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Vergès Jacques

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Jacques Vergès, né le 5 mars 1925 à Ubon Ratchathani au Siam (actuelle Thaïlande) et mort le 15 août 2013 à Paris, est un avocat français. Il est célèbre pour ses convictions anticolonialistes, pour son passé de résistant, et pour avoir défendu des personnes ayant commis des crimes particulièrement graves, tel que l'auteur de crimes contre l'humanité Klaus Barbie lors de son procès à Lyon en 1987.

Vergès Jacques

Fils de Pham Thi Khang, institutrice vietnamienne, et du docteur Raymond Vergès, consul de France à Ubon Ratchathani (Siam), Jacques Vergès est le frère jumeau de l'homme politique Paul Vergès. À compter de la mort de leur mère survenue alors qu'il a trois ans, il vit à la Réunion, où une partie de ses ancêtres sont établis depuis la fin du XVIIe siècle et effectue parfois depuis cette île quelques brefs séjours à Madagascar. La famille s'installe d'abord à Saint-Denis, puis à Hell-Bourg et enfin à Saint-André. Il est sensibilisé très tôt à la politique : à l'âge de douze ans, il participe avec son frère à un grand défilé du Front populaire qui le marquera, au Port. Sa jeunesse est en outre l'occasion de fréquenter de futurs dirigeants. Enfant, il a pour camarade de classe la future épouse de l'homme politique Pierre Lagourgue. Plus tard, il est scolarisé au lycée Leconte-de-Lisle dans la même classe que Raymond Barre, à qui il dispute la place de premier.

Il obtient son bac à seize ans et sa première année de droit l'année suivante. Il quitte la Réunion à 17 ans et demi pour s'engager dans la Résistance en 1942 puis passe en Angleterre, où il s'engage dans les Forces françaises libres (FFL) le 22 janvier 1943. Plusieurs fois médaillé, il se bat notamment en Algérie, au Maroc, en Italie puis en France avec le grade de sous-officier. Il reste toujours profondément gaulliste et attaché à la personne du Général, on parle même de gaullo-communisme pour le qualifier idéologiquement. Il ne revient à la Réunion en voyage qu'en 1961 puis 1984. Arrivé à Paris, Jacques Vergès adhère en 1945 au Parti communiste français, contre l'avis duquel il est élu en 1950, à Prague, membre du bureau du Congrès de l'Union internationale des étudiants. En 1952, il devient secrétaire du mouvement, toujours contre l'avis de son parti. Il reste sur place jusqu'en 1954. Il y obtient sa deuxième année de droit.

De retour en France, il obtient sa troisième année en 1955. La même année, il s'inscrit au Barreau de Paris après avoir passé le CAPA. L'année suivante, il se présente au Concours de la Conférence du barreau de Paris, appelé aussi Concours de la Conférence du stage où il rencontre Edgar Faure et Gaston Monnerville, entre autres. Dans les années 1950, il fait connaissance avec les futurs chefs khmers rouges Saloth Sar (plus connu ensuite sous le nom de Pol Pot) et Khieu Samphan, dont il admet avoir « participé, dans un certain sens, à la politisation ». Le jeune avocat anticolonialiste demande alors au PCF et au PSU de s'occuper d'affaires en Algérie. Il milite alors pour le FLN et défend leurs combattants, dont l'emblématique Djamila Bouhired, qui avait été capturée par les paras français, torturée puis jugée et condamnée à mort pour attentats à la bombe en Algérie notamment au Milk-Bar (5 morts, 60 blessés dont beaucoup de civils), sa cliente devient pour quelques années son épouse et ils ont deux enfants, Meriem et Liess Vergès (dont Fatima Nur Vergès-Habboub, sa petite fille venant de Meriem). Il quitte le PCF en 1957.

À l'indépendance de l'Algérie en 1962, Jacques Vergès s'installe à Alger et devient le chef de cabinet du ministre des Affaires étrangères. Il fonde alors une revue tiers-mondiste financée par le FLN, Révolution africaine. Jacques Vergès rencontre Mao Tsé-Tsoung en mars 1963 et se rallie très rapidement aux thèses maoïstes. Il est alors destitué de ses fonctions et doit rentrer à Paris. Au mois de septembre, il crée une nouvelle revue, Révolution, qui est alors le premier journal maoïste publié en France. En 1965, la destitution du président Ben Bella permet à Jacques Vergès de rentrer en Algérie. Il met fin alors à la revue Révolution. Il est avocat jusqu'en 1970 à Alger. En janvier 2008, il apporte son soutien en personne à Tomislav Nikolic, dirigeant nationaliste du Parti radical serbe.

En décembre 2010, il se rend en Côte d'Ivoire avec Roland Dumas apporter son soutien à Laurent Gbagbo dont il est l'avocat, à la suite de l'élection présidentielle et la reconnaissance d'Alassanne Ouattara comme Président par la communauté internationale. Il est cependant écarté de la défense de l'ancien président et de son épouse, vraisemblablement pour avoir fait preuve de légèreté lors de son déplacement à Abidjan le 6 mai 2011 pour assister à la première audition de Laurent Gbagbo. Il fut refoulé à l'aéroport pour n'avoir pas été au bénéfice d'un visa en règle. Il aurait néanmoins touché 100'000 € avec Roland Dumas pour avoir assuré la défense politique de Laurent Gbagbo jusqu'à son arrestation, laquelle a compris la publication d'un livre, "Crimes et fraudes en Côte d'Ivoire". En mai 2011, il se rend à Tripoli avec Roland Dumas et s'y porte volontaire pour soutenir une plainte des familles des "victimes des bombardements de l'OTAN" contre le président Nicolas Sarkozy, dont le pays participe aux opérations de la coalition internationale en Libye. Il y dénonce une "agression brutale contre un pays souverain", et affirme qu'il serait prêt à défendre le colonel Mouammar Kadhafi au cas où il serait jugé par la Cour pénale internationale. De 1970 à 1978, Jacques Vergès disparaît. Il a toujours entretenu le mystère sur cette période.

Aux journalistes qui lui demandaient s'il était au Liban, à Moscou ou s'il travaillait pour les Khmers rouges chez Pol Pot, au Cambodge, il a répondu qu'il était « très à l'est de la France » et « avec des amis qui sont encore vivants, dont certains ont des responsabilités importantes ». « Les événements, ajoute-t-il, que nous avons vécus ensemble sont connus. C'est notre rôle qui ne l'est pas ; non pas réellement le mien, qui fut modeste, mais le leur. Il ne m'appartient pas d'en parler. » Bernard Violet, un de ses biographes controversés, avance une affaire de gros sous au Katanga (qui n'est cependant pas « très à l'est de la France »). Le juge Thierry Jean-Pierre, qui a écrit un livre sur les frères Vergès, argue d'une fuite en avant : « À l'époque, il est mal. Michel Debré veut sa peau, et le Mossad veut le tuer, car il défend des Palestiniens. Il part du jour au lendemain, en Asie, agent des services secrets chinois. Ils l'utilisent au Cambodge et au Viêt Nam ». Dans le documentaire L'Avocat de la terreur, de Barbet Schroeder, il reconnaît avoir été ponctuellement présent à Paris de manière clandestine pendant cette période. Le cinéaste retient également la thèse d'un problème financier personnel comme seule cause de sa disparition.

Le premier dossier que Jacques Vergès a géré en tant qu'avocat concerne la Sonacotra. Il s'engage dans une défense de rupture (l'accusé se fait accusateur et prend l'opinion à témoin), plutôt que la défense de connivence qui était classiquement plaidée. La défense de rupture se distingue également de la "présence offensive" développée par Bernard Ripert. Depuis, au carrefour du politique et du judiciaire, Jacques Vergès a associé son nom à de nombreux procès médiatisés, notamment ceux des personnalités suivantes :
 

  • Christian Poucet Président du CDCA européen
  • Georges Ibrahim Abdallah
  • Tarek Aziz
  • Klaus Barbie
  • L'ex-capitaine Paul Barril, dans l'affaire des écoutes de l'Élysée
  • Le préfet Bernard Bonnet
  • Djamila Bouhired (Algérienne condamnée à mort pour terrorisme), qu'il épousa par la suite,
  • Robert Boulin,
  • Simone Weber,
  • Le terroriste Carlos
  • Le général congolais Norbert Dabira
  • Le ministre ivoirien Mohamed Diawara
  • L'inspecteur Jean-Marc Dufourg12 avec l'affaire du pasteur Joseph Doucé,
  • Djaffar el-Houari, membre présumé du Front islamique du salut,
  • Les acteurs d'Action directe, dont Max Frérot
  • Roger Garaudy
  • Khieu Samphan qui sera l'un des trois dirigeants khmers rouges jugés pour leurs crimes,
  • Magdalena Kopp, compagne de Carlos
  • Anis Naccache
  • La famille du juge François Renaud (assassiné en 1975),
  • Les protagonistes de l'affaire du sang contaminé,
  • Camille Sudre,
  • Bara Tall, entrepreneur sénégalais
  • Omar Raddad en 1994,
  • Louise-Yvonne Casetta (ex-trésorière occulte du RPR),
  • Slobodan Milošević (mais celui-ci avait fini par ne pas le choisir comme avocat devant le Tribunal Pénal International pour l'ex-Yougoslavie - TPIY),
  • Trois chefs d'États africains (Omar Bongo, Idriss Déby, Denis Sassou-Nguesso), qui avaient porté plainte pour offense contre le journaliste François-Xavier Verschave en 2000,
  • Moussa Traoré, ancien président malien,
  • Abdoulaye Wade, futur président sénégalais,
  • La défense du chef d'État irakien déchu Saddam Hussein lui avait été proposée, mais la proposition n'a pas abouti car il voyait poindre un conflit d'avocats.
  • L'affaire Frédy, uniquement demande de renvoi
  • Charles Sobhraj
  • Klaus Croissant
  • La famille d'Ivan, enfant de douze ans, grièvement blessé lors d'une tentative d'interpellation de ses parents sans-papiers à Amiens en août 2007.
  • Oscar Manutahi Temaru, Président de la Polynésie française.
  • Laurent Gbagbo


Il apparaît souvent mis en scène dans son bureau en bois de fer, véritable bric-à-brac décoré de nombreux objets africains et notamment de lithographies de Louis-Antoine Roussin. Il est par ailleurs collectionneur de jeux d'échecs.


Kadhafi Mouammar

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Né le 19 juin 1942 et décédé le 20 octobre 2011 (à l'âge de 69 ans). Mouammar Kadhafi, né le 19 juin 1942 à Syrte et mort le 20 octobre 2011 près de Syrte, en Libye, aussi appelé « colonel Kadhafi », est de facto le chef de l'État de la Libye depuis 1970, à la suite du coup d'État du 1er septembre 1969.

 

Kadhafi Mouammar

Officiellement, Kadhafi est désigné comme le Guide de la grande révolution de la Grande Jamahiriya arabe libyenne populaire et socialiste. Al-Kadhafi est le plus jeune enfant d'une famille de paysans bédouins. Il grandit dans la région désertique de Syrte, reçut une éducation primaire traditionnelle et religieuse, puis suivit les cours de l'école préparatoire de Sebha dans le Fezzan, de 1956 à 1961. Kadhafi et un petit groupe d'amis qu'il rencontra dans cette école vinrent à former le noyau d'un groupe de militants révolutionnaires ayant pour but de s'emparer du pouvoir. Kadhafi s'inspira de Gamal Abdel Nasser, président de l'Égypte voisine, qui se hissa au pouvoir en prônant l'unité arabe. En 1961, Kadhafi fut exclu de Sebha à cause de son activisme politique.

Kadhafi étudia le droit à l'Université de Libye. Il entra ensuite à l'Académie militaire de Benghazi en 1963, où il organisa avec quelques militants un mouvement secret dans le but de renverser la monarchie libyenne pro-occidentale. Après l'obtention de son diplôme en 1965, il fut envoyé en Grande-Bretagne pour suivre un entraînement supplémentaire au British Army Staff College, et revint en 1966 en tant qu'officier dans le corps des transmissions. Le 1er septembre 1969, à 27 ans, il mène avec un groupe d'officiers un coup d'état contre le roi Idris al-Mahdi, alors que celui-ci est en Turquie pour un traitement médical. Son neveu le Prince Hasan as-Senussi devait s'installer sur le trône le 2 septembre 1969 lorsque l'abdication du roi Idris annoncée le 4 août devait prendre effet. Dans la journée du 1er septembre la monarchie est abolie, la république est proclamée, et le Prince mis en prison.

Kadhafi s'octroie l'avancement du grade de capitaine au grade de colonel qu'il a gardé jusqu'à aujourd'hui. A propos de ce grade, insuffisant selon des critères occidentaux pour diriger un pays et commander à son armée, il déclare que la Libye est « gouvernée par son peuple », et que cela dispense le « guide » de titres civils ou militaires particuliers. Cette démarche n'est pas nouvelle et peut être rapprochée de celle d'un Gamal Abdel Nasser qui garde le titre de colonel quand il prend le pouvoir en Égypte, tandis que Jerry Rawlings, ex président du Ghana, n'a conservé que son grade de flight lieutenant. Ayant pris le pouvoir à Tripoli lors d'un coup d'État le 1er septembre 1969, il prône à ses débuts le passage à un socialisme d'État teinté de panarabisme. Il nationalise certaines entreprises (notamment celles détenues par des ressortissants italiens). En 1977, il déclare la « révolution du peuple » : il change le nom du pays de République arabe libyenne en Jamahiriya arabe libyenne populaire et socialiste et met en place des « comités révolutionnaires ». Le multipartisme demeure interdit en Libye.

Il oblige les États-Unis d'Amérique à évacuer leur bases militaires dont Wheelus Airfield. En septembre 1970, à l'aide de son ami et conseiller Abdessalam Jalloud il réussit à imposer pour la première fois une augmentation du prix du baril de pétrole, ouvrant la voie aux autres pays producteurs de pétrole. Par représailles, au cours des années 1980, son régime est mis au ban de la communauté internationale également à cause de son soutien supposé à de nombreuses rébellions dans le monde et de ses implications supposées dans plusieurs actes terroristes : attentat dans une discothèque berlinoise fréquentée par des militaires américains en 1986, attentat de Lockerbie en Écosse contre un avion de ligne civil américain qui explose en plein vol en 1988 (270 morts), bien que l'implication réelle de la Libye dans cet attentat soit de plus en plus douteuse, ou encore attentat contre un avion français, le Vol 772 UTA reliant Brazzaville à Paris en 1989 (170 morts).

Le 15 avril 1986, Ronald Reagan ordonne un raid de bombardement (opération El Dorado Canyon) contre Tripoli et Benghazi. 45 militaires et fonctionnaires sont tués, ainsi que 15 civils, dont une fille adoptive de Khadafi, Hannah. Ce raid de représailles faisait suite à l'interception d'un message de l'ambassade libyenne à Berlin-Est suggérant l'implication du gouvernement libyen dans l'attentat à la bombe du 5 avril dans une discothèque de Berlin-Ouest, où un militaire américain avait été tué. Le colonel Kadhafi est blessé lors du bombardement de sa résidence. À partir du milieu des années 1990, Kadhafi œuvre pour que son pays retrouve une place moins inconfortable d'un point de vue diplomatique. Ainsi en 1999, les agents des services secrets suspectés de l'Attentat de Lockerbie sont livrés à la Justice écossaise, ce qui provoque la suspension des sanctions de l'ONU envers le pays et le rétablissement des relations diplomatiques avec le Royaume-Uni.

Par la suite, en 2003, la Libye reconnaît officiellement « la responsabilité de ses officiers » dans l'Attentat de Lockerbie — ainsi que dans celui du Vol 772 UTA — et paie une indemnité de 2,16 milliards de dollars aux familles des 270 Pan Am victimes, ce qui a pour conséquence la levée définitive des sanctions de l'ONU et (partiellement) des États-Unis à son encontre. En parallèle, le président Kadhafi entame des négociations diplomatiques, pendant toute l’année 2003, entre responsables libyens, britanniques et américains, et annonce en décembre de la même année qu’il renonce officiellement à son programme d’armes de destruction massive. Enfin, en mars 2004, il signe le protocole additionnel du Traité de non-prolifération nucléaire (TNP).

Il instaure par ailleurs une politique d’assouplissement de la réglementation libyenne en matière économique permettant l’ouverture du marché local aux entreprises internationales, ce qui aide à la survie du régime. Il parvient par là même à se rapprocher des puissances occidentales et particulièrement de certains pays européens, comme le Royaume-Uni, la France, l’Espagne et l’Italie. Ainsi, le président Kadhafi déclare désormais qu’il entend jouer un rôle majeur dans la pacification du monde et la création d’un Moyen-Orient sans armes de destruction massive. De 1999 à 2007, l'affaire des infirmières bulgares, jugées pour la contamination d'enfants libyens par le virus du Sida, sera utilisée à des fins politiques par Kadhafi et fortement médiatisée à travers le monde.

Il a écrit le Livre vert, en référence au Petit Livre rouge écrit par Mao Zedong, dans lequel il explique de manière succincte ses solutions aux problèmes posés par la démocratie et l'économie. Il y fait l'apologie de la démocratie directe. Khadafi est aussi considéré comme progressiste dans le monde musulman concernant la question féminine. Il entretient une garde personnelle constituée exclusivement de femmes, ses « amazones ». Certains progrès existent tels que la condamnation des mariages arrangés et la possibilité d'accéder à l'éducation pour les femmes. Kadhafi tente de convaincre les dirigeants des autres pays de créer des « États-Unis d'Afrique ». Il considère en effet que c'est le meilleur moyen de développement pour le continent africain. Ce projet passerait par la création d'une monnaie unique et une seule armée de 2 000 000 de militaires. Kadhafi porte souvent un badge représentant l'Afrique sur son uniforme.

En 2007, il s'est ainsi rendu à Bamako, Abidjan ou encore Accra, pour présenter son projet d'un gouvernement unique pour l'Afrique, un État fédéral. Mais cet objectif semble loin d'être atteint. Certains opposants au projet disent que Kadhafi veut régner sur l'Afrique à travers ce projet. En février 2011, en plein Printemps arabe, il doit lui aussi faire face à une révolte populaire, qu'il tente de réprimer par des tirs à balles réelles et des bombardements aériens sur la population. Le 20 octobre 2011, le Conseil national de transition annonce la mort de Kadhafi à Syrte, sa ville de naissance qui était en proie à de violents combats. Mohamed Leith, annonce dans un premier temps à l'AFP que Mouammar Kadhafi a été arrêté blessé aux jambes et à la tête mais vivant avant que plus tard dans la journée, Khalifa Haftar, un haut responsable militaire du CNT n'annonce la mort de l'ex dirigeant libyen et la libération de la ville de Syrte. La chaine de télévision pro-Kadhafi Al-Libya, dément quand à elle la capture ou la mort de Mouammar Kadhafi.

Galouzeau de Villepin Dominique

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Homme politique français (Rabat 1953). Secrétaire des Affaires étrangères en 1980, il est successivement premier secrétaire de l'ambassade de France aux États-Unis (1984-1987), directeur du service de presse de cette même ambassade (1987-1989), puis premier conseiller de l'ambassade de France à New Delhi (1990-1992).

 

Galouzeau de Villepin Dominique

Directeur de cabinet d'Alain Juppé aux Affaires étrangères entre 1993 et 1995, il est nommé secrétaire général de l'Élysée par Jacques Chirac en 1995. À ce titre, il figure parmi les artisans de la dissolution de 1997. Lors du second mandat du président, D. de Villepin, promu ministre des Affaires étrangères (2002-2004), s'illustre en s'opposant à l'intervention américaine en Iraq en 2003. Puis il devient ministre de l'Intérieur (2004-2005) et enfin Premier ministre (2005-2007) – avec pour mission de rompre avec le style Raffarin, de faire repartir la croissance et reculer le chômage, et, de toute évidence, de stopper et de contrebalancer l'ascension de Nicolas Sarkozy.

Malgré la présence dans son gouvernement de ministres de son prédécesseur, et du retour porteur de tensions du chef de l'Union pour un mouvement populaire (UMP), N. Sarkozy, à l'Intérieur, la prestance et la détermination de D. de Villepin séduisent tout d'abord l'opinion. En outre, l'emploi se redresse. Mais il doit affronter, dès la fin d'octobre, l'embrasement sur près de trois semaines d'environ 400 banlieues, puis la crise du CPE (contrat première embauche destiné à faciliter le recrutement des jeunes par un assouplissement du Code du travail), qui suscite l'opposition croissante des lycéens, des étudiants et des syndicats, au point de l'obliger à faire marche arrière et à enterrer la mesure.

Mis en examen en juillet 2007, notamment pour « complicité de dénonciation calomnieuse » dans l'« affaire Clearstream » qui l'oppose à N. Sarkozy, D. de Villepin est finalement relaxé en juillet 2010. En juin 2010, il lance son nouveau mouvement, République solidaire. Dès lors, D. de Villepin ne cesse de faire entendre sa voix, dénonçant la ligne politique sécuritaire et identitaire du président à l’été 2010, puis faisant explicitement de ce dernier « un problème pour la France » en novembre. D. de Villepin fait savoir qu’il quitte l’UMP en janvier 2011, et en avril, affiche des propositions de refondation sociale et républicaine visant l’électorat de centre droit. Mais faute de troupes, il se résigne à se passer de ce mouvement pour aller directement, en solitaire, « à la rencontre des Français » et annonce, début décembre, sa candidature à la présidentielle de 2012.

Sarkozy Nicolas

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Nicolas Sarközy de Nagy-Bocsa, dit Nicolas Sarkozy, homme d'État français (Paris 1955). Issu par son père d’une famille de la petite noblesse hongroise, Nicolas Sarkozy grandit à Paris puis à Neuilly-sur-Seine. Avocat de formation, il s’engage au sein du Rassemblement pour la République (RPR) de Jacques Chirac dès sa création, en 1976, et prend la tête du comité national des jeunes en soutien à Jacques Chirac pour l'élection présidentielle de 1981.

 

Sarkozy Nicolas

Il bâtit avec succès une carrière électorale enracinée dans le département des Hauts-de-Seine : maire de Neuilly-sur-Seine dès 1983 (et jusqu’en 2002), il est député des Hauts-de-Seine (1988-1993, 1995-2002) et président du Conseil général (2004-2007). Jeune ministre du Budget (1993-1995), il se révèle un habile porte-parole (1994-1995) du gouvernement d'Édouard Balladur. Dans la perspective de l’élection présidentielle de 1995, il met fin à son long compagnonnage avec J. Chirac pour s’engager auprès de É. Balladur, dont il devient le directeur de campagne. J. Chirac ayant été élu, N. Sarkozy multiplie, en vain, les initiatives pour regagner ses faveurs.

Sa mise à l’écart prend fin à la suite de la victoire de la gauche aux élections législatives anticipées de 1997. N. Sarkozy parvient à partager avec Philippe Séguin le secrétariat général du RPR (1998-1999), avant d’en devenir le président par intérim (avril-octobre 1999). Mais il est contraint de démissionner après la défaite sévère de la liste réunissant le RPR à Démocratie libérale d’Alain Madelin aux élections européennes de juin 1999, il rejoint son cabinet d'avocats et entame une nouvelle « traversée du désert » politique.

Remis en selle par les élections de 2002, N. Sarkozy est jugé trop droitier par J. Chirac, qui lui préfère Jean-Pierre Raffarin pour mener le gouvernement. Tandis que la campagne électorale a été dominée par le thème de l’insécurité, il se voit octroyer le stratégique ministère de l'Intérieur (2002-2004). Affichant son volontarisme et sa culture du résultat avec force médiatisation (notamment en matière de lutte contre la délinquance et dans le domaine de la sécurité routière), il bénéficie d’un solide crédit dans l'opinion.

Nommé ministre de l'Économie, des Finances et de l'Industrie en mars 2004, il quitte le gouvernement neuf mois plus tard afin de prendre les rênes de l'Union pour un mouvement populaire (UMP) – grand parti de la droite et du centre formé en 2002 autour du RPR et de la plupart des composantes de l'Union pour la démocratie française (UDF). Il retrouve cependant le portefeuille de l'Intérieur lors de la formation du gouvernement dirigé par Dominique de Villepin, en mai 2005 ; à ce poste, il engage notamment une réforme de la législation de l’immigration et prône la « tolérance zéro » lors des émeutes urbaines qui enflamment de nombreuses banlieues françaises à l’automne 2005.

Seul candidat de l'UMP à succéder à J. Chirac à la présidence de la République en 2007, il se fait le chantre de la « rupture tranquille » et met en avant les valeurs du travail, de l’autorité et du mérite. Élu le 6 mai 2007 avec 53,06 % des suffrages contre la socialiste Ségolène Royal, il dispose à partir de juin d'une confortable majorité à l'Assemblée. Le président Sarkozy nomme François Fillon au poste de Premier ministre et promeut un gouvernement ouvert à des personnalités de gauche (notamment Bernard Kouchner aux Affaires étrangères), alors même que son programme politique est d'inspiration néolibérale.

Très actif sur la scène internationale, le président Sarkozy resserre les liens de la France avec les États-Unis. En Europe, après le rejet par référendum, en 2005, du traité établissant une Constitution pour l’Europe, il s'emploie à faire valider l'idée d'un « traité simplifié », dont il fait ratifier le texte, adopté à Lisbonne (décembre 2007), par voie parlementaire en février 2008. L'état de grâce de « l'hyper actif » président ne survit guère au tournant de 2008, comme en témoigne la sanction de son parti aux élections municipales et cantonales de mars.

Toutefois, son action en tant que président en exercice de l'Union européenne de juillet à décembre (adoption d'un pacte sur l'immigration, lancement de l'Union pour la Méditerranée, gestion de la crise russo-géorgienne, bilan de la politique agricole commune (PAC), renforcement de la politique de défense et de sécurité, plan de lutte contre le réchauffement climatique…) lui valent un net regain de popularité. Tout comme ses premières initiatives face à la crise financière américaine qui, dès la fin de l'été, déstabilise les économies du Vieux Continent : appel à une nouvelle régulation du capitalisme et à la concertation internationale et européenne, mesures d'urgence en faveur des banques et des secteurs fragilisés, plan de relance.

Gestionnaire habile du calendrier politique, il fait adopter par le Congrès son projet de réforme de la Constitution (juillet 2008) et officialise la pleine et entière réintégration de la France dans l'OTAN (mars 2009). Début 2009 cependant, à mesure que la crise financière internationale se mue en grave dépression, le président Sarkozy doit faire face à d'amples mouvements de mécontentement social dans les départements d'outre-mer comme en métropole. Il négocie un compromis avec les leaders syndicaux des Antilles mais table, non sans succès, sur le pourrissement des autres conflits et parvient à poursuivre le rythme des réformes. Il profite de l’accès de faiblesse de ses adversaires socialistes divisés et en panne de projet aux élections européennes de juin 2009. L' arrivée en tête d’une UMP bien que dépourvue de véritables réserves de voix a valeur de satisfecit.

À l’automne 2009, une série d’affaires (grogne de la majorité à propos de la réforme des collectivités territoriales et de la taxe carbone, tentative de placer son fils, Jean Sarkozy, à la tête du conseil d'administration de l’Établissement public pour l'aménagement de la région de la Défense, gestion de la pandémie de grippe A H1N1, etc.) ternit toutefois l’aura du président. Confronté à la très lourde sanction des urnes lors des régionales de mars 2010, il s’emploie à recadrer à la fois son image et son action.

Désireux d’apaiser les marchés, inquiets du niveau du déficit et de la dette publique de la France, N. Sarkozy décide d’ouvrir le chantier des retraites, abrogeant le droit au départ à 60 ans, allongeant les cotisations et modifiant son assise – non sans susciter d’amples mouvements de protestation nourris par ailleurs par des scandales qui éclaboussent l’exécutif (affaires Karachi et Bettencourt notamment). Une fois le projet adopté à l’automne, le président Sarkozy remanie le gouvernement, confirmant F. Fillon à sa tête, et le recentrant autour des poids lourds, notamment ex-RPR. Les centristes et les figures de la diversité sont débarqués, cependant qu'Alain Juppé fait un retour remarqué, à la Défense, puis, à la fin février 2011, au Quai d’Orsay.

L'intervention de la France, voulue par N. Sarkozy, en Libye puis en Côte d’Ivoire et enfin, son activisme au chevet de l’Union européenne, proie des marchés dès l’été, ne semblent guère de nature à redresser sa cote de popularité ; en témoignent les élections cantonales de fin mars, désastreuses pour la majorité, puis le basculement consécutif et historique du Sénat à gauche en septembre, ou le succès des primaires citoyennes organisées en octobre par le parti socialiste et qui installent François Hollande comme potentiel principal adversaire.

La dégradation de la note de la France par l’agence financière Standard & Poor’s en janvier 2012 et l’aggravation de la crise de l’euro ne permettent pas au président sortant de compenser par un bilan incontestable une impopularité en définitive solidement et durablement ancrée dans le pays. Entré tardivement en campagne (à la mi-février), il droitise très nettement son discours et s’emploie à cliver l’électorat. Cette stratégie ne parvient toutefois pas à réitérer l’exploit de 2007 et à « siphonner » les voix du Front national, bien au contraire. Premier titulaire de la fonction à n’arriver que deuxième au premier tour, il perd 4 points par rapport au précédent scrutin, avec 27,18 % des suffrages, contre 28,63 %pour F. Hollande. M. Le Pen fait un score historique (17,90 %). Soucieux de rassembler derrière sa personne et son programme les partisans de cette dernière, il accentue dès lors la ligne politique très radicale adoptée pendant la campagne, sans pour autant obtenir le soutien des leaders de l’extrême droite. Au contraire, ce faisant, il s’aliène une partie de l’électorat centriste, à l’instar d’un François Bayrou qui se prononce personnellement en faveur du candidat socialiste. Bien que plus serré qu'annoncé par les instituts de sondages, le résultat du 6 mai 2012 consacre sa défaite : avec 48,3 % des suffrages, le président sortant est battu par F. Hollande, qui le devance de plus de 3 points. N. Sarkozy fait alors connaître son intention de se retirer de la scène politique nationale. Définitivement ?

Après la passation des pouvoirs, l’ancien président s’impose le silence, qu’il ne rompt qu’au début du mois d’août pour appeler la communauté internationale à l’intervention en Syrie et fustiger ce qu’il dessine en filigrane comme l’inaction en ce domaine de son successeur. Sollicité pour des conférences de par le monde, il s’abstient publiquement de tout commentaire sur l’état de la France. Mais il ne se désintéresse pas pour autant de la scène politique nationale, manœuvrant de toute évidence en sous-main dans l’affrontement qui oppose F. Fillon et J.-F. Copé pour prendre les rênes de l’UMP en novembre. Impuissant à trouver un compromis entre les deux prétendants à sa succession à la tête de la grande formation de droite, il laisse toutefois entendre qu’il pourrait reprendre du service comme recours, pour contrer les visées d’un Front national de plus en plus influent. Mais les affaires qui l’entourent désormais (sondages de l’Élysée, Karachi, financement de la campagne 2007, Tapie) et le principe de primaires obtenu par son ancien Premier ministre en avril en vue des élections présidentielles de 2017 pourraient faire obstacle à ses ambitions.

Péan Pierre

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Pierre Péan, né dans la Sarthe le 5 mars 1938, est un journaliste d'investigation français. Pierre Péan a publié une vingtaine d'ouvrages depuis 1975. 

Péan Pierre

Certains ont été des succès, comme TF1, un pouvoir, écrit en collaboration avec Christophe Nick, ou l'Argent noir ou encore Une jeunesse française – François Mitterrand, 1934-1947, qui a été son best-seller, et dont il a regretté certaines interprétations parues dans la presse, qu'il juge contraire à sa démonstration et beaucoup trop sévères pour François Mitterrand. Il s'en est expliqué dans Dernières volontés, derniers combats, dernières souffrances.

Il s'est particulièrement intéressé, sans s'y limiter, aux scandales politiques (articles sur l'« affaire des diamants » de Giscard pour Le Canard enchaîné ; Affaires africaines, sur le Gabon, pays symbole des relations franco-africaines souterraines et affairistes ; V, sur l'Affaire des avions renifleurs ; L'Argent noir, sur la corruption dans les pays du Sud) et aux affaires étouffées (Manipulations africaines, sur l'attentat contre l'avion d'UTA). Son essai biographique sur Jacques Foccart lui a valu un procès, qu'il a gagné.

Depuis le début des années 1990, il a diversifié ses enquêtes. Certaines portent sur des sujets historiques et non plus d'actualité : Le Mystérieux Docteur Martin, biographie de Henri Martin, l'un des plus grands comploteurs français du XXe siècle, lié à la Cagoule et aux activistes de l'Algérie française ; L'Extrémiste, sur le Suisse François Genoud, exécuteur testamentaire d'Adolf Hitler et financier de certains groupes terroristes ; La Diabolique de Caluire, sur la dénonciation de Jean Moulin (il écrit un article dans Paris-Match à ce sujet, à propos du livre Les petits agendas rouges de Laurence de Cambronne) ; Main basse sur Alger, ouvrage consacré aux motifs secrets de l'expédition contre Alger, en 1830.

Ses ouvrages lui ont valu de vives réponses de la part de certaines personnes visées, et des commentaires élogieux dans une partie de la presse. Le Nouvel Observateur du 15 mars 2001 écrit à son propos : « Il se veut enquêteur. Et enquêteur seulement. Disons qu'en tout cas il appartient à une espèce rare : celle qui prend du temps avant d'écrire. [...] Péan [...] n'a jamais dérogé à sa méthode. »

Dans un article publié en septembre 2002 par Le Monde diplomatique, Pierre Péan cite un article qu'il attribue au journaliste israélien Amir Oren, selon lequel le massacre de Sabra et Chatila (Liban, 1982) aurait été planifié par les Israéliens. Selon une enquête publiée en janvier 2008 par L'Arche, cette citation est un faux. Pierre Péan n'a jamais tenté de justifier ses affirmations.

En février 2009, la publication d'un livre d'enquête critique sur Bernard Kouchner, Le Monde selon K., déclenche une polémique nationale. Son ouvrage Noires fureurs, blancs menteurs. Rwanda, 1990-1994 est consacré aux accusations portées contre la politique française au Rwanda, qu'il s'attache à réfuter, et aux accusateurs, à qui il attribue des liens avec le Front patriotique rwandais (FPR).

Dans cet ouvrage de 544 pages, publié en novembre 2005, Pierre Péan entend mettre un terme à l'ensemble des accusations, injustes selon lui, formulé à l'égard de la France, de sa politique au Rwanda entre 1990 et 1994, et à l'égard de l'armée française. L'auteur affirme s'appuyer sur une enquête approfondie et l'accès à des documents inédits pour établir les points suivants :

 

  • le Front patriotique rwandais est à l'origine de l'attentat du 6 avril 1994 ;
  • c'est cet attentat qui est l'élément déclencheur du génocide ;
  • les dirigeants du FPR, et son leader Paul Kagamé, l'ont déclenché en toute connaissance de cause ;
  • la Mission parlementaire française ne s'est pas suffisamment intéressée à l'attentat ;
  • les chiffres repris par la Communauté internationale sont faux, environ 280 000 Tutsis ont été tués, et par ailleurs le FPR aurait tué un million de Hutus ;
  • les Tutsis ont formé une « culture du mensonge » ;
  • François Mitterrand et le gouvernement français, ont fait tout ce qui était en leur pouvoir pour empêcher cette tragédie;
  • certaines associations qui critiquent l'action de la France sont manipulées par le gouvernement de Paul Kagame, et ont constitué un lobby efficace qui a trompé l'opinion française et internationale. RFI aurait joué un rôle significatif dans ce domaine ;
  • certains activistes, comme Jean Carbonare et Gérard Sadik, ont trompé l'opinion publique.


Le livre a fait l'objet de nombreuses critiques, et d'une plainte pour « incitation à la haine raciale ». Pierre Péan était accusé par ses détracteurs d'avoir écrit un livre « sur commande » dans le seul but de minimiser les responsabilités françaises dans le génocide rwandais. Cette interprétation semble soutenue par le quotidien La Libre Belgique (1er décembre 2005), qui, lui-même, est accusé de partialité par M. Péan dans son livre. Pour RFI, rien ne justifie les mises en cause de la Radio par Pierre Péan (qu'il a présentée comme un « lobby » du FPR). Pour sa part, le président du Conseil national de l'Église réformée de France s'est élevé contre les critiques de Pierre Péan et lui renvoie l'accusation de « désinformation ».

En revanche, les africanistes André Guichaoua et Stephen Smith ont défendu Noires fureurs, blancs menteurs comme un livre apportant d'utiles révélations sur les réseaux pro-FPR et des informations complémentaires sur l'assassinat de Juvénal Habyarimana malgré « ses erreurs factuelles et ses dérives « ethnicistes » ». Pierre Péan a répondu aux critiques formulées contre ce livre et publiées dans Le Monde par une lettre à ce quotidien, publiée dans l'édition datée du 13 janvier 2006. Dans ce même ouvrage, il procède au démantèlement des accusations portées contre la France, recoupant en certains points les thèses de l'historien Bernard Lugan, de l'ancien ministre Bernard Debré, ou des journalistes d'enquête Robin Philpot et Charles Onana, qui se sont heurtés aux critiques de chercheurs et confrères journalistes travaillant sur le Rwanda, que Péan décrit comme des partisans du FPR.

Début octobre 2006, SOS Racisme et des rescapés du génocide au Rwanda, soutenus par l'association Ibuka, ont déposé une plainte contre Pierre Péan et les éditions Fayard pour diffamation raciale et incitation à la discrimination raciale après la parution du livre, qualifié de négationniste par SOS Racisme. Pierre Péan a commenté : « Face à des accusations ridicules, le silence s'impose ». Finalement, le 4 janvier 2008, Pierre Péan et son éditeur, Claude Durand, ont été renvoyés devant le tribunal correctionnel de Paris. Le journaliste était accusé de « complicité de diffamation raciale » et de « complicité de provocation à la haine raciale » ; l'accusation était motivée par quatre pages du livre, consacrées au rapport des Tutsis avec le mensonge. La rescapée du génocide, la psychothérapeute et écrivain Esther Mujawo-Keiner, a accusé Pierre Péan de « jouer avec des mots qui tuent ». Au procès toujours, Péan a reçu le soutien d'Hubert Védrine, secrétaire général de l’Élysée sous Mitterrand, qui a expliqué que le livre de Péan ne constituait « en rien un scandale horrible », et de Bernard Debré, ex-ministre (RPR) de la Coopération en 1994, qui a dénoncé un « procès en sorcellerie de racisme ».

Le 7 novembre 2008, Pierre Péan, ainsi que son éditeur ont été relaxés. En appel, la relaxe a été confirmé et SOS-racisme un nouvelle fois débouté le 20 novembre 2009. Dans ce livre publié en février 2009, Pierre Péan a enquêté sur Bernard Kouchner, ministre des Affaires étrangères à l'époque de la parution du livre. Comme l'explique Péan dans le premier chapitre de ce livre très polémique, c'est à propos du Rwanda et de la nouvelle politique menée par Kouchner à l'égard de ce pays depuis que ce dernier est au Quai d'Orsay que lui, Péan, s'est vraiment intéressé à Kouchner. De fait, après une centaine de pages mettant en lumière les aspects des moins reluisants de l'ensemble de la carrière de Kouchner, une petite centaine de pages est consacrée au Rwanda.

Le chapitre 10 du livre concerne la journaliste Christine Ockrent en même temps directrice de France Monde et compagne du ministre des Affaires étrangères. Le chapitre 11 répond à l'intention exprimée dans le premier chapitre d'analyser le « sansfrontiérisme » de Kouchner et « son vrai rapport à la France ». Dans ce onzième chapitre, Péan tente de montrer que la « vision du monde » commune de Kouchner et de Bernard-Henri Levy, qui se réclame du droit d'ingérence est en fait identique à celle des néoconservateurs américains. Les valeurs gaullistes de l'indépendance nationale seraient « honnies » par les deux hommes « au nom d'un cosmopolitisme anglo-saxon, droit-de-l'hommiste et néolibéral, fondements de l'idéologie néoconservatrice que nos nouveaux philosophes ont fini par rallier ».

Enfin, dans le dernier chapitre, Péan met en lumière des informations concernant l'activité de consultant exercée par Kouchner entre 2002 et 2007 et rémunérée assez grassement. Des contrats de consultanat ont ainsi existé avec le Gabon et la République du Congo. L'auteur précise que le président de la République Nicolas Sarkozy ignorait les activités africaines de son futur ministre lors de sa nomination. Au final, selon Le Monde, « l'ouvrage est principalement une attaque en règle de la politique de Bernard Kouchner, sur fond de désaccord idéologique majeur exprimé par l'écrivain, en particulier sur le génocide rwandais » qui occupe en effet une partie du livre, mais pas autant que ce qui concerne les relations commerciales de Kouchner avec des dictateurs africains.

La polémique éclate, un certain nombre de personnalités taxant Pierre Péan de manière plus ou moins voilée d'antisémitisme, pour avoir utilisé les termes « cosmopolitisme » et « affairisme ». Michel-Antoine Burnier, ami et biographe de Kouchner, attaque le premier le 3 février en évoquant « des relents nauséabonds », suivi de Bernard Henri Levy, puis Philippe Val (sur Canal + ou à France Inter). Le 4 février, le ministre a réagi, en utilisant la même attaque, dans Le Nouvel Observateur, ce qui a déclenché une polémique médiatique au cours de laquelle Philippe Cohen s'émeut de cette attaque généralisée pour discréditer Péan. Le fait est que Bernard Kouchner a utilisé l'accusation d'antisémitisme en prétendant avoir été qualifié par Pierre Péan de représentant de « l'Antifrance », ce qui n'est pas dans le livre.

La presse étrangère (The Guardian, The Independent, The Washington Post) se fait l'écho des accusations portées contre Bernard Kouchner. Sur l'échiquier politique, la droite prend le parti du ministre des Affaires étrangères tandis que la gauche hésite. Le 12 avril 2009, un site internet consacré aux théories du complot révèle qu'un des passages de Le Monde selon K. concernant le groupe Bilderberg a été plagié.

Publications
 

  • La Troisième Guerre mondiale (avec une préface de Jean-Pierre Vigier), éditions Calmann-Lévy, coll. « Questions d'actualité », Paris, 1974, , [pas d'ISBN]. – Réédition revue et augmentée, sous le titre « Pétrole, la troisième guerre mondiale », éditions Club français du livre, coll. « Le Club pour lui », Paris, 1975, 252 p., [pas d'ISBN].
  • Après Mao, les managers, éditions Fayolle, coll. « Intervalle », Paris, 1977, 188 p., (ISBN 2-86221-002-1).
  • Bokassa, éditions Alain Moreau, « Collection dirigée par Jean Picollec », Paris, 1977, 196 p. + 6 p. de planches illustrées, [pas d'ISBN].
  • Pierre Péan et Jean-Pierre Séréni, Les Émirs de la République : l'aventure du pétrole tricolore, éditions du Seuil, Paris, 1982, 224 p., (ISBN 2-02-006154-6).
  • Les Deux Bombes, éditions Fayard, Paris, 1982, 203 p., (ISBN 2-213-01133-8). – Sous-titré : « comment la France a donné la bombe à Israël et à l'Irak ». – Ouvrage réédité en 1991 sous le titre « Les Deux Bombes : ou comment la guerre du Golfe a commencé le 18 novembre 1975 ».
  • Affaires africaines, éditions Fayard, Paris, 1983, 340 p., (ISBN 2-213-01324-1).
  • V : enquête sur l'affaire des avions renifleurs et ses ramifications proches ou lointaines, éditions Fayard, Paris, 1984, 265 p., (ISBN 2-213-01450-7).
  • Secret d'État : la France du secret, les secrets de la France, éditions Fayard, Paris, 1986, 365 p., (ISBN 2-213-01840-5).
  • Les Chapellières : Une terre, deux destins en pays Chouan, éditions Albin Michel, Paris, 1987, 359 p., (ISBN 2-226-02835-8).
  • La Menace, éditions Fayard, Paris, 1987, 306 p., (ISBN 2-213-02087-6).
  • L'Argent noir : corruption et sous-développement, éditions Fayard, Paris, 1988, 278 p., (ISBN 2-213-02204-6).
  • L'Homme de l'ombre : éléments d'enquête autour de Jacques Foccart, l'homme le plus mystérieux et le plus puissant de la Ve République, éditions Fayard, Paris, 1990, 585 p., (ISBN 2-213-02631-9).
  • Les Deux Bombes : ou comment la guerre du Golfe a commencé le 18 novembre 1975, éditions Fayard, Paris, 1991, XIV-198 p., (ISBN 2-213-02744-7). – Nouvelle édition de l'ouvrage paru en 1982.
  • Vol UT 772 : contre-enquête sur un attentat attribué à Kadhafi , éditions Stock, coll. « Au vif », Paris, 1992, 327 p., (ISBN 2-234-02486-2).
  • Le Mystérieux Docteur Martin (1895-1969), éditions Fayard, Paris, 1993, 500 p., (ISBN 2-213-02784-6).
  • Une jeunesse française : François Mitterrand, 1934-1947, éditions Fayard, Paris, 1994, 615 p.-16 p. de planches illustrées, (ISBN 2-213-59300-0).
  • L'Extrémiste : François Genoud, de Hitler à Carlos, éditions Fayard, Paris, 1996, 424 p.-16 p. de planches illustrées, (ISBN 2-213-59615-8).
  • Pierre Péan et Christophe Nick, TF1, un pouvoir, éditions Fayard, Paris, 1997, 695 p., (ISBN 2-213-59819-3).
  • Vies et morts de Jean Moulin : éléments d'une biographie, éditions Fayard, Paris, 1998, 715 p.-16 p. de planches illustrées, (ISBN 2-213-60257-3).
  • La Diabolique de Caluire, éditions Fayard, Paris, 1999, 261 p.-20 p. de planches illustrées, (ISBN 2-213-60402-9).
  • Pierre Péan et Richard Labévière, Bethléem en Palestine, éditions Fayard, Paris, 1999, 321 p. + 12 p. de planches illustrées, (ISBN 2-213-60510-6).
  • Manipulations africaines : l'attentat contre le DC 10 d'UTA, 170 morts, éditions Plon, Paris, 2001, 290 p.-32 p. de planches illustrées, (ISBN 2-259-19319-6). – Sous-titré : « qui sont les vrais coupables de l'attentat du vol UTA 772 ? ». – Voir : Les preuves trafiquées du terrorisme libyen, 2001.      
  • Dernières volontés, derniers combats, dernières souffrances, éditions Plon, Paris, 2002, 328 p., (ISBN 2-259-19495-8).
  • Pierre Péan et Philippe Cohen, La Face cachée du Monde: du contre-pouvoir aux abus de pouvoir, éditions Mille et une nuits, Paris, 2003, 631 p., (ISBN 2-84205-756-2).
  • Guy Vadepied, Marcel Dassault ou les ailes du pouvoir (avec la collaboration de Pierre Péan), éditions Fayard, Paris, 2003, 473 p., (ISBN 2-213-61337-0).
  • Main basse sur Alger : enquête sur un pillage, juillet 1830, éditions Plon, Paris, 2004, 271 p.-12 p. de planches illustrées, (ISBN 2-259-19318-8).
  • Noires fureurs, blancs menteurs : Rwanda, 1990-1994, éditions Mille et une nuits, Paris, 2005, 544 p., (ISBN 978-2-84205-929-3), voir présentation au chapitre 2 de cette fiche : Pierre Péan
  • L'Accordéon de mon père : une enquête intime (avec une postface de Jean Grégor), éditions Fayard, Paris, 2006, 306 p. + 8 p. de planches illustrées, (ISBN 978-2-213-63026-7).
  • Chirac, l'Inconnu de l'Élysée, éditions Fayard, Paris, 2007, 516 p., (ISBN 978-2-213-63149-3). – Initialement titré : « L'Inconnu de l'Élysée ».
  • Une blessure française : les soulèvements populaires dans l'Ouest sous la Révolution, éditions Fayard, Paris, 2008, 325 p., (ISBN 978-2-213-63566-8).
  • Le Monde selon K., une biographie critique de Bernard Kouchner, éd. Fayard, Paris, 2009, 323 p., (ISBN 2213643725 et ISBN 978-2213643724) : voir présentation au chapitre 3 de cette fiche, Pierre Péan

 

Camp de Natzwiller-Struthof

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Le camp de concentration de Natzwiller-Struthof est le seul camp de concentration sur le territoire aujourd'hui français. Lors de sa création, l'Alsace et la Moselle avaient été annexées par le Troisième Reich. Il a été installé par l'ingénieur allemand Blumberg au Struthof, un lieu-dit sur les hauteurs de la commune de Natzwiller (Bas-Rhin), durant la Seconde Guerre mondiale

 

Camp de Natzwiller-Struthof

Peu après l'annexion de l'Alsace par le Reich nazi, Himmler, alors chef de la Gestapo, et Oswald Pohl, chef principal d’économie de la SS eurent l'idée d'installer des camps à proximité des carrières afin d'y faire travailler les déportés dans le cadre de la Deutsche Erd- und Steinwerke (DEST), entreprise minière SS créée par Himmler. C'est au cours d'un voyage d'observation qu'Albert Speer, architecte du Reich, nota la présence dans la région d'un granit rose extrêmement rare. La décision fut alors prise d'y installer un camp visant à l'extraction du granit par les déportés. C'est le géologue colonel SS Karl Blumberg qui trouva le meilleur site pour l'extraction dudit granit et qui détermina l'emplacement du futur camp3.

Sous le nom de « KL Natzweiler-Struthof », le camp est officiellement ouvert le 21 avril 1941. Environ 80 SS en assurent l'encadrement et l'administration. Prévu initialement pour recevoir un total de 2 000 prisonniers, le camp-souche du KL en compte près de 7 000 à la fin du mois d'août 1944. Il comprend aussi environ 70 kommandos, camps annexes répartis en Alsace, en Moselle, et surtout en Allemagne. Le Struthof fonctionne jusqu'à son évacuation par les SS au début du mois de septembre 1944, face à l'avance des troupes alliées. Le 23 novembre 1944, la 6e armée américaine pénètre dans un KL totalement vidé de ses occupants, répartis dans d'autres camps de concentration (notamment celui de Dachau) ou kommandos. Le KL Natzweiler-Struthof est le premier camp de concentration nazi découvert par les forces alliées à l'Ouest de l'Europe.

Après l'évacuation du camp-souche, l'administration SS s'installe dans le camp annexe de Guttenbach. Les kommandos du Struthof situés à l'est du Rhin continuent de fonctionner, toujours sous la dénomination de KL Natzweiler-Struthof, et à recevoir de nombreux déportés jusqu'à la capitulation allemande. À l'instar des camps de Mauthausen et de Gusen, le KL Natzweiler-Struthof était classé « Camp de niveau III » (Lagerstufe III) 6, ce qui signifiait qu'il était destiné à être l'un des camps les plus durs du système concentrationnaire. Son objectif était l'anéantissement des « ennemis politiques incorrigibles du Reich ». Le nombre total de déportés qui ont été internés dans le camp même ou l'un de ses kommandos est estimé à environ 52 0008. Ils sont en majorité originaires de Pologne, d'Union soviétique, puis de France, des Pays-Bas, d'Allemagne et de Norvège. Des milliers de Juifs, pour la plupart originaires de Hongrie et des ghettos de Pologne, sont internés à partir de 1944 dans des kommandos extérieurs au camp-souche.

Les conditions inhumaines de travail et de détention, la malnutrition, les sévices des kapos et des SS ainsi que les nombreuses exécutions par balle ou pendaison ont provoqué la mort d'au moins 22 000 détenus. Entre la fin mars et la fin avril 1945, l'évacuation des derniers kommandos du KL-Natzweiler, lors des « marches de la mort », a coûté la vie à environ 5 000 déportés. Dirigé d'octobre 1942 jusqu'en mai 1944 par le sinistre Joseph Kramer, le Struthof est avec Mauthausen l'un des camps les plus meurtriers du système concentrationnaire nazi, avec un taux de mortalité de plus de 40 %. Le camp a par ailleurs servi de centre d'exécution pour de nombreux résistants issus de la majeure partie des pays occupés par l'Allemagne nazie et condamnés par la Gestapo. Le déporté Aimé Spitz témoigne : « Hors du camp, à quelque 100 mètres, se trouvait une sablière. C'est là qu'environ cinq cents camarades furent fusillés, soit à coups de mitraillette, soit à coups de revolver dans la nuque. Un soir de printemps 1944, après 18 heures, onze Luxembourgeois appartenant à la Résistance furent fusillés dans cette sablière. 

Ce genre d'exécution, ordonnée par le ministère de la Sûreté d'État de Berlin, avait lieu le soir après l'appel. Chaque fois que nous apercevions le soir des arrivants devant la Schreibstube (secrétariat du camp), nous savions qu'il s'agissait d'une Sonderbehandlung (traitement spécial). Ce genre de détenus ne figurait pas, la plupart du temps, dans le fichier du camp. Ils étaient amenés par la Gestapo pour être exécutés. Leurs corps étaient ensuite transportés au crématoire, de sorte qu'il n'y avait de trace nulle part. » Les exécutions de ce type ne sont en effet la majeure partie du temps pas répertoriées dans les registres du camp, ce qui rend difficile, voire impossible, le comptage rigoureux et l'identification des victimes. Peuvent néanmoins être mentionnés les faits suivants :

  • En 1943, treize jeunes gens originaires de Ballersdorf dans le Haut-Rhin sont fusillés à la carrière pour avoir refusé leur incorporation de force dans la Wehrmacht et tenté de quitter la zone annexée ;
  • Quatre femmes, deux Britanniques et deux Françaises, agents du Special Operations Executive, un service secret britannique, sont exécutées par injection le 6 juillet 1944. Une plaque commémorative apposée à l'entrée de la chambre à gaz (située à 2 km en contrebas du camp de Strutof) rappelle leurs noms : Diana Rowden, Vera Leigh, Andrée Borrel et Sonia Olschanezky ;
  • Dans la nuit du 28 au 29 juillet 1944, un avion anglais Lancaster s'écrase au pied du mont Sainte-Odile. Le sergent F. H. Habgood (21 ans) a sauté en parachute de l'avion avant qu'il ne s'écrase et atterri au Langen Weg, à Ottrott. Il est alors pris en charge par la population pour être remis à la Résistance. Dénoncé à la Gestapo, il est interné au camp de Schirmeck, d'où il parvient à s'échapper. Le SS Peter Straub le capture à Niederhaslach et le fait exécuter par pendaison le 31 juillet 1944 au KL Natzweiler-Struthof. Son corps n'a jamais été retrouvé ;

Face à l'avancée des troupes alliées, les SS commencent à massacrer systématiquement certains détenus, particulièrement les résistants français, qui arrivent en grand nombre au camp. Ainsi, dans la nuit du 31 août au 1er septembre 1944, 107 résistants du Réseau Alliance et 33 membres du Groupe mobile Alsace-Vosges sont envoyés au Struthof pour y être exécutés d'une balle dans la nuque, puis immédiatement incinérés dans le four crématoire. En trois jours, ce seraient 392 prisonniers (92 femmes et 300 hommes) qui auraient été assassinés au Struthof, parmi lesquels le maire de la ville de la Rochelle le colonel Léonce Vieljeux.

Le camp est aussi connu pour des « expériences » pseudo-scientifiques qui y furent pratiquées sur des détenus. À cet effet avait été aménagée une salle de dissection. Une chambre à gaz était située en contrebas du Struthof ; elle a été construite par la Waffen-SS les 3 et 12 août 1943 dans une dépendance de l'ancien hôtel. Elle est utilisée du 11 au 19 août 1943 pour l'exécution de détenus juifs : 57 hommes et 30 femmes, internés à Auschwitz, sont envoyés au camp du Struthof pour y être assassinés avec des sels cyanhydriques. Une femme ayant été préalablement exécutée par balle pour rébellion, ce sont finalement 86 personnes de « race juive » qui sont gazées personnellement par le commandant SS du camp, Joseph Kramer.

Lors de son procès Kramer ne parle pas des classiques petits cailloux gris bleuâtre qui servent à décrire le Zyklon B, mais d'une poudre blanche dans un flacon que lui a donné August Hirt, et il a fallu un écoulement d'eau pour obtenir un dégagement gazeux ; selon Kogon (op. cité p. 260), il s'agit probablement d'un autre composé cyanhydrique concocté par Hirt, cyanure de potassium ou de sodium avec un acide organique, cette composition dégageant de l'acide cyanhydrique en présence d'eau. Le professeur August Hirt, SS-Hauptsturmführer et proche de Heinrich Himmler, avait pour objectif à travers ces gazages de constituer une collection de « crânes de commissaires bolcheviks juifs » pour l'Institut Anatomique de Strasbourg, avant que « la race juive » ne soit anéantie ; en effet, Himmler « faisait des études sur les crânes de « commissaires judéo-bolchéviques » destinés à permettre une définition typologique du « sous-homme » ». Hirt mena aussi de nombreuses expérimentations sur l'utilisation du gaz moutarde.

La chambre à gaz a été par la suite utilisée pour quinze expériences de toxicité du gaz phosgène par un virologiste, Otto Bickenbach, sur des détenus de droit commun et des Tziganes. Un autre médecin SS, le professeur Eugen Haagen, a pratiqué au Struthof des injections de lèpre, peste et autres maladies sur des détenus de manière à observer les effets de ces contaminations ; plusieurs traitements étaient essayés pour une même maladie. L’expérience terminée, si les sujets n’étaient pas morts, ils étaient assassinés et incinérés. Afin de mener à bien ses expériences sur le typhus, Von Haagen se fait aussi remettre environ 200 Tziganes arrivés directement d'Auschwitz au Struthof durant les mois de novembre et décembre 1943. Début 1944, les Tziganes sont mis à sa disposition. 150 d'entre eux sont immunisés contre le typhus exanthématique, les 50 restants étant réservés comme témoins. À l’ensemble des 200 cobayes est ensuite inoculé par scarification au bras le germe du typhus.

Les diverses séries d'expériences font des centaines de victimes parmi les déportés du camp. Elles entraînent en outre une épidémie de typhus durant l'année 1944. Le KL-Natzweiler reçoit à partir de 1943 de nombreux déportés Nacht und Nebel. Ceux-ci proviennent de toute l'Europe et sont soumis en tant qu'opposants à l'Allemagne nazie à un régime particulièrement cruel. À titre d'exemple, on peut citer le cas des déportés Nacht und Nebel norvégiens du Struthof, arrivés au camp entre le 15 juin 1943 et le 2 septembre 1944. Sur un total de 504 déportés, seuls 268 ont survécu et pu rejoindre la Norvège après la guerre. À propos des déportés « Nacht und Nebel », le Dr Goude, rescapé du camp du Struthof, témoignera plus tard :

« J'arrivai au camp du Struthof le 19 mai 1944 avec un groupe de sept intellectuels. À notre entrée nous fûmes tout de suite impressionnés par nos frères de misère. Leurs démarches d'automates, la fixité de leurs regards, leur aspect squelettique indescriptible et inégalé ailleurs. J'ai connu beaucoup de camps (Buchenwald, Natzwiller, Wesseling, Dachau, Auschwitz), nulle part je n'ai ressenti de pitié plus douloureuse qu'au Struthof. Ce qui nous intrigua dès l'abord, ce furent d'immenses lettres : N N barbouillées en rouge sur les vêtements... C'étaient des hommes complètement retranchés du monde civilisé. Ils ne recevaient ni courrier, ni colis, ni nouvelles extérieures. C'était l'abrutissement complet, le travail forcené, la furieuse brutalité des kapos et des chefs de blocks. Les détenus ne bénéficiaient pas des cinq heures effectives de sommeil ; la vermine se chargeait de les troubler. Le repos dominical de l'après-midi était supprimé. Mais, en revanche, la schlague toute la journée — les chiens constamment sur les talons — la hantise de la moindre défaillance, la pitance diminuée, l'absence totale, au début, des soins médicaux, les redoutables expériences, dites scientifiques, des greffes humaines et des chambres à gaz. »

Le 24 septembre 1943, Himmler donne l'ordre aux commandants des KL de transférer au Struthof tous les déportés NN qu'ils détiennent. Cet ordre est renouvelé le 20 mai 1944, mais ne sera jamais complètement exécuté. Parmi les détenus célèbres, on peut noter l'écrivain slovène Boris Pahor, ou encore les Norvégiens Trygve Bratteli et Kristian Ottosen. Ont aussi été déportés au camp du Struthof :

  • le général Aubert Frère, fondateur de l'Organisation de résistance de l'armée, qui y mourut d'épuisement le 13 juin 1944 ;
  • le général Charles Delestraint, chef de l'Armée secrète qui y séjourna avant d'être transféré à Dachau ;
  • le général Paul Jouffrault, chef d'État-major de l'Armée secrète en Zone Sud, mort au Struthof le 5 juin 1944.

On peut signaler enfin l'internement provisoire au Struthof, avant leur transfert à Dachau face à l'avance des forces alliées, de l'évêque de Clermont-Ferrand Gabriel Piguet (seul prélat français à avoir été déporté), du Prince François-Xavier de Bourbon-Parme et du futur député SFIO Léon Boutbien. La guerre finie, le Struthof devient un centre provisoire de détention pour prisonniers de guerre et collaborateurs condamnés par la justice française. L'un des premiers directeurs de ce centre fut Jean de Poligny, alias capitaine Rivière, qui était un ancien résistant jurassien, l'un des fondateurs du Groupe Mobile Alsace (GMA) Vosges. S'y entassent environ 2 000 détenus : des anciens de la Légion des volontaires français, de la Division Charlemagne, des membres de partis collaborationnistes (Parti populaire français, Rassemblement national populaire, Parti franciste etc.), des auxiliaires français de la Gestapo, mais aussi des fils de dignitaires du Régime de Vichy et de collaborateurs. Parmi ces détenus, on peut citer Pierre Sidos, le futur créateur des mouvements d'extrême droite Jeune Nation, Occident et l'Œuvre française.

Entre le mois de juin 1954 et le mois de mai 1955 se déroule devant les tribunaux militaires de Metz puis de Paris le procès du Struthof, durant lequel sont jugés les principaux responsables SS du camp. Plusieurs autres procès ont lieu après la guerre pour juger d'autres dirigeants du Struthof et de ses kommandos. Sont notamment jugés :

  • Joseph Kramer, commandant SS du camp jusqu'en mai 1944. Fait prisonnier par les Britanniques au camp de Bergen-Belsen dont il assurait le commandement après avoir quitté le Struthof ; condamné à mort au procès de Lunebourg et pendu à la prison de Hamelin le 13 décembre 1945 ;
  • Fritz Hartjenstein, qui avait repris la direction du KL-Natzweiler après le départ de Joseph Kramer ; condamné à mort, il décède en prison le 20 octobre 1954, avant son exécution ;
  • Heinrich Schwarz, dernier commandant du KL Natzweiler-Struthof (qu'il dirigea de février à avril 1945) ; condamné à mort et exécuté le 20 mars 1947.

Au terme du procès de Rastatt sont condamnés à mort le 1er février 1947 19 dirigeants SS des kommandos du KL Natzweiler-Struthof.

Le 20 décembre 1952 s'ouvre devant le Tribunal militaire français de Metz le procès des médecins SS Otto Bickenbach et Eugen Haagen. Tous les deux sont condamnés le 15 mai 1954 à 20 ans de travaux forcés, puis amnistiés l'année suivante. Lors du procès de Wuppertal (mai-juin 1946) sont jugés les SS impliqués dans l'assassinat en juillet 1944 au Struthof des quatre femmes membres du SOE. À l'issue du procès seront notamment condamnés à mort puis exécutés :

  • Werner Rhode, le médecin SS du camp
  • Peter Straub, le SS qui avait fait exécuter par pendaison le sergent F.H. Habgood au Struthof le 31 juillet 1944

Les transformations du camp après la guerre :

  • 1945 : Le site devient un centre pénitentiaire du Ministère de la justice, accueillant des détenus suspects de collaboration et des droits communs.
  • 1949 : La gestion du site est placée sous la tutelle du ministère des Anciens combattants et Victimes de guerre.
  • 1950 : Le site du camp est classé monument historique.
  • 1951 : Le bâtiment de la chambre à gaz est classé monument historique.
  • 1954 : Les baraques qui menacent de s'effondrer sont détruites à l'exception de quatre d'entre elles situées en haut et en bas du site : en haut, la baraque no 1 et la baraque des cuisines ; en bas, la baraque du four crématoire et la baraque du bloc cellulaire.
  • Mai 1957 - juillet 1959 : Érection du Mémorial de la Déportation par l'architecte en chef des Monuments historiques Bertrand Monnet et le sculpteur Lucien Fenaux.
  • Le 23 juillet 1960, le Mémorial aux martyrs et héros de la déportation, ainsi que la nécropole nationale sont inaugurés par le Président de la République, le général de Gaulle.
  • 27 juin 1965 : Inauguration du musée de la déportation de Natzweiler-Struthof, aménagé dans la baraque no 1 par le Ministère des Anciens combattants.
  • Nuit du 12 mai au 13 mai 1976 : Destruction totale du musée par un incendie criminel perpétré par le groupe autonomiste alsaciens « Loups Noirs » une croix de Lorraine était peinte sur un mur ainsi qu’une inscription "27 janvier 1945". Les incendiaires voulaient sans doutent rappeler que dans ce camp 1 100 Alsaciens soupçonnés de collaboration avec l'occupant nazi avaient été enfermés36. Il sera reconstruit selon les plans d'origine.
  • 3 novembre 2005 : À l'occasion du 60e anniversaire de la libération du camp, le Président de la République Jacques Chirac inaugure le Centre européen du résistant déporté sur le site de Natzweiler-Struthof.
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Haagen Eugen

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Niels Eugen Haagen, né le 17 juin 1898 à Berlin et mort le 3 août 1972 dans cette même ville, était un bactériologiste et virologue allemand. Il enseignait également à la Reichsuniversität Straßburg. 

 

Eugen Haagen

Il est à l'origine du vaccin contre la fièvre jaune. Il est avant tout connu pour avoir pratiqué au camp de concentration de Natzwiller-Struthof des expériences « médicales » concernant le typhus sur des déportés.

Condamné d'abord le 24 décembre 1952 par le tribunal militaire de Metz aux travaux forcés à perpétuité, il est finalement condamné à Lyon le 15 mai 1954, en même temps que Otto Bickenbach, à vingt ans de travaux forcés, mais amnistié dès 1955.

Il épouse ensuite Brigitte Haagen-Crodel, une assistante médicale. De 1956 à 1965, il effectue des recherches à l'Institut fédéral de recherche (Bundesforschungsanstalt) de Tübingen sur les maladies virales des animaux. Il retourne par la suite à Berlin, où il mourra en août 1972.

 

Bickenbach Otto

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Otto Bickenbach (né le 11 mars 1901 à Ruppichteroth et mort le 26 novembre 1971 à Siegburg) était un virologiste et professeur de biologie à la Reichsuniversität Straßburg qui conduisit des expériences sur des êtres humains au camp de concentration du Struthof pendant la Seconde Guerre mondiale.

 

Bickenbach Otto

Il conduisit des expériences avec le gaz phosgène (pour lequel il avait pourtant trouvé un antidote avant la guerre) sur 15 détenus de droit commun et des tziganes dans la chambre à gaz du Struthof, qui moururent dans d'atroces souffrances.

Témoignage d'un rescapé cité par Robert Steegmann : « Au bout de 10 minutes environ, j'ai entendu un bruit sourd - comme si on frappait des mains - C'était les poumons de deux détenus qui tournaient autour du ventilateur qui avaient "éclaté" et par leur bouche sortait une écume brunâtre, de même que par leurs oreilles et nez. »

Condamné d'abord le 24 décembre 1952 par le tribunal militaire de Metz aux travaux forcés à perpétuité, il est finalement condamné à Lyon le 15 mai 1954, en même temps que Eugen Haagen, à vingt ans de travaux forcés, mais amnistié dès 1955. Le Tribunal d'honneur des professionnels de la santé de Cologne conclut en 1966 que Bickenbach n'avait pas failli à ses devoirs professionnels du fait de sa participation à des expériences dans les camps de concentration.


Rohde Werner

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Werner Rohde (11. Juni 1904 in Marburg ;  11. Oktober 1946 in Hameln) war ein deutscher Arzt und Zahnarzt, der als Lagerarzt in den Konzentrationslagern KZ Auschwitz-Birkenau und Natzweiler-Struthof eingesetzt war und bis zum SS-Obersturmführer aufstieg.

 

Rohde Werner

Werner Rohde, studierter und promovierter Arzt und Zahnarzt, trat der NSDAP zunächst 1923 und nochmals 1933 bei (Mitgliedsnr. 1.663.050). Nach seinem 1933 erfolgten Beitritt zur SA wechselte er 1936 von dort zur SS (Mitgliedsnr. 283.486) über. Rohde, ein Vertrauensmann des SD, soll nach Beginn des Zweiten Weltkrieges in einem Sanatorium der Waffen-SS tätig gewesen sein. Im Verlauf des Jahres 1941 war er Mitarbeiter am Hygieneinstitut der Universität Marburg bei Wilhelm Pfannenstiel. Nachdem er im SS- Wirtschafts- und Verwaltungshauptamt – Amt III für Sanitätswesen und Lagerhygiene mit Sitz in Oranienburg – 1942 eine weiterführende Qualifikation erhielt, wurde er in der Folge Lagerarzt im KZ Buchenwald. Von Mitte März 1943 bis Ende Juni 1944 fungierte Rohde als Lagerarzt im KZ Auschwitz-Birkenau

Dort traf er auf die Häftlingsärztin Ella Lingens, mit der er zusammen Medizin an der Universität Marburg studiert hatte. Ihren Aussagen zufolge soll sich Rohde für bessere hygienische Bedingungen im Frauenlager eingesetzt, andererseits aber auch typhuskranke Häftlinge für die Gaskammer selektiert haben. Ebenso ließ er Anfang 1943 verschiedene polnische Kinder aus Zamocz durch Phenolspritzen töten. Die von dem Sanitätsdienstgrad Josef Klehr zur Vergasung bestimmte Häftlingszahl des Häftlingskrankenbaus soll Rohde reduziert haben. Rohde soll in Auschwitz einer der anständigeren Lagerärzte gewesen sein, der oft betrunken war, wenn er an der Rampe die Ankommenden selektierte. Ab dem 1. Juli 1944 wurde er erster Lagerarzt im KZ Natzweiler-Struthof und später Lagerarzt diverser Nebenlager des KZ Natzweiler Struthof. Unter anderem war er ab 25. Juli 1944 Lagerarzt im Sicherungslager Schirmeck-Vorbruck im Elsass und ab Dezember 1944 im KZ Bisingen. Innerhalb der SS stieg Rohde 1944 zum SS-Obersturmführer auf.

Nach Kriegsende wurde von Rohde verhaftet und von einem britischen Militärgericht in Wuppertal (Trial of Werner Rohde and Eight Others - 29. Mai bis 1. Juni 1946) wegen der Ermordung von vier Frauen, von denen mindestens drei englische Agentinnen waren, angeklagt und zum Tode verurteilt. Die vier englischen Frauen, die der Special Operations Executive angehörten und dem französischen Widerstand zuarbeiteten, waren im Juni und November 1943 in Dijon und Paris verhaftet worden. Nach einem Aufenthalt in einem Frauengefängnis in Karlsruhe wurden sie in das KZ Natzweiler-Struthof überstellt und am 6. Juli 1944 durch Phenol-Injektionen getötet und anschließend im Krematorium verbrannt. Die Ermittlungen ergaben, dass Rohde und Heinrich Plaza, der bei dem Prozess nicht anwesend war, die tödlichen Injektionen verabreicht haben sollen. Rohde wurde am 11. Oktober 1946 im Zuchthaus Hameln durch den Strang hingerichtet.

Die Gefangene Ella Lingens-Reiner, eine Ärztin, sagte im Auschwitz-Prozess aus: Im Krankenrevier von Auschwitz ist sie dem Arzt Werner Rohde begegnet, der behauptete, sie von der gemeinsamen Studienzeit in Marburg zu kennen. „Er hat mir das Leben gerettet, aber er hat auch Zehntausende dem Tod überantwortet. Alle, die sich auf diese Weise ein Alibi zu verschaffen suchten, mordeten in anderen Fällen ohne Bedenken.“

Lingens-Reiner Ella

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Ella Lingens-Reiner (18. November 1908 in Wien ;  30. Dezember 2002 ebenda[1]) war eine österreichische Juristin sowie Ärztin und als Gegnerin des Nationalsozialismus von 1943 bis 1945 in KZ-Haft. 1980 wurde sie von Yad Vashem als Gerechte unter den Völkern ausgezeichnet.

 

Lingens-Reiner Ella

Ella Lingens, 1908 in Wien geboren, studierte in München, Marburg und Wien Medizin und Jura. Sie war verheiratet mit dem aus Deutschland stammenden Arzt Dr. Kurt Lingens, der schon 1933 wegen seiner Zugehörigkeit zu einer antifaschistischen Studentengruppe von allen deutschen Hochschulen ausgeschlossen worden war. Nach dem „Anschluss“ Österreichs an das Deutsche Reich im März 1938 überlegte das Paar, ob es in die Emigration gehen, in Österreich bleiben sollte oder ob es möglich wäre zu bleiben, ohne mitschuldig zu werden. Sie entschlossen sich, vorerst noch nicht zu emigrieren. In den Monaten nach dem 12. März 1938 verhalfen sie jüdischen Kommilitonen Ella Lingens' zur Emigration. Während der Novemberpogrome („Reichskristallnacht“) gewährten sie in ihrem Haus am Rande Wiens zehn jüdischen Familien Unterstand. Weiteren Juden half das Paar nach Ungarn zu fliehen, nahm Einzelne vorübergehend bei sich auf und unterstützte die Eltern ausgewanderter Freunde mit Lebensmitteln.

Im Sommer 1942 begannen die umfangreichen Deportationen der noch in Wien verbliebenen Juden. Einige wandten sich an das Ehepaar Lingens um Hilfe. Im Sommer 1942 wurden Ella und Kurt Lingens von der polnischen Untergrundbewegung, mit der sie in Kontakt standen, ersucht, zwei jüdischen Ehepaaren bei der Flucht zu helfen. Sie nahmen ein Paar bei sich auf und fanden ein Versteck für das zweite. Mit Hilfe eines Mittelsmannes sollten die beiden Paare in die Schweiz gebracht werden. Dieser Mittelsmann, ein ehemaliger Schauspieler namens Klinger, war allerdings ein Spitzel der Gestapo, der die Fliehenden am 4. September 1942 in Feldkirch an die Behörden verriet und ihre Helfer denunzierte. Ella und Kurt Lingens wurden am 13. Oktober 1942 verhaftet und im Wiener Hauptquartier der Gestapo im vormaligen Hotel Metropol am Morzinplatz inhaftiert. Kurt Lingens wurde einer Strafkompanie in Russland zugewiesen.

Ella Lingens wurde zunächst vier Monate im Gestapo-Gefängnis in Wien eingesperrt und wiederholt verhört. Im Februar 1943 wurde sie, wie auch Karl Motesiczky, der mit dem Paar an der Rettung von Wiener Juden beteiligt gewesen war, in das KZ Auschwitz deportiert. Lingens und Motesiczky kamen am 20. Februar 1943 frühmorgens um drei Uhr in Auschwitz an. Motesiczky starb dort am 25. Juni 1943. Zwischenzeitlich wurde sie Mitte 1943 für zwei Monate in das Außenlager Babitz des KZ Auschwitz verlegt. Bis Anfang Dezember 1944 blieb Lingens in Auschwitz und wurde dann in das KZ Dachau überführt, wo sie u.a. in einem Münchner Außenlager bis zur Befreiung des Konzentrationslagers Dachau durch die US-Armee Ende April 1945 inhaftiert blieb. Obwohl sie dort als Häftlingsärztin eine privilegierte Stellung genoss, setzte sie sich für ihre Mithäftlinge ein und versuchte sie vor der Vernichtung zu bewahren. Doch auch für Lingens war Auschwitz die „Hölle“. Im April 1943 erkrankte sie an Flecktyphus und überlebte nur mit Mühe.

Nach ihrer Befreiung schrieb sie, sie habe sich in Auschwitz im Gedanken an ihr Kind, den dreijährigen Peter Michael Lingens, durch den Nationalsozialismus nicht ihre Ehre und Selbstachtung rauben lassen. Danach musste sich Ella Lingens in ihrem neuen Leben zurechtfinden. Wie viele andere KZ-Überlebende plagten auch sie Schuldgefühle: „Lebe ich, weil die anderen an meiner Stelle gestorben sind?“ fragt sie sich wiederholt. Im Gegensatz zu vielen anderen KZ-Häftlingen begann sie bereits 1947 ihre Erinnerungen aufzuschreiben und Auschwitzerlebnisse zu analysieren.

In den Jahren nach der Befreiung, als die nationalsozialistische Vergangenheit Österreichs totgeschwiegen wurde, ließ sich Ella Lingens nicht davon abhalten, an die Verbrechen der Vergangenheit zu erinnern. Sie ging trotz der damit verbundenen psychischen Belastung als Zeitzeugin an Schulen und zu Lehrerseminaren, um die nachfolgende Generation über die dunkle Vergangenheit von Faschismus, Krieg und Terrorherrschaft zu informieren. Obwohl im Ausland hoch verehrt und gewürdigt, blieb Ella Lingens in Österreich großteils unbekannt. Nach dem Krieg beendete sie ihr Medizinstudium und arbeitete in mehreren Kliniken und im öffentlichen Gesundheitswesen Österreichs. Sie wurde Ministerialrätin im Bundesministerium für Gesundheit und Umweltschutz und trat 1973 in den Ruhestand. Anfang März 1964 sagte Lingens als Zeugin während des ersten Frankfurter Auschwitzprozesses aus. Yad Vashem zeichnete 1980 in Jerusalem Ella Lingens-Reiner und Kurt Lingens mit der Ehrenmedaille Gerechte unter den Völkern aus.

Am 30. Dezember 2002 starb Ella Lingens-Reiner in Wien. Ihr Sohn Peter Michael Lingens berichtete später: „Ein paar Tage vor ihrem Tod verließ meine Mutter noch einmal ihr Bett. Sie stützte sich an den Wänden des Zimmers und des langen Ganges ab und stand plötzlich, offenkundig etwas verwirrt, in der Wohnzimmertür. Während jedes Gespräch verstummte, wiederholte sie mit angstvoll geweiteten Augen einen einzigen Satz: Ihr werdet mich nicht verbrennen? Ihr werdet mich nicht verbrennen, gell?“ Sie wurde am 10. Jänner 2003 auf dem Wiener Zentralfriedhof in einem ehrenhalber gewidmeten Grab (Gruppe 40, Nummer 90) beigesetzt. 2003 erschien ihr Buch Gefangene der Angst – Ein Leben im Zeichen des Widerstandes, das von ihrem Sohn, der inzwischen zu einem der bekanntesten Journalisten Österreichs geworden war, herausgegeben wurde. Darin beschrieb sie die Jahre des Widerstandes und ihre Erfahrungen als Gefangene in den nationalsozialistischen Konzentrationslagern.

Jospin Lionel

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Lionel Jospin, né le 12 juillet 1937 à Meudon (Hauts-de-Seine), est un homme politique français, Premier ministre de 1997 à 2002.

 

Jospin Lionel

Né dans une famille protestante et militante de gauche, Lionel Jospin est issu du second mariage de son père Robert Jospin, un enseignant pacifiste membre du parti socialiste SFIO, avec une sage-femme, Mireille Dandieu. De son premier mariage, Robert Jospin a eu deux enfants : un fils, Maurice, dit Mowgli, futur journaliste et jazzman, ami de Claude Luter, et une fille, Hélène. De l'union de Robert et Mireille Jospin naîtront quatre enfants : Agnès, Lionel, Olivier et Noëlle, qui épousera le philosophe François Châtelet et deviendra romancière. De Meudon, où elle occupe un appartement, puis une villa avec jardin, la famille vient en 1948 s'installer à Paris, dans le quartier de la Bastille, boulevard Richard-Lenoir. Deux ans plus tard, Robert Jospin prend la direction d'un centre d'enfants difficiles, à la Ferté-sous-Jouarre, en Seine-et-Marne.

Adolescent, Lionel Jospin a intégré sous le nom de « Langue agile » les éclaireurs (protestants) de France, et à 15 ans, lors d'un camp dans le Jura, a eu pour chef de patrouille Michel Rocard, alias « Hamster érudit ». En 1954, il obtient son baccalauréat au lycée Janson de Sailly. De 1956 à 1959, il est étudiant à l'Institut d'études politiques de Paris et résidant à la cité universitaire Jean Zay à Antony. Il réussit le concours de l'École nationale d'administration en novembre 1961. De 1961 à 1963, il effectue son service militaire comme élève-officier à l'école de cavalerie de Saumur (comme avant lui Jacques Chirac), puis comme officier de chars, chef de peloton d'instruction à Trêves (Allemagne). Il y retrouve le soldat Guy Roux, futur entraîneur de l'AJ Auxerre, et le soldat Jean-Loup Dabadie, futur scénariste et parolier à succès, ainsi que ses copains d'alors : Josselin de Rohan, Jean-Bernard Mérimée et Jean Vidal.

Issu d'une famille de gauche, mais rebuté par le stalinisme et la politique coloniale de la SFIO, il rejoint le mouvement trotskiste au début de 1965. Il militera d'ailleurs à l'UNEF contre la guerre d'Algérie. Sous l'influence d'un ami éducateur, Michel Lautrec (1937-2000), il fait partie du groupe Lambert, Organisation communiste internationaliste (OCI) où il milite sous le pseudonyme de Michel, en hommage à son initiateur. Lionel Jospin et Pierre Mauroy, le 17 octobre 2000.De 1963 à 1965, il est élève de l'ENA, dans la promotion Stendhal. Se trouvent dans la même promo : Yves Cannac, Ernest-Antoine Seillière, Jean-Pierre Chevènement, Josselin de Rohan, Alain Gomez, Jacques Toubon, Jean Vidal, Jean-Bernard Mérimée, Tristan d'Albis, et Christian Aubin. Il effectue son stage à la préfecture de Bourges, et son stage « ouvrier » dans les houillères du Nord.

Il entre au Quai d'Orsay comme secrétaire des Affaires étrangères à sa sortie de l'ENA, en 1965. Il se trouve à la direction de la coopération économique du Quai d'Orsay, où il travaille avec Ernest-Antoine Seillière. En 1970, il abandonne sa carrière de diplomate pour devenir professeur d'économie à l'IUT de Sceaux (92). Après le congrès d'Épinay, il rejoint le Parti socialiste en 1971, à la demande de l'OCI. Il rencontre régulièrement Pierre Lambert ou d'autres responsables de l'OCI. Lionel Jospin n'en mène pas moins une carrière rapide au PS, devenant un protégé de François Mitterrand. Ce dernier, informé des années plus tard par Loïk Le Floch-Prigent de la double appartenance de Lionel Jospin, aurait répondu « Ne vous en faites pas, je sais ! Je m'en charge. C'est moi qui le retournerai ». En 1973, il entre au Bureau exécutif et devient Secrétaire national à la formation. En 1977 Lionel Jospin est élu au XVIIIe arrondissement de Paris, puis député de cette même ville en 1981, jusqu'en 1986, puis député de Haute-Garonne.

En 1981 François Mitterrand est élu président de la République. Il vient alors d'être élu Premier secrétaire du parti, succédant à François Mitterrand. Lionel Jospin garde ce poste durant toute la durée du premier septennat de François Mitterrand. Il quitte l'OCI durant cette période, rompant ses contacts avec le lambertisme autour de 1981. En 1988, il devient ministre de l'Éducation nationale. Il lance une réforme de la formation des enseignants et redessine la carte universitaire. Mais la contestation lycéenne l'affaiblit en 1990. Sa rivalité avec Laurent Fabius, exacerbée lors du congrès de Rennes en 1990, déchire le Parti socialiste. Lionel Jospin s'éloigne de François Mitterrand, doit quitter le gouvernement en 1992. Après sa défaite aux législatives en 1993, il quitte ses fonctions au PS et songe à se retirer de la vie politique, notamment en demandant un poste d'ambassadeur, ce à quoi s'opposera Alain Juppé, ministre des Affaires étrangères de l'époque.

Suite au désistement de Jacques Delors, il rebondit et est élu candidat du Parti socialiste à l'élection présidentielle le 5 février 1995. Donné perdant dès le début de l'élection, il crée la surprise en arrivant en tête au premier tour, devant les rivaux RPR Jacques Chirac et Edouard Balladur et en obtenant un bon score au second. Lionel Jospin redevient alors Premier secrétaire et dirige l'opposition. Il fait alliance avec le Parti communiste, les Verts, le Parti radical de gauche et, le Mouvement des Citoyens pour créer la gauche plurielle qui remporte les élections législatives de 1997 suite à la dissolution décidée par Jacques Chirac le 21 avril 1997.

Lionel Jospin et Laurent Fabius, le 11 avril 2000.Ce dernier le nomme alors Premier ministre le 2 juin 1997 : c'est le début de la troisième cohabitation. Ayant une image austère, il forme un gouvernement d'union centré sur quelques proches : Dominique Strauss-Kahn, Claude Allègre et Martine Aubry. Cette dernière met en place la principale promesse de campagne : les 35 heures. Assez populaire, il doit cependant se séparer du noyau dur de son gouvernement : contesté par les syndicats enseignants, Claude Allègre abandonne l'Éducation nationale, tandis que Dominique Strauss-Kahn, mis en examen, choisit de démissionner. Lors du vaste remaniement ministériel de 2000, il fait alors entrer les "éléphants" du PS, dont Jack Lang rue de Grenelle et, son rival Laurent Fabius à Bercy.

En 2001, son passé trotskiste est révélé dans des articles de presse (Le Monde, l'Express, le Nouvel Observateur), puis dans deux biographies. La rumeur courait depuis 1982 (alimentée notamment par trois anciens membres de l'Organisation communiste internationaliste, Yvan Berrebi, Patrick Dierich et Boris Fraenkel) mais avait jusque-là été démentie par l'intéressé, qui affirmait avoir été confondu avec son frère Olivier Jospin, lui-même militant avoué de l'organisation trotskiste. L'obligation de reconnaître les faits le déstabilise. Sur le plan économique, Lionel Jospin bénéficie d'une période d'embellie liée à une forte croissance mondiale, avec notamment à l'envol des nouvelles technologies, et a mis en œuvre une politique ciblée sur l'emploi (emplois-jeunes, prime pour l'emploi, baisse de la TVA, soutien à la consommation, allègements de charges, réforme sur l'annualisation du temps de travail en contrepartie des 35h) ; entre 1997 et 2001, le chômage passe du taux record de 12,2% à un plancher de 8,6%, mais il repassera la barre des 9% en 2002. L'impact de la réforme des 35h reste toutefois contesté, pour deux raisons, la première concerne l'efficacité même de la réforme et la deuxième est dû au fait qu'a ce moment là, il n'y avait pas le recul qui permettait de juger correctement.

Fier de son bilan, il se présente en 2002 à l'élection présidentielle. Jacques Chirac le prend de vitesse en annonçant bien avant lui sa candidature à l'élection présidentielle. Il gère mal une campagne marquée par le thème de l'insécurité, sujet décrit comme ayant pris une place disproportionnée par certains, principalement dans le traitement de l'information par les médias. D'autres accusent même ces derniers de favoriser l'extrême droite en attisant le racisme à travers des images ne montrant souvent que des "étrangers", commettant des délits, brûlant des voitures et affrontant les forces de l'ordre. Ces allégations ont été démenties par les médias eux-mêmes, mais l'extrême-droite grimpe néanmoins dans l'opinion publique. Lionel Jospin ne s'en soucie pas outre mesure. Ainsi, il évalue mal ces risques qui s'ajoutent aux divisions de la gauche: il n'arrive pas à rassembler sous sa candidature les composantes de sa majorité plurielle qui présentent chacune un candidat à l'élection présidentielle. Son positionnement n'est pas clair, affirmant au début de la campagne que son "projet n'est pas socialiste", puis nuançant par la suite ce propos avec des drapeaux rouges lors des meetings. D'autre part, ses attaques personnelles contre le président ont eu un effet mitigé ("Un président vieilli et usé"). Enfin, il lui est reproché de ne pas avoir profité des années de croissance économique solide pour affronter les grands problèmes de société, notamment la réforme des retraites. Le scrutin sera marqué par une très forte abstention. Il est éliminé dès le premier tour par les électeurs qui ont placé Jean-Marie Le Pen en seconde position derrière Jacques Chirac qui sera élu très largement après de larges mobilisations, dans toute la France, contre l'extrême-droite. Dépité par son échec cuisant, il annonce immédiatement son retrait de la vie politique dès la fin de l'élection présidentielle.

Depuis lors, il intervient de temps en temps dans des débats nationaux ou propres au Parti socialiste. Pour la première fois depuis trois ans, il accepte l'invitation de France 2 à « Question ouverte » le 28 avril 2005 pour défendre le « Oui » au référendum sur le traité constitutionnel européen puis est revenu le 25 mai s'exprimer sur le même sujet sur TF1. Son intervention n'empêche pas le « non » de l'emporter. Lionel Jospin a trois enfants, issus de deux mariages différents. Son premier mariage est avec Elisabeth Dannenmuller, il se marie ensuite avec la philosophe Sylviane Agacinski. En 2005, sort le livre Le monde comme je le vois qui relance les polémiques au sujet de son éventuel retour en politique : c'est en fait la question de la présidentielle de 2007 qui est implicitement soulevée par cette publication. Le 26 novembre 2005, Lionel Jospin affirme sur la radio Europe 1 qu'il n'est pas « candidat à la candidature » du Parti socialiste pour l'élection présidentielle en 2007 et qu'il s'est retiré « de la vie politique active » en avril 2002.

«Faute politique» : Jean-Marie Le Pen réplique à sa fille

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Le nouveau dérapage du président d’honneur du Front national crée des remous au sein même du parti.

 

Jean-Marie Le Pen, à Marseille, le 20 mai

Jean-Marie Le Pen, à Marseille, le 20 mai

Le président d’honneur du Front national, Jean-Marie Le Pen, a répliqué lundi à sa fille, qui avait qualifié de «faute politique» une phrase controversée sur Patrick Bruel : «Je considère que la faute politique, c’est ceux qui se sont alignés sur la pensée unique. Ils voudraient ressembler aux autres partis politiques. Si c’est le voeu d’un certain nombre de dirigeants du FN, ils ont réussi. C’est eux qui ont fait une faute politique, pas moi», a affirmé Jean-Marie Le Pen sur RMC.

Il revenait sur sa phrase - «On fera une fournée la prochaine fois» - dont il a à nouveau récusé toute connotation antisémite, tout comme il a réitéré ne pas savoir que Patrick Bruel était juif.

Plusieurs dirigeants du parti et notamment Marine Le Pen se sont démarqués de cette déclaration prononcée dans une vidéo publiée sur le site du FN et retirée depuis.

Dimanche en fin de journée, Marine Le Pen elle même est montée au créneau pour regretter la «faute politique» de son père, tout en se disant «convaincue que le sens donné à ses propos relève d’une interprétation malveillante».

Mais pour Jean-Marie Le Pen, qui a repris le terme de «faute politique» utilisé par sa fille, celle-ci est «commise par les gens et quelques dirigeants du FN qui ont donné de la consistance à ce qui était de la fantasmagorie soulevée par nos adversaires.» «Moi je suis un homme libre, je ne me sens pas obligé de marcher dans les sentiers tracés par la pensée unique»,  a-t-il assuré, rejetant à nouveau toute idée de retraite.

«Je vous mets au défi de trouver une phrase antisémite dans ma vie politique», a lancé le député européen, réélu avec 23 autres députés FN fin mai. D’après lui, «l’antisémitisme c’est le crime parfait, le crime le plus odieux du monde. Quand on arrive à porter cette accusation sur quelqu’un, on lui porte tort.»

Jean-Marie Le Pen s’en est pris aussi au député Gilbert Collard (député Rassemblement bleu marine) ou au vice-président du parti Louis Aliot qui avaient condamné sa phrase: «Tout ça ce sont des individualités (...). Sous quelle influence ces gens-là ont déclenché une agression absolument injuste à mon égard ?» a-t-il demandé.

Florian Philippot avait parlé lui d’une «brutalité inappropriée» dans ces propos. «Même une danseuse de l’opéra n’aurait pas trouvé ça brutal», a répliqué Jean-Marie Le Pen, qui dit avoir «reçu des masses de soutiens considérables». Il a aussi qualifié le Rassemblement bleu marine d'«espèce de formation bizarre et sans consistance».

PHILIPPOT : «IL Y AURA FORCÉMENT UNE EXPLICATION» ENTRE LE PEN

Le vice-président du FN, Florian Philippot, s'est de nouveau exprimé ce lundi sur RTL. «Je crois qu’il y aura forcément une explication, nécessairement, c’est ça aussi la vie des partis politiques, c’est une communauté humaine», a expliqué Florian Philippot. «Ce serait bien qu’on reprenne rapidement le travail sur le fond car les Français nous attendent», a ajouté le député européen.

S’il a récusé le caractère antisémite de cette sortie, Philippot a évoqué comme Marine Le Pen la «faute politique» de M. Le Pen. «La faute vient du fait que Jean-Marie Le Pen aurait pu savoir qu’il allait s’exposer à une interprétation malveillante», a-t-il expliqué. Avec cette déclaration de M. Le Pen, «on perd du temps», a regretté M. Philippot, qui «préférerait qu’on parle des problèmes de la France».

Il a aussi répondu aux critiques de Jean-Marie Le Pen contre ceux dans son parti qui auraient abdiqué devant une «pensée unique».«Personne n’a abdiqué devant la pensée unique, quand vous défendez le projet que nous défendons de redressement national (...) c’est contraire à la pensée unique», a fait valoir le vice-président du parti d’extrême droite.

Vuillemin Francis

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A 29 ans, Me Francis Vuillemin débute aux assises. Discret, sérieux, le look un peu strict, il est l'un des trois défenseurs de Maurice Papon et le benjamin des avocats.  

Vuillemin Francis

Il est seul devant la tasse de café et le jus d'orange de son petit déjeuner, dans l'une des salles à manger de l'hôtel Saint-James à Bouliac l'établissement renommé dans lequel, avec Jean-Marc Varaut, il a installé ses quartiers pour la durée du procès. Francis Vuillemin profite de l'unique instant de calme de ses journées bordelaises. Dans moins d'une heure, il roulera vers la maison où loge Maurice Papon, à une quinzaine de kilomètres de Bordeaux. Ultime briefing avant la reprise des débats au tout début de l'après-midi : « Nous travaillons une heure et demie, nous déjeunons en vitesse et nous partons pour le palais de justice. »

Jeune homme discret, avocat sérieux, le look un peu strict, Francis Vuillemin comprend bien et apprend vite. Au fil des débats de ce qui est et restera sa vie durant « son » premier procès d'assises, son attention ne se distrait pas une seule seconde. Il écoute, regarde, enregistre, apprend. De tous et de chacun. Surtout de son « maître » comme il l'appelle toujours Jean-Marc Varaut. « Au sens professionnel du terme », ajoute- t-il dans un léger sourire. Originaire de Besançon, monté à Paris pour terminer son droit et entamer des études d'avocat, Francis Vuillemin a souhaité travailler avec Me Varaut dès l'instant où il a entendu ses conférences et lu ses livres : « Je lui ai écrit, j'ai passé un entretien et tout a commencé. Comme une aventure. »

Ce fut d'abord le stage professionnel de trois mois. Puis trois semaines après sa prestation de serment, en janvier 1995, il est devenu le collaborateur de Jean-Marc Varaut auquel il voue une admiration certaine : « Pour moi, il est toujours l'un des plus grands avocats du moment. J'aurais tendance à dire le plus grand. » En entrant au cabinet Varaut, Francis Vuillemin s'est immédiatement immergé dans le dossier Papon. « Je savais qu'il avait ce dossier mais je ne connaissais pas l'affaire. J'avais juste lu le livre de Me Boulanger. J'ai regardé et étudié les pièces pendant plusieurs semaines. En professionnel, objectivement. sans problème de conscience. » Francis Vuillemin avait croisé une fois Maurice Papon, dans le cabinet, lorsqu'il effectuait son stage en septembre 1994. Rencontre décisive. Il ne savait pas encore qu'il partirait pour Bordeaux mais en avait eu la prémonition. « J'ai tendance, comme les Grecs, à accorder de l'importance aux signes.» Et d'ajouter, ironique : « C'est comme lorsque j'ai vu le projecteur manquer assommer le procureur général. » Francis Vuillemin a lu dans l'incident un présage favorable...

En fait, il n'a réellement mieux connu Maurice Papon qu'à l'occasion de l'instruction. En mars, mai et juillet 1995, il l'assistait, parfois seul, devant le juge qui clôturait l'information judiciaire : « Le contact est tout de suite bien passé. Au fur et à mesure, les relations ont évolué. Au début, il devait me considérer davantage comme l'assistant de Me Varaut. Maintenant, je crois qu'il me tient pour avocat à part entière. » (1) A 29 ans, Francis Vuillemin fait ses premiers pas d'avocat dans la cour des très grands. Pour le procès le plus long des annales judiciaires, avec un accusé tout droit tombé des plus hautes sphères de l'Etat, accusé des faits criminels les plus graves, le crime contre l'humanité. On peut le croire sans peine lorsqu'il assure que « son premier procès d'assises en vaut cent par l'expérience ».

Il sait que cette « affaire » marquera sa carrière d'une empreinte indélébile, mais il la considère d'abord comme un atout extraordinaire plutôt que comme un handicap qu'il lui faudra assumer par la suite. « Lorsque des collègues m'en font la remarque, je lis dans leur regard plus d'envie que de réels reproches. Je participe à un procès dont on parlera encore dans un siècle, même à mon petit niveau, derrière Jean-Marc Varaut. Ca m'a fait gagner au bas mot dix ans de pratique professionnelle, peut-être davantage. C'est un peu comme si je devenais chaque jour un peu plus avocat. » De fait, plutôt réservé au début du procès, il affiche au fil des jours de plus en plus d'assurance. Au point d'intervenir plus souvent et même de « remplacer son maître», Me Varaut, lorsqu'il est retenu par d'autres affaires à Paris. C'était le cas ces jours derniers. « Je me sens plus fort. Au début, la différence d'âge et d'expérience par rapport aux autres avocats m'impressionnait. Ce n'est plus le cas. Je me considère à égalité. Je n'ai plus d'appréhension à l'idée d'avoir à leur répondre. »

Son attitude nouvelle, explique-t-il, doit le plus à son confrère Varaut. « C'est lui que j'observe. Je m'inspire de son savoir-faire. J'observe le ton qu'il utilise. Lui, réplique avec beaucoup de calme. Moi, j'ai une trop grande tendance à m'emporter. » La légitime fierté du jeune avocat propulsé sans étape préliminaire sous les feux d'une actualité judiciaire qui pourrait être professionnellement grisante a un regret toutefois. Il lui arrive de se sentir isolé dans une salle d'audience où les avocats des parties civiles sont beaucoup plus nombreux et se retrouvent entre eux. « J'ai aussi acquis une maturité personnelle et je me sens plus solide. Ce ne pouvait pas être facile ou commode d'être acteur d'un procès comme celui- là », ajoute Francis Vuillemin qui avoue ne pas toujours bien dormir la nuit : « Mes nuits sont peuplées de rêves à la limite du cauchemar. Ils ont toujours un lien, parfois mystérieux, avec les audiences. »

Si Francis Vuillemin affirme « adorer parler politique », il refuse d'aborder le sujet « pendant le procès ». Tout au plus, confirme-t-il ses sympathies « à droite ». Il évoque plus volontiers, tout en restant très discret, sa fiancée « je préfère ce mot » , Emmanuelle, avocate à Paris qu'il retrouve deux week-ends sur trois. Lui aussi a mis sa vie entre parenthèses : « J'ai l'impression de vivre dans une bulle, comme une obsession intellectuelle, il est difficile de penser à autre chose. » Francis Vuillemin ne va plus au cinéma, s'intéresse au reste de l'actualité « d'une manière superficielle » et trouve à peine le temps de lire les philosophes et les historiens qu'il affectionne. A l'heure actuelle, il se détend avec « les penseurs pré-socratiques ». A deux semaines de sa première plaidoirie en assises, il confie son émotion : « C'est une forme de trac que je ressens depuis longtemps, la fameuse boule au creux de l'estomac. » Il pense peu à « l'après-procès ». Il effleure juste le projet de « participer au livre qu'écrirait Jean-Marc Varaut ». Et puis, sûrement, un voyage au Yémen avec Emmanuelle.

(1) Le bâtonnier Marcel Rouxel complète la défense de Maurice Papon.

Juppé Alain

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Homme politique français (Mont-de-Marsan 1945). Pur produit de la méritocratie des Trente Glorieuses, Alain Juppé naît au sortir de la Seconde guerre mondiale dans un milieu agricole modeste des Landes. 

 

Juppé Alain

Brillant élève, il intègre l’École normale supérieure, décroche l’agrégation de lettres classiques puis entre à l’ENA dont il sort parmi les premiers, « dans la botte », pour devenir inspecteur des Finances. Dès 1976, il rejoint le groupe des collaborateurs du jeune Premier ministre de Valéry Giscard d’Estaing, le gaulliste Jacques Chirac, dont il partage les convictions et admire la détermination.

Il fait partie des premiers membres et cadres du Rassemblement pour la République (RPR) que ce dernier fonde après son départ de l’exécutif en 1976 et, dès la fin de la décennie, le retrouve à la mairie de Paris dont il devient un des principaux adjoints de 1983 à 1995. Il gagne auprès de celui-ci non seulement ses galons politiques (premier mandat européen en 1984 puis législatif en 1986) mais aussi une réputation d’excellence qui lui vaut le surnom d’« Amstrad », une marque d’ordinateur de l’époque. Il est d’ailleurs selon les dires de J. Chirac « le meilleur d’entre nous », tant pour ses capacités d’analyse que pour le caractère indéfectible de sa loyauté.

A. Juppé devient ministre délégué au Budget et porte-parole du gouvernement de cohabitation Chirac après la victoire de la droite aux législatives de 1986. Conformément aux vues de la nouvelle majorité soucieuse de favoriser l’offre et l’investissement, il œuvre à l’allègement de la pression fiscale, supprimant l’impôt sur les grandes fortunes, abaissant ceux pesant sur les sociétés et réduisant les taux de TVA. Secrétaire général et numéro 2 du RPR quand celui-ci repasse dans l’opposition en 1988, il fait, de concert avec V. Giscard d’Estaing, arriver en tête la liste de droite aux européennes de 1989, mais il renonce très vite à son mandat pour privilégier ses activités de parlementaire et de chef politique national. À ce titre, il fait face à la fronde des rénovateurs contre J. Chirac et parvient à maintenir l’unité du mouvement autour de son fondateur et leader. S’opposant notamment au tandem Pasqua-Séguin, il conseille à ce dernier de se prononcer en faveur de la ratification du traité de Maastricht en 1992.

Après le raz-de-marée législatif de 1993 en faveur de la droite, il obtient le prestigieux poste de ministre des Affaires étrangères dans le cabinet de cohabitation d’Édouard Balladur et s’acquitte de sa tâche avec un brio salué au-delà des frontières partisanes. Il est vrai qu’il est amené à composer avec le président de la République, le socialiste François Mitterrand. En tout état de cause, il acquiert au Quai d’Orsay une popularité qui fait de lui plus que jamais le principal lieutenant de J. Chirac. En effet, contrairement à nombre de ministres estampillés RPR, il choisit de rester fidèle à ce dernier, de ne pas se rallier à la candidature à la présidentielle de 1995 du chef du gouvernement et d’animer la campagne, en définitive et contre toute attente victorieuse, de son mentor.

Aussi est-ce presque tout naturellement qu’il devient Premier ministre quand ce dernier accède à la magistrature suprême et le préfère à l’orageux Philippe Séguin. À la tête d’un cabinet de crise, il est amené à revenir sur les promesses électorales de remédiation de la « fracture sociale » et à promouvoir rigueur et réformes de structure, en particulier à propos du système de sécurité sociale et des régimes spéciaux de retraite. Le puissant mouvement de protestation et de grève qui s’ensuit à l’automne le conduit à faire en partie machine arrière. Sa popularité s’étiole, cependant qu’à partir de 1996, d’autres contentieux, au sujet des sans-papiers notamment, ternissent un peu plus son aura. La difficulté à présenter un budget compatible avec les critères de Maastricht et l’échec pour la droite de la dissolution de l’Assemblée nationale voulue par le président de la République le conduisent à démissionner au printemps 1997 et à céder son poste au vainqueur des élections, le socialiste Lionel Jospin.

Après avoir été député du 18e arrondissement de Paris, A. Juppé succède en 1995 à Jacques Chaban-Delmas à la mairie de Bordeaux (jusqu’en 2004, puis à nouveau depuis 2006) et représente le cœur de ville à l’Assemblée nationale à partir de 1997. À la tête de la cité puis de la communauté urbaine (jusqu’en 2004), il s’emploie à réveiller la « Belle endormie », multipliant les projets d’envergure : lignes de tramway, aménagement des quais de la Garonne, réhabilitation des friches industrielles et quartiers de la rive droite, animations artistiques et politique culturelle. Cette action est consacrée par l’inscription de la ville au patrimoine universel de l’Unesco en 2007 et par sa reconduction en tant que maire dès le premier tour en 2008, alors qu’à l’échelle nationale la droite subit un revers cinglant et encaisse la perte sèche de près d’une cinquantaine de villes de plus de 30 000 habitants.

Après avoir été secrétaire général du RPR de 1988 à 1994 puis président de ce mouvement jusqu’en 1997, il en laisse les rênes à P. Séguin et, après un intérim assuré par Nicolas Sarkozy, à Michèle Alliot-Marie. Mais en 2002, dans le contexte de la présidentielle, il œuvre à sa transformation en Union en mouvement (UEM) puis en Union pour un mouvement populaire (UMP), c’est-à-dire une grande formation de la droite et du centre destinée à mettre fin au caractère bicéphale de cette aile de l’échiquier politique français et à fournir au chef de l’État réélu une majorité à sa convenance. Il en assure la présidence jusqu’en 2004, quand il est rattrapé par des affaires liées à la gestion de la capitale au temps de J. Chirac.

Condamné en 2004 à dix-huit mois d'inéligibilité politique (peine commuée à un an l'année suivante) dans l'affaire des emplois fictifs de la mairie de Paris, il quitte ses fonctions parlementaires, municipales et partisanes et se retire momentanément à Montréal, au Québec, où il enseigne à l’université avant de revenir sur le devant de la scène politique en 2006. Réélu à la mairie de Bordeaux (octobre 2006), il prend la tête d’un grand ministère de l'Écologie, du Développement et de l'Aménagement durables au sein du gouvernement Fillon en mai 2007 mais, conformément à la régle édictée par le président Sarkozy, doit renoncer à ce poste à la suite de sa défaite aux élections législatives de juin.

Détaché de tout devoir d’allégeance, A. Juppé fait bientôt figure de « sage de la majorité ». Il parvient de fait rapidement à renforcer aussi bien sa position locale, en tant que maire de Bordeaux, que sa stature nationale. Malgré les critiques qu’il n’hésite pas à asséner, au compte-goutte certes, à l’endroit de l’exécutif et notamment du chef de l’État, il finit par revenir par la grande porte au gouvernement en tant que ministre d'État, ministre de la Défense et des Anciens combattants (novembre 2010), puis ministre des Affaires étrangères et européennes (2011-2012). Dès lors, faisant fi des tensions passées, N. Sarkozy l’érige en interlocuteur privilégié au sein de l’équipe qu’il préside.

Après l’échec de ce dernier à la présidentielle de 2012 et son retrait annoncé de la vie politique, et devant les menaces d’éclatement de l’UMP liées à la concurrence du Front national, aux tentations d’alliance avec l’extrême droite qui se font jour chez certains élus et de nombreux électeurs du mouvement, et à la guerre des chefs qui se dessine entre F. Fillon et Jean-FrançoisCopé, A. Juppé se voit obligé de rappeler les grands principes qui structurent l’action de sa famille politique. Il est par ailleurs plus que jamais tenté de se poser en arbitre, en rassembleur et peut-être, conséquemment, en ultime recours.

Jean-Marie Le Pen rappelle à sa fille d'où vient le Front national

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Une polémique calamiteuse pour Marine Le Pen, M. Le Pen vient de lui rappeler d'où il vient et ce dont elle est l'héritière. Et il l'a fait au moment même où la stratégie de normalisation mise en œuvre par sa fille commence à porter ses fruits, après la percée du Front national aux élections municipales de mars et sa victoire aux européennes de mai.

 

 

Le dérapage antisémite du fondateur du FN est calamiteux pour Marine Le Pen, qui aspire à gommer les origines de son parti

Le dérapage antisémite du fondateur du FN est calamiteux pour Marine Le Pen, qui aspire à gommer les origines de son parti

On peut toujours compter sur Jean-Marie Le Pen pour rappeler qui il est et ce qu'il représente dans le débat politique français. Inlassablement, le président d'honneur, à vie, du Front national – depuis qu'il en a transmis, en 2011, la présidence effective à sa fille Marine – revient au fondement du courant politique qu'il incarne depuis près de quarante ans.

Il vient, une nouvelle fois, d'en faire la démonstration. Avec sa méthode habituelle, la saillie ricanante et transgressive. Et sur son terrain favori, l'antisémitisme. Dans une vidéo diffusée sur le site Internet du parti d'extrême droite, M. Le Pen s'en est pris à des artistes qui combattent le FN. Notamment le chanteur et acteur Patrick Bruel, qui est juif, et à l'encontre duquel il a lancé : « On fera une fournée, la prochaine fois. »

DÉTESTABLE JEU DE MOTS

De la part d'un homme qui, en 1987, avait qualifié de « point de détail de l'Histoire » les chambres à gaz et l'extermination des juifs par les nazis durant la seconde guerre mondiale, ou qui avait lancé en 1988 un détestable jeu de mots – « Durafour crématoire » – contre le ministre Michel Durafour, l'intention et l'obsession ne font aucun doute. Contre la vérité historique et en dépit de condamnations par la justice, M. Le Pen persiste et signe, pour mieux se rappeler au mauvais souvenir des Français, et de sa fille.

Depuis trois ans, la présidente du Front national s'est employée à « dédiaboliser » le parti fondé par son père, à tenter d'en faire oublier le vieux socle xénophobe et antisémite. En 2011, elle avait assuré que les camps d'extermination nazis avaient été le « summum de la barbarie ». Il y a quelques mois encore, Mme Le Pen récusait l'étiquette d'extrême droite accolée à son parti et menaçait de saisir la justice pour faire cesser ce qu'elle considère comme une « insulte ».

Marine Le Pen a beau avoir dénoncé la « faute politique » de son père et rappelé que « le Front national condamne de la manière la plus ferme toute forme d'antisémistisme », cette polémique est calamiteuse pour elle. La présidente du FN peine, en effet, à constituer un groupe au Parlement européen, précisément parce que certains de ses alliés potentiels jugent son parti antisémite. La provocation de son père ne va pas les convaincre du contraire.

C'est, en outre, la respectabilité à laquelle elle aspire qui s'en trouve mise à mal. Et, au-delà, sa prétention à incarner un parti républicain capable, à l'avenir, de conquérir et d'exercer le pouvoir en France. Ce nouveau dérapage contrôlé de Jean-Marie Le Pen témoigne, en effet, que, derrière le patient ripolinage de sa façade et de son discours, le Front national reste fidèle, dans ses profondeurs, à la radicalité d'extrême droite qui a fait et reste sa singularité. A cet égard, c'est une utile piqûre de rappel pour tous les démocrates et républicains.


Lang Jack

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Jack (prononcer Jacques) Lang est un homme politique français, né le 2 septembre 1939 à Mirecourt dans les Vosges. Son père était américanophile, d'où la graphie du prénom. Il a pour épouse Monique Buczynski.

 

Lang Jack

Parmi tous les hommes politiques français de la Ve République, Jack Lang détient à ce jour le record de longévité en tant que ministre, avec 12 ans d'exercice ministériel, partagés entre les portefeuilles de la Culture et de l'Éducation. Originaire d'une riche famille de Nancy, Jack Lang a été dès l'origine attiré par la scène. C'est du reste dans sa troupe de théâtre qu'il fait connaissance de son épouse Monique. Après avoir animé le festival de théâtre de Nancy puis avoir été nommé par le président Georges Pompidou directeur du théâtre de Chaillot, il est révélé au grand public en 1981 quand il est nommé ministre de la Culture, poste qu'il occupera pendant 10 ans sous tous les gouvernements socialistes des deux septennats de François Mitterrand. C'est à ce poste qu'il instaure notamment en 1982 la Fête de la Musique. Cette fête populaire, qui est l'occasion de concerts gratuits et de manifestations culturelles, connut rapidement un grand succès en France au point que de nombreux pays en reprirent l'idée.

Il est aussi très reconnu à l'étranger pour être un grand ami des socialistes brésiliens Lulla, et gilberto gil, des Italiens Walter Veltroni et Romano Prodi, de l'Allemand Otto Schily... Il s'est également rendu chez Fidel Castro, le président cubain. De 1983 à 1989, il sera également conseiller municipal et conseiller de Paris, puis à partir de 1986 il s'implante dans le Loir-et-Cher et en devient député (réélu en 1988, 1993, et 1997) et maire de Blois de 1989 à 2000, date à laquelle il abandonne son poste de maire à son adjoint, Bernard Valette. Il ambitionne alors ouvertement de se présenter à la mairie de Paris, puissant bastion de la droite, mais les socialistes lui préfèrent finalement le candidat local Bertrand Delanoë. En mars 2000, suite au large remaniement ministériel qui voit le retour des "éléphants" du PS au gouvernement, il succède à Claude Allègre comme ministre de l'Éducation nationale. Le Premier ministre Lionel Jospin le nomme pour son côté consensuel et sa popularité auprès des jeunes, en cette période préelectorale, afin de calmer les esprits : "C’est la hantise de tout ministre d’avoir les lycéens dans la rue" , raconte-t-il, nommé à deux reprises (1992-1993 ; 2000-2002) pour pacifier le monde éducatif.

Battu aux municipales de 2001 par l'UDF Nicolas Perruchot, en vue des législatives de 2002, il quitte définitivement Blois où il a été très contesté, et réussit son parachutage dans le Pas-de-Calais. Il devient député dans la 6e circonscription du Pas-de-Calais (Boulogne Nord-Calais ouest), qui compte l'un des taux de France les plus important de bénéficiaires du RMI. En 2002, après l'échec de Lionel Jospin, il considère qu'il faut réconcillier les hommes politiques avec les français en étant d'accord, par exemple, sur le principe d'une émission de télé-réalité où des politiques partageront l'existence de Français moyen. Il est vigoureusement pris à parti par les intermittents du spectacle qui lui reprochent de récupérer leur mouvement.

En 2004, il est nommé porte-parole national de la campagne du PS pour les régionales et les cantonales. À la fin de l'année, il réintègre la direction du Parti socialiste, en étant chargé, avec Martine Aubry et Dominique Strauss-Kahn, du projet socialiste pour 2007. Selon la Sofres, entre 1987 et 2005, sa cote de popularité oscille autour de 45% d'opinions favorables, avec un minima de 35% en 2000. Certains le considèrent comme un possible recours de la gauche à l'élection présidentielle de 2007. A noter qu'il affiche un soutien au PACS et s'est prononcé récemment pour le mariage civil des couples de même sexe.

Porte-parole du PS durant la campagne pour le référendum du traité pour la Constitution européenne, il défend la ligne du « oui » aux côtés de l'équipe dirigeante du parti. Après l'échec du 29 mai et le rejet de ce traité, il annonce, le 31 mai 2005, la création d'un club de réflexion, Inventons demain, est considérée par certain comme un pas vers l'annonce de sa « candidature à la candidature » lors des primaires qui désigneront, en novembre 2006, le candidat socialiste à l'investiture présidentielle. Il ne cesse depuis d'en appeler au renouvellement du personnel politique... Le 1er septembre 2005 il publie un livre-programme en vue de 2007 Changer. Se proclamant un "réaliste révolutionnaire", il y propose notamment :

  • Un Président responsable devant l’Assemblée 
  • Un mandat de quatre ans 
  • La pleine restauration des pouvoirs du Parlement 
  • La fin (réelle) du cumul des mandats 
  • La suppression de l’actuel Sénat 
  • Une réforme en profondeur de la justice 
  • Le pluralisme médiatique 
  • Une Assemblée aux couleurs de la France. 
  • La régularisation des sans-papiers 

À l'occasion du 10e anniversaire de la mort de l'ancien Président de la République François Mitterrand, il signe la postface du livre de Stéphane Trano, "Mitterrand, Une Affaire d'Amitié", aux éditions de l'Archipel. Jack Lang est nommé secrétaire national à l'action culturelle en 1973 puis ministre de la culture dans les années 1980. Le parti socialiste, alors au pouvoir, ainsi que les autres partis politiques désirent pousser à l'extrême la mise en application de la notion de démocratisation de la culture (diffusée par André Malraux). Ils sont appuyés par les mouvements associatifs et syndicaux qui prennent conscience de l'importance d'une « cohabitation » socio-politique pour la diffusion de la culture. Ainsi, au niveau local, les budgets liés à la culture éclatent et deviennent un réel enjeu politique, au même titre que l'économie du pays au profit du Parti socialiste. De la même manière, le budget pour la promotion de la culture passe pour la premère fois à 1% du budget national. Les politiques culturelles, soutenues par le président, François Mitterrand, leur donne un caractère légitime. Les objectifs principaux de la politique de Jack Lang sont à la fois de diminuer la hiérarchisation traditionnelle qui sépare les « arts majeurs » des « arts mineurs » et y intégrer au dernier des activités alors non considérées comme faisant parties du domaine culturel. 

Ainsi, Jack Lang permet la mise en avant du cirque (avec la création d'un centre national des arts du cirque et d'une association nationale chargée chargée de gérer les subventions du ministère), de la photographie (ouverture d'une école nationale), de la musique autre que classique. Il accorde une place très importante au créateur, dans tous les milieux artistiques: au cinéma, il développe des aides financières à l'écriture; au théâtre sont créés de subventions pour soutenir les compagnies ; la loi Lang du 1er août 1981 fixe un prix du livre unique afin de lutter contre la monopolisation du marché par les magasins de grande distribution comme la FNAC. Ces financements sont attribués après une évaluation du projet. Il désire diffuser les actions culturelles en masse mais au moyen d'une production artistique diversifiée et de qualité.

Parallèlement, sous pression de l'économie générale qui se libéralise et malgré deux ans de lutte contre l'américanisation, il accorde à la mode, la publicité, le design une dimension culturelle. Il diffuse la notion de « démocratie du goût », où chacun choisit la culture qu'il veut et est « créateur » de culture. Des oeuvres d'art aux gestes de la vie quotidienne, tout est considéré comme « culture ».

Marchais Georges

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Georges Marchais, né le 7 juin 1920 à La Hoguette (Calvados) et mort le 16 novembre 1997 à Paris, est un homme politique français. Il est secrétaire général du Parti communiste français de 1972 à 1994 et député de 1973 à 1997. Georges Marchais est le fils unique de René Marchais (1886-1930), ouvrier carrier, et de Germaine Boscher (1889-1974), veuve de guerre, remariée.

Marchais Georges

Si du côté paternel, Georges Marchais est issu d'un milieu modeste, sa mère en revanche appartenait à une famille plus aisée, et son second mariage avec René Marchais sera considéré comme une "mésalliance". Georges Marchais a des demi-frères et sœurs : du côté de son père, veuf en premières noces de Blanche Perrette (1884-1914) : Renée Marchais (1910), et du côté de sa mère, veuve également en premières noces d'Albert Daunou (mort pour la France en 1915) : Berthe Daunou (1908-1977), Marcel Daunou (1910-1945) et Robert Daunou (1911-1962).

Georges Marchais devient mécanicien ajusteur à l'usine aéronautique Voisin d'Issy-les-Moulineaux juste avant l'invasion allemande de mai 1940. En 1941, il se marie en premières noces à Paulette Noetinger (1920), d'où trois filles : Michèle (1941), Monique (1947) et Claudine Marchais (1950). Séparé en 1959, Georges Marchais épouse en secondes noces, en 1977, Liliane Grelot, d'où un fils : Olivier Marchais. Il part travailler en Allemagne en décembre 1942, chez Messerschmitt à Augsburg. En 1970, Charles Tillon accusera Georges Marchais de s'être porté volontaire, les principales réquisitions allemandes de main d'œuvre n'ayant débuté qu'après la loi du 16 février 1943.

Toutefois, l'existence d'une première loi du 4 septembre 1942, à l'origine du départ forcé de plus de 250 000 ouvriers, était à l'époque ignorée ou négligée par les historiens et par l'opinion. Son biographe Thomas Hofnung estime qu'il n'existe aucune preuve de volontariat et que Marchais fut plutôt muté outre-Rhin, dans le cadre de la réquisition des travailleurs de l'industrie aéronautique par l'Allemagne nazie. Pour contrer cette loi, des grèves, organisées clandestinement, souvent par des communistes, éclatent dans certaines usines comme Ratier à Figeac le 22 octobre 1942 (les seize ouvriers convoqués ne partiront pas mais l'usine continuera de fabriquer des hélices pour les avions Heinkel). De plus, deux décisions de justice, faisant suite à une plainte de Georges Marchais contre ses détracteurs, établissent que Georges Marchais est bien parti en Allemagne sous la contrainte.

Selon la thèse la plus couramment admise, à cette époque, Georges Marchais n'avait de toute façon aucune conscience politique manifeste. Il s'est tenu en effet complètement en dehors des événements du Front populaire, de la grève générale du 30 novembre 1938 et de la Résistance. Il figure donc parmi les premiers ouvriers transférés en Allemagne, à une époque antérieure au développement de la Résistance officialisée après la guerre et à la création des maquis, et n'a jamais revendiqué y avoir appartenu. L'incertitude subsiste aussi sur la date de son retour en France. Il prétendra avoir profité d'une permission en juin 1943 pour se cacher et ne pas repartir (cas fréquent à l'époque), mais sera bien incapable de préciser les endroits où il s'abrita. Aucune trace administrative ni aucun témoignage ne démontrent sa présence en France avant avril-mai 1945. Toujours selon Thomas Hoffnung, Marchais se résigna à repartir en Allemagne après sa permission, et ne revint en France qu'à la chute du IIIe Reich, parmi des milliers de Français anonymes4.

En 1946, il est secrétaire du syndicat des métaux d’Issy-les-Moulineaux. Secrétaire du centre intersyndical CGT dans la même commune en 1951, secrétaire de l'Union des syndicats de travailleurs de la métallurgie de la Seine de 1953 à 1956. Membre du Parti communiste français (PCF) depuis 1947, c'est un camarade de travail de chez Voisin, catholique pratiquant habitant Meudon, qui l'a fait adhérer.[réf. souhaitée] Georges Marchais commence dès cette époque une carrière qui le propulse assez vite et durablement vers les sommets du parti, sans jamais avoir eu l'occasion de participer ni de s'exposer lors des évènements fondateurs de la geste communiste antérieure à 1945. En 1956, Marchais est membre suppléant du comité central du PCF et secrétaire de la Fédération de la Seine-Sud, puis en 1959 membre du comité central et du bureau politique. À partir de 1961, il est secrétaire à l'organisation puis secrétaire général adjoint en 1970.

En mai 1968, il attaque dans un premier temps Daniel Cohn-Bendit, qu'il qualifie d'« anarchiste allemand ». Il critique les « faux révolutionnaires » du Mouvement du 22-Mars, dont l'« agitation », selon ses termes, « va à l'encontre des intérêts de la masse des étudiants et favorise les provocations fascistes ». Face à la répression policière, Georges Marchais et le PCF soutiennent le mouvement étudiant et ses revendications. Ils appellent à l'union des étudiants et des ouvriers, et à la création d'une « Université moderne et démocratique qui doit remplacer l'université de classe actuelle ». Georges Marchais garde le silence en public lors du Printemps de Prague. Il sera, au nom du parti communiste, cosignataire du Programme commun de gouvernement avec le PS et les Radicaux de gauche en juin 1972.

En décembre 1972, il devient secrétaire général du PCF, succédant à Waldeck Rochet qui démissionne pour raisons de santé. Élu député de la 1re circonscription du Val-de-Marne en mars 1973 puis de la 11e (Arcueil-Cachan-Villejuif) à partir du redécoupage électoral de 1986, il sera régulièrement réélu à chaque scrutin jusqu'en 1997. Son arrivée à la tête du PCF coïncide avec l'apogée de la puissance de l'Union soviétique et le début de son déclin : en 1974, les Portugais quittent l'Afrique pour laisser la place à des régimes pro-soviétiques, en 1975, les Américains sont chassés du Viêt Nam où les Soviétiques s'installent à leur place ; le cardinal Agostino Casaroli et le pape Paul VI considèrent alors comme irrésistible la mainmise de l'Union Soviétique sur l'Europe et cherchent à s'en rapprocher. 1979 est l'année de la chute du shah d'Iran et de l'arrivée au pouvoir des Sandinistes au Nicaragua, mais c'est aussi le début de l'invasion et des déboires soviétiques en Afghanistan.

Georges Marchais, qui a su capter la confiance des partis « frères », est alors le mieux à même pour drainer des informations sur les menées des Soviétiques et des formations politiques et syndicales qu'ils financent dans les pays méditerranéens et en Turquie, ainsi que l'identité des émissaires afghans du Khalk et du Parcham (collaborateurs des Russes) en France. C'est dans un article de L'Humanité du 13 février 1979, préparatoire au XXIIIe congrès du parti qu'il évoque le « bilan globalement positif en URSS », ce qui provoque une vive polémique en France. Trois ans plus tôt, le parti avait pourtant renoncé à toute référence au modèle soviétique, à la dictature du prolétariat, pour adopter des thèses proches de celles du parti communiste italien, dans la ligne de l'« euro communisme ».

Tête de la liste du PCF aux élections européennes de 1979 il obtient 20,6 % des voix et envoie 19 députés PCF au Parlement européen, il est élu député européen et le restera jusqu'en 1989. Publiquement, il soutient l'intervention militaire soviétique en Afghanistan des 26 et 27 décembre 1979. Candidat communiste à l’élection présidentielle 1981, il obtient 15,35 % des voix. Ce résultat confirme le déclin de son parti au profit du parti socialiste. Avec l'élection de François Mitterrand, le PCF entre au gouvernement. Mitterrand lui confie quatre ministères pour le rendre solidaire de son action gouvernementale. Malgré l'anticommunisme caractérisé du président américain Reagan, celui-ci conserve avec la France les mêmes relations que sous le prédécesseur de François Mitterrand, sachant qu'il n'a rien à craindre de Georges Marchais. Sa participation au gouvernement, qui lui ôte son rôle de parti contestataire, fait perdre encore des voix de mécontents au PCF, phénomène qui s'aggravera encore avec la dissolution de l'URSS en 1991. Marchais est de nouveau candidat au européennes de 1984, il ne réalise que 11,20 % des suffrages et ne distance que d'un quart de point le FN (10,95 %). Son parti passe très vite sous la barre ses 10 % et se fait distancer par le Front national, aux présidentielles de 1988, André Lajoinie et Pierre Juquin (candidat dissident) ne réalisent à eux deux que 8,9 % des voix (contre 14,4 % à Jean-Marie Le Pen) la veille de la chute du mur de Berlin.

Invité d'Apostrophes en mai 1990, Georges Marchais estime que le PCF « a été stalinien » et ne l'est plus « depuis 15 ans » (soit depuis 1975). En août 1991, au lendemain de l'effondrement du régime soviétique et de l'interdiction du Parti communiste par décret du président Eltsine, Georges Marchais se trouva confronté à la télévision avec Emmanuel Todd, qui avait prédit cet effondrement en 1976 dans son livre La Chute Finale, ce qui lui avait valu de violentes attaques du PCF ; à cette occasion, Emmanuel Todd refit sa démonstration devant un Georges Marchais devenu muet. En 1994, à l'occasion du XXVIIIe congrès du PCF, il cède son siège de secrétaire général à Robert Hue mais reste membre titulaire du bureau politique (renommé bureau national). La même année, il devient président du comité du PCF pour la défense des libertés et droits de l'homme en France et dans le monde. En juin 1995, il assiste au premier rang aux obsèques de son ami Robert-André Vivien présidées par Jacques Chirac. Fragile du cœur, Georges Marchais meurt le 16 novembre 1997 à l’hôpital Lariboisière, à la suite d’un malaise cardiaque.

Il est enterré au son de Bitches Brew de Miles Davis au cimetière de Champigny-sur-Marne16, ville où il vécut auprès de sa femme Liliane et de ses enfants. D'une haute stature, avec une physionomie marquante et une élocution très reconnaissable, Georges Marchais a fait la joie des caricaturistes et des chansonniers de tout poil, en particulier de Thierry Le Luron mais aussi et surtout de Pierre Douglas. Il se distinguait également, lors de ses apparitions télévisées, par des entorses à la grammaire et à la syntaxe (« Les uns et les autres qui est ici... », « C'est à moi que vous m'adressez, donc je vous donne quelle est mon opinion »).

Lors des entretiens télévisés, il avait coutume de désarçonner les journalistes par ses reparties inattendues, le fait de ne répondre qu'aux questions qui lui convenaient, de détourner la conversation, etc. Dans le documentaire Georges le cathodique, réalisé par Yvan Jeuland, les journalistes Jean-Pierre Elkabbach et Alain Duhamel, ainsi que certains anciens collaborateurs de Marchais, reviennent sur ses rapports avec la télévision. Ils insistent sur son « sens du spectacle » et sa diction particulière, estimant que Marchais faisait ainsi pour se démarquer des autres ; les chiffres d'audiences qui en découlaient étaient, selon eux, un excellent révélateur de son impact.

La personnalité publique de Georges Marchais était fortement attachée à une série de « petites phrases », réelles ou inventées, fréquemment reprises par les humoristes le pastichant. La célèbre phrase « Taisez-vous, Elkabbach ! » n'a en réalité jamais été prononcée par Georges Marchais, mais par l'imitateur Pierre Douglas. La confusion vient sans doute d'une interview en direct au soir du 10 mai 1981, Georges Marchais étant en liaison à la fois avec MM. Elkabbach et Cavada, pour TF1 et Antenne 2, les deux hommes tentant de l'interviewer simultanément. Pour mettre fin à la cacophonie, Georges Marchais s'était écrié « Soyez raisonnables !». C'est de cet épisode que Pierre Douglas tira son sketch. La phrase « J'ai dit à ma femme : Fais les valises, on rentre à Paris » est en revanche authentique ; il l'a prononcée lors d'une émission de télévision, relatant sa stupéfaction suite à une déclaration télévisée de François Mitterrand, alors que le couple Marchais était en vacances en Corse. À Alain Duhamel : « Vous permettez ! Quand vous avez posé une question, si ma réponse vous gêne tant pis pour vous ! » Alain Duhamel : « Ce n’était pas ma question » ; Georges Marchais : « C'était p'têt pas vot'question, oui mais c’est ma réponse ! » « Mais c'est un scandale monsieur Barre »

Rocard Michel

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Michel Rocard est un homme politique français. Il est né le 23 août 1930 à Courbevoie. Militant socialiste depuis 1949, il est le candidat du Parti socialiste unifié (PSU) à l'élection présidentielle de 1969, après quoi il rejoint le Parti socialiste (PS) en 1974. Premier ministre de 1988 à 1991 sous la présidence de François Mitterrand, il est député (PSE) au Parlement européen de 1994 à 2009.

 

Rocard Michel

Entré en 1947 à l'Institut d'études politiques de Paris, Michel Rocard adhère en 1949 aux Jeunesses socialistes. Entre 1953 et 1955, il est responsable des étudiants socialistes. Il entre à l’ENA en 1955. Alors que se déclare la guerre d'Algérie, il rejoint les socialistes en rupture avec Guy Mollet à propos de la politique algérienne. Il adhère au Parti socialiste autonome (PSA) dès sa création par Édouard Depreux et Alain Savary. En 1960, il participe à la fondation du Parti socialiste unifié, fusion du PSA et de l’UGS (Chrétiens de gauche) et qui rassemble aussi d’anciens communistes. (Pierre Mendès France y adhère en 1961).

Michel Rocard est nommé Inspecteur des Finances en 1958 puis secrétaire général de la Commission des comptes et des budgets économiques de la nation en 1965. Remarqué lors du congrès de Grenoble en 1966, il devient secrétaire général du PSU en 1967. Depuis 1953, Michel Rocard avait pris le pseudonyme de Georges Servet et c’est sous ce nom qu’il était connu au PSU avant 1967. En Mai 68, il joue un certain rôle car l’UNEF, le principal syndicat étudiant de l’époque, était contrôlé par les étudiants du PSU dont faisait notamment partie Jacques Sauvageot, dirigeant de l’UNEF.

Il se présente à l’élection présidentielle de 1969, où il recueille un score de 3,61 % des suffrages exprimés, - le meilleur score obtenu par le PSU depuis sa création -, le candidat socialiste Gaston Deferre, allié à Pierre Mendès France, n’obtenant que 5%. Il se présente aux législatives dans la quatrième circonscription des Yvelines en 1969 et bat le premier ministre sortant Maurice Couve de Murville. Il perdra ce siège en 1973. Il soutient la campagne présidentielle de François Mitterrand en avril-mai 1974, mais en octobre, lorsqu’il propose au PSU de rejoindre le PS, il est mis en minorité (40 %), quitte le PSU et participe aux Assises pour le Socialisme (12-13 octobre 1974) qui préparent l’entrée au PS des minoritaires du PSU et de certains militants proches de la CFDT comme Jacques Chérèque. Son entrée au Parti socialiste date de décembre 1974. Il devient membre du bureau exécutif en février 1975 et secrétaire national chargé du secteur public. Il est élu maire de Conflans-Sainte-Honorine en 1977, à la tête d’une liste d’union de la Gauche. Il deviendra député de la circonscription de Conflans aux législatives de 1978. Le 19 octobre 1980, il annonce sa candidature à la candidature pour les présidentielles de 1981, mais retire sa candidature le 8 novembre lorsque François Mitterrand annonce la sienne. L’antagonisme qui couvait entre les deux hommes depuis au moins 1977 perdurera jusqu'à la mort de Mitterrand en 1996.

En 1997, à l’occasion de la victoire de la gauche, Michel Rocard avait été pressenti par le président Chirac pour être nommé au Quai d’Orsay, du fait de sa bonne connaissance des chefs d’Etat d’Afrique francophone, notamment le président Omar Bongo. La fin des années 1970 marque l’avènement du rocardisme, un courant au sein du Parti socialiste qui affiche une tendance décentralisatrice (congrès de Nantes, 77), puis ouvertement hostile aux nationalisations intégrales (à 100%) préparées par les mitterrandistes (Congrès de Metz, 1979). Michel Rocard, dont la cote a toujours été élevée dans les sondages, devient ainsi une figure incontournable du paysage politique français. En s’opposant aux « nationalisations à outrance » et en acceptant l’économie de marché, le rocardisme se retrouve à l’opposé des positions défendues par le parti communiste dans les négociations du Programme commun. Les rocardiens se réclament souvent de la pensée de Pierre Mendès France lorsqu’ils prônent une politique économique « réaliste ».

Maire de Conflans-Sainte-Honorine de 1977 à 1993, il devient ministre d'État, chargé du Plan et de l’Aménagement du territoire, dans le gouvernement Mauroy du 25 mai 1981, puis ministre de l’Agriculture le 22 mars 1983. Il conserve cette fonction dans le gouvernement de Laurent Fabius. Opposé à l’instauration du mode de scrutin proportionnel pour les élections législatives, il démissionne de son poste le 4 avril 1985. - Il est nommé Premier ministre, le 12 mai 1988, au début du second septennat de François Mitterrand. Les résultats des élections législatives entraînent la formation d’un second gouvernement Rocard le 26 juin 1988.  Ce même jour, Michel Rocard fait signer les Accords de Matignon entérinant les droits de la Nouvelle-Calédonie à l’autodétermination et mettant fin aux violences sur l’île. Cette action, souvent qualifiée de miraculeuse, pour la pacification de la Nouvelle-Calédonie est, selon lui, ce qu’il a fait de mieux en matière de gouvernement mais c’est aussi l’action pour laquelle il dit avoir subi les pires attaques (« haute trahison de la République », « digne de la cour martiale »). 

Il instaure également le Revenu minimum d’insertion le 12 octobre 1988, qui constitue l’un des rares projets de loi votés à l'Assemblée sans une seule voix d’opposition.  Il fait également adopter par l’assemblée (19 novembre 1990) la loi sur la CSG, nouveau prélèvement sur tous les revenus pour faire baisser le déficit de la sécurité sociale. François Mitterrand avec qui sa mésentente est alors de notoriété publique (on a même parlé d’une cohabitation) lui demande de démissionner de sa fonction de Premier ministre le 15 mai 1991. En mars 1993, il est battu dans sa circonscription des Yvelines par Pierre Cardo (UDF), maire de Chanteloup-les-Vignes. Il devient Premier secrétaire du Parti socialiste en 1993 après la déroute socialiste aux élections législatives. Il remanie profondément les institutions dirigeantes du Parti et devient le premier Premier Secrétaire du PS élu par les délégués au congrès national. Il choisit d’être tête de liste aux élections européennes de juin 1994. Il doit subir la concurrence la liste radicale de Bernard Tapie, dont on a pu dire qu’elle était téléguidée par François Mitterrand. A la suite du mauvais score de sa liste (14%), une coalition Emmanuelli-Fabius le met en minorité au Conseil National et il doit démissionner de son poste de Premier Secrétaire, remplacé par Henri Emmanuelli qui convoque un congrès dans l’urgence à Liévin. Michel Rocard est élu sénateur en 1995.

Il démissionne de ce mandat en 1997, car Lionel Jospin lui a demandé de choisir entre le sénat et le parlement européen, où il siège depuis 1994, et où il s’illustre par son opposition aux brevets logiciels dans l’Union européenne de 2003 à 2005. Il occupa plusieurs fonctions au parlement européen en présidant les commissions de la coopération et du développement (1997-1999), puis des affaires sociales et de l'emploi (1999-2002) et enfin de la culture (2002-2004) (discours). En 2005, il conduit la délégation d’observateurs européens pour assurer le bon déroulement de l’élection présidentielle en Palestine. Au lendemain de la victoire du non au référendum européen du 29 mai 2005, alors que le parti socialiste est en crise, M. Rocard marque, à travers plusieurs entretiens, son opposition à Laurent Fabius et aux courants «extrême-gauchisants » du PS et de l’extrême-gauche en général, en fustigeant notamment le « Nouveau Parti Socialiste » d’Arnaud Montebourg et le courant altermondialiste ATTAC (sanctuaire de la « bêtise » selon l’ancien premier-ministre). Il marque pourtant sa curiosité pour le courant « Utopia » qui n’obtiendra pas 4% des voix au congrès du Mans (novembre 2005). Michel Rocard fut membre de l'International Advisory Board du Council on Foreign Relations de 1999 à 2004. Il est, avec Dominique Strauss-Kahn, co-fondateur de l'association À gauche en Europe

Defferre Gaston

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Gaston Defferre naît le 14 septembre 1910 à Marsillargues (Hérault) dans une famille protestante. Il est marqué par l'influence d'une mère cultivée qui est sa première institutrice avant qu'il n'entreprenne des études secondaires au lycée de Nimes. Très jeune il se familiarise avec la civilisation africaine lorsqu'il rejoint son père qui possède un cabinet juridique à Dakar. 

Defferre Gaston

Il revient à Marseille où il travaille comme avocat en 1931. Il épouse alors Andrée Aboulker. Désormais sa vie ne se sépare plus de la grande cité phocéenne. En 1933 il adhère à la Xe section de la SFIO de Marseille où il milite discrètement. Antimunichois, il saisit la première occasion de résister à l'occupant et entre dans le réseau " Froment " puis constitue avec Pierre Fourcaud et André Boyer le réseau de renseignement " Brutus " . Il participe en juin 1941 à la direction du Parti socialiste clandestin. Il refuse de siéger à l'Assemblée consultative d'Alger car il préfère être présent à Marseille lors de la Libération espérée. Dès que la ville recouvre sa liberté, Gaston Defferre devient par accord des résistants, chef de la délégation municipale. Il publie et dirige Le Provençal . La Croix de guerre et la Rosette de la Résistance récompensent ses activités clandestines. En septembre 1946 il épouse en secondes noces Marie-Antoinette Swaters qui vient de combattre dans l'armée britannique. Le temps est désormais venu de siéger à l'Assemblée consultative provisoire où il est inscrit dans la Commission de l'équipement national, dans la Commission de la France d'outremer, dans la Commission du règlement et dans la Commission de la justice et de l'épuration. Le jeune délégué se prononce en faveur d'une réelle épuration notamment dans l'armée et les milieux économiques et réclame un meilleur ravitaillement pour Marseille. Mais déjà il se tourne vers l'avenir et rappelle qu'il faudra tenir outremer les promesses de rénovation. Favorable à la réforme de l'Etat au nom des idées de la Résistance, il établit le constat de faillite de la IIIe République. Une nouvelle Constitution devrait être élaborée avec une assemblée unique. Très tôt il prend position contre le recours au référendum.

Gaston Defferre, élu en 1945, à la tête de la liste SFIO de Marseille (74 256 voix, trois députés), participe aux travaux de la première Assemblée nationale Constituante dans les Commissions des territoires d'outremer, de la presse, de la radio et du cinéma et dans la Commission du règlement où il organise la Commission de la Constitution. Il approuve les accords de Bretton Woods. Le directeur du Provençal s'intéresse, comme de nombreux résistants, à la reconstitution de la presse et cherche à maintenir les acquis de la Résistance. Il présente en 1945 une proposition de loi tendant à attribuer en priorité aux journaux résistants les biens confisqués des entreprises de presse accusées de collaboration. Nommé secrétaire d'Etat chargé de l'information il fait voter une loi relative à la dévolution des biens confisqués. Il justifie les attributions de papier qui tiennent compte des ventes de journaux et il se montre favorable au rétablissement des émissions régionales de radiodiffusion.

La situation politique très agitée de Marseille requiert l'attention de Gaston Defferre. Il est réélu lors des deux élections de 1946 mais il affronte un Parti communiste puissant, qui a toujours quatre élus et qui augmente le nombre de ses électeurs (104 920 voix en juin et 113 448 voix en novembre) alors que la S.F.I.O. subit une érosion (68 821 suffrages en juin et 49 422 en novembre). Il retrouve la Commission des territoires d'outre-mer, la Commission du règlement et la Commission de la presse. Il justifie longuement les accords Blum-Byrnes sur la place du cinéma américain sur les écrans français que certains députés jugeaient excessive. Pour Gaston Defferre, ces accords constituent plutôt un progrès par rapport à l'avant-guerre.

Dans la première Assemblée législative le député de Marseille appartient toujours à la Commission de la presse et à la Commission de la France d'outre-mer dont il est élu vice-président en janvier 1947. Il entre dans la Commission de la marine marchande et dans la Commission de réforme administrative (1947) et est juré à la Haute cour de justice. Dès le 16 décembre 1946 il est nommé sous-secrétaire d'Etat à la France d'outre-mer et exerce cette charge jusqu'au 22 janvier 1947. Redevenu député il s'estime offensé à la suite d'une campagne menée par L'Aurore dont Paul Bastid est le directeur. Un duel règle un différend assorti d'une gifle donnée en pleine assemblée. L'année 1947 est particulièrement éprouvante pour Gaston Defferre qui ne parvient pas à reconquérir la mairie de Marseille gagnée deux ans plus tôt par les communistes. Il noue une alliance avec la droite locale et Le Provençal publie des témoignages sur l'existence de camps de concentration en Union soviétique. De graves émeutes qui ne sont pas contrôlées par le service d'ordre composé de CRS, ont lieu dans la ville; la tribune de l'Assemblée est l'écho d'échanges très vifs entre les députés communistes et Gaston Defferre qui met en cause leur responsabilité dans la tentative d'attaque de la mairie et du commissariat de police par les émeutiers.

Le député des Bouches-du-Rhône manifeste une attitude libérale vis-à-vis de l'Union française. Il est favorable a un développement des dépenses d'investissement en Afrique et à une décentralisation de la politique monétaire. Il se déclare prêt à aider les peuples d'outremer à mettre sur pied des institutions démocratiques. Lorsque se produisent les événements de Madagascar, il affirme sa pleine confiance dans l'aptitude du gouvernement à faire la lumière sur les responsabilités. Une mission sur place l'amène à conclure qu'un renforcement de la hiérarchie policière empêcherait le retour d'actes regrettables. S'il vote le statut de l'Algérie en 1947 c'est qu'il le considère comme l'amorce d'une nouvelle politique. En Indochine, il s'agit pour lui de mettre fin à une " triste aventure militaire " . Il précise en mars 1949 que la France n'a pas à choisir de négocier avec Ho Chi Minh ou avec Bao Daï mais qu'elle doit créer les conditions qui permettront aux peuples de désigner librement leurs représentants. Cette priorité donnée au libre choix des populations l'amènera à soutenir fermement Pierre Mendès France en 1954.

Le 12 juillet 1950 Gaston Defferre est nommé ministre de la marine marchande dans le cabinet de René Pleven. Il expose aux députés les solutions apportées au trafic avec la Corse et préfère à la régie directe et aux subventions la formule plus commerciale des allocations complémentaires. Il se préoccupe de réunir pour les pêcheurs français les meilleures conditions techniques d'exploitation et envisage aussi un développement des activités des chantiers navals. Sur ce sujet comme sur bien d'autres les affrontements entre Gaston Defferre et les communistes sont vifs et n'épargnent pas la tribune de l'Assemblée. Les élections de 1951 à Marseille sont l'occasion de former des apparentements entre les listes socialiste, UDSR-RGR, des Indépendants et du MRP afin de contrer les communistes et le RPF. Les listes apparentées n'obtenant pas la majorité absolue - elles n'ont que 94 076 voix - la répartition des sièges a lieu à la proportionnelle. Le Parti communiste, fort de 112 578 voix a quatre députés et la SFIO en obtient deux pour 57 690 voix. Le RPF a également deux députés pour 73 683 voix et le MRP -23 641 voix - n'a qu'un élu. Gaston Defferre est nommé membre de la Commission de la marine marchande et de la Commission des territoires d'outre-mer qui le délègue dans la Commission de coordination chargée d'examiner les problèmes intéressant les Etats associés en Indochine en 1954. Partisan de la nouvelle Europe, le député de Marseille vote pour la CECA et la CED. Il s'inquiète de la politique coloniale du gouvernement qui empêche de réunir les forces nécessaires à la défense du continent européen.

Il soutient très fidèlement la politique de Pierre Mendès France. Ses interventions sont moins nombreuses au cours de cette législature car il se consacre à la reconquête de la mairie de Marseille. II exprime son inquiétude devant la situation lamentable des hôpitaux d'une ville tenue d'accueillir de nombreux malades de l'outre-mer sans avoir les moyens financiers correspondant à ses charges. En mai 1953 le succès couronne ses efforts puisqu'il est élu maire de Marseille. Aux élections législatives de 1956 il apparente la liste SFIO avec les Républicains sociaux et les Radicaux-UDSR. Bien que les listes apparentées demeurent loin de la majorité absolue ce qui impose une répartition à la proportionnelle, le maire de Marseille remporte un beau succès avec trois élus pour 79 805 voix. Le Parti communiste a quatre élus pour 122 152 voix, les indépendants un siège pour 55 548 voix. Il en est de même pour les poujadistes qui ont réuni 39 709 suffrages.

Gaston Defferre appartient à la Commission de l'intérieur, à la Commission de la marine marchande puis, en 1957 à la Commission de la presse, à la Commission des moyens de communication et du tourisme et enfin à la Commission des territoires d'outremer. Le 1er février 1956 il est nommé ministre de la France d'outre-mer dans le gouvernement de Guy Mollet. Toute son action, dans la lignée de convictions maintes fois exprimées, est tournée vers la recherche d'une solution évolutive et pacifique dans ces territoires où il est encore possible de prendre des initiatives sans être poussé par de dramatiques événements. Ainsi nain l'idée d'une loi-cadre qui permette au Parlement d'exprimer un avis global mais laisse au gouvernement l'élaboration précise des textes. Gaston Defferre cherche à associer plus étroitement les populations à la gestion en instituant des conseils de gouvernement à Madagascar des conseils provinciaux qui assistent le gouverneur dans l'administration du territoire. Les assemblées de territoire bénéficient d'un pouvoir délibérant.

Tout est mis en œuvre pour faciliter l'accès des fonctionnaires d'origine locale à tous les échelons de la hiérarchie. Le gouverneur est chargé de prendre des mesures pour favoriser le développement économique et social, organiser et soutenir la production par le crédit, l'appel à l'investissement privé et diverses mesures sociales. Les élections auront désormais lieu au collège unique. Des dispositions particulières sont prévues pour le Togo et le Cameroun. Après le vote de la loi le 20 juin 1956, il se consacre à la mise au point des décrets d'application et recherche l'appui des députés africains et métropolitains. Aussi n'a-t-il guère le loisir de s'engager dans la crise algérienne. Il appuie le gouvernement de Pierre Pflimlin et vote contre les projets du général de Gaulle les 1er et 2 juin 1958 mais il appelle à voter pour la Constitution d'une Ve République où il poursuivra sa carrière politique.

Rassemblement pour la République (RPR)

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Parti politique français constitué en décembre 1976 sous l'impulsion de Jacques Chirac (qui en a été le président de 1976 à 1994), en remplacement de l'Union des démocrates pour la République (UDR), dans le but de rénover le mouvement gaulliste.

 

Rassemblement pour la République (RPR)

Prenant ses distances vis-à-vis du gouvernement d'inspiration giscardienne, le RPR soutient la candidature de Jacques Chirac à l'élection présidentielle de mai 1981. Après la défaite de Valéry Giscard d'Estaing et l'arrivée au pouvoir des socialistes, le RPR joue un rôle majeur au sein de la nouvelle opposition, prônant à nouveau l'union avec les giscardiens et les centristes.

Aux élections législatives de mars 1986, le RPR et l'Union pour la démocratie française (UDF) reconquièrent la majorité : François Mitterrand nomme Jacques Chirac Premier ministre, et les principaux portefeuilles sont attribués aux responsables du parti. Mais en 1988, après la réélection de François Mitterrand (qui bat, au second tour, Jacques Chirac) à la présidence de la République et le retour d'une majorité (relative) socialiste à l'Assemblée, le RPR repasse dans l'opposition. Aux élections européennes de juin 1989, la liste commune UDF-RPR arrive en tête, devant la liste socialiste. En 1993, le RPR et l'UDF, alliés au sein de l'UPF (Union pour la France) remportent les élections législatives et constituent un deuxième gouvernement de cohabitation, dirigé par Édouard Balladur.

près les élections européennes de juin 1994, marquées par un affaiblissement de la liste RPR-UDF, le parti est dominé par la rivalité entre Jacques Chirac et Édouard Balladur qui sont tous deux candidats à l'élection présidentielle de 1995. Jacques Chirac, soutenu au second tour par Édouard Balladur, est élu président de la République (7 mai) face à Lionel Jospin. Il nomme alors Alain Juppé à la tête du gouvernement. Ce dernier est élu en octobre à la présidence du RPR.

À nouveau dans l'opposition à la suite des élections législatives anticipées de 1997, le RPR est présidé, depuis le mois de juillet de la même année, par Philippe Séguin. Après la démission de ce dernier en avril 1999, Nicolas Sarkozy devient secrétaire général et président par intérim.

Aux élections européennes de juin 1999, la liste commune RPR-DL essuie une grave défaite obtenant moins de 13 % des suffrages : Nicolas Sarkozy quitte la présidence intérimaire (juin), puis cesse d'exercer ses fonctions de secrétaire général (octobre). En décembre 1999, Michèle Alliot-Marie est élue présidente du RPR. Affaibli par des querelles de personnes, le RPR voit lui échapper son fief parisien aux municipales de 2001.

Au premier tour de l'élection présidentielle de 2002, marqué par l'abstention et la poussée des votes contestataires (Front national et partis trotskistes), Jacques Chirac, bien qu'arrivé en tête, réalise un score médiocre (19,88 %). Conscient de cette faiblesse, mais anticipant un vote massif en sa faveur au second tour qui va l'opposer à Jean-Marie Le Pen, il tente d'imposer le regroupement des forces de droite et du centre droit au sein d'une alliance électorale, préfiguration d'un nouveau parti, l'Union pour la majorité présidentielle (UMP). Les résultats obtenus lors des élections législatives de juin 2002 confortent la stratégie du chef de l'État. À elle seule, l'UMP recueille 33,37 % des voix au premier tour et s'assure la majorité absolue à l'Assemblée (355 sièges). En septembre 2002, des assises extraordinaires consacrent la fusion du parti gaulliste au sein de l'Union pour un mouvement populaire (UMP).

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