Quantcast
Channel: Mémoires de Guerre
Viewing all 30791 articles
Browse latest View live

Ukraine: la CIA dément avoir subi des pertes dans l'est du pays

$
0
0

Un porte-parole de la CIA a démenti dimanche les informations selon lesquelles la CIA aurait subi des pertes lors des affrontements des troupes ukrainiennes avec les forces d'autodéfense dans l'est de l'Ukraine

 

Ukraine: la CIA dément avoir subi des pertes dans l'est du pays

« Le porte-parole de la CIA a déclaré qu'aucun agent n'a été tué en Ukraine. Les déclarations de militants pro-russes sur la mort de plusieurs agents de la CIA ne correspondent pas à la réalité », lit-on dans site officiel de l'ambassade américaine à Berlin.

Le « maire populaire » de Slaviansk Viatcheslav Ponomarev a annoncé auparavant que les forces de l'ordre fidèles à Kiev subissaient des pertes importantes lors de l'opération spéciale menée dans le sud-est de l'Ukraine. Selon lui, rien qu'au cours des dix derniers jours, 650 personnes ont été tuées, blessées et faites prisonniers, dont 70 étrangers. Toujours selon le maire, 13 agents du FBI et de la CIA ont été abattus et 12 ont été blessés.

Les autorités de Kiev mènent depuis le 15 avril une opération spéciale d'envergure visant à réprimer la révolte qui a éclaté dans le sud-est de l'Ukraine en réaction au coup d'Etat du 22 février dernier. Les forces armées ukrainiennes utilisent des blindés et des avions.
Les événements ont pris une tournure particulièrement dramatique à Slaviansk (nord de la région de Donetsk), ainsi qu'à Odessa, à Kramatorsk et à Marioupol.

Plus de 40 militants pro-russes ont brûlé vifs vendredi 2 mai à Odessa après s'être réfugiés dans la Maison des syndicats incendiée à coups de cocktails Molotov par des activistes armés du parti néonazi Pravy Sektor (Secteur droit). Ce massacre a également fait 214 blessés.

A Marioupol, une vingtaine de partisans de la fédéralisation de l'Ukraine et un militaire ont été tués par les forces de l'ordre le 9 mai lors de la célébration de la Journée de la Victoire dans la Seconde Guerre mondiale.


Ukraine: la CIA dément avoir subi des pertes dans l'est du pays

$
0
0

Un porte-parole de la CIA a démenti dimanche les informations selon lesquelles la CIA aurait subi des pertes lors des affrontements des troupes ukrainiennes avec les forces d'autodéfense dans l'est de l'Ukraine

 

Ukraine: la CIA dément avoir subi des pertes dans l'est du pays

Ukraine: la CIA dément avoir subi des pertes dans l'est du pays

« Le porte-parole de la CIA a déclaré qu'aucun agent n'a été tué en Ukraine. Les déclarations de militants pro-russes sur la mort de plusieurs agents de la CIA ne correspondent pas à la réalité », lit-on dans site officiel de l'ambassade américaine à Berlin.

Le « maire populaire » de Slaviansk Viatcheslav Ponomarev a annoncé auparavant que les forces de l'ordre fidèles à Kiev subissaient des pertes importantes lors de l'opération spéciale menée dans le sud-est de l'Ukraine. Selon lui, rien qu'au cours des dix derniers jours, 650 personnes ont été tuées, blessées et faites prisonniers, dont 70 étrangers. Toujours selon le maire, 13 agents du FBI et de la CIA ont été abattus et 12 ont été blessés.

Les autorités de Kiev mènent depuis le 15 avril une opération spéciale d'envergure visant à réprimer la révolte qui a éclaté dans le sud-est de l'Ukraine en réaction au coup d'Etat du 22 février dernier. Les forces armées ukrainiennes utilisent des blindés et des avions.
Les événements ont pris une tournure particulièrement dramatique à Slaviansk (nord de la région de Donetsk), ainsi qu'à Odessa, à Kramatorsk et à Marioupol.

Plus de 40 militants pro-russes ont brûlé vifs vendredi 2 mai à Odessa après s'être réfugiés dans la Maison des syndicats incendiée à coups de cocktails Molotov par des activistes armés du parti néonazi Pravy Sektor (Secteur droit). Ce massacre a également fait 214 blessés.

A Marioupol, une vingtaine de partisans de la fédéralisation de l'Ukraine et un militaire ont été tués par les forces de l'ordre le 9 mai lors de la célébration de la Journée de la Victoire dans la Seconde Guerre mondiale.

Tenet George

$
0
0

George Tenet, de son nom complet George John Tenet, (4 janvier 1953 - ) est un ancien directeur de la CIA

 

Tenet George

Il est né dans à Flushing, un quartier du Queens, à New York. Selon les options idéologico-nationales, il est soit issu d'une famille grecque d'Albanie, soit d'origine albanaise. Nommé par le président démocrate Bill Clinton à la tête de la CIA, puis maintenu par son successeur républicain George W. Bush, il a été en poste du 11 juillet 1997 au 11 juillet 2004. Il a été remplacé pour quelques mois par John McLaughlin, son adjoint d'alors, puis par Porter Goss en septembre. George Tenet avait présenté sa démission au président des États-Unis George W. Bush le 3 juin 2004, pour des « raisons personnelles », mais sans doute à cause de l'échec de l'Agence à empêcher les attentats du 11 septembre 2001 et, plus récemment, du scandale des armes de destruction massive irakiennes. Colin Powell avait défendu leur existence à l'ONU en février 2003, sur base d'un rapport de la CIA qui s'est révélé falsifié.

Au lendemain des attentats du 11 septembre 2001, George Tenet indique qu'il a rencontré à la Maison Blanche le conseiller spécial du Département de la Défense Richard Perle, qui lui aurait dit en substance que l'Irak devait payer pour ces attentats. La plupart des autres responsables rencontrés étaient également obsédés par la recherche de liens entre Saddam Hussein et Oussama Ben Laden. Tous ne cherchaient qu'un prétexte pour attaquer l'Irak et prenaient pour argent comptant les allégations de l'opposant exilé Ahmed Chalabi qui poussait à renverser le dictateur irakien.

Revenant sur le National Intelligence Estimate de la CIA qui affirmait en octobre 2002 que l'Irak possédait des armes de destruction massive, Tenet indique que l'agence a réalisé ce rapport en toute hâte afin d'influencer les élus du Congrès américain et l'opinion publique mondiale. Il reconnaît que la CIA s'est lourdement trompée, puisque aucun stock d'armes de destruction massive n'a été découvert en Irak après la chute du régime de Saddam Hussein, mais il met en cause sur ce sujet Dick Cheney qui faisait alors des déclarations allant bien au-delà des analyses fournies par l'agence de Langley, notamment sur le prétendu uranium que le président irakien aurait importé du Niger pour développer des armes nucléaires.

C'est également Dick Cheney qui, selon l'ex-patron de la CIA, a demandé dès l'automne 2001 à la National Security Agency d'augmenter la surveillance des communications téléphoniques et internet concernant l'Irak. Quant à la secrétaire d'État Condoleezza Rice, qui, avant le 11 septembre, refusait de tenir compte de ses rapports alarmants sur la menace terroriste d'Al-Qaïda, elle lui aurait demandé ensuite en personne de diffuser de fausses informations à la presse pour mettre en cause l'Irak. Malgré les fortes pressions des faucons néo-conservateurs, la CIA s'est cependant toujours refusée à affirmer que des liens existaient entre Al Qaïda et Saddam Hussein, se défend George Tenet.

Dans ses mémoires, il indique que les enveloppes contaminées au bacille du charbon envoyé fin 2001 à plusieurs personnes étaient un plan d'Al-Qaeda développé quelques mois plus tôt. Le président de l'Autorité nationale palestinienne Yasser Arafat a eu à Ramallah un entretien avec George Tenet venu au Proche-Orient pour offrir sa médiation. Les deux parties ont mené des consultations sur la formation des forces de sécurité unifiées palestiniennes. La tournée de M.Tenet a pour but principal d'aider la Palestine à rétablir la structure de sécurité et des forces de sécurités unifiées. Il s'était entretenu avec le Premier ministre israélien et avait écouté essentiellement la présentation de ce dernier sur la position et l'attitude israélienne sur la situation au Proche-Orient.

Près de trois ans après avoir quitté l'Agence centrale de renseignement (CIA) américaine, George Tenet fait un retour explosif sur la scène politique aux États-Unis. Dans ses Mémoires, At the Center of the Storm (Au cœur de la tempête), publiés lundi 30 avril 2007, il règle ses comptes avec l'administration Bush et justifie les pratiques d'interrogatoires dans les prisons secrètes de la CIA. Il évoque des complots d'Al-Qaida déjoués sous sa direction et l'arme nucléaire qui aurait été introduite aux États-Unis en attendant d'être activée sur un signal d'Oussama Ben Laden.

Ukraine : la Garde nationale fusille ses propres militaires

$
0
0

La Garde nationale fidèle à Kiev a fusillé dix de ses militaires qui avaient tenté de passer du côté des forces d'autodéfense, a annoncé dimanche par téléphone à RIA Novosti la porte-parole du « maire populaire » de Slaviansk, Stella Khorocheva

 

Ukraine : la Garde nationale fusille ses propres militaires Lire la suite: http://french.ruvr.ru/news/2014_05_18/Ukraine-la-Garde-nationale-fusille-ses-propres-militaires-0241/

Ukraine : la Garde nationale fusille ses propres militaires Lire la suite: http://french.ruvr.ru/news/2014_05_18/Ukraine-la-Garde-nationale-fusille-ses-propres-militaires-0241/

« Dix personnes (faisant partie des militaires ukrainiens - ndlr) ont tenté passer de notre côté, mais elles ont été passées par les armes par leurs propres chefs », a indiqué la porte-parole.

Cette dernière a déclaré ne pas avoir d'informations sur les pertes subies par les forces d'autodéfense. Selon elle, dimanche matin, il n'y avait plus de combats dans la ville, toutefois, un drone a été observé dans le quartier de la gare ferroviaire.

Auparavant, le co-premier ministre et le chef des forces d'autodéfense de la république autoproclamée de Donetsk Miroslav Roudenko a annonçé à RIA Novosti des combats intenses menés dans la nuit entre les militaires ukrainiens et les forces d'autodéfense dans les villes de Slaviansk et Krematorsk (Nord de la région de Donetsk).

 

IIIème Reich et Géographie

$
0
0

Friedrich Ratzel, géographe du XIXe, créateur du concept de Lebensraum, lequel a été dévoyé à partir des années 1920 et sous le Troisième Reich. 

Ratzel FriedrichSous le régime du Troisième Reich, les frontières de l'Allemagne sont profondément modifiées, augmentant au rythme des acquisitions et des conquêtes (Sudètes, Autriche, Pologne, etc.), pour atteindre en 1942 un écart maximal de 3200 km, entre la France et l'URSS. La géographe Mechtild Rössler note : « une analyse des rapports entre la géographie comme science et le nazisme englobe trois domaines […] : « le domaine économique et social, le domaine idéologique, et leur répercussion tous deux sur la pensée des géographes à travers l'expansion géographique » ».

Le concept d'espace vital (Lebensraum) date du XIXe et avait été mis en place par Friedrich Ratzel ; ce sont ensuite des scientifiques comme des écrivains (Hans Grimm, Peuple sans espace), qui lui donnent une dimension politique que peut dès lors reprendre l'idéologie national-socialiste. En effet, il convient de noter que ce n'est qu'à partir des années 1920 que le concept de Lebensraum, à l'origine seulement culturel, prend une dimension racialeL1 83. Sous la République de Weimar, beaucoup de géographes sont influencés par ces idées ; augmenté du fait qu'ils appartiennent souvent à des partis conservateurs ou réactionnaires (NSDAP ou Deutsche Volkspartei), « leur [aux géographes] travail universitaire et scientifique et leurs intérêts politiques se recoupaient de plus en plus ».

Une des plus importantes revues géographiques de l'époque est la Geographische Zeitschrift ; le géographe Friedrich Flohr y redéfinit en 1942 le concept de Lebensraum en mettant de côté l'État (« espace vital imparfait ») et en posant la réalité de plusieurs espace : un espace vital communautaire fondé sur la race, puis d'autres espaces semi-vitaux puis complémentaires, critiquant dès lors les conceptions de K. Vowinckel fondée sur la terre, territoire du paysan, ainsi que de Obst qui proposait la mise en place d'un espace eurafricain. Schmittenner défend lui la distinction d'un espace vital actif et d'un espace passif.

Le terme de terroir populaire et culturel (Volks-und-Kulturboden) est lui créé par des géographes d'une fondation géographique située à Leipzig, et développé notamment par Albrecht Penck, Wilhelm Volz (de), Emil Meynen (de) et Friedrich Metz (de) puis, à partir de 1932, par des communautés de géographes et d'historiens, dit « spécialistes de germanité » (Volksdeutsche Forschungsgemeinschaften) jusqu'à devenir, sous le Troisième Reich (en 1943), une composante administrative, au sein de la « Fondation de géographie du Reich » : ces scientifiques défendent notamment l'idée d'un territoire de germanité qui va au-delà des frontières étatiques de l'Allemagne de Weimar (Pologne, pays Baltes, etc.). Des communautés de recherches se spécialisent alors dans des territoires précis (russes, nord-européens), pour en établir des données démographiques et statistiques, à partir des communautés allemandes isolées déjà installées.

La « Communauté du Reich pour la recherche sur l'espace », créée en 1936 est intimement lié au Plan de quatre ans et à des objectifs militaires. Elle est au départ concurrencée par le Bureau du Reich pour l'organisation spatiale. Les théories urbaines suivent celle développée en 1933 par Walter Christaller, reposant sur un système à structure hiérarchique ; cette idée sera plus tard reprise lors des entreprises de colonisation allemande orientale, à partir de l'« Administration centrale pour l'organisation spatiale ». Un Atlas du gouvernement général est réalisé. Des instituts de recherche sont fondés à Poznan (ex-Pologne) et à Kiev (ex-Ukraine) chargés de prévoir la future organisation de l'espace occupé : le generalplan Ost. Des missions de cartographie ont également lieu.

IIIème Reich et Histoire

$
0
0

Le nazisme, depuis les premiers écrits d'Adolf Hitler (Mein Kampf notamment) se réfère souvent à l'histoire. Cela pourtant relève souvent du mensonge historique, l'historien Pierre Ayçoberry notant le caractère totalement pessimiste de l'idéologie, obsédé par la décadence rendue possible par un métissage ethnique avec d'autres peuples que les Aryens. Il faut donc une race pure, et un territoire (« espace vital ») où elle peut se développer. Si les Slaves ou les Nègres sont vus comme des sous-races, les Juifs sont niés mêmes par principe.

IIIème Reich et Histoire

La race pure, allemande, compte également les Allemands ayant émigré à travers le monde ainsi que les peuples nordiques. Pierre Ayçoberry ajoute ainsi que « la discipline historique, se voit reléguée au rang de fournisseur d'exemples, et purement et simplement manipulée ». Adolf Hitler lui-même se réfère par exemple à l'Empire romain où à la Prusse de Frédéric II, quitte à galvaniser les troupes lors de la bataille de Stalingrad en déclarant qu'il veut « une Allemagne frédéricienne », Pierre Ayçoberry ne manquant pas d'ajouter une réutilisation frauduleuse des conceptions politique de l'ancien roi.

Le régime se voit fournir des justifications politiques par l'Institut national d'histoire de la nouvelle Allemagne et son directeur, Walter Frank, notamment chargé d'étudier les « tendances hostiles au Reich dans le catholicisme politique ». Aux membres des Jeunesses hitlériennes, aux écoliers et aux aspirants de la SS, il est surtout demandé de ne pas avoir une vision factuelle de l'histoire mais la connaissance de quelques grands personnages, pour l'occasion mythifiés, comme l'ancien chancelier Otto von Bismarck ou le dieu Odin.

Les leçons enseignées rendent ainsi compte de plusieurs cycles de grandeurs (Germains nomades, règne de Charlemagne, nationalisme allemand) entrecoupés de périodes de décadence (époque chrétienne, développement du capitalisme, etc.), en dépit du découpage historique visant à servir de justification au nazisme. Une Allemagne champêtre, germaine et moyen-âgeuse à la fois est mythifiée, notamment à travers certains Heimatfilm, comme Ewiger Wald, sorti en 1936. Le philosophe Max Horkheimer note ainsi que « quand les nazis disent : l'« histoire », ils veulent dire exactement le contraire : la mythologie ».

IIIème Reich et Médecine

$
0
0

L'historien Jean-Pierre Baud relève la « mutation institutionnelle de la science occidentale », qui n'a pas causé mais permis en partie au génocide juif de fonctionner. 

Albert Speer and Karl Brandt

Albert Speer and Karl Brandt

Différent d'un simple massacre, ce génocide extermine en effet pour le simple fait d'être né. Deux facteurs l'expliquent : une légalité et des dogmes scientifiques ainsi que la volonté de défendre un« être collectif ». L'hygiénisme du XIXe siècle pose déjà les base de la défense sanitaire et de l'institutionnalisation de l'extermination de la vermine et de la saleté, vocabulaire qu'Adolf Hitler dévoiera pour parler des Juifs.

Néanmoins, à l'époque, de nombreux théoriciens du racisme et de l'eugénisme rencontrent un certain écho. Alors, pour l'historien Benno Müller-Hill, Hitler se limite au début de sa prise de pouvoir à permettre à ces vues scientifiques de s'imposer, ne définissant qu'un « cadre général ». Dans les camps, les mesures de stérilisation ou d'euthanasie se font toujours sous contrôle médical, justifiées par le droit nazi.

Karl Brandt, médecin personnel d'Hitler, supervise le programme d'euthanasie T-4. Ses directives sont appliquées dans différents camps, comme Karl Gebhardt et Herta Oberheuser à Ravensbrück ou Waldemar Hoven à BuchenwaldAugust Hirt mène des recherches sur des détenus de camp ainsi que sur des cadavres, soutenu par le Conseil national de la recherche du Reich.

Première Guerre mondiale

$
0
0

Conflit qui, de 1914 à 1918, opposa l'Allemagne et l'Autriche-Hongrie, rejointes par la Turquie (1914) et la Bulgarie (1915), à la Serbie, à la France, à la Russie, à la Belgique et à la Grande-Bretagne, alliées au Japon (1914), à l'Italie (1915), à la Roumanie et au Portugal (1916), enfin aux États-Unis, à la Grèce, à la Chine et à plusieurs États sud-américains (1917). 

 

Poilus durant le Première Guerre mondiale

Poilus durant le Première Guerre mondiale

Août 1914. L'Europe entière prend feu ; un conflit s'ouvre dont le développement inaugurera dans l'histoire des hommes le tragique phénomène de la guerre totale et mondiale. Totale, elle le deviendra fatalement par sa durée, qui exigera l'engagement de plus en plus global des peuples ; mondiale, elle le sera rapidement aussi en raison du poids que pèse l'Europe dans le monde au début du xxe s. et qui entraînera automatiquement les autres continents dans le conflit.

Pour la génération de 1914-1918, la Grande Guerre signe un changement d'époque, la disparition de l'ordre ancien, la véritable fin du xixe siècle. Dans bien des domaines, la guerre apporte brutalement son lot d'innovations – technologie militaire, place des femmes et des ouvriers dans la société, intervention étendue de l'État – et de bouleversements, avec la révolution prolétarienne, en Russie. La nouveauté tient aussi au fait qu'elle est, tout entière, la guerre des nations, ces nations que le xixe siècle a consolidées et qui ont investi dans ce conflit leur identité et leur honneur. Elle fut tout autant la guerre des patriotes, comme l'atteste l'ampleur des effectifs et des pertes subies.

Origines du conflit

Guillaume II d'AllemagneFace à ce cataclysme et à ses 9 millions de morts, l'assassinat de l'archiduc héritier François-Ferdinand de Habsbourg à Sarajevo par le jeune nationaliste serbe Gavrilo Princip, le 28 juin 1914, apparaît aujourd'hui comme un simple fait divers qui ne peut évidemment rendre compte des origines de cette guerre. Celles-ci sont beaucoup plus à rechercher dans l'état de tension croissant de la situation internationale. Depuis les crises de Tanger (1905, provoquée par une déclaration de Guillaume II en faveur de l'indépendance du Maroc) et d'Agadir (1911, mécontente des résultats de la conférence d'Algésiras, l'Allemagne y envoie une canonnière Panther pour « protéger les intérêts de ses nationaux »), le climat s’est dégradé entre la France et l'Allemagne, puissances coloniales qui se disputent l'Afrique.

D’autre part, chaque pays a engagé une véritable course aux armements et au renforcement de ses effectifs militaires. Ainsi, la Grande-Bretagne, dans le domaine naval, fait face à la montée en puissance de la flotte de guerre allemande de l'amiral von Tirpitz, laquelle doit être l'instrument de la Weltpolitik (« politique mondiale ») de Guillaume II. Ainsi, la France fait passer le service militaire à trois ans, en 1913. Cependant, le caractère limité des crises de Tanger et d'Agadir montre que l'Europe n'est pas prête à entrer en guerre uniquement pour le partage de l'Afrique. Certes, des enjeux proprement impérialistes existent en arrière-fond, tel l'antagonisme anglo-allemand sur les mers et dans l'Empire ottoman, qui détermine le choix britannique de l'Entente cordiale avec la France, en 1904.

Triple-Alliance et Triple-Entente

En fait, le premier conflit mondial est déclenché par le jeu mécanique des alliances, l'explosion de vitalité et d'appétits du IIe Reich allemand (1871-1918) ayant conduit, en réplique à la fameuse Triple-Alliance (qu'il a conclue avec l'Autriche-Hongrie et l'Italie en 1882), à la formation du bloc assez hétérogène de la Triple-Entente (formée en 1907) entre la France, la Grande-Bretagne et la Russie. Ces alliances ont été contractées dans le double contexte de l'antagonisme franco-allemand issu de la guerre de 1870 et de la rivalité austro-russe dans les Balkans. La France était demeurée isolée dans le système diplomatique élaboré par Bismarck jusqu'à ce que la Russie, frustrée par le congrès de Berlin des fruits panslavistes de sa victoire de 1878 contre les Turcs, en vienne à considérer comme irréductible la divergence entre ses intérêts et ceux de l'empire des Habsbourg.

Le rapprochement franco-russe de 1891 résulte logiquement de l'échec de Bismarck à arbitrer et à équilibrer les expansionnismes autrichien et russe dans l'espace politique balkanique, où l'influence de l'Empire ottoman recule depuis un siècle – Moscou cherchant notamment à s'assurer la maîtrise des Détroits et une ouverture sur la Méditerranée. Les guerres balkaniques de 1912-1913 ont rendu l'initiative à la Russie, par le biais de la domination exercée pendant cet épisode par son allié serbe sur les petits pays de la région. Après l’attentat de Sarajevo – la Bosnie et l'Herzégovine sont alors sous administration autrichienne –, Vienne accuse immédiatement les services secrets serbes.

L'ultimatum de l'Autriche-Hongrie à la Serbie (23 juillet 1914)

Bethmann-Hollweg Theobald vonAu début de juillet 1914, rien n'apparaît pourtant irrémédiablement perdu, et le président Poincaré part, comme prévu, accomplir en Russie une visite officielle (ce qui a néanmoins pour effet d'aggraver en Allemagne le sentiment d'un encerclement fatal). Seule s'affirme la volonté de l'Autriche de profiter de l'occasion pour se débarrasser de la trop remuante Serbie. Cette attitude est aussitôt encouragée par Berlin, qui, dès le 5 juillet (c'est là sa grande part de responsabilité), promet à Vienne son soutien, dût-il en résulter un conflit avec la Russie.

Le 23 juillet, un ultimatum autrichien à la Serbie, inacceptable dans sa forme, est remis à Belgrade. En dépit de tardives initiatives de médiation anglaises, il déclenchera le mécanisme des alliances, puis, au cours de la tragique semaine du 28 juillet au 5 août, celui des mobilisations et des déclarations de guerre : l'Allemagne, après avoir déclaré la guerre à la Russie le 1er août 1914, la déclare à la France le surlendemain. Le 4 août, la violation de la neutralité belge par le Reich entraînera l'intervention de la Grande-Bretagne et de son empire, qui allait aussitôt étendre le conflit à l'ensemble des océans.

Cruelle surprise pour Guillaume II et le chancelier Bethmann-Hollweg, lequel s'indigne qu'une nation parente puisse entrer en guerre pour « un chiffon de papier » (le traité de 1839 garantissait la neutralité de la Belgique). À cette déconvenue s'ajoute leur immense déception de constater les défections de l'Italie, qui, bien que membre de la Triple-Alliance, déclare sa neutralité dès le 27 juillet, et de la Roumanie, gouvernée par un roi Hohenzollern.

La parole aux militaires

Un mois après Sarajevo, les gouvernements s'en remettent aux états-majors, dont les armées se mobilisent et se concentrent dans un enthousiasme général.  Pour chaque peuple, l'enjeu de la guerre est pleinement accepté : pour les Français, il s'agit de reprendre Metz et Strasbourg ; pour les Allemands, d'obtenir dans le monde « la part légitime de tout être qui grandit » ; pour tous, cependant, le risque apparaît limité : chacun est persuadé que la puissance et le coût des armes modernes obligent la guerre à être très courte…, 6 mois, hasardent les plus pessimistes. Hanté depuis l'alliance franco-russe par le problème de la guerre sur deux fronts, l'état-major allemand – suivant le célèbre plan Schlieffen élaboré en 1905 – « joue » sa victoire sur la rapidité et l'ampleur de sa manœuvre enveloppante à travers la Belgique. Visant à abattre définitivement l'armée française avec la quasi-totalité de ses forces, ce plan accepte le risque d'une invasion des Russes en Prusse-Orientale, qui n'est défendue que par une dizaine de divisions.

Chez les Français, le commandant des armées du Nord et du Nord-Est, Joffre, qui croit que l’aile droite allemande ne dépassera pas le couloir de la Sambre, dispose ses 5 armées de Belfort à Hirson, prolongées au nord vers Maubeuge par les 6 divisions britanniques de French. Quant aux Russes, il est simplement entendu qu'ils attaqueront en Prusse-Orientale dès que possible avec le maximum de forces. Le rapport des forces en présence est très favorable à l'Entente, dont la population est le double de celle des Empires centraux (238 millions d'habitants contre 120). L'Entente peut aligner 167 divisions d'infanterie contre 147, et 36 divisions de cavalerie contre 22.

La bataille des frontières (août 1914)

Après avoir résisté pendant 10 jours, du 6 au 16 août, Liège (→ camp retranché de Liège) tombe entre les mains des Allemands, qui entament le 14 la marche en avant de leurs deux armées d'aile droite, commandées par Kluck et Karl von Bülow. Le 20, ils sont à Bruxelles, à Namur et à Neufchâteau, tandis que les Belges se replient sur Anvers. Au même moment, de terribles combats s'engagent en Alsace, où les Français atteignent Mulhouse ; en Lorraine, où Castelnau et Foch doivent renoncer à Morhange, mais résistent victorieusement en avant de Nancy et, enfin, dans les Ardennes, où, le 22 août, Français et Allemands se heurtent en aveugles dans les sanglantes batailles de rencontre de Neufchâteau et de Virton.

C'est pourtant en Belgique que se joue l'action principale. Sourd aux appels du général Lanrezac, qui seul voit clair dans le jeu allemand, Joffre tarde à porter sa Ve armée sur la Sambre. Elle y parvient seulement le 22, pour se faire bousculer à Charleroi (→ bataille de Charleroi) par les forces conjuguées de Kluck, de Bülow et de Hausen, tandis que French essuie un grave échec à Mons. Le 25, Joffre lance son ordre de repli général sur la Somme et l'Aisne.

Septembre 1914 : échec à l'ouest du plan de guerre allemand

À la fin du mois, l'euphorie règne à Berlin : « L'ennemi en pleine retraite n'est plus capable d'offrir une résistance sérieuse », proclame le communiqué allemand du 27 août. Le 9 septembre, le projet de traité de paix, qui prévoit l'organisation d'une Europe allemande, est approuvé par le chancelier Bethmann-Hollweg. Mais, alors que le commandant en chef allemand Moltke croit tenir la décision, les Français vont redresser la situation. Joffre et le commandant britannique French profitent d'une initiative hasardeuse de l'aile droite allemande du général Kluck (négligeant Paris, elle cherche à couper la retraite de l'armée française, présentant ainsi le flanc à l'armée couvrant la capitale) pour lancer une contre-offensive : c'est la fameuse bataille de la Marne (24 août-13 septembre), où, après plusieurs jours de combats acharnés, le général en chef allemand Moltke est contraint d'ordonner un repli général, qui reporte le front 70 km plus au nord, sur l'Aisne, et entérine l'échec du plan de bataille allemand.

Tannenberg et les fronts orientaux

Alarmé le 21 août par les appels au secours de von Prittwitz, qui doit reculer en Prusse-Orientale sous la violence des attaques russes de Rennenkampf, Moltke doit y dépêcher deux corps. Il confie la direction du front de l'est au général Hindenburg, auquel il donne Ludendorff comme adjoint. Ceux-ci brisent aussitôt l'effort des armées russes en détruisant celle de Samsonov dans la mémorable bataille de Tannenberg (26 août).

Au sud, toutefois, la brillante offensive du grand-duc Nicolas chasse les Autrichiens de Lvov (3 septembre) et les refoule sur la frontière allemande de Silésie, qui ne sera dégagée que par une nouvelle et remarquable contre-offensive de Hindenburg et de Mackensen sur Łódź (novembre). Plus au sud encore, les Autrichiens subissent un grave échec en Serbie, où la petite armée du voïvode Radomir Putnik réussit à rentrer victorieuse à Belgrade le 13 décembre.

Noël 1914, une guerre d'un type entièrement nouveau

À la fin de 1914, le conflit prend un visage réellement imprévu ; tous les plans des états-majors se sont effondrés et, pour chacun, tout est à recommencer. C'est chez les Allemands que la déception a été la plus vive, entraînant dès le 14 septembre le remplacement de Moltke à la direction suprême de l'armée par le jeune ministre de la guerre prussien, le général Erich von Falkenhayn (1861-1922). Ce dernier cherche, en reportant ses forces vers l'ouest, à déborder de nouveau l'aile gauche française au-delà de Compiègne. Mais, cette fois, Joffre répond aussitôt à sa manœuvre en transférant des forces de Lorraine en Picardie et en Artois , où, en octobre, se constitue un front, prolongé bientôt jusqu'à la mer (→ batailles de l'Artois).

En novembre, Falkenhayn tente un suprême effort sur Calais, qui échoue au cours de la sanglante mêlée des Flandres, où Foch coordonne l'action des forces britanniques, belges (repliées d'Anvers) et françaises (→ la Course à la merbataille de l'Yserbatailles d'Ypres). Dans les deux camps, les munitions manquent, et un front continu s'établit dans les tranchées sur 750 km, de Nieuport à la frontière suisse… Deux belligérants nouveaux sont entrés en lice : dès le 23 août, le Japon s'engage aux côtés des Alliés avec la volonté d'affirmer sa situation en Extrême-Orient. Au cours de l'été, en dépit de l'arrivée des croiseurs allemands Goeben et Breslau dès le 10 août à Constantinople, la Turquie hésite encore et ne rompra avec les Alliés que le 3 novembre.

Sur le plan militaire, tout est donc à repenser, mais le premier souci des belligérants est alors de « durer » en remettant en marche administrations et industries de guerre pour permettre aux populations de vivre et aux armées de combattre. Si l'Allemagne, qui a définitivement écarté l'invasion de son territoire, bénéficie de l'organisation moderne et puissante de son économie, la France se trouve au contraire gravement handicapée : ses départements les plus riches sont envahis par l'ennemi et soumis à un très rude régime d'occupation ; leur potentiel représente 95 hauts-fourneaux sur 123, 90 p. 100 du minerai de fer et 40 p. 100 du charbon français… Quant aux Anglais, ils découvrent avec le ministre de la Guerre Kitchener que leur engagement militaire les entraînera beaucoup plus loin qu'ils ne le pensaient, mais ils fondent tous leurs espoirs sur le contrôle de la liberté des mers, qu'ils viennent de rétablir à leur profit et qui leur permet de jouer désormais à fond l'arme du blocus.

1915, la politique reprend ses droits

Au lendemain des hécatombes des Flandres et de Pologne, l'impuissance du facteur opérationnel à résoudre à lui seul les problèmes posés par le conflit s'avère flagrante. Aussi, dans les réactions des belligérants, la politique reprend-elle partout ses droits. Chez les Allemands, qui, seuls, disposent avec le grand état-major d'une véritable direction de la guerre, l'année va être dominée – outre un souci constant d'organisation économique pour pallier les effets du blocus – par la volonté d'obtenir de gré ou de force une paix séparée avec la Russie. Chez les trois « grands » de l'Entente, en dépit de l'engagement solennel mais assez négatif de Londres (5 septembre 1914) de ne conclure aucune paix séparée avec l'Allemagne, on ne prendra encore en 1915 que des décisions plus juxtaposées que coordonnées. Elles traduiront la volonté anglaise exprimée par le jeune ministre Churchill de retrouver une stratégie indirecte chère aux Britanniques.

Pour les Français seuls, le problème numéro un demeure celui de la libération du territoire : joint au souci de soulager le front russe, durement pressé, il entraînera sur le front occidental une activité offensive soutenue sans répit malgré de terribles pertes. Au mois d'avril, l'Entente reçoit cependant un très sérieux renfort : après de nombreuses hésitations, l'Italie déclare le 23 mai la guerre à l'Autriche-Hongrie, qui se voit obligée d'ouvrir un nouveau front à sa frontière des Alpes. Les buts de guerre italiens, dûment enregistrés par l'Entente, sont le rattachement des terres irrédentes (le Trentin et l'Istrie restés sous la domination de l'Autriche-Hongrie en 1866) et du littoral dalmate, mais l’Italie a aussi des visées sur l'Albanie. L'Italie ne rompra avec l'Allemagne que le 27 août 1916.

L'effort allemand sur la Russie

« Il est absolument nécessaire d'en venir à une paix séparée avec la Russie », écrit le Kronprinz Frédéric-Guillaume le 6 février 1915 au grand-duc de Hesse, frère de la tsarine. Pour appuyer les démarches allemandes à Petrograd, Falkenhayn, dont le QG passe en avril de Mézières à Pless ([aujourd'hui Pszczyna] Silésie), décide d'engager une grande offensive sur le front des Carpates. Déclenchée le 2 mai à Gorlice par Mackensen, elle conduit en octobre les forces austro-allemandes, après une avance de 200 à 500 km à travers la Pologne, sur une ligne allant des portes de Riga à la frontière roumaine. Les Allemands sont accueillis sans déplaisir, voire très favorablement, par les populations des zones conquises, que ce soient les quatre millions de juifs polonais persécutés par le tsarisme, ou les Ukrainiens, dont ils flattent les aspirations à l'indépendance.

L’avance des troupes ennemies provoque une telle consternation à Petrograd que le tsar Nicolas II prend lui-même la tête de ses armées, tandis que les échos de la conférence socialiste de Zimmerwald, en Suisse, où l'on réclame une paix « sans annexion ni contribution », ont une grande résonance dans la classe ouvrière russe, représentée au congrès par Lénine, Trotski et Georgi Rakovski. Le plan allemand échoue pourtant devant la fidélité du tsar à ses alliés, qui n'a d'égal que son aveuglement devant la situation intérieure de l'empire. Par trois fois, Nicolas II refuse les propositions de paix allemandes et signe ainsi son arrêt de mort. En décembre, Berlin se décide, « pour faire exploser la coalition de l'Entente », à jouer avec Lénine la carte de la révolution en Russie. Mais, à la grande déception de Falkenhayn, les armées russes sont toujours debout.

Les Balkans en guerre : Dardanelles, Serbie, Bulgarie

Après avoir rallié Paris à ses vues, Churchill engage en février une action franco-britannique sur les Détroits ; son but est de tendre la main aux Russes et, en enlevant Constantinople, d'abattre la Turquie, qui vient de faire très peur à Londres en réussissant un raid sur Suez (février 1915). La France et la Grande-Bretagne ont par ailleurs promis secrètement à la Russie le contrôle des deux rives des Détroits en cas de victoire contre les Ottomans. Plus que les attaques turques dans le Caucase et contre les ports de la mer Noire, c'est le blocage des Détroits qui met en difficulté la Russie, l'empêchant d'exporter son blé et de recevoir le ravitaillement allié. Après l'échec des escadres alliées de l'amiral de Robeck à Çanakkale contre les ouvrages turcs des Dardanelles (mars), des unités franco-anglaises débarquent le 25 avril à Seddülbahir, mais, malgré leurs efforts, ne parviennent pas à déboucher de leur tête de pont. L’opération est un cuisant échec avec la perte de nombreux navires et de 145 000 hommes (→ expédition des Dardanelles).

À la fin de l'été, l'attention des alliés est attirée par les Balkans, où les Allemands réussissent à engager la Bulgarie (14 octobre) à leurs côtés pour liquider la résistance de la Serbie et garantir leur liaison terrestre avec Constantinople. De plus, la Bulgarie souhaite récupérer la Dobroudja et la Macédoine. L'armée serbe, conduite par le vieux roi Pierre Ier Karadjordjević, doit se replier et, après une mémorable retraite, est recueillie à Durrësi par la marine française. Pour répondre à ce coup de force, une armée alliée d'Orient, confiée à Sarrail, est constituée en octobre à Salonique, où les Franco-Anglais replient leurs unités des Dardanelles, dont ils décident l'évacuation (décembre). Cependant, l'attitude de la Grèce, dont le roi Constantin Ier est le beau-frère de Guillaume II, demeurera longtemps équivoque en dépit des efforts de Venizélos, plusieurs fois Premier ministre durant la période, pour entraîner son pays dans les rangs de l'Entente.

Offensives françaises en Artois et en Champagne

La volonté offensive du commandement français, tendue vers la percée du front et la libération du territoire, donne lieu à deux types d'opérations différents. Un peu partout, et notamment dans les Vosges, aux Éparges, en Argonne et dans les Flandres (où les Allemands inaugurent l'emploi des gaz en avril), se déroule une série de combats locaux d'infanterie aussi meurtriers que stériles. En même temps, de grandes opérations sont conduites par Joffre, d'abord séparément en Champagne (février) et en Artois (mai), puis simultanément sur ces deux secteurs du front lors de la grande offensive du 25 septembre. Le seul résultat tangible de ces actions fut de soulager le front russe en obligeant Falkenhayn à rameuter ses réserves sur le front occidental, où Haig, qui remplace French en décembre, dispose, grâce aux « volontaires » suscités par Kitchener, d'une trentaine de divisions britanniques.

La coopération entre les Alliés a nettement progressé, et la conférence réunie par Joffre en décembre à Chantilly organise la convergence des actions à entreprendre vers l'été de 1916 par les Franco-Anglais sur le front de la Somme et par les Russes sur celui de Pologne. Elle décide en outre la liquidation des colonies allemandes d'Afrique, où seul le territoire de l'Est-Africain (→ Afrique-Orientale allemande) résistera grâce à l'énergie de son chef, le colonel Paul von Lettow-Vorbeck (1870-1964), jusqu'en novembre 1918.

Occupation allemande et résistance dans les territoires envahis

C'est en 1915 que s'installe l'occupation allemande dans les territoires occupés de Belgique et de France. Pour Falkenhayn, ceux-ci doivent être exploités au maximum pour procurer au Reich de l'argent, du ravitaillement et de la main-d'œuvre. Aussi l'administration allemande se fait-elle chaque jour plus tracassière : contrôles incessants, transferts de main-d'œuvre, déportation des suspects, contributions de guerre, confiscation des objets rares (or, cuir, laine), mise en régie des entreprises (mines du Nord, textiles de Roubaix, etc.).

La population supporte mal ce régime d'exception, admirant la « résistance » de ses notables : le cardinal Mercier, archevêque de Malines ; le préfet Trépont et le maire Delesalle à Lille ; le bourgmestre Max à Bruxelles. De nombreux patriotes mènent la lutte contre l'occupant, tels Eugène Jacquet et Léon Trulin, fusillés à Lille, Édith Cavell, dont l'exécution, le 11 octobre 1915, souleva l'indignation du monde, Louise de Bettignies, Léonie Vanhoutte, Louise Thuliez et la princesse de Croÿ, qui rivalisèrent d'héroïsme au service de leur pays.

1916, l'année de Verdun

À peine conclus, les accords de Chantilly sont soumis à rude épreuve. Refusant en effet de s'engager plus loin dans le problème russe, Falkenhayn se décide, pour atteindre l'ennemi numéro un qu'est pour lui la Grande-Bretagne, à détruire l'armée française – son « épée » sur le continent – par épuisement de ses effectifs. Dans ce dessein, il déclenchera avec le maximum de violence et aussi longtemps que nécessaire une offensive sur un point, en l'occurrence Verdun, que les Français seront psychologiquement obligés de défendre.

Cette stratégie inédite sera complétée par une relance de la guerre sous-marine sans restriction, expérimentée avec succès en 1915. L'amirauté estime maintenant possible de couler en 6 mois le tiers du tonnage marchand indispensable au ravitaillement de la Grande-Bretagne. Guillaume II et Bethmann-Hollweg hésitent pourtant à se lancer dans cette aventure, ce qui provoquera le 6 mars la démission tapageuse de l'amiral Tirpitz, chef de l'amirauté de Berlin.

Verdun, la Somme et l'offensive Broussilov

Le 21 février éclate, comme un coup de tonnerre, l'offensive allemande sur Verdun. Après avoir bousculé les défenses françaises de la rive droite puis de la rive gauche de la Meuse, la marée allemande est bloquée en juillet sur les pentes de Souville avant d'être refoulée par les soldats de Pétain, de Nivelle et de Mangin au cours des deux batailles du 24 octobre et du 15 décembre. Toutefois, si l'armée française s'y use considérablement, l'échec de la stratégie allemande est patent puisque, « malgré Verdun », Joffre et Haig déclenchent, le 1er juillet, l'offensive prévue sur la Somme. Menée par 26 divisions anglaises et 14 françaises, l'attaque alliée, entretenue durant quatre mois, portera un coup très rude au front allemand dans la région de Péronne et obligera l'adversaire à diminuer la pression sur Verdun. Pour autant, au-delà des succès initiaux de juillet, l'engagement sur la Somme s’est transformé en boucherie, s'est essoufflé dès le 14 juillet et a tourné court en novembre (→ batailles de la Somme, bataille de Verdun).

À l’est, depuis le 4 juin, le front s'est remis en mouvement : quatre armées russes, conduites par Broussilov, ont enfoncé les lignes autrichiennes en Volhynie et capturé 500 000 hommes. Les Russes menacent maintenant la frontière hongroise, et les Allemands sont contraints de l'étayer pour prévenir l'effondrement du front austro-hongrois.

Intervention roumaine et crise allemande

Au moment où le général Franz Conrad von Hötzendorf, chef de l'état-major autrichien, appelle l'Allemagne à son secours, le Reich subit un terrible coup par la déclaration de guerre de la Roumanie (28 août 1916), dont l'intervention aux côtés des Alliés compromet le ravitaillement de l'Allemagne en blé et en pétrole. Cette fois, l'opinion publique, déjà durement touchée par les restrictions consécutives au blocus, s'émeut, et le Kaiser, constatant la faillite de la stratégie d'épuisement de Falkenhayn, le remplace au commandement suprême par la populaire équipe des vainqueurs de l'Est, Hindenburg et Ludendorff (29 août).

Ceux-ci font preuve aussitôt d'une étonnante activité et arrêtent les mesures qu'exige la gravité de la situation militaire. Après avoir imposé à Conrad von Hötzendorf le commandement unique à leur profit des forces de la « Quadruplice » (Allemagne, Autriche-Hongrie, Turquie, Bulgarie), ils décident de passer aussitôt sur la défensive sur le front français ; bien plus, ils en prévoient le raccourcissement par un repli à opérer entre Arras et Soissons qui économisera une quinzaine de divisions. Pour parer au danger venant de Bucarest, ils chargent Falkenhayn, qui n'a pas su conserver le blé roumain, d'aller le reconquérir à la tête d'une nouvelle armée (la IXe), créée le 9 septembre. En trois mois, ses forces, appuyées par celles de Mackensen, débouchant de Bulgarie, conquièrent la Roumanie jusqu'au Siret, et, le 6 décembre, les Allemands font leur entrée à Bucarest.

Guerre au Moyen-Orient et problème arabe

Animées par des états-majors allemands, les forces ottomanes s'opposent aux Britanniques en Mésopotamie et en Palestine et aux Russes sur le front du Caucase, où le grand-duc Nicolas a remporté deux brillants succès à Erzurum (janvier) et à Trébizonde (avril). Pour les Anglais, au contraire, l'année 1916 a été difficile : le 28 avril, en Mésopotamie, la garnison de Kut al-Amara a dû capituler devant les assauts des Turcs, qui, en août, ont lancé un deuxième raid contre Suez. C'est alors que débute, en milieu arabe, l'action du jeune Lawrence d'Arabie, qui, ayant gagné la confiance d'Abdullah et de Faysal, fils d'Husayn, roi du Hedjaz, organise avec eux la libération de la « nation arabe » du joug ottoman. Et cela au moment même où, à l'insu de Lawrence, Paris et Londres concluent en mai un accord partageant l'Empire ottoman en deux zones d'influence politique et économique : l'une, française, incluant la Syrie et le Liban, l'autre, anglaise, comprenant la Palestine, l'Iraq et la Transjordanie (→ accord Sykes-Picot). Singulière équivoque, qui pèsera lourdement dans les rapports futurs de l'Occident avec l'islam.

La situation des belligérants à la fin de 1916

Dans les deux camps, l'année a été très rude, et l'usure des belligérants s'affirme en tous domaines. La Grande-Bretagne, qui entretient maintenant 70 divisions, se voit contrainte, pour la première fois dans son histoire, d'adopter progressivement la conscription. La situation économique y est encore aisée, et, en dépit de la déception que cause à Londres le demi-succès de la bataille navale du Jütland et la menace permanente de la guerre sous-marine, la maîtrise de la mer demeure aux Alliés. En décembre, le cabinet Asquith cède la place au gouvernement d'Union nationale de Lloyd George. En France, où toute l'année a été vécue sous le signe de Verdun, l'Union sacrée présente des failles, le Parlement s'agite, l'économie s'essouffle et le déficit budgétaire n'est comblé que par les emprunts anglais et américains. En décembre, Joffre est abandonné par Briand, qui choisit Nivelle comme commandant en chef.

En dépit des succès éclatants de Broussilov, la Russie est au bord de la révolution : l'assassinat de Raspoutine (29 décembre) traduit la révolte de la classe nobiliaire et de la bourgeoisie libérale contre l'aveuglement du tsar. À Vienne, la mort du vieil empereur François-Joseph entraîne l'avènement du jeune Charles Ier, lucide et généreux. Marié à une princesse d'ascendance française, Zita de Bourbon-Parme, il voudrait prendre ses distances vis-à-vis de Berlin, mais se heurte à une situation politique rendue inextricable par le réveil des nationalités qui composent l'ensemble disparate et suranné de la double monarchie.

Quant aux Allemands, qui vivent depuis un an sous le régime de la carte d'alimentation, ils viennent avec Ludendorff de trouver un chef qui s'affirme peu à peu comme le dictateur du IIe Reich. Pour lui, qui juge lucidement la situation difficile de son pays, toute la politique doit désormais être subordonnée au seul impératif de gagner la guerre. C'est dans cet esprit que, au risque de provoquer l'intervention américaine, il se rallie en novembre à la thèse de la guerre sous-marine. Pour inciter l'adversaire à se dévoiler, Guillaume II, profitant de l'entrée de ses troupes à Bucarest, lance le 12 décembre une offre de paix spectaculaire. Rejetée par les Alliés, elle est relevée par Wilson, qui vient d'être réélu président des États-Unis et qui, en réponse, demande à tous les belligérants de lui faire connaître leurs buts de guerre.

La guerre navale de 1914 à 1916

En 1914, la Grande-Bretagne est encore la reine des océans : sa flotte marchande représente 48 % du tonnage mondial, sa marine de guerre surclassera largement sa rivale allemande en tonnage (2,2 millions de tonnes contre 1,05) et en qualité (24 dreadnoughts contre 13). Aussi, sur les mers, dont les belligérants vont découvrir l'importance, l'intervention anglaise confère-t-elle au conflit une dimension mondiale. Par les combats du cap Coronel et des îles Falkland (novembre-décembre 1914), l'amirauté de Londres, que dirige le vieux lord Fisher, élimine d'abord la marine allemande des mers lointaines (→ bataille navale des Falkland). Dès octobre, elle applique en outre un rigoureux blocus de la mer du Nord, auquel l'amiral allemand Tirpitz réplique en déclenchant la guerre sous-marine. Celle-ci se développe au début de 1915, mais est suspendue en septembre après la protestation américaine qui suit le torpillage du paquebot anglais Lusitania où, le 7 mai, périssent 118 passagers américains.

Avec les Dardanelles, la guerre navale s'est étendue à la Méditerranée, confiée depuis 1914 à la garde de l'armée navale française dont le chef est l'amiral Boué de Lapeyrère . Les sous-marins allemands et autrichiens qui dominent l'Adriatique y mènent la vie dure aux Alliés, dont les bases principales sont celles de Malte, de Moudros (Moúdhros) et de Corfou. En dehors de leur rencontre fortuite du Dogger Bank (24 janvier 1915), les flottes de haute mer allemande et anglaise ne s'affronteront qu'en 1916, lors de la mémorable bataille navale du Jütland (31 mai-1er 1916). Au cours d'une lutte d'artillerie de douze heures, 100 bâtiments allemands, conduits par les amiraux Reinhard Scheer (1863-1928) et Franz von Hipper (1863-1932), s'attaqueront aux 150 navires de la Grand Fleet britannique de l'amiral Jellicoe, secondé par Beatty. Après avoir coulé 14 bâtiments anglais (112 000 t), Scheer, dont les pertes ne dépassent pas 60 000 t, utilise la nuit pour se dérober. Succès tactique des Allemands, le Jütland confirmait toutefois l'incapacité de leur flotte à dominer son homologue anglaise. Aussi Scheer en conclut-il que seul l'emploi massif des sous-marins pouvait être décisif pour amener la ruine de la Grande-Bretagne.

1917, guerre sous-marine, intervention américaine, révolution russe

Wilson Woodrow

Wilson ne sera pas un médiateur : le 31 janvier, Washington reçoit en effet de Berlin notification de la zone dans laquelle, à compter du lendemain, tout navire marchand sera torpillé sans avertissement. Vient s'ajouter à ce climat la crise diplomatique provoquée en mars par l'interception du télégramme Zimmerwald, dans lequel le ministre des Affaires étrangères du Reich enjoint à son chargé d'affaires à Mexico de pousser le Mexique à entrer en guerre contre les États-Unis. Cette fois, c'en est trop, et, après avoir rompu le 3 février les relations diplomatiques, les États-Unis déclarent le 2 avril la guerre à l'Allemagne. Entendant toutefois conserver leur liberté, ils se déclarent seulement « associés » (et non alliés) aux adversaires du Reich. Cette intervention entraîne celle assez symbolique de la Chine et de plusieurs États d'Amérique latine.


Avec près de 900 000 tonneaux de pertes marchandes alliées, le mois d'avril 1917 établit un record qui ne sera pas même atteint durant la Seconde Guerre mondiale. L'objectif était d'affamer le Royaume-Uni, dont les réserves céréalières étaient faibles, en interdisant la navigation commerciale atlantique. Le risque de rupture diplomatique avec les États-Unis était connu et avait été accepté. La victoire des sous-marins allemands (130 en service, dont la moitié à la mer) se prolonge jusqu'à l'automne sans réussir à abattre la Grande-Bretagne, qui résiste grâce au système des convois escortés par des navires de guerre. Pour les Alliés, l'intervention américaine apporte une aide immédiate sur les plans naval, économique et financier, mais l'armée américaine compte à peine 200 000 hommes, et, dans le domaine militaire, tout est à faire.

En Russie, la crise qui éclate en janvier à Petrograd se termine par l'abdication du tsar (15 mars), approuvée par tout le haut commandement russe. Sympathique aux Alliés, le gouvernement du prince Lvov éveille chez eux l'espoir de voir la Russie coopérer plus activement à la guerre. Mais les progrès de la révolution paralysent bientôt l'armée, dont la dernière offensive lancée par Kerenski en juillet se termine en débandade, tandis que le parti bolchevique de Lénine propage son programme de paix. L'échec de l'offensive Kerenski permet aux Allemands de se réinstaller en Bucovine et d'y menacer le front roumain reconstitué avec l'aide de la France. Après la faillite du gouvernement Kerenski, les bolcheviques prennent enfin le pouvoir le 7 novembre (révolution dite « d'octobre »). Lénine entame aussitôt la procédure de l'armistice, qui est signé à Brest-Litovsk le 15 décembre, 6 jours après celui de Focşani, conclu avec les Roumains.

À la fin de l'année, Ludendorff, qui, depuis la chute de Bethmann-Hollweg (juillet), est devenu le véritable dirigeant du Reich, disposera de toutes ses forces pour lancer un ultime coup de boutoir sur le front français avant l'arrivée des Américains. En réalité, l'Allemagne ne pourra atteindre cet objectif, car elle devra maintenir à l'est une forte proportion de ses troupes pour contenir les velléités d'indépendance de la Pologne et des Baltes, et surtout pour occuper l'Ukraine, dont les livraisons agricoles lui sont indispensables.

Bataille du Chemin des Dames et crise française

En France, où le front allemand est volontairement replié le 27 février entre Arras et Soissons (dans le dessein d'économiser des effectifs), l'année s'ouvre dans un immense courant d'optimisme. Nivelle a en effet rallié les Anglais à l'idée d'une grande et définitive offensive : « Nous romprons le front allemand quand nous voudrons », affirme-t-il le 13 janvier. Précédée d'une attaque anglaise en Artois, l'offensive des armées Mangin et Mazel débouche le 16 avril sur le Chemin des Dames, complétée le 17 par une action de l'armée Anthoine en Champagne.

Après un brillant départ et le premier engagement des chars français Schneider à Berry-au-Bac, l'assaut se heurte à une muraille de feu infranchissable, et l'immense espoir des poilus se transforme en une dramatique désillusion. À Paris, le moral s'effondre : le président du Conseil Painlevé décide d'arrêter l'opération, et, le 15 mai, remplace Nivelle par Pétain.

La tâche du nouveau généralissime est redoutable, car la déception de l'armée dégénère en révolte : dans une cinquantaine de divisions, des mutineries éclatent (→ crise des mutineries). Ces mouvements, qui ne vont jamais jusqu'à la fraternisation avec l'ennemi, sont d'abord l'expression d'une exaspération devant la conduite de la guerre et le mépris des généraux pour la vie des soldats. Les chefs y voient le résultat de la propagande ennemie, voire de celle d'agitateurs pacifistes d'extrême gauche.

La répression est sévère : Pétain, qui vient de remplacer Nivelle, fait condamner à mort 554 mutins dont 75 seront exécutés, mais il a aussi l'habileté d'introduire des améliorations dans l'organisation des permissions et du cantonnement et rend confiance à l'armée en lui faisant réaliser à Verdun (août), puis à la Malmaison (octobre), deux opérations à objectifs limités qui seront de véritables succès. Sa tâche est facilitée par les Britanniques de Haig, qui, de juin à décembre, fixent les Allemands par une série d'offensives très coûteuses menées dans les Flandres autour d'Ypres (→ batailles d'Ypres) et à Cambrai, où, pour la première fois, une masse de chars (378 blindés) est engagée le 20 novembre.

Parallèlement à cette crise militaire, la France, usée par la guerre, connaît une grave crise morale que trois gouvernements successifs (Briand, Ribot et Painlevé) s'efforcent malaisément de conjurer. Faisant écho à la révolution russe et à l'agitation parlementaire, des grèves éclatent qui traduisent l'aggravation de la situation économique (carte de sucre et de charbon) et le niveau très bas des salaires. Une propagande pacifiste se développe dans la presse (le Bonnet rouge), où l'on retrouve la main et l'argent des agents allemands. Pour réagir, Poincaré décide le 14 novembre d'appeler au gouvernement Clemenceau, qui, avec une extraordinaire énergie, choisit comme unique programme : « Je fais la guerre. » Après avoir stigmatisé Louis Malvy (ancien ministre de l'Intérieur), il fait arrêter Caillaux, accusés tous deux d'abusives complaisances envers les « défaitistes ».

Les tentatives de paix et leur échec

Au cours de cette « année trouble » (Poincaré), on peut croire que l'usure des belligérants allait imposer la fin du conflit, et, en effet, plusieurs tentatives furent faites pour trouver le chemin d'une paix de compromis. À côté des efforts du pape Benoît XV, qui, le 1er août, lance un appel aux belligérants, l'entreprise la plus sérieuse fut menée par l'empereur Charles Ier d'Autriche, qui savait que la situation politique, économique et militaire de son pays se dégradait de jour en jour. Une négociation secrète fut conduite en son nom par ses deux beaux-frères, Sixte et Xavier de Bourbon-Parme, auprès de la France. Elle fut mise en échec par les Allemands, qui en eurent connaissance, et aussi par les exigences formulées vis-à-vis de Vienne par l'Italie auprès de la France et de la Grande-Bretagne à la conférence de Saint-Jean-de-Maurienne (19 avril 1917).

Italie, Moyen-Orient et Grèce

Inquiets des tractations de l'empereur Charles, les Allemands se décident, pour relancer l'Autriche-Hongrie dans la guerre, à lui faire cadeau d'une victoire. Le 24 octobre, 7 des meilleures divisions allemandes, conduites par le général Otto von Below, enfoncent à Caporetto le front italien, qu'elles refoulent jusqu'à la Piave. Cadorna, le généralissime italien (bientôt remplacé par Diaz), appelle les Alliés au secours. Foch et Robertson, suivis de dix divisions franco-anglaises, arrivent à Rapallo, où s'ébauche le premier et timide organe de commandement interallié (6 et 7 novembre 1917).

Conscients de l'importance politique et économique grandissante du Moyen-Orient, les Britanniques lui consacrent en 1917 des moyens considérables. Ils leur permettront de conjuguer leurs efforts en Mésopotamie, où ils reprennent Kut al-Amara et entrent à Bagdad (11 mars), et en Palestine, où le général Allenby déclenche en octobre une puissante offensive qui lui ouvre, le 9 décembre, les portes de Jérusalem. C'est à cette occasion que la Grande-Bretagne, qui entend jouer à la fois la carte sioniste et la carte arabe, affirme sa volonté « de créer après la guerre un foyer national juif en Palestine » (→ déclaration Balfour, 2 novembre 1917).

En Orient, l'année se termine sur une note optimiste pour les Alliés : ceux-ci viennent en outre de clarifier l'équivoque situation de la Grèce en provoquant l'abdication du roi Constantin Ier au profit de son fils Alexandre (12 juin). Ce dernier confie le pouvoir à Venizélos, qui déclare la guerre à l'Allemagne et à ses alliés (29 juin).

1918, le dénouement

L'année s'ouvre par une importante initiative américaine : répondant à l'appel à la paix lancé par Lénine, Wilson précise le 8 janvier 1918 dans son discours au Congrès (8 janvier 1918) les « Quatorze points » qui doivent à son avis servir de base à l'ordre nouveau. Précédés de principes de droit international (liberté des mers, réduction des armements, etc.), ils abordent ensuite les problèmes cruciaux tels que la restitution de l'Alsace-Lorraine, l'indépendance de la Belgique, la résurrection de la Pologne, l'autonomie des peuples d'Autriche-Hongrie.

Ce programme fera choc et indique de quel poids pèsent déjà les États-Unis, alors que leur présence militaire est encore quasiment nulle dans le camp des Alliés. Chez ces derniers, qui souffrent d'une grave crise d'effectifs, l'organisation d'un commandement unique se limite à celle d'un comité exécutif dirigé à Versailles par Foch (1er février) et chargé de préparer les décisions des gouvernements.

L'aventure allemande en Russie

Conscient de la précarité de la situation économique du Reich, qui impose une décision à court terme, Ludendorff entend l'emporter par une action militaire massive conduite avec le renfort des 700 000 hommes transférés du front de l'Est sur celui de France. Menée à base d'artillerie lourde et d'obus à gaz sous forme de coups de boutoir successifs, elle doit faire éclater le front occidental avant l'arrivée des forces américaines, c'est-à-dire avant l'été de 1918. Le calendrier étant impératif, Ludendorff presse les politiques, conduits par le ministre des Affaires étrangères Richard von Kühlmann, de conclure au plus vite la paix avec la Russie.

L'entreprise se révèle difficile, car, dans les négociations de Brest-Litovsk, les Russes, dirigés par Trotski, résistent aux exigences allemandes. Le 9 février, les Allemands imposent un traité distinct à l'Ukraine, qui la sépare de la Russie. Toutefois, il faudra une nouvelle action militaire qui, à partir du 19 février, portera les armées allemandes à Narva (135 km de Moscou), à Pinsk et à Kiev pour contraindre Lénine à signer le 3 mars le terrible traité de Brest-Litovsk (il arrache à la Russie 60 millions d'habitants et 25 % de son territoire). La Courlande et l'ensemble de la zone balte tombent sous influence allemande, ainsi que le nouvel État ukrainien, tandis que les deux Empires centraux se partagent la tutelle de la Pologne.

En mai, la Roumanie doit accepter la paix allemande de Bucarest, tandis que, forgeant des plans grandioses d'exploitation économique de l'Ukraine, les Allemands étendent leur occupation à Odessa, à Kharkov et à Rostov-sur-le-Don (7 mai). Attirés ensuite par les richesses du Caucase, ils s'engagent dans une folle aventure, encouragent la Géorgie à se proclamer indépendante (26 mai) et poussent jusqu'à Tbilissi. « Quelle importance, écrit Guillaume II le 8 juin, si nous réussissons à placer le Caucase sous notre influence, comme porte vers l'Asie centrale et menace vers la position anglaise des Indes ! » Singulière démesure qui absorbera jusqu'à la fin de la guerre une trentaine de divisions qui, fort heureusement pour les Alliés, manqueront à Ludendorff sur le front français.

Coups de boutoir de Ludendorff sur le front français (mars-juillet 1918)

Le 21 mars, 6 200 canons allemands ouvrent le feu à 4 h 40 sur le front de 60 km tenu par les armées Below, Marwitz et Hutier entre Arras et l'Oise. À 9 h 40, l'infanterie en petites colonnes, appuyée par 1 000 avions de combat, s'élance derrière le barrage roulant. Le secteur, tenu par les IIIe (Byng) et Ve (Gough) armées de Haig, a été judicieusement choisi : l'objectif de Ludendorff (qui sera repris en 1940) est d'« enrouler » l'aile droite des Anglais pour les rejeter à la mer en se couvrant seulement au sud vis-à-vis des Français, dont le front commence à l'Oise.

En 48 heures, l'armée Gough est submergée, tandis que, pour ébranler le moral de l'arrière, Paris reçoit le 23 les premiers obus de la Bertha. La veille, Pétain a engagé ses réserves sur l'Oise au secours des Anglais, mais, l'avance allemande se poursuivant vers Montdidier, les Français ont tendance à couvrir Paris, alors que les Anglais se replient sur Amiens et les ports : une brèche de 20 km s'ouvre entre les armées alliées. La situation est grave ; aussi, le 26, les envoyés de Lloyd George et Clemenceau confient-ils, à Doullens, le commandement suprême à Foch, dont l'autorité s'impose aussitôt à Haig et à Pétain. Trente divisions françaises aux ordres de Fayolle sont acheminées entre Oise et Somme : l'avance allemande est bloquée, et Amiens, objectif immédiat de l'ennemi, est sauvé. Le 5 avril, Ludendorff suspend l'offensive de Picardie, mais, dès le 9, porte un nouveau et terrible coup aux Anglais sur la Lys, qui est aussitôt paré par Foch grâce à l'intervention des Français au mont Kemmel.

Pour fixer une bonne fois les réserves de PétainLudendorff décide alors, avant d'en finir avec les Anglais dans les Flandres, de porter un grand coup sur le front français du Chemin des Dames. L'assaut qui lui est donné le 27 mai est encore une brillante victoire pour les Allemands, qui, en quatre jours, atteignent la Marne à Château-Thierry, à 70 km de Paris. Pour élargir son action, que Micheler, Maistre et Degoutte freinent sur les monts de Champagne et dans la forêt de Villers-Cotterêts, Ludendorff attaque le 9 juin sur le Matz, où il est stoppé par une soudaine contre-offensive de Mangin, qui sauve Compiègne.

Grâce à l'étonnante activité de Clemenceau, qui se prodigue aux armées autant qu'à Paris, et à la solidité du commandement français, qu'animent les fortes personnalités de Foch et de Pétain, la France tient bon. Aussi, lorsque, le 15 juillet, Ludendorff lance son ultime assaut de part et d'autre de Reims, ses troupes sont aussitôt arrêtées par le remarquable dispositif défensif organisé par la IVe armée Gouraud) en Champagne (→ batailles de Champagne, bataille de Château-Thierry).

La victoire de Foch (juillet-novembre)

18 juillet : alors que les Allemands cherchent en vain à progresser au sud de Dormans, 27 divisions des armées Mangin et Degoutte, appuyées par 500 chars et 800 avions, débouchent de la forêt de Villers-Cotterêts. Chez les Allemands, la surprise est totale, et, dès le 3 août, la poche de Château-Thierry est entièrement résorbée. La guerre, cette fois, vient de changer de signe, la chance de Ludendorff est révolue ; c'est à Foch qu'appartient désormais l'initiative des opérations. Il en a les pouvoirs (son autorité confirmée le 16 avril s'étend depuis le 2 mai au front italien) et les moyens. Les forces américaines, dont la 1re division a débarqué en France à la fin de juillet 1917 et qui atteignent maintenant 16 divisions, sont rassemblées le 10 août en une Ire armée commandée par Pershing, qui reçoit l'appoint de 3 000 canons, 500 avions et 200 chars français.

Le 24 juillet, Foch s'est décidé à passer partout à l'offensive : le 8 août, une puissante attaque est déclenchée par Haig (aidé de Debeney) sur la poche de Montdidier. Pour la première fois, l'armée allemande fait preuve d'une telle lassitude que Ludendorff, constatant la faillite de son plan, déclare aux ministres allemands stupéfaits qu'une décision militaire est devenue désormais impossible et qu'il faut « terminer la guerre au plus tôt ». Mais, devant l'ampleur du succès de Haig, Foch engage par sa directive du 3 septembre la totalité de ses forces de la mer du Nord à la Meuse. Le 12, les Américains attaquent à Saint-Mihiel et, à la fin du mois, trois grandes offensives sont déclenchées :

 

  • le 26 par Gouraud et Pershing en Champagne et en Argonne,
  • le 27 par Haig entre Lens et La Fère à l'assaut de la position fortifiée allemande (ligne Siegfried, → ligne Hindenburg),
  • le 28 par le groupe d'armées des Flandres que commande le roi des Belges Albert Ier en direction de Bruges et de Courtrai.


Au début d'octobre, tandis que la brillante victoire de Franchet d'Espèrey provoque la capitulation de la Bulgarie, la décision militaire est pratiquement acquise sur le front français, où Foch dispose maintenant de 212 divisions alliées face aux 180 de Hindenburg. Le 9 octobre, les Canadiens libèrent Cambrai, et, le 17, les Anglais sont à Lille ; le 25, le roi Albert Ier entre à Bruges, tandis que les Allemands s'accrochent encore à leur ligne Hunding, qui est forcée par ManginGuillaumat et Gouraud en liaison avec les Américains.

Dans les premiers jours de novembre, l'Escaut est franchi entre Gand et Tournai, les Alliés dépassent Valenciennes, Maubeuge et Stenay. Pour les Allemands, qui ont reculé de 100 à 200 km, la catastrophe est imminente, et la grande offensive préparée par Castelnau avec Mangin en Lorraine est devancée par l'armistice, signé le 11 novembre à Rethondes par les délégués de Hindenburg et du maréchal Foch (→ armistice de Rethondes).

Victoires alliées dans les Balkans, au Moyen-Orient et en Italie

Dans les deux camps, la primauté du front français, où se joue l'ultime décision de la guerre, laisse d'abord peu de place aux fronts extérieurs dans les préoccupations des belligérants. Tout changera quand, au cours de l'été, le fléau de la balance aura penché définitivement du côté des Alliés, qui chercheront alors à relancer les fronts extérieurs pour accélérer leur victoire et garantir leurs positions politiques et économiques.

Dans les Balkans, Guillaumat, qui a remplacé Sarrail à Noël 1917, se consacre à la réorganisation des forces assez disparates des armées alliées d'Orient. Rappelé en France après la percée allemande du Chemin des Dames pour diriger la défense de Paris, il a pour successeur Franchet d'Espèrey, qui, dès son arrivée le 19 juin, prépare l'offensive dont il attend la rupture du front germano-bulgare. Déclenchée le 15 septembre au Dobro Polje, elle contraint les Bulgares à déposer les armes dès le 29. Exploitant aussitôt sa victoire, Franchet d'Espèrey lance ses troupes sur Sofia, occupée le 16 octobre, Belgrade, où les Serbes font leur rentrée triomphale le 1er novembre. L'Autriche et l'Allemagne du Sud sont menacées, tandis que Berthelot, qui avait été le chef de la mission française en Roumanie, fonce sur Bucarest, qu'il atteint le 1er décembre (→ campagnes de Macédoine).

Alors que Clemenceau ne croyait guère à la valeur stratégique des Balkans, Lloyd George était au contraire convaincu de celle du Moyen-Orient, où il entendait assurer à son pays une solide position politique et économique. Aussi a-t-il consacré à ce théâtre d'importants moyens militaires. Ils permettent aux Anglais de relayer en Iran la présence russe défaillante et de tenter en outre un raid sur Bakou. Mais l'essentiel de ces forces est confié en Palestine au général Allenby, qui, le 19 septembre, bouscule les troupes germano-turques de Liman von Sanders. Un détachement français entre à Beyrouth le 7 octobre, et, le 25, les Britanniques sont à Alep. Le 1er octobre, les Arabes de Faysal et de Lawrence avaient libéré Damas, où Husayn s'était proclamé « roi des pays arabes », tandis que les forces de Mésopotamie fonçaient vers le nord et entraient à Mossoul le 4 novembre. Depuis cinq jours, le feu avait cessé sur les fronts du Moyen-Orient. Dans un immense désarroi, le gouvernement turc venait, en effet, d'obtenir un armistice qui avait été signé le 30 octobre par les seuls Britanniques « au nom des Alliés » dans la rade de Moudros (ou Moúdhros). Le 13 novembre, une escadre alliée arrivait à Istanbul.

En Italie, enfin, où la défaite de Caporetto avait finalement donné un coup de fouet au pays, un immense effort de redressement moral, économique et militaire a été accompli. En juin, Diaz repousse brillamment une offensive autrichienne sur la Piave, mais attend son heure pour frapper le grand coup que lui demande Foch avec insistance. L'édifice disparate de l'armée austro-hongroise, dont les diverses nationalités sont en train de proclamer leur indépendance, donne des signes certains de désagrégation. Le 20 octobre, les Hongrois se mutinent dans le Valsugana ; le 24, Diaz lance son offensive sur Vittorio Veneto ; le 3 novembre, les Italiens sont à Trente et à Trieste. Dans la soirée du même jour, un armistice est signé par les Autrichiens dans la villa Giusti, près de Padoue ; le 25 octobre, la Hongrie avait réclamé son indépendance, c'est-à-dire la rupture avec Vienne.

L'effondrement du IIe Reich

Le 14 août, au conseil de la Couronne de Spa, la faillite de la politique allemande était apparue au grand jour. À l'échec militaire de Ludendorff s'ajoutait maintenant la menace – devenue réalité le 29 septembre pour les Bulgares – de l'effondrement des alliés de l'Allemagne. Le 3 octobre, Guillaume II remplace le chancelier Georg von Hertling par le prince Maximilien de Bade, qui prend aussitôt contact avec Wilson pour tenter d'obtenir sa médiation sur la base des Quatorze points. Après plusieurs échanges de notes, Wilson signifie le 23 octobre à Berlin son désir de traiter avec un pouvoir « démocratique ».

Dès lors, la situation politique va se dégrader très rapidement. Le 26, Ludendorff est congédié et remplacé par le général Groener ; le 3 novembre éclatent à Kiel les premières mutineries de la flotte, qui se propagent à Hambourg, à Cologne et à Berlin (→ spartakisme). Le 7, la république est proclamée à Munich. La veille, à la demande instante de Hindenburg, une délégation d'armistice avait quitté Berlin ; elle franchit les lignes françaises le 8 et signe le 11 l'armistice à Rethondes. Entre-temps, Guillaume II avait abdiqué, et la république avait été proclamée à Berlin par Scheidemann, tandis que Maximilien de Bade transmettait ses pouvoirs à Ebert.

La fin politique du IIe Reich était consommée, et les conditions imposées par Foch pour l'arrêt provisoire des hostilités étaient sévères. Dans les 15 jours, les Allemands devaient évacuer les territoires envahis et l'Alsace-Lorraine ; dans les 31 jours, la rive gauche du Rhin ainsi que Cologne, Coblence et Mayence, avec une tête de pont de 30 km sur la rive droite de ces villes. Les traités de Brest-Litovsk et de Bucarest sont annulés, l'Afrique-Orientale allemande sera évacuée, les troupes allemandes qui sont en Russie regagneront le Reich quand les Alliés jugeront le moment venu, « compte tenu de la situation de ce territoire ». Tous les sous-marins seront livrés aux Alliés, la flotte de haute mer sera internée à Scapa Flow (où elle se sabordera le 21 juin 1919) ; le blocus naval et économique sera maintenu, les Alliés envisageant de ravitailler l'Allemagne « dans la mesure reconnue nécessaire ».

Conclu pour 36 jours, l'armistice du 11 novembre sera renouvelé trois fois jusqu'à l'établissement de la paix. Entre-temps, l'Empire austro-hongrois s'est effondré sous les coups des mouvements nationalistes. À la fin de 1918 et au début de 1919, ils triomphent à Prague avec Masaryk et Beneš, fondateurs de la Tchécoslovaquie, à Belgrade, où naît le royaume des Serbes, Croates et Slovènes (future Yougoslavie). À Varsovie, l'effondrement de l'Allemagne et de l'Autriche, l'absence de la Russie permettent à la Pologne de ressusciter. Seuls subsistent de la double monarchie les deux petits États de Hongrie et d'Autriche, celui-ci tellement amoindri que l'Assemblée de Vienne a demandé le 12 novembre 1918 son rattachement à l'Allemagne. La conférence de la Paix, ouverte à Paris le 18 janvier 1919 devant les représentants de 27 nations alliées ou associées, aura fort à faire pour remodeler la carte d'une Europe exsangue et ruinée. Elle sera définie par les traités de paix, dont le premier et le plus important sera signé avec l'Allemagne à Versailles le 28 juin 1919.

Le traité de Versailles 28 juin 1919

Le traité de Versailles, signé après les longues et complexes délibérations du conseil des Quatre (WilsonLloyd GeorgeClemenceau et Orlando), attribuait à l'Allemagne la responsabilité morale de la guerre et lui imposait de dures conditions, sans discussion possible. Sur le plan frontalier d'abord, le traité prenait acte du rattachement de l'Alsace-Lorraine à la France (→ Alsace). La Sarre demeurait pour quinze ans sous régime international, tout en étant économiquement unie à la France, avant de choisir son avenir par plébiscite.

C'est à l'Est qu'on opéra un véritable démembrement pour constituer une Pologne indépendante avec un accès à la mer, tel que l'avaient promis les Français et les Quatorze points de Wilson : l'Allemagne dut subir d'importantes amputations, de la Posnanie à la Baltique – la création du corridor de Dantzig (déclarée ville libre en 1920) isolant la Prusse-Orientale –, et plus tard l'humiliation du plébiscite qui, en 1921, coupera en deux la haute Silésie. Le traité comprenait aussi des garanties de sécurité : l'armée était réduite à 100 000 hommes, la Rhénanie démilitarisée sur une profondeur de 50 km sur la rive droite du Rhin. Le traité fixait enfin le principe des réparations, dont il n'établissait d'abord qu'un plancher (120 milliards de marks-or), et qui devaient empoisonner toutes les relations internationales de l'après-guerre.

Les traités de Saint-Germain-en-Laye, Neuilly, Trianon

Dans les zones balkaniques, le démantèlement de l'Autriche-Hongrie, jugé irrémédiable, donna lieu à un partage territorial où le principe wilsonien des nationalités ne fut que très partiellement respecté. Les traités de Saint-Germain-en-Laye (10 septembre 1919, avec l'Autriche), de Neuilly (27 novembre 1919, avec la Bulgarie), de Trianon (4 juin 1920, avec la Hongrie) laissaient de part et d'autre des motifs de mécontentement.

L'Italie obtenait le Trentin et le Haut-Adige autrichiens, mais pas Fiume, et presque rien sur le littoral dalmate (pour ne pas frustrer le nouvel État yougoslave), en dépit des promesses du traité secret de Londres de 1915. Le nouvel État tchécoslovaque était constitué dans la partie nord de l'empire des Habsbourg, avec l'ancienne Bohême et une longue frange du royaume de Hongrie (→ Sudètes). La Roumanie récupérait la partie est de l'Empire, la Bucovine, mais aussi toute la Transylvanie hongroise.

Frustrations et divisions : les germes d'un futur conflit

La sanction que subissaient les ex-Empires centraux était lourde de menaces pour l'avenir : dès 1920, un système de pactes d'assistance mutuelle, la Petite-Entente, s'établit entre les nouveaux pays d'Europe centrale (Tchécoslovaquie, Yougoslavie, Roumanie), pour prévenir les risques d'ambitions revanchardes de la Hongri


Ukraine : la Garde nationale fusille ses propres militaires

$
0
0

La Garde nationale de l'Ukraine (pro-Kiev) dément sa participation au passage par les armes de ses dix militaires, a annoncé dimanche à RIA Novosti la porte-parole de la Garde Viktoria Kouchner

 

Ukraine la Garde nationale fusille ses propres militaires Lire la suite

Ukraine la Garde nationale fusille ses propres militaires Lire la suite

« Je démens catégoriquement cette information », a déclaré la porte-parole.

Toutefois, elle a confirmé le passage des dix militaires aux côtés des forces d'autodéfense de la république autoproclamée de Donetsk. Selon elle, les transfuges sont des originaires des régions de Donetsk et de Lougansk. La porte-parole a souligné que la Garde nationale n'avait subi aucune perte durant ces dernières 24 heures, à part un blessé léger.

Dimanche matin, la porte-parole du « maire populaire » de la ville de Slaviansk a annoncé que dix militaires faisant partie de la Garde nationale ont échoué à passer du côté des forces d'autodéfense, ayant été fusillés par leurs propres chefs.

La Presse

$
0
0

La presse, dans nos têtes et dans les faits, est associée à la démocratie. Or ce lien ne va pas de soi. Libération, Le Parisien, Le Figaro, L’Équipe, Le JDD, Le Progrès de Lyon, L’Est républicain, Le Monde, Le Réveil de Mauriac, Ouest-France, Sud-Ouest, Le Dauphiné libéré, Le Petit Bleu d’Agen, La Voix du Nord et tant d’autres… avec la multiplicité de ses titres qui racontent déjà une histoire, la presse fascine. Parce que, quotidiennement, avec le journal, c’est un nouveau monde qui s’écrit. Parce qu’il n’y a rien de plus précieux que cette denrée essentielle – l’information – qui, d’un jour sur l’autre, se périme. Il y a tant de raisons d’aimer la presse qu’on n’en finirait pas de détailler la liste de ses mérites et – pourquoi pas ? – de ses écarts et de ses erreurs…

La Presse

La Presse

C’est seulement ainsi, dans cette dynamique, que le passé éclaire et sert le présent, sans être, comme l’écrivait Nietzsche, « cette exposition universelle » où l’homme moderne « se promène en spectateur ». Car l’hypothèse de la « fin des journaux », pour reprendre le titre de l’essai récent de Bernard Poulet, ne fait pas disparaître pour autant la « fabrique de l’information », et plus fondamentalement, dans nos écosystèmes européens, la nécessité d’une presse jouant un rôle déterminant dans l’exercice du gouvernement du peuple par le peuple.

Contribuer à faire naître un sentiment collectif

Cette relation de la presse à la démocratie n’est pas une partie, ni même l’essentiel en effet, la presse écrite ne se résume pas, loin de là, aux pages politiques. Le sport, le fait divers, la culture, les petites annonces, et bien d’autres rubriques font circuler un flux magmatique, large et régulier, d’informations qui construisent un système de références communes, une cité de papier. Le déploiement de documents de tous ordres (unes historiques, manuscrits, maquettes, affiches, matériel publicitaire, photographies…) éclaire cette première fonction politique de la presse : contribuer à faire naître un sentiment collectif, en donnant à entendre le bourdonnement des sociétés humaines, en donnant à voir le mouvement brownien des milliers d’individus dont les trajectoires se croisent, s’échangent ou s’entrechoquent.

Du village au territoire national, la presse anime, dans un monde globalisé, le sentiment d’appartenance à la localité. Mais ce n’est là qu’un mirage mouvant de la cité. C’est d’un point fixe – la relation à la démocratie – qu’il faut partir pour donner sens à ce monde commun chaque matin imprimé, chaque soir périmé. Et ce, avec une urgence qu’inspirent, dans notre période cyclonique, l’emballement et la multiplication des événements qui, dans certaines parties du monde, renversent les dictatures et les régimes autoritaires, et dans d’autres, mettent à l’épreuve les vieilles démocraties occidentales. Au milieu de ce réveil de l’histoire, la presse, en dépit de ses difficultés, retrouve une centralité inédite. Face aux nouveaux médias – comme les réseaux sociaux qui continuent d’accompagner les mouvements contestataires dans les pays arabes – la presse écrite récupère, en partie, des prérogatives qu’on lui avait cru perdues. La photographie de Kadhafi mort aurait-elle été diffusée comme elle l’a été, sans le filtre critique – cette fonction de gatekeeper – de professionnels de la presse qui ont interrogé, recoupé puis validé ce document « sauvage », livré sans les métadonnées (légendes, auteur, situation…) qui en autorisent d’ordinaire le déchiffrement ?

Une démocratie d’expression

La presse, dans nos têtes et dans les faits, est associée à la démocratie. Ce lien ne va pas de soi ; il y a, dans le monde, de nombreux pays où la presse prospère dans des environnements non démocratiques. D’où nous vient donc cette idée singulière ? Pour la mémoire collective, de cet événement spectaculaire : le « J’accuse » de Zola, publié à la une de L’Aurore le 13 janvier 1898, et qui confirme avec éclat, au cœur de l’affaire Dreyfus, la capacité de la presse à s’opposer de manière frontale au pouvoir. Mais l’idée s’enracine plus profondément dans l’histoire, dès l’Ancien Régime, autour des lectures publiques de journaux qui permettent la formation progressive d’une véritable opinion publique. La libéralisation cathartique de la parole, en 1789, ouvre l’ère de la multiplication des « feuilles » : le gouvernement du peuple par le peuple dote ainsi d’un outil d’influence publique tous ceux qui se réclament de lui. L’Ami du peuple de Marat, Le Père Duchesne de Hébert, et bien d’autres supports, deviennent les auxiliaires des politiques. Presse d’idées et du débat public. Mais si la période révolutionnaire ouvre, pour les politiques, un espace d’expression écrite – écho de toutes les discursivités qui traversent la société – le XIXe siècle lève le rideau sur un espace social de réception renouvelé.

L’image, d’abord, à laquelle on prête un pouvoir de conversion autant que d’information, s’invite dans les journaux. Ensuite, les progrès de l’alphabétisation élargissent considérablement la sphère d’influence potentielle de la presse. Lancé en 1863, Le Petit Journal, dont la formule, conçue pour une clientèle nouvelle et populaire, repose sur la chronique, le roman feuilleton et le fait divers, donne le coup d’envoi au développement de la presse de masse. Un nouveau régime de l’opinion peut se mettre en place. La Belle Époque voit naître le journalisme de terrain, qui s’épanouit dans les années 1930 et qui, à travers des reportages comme ceux de Georges Le Fèvre publiés par Le Journal (et rassemblés en un livre intitulé Je suis un gueux), donne la parole aux « sans-voix » de la société. Avec ce type de reportages, s’affirme une démocratie d’expression qui élargit son assiette. Cette attention descendante au terrain doit-elle être mise en relation avec ce mouvement parallèle qui, dans la pensée politique, rapatrie sur terre ce qui – autorité, pouvoir, vie meilleure – était jusqu’alors logé dans l’au-delà ?

C’est dans ce contexte que ces nouveaux acteurs de la vie publique – les journalistes – suscitent la curiosité. Balzac les a épinglés en entomologiste ; et à l’autre bout du temps, Debray verra en eux, dans un XXe siècle finissant, les apôtres du nouvel évangile du réel : « L’activité de journaliste représente le sommet de la fonction intellectuelle, par laquelle l’esprit humain accède à ce que Hegel appelait “la dignité du réel effectif”, en s’élevant par degrés de l’abstraction au concret. » Qui peut douter alors que la lecture du journal a été (et demeure) un des ressorts majeurs de la démocratie – « une sorte de prière du matin réaliste » selon les mots de Hegel ? Sans doute ces représentations correspondent-elles aux temps des démocraties naissantes, et sont-elles excessives. Mais elles n’en dessinent pas moins, en Europe, l’épure d’un modèle comme il a été rêvé, voilà deux cents ans.

La presse écrite connaît des difficultés économiques, notamment du fait de la concurrence, déjà ancienne, des moyens audiovisuels et de celle, plus récente, de l’internet. Elle tente de répondre à ces défis sur le terrain des nouvelles technologies de l’information et de la communication.

La presse française, malgré ses 8,3 milliards d’exemplaires de journaux ou de périodiques édités annuellement, est en butte à de sérieux problèmes : érosion de la diffusion de la presse payante, juste contrebalancée par la montée en puissance des journaux gratuits ; concurrence des médias audiovisuels et, de plus en plus, de l’internet, qui la menace à la fois parce que ces médias proposent eux aussi des contenus informatifs parfois gratuits et parce qu’ils sont en rivalité dans la recherche de ressources publicitaires.

Du fait du rôle social et politique de la presse en matière d’information et de diffusion des idées, les enjeux de cette crise ne sont pas seulement économiques. Les récentes évolutions peuvent mettre en péril le pluralisme de la presse et affaiblir ses fonctions propres de réflexion sur l’actualité au-delà de l’immédiateté.

La presse tente de répondre à ces défis, notamment par la mise en ligne de tout ou partie de ses informations (sites gratuits, payants ou mixtes) ou en proposant de nouvelles fonctions sur la toile, comme les « blogs » consacrés à l’actualité. Trouvera-t-elle ainsi les moyens pour continuer à jouer son rôle de « quatrième pouvoir » ?

Histoire chronologique de la Presse

1631 - 30 mai
La Gazette, le premier journal français
 

  • Le médecin du roi Théophraste Renaudot obtient du ministre Richelieu le monopole de la presse. Il lance la feuille d'information hebdomadaire La Gazette qui tire son nom de "gazetta", une monnaie qui équivaut à Venise au prix d'un journal. La Gazette sera l'organe officieux du pouvoir, Louis XIII y écrira régulièrement. Un prix littéraire, le prix Renaudot, fondé en 1925, perpétue la mémoire du fondateur de la presse française.

   
1653 - 25 octobre
Mort de Théophraste Renaudot
 

  • Théophraste Renaudot meurt le 25 octobre 1653 à Paris. Médecin et journaliste, il est célèbre pour avoir développé la presse en France, en créant notamment le périodique "La Gazette" en 1631. En 1628, il crée le « bureau d'adresse » où sont déposées les offres et les demandes d'emploi, devenant ainsi le pionnier des petites annonces. Il s'investit également dans l'aide aux miséreux en tant que « commissaire aux pauvres du royaume ». Le prix littéraire Renaudot porte son nom depuis 1925.

   
1777 - 1 janvier
Le premier quotidien paraît en France
 

  • Imprimé sur quatre pages, « le Journal de Paris » est publié pour la première fois. Il est fondé par Antoine Cadet de Vaux, Coranrez et Dussieux et traite principalement d’événements culturels et de faits divers. Il remportera un succès important auprès de la population parisienne et suivra assidûment les événements de la Révolution.

   
1788 - 1 janvier
La naissance du « Times »
 

  • Fondé quelques années plus tôt par John Walter, « The London Daily Universal Register » devient « The Times ». Ce quotidien d’information britannique dispose d’une influence considérable sur le pays et dans les domaines politiques, économiques et culturels. Il rencontrera quelques difficultés dans la deuxième moitié du XIXe siècle mais sera rapidement relancé par Lord Northcliffe, son nouveau propriétaire. Il devra faire face à une nouvelle crise dans les années 1960, avant d’être racheté par Rupert Murdoch.

   
1789 - 24 août
La liberté de la presse
 

  • L'article 11 de la Déclaration des droits de l'Homme et du citoyen affirme : "la libre communication des pensées et des opinions est un des droits les plus précieux de l'homme; tout citoyen peut donc parler, écrire, imprimer librement (...)". La presse ne sera pleinement libre qu'entre 1789 et 1792. Ensuite, elle sera contrôlée par le gouvernement. Il faudra attendre la loi du 29 juillet 1881 pour que soit garantit l'indépendance des médias.

   
1789 - 12 septembre
Premier numéro de « l’Ami du peuple »
 

  • Le révolutionnaire Jean-Paul Marat fonde le journal « l’Ami du peuple ». Ces quelques pages sont particulièrement polémiques vis-à-vis du gouvernement français. Ses idées radicales encouragent souvent le recours à la violence. Beaucoup lui reprocheront, plus tard, d’être responsable de l’exécution des Girondins. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle il sera assassiné. Son journal disparaîtra avec lui.

   
1812   
Invention de la presse cylindrique
 

  • Les allemands Friedrich Koenig et Andreas Bauer inventent la presse cylindrique. Les différents procédés de l’imprimerie sont ainsi réunis en une seule fonction. Deux ans plus tard, les deux inventeurs mettent au point une presse spéciale destinée au journal britannique « The Times ». Le rendement des tirages sera alors considérablement augmenté.

   
1819 - juin
Assouplissement de la liberté de la presse
 

  • Les avancées libérales et la naissance de véritables débats parlementaires au sein de la Chambre des députés assouplissent le climat politique en France. C’est dans le cadre de cet apaisement et de stabilisation du régime que la loi De Serre restaure la liberté de la presse. Mise à mal lors de la "Terreur blanche", celle-ci ne sera désormais plus soumise à des règles spécifiques. Autrement dit, la loi De Serre supprime les délits propres à la presse, abolissant de fait la censure. Les journaux pourront ainsi être créés sur simple déclaration et versement d’une caution. Toutefois la presse reste soumise aux délits communs tels que la diffamation, l’outrage aux bonnes mœurs ou encore l’offense au roi.

   
1820 - 31 mars
Premières restrictions de la liberté de la presse
 

  • L’assassinat du duc de Berry plonge la France dans une période de réaction et la première traduction de ce climat concerne la presse. Moins d’un an après sa libéralisation et moins de deux mois après la mort du duc, les Ultras deviennent très influents et obtiennent le musellement de la presse. Ainsi, avec la loi qui suivra en 1822, le « délit d’opinion » est créé tandis qu’il sera désormais possible de punir un journal pour son « esprit ». Il faudra également une autorisation préalable pour diffuser un journal.

   
1826 - 15 janvier
Première édition du "Figaro"
 

  • Le chansonnier Maurice Alhoy et le romancier Etienne Arago fondent "Le Figaro". L'édition est hebdomadaire et compte 4 pages. Le journal deviendra "Le Figaro quotidien" le 16 novembre 1866.

   
1827 - 24 juin
Rejet de la loi "Justice et amour"
 

  • La loi "Justice et amour", destinée à définitivement museler la presse française est mise en échec par la Chambre des députés. Les royalistes modérés s’avèrent de plus en plus hostiles à un gouvernement qui refuse d’être en phase avec la société post-révolutionnaire et qui rêve encore au retour d’un régime digne de Louis XIV. Menée par Chateaubriand, qui ne partage pourtant pas tout à fait les aspirations des Libéraux, cette fronde achève de déstabiliser le pouvoir. Pour rétablir l’ordre, Charles X décidera de dissoudre la Chambre, mais cela ne sauvera pas Villèle qui ne lui survivra pas longtemps.

   
1829 -1 août
Premier tirage de « la Revue des Deux Mondes »
 

  • François Buloz fonde « la Revue des Deux Mondes », dans l’espoir d’apporter à la France une vision plus moderne du monde. Elle propose en effet des textes ouverts sur le reste de la planète et notamment sur l’Europe. Malgré la censure, elle parviendra toujours à diffuser implicitement ses idées politiques. Les plus belles plumes de l’époque en signeront les articles (Balzac, Stendhal, Chateaubriand...). Baudelaire y publiera d’ailleurs ses « Fleurs du mal » pour la première fois. Au fil du temps, son influence s’étendra sur la France entière, puis sur toute l’Europe.

   
1835 - 22 octobre
Création de l'AFP
 

La français Charles-Louis Havas crée la première agence d'information mondiale sous le nom: "Agence des feuilles politiques, correspondance générale." Les nouvelles en provenance des journaux étrangers sont envoyées par pigeon voyageur et traduites dès leur arrivées à Paris.

   
1836 - 16 juin
Émile de Girardin fonde « la Presse »
 

  • Le premier numéro du quotidien « la Presse » sort en kiosque. Son créateur, Émile de Girardin, fait appel à des annonceurs afin de diminuer le coût de l’abonnement. Il est ainsi le premier à lancer le journal bon marché en France et sera considéré comme le fondateur de la presse moderne.

   
1845   
Construction de la presse rotative
 

  • La presse rotative est conçue par l’américain Richard Hoe. Son système de rouleaux cylindriques allié à un mouvement rotatif permet une impression beaucoup plus massive que son ancêtre, la presse cylindrique. Elle améliorera ainsi d’avantage le rendement de production des journaux périodiques.

   
1848 - mai
Fondation de l’Associated Press
 

  • Six journaux américains s’associent pour donner naissance à la plus importante agence de presse des États-Unis. Leur objectif est de réunir leurs sources d’informations internationales afin de diminuer les coûts télégraphiques. L’année suivante, l’AP ouvrira son premier poste d’information au Canada. La mise en place du câble trans-atlantique quelques années plus tard lui permettra de se développer plus rapidement et de devenir l'une des plus importantes agences de presse du monde.

   
1851 - 19 septembre
Premier numéro du New-York Times
 

  • Le célèbre quotidien américain voit le jour sous le nom "New-York Daily Times". Il passera en couleurs le 16 octobre 1997.

   
1851 - octobre
Paul Julius Reuter fonde son agence de presse
 

  • L’agence Reuter est fondée à Londres dans le but de diffuser des informations financières entre la capitale britannique et Paris. Son initiateur fut un proche collaborateur de Charles-Louis Havas, fondateur de l’AFP. Au siècle suivant, elle jouira d’une influence considérable dans le domaine de la presse internationale, tant écrite que télévisuelle.

   
1863 - 1 février
Naissance du « Petit Journal »
 

  • Moïse Polydore Millaud fonde « le Petit Journal », un quotidien français populaire qui atteindra le million d’exemplaires au début des années 1890. Plus tard, le journal imaginera la course automobile reliant Paris et Rouen, organisant ainsi la première compétition du genre en France. Incapable de s’adapter à l’évolution du monde, il disparaîtra finalement en 1944.

   
1866 - 16 novembre
L'hebdomadaire le Figaro devient un quotidien
 

  • Repris en 1854 par Hippolyte de Willemessant après des débuts difficiles, Le Figaro se porte plutôt bien et décide de passer au format quotidien. Il accueille à cette période des écrivains et des chroniqueurs célèbres tels que Zola, Vallès ou Dumas père, et a fortement innové avec des brèves, une rubrique nécrologie… Soutenant l’Empire, puis réclamant la Restauration, le journal est orienté plutôt à droite.


1881 - 29 juillet
Loi sur la liberté de la presse
 

  • La IIIème République vote la loi sur la liberté de la presse, dont l'article Ier affirme : "l'imprimerie et la librairie sont libres". L'article 11 de la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen de 1789 stipulait que "tout citoyen peut parler, écrire, imprimer librement".

   
1884 - 21 juin
Première parution du « Matin »
 

  • Le journal français « le Matin » sort dans les kiosques. Il est fondé par Alfred Edwards et ne tarde pas à susciter l’intérêt des lecteurs. Vendu à cinq centimes, comme ses concurrents « le Journal », « le Petit Journal » et « le Petit Parisien », il se développera rapidement. Au début du siècle suivant, il compte parmi ses plumes le reporter Gaston Leroux, qui rapportera son aventure arctique en compagnie d’Otto Nordenskjöld. Le journal disparaîtra finalement au lendemain de la Libération.

   
1885 - 12 mai
Invention de la linotype
 

  • L'horloger américain d'origine allemande, Ottmar Mergenthaler, reçoit un brevet pour l'invention de la première composeuse mécanique, la linotype. Depuis l'invention de l'imprimerie par l'allemand Gutenberg (1440), les typographes doivent composer les textes entièrement à la main, caractère par caractère. La linotype permet au compositeur de frapper directement ses textes sur un clavier. Elle sera employée la première fois par Le New York Tribune en 1886. Ce système sera le plus utilisé pour la composition des journaux jusqu'au années 70.

   
1888 - 25 juillet
Jean Dupuy prend la direction du "Petit parisien"
 

  • Paul Piégut, le propriétaire du « Petit parisien », décède et Jean Dupuy en prend la direction. Il offre alors un nouveau souffle au quotidien, qui voit ses tirages augmenter considérablement. Il sera classé parmi les quatre principaux journaux français de la fin du siècle (avec "le Matin", "le Journal", "le Petit Journal"). Sa notoriété est telle, qu’elle aboutira à la création d’un important groupe de presse. Comme ses grands concurrents, il disparaîtra à la fin de la Seconde guerre mondiale.

   
1888 - octobre
Sortie du premier numéro de « National Geographic »
 

  • Créée quelques mois plus tôt, la société américaine homonyme fonde la revue « National Geographic ». Elle vise à diffuser des connaissances géographiques du monde. Le mensuel se destine aux membres de l’Association et présente les objectifs de la société. Au cours des années suivantes, il s’étendra rapidement à un plus vaste public et à de plus vastes domaines.

   
1892   
Lancement du magazine « Vogue »
 

  • Condé Nast fonde le magazine de mode « Vogue » aux Etats-Unis. Très vite, il est diffusé dans le monde entier. Il paraît dans les kiosques britanniques dès 1916 tandis que les parisiennes devront attendre 1921 avant de pouvoir en bénéficier. Cette expansion se poursuivra en Europe dans les années 1960. Vogue deviendra l’un des principaux magazines de référence dans le domaine de la mode. La société américaine Condé Nast Publications lancera en 2005 « Men’s Vogue », uniquement consacré à la gent masculine.

   
1892 - 28 septembre
« Le Journal » sort dans les kiosques
 

  • Fernand Xau fonde le « le Journal » dans une perspective littéraire. Vendu à prix modique, le quotidien se destine au petit peuple parisien et remporte rapidement le succès escompté. Il s’appuiera sur l’édition de feuilletons, dont certains seront rédigés par Barrès, Zola ou encore par Alphonse Allais. Une fois encore dans l’histoire de la presse, les bouleversements politiques et culturels liés à la Seconde guerre mondiale lui seront fatal.

   
1894 - 1 novembre
La Libre Parole médiatise l'affaire Dreyfus
 

  • Alors que le journal "le Figaro" a eu des renseignements dès le 28 octobre sur l’arrestation d’un officier de l’armée pour trahison, il dévoile le nom de Dreyfus. Son concurrent d’extrême droite, "La Libre Parole", titre le même jour sur cette culpabilité. Vitrine française de l’antisémitisme, le journal de Drumont met immédiatement l’accent sur l’origine juive d’Alfred Dreyfus et en fait un argument a priori de sa culpabilité. Mieux, misant sur une théorie du complot, "La Libre Parole" affirme que l’Etat souhaite étouffer l’affaire parce que Dreyfus est juif. L’emballement de la presse, et notamment chez les nationalistes, monarchistes et catholiques ne tardera pas.

   
1907 - septembre
Gaston Leroux donne naissance à Rouletabille
 

  • Gaston Leroux publie « le Mystère de la chambre jaune », où il met en scène Joseph Rouletabille, un journaliste et reporter. En imaginant ce personnage, Gaston Leroux annonce les prémices du journalisme d’investigation. Depuis quelques années, il parcourt lui-même le monde dans le but de couvrir les événements importants. Il sera ainsi considéré comme l’un des premiers grands reporters français.

   
1911   
La fondation du futur « Sun »
 

  • Le journal « The Daily Herald » est publié pour la première fois par l’International Publishing Corporation. Il rencontre un succès considérable mais les années 1960 ne lui seront pas bénéfiques. Il changera donc de présentation et de titre pour devenir « The Sun ». Rupert Murdoch l’ajoutera à sa collection de presse quelques années plus tard. Le quotidien misera de plus en plus sur la provocation et l’illustration pour finalement devenir l’un des principaux journaux britanniques populaires.

   
1915 - 10 septembre
Création du "Canard Enchainé"
 

  • La propagande guerrière et la censure exaspèrent les pacifistes Maurice et Jeanne Maréchal qui fondent "Le Canard enchaîné". La parution sera interrompue en octobre mais reprendra à partir de juillet. Parmi les premiers collaborateurs du "Canard" : Anatole France, Tristan Bernard ou Jean Cocteau.

   
1919 - 12 octobre
La censure est levée un an après la fin de la guerre
 

  • Le sénat français ratifie le traité de paix du 11 novembre, un an après sa signature. La censure préventive qui avait été instaurée par le ministère de la Guerre le 4 août 1914, est levée.

   
1926 - avril
Le premier magazine américain de science-fiction paraît
 

  • Hugo Gernsback lance, aux Etats-Unis, le magazine Amazing Stories afin de promouvoir la science par le biais de la fiction. Admiratif face aux œuvres de Jules Verne et de H. G. Wells, il désire publier des textes où évoluent des univers inconnus, souvent gouvernés par les évolutions scientifiques. Directeur du magazine jusqu’en 1929, il créera le terme de "scientifiction", peu à peu transformé en "science-fiction".

   
1937   
Lancement de « Marie-Claire »
 

  • Jean-Prouvost lance l’hebdomadaire « Marie-Claire ». Quelques rubriques de son quotidien « Paris Soir » étaient déjà destinées aux femmes avant qu’il ne leur consacre entièrement un magazine. La gent féminine est immédiatement séduite par le concept mais la guerre interrompra les tirages. Ils ne seront repris qu’en 1954, et l’hebdomadaire deviendra mensuel.

   
1944 - 18 décembre
Le Monde en kiosque
 

  • Conformément aux souhaits du général de Gaulle, le premier numéro du quotidien du soir "Le Monde" sort en kiosque. Le chef du gouvernement provisoire souhaite voir s'implanter un organe de presse de référence dans la presse nationale d'après-guerre. Il confie la direction du "Monde" à Hubert Beuve-Méry, René Courtin et Franck Brentano.

   
1945 - octobre
La Fondation des "Temps modernes"
 

  • Avec l’aide de Simone de Beauvoir et de Maurice Merleau-Ponty, Jean-Paul Sartre publie le premier numéro de la revue "les Temps modernes". Littéraire, culturelle, politique et philosophique, ce mensuel montre clairement ses engagements politiques et deviendra la revue privilégiée des intellectuels de gauche.

   
1945 - 21 novembre
Premier numéro de "Elle"
 

  • Hélène Gordon-Lazareff lance un nouveau magazine féminin: "Elle". La journaliste avait précédemment travaillé aux Etats-Unis pour "Marie-Claire". L'édition est hebdomadaire et compte 24 pages. Hélène Gordon-Lazareff sera la première à introduire la photo couleur dans un magazine français.

   
1946 - 28 février
Premier numéro de L'Equipe
 

  • Le quotidien sportif "L'Equipe" succède à "L'Auto-Vélo" créé en 1900 par Henri Desgranges et interdit de publication à la Libération. Jacques Goddet, le directeur de l'édition, use de ses relations avec la résistance pour réhabiliter le journal sous une autre forme. "L'Equipe" est d'abord publié trois fois par semaine. A partir de 1948, il deviendra quotidien. Il sera racheté par le groupe Amaury en 1968.

   
1946 - 26 septembre
Premier numéro du « Journal de Tintin »
 

  • L’hebdomadaire de bande dessinée destiné aux enfants comme aux adultes sort en kiosque. Il est fondé par l’artiste franco-belge Hergé, père de Tintin. Accompagné des plus grands de la bande dessinée, il proposera à ses lecteurs les aventures de « Blake et Mortimer », d’ « Alix » ou encore de « Ric Hochet ». Le journal disparaîtra définitivement en 1993.

   
1947 - 4 janvier
Sortie du magazine « Der Spiegel »
 

  • Rudolf Augstein crée l’hebdomadaire allemand « Der Spiegel ». Le magazine est issu du contexte de l’après guerre. Sous l’impulsion des Britanniques occupant l’Allemagne, le journal « Diese Woche » sortit dans les kiosques quelques mois plus tôt. Rudolf Augstein en prit le contrôle et le renomma. Il en sera l’éditeur et le rédacteur en chef jusqu’à sa mort. « Der Spiegel » restera connu pour ses investigations politiques et ses propensions à dénoncer les scandales.


1949 - 29 mars
Fondation de "Paris-Match"
 

  • L'homme d'affaires français Jean Prouvost lance une nouvelle formule du journal sportif "Match" qu'il a racheté en 1938. Le nouveau magazine d'actualité s'appelle désormais "Paris-Match". Son contenu est largement inspiré de la revue américaine "Life". Le premier ministre britannique Winston Churchill est en couverture du premier numéro.

   
1950 - 13 avril
« L’Observateur » sort en kiosque
 

  • Gilles Martinet, Roger Stéphane et Claude Bourdet donnent naissance au premier numéro de « l’Observateur ». Ce dernier troquera son nom contre celui de « l’Observateur aujourd’hui », puis de « France observateur ». Fortement engagé à gauche, le journal regorge d’articles polémiques sur le gouvernement français. Malheureusement, les esprits militants d’autrefois sont moins virulents et le journal rencontrera d’importantes difficultés financières. Il sera malgré tout sauvé en devenant « le Nouvel Observateur ».

   
1953 - 16 mai
L'Express sort en kiosque
 

  • Jean-Jacques Servan-Schreiber et Françoise Giroud créent L'Express, un supplément hebdomadaire du quotidien Les Echos. En 1964, sur l'exemple du Time, il changera de look et deviendra un "newsmagazine" généraliste à succès. En 1970, lors du départ de Servan-Schreiber pour devenir secrétaire général du Parti radical, des journalistes quitteront la rédaction et fonderont un concurrent, Le Point. L'Express affiche aujourd'hui un tirage de 600 000 exemplaires.

   
1964 - 19 novembre
Premier tirage du « Nouvel Obs »
 

  • Claude Perdriel relance le magazine déficitaire « France Observateur » et le renomme en conséquence « le Nouvel Observateur ». Il conservera ses tendances socialistes et remportera un succès quasi-immédiat. Il parviendra en effet à s’adapter à une société en pleine évolution, tant au niveau politique que culturel. Toujours dans un esprit contestataire, il publiera quelques années plus tard le « Manifeste des 343 », en faveur de l’avortement.

   
1970 - 17 novembre
Hara-Kiri disparaît des kiosques
 

  • Le journal créé dix ans plus tôt par le professeur Choron subit une énième interdiction. Misant sur la provocation, ce dernier s’est encore illustré dernièrement en titrant « Bal tragique à Colombey : 1 mort ». Cette approche ironique de la mort de De Gaulle et du traitement journalistique de la tragédie du dancing de Saint-Laurent-du-Pont dépasse les bornes aux yeux de la censure. Hara-Kiri disparaît ainsi en tant que quotidien, mais il paraîtra encore jusqu’en 1985 en tant que mensuel.

   
1972 - 25 septembre
« Le Point » sort en kiosque
 

  • Le premier numéro du « Point » est publié. Ce magazine d’information français est créé par plusieurs anciens journalistes de « l’Express ». En désaccord avec leur directeur, Jean-Jacques Servan-Schreiber, ces derniers s’étaient décidés à quitter la rédaction pour fonder leur propre hebdomadaire. Soutenus financièrement par le groupe Hachette, ils atteignent leurs objectifs. Il faudra à peine trois ans au magazine pour assurer un seuil de rentabilité correct.

   
1973 - 18 avril
Lancement de Libération
 

  • Le 1er numéro du quotidien de gauche Libération est publié sous la direction de Jean-Paul Sartre et Serge July. Original par son mode de gestion (égalité pour tout le personnel) et sa ligne rédactionnelle ("l'indépendance à tout prix"), il sera vite confronté à de graves problèmes financiers et d'organisation. Il fermera en 1981 et réapparaîtra quelques mois plus tard, modernisé mais plus classique. Libération bénéficie aujourd'hui d'une diffusion de près de 170 000 exemplaires.

   
1979 - 1 avril
Parution du premier numéro de « Gai Pied »
 

  • Jean le Bitoux fonde le magazine français homosexuel « Gai Pied ». Au cœur d’un contexte politique difficile, il parviendra à publier ses rubriques jusqu’en 1992. Le magazine jouera un rôle essentiel dans la libération des homosexuels en France. Trois ans après sa disparition, le mensuel « Têtu » reprendra le flambeau avec succès.

   
1981
Rupert Murdoch achète « The Times »
 

  • Milliardaire américain et magnat des médias, Rupert Murdoch fait l’acquisition du journal britannique « The Times ». Originaire d’Australie, il commença sa carrière en acquérrant plusieurs périodiques australiens. Il possède déjà aux États-Unis le « New-York Post », le « New York Magazine », « The Village Voice » et « New West », avant de s’attaquer à la presse britannique. Quatre ans plus tard, il adoptera la nationalité américaine afin de poursuivre ses acquisitions médiatiques, qui engloberont très vite l’édition et la télévision.

   
1990 - novembre
Une ouverture sur le monde proposée par « Courrier international »
 

  • L’hebdomadaire « Courrier international » sort en kiosque. Il propose la traduction française d’articles de presse issus du monde entier et tente de représenter les différentes cultures de la planète. Malgré quelques difficultés financières, le succès est rapide. Des éditions semblables paraîtront ailleurs dans le monde.

   
1998 - 8 juin
Time magazine désigne Martha Graham "danseuse du siècle"
 

  • Dans son numéro de juin, Time magazine classe la danseuse Martha Graham parmi les 100 personnalités les plus influentes du XXème siècle. L’artiste, décédée 7 ans plus tôt, a marqué le siècle en renouvelant la danse moderne. Elle a innové notamment par sa recherche dans les mouvements corporels et par sa mise en valeur des angularités du corps. Time lui décerne également le titre de "danseuse du siècle".

   
2001 - 19 mai
L'Humanité ouvre son capital
 

  • En grande difficulté financière, le journal l’Humanité est contraint de se restructurer et d’ouvrir soixante pour cent de son capital. Quotidien des socialistes lors de sa fondation puis organe du Parti communiste (PCF), cette action paraît très symbolique et est à l'image de la perte de puissance des idées communistes. Le PCF ne garde donc que quarante pour cent des parts et devient par là plus indépendant.

   
2002 - 18 février
Apparition de la presse gratuite d’information en France
 

  • Métro France distribue à Paris le premier quotidien national gratuit. Intitulé « Metro », le journal est largement rentabilisé par les annonceurs et mis à disposition de manière stratégique près des transports en commun. Le journal couvrira peu à peu la quasi-totalité des grandes villes de France. Seulement un mois après son lancement, il sera concurrencé par le « 20 minutes », détenu par le groupe norvégien Schibsted et par Ouest-France.

   
2006 - 7 novembre
Mort du journaliste Servan-Schreiber
 

  • Le journaliste Jean-Jacques Servan-Schreiber meurt à Fécamp, en Haute-Normandie. Dans les années 1950, il avait fondé le magazine hebdomadaire "l’Express", en compagnie de Françoise Giroud puis s’était intéressé à la politique. Président du Parti radical dans les années 1970, brièvement ministre des Réformes en 1974, il avait aussi été directeur du Centre mondial de l’informatique. Enfin, il avait également écrit quelques essais, dont le "Défi américain" (1967).

Seconde Guerre mondiale

$
0
0

Conflit planétaire qui, de 1939 à 1945, opposa les puissances démocratiques alliées (Pologne, Grande-Bretagne et pays du Commonwealth, France, Danemark, Norvège, Pays-Bas, Belgique, Yougoslavie, Grèce, puis URSS, États-Unis, Chine, et la plupart des pays de l'Amérique latine) aux puissances totalitaires de l'Axe (Allemagne, Italie, Japon et leurs satellites, Hongrie, Slovaquie, etc.).

Joseph Staline, Franklin Delano Roosevelt et Winston Churchill

Joseph Staline, Franklin Delano Roosevelt et Winston Churchill

La Seconde Guerre mondiale, qui coûta la vie de plus de 40 millions de personnes, a duré six ans, du 1er septembre 1939, date de l'agression allemande contre la Pologne, au 2 septembre 1945, jour où le Japon capitula. Circonscrite à l'origine à l'Europe, elle devient véritablement mondiale avec l'entrée dans la guerre, en 1941, de l'URSS, du Japon et des États-Unis.Le nombre des belligérants, la nature et la puissance des moyens mis en œuvre, le caractère idéologique du conflit donneront plus d'ampleur encore à cet affrontement qu'à celui de 1914-1918. On y distinguera deux immenses théâtres d'opérations. Le premier, centré sur l'Europe, va de l'Atlantique inclus à la Volga et de l'océan Arctique à l'Afrique équatoriale ; le second, axé sur le Japon, englobe le Pacifique, l'Inde, la Chine et le Sud-Est asiatique. En dehors de quelques États d'Amérique latine et de quelques îlots européens (Espagne, Portugal, Suède, Suisse), toutes les nations du monde et leurs dépendances entreront peu à peu dans la guerre. Si quelques « têtes » dominent particulièrement ce conflit (→ Churchill, Hitler, Roosevelt, Staline), ils le doivent évidemment à leur forte personnalité, mais aussi à l'importance des ressources humaines, économiques, scientifiques et techniques que leur pays mettra à leur disposition.

Les historiens s'accordent à discerner deux parties dans le déroulement de cette guerre. La première, qui s'étend jusqu'à la fin de 1942, est marquée par le flux conquérant des puissances de l'Axe (Allemagne, Italie, Japon). Un terme y sera mis dans le Pacifique par l'échec naval japonais de l'archipel des Midway, en Afrique par la bataille d'El-Alamein et le débarquement allié au Maroc et en Algérie, en URSS par le désastre de la Wehrmacht à Stalingrad. Dans une seconde partie, les Alliés reprennent l'initiative et la direction du conflit, puis, refoulant systématiquement le Japon dans le Pacifique et débarquant en Europe, contraindront d'abord l'Italie (1943), puis l'Allemagne et le Japon (1945) à la capitulation.

À l'issue de la Première Guerre mondiale, le traité de Versailles de 1919 a été considéré par l’Allemagne comme un diktat, qui la condamne à reconnaître sa responsabilité unilatérale dans le déclenchement de la guerre, à payer au titre de « réparations » pour les dommages causés aux personnes et aux biens (une somme qui implique des versements échelonnés jusqu'en 1988), à subir des amputations de territoires à l'est et une limitation de sa souveraineté à l'ouest (démilitarisation de la Rhénanie). Mais on ne peut imputer aux seuls excès du traité la responsabilité de cette nouvelle guerre. Sans doute, l'épuisement économique et démographique des vainqueurs de 1918, leurs divisions (et notamment la crainte de l'Angleterre de voir la France trop puissante), l'éclatement de l'Europe danubienne en de nouveaux États aux frontières contestables et contestées, l'impuissance d'une Société des Nations (SDN) imposée mais aussitôt refusée par les États-Unis, la crise économique mondiale de 1929, enfin, constitueront autant de facteurs accentuant la fragilité du nouvel équilibre international.

Hitler AdolfIl n'empêche que c'est d'abord à l'Allemagne d'Adolf Hitler qu'appartient la responsabilité fondamentale de ce conflit. Soulevé par la mystique du national-socialisme, Hitler est installé en 1933 au pouvoir par le président Hindenburg dans un pays rongé par le chômage et les conséquences économiques et sociales d'une inflation catastrophique. Son objectif est d'effacer le diktat de Versailles et d'assurer à l'Allemagne l'« espace vital » nécessaire à son expansion démographique : le réarmement va donc lui servir à la fois à préparer les conditions d'un changement politique et à remédier à la crise.

Quelques années plus tard commencera la folle aventure de ses coups de force, auxquels la faiblesse et les illusions de l'Angleterre et de la France ne répondront que par autant de renoncements. En particulier, leur absence de riposte à la réoccupation de la rive gauche du Rhin par la Wehrmacht – en violation du traité de Versailles –, le 7 mars 1936 retirait aux démocraties occidentales tout moyen de coercition à l'égard de l'Allemagne nazie.

Le rapprochement de Mussolini vers l'Allemagne nazie

En Italie, Mussolini a pris le pouvoir dès 1922, dans un pays qui s'estime lésé par les traités de 1919 et de 1920 : les accords avec l'Autriche-Hongrie et la Yougoslavie ne répondent pas aux promesses faites par les Alliés le 26 avril 1915 (traité de Londres), lorsqu'ils avaient détaché l'Italie de la Triplice. Pourtant, lors de la conférence de Stresa (avril 1935), Mussolini conclut avec la Grande-Bretagne et la France une entente qui stipule que les trois pays s'opposeront à toute modification des traités. Mais, contré par la Grande-Bretagne et la France lors de l'affaire éthiopienne (→ campagnes d'Éthiopie, octobre 1935), Mussolini se rapproche de Hitler et dénonce les accords de Stresa.

L'expansionnisme nippon

Au même moment s'affirmaient en Extrême-Orient les visées expansionnistes de l'empire japonais. Ayant imposé son protectorat à la Mandchourie, occupé la province chinoise de Jehol et quitté la SDN (1933), le Japon entre en 1937 en guerre avec la Chine ; il occupe rapidement Shanghai, Nankin et les principaux ports du Sud-Est (1939), refoulant à Chongqing Tchang Kaï-chek. L'extension de l'influence nippone dans le Pacifique ne provoque aucune réaction des États-Unis, alors entièrement absorbés par le redressement de leur économie et qui n'interviendront pratiquemen pas dans la crise internationale d'où sortira la Seconde Guerre mondiale.

Mais c'est dans la vieille Europe que les exigences démesurées du dictateur allemand, encouragé par la démission des démocraties occidentales, allumeront le conflit. Après s'être habilement assuré à l'automne de 1936 du soutien politique du Japon par la signature du → pacte Antikomintern, dirigé contre l'URSS, et de l'alliance de l'Italie fasciste par la constitution de l'Axe Berlin-Rome, Hitler annexe l'Autriche en mars 1938 (Anschluss). La guerre est évitée de justesse par les accords de Munich (septembre), qui, en acceptant l'incorporation au Reich du territoire des Sudètes, amorcent le démembrement de la Tchécoslovaquie. Dès mars 1939, ces accords sont violés par Hitler, dont les troupes entrent à Prague, tandis que Mussolini, un mois plus tard, annexe l'Albanie, puis signe avec Hitler le 22 mai 1939 le pacte d'Acier (→ traité de Berlin), qui enchaîne inconditionnellement l'Italie à l'Allemagne.

Cette fois, Paris et Londres décident enfin de résister. Aussi, quand Berlin somme brusquement Varsovie, le 25 mars 1939, de soumettre à un aménagement le statut de Dantzig et du corridor (→ Gdańsk), Londres prépare-t-il avec diligence un traité d'alliance avec la Pologne, et Paris confirme le sien. Les deux capitales étendent leurs garanties à la Roumanie et à la Grèce le 13 avril. Un accord semblable est conclu entre la Grande-Bretagne, la France et la Turquie, le 19 octobre, après la cession à Ankara du sandjak d'Alexandrette (aujourd'hui Iskenderun), détaché de la Syrie alors sous protectorat français.

Le pacte germano-soviétique

À l'approche de l'été de 1939, la seule inconnue qui demeure dans les données initiales d'un conflit désormais inéluctable est l'attitude de l'URSS. Sans doute la France et l'Angleterre espèrent-elles encore que l'inconnue de Moscou empêchera Berlin de se lancer dans une guerre générale. Le 11 août, une mission militaire franco-britannique est dépêchée en URSS pour tenter d'obtenir l'appui de l'Armée rouge contre les nouveaux appétits de l'Allemagne nazie. Aussi est-ce avec stupeur que Paris et Londres apprennent la signature dans la nuit du 23 au 24 août 1939 d'un pacte de non-agression entre l'Allemagne et l'URSS, dont la négociation avait été tenue rigoureusement secrète (→ pacte germano-soviétique).

Les grandes purges qui, de 1936 à 1938, avaient bouleversé le monde soviétique, décimé les cadres de l'État et du parti et décapité l'Armée rouge de son haut commandement avaient sans doute mis l'URSS hors d'état d'intervenir en Europe. En changeant son ministre des Affaires étrangères (Molotov remplace Litvinov), Staline prenait le parti d'éloigner la guerre de son pays au prix d'une aide politique, économique et militaire à l'Allemagne, mais aussi en échange de substantiels profits : l'annexion de la Pologne orientale, des pays Baltes et de la Bessarabie était prévue par une annexe secrète au pacte du 23 août.

L'invasion de la Pologne

Ayant chassé le spectre de toute menace à l'est, Hitler a désormais les mains libres pour réaliser le Grand Reich. Dès le 29 août 1939, il lance à la Pologne un ultimatum inacceptable et, à l'aube du 1er septembre, la Wehrmacht franchit sans déclaration de guerre la frontière germano-polonaise. Cette fois, Hitler ne peut ignorer qu'il va se heurter à la résistance des alliés occidentaux : le 25 août, la Grande-Bretagne avait garanti publiquement et inconditionnellement les frontières de la Pologne. Aussi, après l'échec des derniers appels à la paix du pape Pie XII et du président Roosevelt, Hitler refusant de retirer ses troupes de Pologne, la Grande-Bretagne (bientôt suivie par les dominions) et la France déclarent-elles le 3 septembre 1939 la guerre à l'Allemagne. Arguant de sa faiblesse militaire, l'Italie demeure provisoirement « non belligérante », tandis que les États-Unis proclament leur neutralité armée, confirmée le 3 octobre par la déclaration de neutralité des républiques latino-américaines.

Presque aussi timoré que ses homologues alliés, l'état-major allemand s'est vu imposer par Hitler l'audacieuse doctrine de la guerre éclair menée par le couple char-avion, expérimentée de 1936 à 1939 lors de la guerre civile d'Espagne et des invasions de l'Autriche et de la Tchécoslovaquie. La Pologne disposait aux ordres du maréchal Rydz-Śmigłi d'une vingtaine de divisions et de 10 brigades de cavalerie soutenues par 447 avions et 280 chars anciens. La Wehrmacht attaque concentriquement, à partir de la Prusse-Orientale, de la Silésie et de la Slovaquie avec 63 divisions, dont 7 Panzer, soit environ 2 000 blindés et près de 2 000 avions. Surprise en cours de mobilisation, mal déployée, l'armée polonaise, bousculée et rapidement tronçonnée, résiste jusqu'au 27 septembre. Dix jours avant, elle a reçu le coup de grâce : alors que Varsovie venait d'être investie, les forces soviétiques, conformément aux accords du 23 août, franchissaient la frontière orientale polonaise et marchaient à la rencontre de la Wehrmacht.

Conquise en vingt-six jours, la Pologne est, le 28 septembre à Moscou, l'objet d'un quatrième partage. Il fixe la ligne du Bug comme frontière germano-soviétique, en échange de quoi l'URSS obtient de s'installer dans les États baltes, y compris en Lituanie. Quant à l'Allemagne, elle annexe Memel, Dantzig et son corridor (→ Gdańsk), la Posnanie et la Silésie polonaise. Les régions de Varsovie et de Cracovie, où est concentrée la population, forment un Gouvernement général placé sous administration allemande : le terme même de Pologne a disparu. Pour en savoir plus, voir l'article campagnes de Pologne.

« Drôle de guerre » à l'ouest

Sur le front français, les opérations sont très limitées durant l'hiver 1939-1940. Sur mer, elles sont marquées par le torpillage du cuirassé anglais Royal Oak dans la rade de Scapa Flow (14 octobre) et le sabordage du cuirassé allemand Graf von Spee devant Montevideo (17 décembre) ; la Kriegsmarine (marine de guerre) ne dispose alors que de 22 sous-marins de haute mer, et la guerre sous-marine n'en est qu'à ses débuts. Les gouvernements alliés se sont organisés pour la guerre. À Londres, Churchill prend la tête de l'amirauté, et Eden devient ministre des dominions ; à Paris, Daladier, déjà président du Conseil et ministre de la Défense nationale, s'approprie les Affaires étrangères et dissout les organisations communistes qui, à l'image de Moscou, condamnent la guerre. Il obtient les pleins pouvoirs du Parlement, tandis que le général Gamelin est reconnu généralissime du front occidental.

La stratégie demeure défensive à l'abri de la ligne Maginot et se cantonne dans un blocus dont les Alliés attendent la décision ou au moins le temps nécessaire pour réduire le retard de leurs armements. Les forces allemandes sont supérieures à celles des Alliés dans tous les domaines, sauf la Marine : 127 divisions terrestres contre un peu plus d'une centaine ; 5 200 avions contre 1 200 pour la France et 1 700 pour la Royal Air Force ; 3 croiseurs et 3 cuirassés contre 3 croiseurs et 10 cuirassés britanniques, et une vingtaine de croiseurs lourds et 3 cuirassés à la France. Le nombre des sous-marins allemands n'est pas supérieur à celui des Français : 120 contre 130.

Une offre de paix de Hitler (6 octobre) est repoussée, comme la médiation du roi Léopold III de Belgique, et de la reine Wilhelmine des Pays-Bas. Au printemps de 1940, un voyage d'information en Europe du secrétaire d'État adjoint américain Sumner Welles, révèle l'impossibilité d'un compromis.

Campagne de Finlande (30 novembre 1939-12 mars 1940)

Au même moment, les états-majors alliés envisagent, pour parfaire le blocus, des actions aériennes périphériques sur les pétroles roumains comme sur les mines de fer scandinaves. Ces projets prennent corps au moment où l'URSS attaque la Finlande (30 novembre), ce qui lui vaut d'être exclue de la Société des Nations (SDN). La résistance de l'armée finnoise étonne le monde jusqu'en février 1940, date où les Russes finissent par forcer la ligne Mannerheim, qui barre l'isthme de Carélie. Par le traité de Moscou du 12 mars 1940, l'URSS annexe la Carélie finlandaise et s'empare de la presqu'île de Hanko (Hangö en suédois).

Occupation du Danemark, campagne de Norvège (avril-mai 1940)

Le 16 février 1940, le cargo allemand Altmark est arraisonné dans les eaux norvégiennes par un destroyer anglais, et, le 8 avril, les Alliés annoncent le minage des eaux territoriales de la Norvège pour empêcher le Reich de se ravitailler par Narvik en minerai de fer suédois. Dès le lendemain, Hitler devance ces projets en occupant le Danemark et en envahissant la Norvège. Les Alliés répondent en débarquant au nord et au sud de Narvik du 13 au 20 avril. La flotte anglaise attaque ce port avec succès, mais la supériorité de la Luftwaffe (armée de l'air) contraint les Alliés à concentrer dans cette seule région leur action terrestre : la prise de Narvik le 28 mai par les Français de Béthouart ne sera qu'un succès éphémère, précédant de peu le rembarquement des troupes alliées imposé par l'offensive allemande sur la France.

Par cette nouvelle victoire, Hitler s'assure aussi bien les portes de la Baltique que la côte norvégienne et contrôle ainsi les débouchés vers l'ouest de l'économie suédoise. Dès le 9 avril, un gouvernement Quisling, aux ordres des Allemands, a été installé à Oslo, forçant le roi de Norvège Haakon VII à gagner l'Angleterre (juin). Au Danemark, le roi Christian X décide de demeurer avec son peuple, mais l'Islande, où débarquent les troupes anglaises (10 mai 1940), puis américaines (7 juillet 1941), proclame son désir de dénoncer son union avec le Danemark.

Guerre éclair aux Pays-Bas, en Belgique et en France

La guerre éclair en Europe et l'avance des troupes de l'Axe vers Stalingrad et le CaucaseLa guerre éclair en Europe et l'avance des troupes de l'Axe vers Stalingrad et le Caucase. Le remplacement de Daladier par Reynaud à la tête du gouvernement français le 22 mars 1940 accentue l'engagement de la France dans la guerre : le 28, elle signe avec l'Angleterre une déclaration où les deux nations s'interdisent de conclure toute paix séparée.

La débâcle

Le 10 mai, la Wehrmacht envahit les Pays-Bas, la Belgique et le Luxembourg. Entre le 10 et le 12 mai, le front français est percé sur la Meuse ; le 14, tandis que l'armée néerlandaise dépose les armes, les Allemands percent de nouveau le front français près de Sedan (→ percée de Sedan) et, par la brèche ainsi ouverte entre Sedan et Namur, les divisions allemandes foncent en direction de l'Oise et de la Somme. Le 27, remontant vers le nord, les Allemands atteignent Calais et encerclent les forces franco-britanniques, qui sont mises hors de combat ; le 28, tandis que les franco-britanniques évacuent Dunkerque dans des conditions dramatiques, l'armée belge, à son tour, capitule. L'avance allemande a jeté sur les routes civils et militaires en un exode qui désorganise les communications et rend impossibles les manœuvres de rétablissement du commandement allié.

Cet enchaînement de catastrophes pose au gouvernement français de redoutables problèmes politiques, au moment où, le 10 juin, l'Italie lui déclare la guerre. Le 11, au Conseil suprême interallié de Briare, le général Weygand (successeur de Gamelin et soutenu par Pétain), que Paul Reynaud a appelé le 18 mai dans son gouvernement, évoque à mots couverts la possibilité d'un armistice, tandis que l'amiral Darlan s'engage, vis-à-vis de Churchill, à ce que la flotte française ne tombe jamais aux mains de l'Allemagne.

L'armistice

L'avance de la Wehrmacht se poursuit, et Reynaud, qui préconisait la continuation de la lutte en Afrique du Nord, démissionne le 16 juin. Appelé par le président Lebrun, Pétain lui succède comme chef du gouvernement et demande aussitôt l'armistice : il est signé le 22 juin à Rethondes avec l'Allemagne et le 24 à Rome avec l'Italie. La défaite française est à l'époque une énorme surprise, d'autant que les forces en présence n’étaient pas disproportionnées. Elle s'explique, entre autres, par l'incapacité du commandement, qui s'est cantonné dans la conception d'une guerre défensive et qui n'a su ni prévoir ni parer une attaque utilisant massivement les forces combinées de l'aviation et des blindés (les Français n'avaient que 3 divisions blindées à opposer aux 12 Panzerdivisionen allemandes).

Les clauses de l'armistice, qui, jusqu'à sa libération en 1944, vont peser sur la France, sont particulièrement sévères. Son gouvernement perd en effet le contrôle des trois cinquièmes du territoire national – soit toute la région nord-est du pays, Paris, la Bretagne et une bande côtière allant jusqu'à la frontière espagnole – qui seront occupés par l'Allemagne. Il est convenu que les deux millions de prisonniers le resteront jusqu'à la paix, et que la France paiera l'entretien des troupes d'occupation allemandes. Elle conserve toutefois son Empire colonial, sa marine (à peu près intacte), une armée de 100 000 hommes et une zone non occupée où, le 2 juillet, Pétain installe à Vichy son gouvernement (→ gouvernement de Vichy).

L'appel du 18 juin 1940

Le jour même où le vieux maréchal demande l'armistice, le 17 juin, le général de Gaulle, membre depuis le 5 juin du gouvernement de Paul Reynaud, rallie Londres et proclame le lendemain son refus de l'armistice et son appel à continuer la lutte aux côtés de l'Angleterre (→ appel du 18 juin). Tandis qu'ainsi naît la France libre, Pétain reçoit le 10 juillet de l'Assemblée nationale le pouvoir constituant et se proclame chef de l'État. Son autorité s'étend sur l'ensemble de l'Empire sauf l'Afrique-Équatoriale française, les établissements de l'Inde, Tahiti et la Nouvelle-Calédonie, qui, au cours de l'été, se rallient au général de Gaulle (→ État français).

L'Angleterre seule

La soudaineté inattendue de l'effondrement français ne pouvait manquer de bouleverser les rapports franco-anglais. Malgré les assurances réitérées de Darlan, Churchill, dans sa crainte de voir les bâtiments de la marine française utilisés par l'Allemagne, n'hésite pas à attaquer, le 3 juillet, ceux de Mers el-Kébir (où 1 300 marins trouvent la mort) et, le 8 juillet, le cuirassé Richelieu à Dakar, provoquant ainsi la rupture des relations diplomatiques entre Vichy et Londres. Ce manque de confiance et de sang-froid s'explique par l'isolement subit de la Grande-Bretagne, désormais seule en guerre contre une Allemagne qui apparaît invincible.

Hitler, pourtant, espérait encore amener son adversaire à composition, et, le 19 juillet, il lui fait au Reichstag une ostentatoire offre de paix. C'était compter sans la résolution de Churchill, Premier ministre depuis le 10 mai, et du peuple britannique, qui ont accueilli à Londres – ainsi promue capitale de la résistance au nazisme – les gouvernements tchèque, norvégien, néerlandais, belge et polonais. De Gaulle, qui a échoué dans sa tentative de ralliement de Dakar à la France libre (23 septembre), constitue également à Londres, le 27 octobre, un Conseil de défense de l'Empire français.

La bataille d'Angleterre

C'est alors que commence la fameuse bataille d'Angleterre, dont le succès eût sans doute consacré pour de longues années la victoire allemande. Occupant toutes les côtes de Narvik (Norvège) à Hendaye, Hitler se trouve dans une position exceptionnelle pour conquérir l'Angleterre. L'offensive aérienne déclenchée le 10 août par la Luftwaffe sur la Grande-Bretagne se heurte toutefois à une telle réaction de la Royal Air Force qu'à la mi-octobre Hitler renonce à l'opération et par là même au débarquement qui devait la suivre.

Pour les Anglais, la menace la plus immédiate se trouve ainsi écartée. Au cours de l'automne, sans renier de Gaulle ni le mouvement de la France libre, Churchill reprend secrètement contact avec Vichy. Les accords Chevalier-Halifax établissent un modus vivendi entre les deux pays : Pétain renonce à reconquérir les territoires français ralliés à de Gaulle et renouvelle ses assurances sur la flotte, mais Churchill s'engage en contrepartie à ne plus rien tenter contre les autres possessions françaises et à ne pas s'opposer aux relations maritimes entre celles-ci et la métropole.

L'effort de guerre britannique

En cette période dramatique, la chance de l'Angleterre est d'avoir à sa tête Winston Churchill, qui incarnera, durant ces six années, la résistance au nazisme. Excentrique, autoritaire, d'un courage indomptable, il est le chef incontesté de la stratégie comme de l'effort de guerre britannique, auquel le Commonwealth est directement associé (les Premiers ministres des dominions font partie du cabinet de guerre britannique).

Dans l'immédiat, c'est de soldats que la Grande-Bretagne a le plus besoin. En dehors de ceux qu'elle a rembarqués à Dunkerque, Churchill ne dispose que de 30 000 à 40 000 hommes en Afrique. Aussi l'apport des dominions, dont les armées sont en 1940 quasi inexistantes, sera-t-il essentiel. Malgré la tiédeur des Canadiens français, le Premier ministre Mackenzie King parviendra à mobiliser au Canada tous les hommes de 21 à 24 ans. L'Australie et la Nouvelle-Zélande fourniront 5 divisions, qui arriveront juste à temps en Égypte à la fin de 1940. L'Afrique du Sud est, elle aussi, en guerre, mais il est entendu que ses troupes ne serviront pas hors d'Afrique. En Inde, les partis nationalistes (→ Congrès et Ligue musulmane) cherchent à monnayer leur appui contre un statut de dominion et donc l'indépendance. Le refus de Churchill, attaché à l'Empire colonial britannique, freinera l'emploi de cet immense réservoir d'hommes. Huit divisions indiennes seront envoyées en Égypte à partir de février 1941, mais l'Angleterre devra laisser des troupes en Inde pour y maintenir l'ordre.

C'est évidemment à la Grande-Bretagne elle-même qu'il revient de fournir le plus gros effort. Plus mal préparée encore que la France (en 1938, 7 % seulement de son revenu sont consacrés au réarmement), elle ne réquisitionne sa flotte marchande qu'en janvier 1940, et, cinq mois plus tard, a encore un million de chômeurs. Un an après, 40 % de la population active (dont les femmes de 20 à 30 ans) sont mobilisés dans l'armée ou l'industrie. La production monte aussitôt (626 chars par mois en 1941, 717 en 1942), mais plafonne rapidement (2 000 avions par mois contre 2 300 prévus en 1942). Les résultats atteints resteront considérables jusqu'à la fin de la guerre grâce à l'esprit civique des Anglais, à une inflation jugulée au prix d'une baisse du niveau de vie de 14 % par rapport à 1938 et d'un gros effort de justice sociale : le plan Beveridge de 1942 pour l'assurance nationale sera, après 1945, le modèle des systèmes de sécurité sociale.

Dès la fin de l'été de 1940, le président Roosevelt, en avance sur l'opinion publique américaine, oriente sa politique vers un appui de la Grande-Bretagne. Passés le 2 septembre de l'état de neutralité à celui de non-belligérance, les États-Unis prêtent 50 destroyers aux Anglais en échange de la location de leurs bases de Terre-Neuve, des Antilles et de Guyane. Le 16 septembre, ils adoptent le service militaire obligatoire. La loi du prêt-bail du 11 mars 1941 ouvre à l'Angleterre un crédit financier illimité.

La guerre en Afrique et au Moyen-Orient

Après l'élimination militaire de la France, c'est en Libye que se situe le seul front terrestre de la guerre. En septembre 1940, les forces italiennes – 200 000 hommes aux ordres de Graziani – attaquent la petite armée britannique d'Égypte (36 000 hommes commandés par Wavell). Après leur éphémère succès de Sidi-Barrani, les Italiens sont refoulés au-delà de Benghazi par une vigoureuse contre-attaque de Wavell (décembre 1940-février 1941). C'est alors que Hitler, inquiet de la défaillance italienne, envoie en Libye Rommel et deux divisions blindées (Afrikakorps) qui, en avril 1941, reconquièrent la Cyrénaïque et assiègent Tobrouk, dont la garnison restera investie jusqu'au 27 novembre. Ce succès allemand ne compensera pourtant pas la perte par les Italiens de leur Empire d'Afrique orientale, totalement conquis par les Britanniques : le 10 avril 1941, ceux-ci occupent Addis-Abeba en Éthiopie, où rentrera le négus Hailé Sélassié, tandis que le duc d'Aoste, vice-roi d'Éthiopie, devra capituler le 19 mai à Amba Alagi.

Au même moment éclate en Iraq un soulèvement dirigé contre la Grande-Bretagne par Rachid Ali. Pour l'appuyer, le Führer exige de Vichy, au cours de son entrevue avec Darlan le 12 mai 1941, l'usage, pour la Luftwaffe, des aérodromes français du Levant. Mais les Anglais étouffent la révolte et, avec le concours d'un contingent des forces françaises libres du général Catroux, attaquent le 8 juin les troupes françaises de Syrie aux ordres du général Dentz, fidèle au maréchal Pétain. Celles-ci résisteront énergiquement durant un mois, puis cesseront le combat et négocieront avec les Britanniques à Saint-Jean-d'Acre un armistice et leur rapatriement en France (14 juillet 1941).

L'instauration du nouvel ordre européen

Ayant les mains libres à l'ouest, Hitler peut entamer la construction de la nouvelle Europe destinée à remplacer l'édifice périmé mis en place par le traité de Versailles. Pour accentuer l'isolement de l'Angleterre, il tente vainement d'entraîner dans la guerre l'Espagne de Franco. Mais le Caudillo, qu'il voit à Hendaye le 23 octobre 1940, fait la sourde oreille. À son retour, le 24, Hitler rencontre Pétain à Montoire, où est évoquée en présence de Laval la possibilité d'une collaboration entre la France de Vichy et le IIIe Reich. Cette entrevue n'apporte aucun changement au dur régime de l'Occupation et notamment au fardeau que représente pour la France l'indemnité de 400 millions de francs par jour qui permet au Reich d'« acheter l'économie française avec l'argent des Français ». La Belgique et la Hollande connaissent le régime de l'administration allemande directe ; les vrais « collaborateurs » du type norvégien de Quisling se font rares.

C'est en Europe centrale et orientale que s'ébauche la nouvelle Europe, qui se présente d'abord comme un compromis germano-soviétique. Dans le cadre du pacte du 23 août 1939, l'URSS annexe en août 1940 les pays Baltes, la Bessarabie et la Bucovine roumaines. Il n'y a plus d'État polonais. La Slovaquie « indépendante » de Monseigneur Tiso est dominée par l'Allemagne, qui contrôle directement le protectorat de Bohême et de Moravie. Le 29 août 1940, Hitler rend à Vienne une sentence arbitrale qui achève de dépouiller la Roumanie en donnant à la Bulgarie la Dobroudja méridionale, à la Hongrie les deux tiers de la Transylvanie et en faisant occuper par la Wehrmacht ce qui restait de ce malheureux pays.

Ce nouvel ordre est consacré par la signature à Berlin le 27 septembre 1940 du pacte tripartite – Allemagne, Italie, Japon – dirigé contre la Grande-Bretagne et les États-Unis et auquel les États satellites du Reich sont invités à adhérer, recevant en retour le « bienfait » de la protection et de l'occupation allemandes. Deux principes guident l'administration de l'Europe conquise : elle doit nourrir l'effort de guerre, en fournissant hommes et produits ; elle doit préparer l'avènement d'un nouvel ordre européen. Dans cette « Nouvelle Europe », dominée par l'Allemagne, la position de chaque peuple sera déterminée par sa place sur l'échelle des races établie par la doctrine hitlérienne : les peuples de langue germanique seront associés au Reich, les Latins maintenus dans une position subordonnée, les Slaves déportés ou anéantis, afin de permettre l'expansion allemande vers l'est, de même que les Juifs. Les difficultés de l'arbitrage entre ces deux impératifs expliquent la diversité des formes de l'Occupation nazie. Quatre types principaux d'administration des territoires soumis se dégagent :

 

  • La Pologne occidentale, l'Alsace, la Moselle, la Slovénie, le Luxembourg sont annexés et germanisés. Une partie des populations non germaniques est expulsée, la mise en valeur des terres devenues vacantes est confiée à des colons allemands. L'administration échoit à des fonctionnaires venus du Reich. La loi du Reich et l'usage de la langue allemande sont imposés.
  • Le reste de la Pologne et les territoires pris sur l'URSS sont administrés directement par l'État allemand : soumis à un pillage en règle, ils seront le cadre d'une exploitation sans pitié des populations locales. Les déclarations de Himmler aux chefs SS en 1943 illustrent l'esprit de cette occupation : « Peu m'importe que 10 000 femmes russes meurent pour creuser un fossé antichar si le fossé est creusé. ».
  • Le nord de la France, la Norvège, les Pays-Bas, la Belgique sont également placés sous administration allemande, soit pour préparer leur annexion, soit parce que les nazis n'ont pu y recruter de collaborateurs locaux qui les satisfassent. L'exploitation y est cependant moins brutale, même si les opposants et les Juifs sont impitoyablement pourchassés.
  • Plusieurs pays, dont la France de Pétain, la Serbie de Nedić, la Slovaquie de Tiso, conservent une administration nationale. Leur situation n'est cependant pas très éloignée de la précédente, à cette différence que l'existence d'un gouvernement propre légitime leur exploitation. Le sort des alliés de l'Allemagne – Hongrie, Roumanie, Bulgarie, voire Italie – se rapprochera de plus en plus de celui de ces pays, au fil des difficultés rencontrées par l'Axe.


De l'alliance à la guerre germano-soviétique

Le pacte germano-soviétique de 1939 fut suivi de l'accord commercial du 11 février 1940, qui, pour Berlin, atténua de façon importante les effets du blocus britannique. Les Allemands obtiennent de payer en 27 mois ce qu'ils reçoivent en 18 : cuivre, nickel, tungstène, céréales, coton et produits pétroliers ; l'URSS accorde une réduction de tarif de 50 % aux marchandises transitant par le Transsibérien. Tandis que les services de propagande nazis et soviétiques continuaient à converger contre l'impérialisme anglais, de sérieuses divergences se manifestaient lors de la venue en novembre 1940 de Molotov à Berlin. En offrant à Moscou l'Iran et l'Inde, Hitler tente de diriger vers l'Orient la politique soviétique, mais Staline entend affirmer sa position en Europe et exige la révision du régime des détroits turcs des Dardanelles et des détroits danois. Ces prétentions confirment Hitler dans sa volonté d'abattre l'URSS : il prescrit à son état-major d'accélérer le plan Barbarossa d'attaque contre la Russie, lequel, confié au général Paulus, est adopté le 5 décembre 1940. L'attaque est fixée au printemps suivant, mais la décision en reste secrète, et, jusqu'au dernier jour, des trains soviétiques alimenteront largement l'économie allemande.

Pendant ce temps, la diplomatie de Berlin s'efforce d'isoler l'URSS : des avantages économiques sont concédés à la Finlande, un pacte d'amitié est négocié avec la Turquie (il sera signé le 18 juin 1941), et c'est sans doute pour tenter un compromis avec Londres que Rudolf Hess s'envole pour l'Écosse le 10 mai 1941. Le déclenchement de l'agression contre l'URSS exige que l'Allemagne ait préalablement éliminé toute difficulté pouvant surgir des Balkans. Or, Mussolini, refusant le rôle de parent pauvre de la nouvelle Europe, avait décidé, sans en avertir Hitler, de conquérir la Grèce. Le 28 octobre 1940, les troupes italiennes passent à l'attaque, mais les forces grecques, refoulant leurs agresseurs, occupent bientôt le tiers de l'Albanie ; les Anglais décident alors d'appuyer la Grèce, où ils débarquent des troupes en mars 1941. Parallèlement, des éléments antiallemands commencent à s'agiter à Belgrade.

Hitler décide alors d'intervenir : huit jours après qu'un coup d'État chassant le régent Paul de Yougoslavie a porté au pouvoir le roi Pierre II, la Wehrmacht envahit brutalement le 6 avril 1941 la Yougoslavie et la Grèce. Dès le 17, les forces yougoslaves doivent capituler, et, le 27 avril, les Allemands entrent à Athènes, chassant de Grèce les unités britanniques ; celles-ci rembarquent au début de mai en direction de l'Égypte, où se réfugie le roi Georges II. Du 20 au 30 mai, les parachutistes allemands du général Student conquièrent la Crète.

Ce nouveau succès de la guerre éclair, auquel se sont associées la Bulgarie et la Hongrie, entraîne l'éclatement de la Yougoslavie. La Slovénie est partagée entre l'Allemagne et l'Italie, qui crée une Croatie « indépendante » dont un prince italien est proclamé roi. La Bulgarie reçoit la majeure partie de la Macédoine et de la Thrace, tandis que le Monténégro reconstitué est soumis à l'Italie. Le retard apporté par ces opérations au déclenchement de l'attaque allemande contre l'URSS sera lourd de conséquences.

L'invasion de l'Union soviétique

Quelques heures après le franchissement de la frontière soviétique par la Wehrmacht, l'ambassadeur de Staline à Berlin est informé de l'ouverture des hostilités, tandis que Hitler proclame par radio sa « volonté » d'assurer la sécurité de l'Europe… et de « sauver le monde ». Appuyées par 2 000 avions et secondées par 50 divisions « alliées » (finlandaises, roumaines, italiennes, hongroises), 145 divisions allemandes, dont 19 blindées (3 300 chars), articulées du nord au sud dans les trois groupes d'armées de Leeb, Bock et Rundstedt, se lancent à l'assaut de l'URSS. L'Armée rouge compte 140 divisions, dont 24 de cavalerie à cheval et 40 brigades blindées réparties en quatre grands fronts aux ordres de Vorochilov, Timochenko, Boudennyï et Meretskov.

Malgré les avertissements des Américains et des Anglais, et les multiples violations aériennes du territoire russe par la Luftwaffe, il semble bien que Staline se soit laissé surprendre. Tandis que Leeb conquiert les Pays baltes et marche sur Leningrad, investie le 8 septembre, Bock gagne la grande bataille pour Smolensk (8 juillet-5 août). Mais, contre l'avis de son état-major, qui voulait centrer tout son effort sur l'axe Smolensk-Moscou, Hitler envoie Rundstedt conquérir l'Ukraine. Ses troupes sont à la fin d'août sur la ligne Jitomir-Ouman-Odessa et livrent avec les groupements blindés Kleist et Guderian une nouvelle bataille d'encerclement du 13 au 26 septembre autour de Kiev. Ce n'est qu'au début d'octobre, après la prise de Viazma et d'Orel, que les chars allemands de Guderian sont rameutés sur Toula et Moscou. Le 1er novembre, les avant-gardes allemandes atteignent Mojaïsk, à 90 km de Moscou. Le 5 décembre, elles sont à 22 km au nord de la capitale, dont Hitler et le monde entier attendent la chute avant Noël.

Mais, le 6 décembre, une brutale contre-offensive soviétique dirigée par Joukov dégage Toula, reconquiert Kline et Kalinine, sauve Moscou et bloque définitivement la Wehrmacht, à bout de souffle et incapable de tenir tête aux rigueurs d'un hiver où le thermomètre descend jusqu'à −50 °C. Ce premier et retentissant échec de la guerre éclair entraîne dans la Wehrmacht une grave crise. Le Führer chasse plusieurs chefs de l'armée (Brauchitsch, Rundstedt et Guderian) et assume désormais directement le commandement des forces terrestres. Alors que Hitler se lançait dans une aventure qui scellera sa perte, Staline bénéficiait aussitôt de l'assistance des alliés occidentaux. Le 10 juillet 1941, Churchill s'engage à ne conclure avec l'Allemagne aucun armistice ni paix séparée. Roosevelt décide en septembre de faire bénéficier l'URSS de la loi du prêt-bail : elle recevra de 1942 à 1945 du matériel de guerre américain dont la valeur s'élèvera à 11 milliards de dollars.

En juillet 1941, les troupes américaines relèvent les Britanniques en Islande, et, le 14 août, Churchill et Roosevelt se rencontrent en mer ; ils proclament la charte de l'Atlantique, affirmant leur unité de vues sur les principes qui doivent guider le rétablissement d'une paix fondée sur le droit des peuples à disposer d'eux-mêmes. Ces principes seront réaffirmés le 1er janvier 1942 par la déclaration des Nations unies signée à Washington par les États-Unis, la Grande-Bretagne, l'URSS et vingt-trois pays en guerre avec l'Axe.

Japon et États-Unis : la rupture et l'entrée en guerre

Si les États-Unis s'engagent ainsi sur le théâtre occidental, leur vigilance est attirée plus encore en Extrême-Orient par l'attitude du Japon. En 1940, pour interdire les fournitures d'armes à Tchang Kaï-chek, Tokyo, profitant de la défaite française, avait imposé en juin la fermeture du chemin de fer du Yunnan et obtenu de l'Angleterre en juillet celle de la nouvelle route de Birmanie. Au moment de la signature du pacte tripartite avec l'Allemagne et l'Italie (septembre), le prince Konoe annonce un « ordre nouveau » en Extrême-Orient, qui, pour lui, comprend la Mandchourie, la Chine, l'Inde, le Sud-Est asiatique (y compris l'Australie) et le Pacifique. La pression du Japon s'accroît sur l'Indochine française, qui doit accepter la présence de ses troupes, d'abord au Tonkin (juillet 1940), puis, après l'arbitrage imposé par Tokyo au conflit franco-thaïlandais, en Cochinchine (juillet 1941).

À cette attitude, Roosevelt répond d'abord par des mesures économiques, mettant l'embargo sur les expéditions américaines à destination du Japon (notamment le pétrole), puis bloque le 26 juillet 1941 les avoirs japonais aux États-Unis. Cependant, le Japon hésite encore à se lancer dans la guerre : au mois de mars, le ministre Matsuoka entreprend un voyage en Europe, où, après s'être arrêté à Rome et à Berlin, il signe, le 13 avril, à Moscou, un pacte d'amitié avec l'URSS. Mais, après l'échec de nouvelles négociations nippo-américaines (Hull-Nomura), le cabinet Konoe démissionne le 16 octobre 1941 et est remplacé par celui du général Tojo Hideki, qui personnifie le parti militaire, résolu à s'assurer par la force les richesses (pétrole, étain, caoutchouc) du Sud-Est asiatique.

Le 7 décembre 1941, la flotte combinée japonaise de l'amiral Yamamoto surprend et détruit en deux heures l'escadre américaine de Pearl Harbor (Hawaii). Le 8, le Japon déclare la guerre aux États-Unis, à la Grande-Bretagne et à ses dominions ; le 11, Berlin et Rome sont en guerre avec les États-Unis : le conflit est alors devenu mondial, à la seule et essentielle réserve près de la neutralité maintenue jusqu'en 1945 entre l'URSS et le Japon. Son principal adversaire étant provisoirement maîtrisé, l'état-major nippon, qui, seul, détient le pouvoir à Tokyo, lance aussitôt ses forces à l'attaque. Le 10 décembre 1941, elles torpillent deux grands bâtiments de la flotte britannique d'Extrême-Orient, le Prince of Wales et le Repulse ; à Noël, elles ont occupé la Thaïlande, Hongkong, débarqué aux Philippines, conquis Guam.

La vague déferle ensuite sur Bornéo, la Malaisie, les Célèbes, la Nouvelle-Bretagne et la Nouvelle-Guinée ; Singapour capitule le 15 février 1942. En mars, l'Indonésie et la Birmanie sont complètement conquises, puis c'est le tour des Philippines avec les capitulations de Bataan (9 avril) et de Corregidor (7 mai). Au début de l'été, une ultime avance pousse les Japonais aux îles Aléoutiennes (juin), dans les îles Salomon (Guadalcanal, 4 juillet) et en Nouvelle-Guinée (juillet-août). Leurs avions, qui ont bombardé l'Australie (février) et Ceylan (5 avril), attaquent maintenant l'Alaska et l'île canadienne de Vancouver (20 juin). Ainsi, le rêve des impérialistes nippons semble réalisé : en huit mois, Tokyo s'est rendu maître de la moitié du Pacifique et contrôle plus de 90 % de la production mondiale du caoutchouc, 75 % de celle de l'étain et une immense réserve de pétrole.

Dès le printemps de 1942, toutefois, la réaction des États-Unis se fait sentir, infligeant à la marée japonaise ses premiers coups d'arrêt par les deux victoires de la flotte américaine du Pacifique, commandée par l'amiral Nimitz dans la mer de Corail (4-8 mai) et aux îles Midway (4-5 juin). Mais c'est aux Salomon que l'état-major américain a décidé de constituer la base de sa contre-offensive : celle-ci débutera le 7 août par un débarquement de vive force à Guadalcanal, qui amorce le retournement de la situation stratégique en Extrême-Orient. À la fin de 1942, au moment où l'Allemagne, l'Italie et le Japon ont atteint le zénith de leur puissance expansive, leurs forces subissent en Russie, en Afrique et dans le Pacifique des coups d'arrêt que l'avenir révélera décisifs. La victoire de l'armée soviétique devant Moscou est suivie dans les deux camps par une période de relative accalmie, mise à profit par l'URSS pour réorganiser ses armées et transférer de nombreuses usines de guerre en direction de l'Oural, en Sibérie et au Turkestan.

Le 5 avril 1942, Hitler fixe à la Wehrmacht les objectifs de sa prochaine offensive, qui visera la Volga, le Caucase et son pétrole. Retardée par une action de l'Armée rouge au sud de Kharkov (mai), elle débouche le 28 juin en direction de Voronej, pivot à la boucle du Donets, tandis que capitule Sébastopol après un siège de 250 jours. Le front russe est percé sur 500 km, et, après la chute de Rostov (23 juillet), les Allemands se lancent vers le Caucase, entrent à Maïkop, plantent le drapeau à croix gammée au sommet de l'Elbrous (21 août) ; ils sont bloqués dans la région du Terek à 120 km de la Caspienne, mais à 600 km de Bakou. Au même moment, la VIe armée (→ Paulus) franchit le Don à Kalatch, atteint la Volga (20 août) et conquiert du 1er au 15 septembre une grande partie de la ville de Stalingrad. Alors que Hitler croit tenir la victoire, débouche le 19 novembre la contre-offensive soviétique qui, encerclant l'armée de Paulus, la contraint à capituler le 2 février 1943.

Cette première grande défaite allemande a un énorme retentissement : toute une armée a été détruite après avoir perdu 250 000 hommes à cause de l'entêtement du Führer, ce qui a pour effet de dresser contre lui nombre de chefs militaires. L'Armée rouge a pris l'initiative des opérations ; elle ne l'abandonnera plus jusqu'à Berlin. En Libye, l'année 1942 marque également la dernière avance africaine des forces de l'Axe. Après son offensive de janvier, qui l'avait porté à proximité de Tobrouk (10 février), Rommel déclenche le 27 mai une nouvelle attaque. Elle est d'abord retardée par la résistance de Bir Hakeim, tenu du 27 mai au 11 juin par les Français libres du général Kœnig qui permet aux Britanniques de se replier vers l'Égypte. Mais, après avoir pris Tobrouk le 21 juin, l'Afrikakorps de Rommel franchit la frontière égyptienne et contraint la VIIIe armée britannique à se replier au début de juillet sur la position d'El-Alamein, à 130 km d'Alexandrie, qui marque le point extrême de l'avance allemande en direction du canal de Suez.

Après avoir vainement tenté de rompre le front adverse, Rommel est surpris le 23 octobre par une brutale contre-offensive de Montgomery (nommé en août à la tête de la VIIIe armée), et doit à son tour rompre le combat le 2 novembre. Six jours plus tard, les Américains débarquent au Maroc. Six mois après, la Wehrmacht sera chassée d'Afrique. D'autre part, la guerre sous-marine a pris un développement considérable. Dans l'Atlantique, l'année a été désastreuse pour les Alliés : 3 millions de tonnes de navires coulés de janvier à juillet, 700 000 en novembre. Mais là aussi la situation tend à se renverser : en octobre 1942, les pertes des sous-marins allemands atteignent en nombre celui des submersibles construits, et, grâce à l'effort prodigieux des chantiers américains, le tonnage allié construit dépassera, au début de 1943, celui qui est coulé par les sous-marins de l'Axe. Dans le Pacifique, les sous-marins américains détruisent en 1942 un million de tonnes de navires nippons, chiffre à peine inférieur à celui des prises de guerre et constructions neuves du Japon.

L'effort de guerre allemand

Dans l'ensemble, l'Allemagne réussira à financer par ses propres ressources la moitié de son imposant effort de guerre. L'autre moitié sera fournie par les territoires occupés et singulièrement (40 %) par la France. Anarchique jusqu'à la mort de Fritz Todt (février 1942), la production allemande d'armement, placée sous la haute autorité de Göring, directeur du plan, est pour l'ensemble des années 1941 et 1942 nettement inférieure à celle de la Grande-Bretagne pour les avions (24 000 contre 31 000) et à peine supérieure pour les chars (14 500 contre 13 400). Le successeur de Todt, Albert Speer, sait planifier cette production sans trop diminuer jusqu'à la fin de 1943 la consommation allemande. Un effort considérable est accompli dans la fabrication de carburants et huiles synthétiques (3,8 millions de tonnes en 1943), mais, dès 1942, c'est le problème de la main-d'œuvre, confié au Gauleiter Fritz Sauckel, qui devient primordial.

Le problème de la main-d'œuvre

En 1943, 11 millions d'hommes servent dans la Wehrmacht, dont les pertes (tués, blessés, disparus et prisonniers) sont alors de 4 millions. Pour y remédier, les Allemands enrôlent à titre d'auxiliaires (dits « Hilfswillige ») de nombreux Russes, si bien que, compte tenu de leurs « alliés », les effectifs sur le front est comprennent 25 % d'étrangers. La main-d'œuvre civile comprend 30 millions de personnes, dont 8 dans l'industrie. En 1944, Sauckel aura ramené dans le Reich, au titre du Service du travail obligatoire (STO), 6,3 millions d'ouvriers étrangers (dont 723 000 Français). Leur travail s'ajoute à celui de plus de 2 millions de prisonniers de guerre et aussi à celui des déportés des camps de concentration.

Aussi Speer réussit-il à faire passer la fabrication des chars de 9 400 en 1942 à 19 800 en 1943 et à 27 300 en 1944, et celle des avions de 13 700 en 1942 à 22 000 en 1943 et à 36 000 en 1944. Ces résultats sont obtenus alors que les bombardements aériens de la Royal Air Force et de l'US Air Force atteignent des proportions écrasantes : 48 000 tonnes de bombes en 1942, 207 000 t en 1943, 915 000 t en 1944. Cet effort de guerre se poursuivra jusqu'à la fin avec une étonnante efficacité : 7 200 avions sont encore construits dans les quatre premiers mois de 1945, ce qui porte la production totale allemande de 1939 à 1945 à environ 100 000 avions, chiffre un peu supérieur à la production anglaise (88 000 avions). Il permettra notamment l'engagement, à la fin de 1944, de nouvelles armes, tels les avions à réaction « Me 262 » (produits à 1 200 exemplaires) et les fusées de type V1 et V2, mises au point au centre de recherche de Peenemünde sous la direction de Wernher von Braun.

L'effort de guerre soviétique

La direction de la guerre en Union soviétique est confiée à un organisme nouveau, le Comité d'État pour la défense, présidé par Staline, qui étend son autorité sur tous les organismes de l'État et du parti. Il dirige la production et l'économie, mais aussi les forces armées, avec le concours de la Stavka (l'état-major), que commande de 1937 à novembre 1942 un militaire de grande classe, le maréchal Chapochnikov, auquel succédera le maréchal Vassilevski. L'intelligence de Staline le conduit à mettre l'accent sur le patriotisme et les traditions militaires russes (restauration des ordres de Souvorov, d'Alexandre Nevski) ; les insignes de grades des officiers réapparaissent, l'Internationale cesse d'être l'hymne national, et le Komintern est supprimé (15 mai 1943).

Du fait de l'invasion allemande, la production industrielle globale baisse en septembre 1941 de plus de 50 %. La situation s'aggrave encore en 1942, où la production du charbon baisse de 142 à 75 millions de tonnes, celle de la fonte de 18 à 5, celle de l'acier de 13,8 à 4,8… Mais, au même moment, les Soviétiques évacuent 1 300 entreprises de grandes dimensions, ainsi que 10 millions de personnes (dont 2 de la région de Moscou), qui vont s'installer dans l'Oural, en Sibérie occidentale et en Asie centrale, où de nouvelles usines sortent de terre. À la fin de 1942, la situation est redressée : la production de matériel de guerre dépasse celle de 1941, et les livraisons anglo-américaines, qui ont débuté dès octobre 1941, arrivent alors par Arkhangelsk, par l'Iran et par Vladivostok (elles comprennent notamment 22 000 avions, 12 184 chars, 2,6 millions de tonnes d'essence, 4,5 millions de tonnes de vivres).

Cependant, l'URSS manque de main-d'œuvre : 27 millions de travailleurs en 1945 contre 30 millions en 1940 (9,5 millions contre 11 dans l'industrie). Tous les congés sont supprimés et on s'efforce de moderniser et rationaliser la production (3 700 heures de travail pour fabriquer un char « T 34 » en 1943 contre 8 000 en 1941 ; 12 500 pour un avion de chasse contre 20 000). Aussi, en 1942, l'URSS peut-elle produire 25 400 avions, 24 600 chars et près de 30 000 canons de campagne (contre 15 400, 9 300 et 12 000 en Allemagne) ; en 1944, ces chiffres s'élèvent à 40 000 avions, 29 000 chars et 122 000 canons pour une armée de plus de 400 divisions qui, en 1945, engage 6,5 millions d'hommes sur un front de 2 400 km, soutenus par 13 000 chars, 108 000 canons et 15 000 avions (production globale 1941-1945 : 142 800 avions, 102 500 blindés, 490 000 canons). Les investissements soviétiques, concernant surtout l'industrie lourde, passent de 48,2 milliards de roubles de 1941 à 1943, à 73,7 de 1943 à 1945, date à laquelle les productions de houille, de fonte et d'acier seront remontées à environ 150, 9 et 12 millions de tonnes.

L'effort de guerre américain

En 1939, l'armée américaine compte 190 000 hommes, dont 50 000 outre-mer avec 330 chars. L'industrie d'armement n'occupe que 2 % de la main-d'œuvre, et il y a 7 millions de chômeurs. Six ans après, les États-Unis ont près de 11 millions de soldats ou de marins, dont près de la moitié combattent à plusieurs milliers de kilomètres : 2,7 millions en Extrême-Orient, 2,3 millions en Europe. Doublant leur production, ils auront fourni plus de la moitié des armes de la coalition contre l'Axe, livrant, de 1940 à 1945, 96 000 chars, 61 000 canons, 2 300 000 camions, 21 millions de tonnes de munitions, 296 000 avions. La standardisation des constructions navales, la création en 1941 de 140 nouveaux chantiers ont permis la construction de plus de 5 000 navires, dont 2 700 « Liberty ships ».

Au moment de l'institution du service militaire obligatoire (septembre 1940), l'US Army compte 23 divisions ; en 1943, il y en a 91 (dont 3 aéroportées et 16 blindées), recrutées et instruites avec l'aide d'un service de sélection ajustant l'offre à la demande par l'emploi de tests psychotechniques. En 1945, l'US Navy compte 3,3 millions d'hommes ; l'US Air Force, 2,3 millions d'hommes avec environ 100 000 avions. Dans le cadre de la loi du prêt-bail de mars 1941, les États-Unis doivent en outre fournir ses Alliés, qui reçoivent à ce titre 16 % de la production de guerre américaine. Les principaux bénéficiaires sont la Grande-Bretagne, qui reçoit 1 000 chars et 5 200 avions en 1941, 4 400 chars et près de 7 000 avions en 1942. La part de l'URSS est également considérable (14 795 avions et 7 000 chars). À partir de 1943, l'armée française d'Afrique du Nord reçoit aussi son lot, pour une valeur de 3 milliards de dollars, soit 8 % du prêt-bail (1 400 avions, 5 000 blindés, 3 000 canons, etc.).

Pour soutenir cet effort, l'économie américaine doit sacrifier au dirigisme. Elle le fait d'une manière très pragmatique : chaque problème est confié à une Agency, organisme nouveau créé à cet effet sous le seul signe de l'efficacité et dirigé par un industriel ou un technicien habillé ou non en général. L'orientation et le contrôle de ces organismes relèvent, à l'échelon du président, d'un Office of War Mobilization, dirigé par Donald Wilson. Mais, dès le début de 1944, les Américains préparent la reconversion de leur économie de guerre pour le temps de paix. L’effort de guerre passe par le recours aux chômeurs puis aux femmes : ainsi, la population active américaine comprendra 36 % de femmes en 1945, alors qu'elle n'en comptait que 25 % en 1941. Les besoins en main-d'œuvre sont aussi couverts en faisant appel aux Noirs, jusqu'alors surtout employés dans l'agriculture : le nombre de Noirs travaillant dans l'industrie double au cours de la guerre. Comme dans le cas des femmes, leur participation à l'effort de guerre les conduira à remettre en cause leur infériorité sociale.

L'émergence de la Résistance

En Europe, l'occupation allemande s'est faite d'autant plus lourde que la Gestapo a étendu partout son appareil de terreur – et notamment le système concentrationnaire – qui reçoit désormais mission de fournir au Reich une main-d'œuvre dont il a un impérieux besoin. Aussi, un peu partout, à mesure que le contrôle politique, policier et économique se resserre, les populations des territoires occupés passent-elles de l'attentisme à la résistance. À Prague, le « protecteur du Reich » Heydrich, chef SS aussi connu comme le « boucher de Prague », est assassiné le 27 mai par des résistants tchécoslovaques. En Serbie, le combat contre l'Allemagne se double rapidement d'une guerre civile entre Partisans communistes de Tito et les nationalistes de l'armée régulière, les Tchetniks), commandés par le général Draža Mihailović.

En France, où les Allemands ont imposé le rappel de Laval le 18 avril 1942, l'odieux système des otages, l'occupation totale de la France à partir du 11 novembre 1942 et l'instauration (février 1943) d'un Service du travail obligatoire (STO), au profit du Reich, contribueront à renforcer le courant antiallemand. Le fait qui domine la seconde partie de la guerre est la reprise de l'initiative par les adversaires de l'Axe, qui adoptent partout une attitude résolument offensive. Mais la coordination de leurs actions n'interviendra que très progressivement. L'URSS attend avant tout de ses alliés anglo-saxons l'ouverture d'un second front en Europe qui allège la pression de la Wehrmacht sur le front russe. C'est ce que Molotov dit à Churchill en signant à Londres le 26 mai 1942 un traité d'alliance anglo-soviétique, et surtout à Roosevelt, qui le reçoit le surlendemain à Washington. Mais, tandis que Staline est tendu vers un unique objectif, les États-Unis et la Grande-Bretagne sont engagés, souvent conjointement, dans le monde entier sur de multiples théâtres d'opération où ils entendent d'abord mener une stratégie commune.

La direction de guerre anglo-américaine

C'est en 1942 que la direction anglo-américaine s'organise par la volonté commune de Churchill et de Roosevelt, qui établissent entre eux un contact quasi permanent. Leur instrument est le Comité mixte anglo-américain des chefs d'état-major (Combined Chiefs of Staff), créé à Washington dès Noël 1941, où Londres est représenté par sir John Dill, mais où domine la forte personnalité du général américain George Marshall. Les ressources des deux pays sont mises en commun : en janvier 1942 est constitué le Combined Shipping Adjustment Board, qui gère le pool de leurs navires marchands et pétroliers (95 millions de tonnes en 1944), indispensable à la conduite d'opérations qui se déroulent à des milliers de kilomètres de leurs territoires. Si la priorité finale est reconnue au théâtre européen, Churchill s'oppose à toute tentative prématurée en France (en 1942, seuls deux raids expérimentaux sont lancés, l'un en février à Bruneval, l'autre en août à Dieppe). Conscient de l'importance de la Méditerranée, il convainc Roosevelt de s'y assurer d'abord des bases solides en débarquant en Afrique du Nord (opération Torch).

Le débarquement anglo-américain en Afrique du Nord

Le 8 novembre 1942, les Anglo-Américains débarquent à Casablanca, Oran, Alger. Du 9 au 12 novembre, les Allemands débarquent à Tunis, d'où ils prendront liaison avec les forces germano-italiennes refoulées d'Égypte par Montgomery suite à sa victoire d'El-Alamein (2 novembre). Décidée en juillet 1942, l'opération Torch est la première entreprise américaine sur le théâtre occidental. Déclenchée le 8 novembre aux ordres du général Eisenhower, elle fut précédée de multiples contacts avec des éléments français se réclamant du général Giraud (récemment évadé d'Allemagne), et bénéficia de la présence fortuite à Alger de l'amiral Darlan, successeur désigné de Pétain. L'autorité de Darlan comptera aussi bien pour faire cesser le 11 novembre les résistances locales (Casablanca, Oran) des troupes françaises aux Américains que pour leur prescrire, le 13, de reprendre en Tunisie le combat contre les Allemands qui venaient d'y débarquer.

Le 22, Darlan, devenu, à la stupeur des gaullistes l'interlocuteur des Américains, signe avec le général Clark un accord organisant la rentrée en guerre de tous les territoires français d'Afrique, et notamment de ceux d'Afrique-Occidentale. La riposte allemande est brutale : dès le 11 novembre 1942, la Wehrmacht envahit la zone non occupée de la France, tandis que les Italiens se saisissent de Nice et de la Corse ; le 27, l'armée française d'armistice est dissoute, et la flotte de Toulon se saborde suivant les engagements pris en juin 1940 pour ne pas tomber aux mains du Reich. Le 23 janvier 1943, les Britanniques sont à Tripoli en Libye, où les rejoint la colonne française du général Leclerc, venue du Tchad ; le 4 février, ils entrent en Tunisie et passent aux ordres d'Eisenhower, dont les forces franco-anglo-américaines, qui ont débouché d'Algérie, en décembre, menacent Tunis. Sous les attaques conjuguées des deux groupements alliés, les forces germano-italiennes d'Afrique doivent capituler le 13 mai 1943 au cap Bon, abandonnant 250 000 prisonniers.

À la conférence de Casablanca (ou d'Anfa), du 14 au 27 janvier 1943, Roosevelt et Churchill tirent ensemble les conséquences de leur succès. Affirmant leur volonté d'exiger une capitulation sans condition de l'Italie, de l'Allemagne et du Japon, ils établissent leur plan pour 1943 : débarquement en Sicile, attaque aérienne systématique du potentiel économique allemand pour préparer l'ouverture du second front, laquelle est ajournée à 1944. Roosevelt et Churchill tentent aussi, au cours de leur rencontre à Anfa, de rapprocher de Gaulle de Giraud, qui a pris à Alger la succession de Darlan, assassiné le 24 décembre. Le 3 juin 1943, les deux généraux installent à Alger, sous leur coprésidence, un Comité français de libération nationale (CFLN), unique pouvoir politique représentant désormais la France en guerre. Après avoir dirigé la libération de la Corse par les troupes françaises, Giraud abandonne le 27 septembre sa coprésidence, et de Gaulle devient le seul maître à Alger.

L'élimination de l'Italie (juillet 1943-juin 1944)

Dès le 10 juillet 1943, Eisenhower lance ses forces sur la Sicile, qu'elles conquièrent en un mois (→ débarquement de Sicile). Cette victoire accélère la désagrégation du régime fasciste italien : dans la nuit du 24 au 25 juillet, Mussolini est destitué au cours d'une dramatique réunion du Grand Conseil fasciste et arrêté sur ordre du roi, qui confie le pouvoir au maréchal Badoglio. Tout en cherchant à rassurer les Allemands (qui ont des troupes en Italie), ce dernier prend en août des contacts secrets avec les Alliés et signe le 3 septembre à Syracuse un armistice impliquant la capitulation sans condition de toutes les forces italiennes. Les Alliés ne l'annoncent que le 8, alors qu'ils ont déjà débarqué le 3 en Calabre et s'apprêtent à le faire le 9 à Salerne. Hitler réagit aussitôt : le 12 septembre, il fait libérer Mussolini, qui fonde la république sociale italienne ou république de Salo pour continuer la lutte aux côtés du Reich, auquel le gouvernement de Badoglio, réfugié à Brindisi, déclare la guerre le 13 octobre.

Au même moment, les Allemands réussissent à se retrancher au sud de Rome sur une forte position, la ligne Gustav, à laquelle se heurtent les forces anglo-américaines du général Alexander, rejointes en décembre 1943 par le corps expéditionnaire français du général Juin. Alors commence une très rude campagne, marquée notamment par la violente bataille de Cassino : c'est seulement le 11 mai 1944 que les Français de Juin réussiront la percée de la ligne Gustav et permettront l'entrée des Alliés à Rome, le 4 juin 1944.

La Wehrmacht refoulée de la Volga au Dniestr (1943-1944)

Si, en 1943, les alliés anglo-saxons ont obtenu des résultats décisifs en Afrique et en Italie, ils n'y ont immobilisé qu'une très faible partie de la Wehrmacht. Les trois quarts du potentiel militaire allemand s'appliquent encore au front soviétique, où, au cours de la même année, la victoire va aussi définitivement changer de camp. Au nord, la prise de Schlüsselburg par les Russes (12 janvier) dégage Leningrad ; celles de Viazma et de Rjev (mars) refoulent la Wehrmacht à 250 km de Moscou, mais c'est au Sud qu'ont lieu les actions décisives. Au lendemain du désastre de Stalingrad (février 1943), les Allemands, chassés du Caucase comme de la boucle du Don, doivent abandonner Rostov, Koursk et Kharkov (qui est reconquis en mars par Manstein). Le 5 juillet 1943, l'échec de la double offensive blindée allemande (Manstein-Kluge) sur le saillant de Koursk signifie la perte désormais irréversible de l'initiative par la Wehrmacht sur le front de l'Est.

Le 12, l'offensive soviétique de Rokossovski sur Orel est la première d'une série de coups de boutoir sur Kharkov, Briansk et Smolensk qui mènent à la fin de septembre l'Armée rouge sur le Dniepr : il sera largement franchi en novembre, malgré la réaction de Manstein à Jitomir. Refusant tout répit à Hitler, Staline déclenche dès le 18 décembre 1943 la campagne d'hiver : au Nord, la Wehrmacht est refoulée de 200 km sur Narva et Pskov (janvier 1944) ; au Sud, Vatoutine, Koniev, Malinovski et Tolboukhine portent leurs forces sur le Boug (février) et le Dniestr (mars), tandis que Joukov entre en Galicie polonaise, atteint Tchernovtsy et Kovel et menace Lvov. Le 15 avril, après la prise d'Odessa et de Ternopol, le front se stabilise : l'Ukraine est totalement libérée, les Russes sont à la porte des Balkans ; Sébastopol tombe le 9 mai ; seuls les pays Baltes et la Russie blanche (actuelle Biélorussie) sont encore aux mains de la Wehrmacht.

L'URSS et ses Alliés : conférence de Téhéran (novembre 1943)

Sur le plan diplomatique, où elle connaît une intense activité, l'année 1943 est dominée par le problème du second front, que Staline, qui se refuse à considérer comme tel l'étroit champ de bataille italien, ne cesse de poser aux Alliés. De nombreuses réunions se tiennent à Washington en mars et en mai, à Québec en août, où Roosevelt, Churchill et le Canadien Mackenzie King se concertent avec T. V. Soong, ministre de Tchang Kaï-chek, sur la lutte contre le Japon. En octobre, pour dissiper la méfiance existant entre les Alliés et l'URSS, qui se soupçonnent mutuellement de prendre des contacts secrets avec Berlin, le secrétraire d'État américain Cordell Hull, le ministre des Affaires étrangères britannique Eden et le Soviétique Molotov préparent à Moscou une rencontre des « trois Grands », Roosevelt, Churchill et Staline.

Après que les deux premiers ont conféré avec Tchang Kaï-chek au Caire, la conférence a lieu le 28 novembre 1943 à Téhéran. Il y est confirmé que le second front serait réalisé, non comme le souhaitait Churchill dans les Balkans, mais en France. Les trois conviennent publiquement qu'ils garantiront l'intégrité de l'Iran et secrètement que l'Allemagne serait démembrée et que les frontières de la Pologne seraient reportées à l'Ouest jusqu'à l'Oder et à l'Est jusqu'à la ligne Curzon. Staline promet d'attaquer le Japon dès que cela lui sera possible. Les problèmes de l'après-guerre sont aussi évoqués, et les bases jetées d'une « Organisation des Nations unies » où le maintien de la paix relèvera essentiellement des trois Grands et de la Chine : leurs représentants se réuniront à Dumbarton Oaks d'août à octobre 1944 (→ plan de Dumbarton Oaks). Seul contre Roosevelt et Staline, qui, comme lui, ont reconnu le Comité français de libération nationale (CFLN) de de Gaulle le 26 août 1943, Churchill a affirmé sa volonté de voir la France se reconstituer après la guerre.

Le reflux japonais en Extrême-Orient (1943-1944)

Alors qu'en Afrique comme en URSS la retraite des forces de l'Axe revêt un caractère spectaculaire, le renversement de la situation en Extrême-Orient connaît un rythme plus lent. L'immensité des distances, le caractère spécial des forces aéronavales et amphibies qu'il leur faut constituer exigent des Américains près d'un an après leur attaque de Guadalcanal (août 1942) pour qu'ils puissent développer à fond le poids de leur puissance offensive. L'hiver de 1942 est dominé par la dure conquête de Guadalcanal, qui ne s'achève que le 8 février 1943, et par la défense victorieuse des Australiens en Nouvelle-Guinée, qui écarte de leur pays la menace d'une invasion nippone. Les îles Aléoutiennes sont reconquises dans l'été 1943, mais c'est des bases de Nouvelle-Calédonie et des Nouvelles-Hébrides que le commandement américain lance deux offensives décisives en direction des Philippines. L'une, essentiellement aéronavale, sera conduite par l'amiral Nimitz sur les îles Gilbert et Mariannes, l'autre, à dominante amphibie, sur la Nouvelle-Guinée et les Moluques, sera dirigée par le général MacArthur, commandant des forces alliées dans le sud-ouest du Pacifique.

La campagne s'ouvre par une série d'actions limitées sur les îles Salomon (Bougainville) et Gilbert, de juin à décembre 1943. En 1944, Nimitz lance ses forces à l'assaut des Marshall (janvier), des Carolines (8 février) et des Mariannes, où la conquête de Saipan et de Guam (juin-août), à 2 300 km de Tokyo, permet à l'US Air Force de prendre sous ses feux la capitale nippone ; l'événement, durement ressenti au Japon, provoque la démission du cabinet Tojo (18 juillet). En même temps, les divisions de MacArthur atteignent la côte nord-ouest de la Nouvelle-Guinée et débarquent aux Moluques (septembre). Finalement, les deux grandes offensives américaines convergent sur l'île de Leyte (Philippines), où la flotte japonaise subit, du 24 au 26 octobre 1944, un véritable désastre dont elle ne se relèvera pas (→ bataille de Leyte).

Face à l'ampleur de l'offensive américaine, l'état-major japonais décide de consolider sa position en Chine. Depuis la conquête de la Birmanie en 1942, Tchang Kaï-chek, qui maintient 300 000 hommes dans le Shanxi pour y surveiller les forces communistes de Mao Zedong, n'a d'autre contact avec ses alliés occidentaux qu'une liaison aérienne par l'Inde. Si, en 1943, les Japonais ont échoué dans leur raid sur Chongqing, ils lancent en mai 1944 une offensive sur la Chine du Sud pour ravitailler leurs forces de Birmanie et de Malaisie, avec lesquelles la liaison par mer est devenue trop précaire. La prise de Changsha au Hunan le 18 juin 1944 leur permet de relier Hankou à Canton, d'éliminer les bases aériennes américaines installées dans cette région et d'établir ainsi une grande ligne de communication terrestre de la Mandchourie au Tonkin et pratiquement jusqu'à Singapour.

En Birmanie, toutefois, l'action qu'ils tentent au printemps 1944 contre la voie ferrée indienne de Calcutta à Ledo se heurte à l'offensive des forces de l'amiral Mountbatten, commandant suprême allié dans le Sud-Est asiatique. Parties de Ledo, les unités du général américain Stilwell font au cours de l'été 1944 près de Bhamo, en haute Birmanie, leur jonction avec les forces chinoises. La construction d'une route (dite « route Stilwell »), raccordée au secteur nord de la route de Birmanie, rétablit la liaison terrestre avec la Chine. Tandis que les Britanniques prennent Akyab (janvier 1945), Américains et Chinois, descendant l'Irrawaddy, chassent de Birmanie les Japonais ; ceux-ci, pour garantir leur retraite, s'assureront par leur coup de force du 9 mars 1945 le contrôle total de l'Indochine française. Le 3 mai, les Alliés entrent à Rangoon.

Prélude au second front

C'est en 1943, aux conférences de Washington (mai) et de Québec (août), que Roosevelt et Churchill décident que le débarquement en France serait réalisé en 1944 par deux opérations, l'une, principale (Overlord), prévue pour mai en Normandie, l'autre, secondaire (Anvil ou Dragoon), en Provence, 70 jours après. Ce programme, confirmé à Staline lors de la conférence de Téhéran, débute par l'installation à Londres, à Noël 1943, du général Eisenhower, nommé commandant suprême des forces d'invasion en Europe. Sa mission, précisée le 12 février 1944, est de « pénétrer sur le continent […], puis de viser le cœur de l'Allemagne […] et la destruction de ses forces armées ». Le 11 janvier a commencé la préparation aérienne d'Overlord, destinée à détruire en profondeur tout le système de défense allemand. La victoire alliée dans la guerre sous-marine de l'Atlantique permet de concentrer en Angleterre de 3,5 millions d'hommes (75 divisions) et de 20 millions de tonnes de matériel.

L'opération, qui mettra en jeu 4 500 navires et 13 000 avions, est d'une ampleur encore inconnue dans l'histoire. Elle s'appliquera à une Europe très éprouvée par l'occupation allemande, mais où les mouvements de Résistance ont acquis partout une force importante, notamment en Yougoslavie, où Tito commande une véritable armée, et en France, où les maquis passent à l'action militaire (→ plateau des Glières, février 1944). Sur le plan politique, la certitude de la défaite allemande rassemble les éléments les plus divers qui entendent participer à la libération de leur pays et à la construction d'une nouvelle Europe. Leur action est cependant limitée par la brutalité de la répression allemande. Cette répression, orchestrée par Himmler, vise la liquidation physique des Juifs et des résistants dans les sinistres camps de la mort. Elle s'exerce aussi par des actions « spéciales » de représailles destinées à répandre la terreur comme à Lidice (après l'assassinat de Heydrich à Prague en 1942), à Varsovie (où le ghetto est sauvagement détruit en avril 1943) ou à Oradour-sur-Glane (plus de 600 Français massacrés le 10 juin 1944).

Seul le besoin considérable de main-d'œuvre, exigé par l'immense effort de guerre soutenu jusqu'au bout par le Reich, freine cette entreprise de destruction humaine. En Allemagne même, la population est durement éprouvée par les pertes de la Wehrmacht en Russie (2 millions d'hommes en 1943) et par les bombardements quasi quotidiens de l'aviation alliée sur Berlin, la Ruhr et les grandes villes (Hambourg). Courageusement, certains hommes tentent autour de Carl-Friedrich Goerdeler de mettre fin au cauchemar en supprimant Hitler. Leur mouvement aboutira au putsch du 20 juillet 1944, dont l'échec déclenchera de cruelles représailles.

Libération de l'Europe occidentale (juin 1944-février 1945)

Le 6 juin 1944 à l'aube, les forces alliées débarquent en Normandie, où elles surprennent les défenses allemandes du mur de l'Atlantique, que commande Rommel. La bataille pour les plages est gagnée dès le 11. Du 14 a

La Conférence de Yalta

La Conférence de Yalta

Problèmes politiques : la conférence de Yalta (février 1945)

En quelques mois, la Wehrmacht a donc dû évacuer presque toutes ses conquêtes à l'Est et à l'Ouest et se trouve enserrée entre les deux grands fronts. Au Sud, elle a dû aussi se replier en Italie sur la ligne gothique (août 1944), au nord de Florence, et abandonner la Grèce, où les Anglais, débarquant en octobre 1944, trouvent un pays affamé et déchiré entre les fractions rivales de la résistance.

Dans une situation économique souvent désastreuse pour l'ensemble des pays impliqués surgissent en Europe libérée d'épineux problèmes politiques. En Belgique, dès le retour de Londres à Bruxelles du gouvernement Pierlot (8 septembre 1944) se pose la « question royale ». L'attitude de Léopold III pendant la guerre étant très critiquée, son frère, le prince Charles, est proclamé régent par le Parlement. Par ailleurs, une union douanière est conclue entre la Belgique, les Pays-Bas et le Luxembourg (Benelux).

La tardive reconnaissance du GPRF

En France, le Comité français de libération nationale (CFLN) s'est proclamé le 3 juin Gouvernement provisoire de la République française (GPRF). De Gaulle s'est installé à Paris dès le 31 août et a inclus dans son gouvernement des personnalités de la Résistance (Bidault aux Affaires étrangères). Mais la méfiance de Roosevelt fait retarder sa reconnaissance par les États-Unis, la Grande-Bretagne et l'URSS jusqu'au 23 octobre 1944. Le 11 novembre, la France est admise à la Commission consultative européenne de Londres, et, le 10 décembre, Bidault et Molotov signent à Moscou un traité d'alliance franco-soviétique.

Le problème le plus grave qui divise les trois Grands est celui de la Pologne. Depuis la découverte par les Allemands, en avril 1943, dans la forêt de Katyn, près de Smolensk, des restes de 4 500 officiers polonais, exécutés en 1940 par les Soviétiques (→ massacre de Katyn), l'URSS, qui refuse d'endosser cette responsabilité, a rompu toute relation avec le gouvernement polonais de Londres (25 avril 1943). Or l'Angleterre et les États-Unis ne reconnaissent que ce dernier – dirigé alors par Mikołajczyk – de qui relèvent les troupes polonaises du général Anders, qui se battent aux côtés des Anglo-Américains. Mais un Comité de libération, soutenu par l'URSS, s'est installé à Lublin à la fin de juillet 1944. Le 5 janvier 1945, il est reconnu par Staline comme gouvernement de la Pologne et s'installe à Varsovie dès l'entrée de l'Armée rouge dans la capitale (18 janvier).

De Gaulle CharlesLe problème polonais est l'un des principaux abordés par la conférence qui réunit à Yalta (Crimée), du 4 au 11 février 1945, Staline, Churchill et Roosevelt. Churchill est très méfiant à l'égard de Staline, et Roosevelt (réélu pour la quatrième fois en novembre 1944 président des États-Unis) s'intéresse surtout à la victoire contre le Japon et à l'Organisation des Nations unies – de plus, il est très malade, comme l'est aussi son premier conseiller Harry Lloyd Hopkins (1890-1946). Et pourtant, c'est à Yalta que sont prises les décisions qui conditionneront pour de longues années l'avenir du monde. En Extrême-Orient, Roosevelt obtient par un accord secret l'engagement de Staline d'entrer en guerre contre le Japon, trois mois après la défaite allemande, moyennant la cession à l'URSS de la moitié de Sakhaline, des îles Kouriles, de Port-Arthur et du chemin de fer de Dairen.

En Europe, les trois Grands proclament leur volonté d'« aider les peuples libres à former des gouvernements provisoires largement représentatifs de tous les éléments démocratiques qui s'engageront à établir par des élections libres des gouvernements correspondant à la volonté des peuples ». Il est admis que les frontières de la Pologne incluront le sud de la Prusse-Orientale (moins Königsberg, annexé par l'URSS.[→ Kaliningrad]) et suivront à l'est la ligne Curzon et à l'ouest les cours de l'Oder et de la Neisse. Il est prévu que le gouvernement polonais de Lublin ne sera reconnu par Londres et Washington qu'après s'être élargi. En Allemagne, ce sont les trois Grands qui détiendront l'« autorité suprême » sous la forme d'un Conseil de contrôle, auquel la France sera invitée à participer. La répartition des zones d'occupation des armées (convenue à Québec en septembre 1944) est confirmée, mais une zone prise sur celle des Anglais et des Américains sera confiée à la France.

L'organisation de la paix sera le fait d'une conférence des Nations unies convoquée à San Francisco le 25 avril 1945 (→ conférences de San Francisco). Mais les décisions de son Conseil de sécurité exigeront un vote affirmatif de chacun de ses cinq membres permanents (Chine, États-Unis, France, Grande-Bretagne, URSS). C'est l'origine du droit de veto, qui limitera beaucoup son efficacité.

La capitulation de l'Allemagne

Au lendemain des accords de Yalta (4-11 février 1945) commence la dernière bataille, qui, à l'est comme à l'ouest, se livre en territoire allemand.
 

  • À l'ouest, Eisenhower dispose de 93 divisions – 60 américaines, 14 britanniques, 5 canadiennes et 14 françaises (dont 4 bouclent les poches allemandes de Dunkerque, Lorient et Royan) – et de 4 brigades alliées (belge, hollandaise, polonaise et tchèque).
  • À l'est, l'Armée rouge est répartie en huit fronts : quatre d'entre eux joueront un rôle capital, celui de Malinovski, axé sur Vienne, celui de Rokossovski, sur la Poméranie, ceux de Joukov et de Koniev, sur Berlin. Ce dernier, qui a franchi l'Odra les 11 et 24 février, fait sa jonction avec Joukov en basse Silésie, tandis que Malinovski, entré à Budapest le 13 février, pénètre en mars en Autriche.
  • Au même moment, à l'ouest, les Alliés percent la ligne Siegfried et foncent sur le Rhin, qu'ils franchissent à Remagen (7 mars), à Oppenheim et près de Wesel (23-24 mars). Le 25 mars, la totalité de la rive gauche du Rhin est aux mains des forces d'Eisenhower.
  • La Hollande est isolée par les Britanniques, qui arrivent le 19 avril sur l'Elbe. Le 1er avril, les Américains ont encerclé la Ruhr (où 18 divisions capitulent) et marchent aussitôt sur l'Elbe en direction de Magdebourg et de Leipzig, tandis que Patton, entré à Francfort le 29 mars, pénètre en Thuringe et s'arrête sur ordre le 18 avril à Plzeň (90 km de Prague).
  • Au sud, du 19 au 29 avril, les Américains atteignent Nuremberg, Ratisbonne et Munich ; le Français de Lattre pénètre en Forêt-Noire et au Wurtemberg, atteint Ulm (24 avril) et s'engage en Autriche ; le 4 mai, la division Leclerc prend Berchtesgaden.


Le suicide de Hitler

Le 13 avril, les Russes sont entrés à Vienne et, remontant le Danube, prennent liaison avec les Américains en aval de Linz. Du 16 au 20 avril, Joukov et Koniev rompent le front allemand de l'Oder et atteignent Berlin, conquis le 2 mai par l'Armée rouge. Le 30 avril, Hitler s'est suicidé après avoir désigné l'amiral Dönitz pour lui succéder. Des contacts s'établissent entre l'Armée rouge et les forces anglo-américaines, notamment à Torgau (Hodges-Koniev, le 25 avril) et près de Wismar (Dempsey-Rokossovski, le 3 mai). Malinovski et Koniev font leur jonction à Prague du 6 au 9 mai.

L'élimination de Mussolini

En Italie, le groupe d'armées Alexander débouche le 9 avril de la ligne gothique en direction du Pô. Ses troupes prennent liaison le 29 près de Turin avec l'armée française des Alpes, le 1er mai près de Trieste avec les forces yougoslaves de Tito et le 4 mai avec celles d'Eisenhower qui ont franchi le Brenner. Le 29 avril, le commandement allemand a signé à Caserte la capitulation de ses armées en Italie, en Autriche, en Styrie et en Carinthie. La veille, Mussolini a été exécuté par des partisans près du lac de Côme.

La reddition de la Wehrmacht

Le 4 mai, les troupes allemandes des Pays-Bas et du nord de l'Allemagne ont capitulé à Lüneburg entre les mains de Montgomery ; le 7 mai, l'amiral Dönitz mandate le général Jodl pour signer à Reims la reddition inconditionnelle de l'ensemble de la Wehrmacht aux armées alliées et soviétiques. Elle est confirmée le lendemain à Berlin par le maréchal Keitel en présence des généraux Joukov, Tedder, Spaatz et de Lattre. Le 22 mai, les Alliés font prisonniers tous les membres du gouvernement fantôme de Dönitz à Flensburg : l'Allemagne vaincue a ainsi perdu toute existence politique.

La défaite et la capitulation du Japon

Après le désastre subi en octobre 1944 par la marine japonaise près de l'île de Leyte (Philippines), les Américains mettent deux mois à en chasser les troupes nippones. Ils doivent désormais faire face aux kamikazes, les avions-suicides. En janvier 1945, MacArthur attaque Luzon – la plus grande des Philippines – et entre à Manille après trois semaines de combats, le 25 février. Sans s'attarder à la conquête de Mindanao, il entame aussitôt la bataille pour les avancées du Japon. Le 19 février, l'amiral Nimitz débarque à Iwo Jima, et, le 1er avril, à Okinawa, où, à 600 km du Japon, une furieuse bataille s'engage pour la conquête de l'île, achevée le 21 juin.

Le Japon acculé

Le 5 avril, la dénonciation par Staline du traité de neutralité nippo-soviétique du 13 avril 1941 provoque à Tokyo la démission du cabinet du général Koiso. Son successeur, l'amiral Suzuki, tente vainement d'obtenir une médiation soviétique. Mais, le 26 juillet, les États-Unis, la Grande-Bretagne et la Chine exigent, par un ultimatum, une capitulation sans condition qui est repoussée par Suzuki. Le Japon, dont les troupes sont chassées de Birmanie et se replient en Chine, est dans une situation désespérée : sa flotte n'existe plus, et le pays est soumis depuis juillet à une violente offensive aérienne alliée qui ne rencontre plus aucune opposition. C'est alors que, voulant précipiter la fin de la guerre, le président Harry S. Truman, qui a succédé à Roosevelt, décédé le 12 avril, décide d'employer contre le Japon la bombe atomique expérimentée en grand secret par les États-Unis le 16 juillet 1945. Le 6 août, une première bombe détruit Hiroshima, et une deuxième Nagasaki le 9.

La capitulation du Japon

Entre-temps, le 8 août, l'URSS a déclaré la guerre au Japon, et, le 14, signe à Moscou un traité d'alliance avec la Chine. Les troupes soviétiques aux ordres du maréchal Vassilevski entrent aussitôt en Corée (9 août) et en Mandchourie, où elles prennent Moukden (aujourd'hui Shenyang) le 15. Dès le 10, le gouvernement japonais fait savoir qu'il accepte les termes de l'ultimatum du 26 juillet, et, le 14, capitule sans condition. Le 16, l'empereur japonais donne à toutes ses forces l'ordre de cesser le combat. Dix jours plus tard, les Américains débarquent au Japon. Le 2 septembre, l'acte solennel de capitulation est signé en rade de Tokyo, devant le général MacArthur, sur le cuirassé américain Missouri (le général Leclerc y représente la France).

Dernière réunion des trois Grands : Potsdam, 17 juillet – 2 août 1945

Si la vigueur de la résistance allemande a maintenu jusqu'à la capitulation du IIIe Reich l'unité d'action de ses vainqueurs, leurs relations, depuis Yalta (février 1945), n'ont cessé de se détériorer. Sans se soucier des engagements qu'il avait signés, Staline entend profiter aussitôt de sa victoire en installant des gouvernements communistes dans tous les pays libérés par l'Armée rouge, qui doivent devenir des États vassaux de l'URSS. Ainsi que l'écrit Churchill en mai 1945, « un rideau de fer s'est abattu derrière le front soviétique ». Si les Américains, puis les Anglais parviennent à se faire admettre à Berlin le 3 juillet, leurs troupes se sont repliées dans les limites des zones d'occupation et, suivies d'une immense foule de réfugiés allemands, ont évacué à cette date la ligne de l'Elbe, la Saxe, le Mecklembourg et la Thuringe, tandis que les Soviétiques s'avancent jusqu'à Erfurt et Eisenach, à 150 km du Rhin.

Mais c'est encore le problème polonais qui cristallise la crise entre les vainqueurs. En juin 1945, Staline, qui a invité à Moscou seize représentants des tendances non communistes de la résistance polonaise, les fait arrêter et condamner par un tribunal militaire soviétique. Cette fois, la réaction américaine est d'autant plus vive que l'attitude du président Truman vis-à-vis de Staline est beaucoup plus réservée que celle de Roosevelt. Pour sortir de l'impasse, une ultime conférence des trois Grands est réunie le 17 juillet à Potsdam avec Staline, Truman et Churchill, qui, battu aux élections générales anglaises, cède la place le 26 juillet à Clement Attlee, nouveau chef travailliste du cabinet britannique. Un compromis est adopté pour la Pologne : les Anglais et les Américains reconnaissent le gouvernement provisoire (et prosoviétique) de Varsovie, et les trois fixent provisoirement la frontière ouest du pays à la ligne de l'Oder et de la Neisse occidentale.

La conférence statue ensuite sur des questions moins épineuses telles que la démilitarisation et la dénazification de l'Allemagne, le jugement des criminels de guerre, les réparations, la répartition des zones d'occupation en Autriche, l'évacuation de l'Iran, la révision de la convention de Montreux sur les Détroits, le maintien du statut international de Tanger et l'indépendance de la Corée. En prévision de la défaite du Japon, des lignes de démarcation militaires sont fixées entre ses vainqueurs : en Corée, le 38e parallèle entre Soviétiques et Américains ; en Indochine, le 16e entre Chinois et Britanniques. La préparation des traités de paix est confiée au Conseil des ministres des Affaires étrangères d'URSS, des États-Unis, de Grande-Bretagne, de France et de Chine, qui siégeront à Londres et à Paris. Dès le lendemain (3 août) de la publication de ces accords, la France, qui n'a pas participé à la conférence, exprime ses réserves sur le fait de n'avoir pas été consultée sur le sort de l'Allemagne.

Une drôle de paix

Si l'été de 1945 marque la fin de la guerre, il est difficile de dire qu'il inaugure réellement la paix.  Dans le monde entier, les séquelles de cette immense conflagration engendrent en effet d'inextricables conflits entre le monde occidental et le monde soviétique : à Berlin, isolé en zone soviétique mais occupé par quatre puissances ; dans les Balkans, « satellisés » par l'URSS, sauf la Grèce, en proie à la guerre civile ; en Iran ; dans la Chine victorieuse, mais qui, dès octobre 1945, entre aussi dans une guerre civile ; dans la Corée et l'Indochine divisées…

En même temps, la ruine de l'Europe incite les peuples colonisés d'Asie, d'Afrique et du Moyen-Orient, où la Ligue arabe s'est constituée le 22 mars 1945, à secouer au plus vite le joug des « métropoles » pour prendre en main leur destin ; conscients de l'affaiblissement des puissances coloniales et encouragés par l'hostilité au système colonial des deux nouvelles puissances dominantes (États-Unis et URSS), les leaders des mouvements de libération, issus des élites occidentalisées, réclament l'application du droit des peuples à disposer d'eux-mêmes, proclamé par l'article 1er de la Charte des Nations unies en 1945. Alors que la question de l'Allemagne n'est pas près de son règlement, plusieurs traités de paix seront néanmoins signés à Paris en 1947, avec la Finlande, l'Italie, la Hongrie, la Roumanie et la Bulgarie.

Quant au Japon, il est démilitarisé, doté d'une Constitution démocratique, occupé et contrôlé étroitement par les États-Unis ; il signera avec eux (mais pas avec l'URSS) le traité de San Francisco en 1951 (→ conférences de San Francisco). Si la Première Guerre mondiale a été qualifiée de guerre totale, notamment en raison de mobilisation sans précédent de tous les acteurs de la société, la Seconde Guerre mondiale a été une guerre d'anéantissement, dans laquelle les victimes civiles se comptent autant que les morts au combat.

Les « personnes déplacées »

La guerre a provoqué des déplacements de population très importants. Ils furent tantôt « spontanés », tel l'exode des personnes fuyant la Wehrmacht en 1940-1941 ou l'Armée rouge en 1944-1945 ; tantôt ils furent organisés, surtout par le Reich, tels le retour en Allemagne des ressortissants des colonies allemandes des pays Baltes ou d'Europe centrale, les implantations de colons allemands en Pologne et dans les Ardennes, de colons néerlandais en Ukraine – sans oublier les 7 millions de travailleurs étrangers transférés de force en Allemagne. Toutefois, le mouvement le plus important fut celui d'environ 12 millions d'Allemands qui, en 1945 – par peur de tomber sous l'autorité soviétique – gagnèrent les zones occupées par les Anglais, les Américains ou les Français. On estime à environ 30 millions le nombre de personnes ainsi « déplacées » du fait de la guerre.

Des coûts humains sans précédent

AuschwitzLes évaluations, toujours approximatives, du total des pertes de la Seconde Guerre mondiale varient entre 40 et 50 millions de morts (10 millions de morts et 20 millions de blessés lors de la Première). Mais, alors que ceux de 1914-1918 (où 68 millions d'hommes furent mobilisés) étaient en grande majorité des militaires, les morts de 1939-1945 comportent à peu près autant de civils que de soldats (92 millions d'hommes mobilisés). Cette proportion de victimes civiles est due aux caractères particuliers du conflit : généralisation des bombardements aériens bien sûr, mais surtout liquidation physique (chambre à gaz, massacres, etc.) par les Allemands de plusieurs millions de Juif

Boko Haram

$
0
0

Boko Haram, de sa dénomination abrégée en haoussa, ou groupe sunnite pour la prédication et le djihad, est un mouvement religieux du Nigeria classé comme organisation terroriste par les États-Unis et fréquemment qualifiée de secte. Fondée par Mohamed Yusuf en 2002, l'organisation a pour objectif de faire appliquer strictement la charî'a dans tout le pays.

 

Mohamed Yusuf

Mohamed Yusuf

Le groupe, activement combattu par les forces armées nigérianes, s'est illustré par une série de violences à l'encontre du gouvernement, des chrétiens et de la population musulmane des régions où il est implanté. Prônant un islam radical et rigoriste, l'idéologie du mouvement s'inspire des talibans d'Afghanistan, rejetant la modernité et visant à instaurer la charia dans les États au Nord du pays. Le nom « Boko Haram » signifie « L'éducation occidentale est un péché ». Boko (de book, « livre » en anglais, mais l'explication est contestée) est un alphabet latin, créé par les autorités coloniales anglaises (principalement) et françaises, pour transcrire la langue haoussa et, par dérivation, il désigne l'école laïque. Haram est un mot arabe signifiant « interdit » ou « illicite » dans l'islam..

Bien que revendiquant une filiation avec l'islamisme salafiste et les Talibans afghans, Boko Haram est fréquemment qualifié de secte. Selon Marc-Antoine Pérouse de Montclos, spécialiste du Nigeria chargé de recherche à l'Institut de recherche pour le développement (IRD) : « le groupe tient à la fois de la secte et du mouvement social. Dès ses débuts, il est sectaire de par son intransigeance religieuse, son culte du chef, ses techniques d’endoctrinement, son intolérance à l’égard des autres musulmans et son fonctionnement en vase clos ». D'après lui, son discours est également très hétérodoxe : « la doctrine de Boko Haram ne correspond pas vraiment au modèle wahhabite : c'est une secte qui endoctrine et a recours à la magie. Certains fidèles de Boko Haram portent des grigris, cela ne ressemble pas vraiment à Al-Qaeda. »

Cependant pour Mathieu Guidère, professeur d'islamologie à l'Université Toulouse - Jean Jaurès, « Boko Haram n'est pas une secte, c'est un mouvement insurrectionnel islamiste ». Dénonçant la Constitution nigériane comme calquée sur les valeurs occidentales, Boko Haram déclare vouloir instaurer la Charia et un État islamique, sur l'ensemble du Nigeria. Mais, le gouverneur Aliyu estime que la plupart des activités du groupe, sont en fait anti-islamiques et contraires à la charî'a. Selon l'avis d'experts, en réponse à des rumeurs prêtant à la secte des liens avec Al-Qaeda, les deux groupuscules poursuivent des objectifs différents. Bien que tous deux opposés à la modernité et aux valeurs occidentales, Boko Haram se distingue par des attaques essentiellement anti-gouvernementales et non contre des intérêts occidentaux. De plus, ses membres se réclament des Talibans afghans, sans pour autant entretenir de liens directs avec eux.

Cependant, à partir de 2010 et surtout des attentats de l'été 2011, il est possible que Boko Haram ait tissé des liens avec Al-Qaeda au Maghreb islamique (l'ancien Groupe salafiste pour la prédication et le combat algérien). Selon Athmane Tazaghart, essayiste et spécialiste de l'islam radical, Boko Hakam serait ainsi passé d'une secte salafiste réactionnaire, à une formation djihadiste pratiquant le terrorisme islamiste. Mais pour Bertrand Monnet, directeur de la chaire Management des risques criminels de l'EDHEC, l'agenda de Boko Haram est « exclusivement nigérian » et « ne prône pas le djihad international », contrairement à sa branche dissidente Ansaru. En mai 2014, Mathieu Guidère estime que Boko Haram dispose de près de 30 000 hommes. La plupart de ses combattants sont issus de l'ethnie Kanouri.

Depuis la prise de commandement par Abubakar Shekau, Boko Haram serait dirigé par un Conseil de la Choura de trente membres. Selon un rapport du département de la sécurité intérieure des Etats-Unis « cette structure laisse place à la possibilité de divisions et ne fournit pas de garantie lorsque quelqu'un prétend parler au nom du groupe, qu'il représente l'ensemble des factions (…) Shekau travaille avec quelques chefs de factions, et maintient très peu de contacts avec les combattants sur le terrain ». Boko Haram est fondé en 2002 par Mohamed Yusuf, prédicateur radical, à Maiduguri, capitale de l’État de Borno. C'est d'abord une mosquée dotée d'une école coranique où les familles pauvres peuvent envoyer leurs enfants. L'organisation se politise et attire alors de jeunes étudiants en rupture de ban à l'université. Selon le journal Rationalist International, un mouvement connu sous le nom de « Disciples du Prophète » (Al Sunna Wal Jamma), se réclamant également des Talibans afghans, fut la source de violences au sein de Damaturu, capitale de l’État de Yobe, le 31 décembre 2003. Durant l'attaque, le groupe manifeste son hostilité envers le régime de Umaru Yar'Adua en vandalisant des postes de police afin de se procurer des armes et des munitions. Il occupe temporairement la localité de Kanamma, proche de la frontière avec le Niger, entraînant l'exode de la moitié des habitants.

De 2004 à 2009, des heurts souvent violents opposent ses militants aux forces de sécurité. Le gouvernement sous-estime le danger et prend la secte pour un groupuscule d'illuminés sans soutien. En 2006, Mohamed Yusuf fait l'objet d'une enquête pour activités supposées illégales, mais l'instruction est abandonnée. Il est arrêté à plusieurs reprises, notamment le 13 novembre 2008, pour « rassemblements illégaux » et « troubles à l'ordre public », mais relaxé sur décision de la cour. Le 26 juillet 2009, une nouvelle série de violences débute après une attaque simultanée des islamistes dans quatre États du Nord du Nigeria (Bauchi, Borno, Yobe et Kano). Le gros des combats oppose les troupes gouvernementales aux membres de l'organisation à Maiduguri et dure cinq jours (l'armée n'est intervenue qu'au bout du quatrième jour après avoir constaté l'inefficacité de la police ; ainsi les combats contre l'armée n'ont pas duré plus d'une journée ; ce sont ceux contre la police qui ont duré cinq jours). Selon Umaru Yar'Adua, l'opération des forces armées nigérianes devait mener à la chute définitive du mouvement fondamentaliste. Le 30 juillet 2009, les forces de sécurité infligent une sérieuse défaite aux fondamentalistes et les chassent de la capitale de l'État de Borno. Le bilan des combats s'élève à plus de 700 morts, dont au moins 300 militants islamistes. Mohamed Yusuf, capturé par l'armée à Maiduguri, est exécuté par la police. Les combats cessent en milieu de journée.

Le 14 août 2009, Sanni Umaru, membre de Boko Haram se présentant comme le successeur de Mohamed Yusuf, lance un appel au jihad au Nigeria dans une lettre datant du 9 août. Il reconnaît la mort d'au moins 1 000 membres de la secte suite aux combats de juillet 2009. Après l'échec de leur insurrection, d'août 2009 à août 2010, de nombreux membres de Boko Haram se sont enfuis au Niger et au Tchad, la secte reste discrète et se réorganise en secret à Maiduguri, dans la région de la forêt de Sambisa. En septembre, elle refait surface de façon spectaculaire en prenant d'assaut la prison de Bauchi réussissant à libérer 700 prisonniers dont 150 adeptes. Noël 2010 est l'occasion d'intensifier la lutte contre les chrétiens, attaques, incendies et assassinats ciblés font plusieurs dizaines de morts, notamment un attentat à Jos faisant à lui seul quatre-vingts victimes. À partir d'avril 2011, le groupe multiplie les attentats à la bombe contre des églises chrétiennes, des gares, des hôtels, débits de boisson et des bâtiments officiels. L'élection présidentielle de mai et la victoire de Goodluck Jonathan sont l'occasion d'autres attentats qui font une dizaine de morts. Le 21 juin, une dizaine d'hommes armés attaque la ville de Kankara, dans l'État de Katsina, incendie un poste de police, libère les détenus et pille une banque, tuant 7 personnes dont 5 policiers.

La volonté affichée du gouvernement à partir de juillet 2011 de négocier avec Boko Haram n'empêche pas celle-ci de poursuivre la lutte armée et de revendiquer l'attentat kamikaze contre la représentation des Nations unies à Abuja le 26 août 2011 au cours duquel 18 personnes trouvent la mort. Le 4 novembre 2011, le quartier chrétien de Damaturu est pris pour cible par Boko Haram, faisant 130 morts chez les chrétiens, et détruisant dix églises. Après cet attentat, 100 personnes sont portées disparues. Avant d'assassiner les chrétiens, les membres de Boko Haram attaquent des postes de police, la préfecture de police et une base militaire. Leur but est de tuer quiconque ne veut pas adhérer à l'Islam. Le 25 décembre 2011, jour de Noël, Boko Haram revendique un attentat contre une église à Madalla, en périphérie d'Abuja, la capitale fédérale du Nigeria (27 morts), alors qu'un second attentat vise une église évangélique de Jos, épicentre de violences intercommunautaires dans le centre du pays. Ces attentats succèdent à une série d'attaques dans le nord-est du pays (Damaturu et Potiskum dans l'État de Yobe, et Maiduguri, capitale de l'État voisin de Borno) les 22 et 23 décembre qui auraient fait près de cent morts.

Le 22 avril 2013, de violents combats entre l'armée et les rebelles islamistes de Boko Haram ont lieu à Baga, dans l'État de Borno. Le 14 mai 2013, le Président du Nigéria Goodluck Jonathan proclame l'état d'urgence dans trois États du Nord-Est du pays : Borno, Yobe et Adamawa. Le 18 septembre 2013, l'armée annonce avoir tué 150 membres de Boko Haram. Les islamistes de Boko Haram commettent de nombreux massacres, principalement contre des civils des villages où sont constitués des milices d'autodéfense, les élèves et les professeurs d'établissements scolaires et les chrétiens. En 2013, Bertrand Monnet, directeur de la chaire Management des risques criminels de l'EDHEC déclare : « Il faut savoir qu'à côté de Boko Haram, AQMI, le MUJAO ou Ansar Eddine sont des agneaux. Les terroristes de Boko Haram sont des barbares : ils tuent des centaines de personnes toute l'année, mitraillent des églises, lancent des grenades pendant les offices et font des raids dans les villages chrétiens qu'ils transforment en Oradour-sur-Glane. Ce qui déclenche d'ailleurs des représailles contre des musulmans. »

Le nom officiel de Boko Haram est « Jamāʿat ʾahl al-sunnah li-l-Daʿwah wa-al-Jihād » qui signifie en arabe « Peuple engagé dans la propagation de l'enseignement du prophète Mahomet et du jihad ». Dans sa définition abrégée en haoussa, « Boko Haram » signifie « L'éducation occidentale est un péché ». Boko Haram cible donc particulièrement les lycées et les écoles où sont dispensé un enseignement jugé trop occidental par les islamistes. À plusieurs reprises, ces derniers attaquent des établissement scolaires, massacrant professeurs et lycéens comme à Mamudo, Gujba ou Buni Yadi. Si les lycéennes ne sont pas tuées, elles sont souvent enlevées pour être mariées de force à des djihadistes, une vingtaine sont ainsi enlevées le 11 février 2014, lors du massacre de Konduga. Le rapt le plus important a lieu le 14 avril à Chibok, 276 lycéennes âgées de 12 à 17 ans sont capturées par des islamistes qui effectuent un raid sur la ville (53 d'entre-elles parviennent à s'échapper dans les trois semaines qui suivent selon la police nigériane). Le 5 mai, le rapt des lycéennes de Chibok est revendiqué par Abubakar Shekau, le chef de Boko Haram qui déclare : « J'ai enlevé les filles. Je vais les vendre sur le marché, au nom d'Allah. [...] J'ai dit que l'éducation occidentale devait cesser. Les filles, vous devez quitter (l'école) et vous marier ».

Des exactions sont également commises par Boko Haram, au nord du Cameroun. Le 11 mars, des hommes armés enlèvent Abakoura Ali, chef traditionnel du village de Ngoumouldi, après avoir également enlevés son fils, encore enfant, cinq jours plus tôt. Leurs deux corps sont retrouvés décapités le 13 mars, en territoire nigérian. Selon un policier de Kerawa, ville située à la frontière du Nigeria, une cinquantaine de Camerounais ont été assassinés dans les environ de la ville.

Le 17 février 2014, Amnesty International qualifie les exactions commises par Boko Haram de crimes contre l'humanité.

  • Le 10 juin 2013, à Maiduguri, 11 à 13 personnes sont massacrées.
  • Le 16 juin 2013, à Damaturu, sept élèves et deux professeurs sont assassinés dans un établissement scolaire.
  • Le 17 juin 2013, à Maiduguri, 9 étudiants d'une école privée sont tués alors qu'ils passaient un examen.
  • Le 6 juillet 2013, Massacre de Mamudo ; des hommes armés attaquent un lycée, 41 élèves et un professeur sont assassinés. Boko Haram a démenti être à l'origine de l'attaque, mais lui a cependant apporté son soutien.
  • Le 11 août 2013, Massacre de Konduga ; des hommes de Boko Haram ouvrent le feu sur la foule dans la mosquée de la ville, 44 habitants sont tués.
  • Le 11 août 2013, 12 habitants sont massacrés dans le village de Ngom.
  • Le 19 août 2013, Massacre de Dumba ; des hommes de Boko Haram ouvrent le feu sur des habitants à la sortie de la mosquée de la ville, 35 personnes sont tuées et 14 blessées.
  • Le 4 septembre 2013, Massacre de Gajiram ; au moins 15 habitants sont tués lorsque des combattants de Boko Haram ouvrent le feu sur le marché de la ville.
  • Le 18 septembre 2013, Massacre de Benisheik ; les hommes de Boko Haram placent des barrages sur la route entre Damaturu et Maiduguri et massacrent les automobilistes, 161 personnes sont tuées
  • Le 19 septembre 2013, entre Maiduguri et Damboa, 16 autres voyageurs sont assassinés.
  • Le 29 septembre 2013, Massacre de Gujba ; 40 à 50 étudiants du collège agricole de la ville sont massacrés.
  • Le 20 octobre 2013, Massacre de Logomani ; 19 automobilistes massacrés par balles ou à coups de machettes.
  • Le 31 octobre 2013, Massacre de Gulumba ; 27 civils sont massacrés.
  • Le 1er novembre 2013, près de Gulumba, 13 passagers d'un bus sont tués dans une embuscade.
  • Le 2 novembre 2013, Massacre de Firgu ; un convoi nuptial est attaqué sur la route de Bama-Banki, au moins 30 personnes sont tuées.*
  • Le 21 novembre 2013, Massacre de Sandiya ; 12 personnes sont assassinées.
  • Le 29 novembre 2013, Massacre de Sabon Gari ; 17 personnes sont tuées dans l'attaque du village.
  • Le 1er décembre 2013, à Baga, 7 pêcheurs sont tués et 14 blessés par les djihadistes.
  • Le 28 décembre 2013, Massacre de Tashan Alade, deux ou trois hommes suspectés d'être des djihadistes ouvrent le feu sur une foule lors d'une fête, 12 personnes sont tuées et 7 blessées.
  • Le 7 janvier 2014, près de Madobi, dans l’Etat de Kano, des hommes armés ouvrent le feu sur une mosquée. Trois personnes sont tuées et 12 sont blessées.
  • Le 12 janvier 2014, dans les villages de Yawuma-ango et Jabulam, cinq hommes sont tués.
  • Le 16 janvier 2014, à Gashigar, un village de pêcheurs situé dans l'État de Borno, 7 habitants sont tués par balles par des hommes suspectés d'être de Boko Haram. Trois autres se noient en tentant de fuir et les assaillants brûlent une soixantaine de maisons.
  • Le 21 janvier 2014, à Njaba, un village de l'État de Borno, dix habitants sont tués par des hommes de Boko Haram et des dizaines de maisons sont incendiées.
  • Le 22 janvier 2014, à Kaya, dans l'État de Borno, huit villageois sont tués par les rebelles islamistes.
  • Le 26 janvier 2014, Massacre de Kawuri, 85 personnes sont tuées lors de l'attaque.
  • Le 26 janvier 2014, Massacre de Waga Chakawa, 45 personnes sont tuées lors de l'attaque d'une église chrétienne pendant une messe.
  • Le 11 février 2014, deuxième massacre de Konduga, 39 à 51 habitants sont massacrés.
  • Le 11 février 2014, à Wajirko, dans l'État de Borno, quatre personnes sont tuées et six blessées.
  • Le 15 février 2014, Massacre d'Izghe, 106 habitants, en majorité des chrétiens, sont massacrés.
  • Le 15 février 2014, Massacre de Bama, 98 habitants sont tués lors d'un raid de Boko Haram sur la ville.
  • Le 25 février 2014, Massacre de Buni Yadi, 59 lycéens sont tués lors de l'attaque de leur dortoirs.
  • Le 27 février 2014, les localités de Shuwa, de Kirchinga et de Michika sont la cible de trois attaques, dont l'une contre un collège chrétien, faisant 37 morts75. L’armée a confirmé les trois attaques mais n’a fait état que d’un soldat et de trois civils tués, ainsi que six islamistes.
  • Le 1er mars 2014, Attentat de Maiduguri, des bombes cachées dans deux camionnettes explosent au milieu de la foule, faisant au moins 69 morts.
  • Le 1er mars 2014, Massacre de Mainok, les djihadistes ouvrent le feu sur la foule, et tuent 39 personnes.
  • Le 2 mars 2014, Massacre de Mafa, 29 habitants sont tués dans l'attaque de la localité.
  • Le 18 mars 2014, Attentat de Ngurosoye, au moins 32 villageois sont tués.
  • Le 25 mars 2014, Maiduguri, deux attentats font au moins 11 morts, dont 5 policiers.
  • Le 1er avril 2014, Attentat de Mulai, à Maiduguri, 15 civils sont tués et 17 blessés.
  • Le 5 avril 2014, à Buni Gari, dans l'État de Yobe, 17 habitants sont tués, dont certains dans une mosquée, lorsque des hommes de Boko Haram ouvrent le feu sur la population.
  • Le 10 avril 2014, à Dikwa, dans l'État de Borno, six professeurs et deux agents de sécurité sont assassinés dans un collège et plusieurs femmes sont également enlevées. Le même jour, trois autres habitants sont tués à Kala-Balge.
  • Le 11 avril 2014, des djihadistes bloquent une route entre Maiduguri et Biu, près du village de Dalwa, et assassinent huit automobilistes.
  • Le 13 avril 2014, Massacre d'Amchaka, 60 villageois sont tués.
  • Le 14 avril 2014, Attentat de Nyanya, un véhicule piégé fait 75 morts et 141 blessés dans une gare routière en périphérie d'Abuja, la capitale du pays.
  • Le 5 mai 2014, Massacre de Gamboru Ngala, les assaillants de Boko Haram passent près de 12 heures dans cette petite ville, située à proximité de la frontière camerounaise, et tuent plus de 300 villageois - notamment sur le marché de nuit88. Un habitant de Gamboru Ngala, nommé Musa Abba, déclare à l'AFP : « Ils ont brûlé le marché, le bureau des douanes, le commissariat de police et presque tous les magasins de la ville et ils ont tué des gens mais je ne sais pas combien. [...] Ils ont pris le contrôle de la ville entière. [...] Ils ont fait du porte-à-porte et ils ont abattu les gens qui n'ont pas pu fuir à temps ».

Le premier enlèvement de ressortissants occidentaux revendiqué par Boko Haram a lieu le 19 février 2013. Ce jour-là une famille française est enlevée au parc national de Waza dans le nord du Cameroun, elle est ensuite conduite au Nigeria. Les otages sont ; Tanguy Moulin-Fournier, 40 ans, cadre de GDF Suez, son épouse Albane, 40 ans, leurs quatre fils âgés de 5 à 12 ans, et Cyril, le frère de Tanguy. L'enlèvement est revendiqué dans une vidéo publiée le 25 février par Boko Haram. Les islamistes réclament la libération de combattants, de femmes et d'enfants détenus par le Nigeria et le Cameroun. Le 21 mars, une seconde vidéo est rendue publique par Boko Haram, Abubakar Shekau, le chef du mouvement déclare : « Nous sommes fiers d'affirmer que nous retenons les sept otages français. 

Nous les retenons parce que les autorités nigérianes et camerounaises ont arrêté des membres de nos familles, qu'ils les brutalisent et que nous ne savons rien de leurs conditions d'emprisonnement. Nous affirmons au monde que nous ne libérerons pas les otages français tant que nos familles sont emprisonnées. La force ne servira pas à les libérer, nous sommes prêts à nous défendre avec force ». Les négociations sont menées essentiellement par le gouvernement camerounais. La famille est libérée le 19 avril 2013, lors d'un échange de prisonniers, 10 ou 12 personnes auraient été relâchées en contrepartie. Selon iTélé, qui cite des sources opérationnelles locales, sept millions de dollars auraient été versés pour la libération des otages. Ils auraient pu être versés directement sur les fonds du président camerounais Paul Biya ou par le groupe GDF-Suez. Cette information est cependant démentie par le premier ministre français Jean-Marc Ayrault.

Dans la nuit du 13 au 14 novembre 2013, Georges Vandenbeusch, un prêtre catholique français de 42 ans, est enlevé à Nguetchewé, au nord du Cameroun. Quelques jours plus tard, son enlèvement est revendiqué par Boko Haram. Il est libéré le 31 décembre 2013. Boko haram déclare alors à l'AFP n'avoir reçu aucune rançon et affirme que : « La direction a décidé de libérer le prêtre par compassion. Le prêtre a offert ses services médicaux à des membres [du groupe] malades pendant sa période de captivité. La direction a senti qu'il n'y avait plus besoin de le garder. » Ces propos sont cependant contestés par Georges Vandenbeusch, qui déclare : « Je ne suis ni infirmier ni médecin. S'ils m'avaient amené quelqu'un à soigner avec une hémorragie, j'aurais fait ce que je pouvais, mais ils ne l'ont pas fait. Ils n'ont de compassion pour personne ».

Dans la nuit du 4 au 5 avril 2014, à Tchère, à environ 20 kilomètres de Maroua, située à l'extrême nord du Cameroun, deux prêtres italiens, Giampaolo Marta et Gianantonio Allegri, et une religieuse canadienne sont enlevés par des hommes suspectés d'être de Boko Haram.

Yusuf Mohamed

$
0
0

Mohamed Yusuf (né le 29 janvier 1970 dans la localité de Girgiri, village de l'État de Yobe au nord-est du Nigeria - mort le 30 juillet 2009 à Maiduguri) est un islamiste nigérian. Il était le chef spirituel du groupe armé Boko Haram, actif dans les États au nord-est du Nigeria

 

Yusuf Mohamed

Issu de l'ethnie des Kanuris, il a suivi des études en théologie à Médine en Arabie saoudite. En 2002, il fonde le mouvement Boko Haram dont l'idéologie s'inspire des Talibans d'Afghanistan. Mohamed Yusuf était connu pour ses prêches intolérants, ainsi que pour son rejet de toute forme d'occidentalisation et de l'islam modéré. Son groupe, partisan d'une application stricte de la charia dans tout le pays, montre rapidement son hostilité envers le régime du président Umaru Yar'Adua. De 2003 à 2009, de violents heurts opposent les membres de son groupuscule aux forces de sécurité.

En 2006, selon le journal Libération, Mohamed Yusuf aurait été identifié comme le leader spirituel des Talibans nigérians et arrêté. Il aurait alors nié se trouver à la tête du groupuscule avant d'être finalement relâché. En 2008, son groupe attaque un poste de police à Maiduguri. 17 islamistes sont tués au cours de l'assaut. Mohamed Yusuf est arrêté le 13 novembre 2008 pour « rassemblements illégaux » et « troubles à l'ordre public » et est transféré à Abuja, centre du pouvoir judiciaire. Il est toutefois à nouveau relâché sur décision de la cour.

En 2009, il participe à un débat théologique avec plusieurs religieux de la ville Bauchi où ses adversaires cherchent à le ridiculiser. Il décide de monter une expédition armée en représailles mais ses hommes se heurtent aux forces de sécurité qui ont éventé l'action. Le gouvernement décide de mettre fin aux activités de la secte et l'affrontement se transforme en guerre ouverte. Le 26 juillet, il coordonne les attaques simultanées de son groupe contre les autorités dans quatre provinces au Nord du pays. Le leader appelle à un changement de la « démocratie » et du « système d'éducation ». De même, il n'hésite pas à menacer de mort les imams qu'il juge modérés.

Les combats durent cinq jours et entraînent la mort de plus de 700 personnes dont au moins 300 membres de la secte. Mohamed Yusuf est capturé à Maiduguri, capitale de l'État de Borno, par les autorités nigérianes dans la journée du 30 juillet 2009. Il est exécuté par balles peu de temps après. Son décès est confirmé par les autorités. Selon la version officielle du gouvernement nigérian, Mohamed Yusuf aurait été abattu par ses geôliers alors qu'il tentait de s'évader. Sa véracité est mise en doute par certains défenseurs des Droits de l'homme qui estiment que Mohamed Yusuf aurait été exécuté après avoir demandé la grâce de ses gardes. Mohamed Yusuf était marié à quatre femmes et était père de 12 enfants..

Shekau Abubakar

$
0
0

Abubakar Shekau, né entre 1965 et 1975 au Nigeria ou au Niger, est un islamiste radical, leader du groupe nigérian Boko Haram

 

Shekau Abubakar

Sa date de naissance n'est pas connue, il pourrait être né en 1965, 1969 ou 19755. Abubakar Shekau grandit dans un quartier défavorisé de Maiduguri, dans le nord-est du Nigéria. Après une jeunesse dissolue, il rencontre au début des années 2000 le prédicateur Mohamed Yusuf, qui fondera en 2002 le mouvement islamiste Boko Haram. Shekau s'engage alors dans la lutte armée et prend part à de nombreuses actions terroristes. Après l'exécution de Mohamed Yusuf, lors d'un assaut gouvernemental d'envergure décidé par le président Umaru Yar'Adua, Shekau apparaît en juillet 2010 dans un enregistrement vidéo dans lequel il se proclame leader de Boko Haram et promet de continuer la lutte armée.

À partir d’avril 2011, le groupe multiplie les attentats à la bombe contre des églises chrétiennes, des gares, des hôtels, débits de boisson et des bâtiments officiels. Dans une vidéo mise en ligne en janvier 2012, Abubakar Shekau prône une guerre sans merci contre les politiques, les policiers et surtout les chrétiens, notamment le président nigérian Goodluck Jonathan. Le 21 juin 2012, la tête d'Abubakar Shekau est mise à prix par le Département d'État des États-Unis pour sept millions de dollars.

Le 19 août 2013, l'armée nigériane annonce qu'il « est très probable que Shekau soit mort entre le 25 juillet et le 3 août » mais précise qu'elle doit encore en obtenir confirmation. Mais d'après une vidéo visionnée par l'Agence France-Presse le 25 septembre, Abubakar Shekau fait savoir qu'il est toujours vivant. Boko Haram va rendre public à plusieurs reprises des vidéos dans lesquelles Abubakar Shekau va revendiquer plusieurs attaques commises par ses hommes. Le 4 novembre 2013, il revendique ainsi l'attaque des postes de police de Damaturu. Celle-ci avait eu lieu le 24 octobre et les affrontements avaient fait des dizaines de morts. Le 12 décembre 2013, il revendique l'attaque d'une caserne de l'armée nigériane à Maiduguri. Selon un communiqué du ministère nigérian de la Défense, 24 assaillants sont tués, deux militaires blessés et trois avions militaires et hélicoptères sont détruits.

Le 24 mars 2014, il revendique l'attaque de la caserne de Giwa et la libération de 2 000 prisonniers qui y étaient détenus. Cependant beaucoup sont repris par l'armée nigériane, et environ 600 sont massacrés par les militaires selon Amnesty International. La bataille avait également fait 207 morts du côté des islamistes selon l'armée nigériane.

Le 19 avril 2014, Abubakar Shekau, revendique le premier Attentat de Nyanya ayant fait 75 morts et 141 blessés. Il déclare en s'adressant à Goodluck Jonathan : « Nous sommes ceux qui ont organisé l’attentat d’Abuja. [...] Nous sommes dans votre ville mais vous ne savez pas où ». Le 5 mai 2014, Boko Haram revendique l'enlèvement mi-avril de plus de 200 lycéennes dans le nord-est du Nigéria. Abubakar Shekau, dans une vidéo de 57 minutes obtenue par l'AFP, déclare : « J'ai enlevé vos filles. Je vais les vendre au marché, au nom d'Allah. » En date de la revendication, certaines des 200 lycéennes auraient déjà été vendues pour 12$ chacune, afin d'être, selon les dires du leader islamiste, « traitées en esclaves » et « mariées de force ». D'après lui, « l’éducation occidentale doit cesser » et les filles « doivent quitter (l’école) et être mariées ».

Jonathan Goodluck

$
0
0

Goodluck Jonathan, né le 20 novembre 1957 à Otueke dans la zone de gouvernement local d'Ogbia (anciennement dans l'État de Rivers et actuellement dans l'État de Bayelsa), est un homme politique nigérian membre du Parti démocratique populaire (PDP). Il est président de la République du Nigeria depuis le 9 février 2010.

Jonathan Goodluck

Jonathan Goodluck

Candidat à la vice-présidence du PDP sur le ticket d'Umaru Yar'Adua, il est élu et investi le 29 mai 2007. Jonathan est président de la République par intérim à partir du 9 février 2010 en raison de l'absence prolongée du président Yar'Adua qui souffre de problèmes de santé. Ce dernier décède le 5 mai 2010 et Jonathan lui succède officiellement le 9. Jonathan est élu président lors de l'élection présidentielle du 16 avril 2011 avec 59 % des voix. Il est titulaire d'un doctorat de zoologie de l'université de Port Harcourt. Il détient également une maîtrise ès sciences en hydrobiologie et en biologie de la pêche. Après ses études, il devient inspecteur d'école, lecteur à l'université et chargé de la protection environnementale. Il entre en politique en 1998. Jonathan et son épouse, Patience, ont deux enfants. Il est membre de l'ethnie Ijaw.

Jonathan est élu vice-gouverneur de l'État de Bayelsa, État producteur de pétrole du sud du pays, en 1999 sur le ticket du gouverneur Diepreye Alamieyeseigha. Le gouverneur Alamieyeseigha est mis en examen puis mis sous contrôle judiciaire au Royaume-Uni pour une affaire de blanchiment d'argent en 2005. Il est destitué par l'Assemblée de l'État de Bayelsa et Jonathan devient gouverneur le 9 décembre 2005. Patience Jonathan, la femme de Jonathan a été elle aussi mise en examen pour blanchiment d'argent par la commission fédérale de lutte contre la corruption (la Economic and Financial Crimes Commission). Jonathan fait aussi l'objet d'une enquête de la part de la EFCC sur le financement de concerts au Nigeria avec Beyoncé, Snoop Dogg et Jay-Z.

Le PDP élit Umaru Yar'Adua comme candidat pour l'élection présidentielle d'avril 2007 et ce dernier choisit Jonathan comme candidat à la vice-présidence. Le choix de Jonathan comme candidat à la vice-présidence est fondé sur la division géographico-religieuse du pays  : si Yar'Adua représente le Nord musulman, Jonathan représente lui le Sud chrétien. Jonathan n'était pas favori parmi les candidats du Sud pour obtenir l'investiture en tant que vice-président. Les candidats avec une « personnalité trop forte » comme Peter Odili ont été écartés pour ne pas faire d'ombre au candidat à la présidence Umaru Yar'Adua. Du 23 novembre 2009 au 23 février 2010, le président Yar'Adua est hospitalisé à Djeddah en Arabie saoudite pour des problèmes cardiaques. L'absence de plus en plus longue de Yar'Adua laisse de jure l'État nigérian sans chef et le vice-président n'est pas enthousiaste à l'idée d'assumer la présidence. Le 12 janvier 2010, des manifestants, menés par Wole Soyinka, dénoncent la vacance du pouvoir. Le conseil des ministres est divisé déclarant que Yar'Adua « n'était pas incapable d'assurer ses fonctions ».

Poussé par la puissante association des gouverneurs et par un vote du Sénat le 9 février, Jonathan accepte d'être investi président par intérim. Cette investiture est contestée car constitutionnellement, le président doit notifier par écrit qu'il est dans l'incapacité de gouverner, ce qui n'a pas été fait. Au retour du président, il continue à assurer l'intérim, Yar'Adua ne semblant pas en mesure de reprendre ses fonctions. Ce dernier meurt le 5 mai 2010 et Jonathan lui succède officiellement le 9. Namadi Sambo devient son vice-président. Après les mauvais résultats de l'équipe nationale de football, Goodluck Jonathan décide de la retirer de toute compétition pendant deux ans. Le 16 avril 2011, Jonathan remporte l'élection présidentielle dès le premier tour avec 57 % des voix contre 31 % à Muhammadu Buhari10, remportant 22 États sur 36. Le résultat est contesté par Buhari auprès de la commission électorale et des affrontements interreligieux éclatent dans le Nord du pays, faisant plus de 800 morts en trois jours. Les observateurs étrangers, menés par John Kufuor, ont cependant noté une bonne tenue de l'élection par rapport aux précédentes. Goodluck Jonathan prête serment et entre en fonctions officiellement fin mai 2011.

Il promulgue en 2014 une loi punissant de 10 ans de prison les personnes affichant publiquement une relation homosexuelle et de 14 ans de prison celles se mariant avec une personne de même sexe, alors que l'homosexualité est déjà sévèrement réprimée au Nigéria. Cette loi a été votée à l’unanimité par les parlementaires nigérians en 2013. Goodluck Jonathan est contraint, début 2014, de renvoyer les chef d'état major de son armée. En effet, il les avait nommés sans concertation avec l'assemblée nationale, comme la loi l'y obligeait. Une décision de justice en juillet 2013 a donc jugée ces nominations illégales. Jonathan se plie à cette décision en janvier, lorsque l'avocat à l'origine de la plainte lui écrit afin de lui demander de la respecter. Le nouvel état-major est nommé en concertation avec l'assemblée nationale16. Ce renvoi est toutefois interprêté diversement puisque d'autres médias considèrent que le limogeage de son état major est dû à l'incapacité de ce dernier à lutter contre Boko Haram, un groupe terroriste islamiste.


70e D-Day. Comment stationner et circuler à Carentan mercredi 4 juin ?

$
0
0

Où garer sa voiture ? Comment circuler dans la ville entre les différentes cérémonies ? Ouest-France fait le point sur la circulation du mercredi 4 juin à Carentan.

La cérémonie internationale aura lieu mercredi à 17h au monument du Carré de Choux

La cérémonie internationale aura lieu mercredi à 17h au monument du Carré de Choux

A Carentan, les principales manifestations liées au 70e anniversaire du Débarquement auront lieu mercredi 4 juin, avec des parachutages à 14h, l'inauguration du monument Cole à 15h30, une cérémonie internationale à 17h au monument du Carré de Choux.

Où seront les parkings ? Quelles seront les routes coupées à la circulation ? Nos conseils et notre carte dans l'édition Ouest-France de ce samedi 31 mai.

70e D-Day. Ils se souviennent de la nuit du Débarquement

$
0
0

Clotilde Canuet, Janine Benoist, Madeleine Bellanger, Élie Lebouvier et Roger Lemoine se souviennent de la nuit du 6 juin 1944 et du Débarquement des Alliés.

 

Mémoire vive, à 86 ans, Madeleine Bellanger devenue Leprince se souvient du 6 juin 1944 à Percy, sur les hauteurs de la Crique.

Mémoire vive, à 86 ans, Madeleine Bellanger devenue Leprince se souvient du 6 juin 1944 à Percy, sur les hauteurs de la Crique.

« Les gens étaient heureux »

« Les voisins... Tout le monde était content. Les gens étaient heureux. Ils disaient : Ça y est, c'est le Débarquement ! Les Américains allaient être là en deux jours... » Clotilde Canuet, de son nom de jeune fille, vivait à La Bélouze, aux confins du Chefresne et de La Colombe. Elle avait 12 ans, le 6 juin 1944.Si elle ne se souvient pas exactement comment la nouvelle a été connue « dans la matinée », elle a gardé en mémoire le souvenir des avions « qui volaient si bas, si bas, la veille de la confirmation religieuse à Percy ». Oiseaux de bon augure. Mais porteurs de mort possible. « Ça s'était vite terminé. » Chacun était rentré chez soi. Le lendemain, elle et ses camarades avaient été renvoyées de l'école « par Madame Vigot, la maîtresse ».

« Je me doutais bien qu'il se passait quelque chose »

Janine Benoist, elle, se souvient d'un « temps brumeux ». Au Mesnil-Coq, « on entendait les bourdonnements d'avions ». Ils volaient à basse altitude, « par vagues ». La gamine de 10 ans « se doutait bien qu'il se passait quelque chose ».

« C'est la fin du monde »

La nuit du Débarquement ? Madeleine Bellenger, 16 ans, dormait à poings fermés, fatiguée par une fête la veille. « C'est une camarade qui dormait dans mon lit qui m'a dit : Mais Madeleine, tu n'entends pas les avions ? »À la Crique, « à 5 h, la terre a volé dans les carreaux de la chambre. Trois bombes étaient tombées à 150 m. Les vaches meuglaient. Une voisine a dit : C'est la fin du monde. Mon père, en apercevant les camions allemands qui montaient vers Saint-Lô a dit : C'est le Débarquement. » C'était bien ça.

« On n'a rien vu du tout »

Au Hamel-Lelégard, le 6 juin 1944, « on n'a rien vu du tout », assure Élie Lebouvier qui allait avoir 18 ans deux mois plus tard. « Les premiers bruits entendus, c'est quand Saint-Lô a été touché. »

« L'annonce de Débarquement par le bouche-à-oreille »

Roger Lemoine habite toujours à Margueray. Son domicile était situé à côté du carrefour de l'Enseigne, cible de l'aviation américaine pour couper la retraite des nazis.

« Le 6 juin 1944, à 6 h, dans mon lit, j'ai entendu les vrombissements. Les avions tournaient en rond et repéraient le carrefour. Je suis sorti sur le seuil, le haut-jour de la porte m'est tombé sur la tête. Seize bombes sont tombées. Pas une sur la route, juste une dans un fossé. Je ne me souviens plus comment on a su pour le Débarquement. Par le bouche à oreille sûrement. »

Gunsche Otto

$
0
0

Otto Günsche, né le 24 septembre 1917 et mort le 2 octobre 2003, est un militaire allemand. A la base soldat dans la Wehrmacht, il est repéré par sa forte stature et embauché par la SS

June 1943. Otto Günsche, Traudl and Hans Junge, and Erich Kempka.

June 1943. Otto Günsche, Traudl and Hans Junge, and Erich Kempka.

Il entre dans la formation des gardes du corps de Hitler (Leibstandarte). Sa bonne allure (1.97m) ainsi que son attitude affable lui attire les faveurs de Hitler qui l'appelle à son service le 13 janvier 1943. Il devint son garde du corps personnel, appelé aussi officier d'ordonnance (ou aide de camp). A ce titre il suivit pas à pas Hitler jusqu'à sa mort. Son témoignage a donc une grande valeur. Il fut un Sturmbannführer (commandant) SS et un proche d'Adolf Hitler. Celui-ci lui demanda de s'assurer que son corps serait détruit après sa mort. Il quitta le bunker le 30 avril 1945 après avoir brûlé les corps d'Adolf et Eva Hitler dans le jardin de la Chancellerie et fut capturé par les troupes soviétiques.

Il fut un Sturmbannführer (commandant) SS et un proche d'Adolf Hitler. Celui-ci lui demanda de s'assurer que son corps serait détruit après sa mort. Il quitta le bunker le 30 avril 1945 après avoir brûlé les corps d'Adolf et Eva Hitler dans le jardin de la Chancellerie et fut capturé par les troupes soviétiques. Ces derniers l'interrogèrent longuement lui et son compatriote Heinz Linge (majordome de Hitler) pour s'assurer définitivement de "quand et comment" Hitler est mort. Fyodor Parparov est chargé des interrogatoires.

Il fut relâché en 1956, il retourna vivre en Allemagne (RDA) où il est mort d'une attaque cardiaque, chez lui à Lohmar en 2003. Avant sa mort il participa à un documentaire TV sur son rôle pendant la guerre. Tout ce qu'il dit aux services soviétiques durant sa captivité fut conservé dans les archives du Kremlin (Dossier Hitler 462 A), jusqu'en 1994 où un hitsorien allemand (Matthias Uhl) les a retrouvé et décidé de les publier. Cela devint Le dossier Hitler en français. En plus des confessions de Gunsche s'y trouvent également celles de Linge.

Supreme Headquarters Allied Expeditionary Force (SHAEF)

$
0
0

Le Supreme Headquarters Allied Expeditionary Force (SHAEF) fut le quartier général des forces alliées en Europe nord-occidentale, de fin 1943 à la fin de la Seconde Guerre mondiale.

Dwight David Eisenhower

Dwight David Eisenhower

Dwight David Eisenhower en fut le général en chef. Lors de la conférence inter-alliée d’Anfa à Casablanca le 14 janvier 1943, il avait été décidé de la création provisoire d’une structure chargée d'entamer la planification d'un débarquement sur le front Ouest : le COSSAC (Chief of Staff to Supreme Allied Commander) vit donc le jour et connu, comme premier responsable, le général britannique Frederick E. Morgan. Il fut dissout, après la victoire sur l'Allemagne nazie, le 14 juillet 1945.

La mission du COSSAC était la suivante :

 

  • Préparer une diversion afin que les Allemands concentrent leurs troupes sur le Pas de Calais.
  • Préparer une opération permettant de soulager l'URSS en ouvrant un nouveau front à l'Ouest.


Le COSSAC tint sa première réunion le 17 avril 1943 et permit d'arrêter rapidement quelques choix. Après les enseignements tirés du débarquement « test » de Dieppe les grands principes suivants avaient été posés :
 

  • La capture d’un port d’envergure était vitale.
  • Le rayon d’action de l’aviation obligeait une intervention dans une zone située entre Knokke et Cherbourg.
  • Les plages devaient être assez vastes pour donner suffisamment de liberté aux troupes et matériels.


Le problème du COSSAC était que le général de corps d'armée (lieutenant general) Sir Frederick Morgan, son responsable, ne disposait d’aucun pouvoir décisionnaire : ce qui ne faisait guère avancer le projet. Ce n’est que le 6 décembre 1943 que les choses se décantèrent par la désignation d’un nouveau responsable en la personne du général d'armée (general) Dwight D. Eisenhower et la création d’une nouvelle structure : le SHAEF (Supreme Headquarters Allied Expeditionary Force ou "État-major suprême des Forces expéditionnaires alliées").

L'organisation du SHAEF est simple à l'extrême, claire autant qu'elle épargne les susceptibilités : toutes les qualités de son commandant en chef y sont présentes. Ike demande tout d'abord au général d'armée aérienne britannique (Air chief marshal) Sir Arthur Tedder, commandant en chef des forces alliées en Méditerranée, de devenir son adjoint.

Chaque arme sera ensuite représentée par un chef suprême lui-même sous l'autorité d'Eisenhower et de Tedder :

 

  • La responsabilité des forces navales incomba au candidat tout désigné qu'était l'amiral (Admiral) Sir Bertram Ramsay qui avait dirigé les débarquements de l'opération Torch en Afrique du Nord.
  • À la tête des forces aériennes tactiques, on appela le général d'armée aérienne (Air chief marshal) Sir Trafford Leigh-Mallory auquel on adjoindra le général de corps d'armée (lieutenant general) Walter Bedell Smith (chef d'état-major américain).
  • L'ensemble des forces terrestres seraient sous l'autorité du général d'armée (general) Sir Bernard Montgomery


Toute l'habileté de cette organisation réside en majeure partie dans le poste qu'occupe Montgomery. En effet, sous la responsabilité de l'officier anglais se trouvent :
 

  • Le général de corps d'armée (lieutenant general) Omar Bradley Ire armée US
  • Le général de corps d'armée (lieutenant general) Miles Dempsey IIe armée Britannique


La totalité de la Ire armée américaine se trouve sous commandement britannique, ce qui tend à équilibrer les rapports de force entre les Alliés : cet organigramme ne soulèvera que très peu de commentaires et fera très rapidement l'adhésion de tous. Une véritable force face à la difficulté de la tâche et un énorme avantage comparé à la grande complexité de l’organisation allemande du front Ouest, qui affichera ses limites lors de la bataille de Normandie. Le principal interlocuteur français auprès du SHAEF est le général Marie-Pierre Kœnig, même si les contacts sont également fréquents avec Juin (et son adjoint Sevez) ou de Gaulle lui-même.

En juillet 1944, 4 914 hommes faisaient partie du SHAEF. Au 1er janvier 1945, on comptait 16 000 hommes dont 2 700 officiers et en mai 1945, 30 000 militaires et civils dont 996 correspondants de guerre. Le SHAEF commanda un grand nombre de formations opérant sur le front de l'Ouest, principalement des forces terrestres de l'US Army, de la British Army, de l'armée canadienne et des FFL; Il y eu un total de trois groupes d'armées, contrôlant un total de huit armées :

 

  • 1re armée aéroportée alliée
  • 21e Groupe d’armées britannique
  • 1st Canadian Army
  • 2nd British Army
  • American 12th Army Group
  • 1st United States Army
  • 3rd United States Army
  • 9th United States Army
  • 15th United States Army
  • American 6th Army Group
  • 1re Armée française
  • 7th United States Army


Le SHAEF controla de grandes forces navales durant l'opération Neptune, la phase d'assaut d'Overlord, ainsi que deux forces aériennes tactiques : la 9th USAAF et la RAF Second Tactical Air Force. Les forces de bombardement stratégique alliées basées au Royaume Uni furent également sous son commandement durant Overlord.

Kieffer Philippe

$
0
0

Philippe Kieffer, né à Port-au-Prince (Haïti) le 24 octobre 1899 et mort à Cormeilles-en-Parisis le 20 novembre 1962, est un officier de la Marine nationale française et Compagnon de la Libération. Durant la Seconde Guerre mondiale, il a créé et dirigé les premiers commandos de la marine française, connus sous le nom des Commandos Kieffer.

 

Kieffer Philippe

Marie-Joseph-Charles-Philippe Kieffer nait à Haïti, d'une famille catholique d'origine alsacienne. Son père avait fui l'annexion et s'était installé en Haïti où il avait épousé une Anglaise. Le couple aura quatre enfants, dont Philippe, né le 24 octobre 1899. Philippe Kieffer passe ensuite ses années de lycée à Jersey. Il poursuit ses études aux États-Unis et est diplômé d'une haute école commerciale à Chicago. Il devient directeur de banque, d'abord en Haïti où il se marie et où naissent ses deux premiers enfants ; il y est codirecteur de la Banque nationale de la République d’Haïti, ainsi que secrétaire de la chambre de commerce3. Il est ensuite directeur de banque aux États-Unis, puis au Canada. Selon Taillemite, il est plutôt fonctionnaire colonial en Afrique Équatoriale française.

Il est à New York lorsque la guerre s'annonce. Il revient en France en mai 19393 pour y rejoindre sa famille . Malgré son âge (40 ans), il se présente comme volontaire et officier de réserve. D'abord sous-lieutenant, interprète militaire dans l'armée de terre, il entre dans la Marine le 10 septembre 1939 comme quartier-maître secrétaire auprès de l'amiral Nord. Il est affecté au cuirassé Courbet et participe à la bataille de Dunkerque. Après la défaite de la France, l'enseigne de vaisseau Kieffer répond à l'appel du général de Gaulle en partant pour le Royaume-Uni dès le 19 juin 1940. Il s'engage dans les Forces navales françaises libres, le jour de leur création, le 1er juillet 1940. Impressionné par les méthodes des commandos britanniques, il constitue en 1942 la « Troop 1 » des Commandos français avec une vingtaine de volontaires, dans les environs de Portsmouth. En 1943, le 1er Bataillon (1er B.F.M.C) est fort de Trois Troops la no 1, la no 8 du capitaine Trepel — qui disparaît au cours d'un raid nocturne — et la Troop d'Appui (K-Guns).

C'est au redoutable Centre d'entraînement commando d'Achnacarry en Écosse que ces hommes ont été formés et ont reçu le fameux béret vert. En mai 1944, quelques semaines avant le Débarquement, ils reçoivent leur propre insigne : écu de bronze chargé du brick de l'aventure et barré du poignard des commandos avec dans le coin sénestre la croix de Lorraine et souligné d'une banderole portant l'inscription « 1er Bon F.M.Commando ». Ils le porteront sur le béret vert « à l'anglaise » c'est-à-dire sur le côté gauche. Le dessin est dû à l'un d'entre eux, le caporal Maurice Chauvet. Appréciant à leur juste valeur les qualités des Français, les Britanniques incorporent le Bataillon au sein du Commando no 4 de la Brigade des Forces spéciales. Il aura l'honneur suprême de débarquer le premier en France au Jour J.

Le commando Kieffer était composé de fusiliers marins qui s'étaient, pour la plupart, engagés dans les Forces navales françaises libres — aux côtés des bérets verts britanniques — alors qu’ils se trouvaient au Royaume-Uni. Certains rejoignirent les FNFL après l'évacuation de Dunkerque d’autres s'évadèrent de France occupée ; enfin un groupe arriva d’Afrique. Quarante pour cent des fusiliers marins de ce commando étaient bretons. Ils durent subir le dur entrainement et la sélection impitoyable au Centre Commando d'Achnacarry en Écosse où ils gagnaient le droit au port du béret vert mythique. Les Français de la 1re compagnie avaient participé au raid sur Dieppe aux côtés des commandos britanniques et canadiens « Opération Jubilé ».

Promu lieutenant de vaisseau, puis capitaine de corvette à la veille du Jour J, Kieffer débarque le 6 juin en Normandie à la tête de ses hommes du 1er bataillon de fusiliers marins commandos fort de deux Troops de combat et d’une 1/2 Troop d’appui (K-Guns), en tout 177 hommes. Ils débarquent sur la plage Sword à Colleville-Montgomery, malgré des pertes significatives — en tout pour le 6 juin : deux officiers et huit hommes tués plus des blessés — ils s’emparent d’une pièce de 50 mm encuvée qui avait mis à mal la péniche LCI 523 (1re Troop), puis de l'ex-casino de Riva-Bella avant de s’enfoncer dans les terres par Colleville et Saint-Aubin-d'Arquenay pour faire jonction à Pegasus Bridge (Bénouville) avec les Airborne britanniques de la 6e DAP. Ils y arrivent vers 16h30. Kieffer sera blessé deux fois ce jour-là. Au soir du 6 juin, le 1er B.F.M.C aura perdu presque 25 % de ses effectifs. Il occupe alors les lisières du Plain vers 20h00.

Au cours de la dure campagne de Normandie, les commandos restèrent en première ligne (secteur Le Plain - Amfreville) et combattirent jusqu’au 27 août 1944, puis le Bataillon fut recomplété en Grande-Bretagne pour de futures missions. En novembre 1944, le 1er BFMC fut débarqué sur l’île de Walcheren en Hollande, s’empara en combattant de Flessingue, dans le cadre d’une opération combinée alliée avec les commandos britanniques dans le but de dégager les accès du port d'Anvers. Aujourd’hui, deux des cinq commandos marine français portent le nom d’un officier du 1er B.F.M.C mort au combat  :

  • Commando Hubert (nageurs de combat du COS)
  • Commando Trépel
  • Un sixième commando a été créé à l'été 2008 et porte le nom de Commando Kieffer.

Les commandos de marine français actuels ont conservé le béret vert britannique, porté à gauche, le badge venu de leurs Anciens et les fourragères gagnées au cours de bien des actions d’éclat. La guerre finie, Philippe Kieffer quitte l’armée et est élu conseiller général d'Isigny-sur-Mer (Calvados) en septembre 1945, sous l'étiquette France Combattante-MRP. Il en démissionne le 2 juin 1946 après son échec aux élections législatives. Il est également conseiller municipal de Grandcamp-les-Bains (Calvados) où il possède une résidence, non loin des lieux du débarquement. Membre de l'Assemblée consultative en 1945, il a participé après la guerre à l'État-major des Forces Interalliées. Il est nommé capitaine de frégate en 1954.

En 1950, il s'installe avec sa famille à Cormeilles-en-Parisis (actuel Val-d'Oise). En 1962, il est conseiller sur le film Le Jour le plus long (dans lequel son rôle est tenu par Christian Marquand). Atteint d'hémiplégie, il meurt cette même année dans sa maison de Cormeilles-en-Parisis et est inhumé à Grandcamp-les-Bains. Son livre de souvenirs, Béret vert, paru en 1948, est un classique du genre. En sa mémoire, un centre de Préparation militaire marine (PMM) a repris son nom. Originellement spécialisée dans la formation de commandos de marine et fusiliers marins, et fermée suite à la suspension du service militaire, cette PMM a repris en 2005. Le 8 mai 2008, sur la plage de Ouistreham où se tenait pour la première fois les commémorations nationales du 8 mai, le Président de la République Nicolas Sarkozy a annoncé, la création d'un sixième commando de marine qui portera le nom de Commando Kieffer. Ce commando sera spécialisé dans les nouvelles technologies. Le 11 novembre 2009, un monument à la mémoire de Philippe Kieffer a été dévoilé devant les locaux de l'Ambassade de France en Haïti par le Président René Préval et l'une des filles du Commandant, Mme Dominique Kieffer-Salvar.

Distinctions et hommages

  • Commandeur de la Légion d’honneur le 22 novembre 1955. Sa croix de chevalier lui a été remise le 29 mai 1945 dans la cour du ministère de la Marine.
  • Compagnon de la Libération - décret du 28 août 1944 (croix no 828)
  • Croix de guerre 1939-1945 (6 palmes de bronze et 1 étoile de bronze)
  • Croix du combattant
  • Médaille commémorative des services volontaires dans la France libre (1940)
  • Médaille commémorative de la guerre 1939-1945 avec agrafes "France", "Grande-Bretagne", "Libération", "Allemagne"
  • Médaille de la France libérée
  • Insigne des blessés militaires (blessé le 6 juin 1944, évacué le 8 juin)
  • Médaille d'honneur pour acte de courage et de dévouement (bronze)
  • Médaille de la jeunesse et des sports (argent)
  • Membre de l’Ordre de l'Empire britannique (MBE)
  • Military Cross britannique (MC), remise le 16 juillet 1944 par le maréchal britannique Bernard Montgomery
  • 1939-45 Star britannique
  • France and Germany Star britannique
  • Defence Medal 1939-45 britannique
Viewing all 30791 articles
Browse latest View live


Latest Images