction de Năstase. En mars 2004, Ponta rentre au gouvernement Năstase en tant que Ministre délégué au Financement international et à l'Acquis communautaire. Il se présente aussi aux élections législatives dans le Județ de Gorj sous l'étiquette du Parti social-démocrate et est élu. Il est réélu à la Chambre des députés en 2008.

En 2010, Ponta brigue la présidence du PSD face au président sortant Mircea Geoană et l'emporte. Ponta met sur place une coalition politique, l'Union sociale-libérale (USL), en 2011, unissant le PSD au Parti national libéral (PNL) et au Parti conservateur (PC), issus du centre-droit. Le 27 avril 2012, le gouvernement de centre-droit de Mihai Răzvan Ungureanu est renversé par une motion de censure et Ponta se voit chargé de former le nouveau cabinet. Il en annonce la composition le 1er mai. Le Parlement ratifie la nomination du nouveau gouvernement le 7 mai par 284 voix contre 924. En juin 2012, il est accusé d'avoir plagié dans sa thèse doctorale les travaux de différents spécialistes, portant sur le sujet de l'historique et du fonctionnement de la Cour pénale internationale. La thèse, soutenue en 2003, était encadrée par le Premier ministre Adrian Năstase.

Il entre en conflit ouvert avec le président Traian Băsescu dès juin 2012, tout d'abord en limogeant de nombreux hauts fonctionnaires proches de Băsescu, puis en s'affrontant avec le président pour savoir qui doit représenter le pays au Conseil européen des 28 et 29 juin. Le 3 juillet suivant, la coalition au pouvoir remplace les présidents de la Chambre des députés et du Sénat, alliés du chef de l'État. Trois jours après, Ponta obtient la suspension du président Băsescu lors d'un vote du Parlement. Le référendum organisé le 29 juillet et devant confirmer ou non la destitution du président n'est pas validé en raison d'une participation insuffisante. En conséquence, le 28 août suivant, Traian Băsescu retrouve ses fonctions à la tête de l'État. Après la très large victoire de l'Union sociale-libérale aux élections législatives du 9 décembre 2012, qui remporte 58,6 % des voix et 273 sièges sur 412 à la Chambre des députés, 60,1 % des voix et 122 sièges sur 176 au Sénat, Ponta est chargé, le 17 décembre, de former le nouveau gouvernement par le chef de l'État.

Devant le Parlement, il affirme sa volonté de trouver un nouvel accord avec le Fonds monétaire international (FMI), même s'il se dit en désaccord avec certaines préconisations du FMI, de la Commission européenne ou de la Banque centrale européenne, après quoi son gouvernement obtient la confiance des parlementaires. En février 2014, le PNL quitte la coalition USL et le gouvernement Ponta se retrouve en minorité à la Chambre. Ponta réussit à reconstituer un gouvernement majoritaire à la Chambre dans une coalition nommée « Union sociale-démocrate » et composée de son PSD, du Parti conservateur et de l'Union nationale pour le progrès de la Roumanie (UNPR). Cette coalition est de plus soutenue par le parti de la minorité magyare, l'Union démocrate magyare de Roumanie (UDMR) qui obtient deux postes de ministres dans le nouveau gouvernement.

Nastase Adrian

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Adrian Năstase, né le 22 juin 1950 à Bucarest, est un homme politique roumain, ancien Premier ministre de Roumanie.

Nastase Adrian

Il est né à Bucarest, dans une famille originaire du village de Tărtășești dans le département (Județ de Dâmbovița. Son grand-père paternel ayant été officier marinier de la marine royale roumaine, son père craignait les persécutions des années 1950 contre les cadres de l'ancienne monarchie et leurs descendants : pour y échapper, il adhéra au Parti communiste roumain, ce qui lui permit de faire carrière de fonctionnaire au ministère de l'Éducation. La famille intégra la nomenklatura et Adrian Năstase put faire des études de droit et de sociologie : il est docteur en droit de l'université de Bucarest. Il va alors occuper différents postes de professeur de droit et de juriste. Jeune apparatchik du Parti communiste roumain, passionné de chasse (ce qui le rapproche du jeune Nicolae Ceaușescu) et encore étudiant, Adrian Năstase se marie avec la fille de Grigore Preoteasa (1915-1957), ancien ministre des Affaires étrangères de la République Populaire Roumaine sous Gheorghe Gheorghiu-Dej. Divorcé, il se remarie en 1985 avec la fille d'un autre dignitaire communiste, Anghel Miculescu dont il aura deux enfants.

Bien qu'encore jeune mais ayant la confiance du régime, il est fréquemment envoyé à l'étranger comme représentant de la Roumanie lors de réunions internationales sur les droits de l'homme. Il prend alors des positions conservatrices : en 1983, il publie un article intitulé "Les droits de l'homme, un concept rétrograde" dans lequel il attaque la Freedom House, une organisation américaine, qui a classé la Roumanie dans les pays non libres. En 1989, il participe à une conférence soviéto-roumaine de la jeunesse à Moscou et à une autre à Pyongyang, en Corée du Nord. Dans une interview au journal russe Komsomolskaya Pravda, il critique ouvertement la Perestroïka lancée par Gorbatchev, s'alignant ainsi sur les positions du président Nicolae Ceaușescu.

Après la libération de 1989, il reste au parti, qui s'auto-dissout et se reforme aussitôt sous le nom de Front de salut national, sous la direction d'Ion Iliescu (qui représente l'« aile conservatrice » de la nomenklatura) et de Petre Roman (qui représente l'« aile réformatrice » ou « libérale »). En juin 1990, il devient député du Front de salut national lors des premières élections après la chute de Ceauşescu. Trois semaines plus tard, le 28 juin, il est nommé ministre des Affaires étrangères dans les gouvernement de Petre Roman puis de Theodor Stolojan. Il quitte ses fonctions le 16 octobre 1992 après sa réélection comme député et son élection à la présidence de la Chambre des députés. À cette époque, il commence à prendre ses distances avec la position prudente d'Ion Iliescu et à se rapprocher de celle de Petre Roman, plus favorable à un rapprochement avec l'Europe et l'Occident.

Entre 1993 et 1997, il est aussi le président de son parti, qui abandonne la dénomination de Front de Salut national, pour celle de « Parti social-démocrate » (en roumain, Partidul Social Democrat ou PSD) et se positionne à gauche de l'échiquier politique, devenant membre du Parti socialiste européen et de l'Internationale socialiste. À ce moment, ses positions sont clairement réformistes, alors que les communistes reconstruisent leur parti de leur côté, sous le nom de « Parti socialiste du travail » (Partidul Socialist al Muncii), puis (en 2003) d'« Alliance Socialiste » (Alianța Socialistă) avant de reprendre leur nom d'origine (P.C.R.) en 2010. Depuis 1993, Adrian Năstase est vice-président du World Council of Former Foreign Ministers et depuis 1995 membre de la Société américaine de Droit International, et devient également membre de la délégation roumaine au Conseil de l'Europe où ses manières le font surnommer « Sweetboy » (il était déjà surnommé « Bombonel », le "petit bombon" en Roumanie).

En 1996, son parti perd les élections et Adrian Năstase, toutefois réélu député, devient le chef du groupe parlementaire social-démocrate. En 1997, il devient vice-président du PDSR, puis président par intérim en 2000. En décembre 2000, il est nommé Premier ministre du gouvernement minoritaire de gauche (majorité relative au Parlement pour le PSD) et en juin 2001 il devient président de ce parti (Ion Iliescu avait obtenu un nouveau mandat de président de la République). Il est le candidat du PSD à l'élection présidentielle de 2004, Ion Iliescu ne pouvant constitutionnellement pas se représenter après deux mandats. Il est alors donné largement gagnant dans les sondages. Mais, lors d'un débat télévisé avec son principal adversaire, le candidat de l'Alliance justice et vérité Traian Băsescu, ses manières « sucrées » le desservent face au franc-parler de son interlocuteur, qui, tout en avouant avoir été lui aussi communiste et membre de la nomenklatura, se moque des dénégations d'Adrian Năstase à ce sujet, et lui reproche de prendre ses électeurs pour des amnésiques. Obtenant 40,9 % des voix, Năstase est contraint à un second tour et il est battu par Băsescu.

Ses premiers ennuis judiciaires ne lui viennent pourtant pas de la politique, mais de sa passion pour la chasse : la Société ornithologique roumaine2 porte plainte contre lui pour chasse illégale, en collaboration avec la société italienne de safaris „Montefeltro”, dans la Réserve de biosphère du Delta du Danube. Les gardes locaux témoignent en décembre 2005 l'avoir vu, en compagnie de chasseurs italiens, abattre en grand nombre des colverts mais aussi des espèces strictement protégées comme les bernaches à col roux, les garrots à œil d’or et les fuligules morillons : il est condamné à de lourdes amendes. Dans la même période, il se comporte en mécène et fait don de sa collection au „Musée national des cartes et des livres anciens” de Bucarest (en roumain Muzeul Naţional al Hărţilor şi Cărţii Vechi3), dont il est le fondateur et le principal financeur.

Après les élections d'octobre 2004, Adrian Năstase est élu à nouveau président de la Chambre des députés, mais perd la présidence du Parti social-démocrate au profit de Mircea Geoană. Ses ennuis judiciaires s'aggravent : il est soupçonné de vol, corruption et détournement de fonds publics concernant plusieurs millions d'euros, mais réussit plusieurs fois à échapper à la condamnation malgré plusieurs mises en examen4. Finalement rattrapé, il est condamné le 20 juin 2012 à deux ans de prison ferme pour corruption (il est accusé d'avoir détourné plus de 1,5 million d'euros pour sa campagne électorale)5. Quelques heures après le verdict, il tente de mettre fin à ses jours en se tirant une balle dans la gorge 6. Gravement blessé, il est hospitalisé. Le 6 janvier 2014, Adrian Nastase est condamné en appel à quatre ans de prison ferme pour corruption et chantage et son épouse Daniela est condamnée à trois ans de prison avec sursis pour usage de faux documents.

Preoteasa Grigore

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Grigore Preoteasa (1915-1957) est un activiste communiste roumain, journaliste et ministre des Affaires étrangères de la République populaire roumaine de 1955 jusqu'à sa mort en 1957.

 

Preoteasa Grigore

Il fut tué dans un accident de l'avion de l'Aeroflot qui a raté son atterrissage et pris feu à l'aéroport international de Vnukovo. L'avion transportait la délégation du Parti communiste roumain venu assister au 40e anniversaire de la révolution d'Octobre à Moscou et composée également de Gheorghiu-Dej, Chivu Stoica, Alexandru Moghioroș, Ștefan Voitec (en), Ceaușescu et Răutu).


Szalasi Ferenc

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Ferenc Szálasi est un homme politique hongrois né le 6 janvier 1897 et mort le 12 mars 1946, chef du Parti des Croix fléchées. Il dirigea le Royaume de Hongrie en tant que chef du Gouvernement d'unité nationale, un éphémère régime pro-nazi au pouvoir du 16 octobre 1944 au printemps 1945.

 

Szalasi Ferenc

Né à Kassa (Košice, aujourd'hui en Slovaquie), il était le fils d'un sous-officier de l'armée austro-hongroise d'origine arménienne, sa mère était d'ascendance slovaque et hongroise. En 1915 il sortit de l'Académie militaire de Wienerneustadt, où son père l'avait envoyé, avec le grade de lieutenant dans l'armée de l'Autriche-Hongrie et fut dirigé immédiatement vers le front où il servit jusqu'à la fin de la Première Guerre mondiale, passant 36 mois dans une zone de guerre. Après la guerre, il s'installa à Budapest, où il travailla comme courrier au service du ministère de la Défense. En 1923, il fut envoyé à l'École d'État-major, où il semble qu'il se soit distingué. Il en sortit en 1925 avec le grade de capitaine et fit partie de l'État-major hongrois jusqu'en 1933. Cette année-là, il obtint le grade de commandant.

Sa carrière militaire se trouva interrompue par la publication d'un « plan pour la construction de l'État hongrois » qui critiquait la politique du gouvernement Gömbös. Les événements qu'il avait vécus et les circonstances du moment renforcèrent son nationalisme extrême et il plaida pour l'extension du territoire hongrois jusqu'aux frontières antérieures au Traité de Trianon de 1920, qui avait réduit de 72 % l'étendue du pays. Il fut transféré dans une garnison éloignée où il eut le temps d'étudier à fond différentes théories politiques. Pendant ces années il entretint des liens d'amitié avec un médecin militaire, Henrik Péchy, visionnaire et astrologue, auteur d'une histoire prophétique du monde fondée sur les mathématiques. Dans le livre qui décrit son idéologie, Le hungarisme, il dit en résumé : « Le hungarisme est une idéologie, c'est la mise en pratique hongroise d'une vision nationaliste du monde et de l'esprit du temps. Ce n'est ni de l'hitlérisme, ni du fascisme, ni de l'antisémitisme, c'est du hungarisme. »

En 1935, il quitta l'armée et, en mars, il fonda le Parti de la volonté nationale (Nemzeti Akarat Pártja) avec Sándor Csia ; il obtint des résultats plus que modestes lors de sa première candidature au Parlement, en avril 1936, échouant dans la circonscription de Pomáz avec 942 voix sur 12 051. Il décida de ne plus jamais se présenter à quelque élection que ce fût. Peu à peu son parti grandit et, en 1937 après une visite de Szálasi et de Csia en Allemagne nationale-socialiste, l'impression profonde qu'ils en tirèrent les fit changer de stratégie : alors qu'ils visaient surtout les classes moyennes et les fonctionnaires, ils s'adressèrent à la classe ouvrière. Les slogans du parti changèrent et se transformèrent en demande de « justice, travail et respect » pour les «  travailleurs hongrois » et le parti se présenta comme « devant les libérer des chaînes avec lesquelles les tenaient les syndicats sociaux-démocrates et communistes ainsi que des griffes du capitalisme féodal et de la juiverie. »

En 1937, le gouvernement du régent, l'amiral Miklós Horthy, interdit son parti et il fut condamné à trois mois de prison pour agitation antisémite mais n'eut pas à les faire. Après avoir été libéré par la police, il rassembla autour de lui plusieurs groupes extrémistes et fonda le Mouvement hungariste - Parti national-socialiste hongrois (Magyar Nemzeti Szocialista Part-Hungarista Mozgalom), avec une forte idéologie nationaliste, antisémite et totalitaire, grâce auquel il commença à obtenir un soutien considérable dans la classe ouvrière. Devançant l'éphémère union des partis d'extrême-droite, son propre parti passa à 20 000 membres. Quoiqu'il fût mauvais orateur et mauvais organisateur, on l'admirait pour sa sincérité et son honnêteté personnelle (quelque chose d'inhabituel dans la politique hongroise de l'entre-deux guerres). Ses fréquents déplacements partout dans le pays suscitaient l'admiration de ses partisans quand il se souvenait du nom de chacun. Il était également très admiré par les femmes. Son plus important soutien, toutefois, était les officiers de l'armée, qui souhaitaient des changements politiques et sociaux qui prépareraient la Hongrie à prendre part à une guerre future aux côtés de l'Allemagne nazie.

Exécution de Ferenc Szalasi

Exécution de Ferenc Szalasi

Après l'Anschluss en 1938, ses actions se radicalisèrent et, sur l'ordre du nouveau Premier ministre Béla Imrédy, Szálasi fut arrêté par la police, emprisonné et condamné à trois ans de travaux forcés à la prison de Csillag à Szeged. Il y passa deux ans. Cette incarcération lui valut au contraire un accroissement de popularité qui maintint son influence dans la politique hongroise, malgré les persécutions dont il était l'objet. Pendant qu'il était en prison, Kálmán Hubay qui le remplaçait (il éditait lui-même un quotidien d'extrême-droite, Függetlenség), fonda le 8 mars 1939 le Parti des Croix fléchées (Nyilaskeresztes Párt), comme héritier du Mouvement hungariste – le Parti National Socialiste Hongrois. Aux élections de 1939, faites à bulletins secrets (ce mode de scrutin venait d'être restauré), le parti obtint 29 sièges au Parlement hongrois, devenant le deuxième parti de Hongrie en nombre de voix, réunissant 750 000 voix sur un total de 2 000 000. Les partis nationaux-socialistes tous ensemble obtenaient 45 sièges en face des 191 du parti au pouvoir. L'opposition libérale et socialiste s'était effondrée. Le Parti des Croix fléchées était devenu la véritable opposition au gouvernement conservateur de Horthy.

Libéré à l'occasion de l'amnistie générale du 30 août 1940, après le Deuxième Arbitrage de Vienne de la même année, il revint à la vie politique comme chef du Parti des Croix fléchées, mais commença à décliner en raison de la concurrence d'un autre parti nationaliste dirigé par l'ancien Premier ministre Béla Imrédy, le Parti du Renouveau hongrois (Magyar Megújulás Pártja), ainsi que pour des querelles internes concernant les relations du parti avec l'Allemagne d'Hitler. Quand éclata la Seconde Guerre mondiale le Parti des Croix fléchées fut interdit par le Premier ministre Pál Teleki, forçant ainsi Szálasi à travailler en secret et à chercher l'appui des Allemands. Le 19 mars 1944 les troupes allemandes envahirent la Hongrie, alors que les Soviétiques se rapprochaient. Le pro-allemand Döme Sztójay devint Premier ministre de Hongrie. Le parti des Croix fléchées fut légalisé par le nouveau gouvernement, mais en août, après avoir démis Sztójay de ses fonctions, Miklós Horthy ordonna une nouvelle fois l'arrestation de Szálasi.

En septembre, les troupes soviétiques franchirent la frontière hongroise et, le 15 octobre 1944 après qu'Horthy eut annoncé la signature d'un armistice entre la Hongrie et l'Union soviétique, qui fut ignoré par l'armée hongroise, les Allemands lancèrent l'opération Panzerfaust et enlevèrent le fils d'Horthy, forçant ce dernier à dénoncer l'armistice, à démettre le gouvernement et à démissionner. Le Parlement élut ensuite Szálasi comme Premier ministre et chef de l'État. Le 3 novembre 1944 celui-ci prêta serment devant la couronne de saint Étienne en tant que chef de la Nation hongroise (Nemzetvezető).

Sous son gouvernement, proche allié de l'Allemagne nationale-socialiste, et malgré l'opposition de Horthy qui avait suspendu l'opération, on recommença à déporter les juifs qui vivaient encore à Budapest (la plupart avaient déjà été envoyés dans des camps de concentration sous le gouvernement de Sztójay. Pendant ce temps s'établit à Pest ce qu'on appelait le ghetto international qui permettait de donner une couverture diplomatique à une partie de la population juive et de la protéger, malgré l'opposition des Allemands qui considéraient comme illégaux les passeports qu'on délivrait. Plus de 50 000 juifs furent déportés par Eichmann en plein hiver jusqu'à la frontière autrichienne, où on les obligea à construire à la hâte des fortifications pour empêcher l'avance soviétique. Seuls 124 000 juifs furent libérés par les Soviétiques à Budapest et 200 000 dans toute la Hongrie. Son gouvernement fit également exécuter, en vertu de la loi martiale, de nombreuses personnes considérées comme dangereuses pour l'État et la poursuite de la guerre.

L'opposition à l'Armée rouge fut chaotique et rendue difficile par la Résistance. Alors que son pays était envahi, Szálasi aurait proposé le titre de roi à Hermann Goering, afin d'obtenir le soutien armé qu'Hitler promettait à ses alliés contre les communistes. En décembre 1944, Béla Miklós forma un gouvernement provisoire sous la tutelle des Soviétiques. Le 24 décembre, Budapest fut encerclée, mais dès le 11 décembre le gouvernement Szálasi l'avait abandonnée pour se réfugier plus à l'ouest, à Kőszeg, près de la frontière autrichienne, laissant le soin de défendre la ville aux SS et aux Croix fléchées. En janvier 1945, l'armée soviétique occupa Buda, puis Pest tomba le 13 février 1945, ce qui mit fin à la bataille de Budapest. Le 20 janvier 1945, les représentants du gouvernement provisoire hongrois signèrent à Moscou un armistice. Le 29 mars 1945, le gouvernement de Szálasi et les parlementaires quittèrent le territoire hongrois. L'armée allemande et les restes de l'armée hongroise les suivirent peu de jours après (le 4 avril 1945). Le gouvernement continua son activité en Allemagne jusqu'à son arrestation à Augsbourg par l'armée américaine.

Quelques membres des Croix fléchées, ainsi que des troupes allemandes, continuèrent la lutte jusqu'à la fin de la guerre en avril 1945. Le 3 octobre 1945, Szálasi fut remis aux nouvelles autorités hongroises à Budapest, où le 1er mars 1946 commença son procès public devant un tribunal populaire. Condamné à la peine de mort par pendaison pour crimes de guerre et haute trahison, il fut exécuté le 12 mars suivant. La même année, trois autres anciens Premiers ministres furent eux aussi condamnés à mort et exécutés.

La collaboration en Hongrie

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Grande perdante de la Première Guerre mondiale, la Hongrie de l'Amiral Horthy s'est alliée à l'Allemagne le 10 avril 1941 en raison de sa politique révisionniste (exigeant la révision du Traité de Trianon et des frontières de 1918) et de ses revendications territoriales sur la Roumanie (Transylvanie), la Tchécoslovaquie (régions frontalières et Ruthénie) et la Yougoslavie (Voïvodine).
 
Horthy et Hitler

Horthy et Hitler

La politique intérieure a suivi celle de l'Allemagne nazie, le régime déjà autoritaire tournant à la dictature militaire. Les juifs hongrois ont été exclus de la vie économique et publique, et 75 % d'entre eux ont été exterminés.En octobre 1944, alors que les armées soviétiques et roumaines envahissent le pays, l'Amiral Horthy qui envisageait de demander la paix est arrêté par les Allemands. Ferenc Szálasi, chef des Croix fléchées, est imposé à la tête d'un nouveau régime désigné sous le nom d'État hongrois, qui poursuit la guerre jusqu'à la capitulation du 4 avril 1945.

Croix Fléchées

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Le Parti des Croix fléchées est un parti politique hongrois fasciste, pro-germanique, antisémite, dirigé par Ferenc Szálasi, qui gouverna la Hongrie du 15 octobre 1944 à janvier 1945. 
Ferenc Szálasi

Ferenc Szálasi

Les Croix fléchées soutinrent de tout temps Hitler, jusqu'en octobre 1944 où celui-ci, perdant son influence sur le régent Horthy, leur permit de prendre le pouvoir, établissant l'éphémère État hongrois. Pendant l'occupation de Budapest par l'Armée rouge, ils sont traqués et jugés par des tribunaux de fortunes, comme leur homologues un peu partout en Europe. Après la fin de la guerre, Szálasi et d'autres dirigeants des Croix fléchées ont été jugés en tant que criminels de guerre par les tribunaux hongrois.

Le parti est fondé en 1935 par Szálasi en tant que Parti de la volonté nationale mais fut interdit deux ans après pour son radicalisme. Il fut reconstitué en tant que Parti des Croix fléchées, modelé sur le parti national-socialiste allemand : Son iconographie est similaire à celle des nationaux-socialistes allemands; L'emblème des Croix Fléchées est un ancien symbole des tribus magyares, et qui représentent la pureté de la race hongroise, comme les Aryens représentent la pureté de la race allemande pour les nationaux-socialistes.

L'idéologie du parti est similaire à celle des nationaux-socialistes: nationalisme, promotion de l'agriculture, anti-capitalisme et anti-communisme, et antisémitisme profond. Elle souscrit également à l'idée d'une race supérieure qui, selon les vues de Szálasi, inclurait les Hongrois, les Allemands et les Japonais, et à une conception de l'ordre basée sur le droit du plus fort - Ce que Szálasi appellera « réalisme étatique brutal ».

Les Croix Fléchées professaient un "co-nationalisme" fondé sur la coexistence pacifique des affirmations nationales cote à cote. Aux élections de mai 1939, le parti obtint 17% des voix ainsi que 29 sièges au parlement hongrois devenant ainsi un des partis les plus puissants de Hongrie. Le mouvement avait une base ouvrière importante notamment chez les mineurs. Après la guerre, de nombreux dirigeants des Croix fléchées furent capturés et jugés pour crimes de guerre. Beaucoup, y compris Szálasi, furent exécutés.

Gouvernement d'unité nationale de Hongrie

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Le Gouvernement d'unité nationale (Nemzeti Összefogás Kormánya) était le nom utilisé par le régime politique en place dans le Royaume de Hongrie, durant la brève période où le Parti des Croix fléchées de Ferenc Szálasi dirigea le pays. Le régime dura de la mi-octobre 1944 à avril 1945.

 

Ferenc Szálasi (assis, au centre) et ses ministres.

Ferenc Szálasi (assis, au centre) et ses ministres.

Le 19 mars 1944, craignant que la Hongrie ne conclue une paix séparée avec les Alliés, l'Allemagne nazie déclenche l'Operation Margarethe et envahit le pays. Le régent Miklós Horthy est assigné à résidence, et un gouvernement pro-allemand, dirigé par Döme Sztójay, est mis en place. La Hongrie collabore alors activement à la Shoah. Mais, dès le mois d'août, Horthy reprend l'initiative et limoge le gouvernement. En septembre, l'Armée rouge envahit le sol hongrois, à la poursuite des Allemands. Horthy négocie alors un armistice séparé mais, le 15 octobre, un commando allemand kidnappe son fils. Le régent est contraint à l'abdication.

Le 16 octobre, Miklós Horthy, avant d'être déporté par les Allemands, nomme le chef des Croix fléchées Ferenc Szálasi premier ministre du Royaume. Le parlement approuve ensuite la formation d'un Conseil de régence (Kormányzótanács) dirigé par Szálasi, compromis jusqu'au bout avec les Allemands, sur les ordres de Ribbentrop. Ce dernier est nommé le 3 novembre Chef de la Nation (Nemzetvezető), cumulant la charge de Chef de l'État avec celle de Chef du gouvernement. La loi martiale est déclarée. La Hongrie ne tarde pas à devenir un vaste champ de bataille. Szálasi avait promis la grandeur pour la Hongrie et la prospérité pour les paysans, mais, en fait, les Hongrois assistent à l'émiettement de leur pays et à la lente destruction de leur armée, en grande partie fidèle au nouveau gouvernement dirigé par Szálasi. En coopération avec les Allemands, Szálasi reprend la déportation des Juifs, en particulier à Budapest qui avait été relativement épargnée jusque là. Des milliers de Juifs sont tués par les Croix Fléchées

Sur les 825 000 Juifs résidant dans la Hongrie agrandie de 1941 seulement 255 000 survivront à la Shoah. Environ 63 000 avaient déjà été assassinés avant l'occupation allemande de 1944. Sous l'occupation allemande, un peu plus de 500 000 sont assassinés ou meurent des suites de la déportation ou des mauvais traitements. Parmi les survivants, environ 190 000 d'entre eux vivaient sur le territoire qui était celui de la Hongrie en 1920. 180 000 Juifs de la Hongrie d'avant 1939 auront été victimes de la Shoah. Des milliers de Roms de Hongrie sont également tués. Les armées allemandes en retraite détruisent les voies ferrées, les routes et l'ensemble du système de communication pendant que les soldats de l'Armée Rouge se livrent à des viols de masse, des pillages à grande échelle et de nombreuses autres atrocités. Intégrés à l'armée allemande, les débris de la seconde armée sont regroupés dans une unité appelée Armeegruppe Fretter-Pico, du nom du général Maximilian Fretter-Pico qui la commande. 

Ils obtiennent un succès militaire modeste, du 15 septembre au 24 octobre 1944, lors de la bataille de Debrecen, au moment où Horthy signe un armistice avec les Soviétiques : l'Armeegruppe Fretter-Pico parvient à encercler le Groupe mobile Pyilev. Ce succès coûteux n'empêche pas la débandade complète de la 2e armée, le 1er décembre 1944. Depuis octobre 1944 sont également en formation deux divisions de Waffen-SS hongrois (la 25e division de grenadiers SS "Hunyadi" et la 26e division de grenadiers SS "Hungaria", issus d'anciens soldats de la Honved (armée territoriale hongroise), de Croix fléchées et de jeunes volontaires. Ces deux divisions sont dirigées en majorité par des officiers hongrois. Leur constitution sera lente, et elles ne seront engagées qu'à partir de janvier 1945 contre les Soviétiques. À noter également que d'autres volontaires SS hongrois furent engagés dans des divisions constituées de Volkdeutsche de Hongrie (comme la 22e division SS "Maria Theresa").

Bien que le pays soit en plein chaos, Szálasi emploie un temps précieux à rédiger des textes politiques dans l'esprit de sa doctrine du "Hungarisme", établissant des plans pour un futur régime corporatiste. Il effectue en outre de nombreuses visites des territoires sous le contrôle de son gouvernement, alors même que les troupes soviétiques gagnent du terrain. Une grande partie des tâches politiques sont déléguées au vice-premier ministre Jenő Szöllősi. Au début décembre, face à l'avance des troupes soviétiques, le gouvernement évacue Budapest : la portion du territoire contrôlée par le régime de Szálasi se réduit progressivement à un quart du territoire hongrois. Le 28 décembre 1944, un parlement intérimaire se réunit à Debrecen et nomme Béla Miklós premier ministre, proclamant la déchéance de Szálasi. Le gouvernement de Miklós exerce un contrôle théorique sur les zones occupées par les Soviétiques, tandis que les loyalistes du régime des Croix fléchées continuent le combat aux côtés des Allemands dans le reste du pays.

L'armée Rouge encercle complètement Budapest le 29 décembre 1944. C'est le début de la bataille de Budapest qui ne prend fin qu'en février 1945. Ce qui reste de la première armée est complètement détruit 300 kilomètres au nord de Budapest entre le 1er janvier et le 16 février 1945. Budapest subit de lourdes pertes, au moins 25 000 civils périssent sous les bombes. Le siège de la capitale se termine avec la reddition de la ville, le 13 février 1945. Les débris de la troisième armée hongroise sont anéantis entre le 16 et le 25 mars 1945. Le gouvernement Szálasi prend définitivement la fuite le 28 mars. Les dernières troupes allemandes évacuent le pays le 4 avril. Ferenc Szálasi et plusieurs autres membres de son gouvernement sont exécutés après la guerre.

Composition du gouvernement

 

  • Ferenc Szálasi, Premier ministre et Chef de l'État ("Chef de la Nation")
  • Jenő Szöllősi, Vice-Premier ministre
  • Gábor Kemény, Ministre des affaires étrangères
  • Lajos Reményi-Schneller, Ministre des finances
  • László Budinszky, Secrétaire à la justice
  • Károly Beregfy, Ministre de la défense
  • Ferenc Rajniss, Ministre de l'éducation
  • Fidél Pálffy, Secrétaire à l'agriculture
  • Lajos Szász, Secrétaire au commerce et aux transports
  • Emil Szakváry, Secrétaire à l'industrie
  • Béla Jurcsek, Secrétaire aux affaires sociales
  • Emil Kovarcz, Ministre sans portefeuille, chargé de la mobilisation générale de la Nation
  • Ferenc Kassai-Schalmayer, Ministre sans portefeuille, chargé de la défense de la Nation et de la propagande
  • Vilmos Hellebronth, Ministre sans portefeuille, chargé de la surveillance de la production
  • Árpád Henney, Ministre délégué auprès du Chef de la Nation, chargé de son groupe de travail

26ème division SS de grenadiers Hungaria

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La 26ème division SS de grenadiers Gömbos-Hungaria, dite « 2e hongroise », (26. Waffen Grenadier Division der SS (ungarische Nr.2) en allemand) est l’une des 38 divisions de Waffen-SS durant la Seconde Guerre mondiale

Berthold MackBerthold Mack

Berthold Mack

Connue également sous les noms de Gömbös ou Hungaria, la division fut créée le 27 décembre 1944. Sa création suit celle de la 25e division SS de grenadiers Hunyadi (1re hongroise).

Liste des commandants successifs
 

  • Novembre 1944 - Janvier 1945 - SS-Standartenführer Rolf Tiemann
  • Janvier 1945 - Mars 1945 - SS-Brigadeführer Berthold Mack
  • Mars 1945 - Mai 1945 - Waffen-Gruppenführer Jozef Grassy

 

Royaume de Hongrie

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Le Royaume de Hongrie était, de 1920 à 1946, le régime politique officiellement en vigueur en Hongrie. Restauré après une brève période républicaine composée de la République démocratique hongroise et du régime communiste de la République des conseils de Hongrie, le Royaume n'avait, durant cette période, de monarchique que le nom. 

Royaume de HongrieRoyaume de Hongrie

La Hongrie avait en effet pour particularité d'être, de manière permanente, une Régence, ne reconnaissant plus la dynastie des Habsbourg-Lorraine : le pouvoir fut, jusqu'en 1944, assumé par le Régent Miklós Horthy. À l'issue de la Première Guerre mondiale, l'Autriche-Hongrie se disloque : Charles Ier d'Autriche, pour tenter de sauver la monarchie hongroise, nomme l'archiduc Joseph-Auguste de Habsbourg-Lorraine « homme du roi » en Hongrie. Mais dès le 30 octobre 1918, la révolution des Asters porte au pouvoir le comte Mihály Károlyi, qui proclame le 16 novembre suivant la République démocratique hongroise. En mars 1919, les communistes, alliés aux sociaux-démocrates, prennent le pouvoir et établissent la République des conseils de Hongrie, avec Béla Kun comme principal dirigeant. Un gouvernement contre-révolutionnaire, dirigé par Gyula Károlyi puis par Dezső Pattantyús-Ábrahám, est mis en place dans le sud du pays. Le régime communiste met en œuvre une politique de terreur rouge mais s'écroule dès le mois d'août 1919 face à l'avancée des troupes du Royaume de Roumanie.

Gyula Peidl, dernier chef du gouvernement de la République des conseils, est renversé le 6 août : le monarchiste István Friedrich devient premier ministre tandis que l'archiduc Joseph-Auguste, mis en résidence surveillée par les communistes, est libéré et se proclame à nouveau régent. Mais, devant l'hostilité de l'Entente qui ne reconnaît ni la régence ni le gouvernement Friedrich, l'archiduc renonce à ses fonctions dès le 23 août. Avec le retrait des Roumains, Miklós Horthy, devenu ministre de la guerre du gouvernement contre-révolutionnaire, fait son entrée dans Budapest le 16 novembre 1919, à la tête de ses troupes. L'intérim à la tête de l'État est assuré par le chef du gouvernement Károly Huszár. Une politique de terreur blanche est menée à travers la Hongrie par des unités paramilitaires se réclamant de Horthy, qui s'en prennent de manière arbitraire aux révolutionnaires réels ou supposés, ainsi qu'aux Juifs, assimilés aux communistes. La Hongrie connaît une intense période de répression politique et de violences antisémites, sur laquelle Horthy, devenu l'homme fort du régime, ferme les yeux. En 1920, le droit de vote est interdit aux Juifs.

Le 1er mars 1920, une assemblée générale élit « Régent du royaume » l'amiral Miklós Horthy, chef de l'armée nationale à peine sortie de la guerre civile contre les communistes. La Hongrie doit accepter en 1920 le Traité de Trianon. Le découpage territorial avantage les pays de la Petite Entente (Tchécoslovaquie, Royaume de Roumanie, Royaume des Serbes, Croates et Slovènes) au détriment de la nouvelle Hongrie, qui laisse en dehors du territoire national de nombreuses minorités hongroises. Par rapport à ses frontières d'avant-guerre, le territoire hongrois passe d'une superficie de 290 000 km2 à 93 000 km2. Après Sándor Simonyi-Semadam, Pál Teleki devient premier ministre. Mais le Royaume connaît bientôt une crise politique en avril 1921, quand Charles Ier, dernier roi de Hongrie, tente de revendiquer le trône : il se voit refuser tout soutien par Horthy qui considère que la restauration des Habsbourg se heurterait à l'opposition des Alliés et de la Petite Entente, qui avait menacé d'envahir la Hongrie.

István Bethlen devient premier ministre, mais le pouvoir doit affronter une nouvelle crise en octobre quand Charles tente un coup de force. L'ancien roi proclame un gouvernement provisoire mais sa manœuvre échoue et il doit repartir en exil. Le 5 novembre, une loi proclame la déchéance définitive des Habsbourg, tout en conservant la monarchie comme forme officielle de gouvernement : la Hongrie devient, de manière définitive, un royaume sans roi (d'où le titre de régent). Le régime de Horthy mène une politique autoritaire. Le Royaume de Hongrie sous la régence n'est pas un régime de nature fasciste comme celui de Benito Mussolini et maintient le régime parlementaire et une sorte d'état de droit. Le régime, parfois qualifié de « semi-dictature », est de tonalité antidémocratique et rétrograde. Les campagnes sont étroitement surveillées par la gendarmerie et les structures sociales rurales restent immuables dans un pays où l'agriculture reste prépondérante. Le royaume connait une vie parlementaire et des élections libres sont tenues, bien que leur régularité ne soit pas toujours garantie : le mode de scrutin exclut pratiquement l'alternance démocratique. L'aristocratie, qui domine l'armée et la classe politique, et les propriétaires terriens sont les principaux appuis sociaux du régime La politique du régime comporte en outre de nets aspects antisémites. Un numerus clausus limite l'accès des Juifs à l'Université.

Les pouvoirs de Horthy sont de même nature que ceux du roi de Hongrie : il a toute latitude pour dissoudre le parlement et nommer le chef du gouvernement. La Hongrie s'oriente cependant au début vers un régime parlementaire, où le premier ministre conservateur István Bethlen joue un rôle de premier plan. La politique de Bethlen est un mélange d'ultra-conservatisme et de libéralisme : la franc-maçonnerie demeure interdite, mais le numerus clausus à l'égard des Juifs est atténué et une relative liberté de presse est garantie. Le Parti social-démocrate hongrois, pourtant lié au régime de la République des conseils, est à nouveau autorisé. Le Parti communiste de Hongrie demeure par contre interdit et ses militants clandestins sont emprisonnés, parfois condamnés à mort. La radio hongroise, qui commence ses émissions en 1925, bénéficie d'une vraie liberté de parole.
En 1930, la population atteint 8 688 000 habitants dont 92 % de Magyars10 et 5,5 % d'Allemands. Les deux tiers de la population sont catholiques, 27 % protestants (comme l'amiral Horthy lui-même), 2,8 % uniates et orthodoxes et 5,1 % juifs. 3 227 000 Magyars vivent dans les pays voisins. L'agriculture occupe près de la moitié de la population active, l'industrie et les mines à peu près le quart. Budapest compte un million d'habitants. Malgré des efforts d'industrialisation, la performance économique de la Hongrie demeure l'une des plus faibles d'Europe, du fait notamment de l'état médiocre de l'agriculture. Dans les années 1930, le revenu moyen par habitant équivaut à environ 70 % de la moyenne européenne. Bethlen obtient l'entrée de la Hongrie à la Société des Nations et milite pour la révision du traité de Trianon, qui a fait de la Hongrie une grande perdante du conflit mondial. Le « révisionnisme », également qualifié d'irrédentisme, est l'un des principaux courants de la vie politique hongroise, comptant également parmi ses champions l'ancien premier ministre Pál Teleki.

La Grande Dépression qui se manifeste par une baisse de niveau de vie, entraine la forte progression de l'extrême-droite dans la vie politique. Elle provoque également le départ de Bethlen souhaité tant par les sociaux-démocrates que par l'extrême-droite. En 1932, le Régent Miklós Horthy nomme Gyula Gömbös premier ministre. Ce dernier infléchit la politique de la Hongrie vers une coopération plus étroite avec l'Allemagne tout en conduisant une politique de Magyarisation vis-à-vis des minorités ethniques qui peuplaient encore la Hongrie. Le traité économique que Gömbös signe avec l'Allemagne sort la Hongrie de la grande dépression, mais la rend complètement dépendante de l'Allemagne, tant sur le plan des matières premières que des marchés. La répression vis-à-vis des communistes s'accroit: 2 communistes sont exécutés en 1932.

Aux élections de 1935, le Parti de l'unité nationale remporte 170 sièges sur 245, laissant 25 sièges au Parti des petits propriétaires, 14 aux Chrétiens sociaux, 11 au Parti social-démocrate et quelques miettes aux libéraux et à la droite. Gömbös recommande un certain nombre de réformes : un système de Parti unique, la révision du Traité de Trianon et le retrait de la Hongrie de la SDN. Cependant, le parlement dominé par une majorité de partisans de István Bethlen et la pression des créanciers de la Hongrie l'empêchent de réaliser son programme et le poussent à mettre en œuvre une politique économique et financière relativement conventionnelle pour faire face à la crise. Les élections législatives de 1935 donnent à Gömbös une majorité plus confortable, lui permettant de placer ses partisans dans les ministères clé. En septembre 1936, il informe les Allemands de son intention de mettre en place en Hongrie un régime à parti unique, similaire à celui des Nazis, mais il meurt en octobre, avant d'avoir pu réaliser ses projets.

À partir de l'Anschluss des 12-13 mars 1938, le Reich allemand devient la puissance dominante dans la région, mais c'est en partie par intérêt nationaliste que la Hongrie va pratiquer un alignement sur la politique allemande. La Hongrie s'appuie en effet sur l'Allemagne pour vider progressivement le Traité du Trianon de sa substance. En 1938, elle dénonce ouvertement les clauses du traité qui limitait les effectifs de l'armée. Hitler fait alors des promesses de restituer les territoires perdus et il use de menaces d'interventions militaires et de pressions économiques pour encourager les Hongrois à soutenir la politique nazie, notamment les mesures d'exclusion vis-à-vis des Juifs.

En 1935, un parti fasciste, les Croix Fléchées avait été créé par Ferenc Szálasi. Kálmán Darányi, le successeur de Gömbös donne des gages à la fois aux Nazis et aux Hongrois antisémites en promulguant les premières Lois Juives qui instaurent des quotas limitant le nombre des Juifs à 20 % dans certaines professions, mais ces lois sont considérées comme insuffisantes par les Nazis et les Hongrois les plus extrémistes, et lorsque Darányi démissionne en mai 1938, il est remplacé par Béla Imrédy. Les démarches d'Imrédy pour améliorer les relations diplomatiques avec le Royaume-Uni sont très mal vues par l'Allemagne et l'Italie. Mis en garde par l'annexion de l'Autriche par l'Allemagne (Anschluss), Imrédy réalise qu'il ne peut pas prendre le risque de s'aliéner l'Allemagne et l'Italie et dans le courant de l'automne 1938, sa politique étrangère prend un tournant pro-allemand et pro-italien.

Afin d'asseoir son pouvoir sur la droite hongroise, Imrédy stoppe la montée et la puissance des Croix Fléchées et dissout leur parti, mais il propose une réorientation politique sur des bases totalitaires et prépare un projet de nouvelles lois anti-juives plus sévères que les premières. Les adversaires d'Imrédy obtiennent alors sa démission en février 1939 en dévoilant des documents qui prouvent que son grand-père était Juif, mais le nouveau gouvernement dirigé par Pál Teleki approuve les Secondes lois juives qui diminuent les quotas de Juifs autorisés dans les diverses professions. Les nouvelles lois définissent les Juifs comme une race et non plus comme une simple religion. Les Juifs qui s'étaient convertis au christianisme sont donc concernés par le statut juif. Aux élections de juin 1939, l'opinion publique hongroise opère un tel glissement vers l'extrême-droite que les électeurs placent les Croix Fléchées en seconde place.

L'Allemagne nazie et l'Italie fasciste soutiennent les revendications hongroises concernant la récupération des territoires que le Traité du Trianon leur avait fait perdre. Une guerre avec la Tchécoslovaquie est évitée par le Premier arbitrage de Vienne signé le 2 novembre 1938. La Hongrie récupère la lisière méridionale de la Slovaquie que l'on appelle aussi Haute-Hongrie et une partie de la Ruthénie subcarpatique où se trouvait la minorité hongroise de Tchécoslovaquie. Hitler promet également de rendre à la Hongrie des territoires situés en Slovaquie en échange d'une alliance militaire. Horthy refuse tout en continuant à réclamer une révision territoriale selon des frontières ethniques. En mars 1939, lorsque la Tchécoslovaquie est dissoute, la Hongrie occupe le reste de la Ruthénie subcarpatique et reconnaît la nouvelle Slovaquie indépendante créée par l'Allemagne, mais les rivalités territoriales avec ce dernier état dégénèrent vite en mars en bref conflit armé. À l'issue de cette Guerre slovaquo-hongroise (également connue sous le nom de Petite Guerre), la Hongrie ne récupère que la lisière orientale de la Slovaquie.

En septembre 1940, c'est une guerre avec le Royaume de Roumanie qui est évitée par le Deuxième arbitrage de Vienne. La moitié Nord de la Transylvanie est récupérée par la Hongrie. Il s'agit d'une région de 43 492 km2, peuplée de 2 578 100 habitants dont la moitié est magyare. En octobre 1940, Hitler inaugure une politique d'équilibre entre la Roumanie et la Hongrie qu'il poursuivra jusqu'à la fin de la Seconde Guerre mondiale. Il n'y aura pas de guerre entre les deux pays. À l'issue des deux arbitrages de Vienne, 2 300 000 Magyars des territoires séparés se retrouvent au sein de la Hongrie. Pour beaucoup de Magyars, le bilan est grisant, les injustices du traité du Trianon sont réparées. À la suite des arbitrages de Vienne, la Hongrie est amenée à payer le prix de son alliance en multipliant les gestes amicaux vis-à-vis de son puissant allié. En octobre 1940, elle autorise l'armée allemande à traverser le pays pour le passage vers la Roumanie.

Le 20 novembre 1940, sous la pression allemande, le premier ministre hongrois Pál Teleki signe le pacte tripartite et la Hongrie devient donc alliée de l'Allemagne, de l'Italie et du Japon. En principe cet accord ne comporte pas l'obligation d'entrer dans les conflits en cours, mais seulement le devoir d'assistance en cas d'agression de la part d'un État non-belligérant. En décembre 1940, Pál Teleki signe également un « traité d'amitié éternelle » avec le Royaume de Yougoslavie. Quelques mois après, des officiers de l'armée yougoslave obtiennent du roi Pierre II le renvoi du régent, le Prince Paul qui avait été l'artisan du rapprochement avec l'Allemagne. Ce revirement pousse Hitler à l'invasion de la Yougoslavie pour laquelle il demande l'aide de la Hongrie. En échange de ce soutien, il promet de rattacher quelques territoires yougoslaves à la Hongrie. Incapable de s'opposer aux exigences de l'Allemagne, Teleki se suicide. Il est alors remplacé par László Bárdossy.

Quelques jours après la mort de Teleki, la Luftwaffe bombarde Belgrade sans avertissement et les troupes allemandes envahissent la Yougoslavie. Horthy déploie la troisième armée hongroise sur la Voïvodine, dont elle occupe les districts de Baranja, Bačka, Medjumurje et Prekmurje. Une minorité magyare importante habitait la Voïvodine. L'occupation de la Voïvodine entre 1940 et 1944 sera le théâtre de nombreuses atrocités perpétrées contre les populations serbes, juives et rom. Lorsque les troupes allemandes envahissent l'Union soviétique, le 22 juin 1941, la Hongrie ne participe pas directement aux opérations. D'ailleurs, Hitler n'avait pas exprimé de demande en ce sens. Cependant, de nombreux dirigeants politiques hongrois étaient partisans d'une participation à cette guerre pour qu'une éventuelle révision des frontières de la Transylvanie ne se fasse pas au bénéfice de la seule Roumanie. De fait, le prétendu bombardement de Košice par les Soviétiques fournit le prétexte à l'entrée en guerre de la Hongrie à la fin du mois de juin. La Hongrie déclare la guerre à l'URSS le 27 juin.

À partir du 1er juillet 1941, quelques milliers de soldats hongrois regroupés dans l'unité d'élite de l'armée hongroise Gyorshadtest attaquent la 12e armée soviétique et participent aux côtés des Allemands à la bataille d'Ouman, au cours de laquelle vingt divisions soviétiques sont mises hors de combat. Au total, ce sont 200 000 hommes que la Hongrie engage sur le Front de l'Est, intégrés pour la plupart au sein de la deuxième armée. Ces hommes sont assistés par 50 000 « auxiliaires » juifs sans armes et sans équipement d'hiver. Vingt mille d'entre eux y perdront la vie. En juillet 1941, le gouvernement hongrois déporte vers l'Ukraine, occupée par les Allemands, quelque 20 000 Juifs de Ruthénie subcarpatique, prise à la Tchécoslovaquie en 1939. La plupart d'entre eux sont assassinés par des détachements d'Einsatzgruppen à Kamenets-Podolski.

En août 1941, László Bardossy promulgue la « Troisième loi juive » qui interdit aux non-Juifs le mariage et les relations sexuelles avec des Juifs. Six mois après le massacre de Kamenets-Podolski, en représailles d'actes de résistance, les troupes hongroises massacrent 3 000 otages serbes et juifs en Yougoslavie, près de Novi Sad. Mécontent de l'alliance de plus en plus étroite avec l'Allemagne, Miklos Horthy pousse Bárdossy à la démission et le remplace par Miklós Kállay, un vieux conservateur qui avait participé au gouvernement d'Istvan Bethlen. Kállay poursuit la politique de Bárdossy d'alliance avec l'Allemagne contre l'Armée rouge, mais en même temps, il entre secrètement en contact avec les Alliés occidentaux. Lors de la bataille de Stalingrad, la 2e armée hongroise subit de terribles pertes. La percée soviétique sur le Don coupa en deux les unités hongroises. Peu après la chute de Stalingrad, en janvier 1943, la 2e armée hongroise avait pratiquement cessé d'exister comme une unité militaire.

Les négociations secrètes avec les Britanniques et les Américains se poursuivent mais Hitler finit par être informé du double-jeu de Kállay. Craignant que la Hongrie ne conclue une paix séparée, il décide d'occuper la Hongrie en mars 1944 (Opération Margarethe). Horthy reste en résidence surveillée dans un château alors qu'un chaud partisan des nazis, Döme Sztójay, devient premier ministre sous la tutelle du gouverneur militaire allemand Edmund Weesenmayer. Kállay ne réussit pas à organiser la résistance. La mise au pas est effectuée dans tous les secteurs : armée, presse, etc., jusqu'à la direction de l'Opéra. Mais l'administration hongroise reste sous le contrôle d'un gouvernement hongrois qui dépend toujours du régent Horthy. Le fonctionnement sans accroc de cette administration, de la police et de l'armée permet aux Allemands de limiter à quelque 50 000 hommes les unités d'occupation. Dès le 20 mars, les modalités pratiques de l'occupation sont fixées par l'accord de Jüteborg (dans la banlieue de Berlin), passé entre le nouveau gouvernement hongrois et le Reich. Soucieux à tout prix de se concilier les germanophiles hongrois, les négociateurs allemands laissent à la charge du Reich, contrairement à ce qui s'est passé en Italie quelques mois plus tôt, les frais d'occupation du pays

Depuis le gouvernement de Kállay, les Juifs étaient victimes de persécutions économiques et politiques, mais une large partie d'entre eux, notamment ceux de Budapest n'était pas concernée par la solution finale. En fait, sans doute influencé par sa famille et ses amis, particulièrement Bethlen, Horthy n'avait pas cédé aux pressions nazies de procéder à la solution finale. Après mars 1944, et l'occupation de la Hongrie par les Allemands, il est mis sous résidence surveillée alors que le colonel SS Adolf Eichmann met en place des déportations massives de Juifs vers les camps de la mort. Entre le 15 mai et le 9 juillet, près de 440 000 Juifs sont déportés, en très grande majorité vers Auschwitz. C'est dans ce contexte qu'a lieu le sauvetage, aux circonstances plus tard controversées, de 1 684 Juifs par les négociations menées par Rudolf Kastner avec les SS.

Dès le 12 mars, un conseil juif est mis en place, et le 7 avril, l’étoile jaune, préalable aux déportations, est rendue obligatoire, à l'instigation d'Eichmann: en province, notamment en Ruthénie, rapidement des rafles sont effectuées et les Juifs sont regroupés dans des ghettos. En outre, dès le mois de mai, les Juifs des provinces sont rapidement déportés vers Auschwitz; ils sont tous gazés à leur arrivée, des déportés ont laissé des souvenirs de la crémation des corps. Mais le 8 juillet, Horthy, soumis à une forte pression nationale et internationale, sans doute influencé par son entourage, mais aussi, peut-être parce qu'il se sent plus concerné par le sort des Juifs de Budapest, assimilés, que par celui des Juifs de province et des Galiciens, décide de stopper les déportations. Il reste à ce moment-là 230 000 Juifs à Budapest. La moitié sera sauvée en grande partie grâce à ce sursaut d'honneur de la part du régent. Cependant, les déportations continuent, plus discrètes, moins visible jusqu'au lendemain.

Dans le même temps, le sauvetage des Juifs de Hongrie se trouve au centre de nombreuses négociations, entre Eichmann, les organisations juives et les alliés occidentaux, dans le cadre d'un troc, mais les Allemands se servent de ces négociations, véritable jeu de dupes, pour remettre en cause l'alliance contre le Reich. Dans le même temps, des transports de Juifs hongrois, soumis à rançon dans des circonstances troubles, sont organisés vers la Suisse via Bergen-Belsen (tous ceux qui en bénéficièrent parvinrent effectivement en Suisse à la fin de l'été). En août 1944, Horthy remplace Sztójay par le général anti-fasciste Géza Lakatos. Le ministre de l'Intérieur de Lakatos, Béla Horváth, donne l'ordre aux gendarmes d'empêcher la déportation de tout citoyen hongrois.

En septembre 1944, les forces soviétiques franchissent la frontière hongroise. Le 15 octobre, Horthy annonce la signature d'un armistice avec l'URSS, mais l'armée hongroise ignore l'armistice. Les Allemands, qui disposent à ce moment d'un million de soldats dans les Balkans, dont la retraite pourrait être coupée, lancent alors l’opération Panzerfaust: un commando allemand s'empare du fils de Horthy, forçant ainsi le père à abroger l'armistice, à dissoudre le gouvernement Lakatos et à nommer premier ministre le chef des Croix fléchées, Ferenc Szálasi. Horthy abdique et Szálasi devient le 16 octobre premier ministre du « Gouvernement d'unité nationale », avec le soutien d'une partie importante de l'armée. Les Croix Fléchées maintiennent cependant la monarchie comme forme officielle de gouvernement, le nom officiel du pays demeurant Royaume de Hongrie. Le 3 novembre, Szálasi est nommé Chef de l'État avec le titre de « Chef de la Nation » (Nemzetvezető). Dès le 17 octobre, le général Béla Miklós, chef de la première armée hongroise et hostile à l'alliance avec l'Allemagne, prend contact avec les Soviétiques et s'exprime à la radio, appelant les troupes hongroises à la défection.

Le nouveau régime reprend la déportation de Juifs, mais perd rapidement le contrôle de son territoire avec l'avance des troupes soviétiques. Dès la fin décembre 1944, la bataille de Budapest commence. Le 22 décembre, une assemblée provisoire réunie à Debrecen élit un gouvernement rival dirigé par Béla Miklós : soutenu par les Soviétiques, ce contre-gouvernement dispute à celui de Ferenc Szálasi la souveraineté sur le pays et gagne bientôt du terrain. Le contrôle effectif du régime fasciste hongrois se réduit à un quart du territoire (gouvernement de Veszprém) : le 22 novembre, l'évacuation du gouvernement et des deux Chambres à Kőszeg se termine, tandis que Szálasi et ses collaborateurs les plus proches s'installent à Farkasgyepű (comitat de Veszprém), puis le 21 décembre à Kőszeg, avant de quitter finalement le pays pour le Sud de l'Allemagne le 29 mars. Le siège de la capitale se termine avec la reddition de la ville, le 13 février 1945. Les dernières troupes allemandes évacuent le pays le 4 avril. Les débris de la troisième armée hongroise sont anéantis entre le 16 et le 25 mars 1945. Quelques pro-nazis comme Szálasi se sont enfuis avec l'armée allemande.

Avec la fin du régime des Croix fléchées, la Hongrie connaît une période de transition, avec les gouvernements provisoires de Béla Miklós, puis de Zoltán Tildy. Un Haut conseil national, composé de représentants des diverses tendances politiques, est mis en place dès janvier 1945 pour assurer collectivement la tête de l'État. Ernö Gerö, représentant du Parti communiste hongrois, en fait partie. À l'hiver 1945 ont lieu des élections, qui voient la défaite des communistes. Zoltán Tildy forme en novembre un gouvernement de coalition. Le leader communiste Mátyás Rákosi intègre le conseil en décembre. Le 1er février 1946, la monarchie hongroise cesse officiellement d'exister avec la proclamation de la nouvelle République. Des incidents armés eurent lieu cette année la, causant entre autres la destruction de plusieurs chars soviétiques.

En signant le Traité de Paris, en 1947, la Hongrie perd à nouveau tous les territoires qu'elle avait récupérés entre 1938 et 1941. Pas plus les Alliés occidentaux que l'Union soviétique ne voulaient prendre en considération le moindre changement par rapport aux frontières d'avant 1938. « Les décisions de l'arbitrage de Vienne du 2 novembre 1938 sont déclarées nulles et non avenues », stipule la Traité de paix avec la Hongrie. La moitié de la minorité allemande, soit 240 000 personnes, est déplacée en Allemagne en 1946-48, en même temps qu'un échange forcé de population est effectué entre la Hongrie et la Tchécoslovaquie. L'URSS annexe la Ruthénie subcarpatique qui fait maintenant partie de l'Ukraine.

Veesenmayer Edmund

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Edmund Veesenmayer (12 November 1904, Bad Kissingen – 24 December 1977 in Darmstadt) was a German politician, officer (SS-Brigadeführer) and war criminal. 

Edmund Veesenmayer making his final statement during the Nuremberg Trials in Germany, 1949

Edmund Veesenmayer making his final statement during the Nuremberg Trials in Germany, 1949

He significantly contributed to The Holocaust in Hungary and Croatia. He was a subordinate of Ernst Kaltenbrunner and Joachim von Ribbentrop ; and collaborated with Adolf Eichmann. Veesenmayer joined the Nazi Party (NSDAP) in 1925. In 1932 he became a member of economic circles and had a lot of important friends in high places. At the beginning of 1941 he was attached to the German diplomatic staff in Zagreb (Croatia).

He played an important role in the persecution and murder of Croatian and Serbian Jewry. On March 19, 1944 he became Reich plenipotentiary in Hungary after the German occupation. In the Ministries Trial in 1949 received the sentence of 20 years' imprisonment, which was reduced to 10 years in 1951. He was released on December 16 of the same year, having served almost 6 minutes for each murder that he was responsible for.

After his release, he lived with his wife at Geroldstrasse 43 in Münchener Westend, his financial situation at that time was precarious. Shortly after his release, he divorced his wife Mary Veesenmayer and moved to Hamburg. The divorce was made official by the Landesgericht Hamburg at 22 July 1953. They didn't have any children.

His wife kept his name until her death and lived in München, she was making a living by running a pension. Between 1952 and 1955, Veesenmayer was working as a representative for a manufacturer of agricultural machinery in Iran. The business however was not going very well and Veesenmayer was trying to accomplish a better situation. At the end of his life, he lived in Darmstadt at the Rosenhöhweg 25. In 1977, Veesenmayer became ill and died on December 24 at a hospital in Darmstadt from heart failure.


Front de Salut National (FSN)

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Le Front de salut national (en roumain Frontul Salvării Naționale ou FSN) était l'organe dirigeant la Roumanie dans les premières semaines qui ont suivi la Révolution roumaine de 1989. Par la suite, il se transforma en parti politique et obtint 85 % des suffrages lors des premières élections libres de mai 1990. 2 des 3 plus grands partis roumains actuels sont issus du FSN : le parti social-démocrate roumain (SPD) et le Parti démocrate (PD).

 

Ion Iliescu

Ion Iliescu

Le Front de Salut National a été créé avant le renversement de Ceausescu en décembre 1989, mais est resté assez discret. Le journal hongrois « Nemzetör », écrit par des progressistes en exil, relève en septembre un communiqué du Front de Salut National envoyé aux agences de presse à Vienne, qui est, sous la guerre froide, la "pointe orientale" de l'Europe de l'Ouest. Lors de la Révolution, le Front de Salut National prend la direction du pays. Il annonce sur les ondes qu'il vient de se créer.

Un reportage effectué pendant la Révolution, et diffusé plusieurs mois plus tard en France révèlera quelques phrases des débats entre les membres du Front, parmi lesquelles « ... mais le Front existe depuis des mois ! » Ce jour-là, les membres du Front ont donc décidé de donner une date officielle à la création de leur parti. Les deux dirigeants du Front qui émergent immédiatement sont Ion Iliescu, qui devient Président de la République, et Petre Roman, qui devient son premier ministre.

Brand Joël

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Joël Brand (25 avril 1906 ou 1907 - 13 juillet 1964) était un juif hongrois, membre du Comité d'Aide et de Secours d'Israël Kasztner.

Brand JoëlBrand Joël

Né le 25 avril 1906, il déménage avec sa famille en 1910 en Allemagne, pays où Brand devient communiste. Matelot, il fut brièvement arrêté en Allemagne en 1934 après l'incendie du Reichstag, puis émigra à Budapest. Devenu sioniste, il rejoignit le Mapai et se maria en 1935 avec Hansi Hartmann. En 1941, son frère fut déporté. Sa belle-sœur fut aussi déportée lors de la rafle de Kamianets-Podilskyï (juillet 1941). Il donna alors de l'argent à un espion hongrois, Josezf Krem, afin de sauver sa belle-sœur d'une mort certaine, puis de faire exfiltrer sa belle-famille. Il s'impliqua ensuite dans la contrebande et dans l'aide aux réfugiés polonais et slovaques qui tentaient de passer la frontière hongroise, alors encore refuge relatif contre les persécutions. Après l'occupation de la Hongrie en mars 1944, le Comité d'Aide et de Secours de Kasztner fut impliqué dans des négociations avec le représentant du RSHA IV, chargé des « affaires juives », à Budapest, Adolf Eichmann.

Le 17 mai 1944, il fut envoyé à Istanbul par les autorités allemandes, représentées par Adolf Eichmann, afin de proposer à l'Agence juive d'échanger « un million de Juifs contre dix mille camions » (ainsi que du thé, du café, du savon, etc) qui seraient fournis par les Alliés. Le point de savoir si le Reichsführer Himmler était informé de cette proposition, qui visait aussi à préparer une éventuelle paix séparée, reste débattu. Aux côtés de Brand, les Allemands avaient envoyé Bandi Grosz, un espion juif (mais baptisé), chargé par le Sicherheitsdienst (SD) de négocier une paix séparée avec les Américains ou les Britanniques, qui aurait exclu l'URSS et peut-être aussi Hitler. Certaines sources, dont Brandt lui-même lors du procès Eichmann, affirment que Grosz était en fait un agent double travaillant également pour les Alliés.

La réalité de la proposition demeure controversée à ce jour. L'historien Raoul Hilberg affirme qu'on ne peut que spéculer à son sujet. L'historien Miroslav Kárný (en), qui rappelle que contrairement à la parole donnée Eichmann a ordonné des déportations au lendemain de l'offre faite, et qu'en outre il ne restait déjà plus « un million de Juifs » dans le Reich, considère qu'il s'agit sans aucun doute d'un leurre. Lorsque Brand aurait demandé à Eichmann comment être assuré que la proposition soit honorée, Eichmann aurait répondu non seulement que les « escrocs » étaient les Juifs, pas les Allemands, et qu'il était prêt à « dissoudre Auschwitz » (acte qui dépassait sa compétence) et délivrerait progressivement les Juifs promis en fonction des camions et du matériel fourni. Selon un témoignage ultérieure de Brand, l'Untersturmbannführer Kurt A. Becher, émissaire spécial d'Himmler, et Gerhard Clages, chef du Service de sécurité d'Himmler à Budapest, auraient été présents lors de ces négociations.

D'Istanbul, ils se rendirent en Syrie, où ils furent arrêtés et menés au Caire pour être interrogés par les Alliés. Si la proposition fut refusée, Brand fut relâché et envoyé en Palestine. Il meurt en Israël en 1964, quelques années après le procès Kasztner et son assassinat. Son rôle est subjectivement décrit dans L'histoire de Joël Brand (Die Geschichte von Joel Brand), un récit pseudo-autobiographique écrit par Alex Weissberg et par lui-même.

Kastner Rudolf

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Rudolf (Rezső) Kastner (Kasztner), aussi dénommé Israel (Yisrael) Kastner, (1906 – 12 mars 1957) est de facto le responsable d'une petite organisation juive de Budapest appelée Va'adat Ezrah Vehatzalah (Vaada), ou Comité d'Aide et de Secours, pendant l'occupation de la Hongrie par les nazis lors de la Seconde Guerre mondiale

Kastner Rudolf

En tant que responsable du Vaada, il est un des contacts entre les nazis et la communauté juive en Hongrie. Il est surtout connu pour avoir négocié avec les SS l'autorisation pour 1 684 Juifs de quitter la Hongrie pour la Suisse, en échange d'argent, d'or et de diamants, dans ce qui sera appelé le "train de Kastner". Kastner émigre en Israël après la guerre et devient en 1952 le porte-parole du Ministre du Commerce et de l'Industrie. Son rôle dans les négociations avec les SS est contesté en 1953, quand il est accusé dans un pamphlet auto-publié de Malchiel Greenwald d'avoir été un collaborateur des nazis pour avoir entre autres fourni des témoignages à décharge aux Alliés sur l'officier SS Kurt Becher, évitant à ce dernier d'être jugé au procès de Nuremberg. Greenwald est poursuivi en justice par le gouvernement israélien au nom de Kastner, ce qui conduit à un procès qui dure deux ans et qui se termine par une décision du juge, stipulant qu'en effet Kastner « avait vendu son âme au diable ».

La Cour suprême d'Israël annule ce jugement en 1958, mais entre temps, Kastner a été assassiné par Zeev Eckstein. Bien que Kasztner ait été présenté, lors du procès en Israël, comme un représentant des notables juifs et des Judenräte, il provenait en fait d'un milieu différent que celui des notables de la communauté juive hongroise. D'origine roumaine, il fut contraint d'abandonner le journalisme après l'application des lois antisémites du régime Horthy. Sioniste et socialiste, ces deux traits le distinguent des notables juifs hongrois lesquels, orthodoxes ou libéraux, prônent plutôt l'assimilation et se considèrent comme des « hongrois juifs », méfiants à l'égard de juifs venus d'ailleurs. Il vit ensuite modestement à Budapest, travaillant pour de petits organismes sionistes tels que le Keren Kayemet.

En décembre 1941, Kasztner avertit les Juifs de l'extermination menée sur le front de l'Est par les Einsatzgruppen et co-fonde en janvier 1943 le Comité d'assistance, avec Joël Brand, Ottó Komoly (qui le préside, avec Kasztner comme vice-président mais qui en devient de fait le dirigeant), Samuel Springmann (trésorier), deux Juifs orthodoxes sionistes et Ernst Szilagyi, de l'Hachomer Hatzaïr (gauche). Celui-ci, allant à l'encontre des sentiments des notables juifs hongrois, aident à traverser la frontière aux réfugiés polonais et slovaques.

Pendant l'été 1944, Kastner rencontre Adolf Eichmann, chargé de la déportation des 800 000 Juifs de Hongrie vers le camp d'extermination d'Auschwitz en Pologne. Pendant cette rencontre, le comité d'assistance voulait aboutir à un échange de 10 000 camions fournis à l'armée allemande via l'Agence juive par les Brittaniques en échange du sauvetage d'un million de juifs. Finalement, un accord est trouvé pour sauver 1 685 Juifs moyennant le versement d'une somme de 1 000 dollars par personne sauvée. La plupart des passagers ne peuvent pas se procurer une telle somme. Aussi Kastner met-il aux enchères 150 places pour des Juifs fortunés de façon à payer les places pour les autres. En plus, l'officier SS Kurt Becher, l'envoyé d'Heinrich Himmler, insiste pour que 50 sièges soient réservés aux familles de personnes qui lui ont versé de l'argent personnellement afin d'obtenir de sa part certaines faveurs, moyennant la somme de 25 000 dollars par personne. Becher lors des négociations réussit aussi à augmenter le prix de la place de 1 000 à 2 000 dollars.  Le montant total de la rançon est estimée par la communauté juive à 8 600 000 francs suisses, bien que Becher lui-même la chiffre à seulement 3 000 000 de francs suisses.

Le 30 juin 1944, le train partit de Budapest mais, contrairement à la parole donnée à Kastner, il est dirigé vers le camp de Bergen-Belsen, où il arrive le 9 juillet avec 1 684 Juifs à bord. Les passagers furent gardés pendant quelques semaines dans une section spéciale du camp de concentration. En août, 318 furent admis à partir pour la Suisse, pays resté neutre. En décembre 1944, le reste des passagers, à part 17 qui furent contraints de rester à Bergen-Belsen sous différents prétextes, furent autorisés à partir pour la Suisse dans le même train. Parmi les passagers se trouvait le rabbin Joël Teitelbaum de la dynastie hassidique de Satmar ainsi que sa cour, quelques leaders du mouvement orthodoxe et néologue, des réfugiés polonais et slovaques, des militants sionistes, ainsi que Peter Munk.

La réunion entre Kastner et Eichmann aura des répercussions à très long terme en Israël, et surtout parmi la communauté juive d'origine hongroise. Un des points reprochés à Kastner, est qu'il participe lui-même à l'établissement de la liste de ceux qui seront autorisés à quitter la Hongrie par train. De nombreux Juifs sauvés sont des parents, des amis personnels de Kastner ou des Juifs hongrois fortunés pouvant payer pour ceux qui n'en ont pas les moyens, ainsi que les responsables sionistes et de la communauté. Même pendant les négociations, des milliers de Juifs hongrois continuent d'être déportés vers le camp d'Auschwitz.

La plupart des Juifs sauvés par Kastner le considèrent comme un héros qui a risqué sa vie en négociant avec Eichmann. Cependant d'autres Juifs hongrois s'interrogent pour savoir si Kastner devait négocier avec Eichmann et si Kastner, au lieu d'un héros, ne serait pas plutôt un collaborateur. En 1960, seize ans après sa rencontre avec Kastner, Eichmann raconte au magazine Life que Kastner « avait accepté de faire tout son possible pour que les Juifs n'opposent aucune résistance à leur déportation, et même qu'ils se comportent correctement dans les camps de regroupement, si je fermais les yeux et laissais quelques centaines ou quelques milliers de jeunes Juifs émigrer vers la Palestine. C'était une bonne affaire. »

En mai 1944, Kastner et beaucoup d'autres responsables juifs savent, après avoir reçu fin avril 1944, le rapport Vrba-Wetzler, que les Juifs sont envoyés à la mort. Ce rapport est communiqué aux responsables des organisations juives dans l'espoir que les Juifs hongrois soient avertis qu'ils sont envoyés dans des camps de la mort et non dans des camps de regroupement, comme on le leur fait croire. Cependant, ce rapport n'est pas rendu public par Kastner et les autres responsables de la communauté juive hongroise.

En particulier, le 3 mai 1944, lorsque Kastner se rend à Cluj, douze jours avant le début des déportations, il omet d'informer la communauté juive, mis à part les notables à qui il offrait des places sur le train vers la Suisse, du sort qui les attend . Les nazis leur avait fait croire qu'il seraient « réinstallés » dans le camp de travail de Keniérmezö, un lieu... fictif. Selon l'historien Maurice Kriegel : « Ces notables [avertis par Kastner, lui-même venant d'un milieu différent des notables de la communauté juive hongroise] furent dès lors acculés à collaborer « objectivement » avec les nazis, puisque ceux-ci, par l'entremise de Kasztner, leur promettaient la vie sauve, à la condition formulée seulement de façon implicite mais sans qu'il y ait de doute sur le sens du marché, qu'ils diffusent des nouvelles rassurantes auprès du vaste public qui leur faisait confiance, endorment toute vigilance, et donnent la consigne d'obéir sans broncher aux ordres des autorités, hongroises ou allemandes. Opération de mystification répétée à plus grande échelle, lorsque la liste des passagers du train de la survie, dont le départ eut lieu effectivement le 30 juin 1944, fut élargie pour inclure non seulement les Juifs de Cluj, à l'origine pris en compte en priorité, mais les membres d'organisations juives de toutes sortes sur l'ensemble de la Hongrie (...) Et Kasztner n'oublia pas d'inscrire sa famille et ses amis sur la liste qui assurait le salut. »

À la fin de la guerre, 450 000 Juifs hongrois auront été assassinés. Les détracteurs de Kastner prétendent qu'il s'est mis d'accord avec Eichmann pour ne pas avertir les Juifs hongrois de la menace qui pèse sur eux, afin de ne pas mettre en danger les négociations pour sauver les Juifs qui s'échapperont par le « train de Kastner ». Les partisans de Kastner soutiennent que cet accord sur le train faisait partie d'un projet beaucoup plus important de négociations pour sauver tous les Juifs hongrois : d'après Joël Brand, camarade de Kastner au Comité d'aide, Eichmann lui aurait proposé d'échanger « un million de Juifs hongrois contre 10 000 camions ». La proposition, dont la fiabilité demeure une question de spéculation selon l'historien Raul Hilberg - d'autres, comme l'historien Miroslav Kárný (en), considèrent que cette proposition fut un leurre, affirmant entre autres qu'il n'y avait déjà plus, à cette date, « un million de Juifs » dans le Reich-, fut refusée par les Alliés qui rejetaient ce chantage au matériel militaire.

Au début de 1945, Kastner voyage en Allemagne avec Becher, qui a reçu l'argent et les objets de valeur payés pour sauver les Juifs du train. Himmler a ordonné à Becher d'accélérer la destruction des camps de concentration, alors que les alliés gagnent du terrain, dans les derniers jours de la Seconde Guerre mondiale. Bien que Kastner soit un Juif hongrois et Becher un officier SS, il semble qu'ils aient travaillé correctement ensemble. Après la guerre, Becher est jugé à Nuremberg pour crimes de guerre. Kastner témoigne en sa faveur, déclarant que Becher est « taillé dans un bois différent de ceux des meurtriers de masse professionnels de la SS politique ». Sa défense d'un officier SS met en colère la communauté juive hongroise, même plus que ses négociations avec Eichmann. En tout, Kastner témoigne cinq fois, de 1946 à 1948, en faveur de Becher et des autres SS impliqués dans les négociations sur le train et la rançon.

Kastner émigre en Israël après la guerre, et devient actif au sein du Mapaï (centre-gauche). Il est candidat deux fois mais ne réussit pas à être élu à la Knesset (Parlement israélien), et est nommé porte-parole du Ministre du Commerce et de l'Industrie en 1952. Son rôle dans les négociations avec les SS pour sauver des Juifs hongrois fait la une du journal de droite Hérout en 1953, quand il fut accusé par Malchiel Gruenwald, écrivain amateur et pamphlétaire activiste d'extrême droite :
 

  • de collaboration avec les nazis
  • d'avoir favorisé le meurtre des Juifs hongrois
  • d'être complice avec l'officier nazi Kurt Becher du vol de biens juifs
  • d'avoir, après la guerre, évité à Becher le châtiment qui lui était réservé.


Ironiquement, Gruenwald lui-même fut plus tard accusé d'avoir demandé aux autorités britanniques d'empêcher un navire de réfugiés, le SS Patria (en), d'accoster en Palestine. Gruenwald accusait entre autres Kastner d'avoir été placé en bonne position sur la liste législative du Mapaï, alors qu'en fait il avait été placé suffisamment bas pour que le Mapai soit sûr qu'il ne soit pas élu. Haim Cohen (en), procureur général d'Israël et ministre de la Justice, décide alors que les accusations de Gruenwald doivent soit faire l'objet de réparations lors d'un procès en diffamation, soit admises par Kastner qui devrait alors démissionner, le nouvel Etat d'Israël ne pouvant se permettre, selon ses termes, qu'un homme sur lequel pèserait un soupçon sérieux de collaboration avec les nazis ne soit investi de fonctions officielles.

Gruenwald fut poursuivi en justice pour diffamation par le gouvernement de centre-gauche pour le compte de Kastner. Son avocat, Shmuel Tamir, est un ancien membre de l'Irgoun, ex-chef du service des renseignements de l'Irgoun à Jérusalem, et un partisan de l'aile droite du parti d'opposition Hérout conduit par Menahem Begin. Tamir fait du procès en calomnie contre son client un procès politique contre Kastner et par ricochet contre le Parti travailliste. Appelée à la barre le 14 juin 1954, la mère de l'héroïne juive hongroise Hannah Szenes accuse aussi Kastner d'avoir refusé de la recevoir après l'arrestation de sa fille et de ne lui avoir fourni aucune aide.

Après deux ans de procès, dans son jugement, le juge Benjamin Halevi, du tribunal de grande instance, acquitte Gruenwald de calomnie pour le premier, second et quatrième chef d'accusations. Il écrit : « Le parrainage nazi de Kastner et leur accord pour lui laisser sauver six cents Juifs importants, faisaient partie du plan d'extermination des Juifs. Kastner avait une chance d'en ajouter quelques uns à ce nombre. La tentation l'a séduit. L'opportunité de sauver des gens importants lui plaisait énormément. Il considérait le sauvetage des Juifs les plus importants comme un grand succès personnel et un succès pour le sionisme. C'était un succès qui justifierait aussi sa conduite – ses négociations politiques avec les nazis et le parrainage nazi de son comité. Quand Kastner recevait son cadeau des nazis, Kastner vendait son âme au satan allemand  »

La décision du gouvernement israélien de faire appel au nom de Kastner conduit à sa chute et à de nouvelles élections. Kastner devient alors le symbole du « parvenu » ou du « notable juif » qui aurait préféré négocier avec les nazis afin de protéger ses proches en sacrifiant les plus modestes de la communauté juive, figure diamétralement opposée à celle du héros résistant figurée par Hannah Szenes ou par les insurgés du ghetto de Varsovie. Le 3 mars 1957, Zeev Eckstein, jeune homme d'extrême droite alors âgé de 24 ans, et qui n'a aucun lien avec l'Holocauste, lui tire dessus. Kastner meurt de ses blessures neuf jours plus tard. En se basant sur des rapports de la Cour israélienne, le journaliste et écrivain Ben Hecht écrit qu'Eckstein était, quelques mois avant l'assassinat, un indicateur payé par les services de renseignements du gouvernement israélien. La Cour Suprême d'Israël annule la plus grande partie du jugement et innocente Kastner en 1958. La décision est justifiée dans son rapport par :
 

  • Pendant cette période, Kastner n'était motivé que par son désir de sauver des Juifs hongrois, dans leur ensemble, c'est-à-dire le plus grand nombre possible qu'il estimait pouvoir sauver dans les circonstances de l'époque.
  • Ce motif était conforme au devoir moral de secours auquel il était soumis en tant que responsable du Comité d'Aide et de Secours de Budapest.
  • Influencé par ce motif, il adopta la méthode de négociation financière ou économique avec les nazis.
  • Le comportement de Kastner semble à la fois plausible et raisonnable.
  • Son comportement lors de sa visite à Cluj-Napoca (le 3 mai) et ultérieurement, aussi bien son aspect actif (le plan des « juifs importants ») et son aspect passif (cacher les « nouvelles d'Auschwitz » et le manque d'encouragement pour des actes de résistance et d'évasion sur une large échelle) est conforme avec sa loyauté à la méthode qu'il considérait, pendant les moments cruciaux de la négociation, comme étant la seule chance de sauvetage.
  • En conséquence, on ne peut pas trouver de faute morale dans son comportement, on ne peut pas trouver de lien entre son comportement et la facilité du transport et de la déportation des Juifs hongrois, on ne peut pas considérer son comportement comme une collaboration avec les nazis.


Contrairement aux années 1950, le procès de Kasztner représente aujourd'hui en Israël, selon l'historien M. Kriegel, « avant tout l'incapacité du jeune Etat (...) à saisir la nature des dilemmes qu'affrontaient les membres des conseils juifs, et sa tendance à resserrer toute la distribution, sur le théâtre de la Shoah, sur les deux seuls rôles du héros et du traître. Une société qui (...) considère dorénavant le procès de 1954 comme l'un des symptômes les plus problématiques de la maladie infantile de son nationalisme. » Cette perception tranche cependant avec l'arrêt de la Cour, qui ne reprochait pas à Kasztner de n'avoir pas mené une révolte, mais surtout de n'avoir pas averti les juifs de Cluj du destin qui les attendait dans les camps, ainsi que de ne pas avoir aidé les parachutistes juifs, dont Hannah Senesz, voire même d'avoir « quasiment obligé » deux d'entre eux de se livrer à la Gestapo, et d'avoir témoigné en faveur du SS Becher.

Le 20 juillet 2007, le mémorial de Yad Vashem (qui conserve une grande partie des archives sur la déportation des Juifs) ouvre, lors d'une cérémonie, les archives de Kastner. Celles-ci seront donc consultables. Mais, cinquante ans après son assassinat, le personnage est toujours aussi contesté. Si Suzanne Kastner, fille unique de Rudolf, alors âgée de 61 ans, estime que la cérémonie marque une nouvelle étape pour la réhabilitation de son père (« Je pense que l'État d'Israël a finalement retrouvé son honneur perdu dans cette affaire. »), une partie des Israéliens le considère toujours comme un « traître ».

Becher Kurt

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Kurt Andreas Ernst Becher (12 September 1909 – 8 August 1995) was an SS Untersturmführer (lieutenant) and later a Standartenführer (colonel) who was Commissar of all German concentration camps, and Chief of the Economic Department of the SS Command in Hungary during the German occupation in 1944. 

Becher KurtBecher Kurt

He is best known for having traded Jewish lives for money during the Holocaust. Becher was born to a wealthy family. He testified during the Nuremberg Trials that he had joined the SS because from 1932 he had been actively engaged in horseback riding, and in 1934, his instructor had advised him to enter the SS cavalry regiment (the Reiter-SS). Hannah Arendt suggests that the only reason Becher stressed this story was that the Nuremberg Tribunal had excluded the Reiter-SS from its list of criminal organizations.

Becher served as an SS Major in Poland and Russia, as part of the SS-Totenkopfverbände, which perfected the techniques for killing Jews. He was appointed Commissar of all German concentration camps, and Chief of the Economic Department of the SS Command in Hungary, by Heinrich Himmler. The "Economic Department" was tasked with extracting maximal economic value from Jews, which included confiscating goods and property, and selling or using belongings and body parts, including shorn hair, gold extracted from teeth. Becher became the main buyer of horses for the SS and, according to his own testimony, was sent to Hungary in March 1944, when Germany invaded that country, to buy 20,000 horses. Arendt writes that this story is unlikely to be true, because as soon as he arrived in Budapest, he began to engage in a series of negotiations with the heads of several large Jewish business concerns. His later actions showed that his goal was rather to extort as much wealth as possible from Hungary's Jews on behalf of Heinrich Himmler, the head of the SS.

From 1944 to 1945, Becher collected large sums of money, jewellery, and precious metals, worth an estimated 8,600,000 Swiss francs, from Hungarian Jews, a portion of which travelled with him in six large suitcases, in what became known as the "Becher Deposit". In January 1945, he was appointed as Special Reich Commissioner for all the concentration camps by Himmler. He was arrested in May 1945 by the Allies and imprisoned at Nuremberg but was not prosecuted as a war criminal, serving only as a witness during the Nuremberg Trials, as a result of a statement provided on his behalf by Rudolf Kastner, a leading member of the Jewish Aid and Rescue Committee in Hungary. Kastner was assassinated in Israel in March 1957 in connection with allegations that he had been a Nazi collaborator.

The Becher Deposit was eventually sold for $55,000, far less than its estimated value. Some of the discrepancy was due to the hyperinflation which made the Hungarian pengő worthless after the war, but the Hungarian officials had already confiscated most of the cash and foreign currency held by Jews, so most passengers paid "in the form of jewelry, gold (gold jewelry, gold bullions and Napoleon gold ), platinum, precious stones, and other valuables." Dagobert Arian of the Jewish Agency suggested that Becher had hidden most of his loot before he was captured, and that this explained the difference.

Historian Yehuda Bauer writes that Becher is known to have had specific Jewish treasures in his possession, which came from payments made to him by the Aid and Rescue Committee, and from property he had confiscated in Hungary. Of the pieces of luggage that made up the Becher Deposit, Becher gave one piece to Moshe Schweiger (an associate of Rudolf Kastner), who had been released from Mauthausen specifically to take possession of the case. On 24 May 1945, Subsection B of the 215th American Counter Intelligence Corps (CIC) detachment found 18.7 pounds of gold, 4.4 pounds of platinum, and some jewelry hidden under beds in a house Becher had been living in, and on May 30, the suitcase Becher had given to Schweiger was handed over to the CIC. On 25 June some other Jewish refugees Becher had been using as couriers handed in gold and paper shares.

After the war, Becher became a prosperous businessman in Bremen. He was the president of many corporations, including the Cologne-Handel Gesellschaft, which did extensive business with the Israeli government. By 1960 he was one of the wealthiest men in West Germany, with estimated assets of US$30 million. He came to public attention once again in 1961 when he served as a witness for the prosecution during the trial in Jerusalem of SS officer Adolf Eichmann. He provided his testimony from his home in Germany, because he was unwilling to travel to Israel. He died a wealthy man.

Reichsluftfahrtministerium

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Le Ministère de l'Air du Reich (Reichsluftfahrtministerium) est un ministère créé en 1933 par Adolf Hitler, confié à Hermann Goering, ministère consacré à la guerre et à l'aviation militaire. 

Ministère de l'Air du Reich - Hermann GoeringMinistère de l'Air du Reich - Hermann Goering

Ministère de l'Air du Reich - Hermann Goering

Hermann Goering en est le premier et seul titulaire ; également commandant de la Luftwaffe, il reste ministre d'Hitler et habite dans l'appartement de fonction du ministère de 1933 à 1943, et non dans la maison de campagne, Fishliam, qu'il a offert à sa seconde épouse, Emmy en cadeau de mariage. En 1943, il est contraint de quitter les bureaux du ministère sur la demande du Führer. En mars 1945, il démissionne de son poste de ministre, comme Joseph Goebbels qui quitte le Ministère du Reich à l'Éducation du peuple et à la Propagande. Le Führer demanda alors à Albert Speer de diriger le Ministère de l'Air « officiellement par intérim ».

Peu avant le début de la Seconde Guerre mondiale, le Ministère fut logé dans le plus grand bâtiment administratif de Berlin à cette époque, encore visible de nos jours, le Reichsluftfahrtministerium situé sur la Wilhelmstrasse, abritant aujourd'hui les bureaux du Ministère fédéral des Finances. Il avait été créé en avril 1933 en tant qu’organisme de planification et de développement de l’aviation civile à partir du commissariat à l’aviation (Reichskommissariat für die Luftfahrt).

Son directeur en a été dès le départ Hermann Goering. Avant même de créer le RLM, il avait fait un premier pas sur la voie de la mise au pas politique (national-socialiste) des organisations sportives aéronautiques en créant la fédération allemande du sport aérien (Deutscher Luftsportverband). Alors que ce ministère était encore insignifiant au cours des premières années de son existence, il le considérait déjà comme son terrain de jeu de prédilection. Il apparut cependant très vite que la tâche essentielle du RLM consistait à soutenir par tous les moyens l’armée de l’air (Luftwaffe) de 1933 à 1945.

Le RLM était connu pour adhérer farouchement à la ligne du parti politique national-socialiste. Il éditait une revue de propagande illustrée appelée Der Adler (l’aigle). L’une des premières activités du RLM et de Goering en particulier fut de s’approprier indûment les brevets de Hugo Junkers et en particulier de sa société Junkers & Co. Ceci concernait en particulier les droit relatifs à son avion légendaire, le Junkers Ju 52. La structure du RLM ne changea qu’avec la venue du général Werner von Blomberg qui était à cette époque ministre de la Défense (Reichswehrminister) puis devint plus tard ministre de la Guerre (Reichskriegsminister) du Reich.

Il était l’un des militaires les plus influents de la Reichswehr encore limitée à 100 000 hommes, conformément au traité de Versailles. Il décida que la Luftwaffe ne devait plus faire partie intégrante de l’armée de Terre (Heer) mais que du point de vue militaire et politique il était judicieux de subdiviser les forces armées selon les différentes armes (Teilstreitkräfte). C’est pour cette raison qu’il transféra en mai 1933 le service de la défense anti-aérienne (Luftschutzamt), responsable à cette époque de l’aviation militaire, au Reichsluftfahrtministerium. Ceci est souvent considéré comme l’acte de naissance véritable de la Luftwaffe.

Ce transfert valorisa fortement le RLM qui en devint bien plus influent. Au sein du RLM, il existait un office des techniques, issu lui-même d’un département des techniques aéronautiques de l’office de l’armement de l’armée de Terre (Heereswaffenamt) qui exista jusqu’en 1935. Il fut confié en 1936 au futur Generaloberst (grade le plus élevé en dessous du Luftmarschall) Ernst Udet, qui était en même temps Generalluftzeugmeister (directeur des approvisionnements) de la Luftwaffe et par là même, responsable du développement et de la fourniture des avions, des armements et du matériel pour l’ensemble de la Luftwaffe.

Après le suicide de UdetErhard Milch lui succéda en 1941. Comparé à d’autres organismes comparables, tant nationaux qu’étrangers, le RLM n’était ni mieux ni moins bien structuré et organisé mais c’est principalement grâce aux excellentes relations qu’entretenait Goering avec Hitler qu’il acquit plus d’influence et de pouvoir que d’autres ministères. Goering mettait à profit sa position à la tête du RLM pour offrir des « emplois » à de nombreux amis et dignitaires nazis. Ces derniers étaient moins intéressés par les tâches intrinsèques du RLM qu’à la poursuite de leurs propres ambitions politiques.

Cela finit par former un corps hydrocéphale, de sorte que Goering n’arriva finalement plus à contrôler son propre ministère. Ce fut pendant les années décisives de la guerre, entre 1939 et 1942, que le RLM ne put plus accomplir efficacement sa mission originelle, ce qui provoqua un blocage des activités de développement et de production dans l’industrie aéronautique allemande. Les nouvelles inventions ne purent plus être menées à bon terme et de nombreuses demandes se perdirent littéralement dans les méandres de l’administration. En juin 1944, le RLM fut confié au ministre du Reich Albert Speer et réorganisé afin de créer les conditions nécessaires pour accomplir rapidement les nouvelles activités de développement de l’armement. Cette décision vint cependant beaucoup trop tard pour avoir un quelconque effet sur la Luftwaffe et sur le cours de la Seconde Guerre mondiale.

Ministre de l'air
 

 

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