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Aktion T4

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Le programme Aktion T4 est la désignation courante, après la Seconde Guerre mondiale, pour l'assassinat systématique de plus de 100 000 aliénés et handicapés pendant la période du nazisme. 
 

Leonardo Conti

Leonardo Conti

Ces assassinats systématiques sont décidés dès juillet 1939. Le bureau central est une villa au numéro 4 de la Tiergartenstraße à Charlottenburg, un des quartiers résidentiels de Berlin. La désignation « Aktion T4 » ne se trouve toutefois pas dans les documents de l'époque. On y trouve les termes Aktion, EU-Aktion ou E-Aktion.

Ce programme tire son origine de la théorie d'hygiène raciale développée dans les années 1920 ; il est lié à l'un des buts affichés de l'idéologie nationale-socialiste, à savoir la « destruction de la vie sans valeur ». Bien que ce soit le terme employé, il ne s'agit pas d'euthanasie dans le sens d'une aide à la mort souhaitée par un patient incurable, mais d'une exécution planifiée et systématique des « malades héréditaires, des fous, des personnes handicapées et des personnes socialement ou racialement non-souhaitées ». Le programme nommé « Aktion T4 » entre dans le cadre de la mise en application graduelle de l'un des noyaux de l'idéologie national-socialiste : la « réévaluation » ou le « réordonnement » du peuple allemand.

Ce programme comporte également des mesures économiques, telles des allocations familiales, l'allègement des impôts et l'attribution de « colonies » (Siedlerstellen) et de fermes à certaines familles ; ces mesures visent à promouvoir positivement l'augmentation du nombre d'enfants conformes aux critères raciaux recherchés par le national-socialisme. Des mesures sont également mises en place pour diminuer la proportion de la population non conforme aux critères non raciaux, dont les personnes souffrant de maladies héréditaires, par l'élimination des « vies sans valeur ». La mise en œuvre de l'idéologie eugéniste nationale-socialiste se résume en ces deux parties complémentaires : la promotion et la destruction.

En juillet 1939 a lieu une réunion entre le chef de la Santé du Reich, le Dr Leonardo Conti, le chef de la chancellerie du Reich, Hans Heinrich Lammers et le chef du Parteikanzlei (Secrétariat du parti NSDAP), Martin Bormann. L'objet des discussions est la poursuite des mesures de « destruction des vies sans valeur » et l'intégration des malades psychiques au programme. Becker était le spécialiste allemand de la mise à mort des êtres humains par gaz (zyklon B) dans le cadre de l'opération dite d'euthanasie. Après la fin de sa mission dans le cadre de l'action T4, il est affecté aux questions techniques des gazages à l'est. Fin 1941 et début 1942, il a visité tous les Einsatzgruppen opérant en URSS avec des camions à gaz pour tuer femmes, enfants, juifs et tziganes.

L'ordre donné par Hitler

« Adolf Hitler, Berlin - le 1er septembre 1939 - Le Reichsleiter Bouhler et le docteur en médecine Brandt sont chargés, sous leur responsabilité, d'étendre les attributions de certains médecins à désigner nominativement ceux-ci pourront accorder une mort miséricordieuse aux malades qui auront été jugés incurables selon une appréciation aussi rigoureuse que possible. Adolf Hitler. » (cité dans Eugen Kogon/Hermann Langbein/Adalbert Rückerl - "Les chambres à gaz, secret d'État" - Seuil, 1987, p. 28).

Les installations T4

 

  • Grafeneck Gomadingen Bade-Wurtemberg - 20 janvier 1940 - décembre 1940
  • Brandebourg-sur-la-Havel Brandebourg - 8 février 1940 - Octobre 1940
  • Schloss Hartheim - Alkoven près de Linz Haute Autriche - 6 mai 1940 - décembre 1944
  • Sonnenstein  Pirna- Saxe - Juin 1940 - Septembre 1942
  • Bernburg Saxe-Anhalt - 21 novembre 1940 - 30 juillet 1943
  • Hadamar Hesse - Janvier 1941 - 31 juillet 1942

 

Le château d'Hartheim a abrité l'une des six stations d'euthanasie T-4. Entre 1939 et 1941 six stations d'euthanasie T-4 ont été construites dans le Reich allemand : Dans les domaines annexés par l'Allemagne au nord et à l'ouest de la Pologne (Reichsgaue Danzig-Prusse occidentale et Wartheland) existaient d'autres installations d'extermination ne faisant pas partie du programme T4.


Hoover Edgar John

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John Edgar Hoover (1er janvier 1895 - 2 mai 1972) a été le directeur du Federal Bureau of Investigation (FBI) du 10 mai 1924 à sa mort, soit durant 48 ans.

John Edgar John Hoover

John Edgar John Hoover

Il est à ce jour celui qui est resté le plus longtemps à la tête d'une agence fédérale américaine, ayant servi sous huit présidents, de Calvin Coolidge à Richard Nixon. Après lui, un mandat de dix ans a été instauré pour le chef du FBI. Il est reconnu comme le créateur d'une agence chargée du maintien de la loi efficace, tout en étant accusé d'abus d'autorité sur ses propres agents du FBI, de chantage envers de multiples sénateurs et autres personnalités publiques, persécution politique (distillations de fausses rumeurs...), d'être corrompu par la mafia qui put ainsi se développer fortement sans crainte du FBI (séjours luxueux en Floride, parties « fines », trucage des paris qu'Hoover adorait faire sur les courses hippiques). Par son programme COINTELPRO, les agents du FBI purent harceler, perturber et détruire les « ennemis » comme le Black Panther Party et autres formations politiques de gauche.

Les détails du début de sa vie sont assez peu connus. La source de la plupart des renseignements est une enquête du journaliste Jack Alexander. Hoover est né à Washington, D.C. (États-Unis), bien que son certificat de naissance ne date que de 1938, éduqué à l'Université George Washington, diplômé en 1917 en droit. Sans s'engager pour la Première Guerre mondiale, il trouve du travail dans le Département de la Justice (aidé par un oncle, juge). Il se place dans le sillage de l'Attorney General (Ministre de la Justice) du moment, le démocrate Alexander Mitchell Palmer, inventeur du « péril rouge », qui en fait rapidement son assistant spécial. Il est promu à la tête de la section Enemy Aliens Registration, puis, en 1919, directeur de la toute nouvelle General Intelligence Division du Département de la Justice.

Il rejoint ensuite le Bureau of Investigation (BOI, ancêtre du FBI) comme directeur adjoint, et il en est nommé directeur en 1924. Il a alors 29 ans. À cette date, le BOI compte environ 650 employés, dont 441 agents spéciaux. En 1933, à la suite de l'élection de Franklin Delano Roosevelt à la présidence des États-Unis, la place d'Edgar Hoover s'en trouve menacée. En effet, Roosevelt pressentit Thomas James Walsh comme ministre de la Justice. Ce dernier s'était empressé de répondre favorablement à la proposition de Roosevelt, déclarant ses intentions au New York Times « d'un probable renouvellement de tous les directeurs de bureau ». Thomas James Walsh avait effectivement eu un différend avec Edgar Hoover durant les années 1920 et avait bien l'intention de l'écarter de son poste. Fort heureusement pour Hoover, Walsh mourut le 2 mars 1933 d'une thrombose coronarienne dans le train qui devait le mener le jour même au Ministère de la Justice où il s'apprêtait à entrer.

Après que le BOI a été renommé en « Federal Bureau of Investigation » en 1935 et ses pouvoirs étendus, Hoover devint prééminent dans le renseignement domestique à partir de 1939. Il a été accusé à de nombreuses reprises de porter atteinte à la vie privée d'autrui en mettant un grand nombre de personnalités (Martin Luther KingMarilyn Monroe, ou encore Frank Sinatra) sous écoute par le biais de micros placés dans diverses résidences. Hoover a obtenu une grande influence en établissant des dossiers sur les gens, particulièrement sur les personnalités politiques (les nombreuses liaisons extra-conjugales de ces derniers étaient du pain béni pour Hoover - il ordonna par exemple une enquête sur l'homosexualité présumée de Jack Valenti, conseiller spécial du président Lyndon B. Johnson), qui n'étaient pas toujours inclus dans les dossiers officiels du FBI. Cet héritage non officiel n'est cependant qu'une rumeur, car sa secrétaire de toujours, Helen Gandy, détruisit tous ses fichiers dans les années qui suivirent la mort de Hoover. Cependant, de nombreux agents du FBI ou de hauts responsables ont depuis apporté des témoignages sur le « système Hoover » (comme, par exemple, un collaborateur de Bob Kennedy, lorsque celui-ci était ministre de la justice, ou un des conseillers politiques du président Lyndon B. Johnson).

Nombreuses ont été les spéculations sur son homosexualité ou son goût pour le travestissement. Il était aussi connu comme un raciste endurci (il haïssait par exemple Martin Luther King) alors que lui-même aurait eu des origines mulâtres. Son bras droit, Clyde Tolson, a été son compagnon durant plus de quarante ans (il ne manquait jamais un repas sans son « bras droit »), et ils partaient très souvent ensemble en vacances. Des rumeurs insinuaient que la mafia de Chicago le faisait régulièrement chanter avec des photos compromettantes, ce qui expliquerait pourquoi il ne l'a jamais combattue (lorsqu'il parlait de Hoover, Frank Costello, le parrain de l'époque, le qualifiait de « good people » : terme mafieux qui se réfère à des personnes que l'on contrôle). Sous le gouvernement Kennedy, il dut cependant attaquer la mafia, mais cette « nouvelle politique » cessa aussitôt avec la mort de Kennedy.

Depuis les années 1940, circulaient des rumeurs mal étayées selon lesquelles Hoover était homosexuel. On a émis l'hypothèse que Clyde Tolson, directeur adjoint du FBI qui devait être son héritier, peut aussi avoir été son amant. Certains auteurs ont rejeté comme peu probables les rumeurs sur la sexualité de Hoover et sur ses relations avec Tolson en particulier, tandis que d'autres les ont dites probables voire « assurées », et d'autres encore se contentaient de signaler des rumeurs sans se prononcer. Hoover a parlé de Tolson comme de son alter ego : non seulement ils travaillaient en étroite collaboration au cours de la journée, mais c'est également ensemble qu'ils prenaient leurs repas, allaient en boîtes de nuit et passaient leurs vacances. Cette intimité entre les deux hommes est souvent citée comme la preuve que ils étaient amants, même si certains employés du FBI qui les connaissaient, comme W. Mark Felt, disent que leur relation était simplement « fraternelle ».

Tolson hérita de la propriété de Hoover où il s'installa, après avoir accepté le drapeau américain qui drapait le cercueil de son ami. Il est enterré à quelques mètres de Hoover dans le cimetière du Congrès. L'avocat Roy Cohn, qui fut un associé de Hoover au cours des enquêtes des années 1950 sur les communistes et qui était lui-même un homosexuel discret, était d'avis que Hoover avait trop peur de sa propre sexualité pour entretenir quoi que ce fût qui pût s'approcher d'une relation sexuelle normale ou romantique. Dans sa biographie officielle et confidentielle de 1993, The Secret Life of J Edgar Hoover, le journaliste Anthony Summers s'appuie sur les affirmations de Susan Rosenstiel (qui par la suite fut détenue quelque temps à la prison de Rikers Island pour faux témoignage dans une affaire de 1971) : elle prétendait avoir vu Hoover pratiquer le cross-dressing au cours des années 1950 ; elle a attesté qu'à deux reprises elle avait vu Hoover portant une robe noire à volants et dentelle, des bas, des talons hauts et une perruque noire et frisée, en train de participer à des parties homosexuelles.

En 1958, le philanthrope Lewis Solon Rosenstiel, riche distillateur et bisexuel a demandé à Susan [Rosenstiel], sa quatrième épouse, si, ayant été auparavant mariée à un autre homme bisexuel pendant neuf ans, elle n'avait jamais assisté à « une partie homosexuelle ». Bien qu'elle eût à une occasion surpris son mari de soixante-huit ans au lit avec son avocat, Roy Cohn, Susan dit à Summers qu'elle n'avait jamais été invitée à assister à des rapports sexuels entre hommes. Peu après cette étrange question, le couple alla un jour avec le consentement de Susan au Plaza Hotel de Manhattan. Cohn, ancien collaborateur du sénateur Joseph McCarthy et courtier du parti républicain, les attendaient à la porte. Comme elle et son mari entraient dans l'appartement, « Susan a déclaré qu'elle avait reconnu un troisième homme: J. Edgar Hoover, directeur du FBI, qu'elle avait rencontré auparavant dans la maison qu'il possédait à New York City dans l'Upper East Side . Hoover, d'après les explications de Lewis, lui avait permis d'approcher des politiciens influents et il l'avait récompensé de ces faveurs, en partie en payant les dettes de jeu du directeurFBI du .

Summers raconte aussi que la mafia avait de quoi faire chanter Hoover, si bien que ce dernier avait hésité à poursuivre avec l’énergie nécessaire le crime organisé. Bien qu'elle n'ait jamais été corroborée, l'allégation de cross-dressing a été largement reprise, et « J. Edna Hoover » est devenu un thème de plaisanteries à la télévision, au cinéma et ailleurs. Parmi les mots de l'auteur Thomas Doherty : « Pour la culture populaire américaine, l'image du savoureux chef du FBI comme quelqu’un qui aurait voulu être Christine Jorgensen était trop délicieuse pour ne pas la déguster. » La plupart des biographes considèrent que l'histoire de ce chantage de la part de la mafia n’est guère vraisemblable à la lumière des enquêtes du FBI sur la mafia. On citera à l’appui Truman Capote, qui a aidé à diffuser ces rumeurs mais qui un jour a avoué qu'il cherchait beaucoup plus à rendre Hoover furieux qu’à savoir si les rumeurs étaient vraies.

Hoover a persécuté et menacé tous ceux qui lançaient des insinuations à propos de sa sexualité. Il a lui-même répandu en 1952 des rumeurs venimeuses et sans fondement sur l’homosexualité d’Adlai Stevenson afin de nuire à la campagne présidentielle de ce gouverneur libéral. Ses dossiers secrets très détaillés contenaient les résultats que lui avait apportés la surveillance des prétendues maîtresses lesbiennes d’Eleanor Roosevelt ; on suppose qu’il les avait rassemblés afin de la faire chanter. L'ouverture des archives soviétiques a fourni des preuves qu'il y avait eu une campagne soviétique pour discréditer les États-Unis en utilisant des allégations d’homosexualité afin de nuire à Hoover. Richard Hack, un biographe de Hoover, a toutefois signalé que ce dernier entretenait une liaison amoureuse avec l'actrice Dorothy Lamour vers la fin des années 1930 et au début des années 1940, et qu’après la mort de Hoover, elle n'a pas nié les rumeurs selon lesquelles elle avait eu une liaison avec lui entre les deux mariages de son amant. Hack rapporte en outre que, pendant les années 1940 et 1950, Hoover assistait si souvent à des manifestations mondaines en compagnie de Lela Rogers, la mère divorcée de la danseuse et actrice Ginger Rogers, que beaucoup de leurs amis communs pensaient vraiment que le couple finirait par se marier.

Un document obtenu par le Washington Post - grâce au Freedom of Information Act - a révélé que pendant longtemps le lobbyiste de Hollywood Jack Valenti, assistant spécial et confident du président Lyndon Johnson, avait fait l’objet d’une enquête de la part du FBI de Hoover en 1964. L'enquête avait été réalisée bien que, depuis deux ans, Valenti fût marié avec la secrétaire personnelle de Johnson, et était due à des rumeurs selon lesquelles il entretenait une relation homosexuelle avec un photographe professionnel de ses amis. Suite à son décès le 2 mai 1972, le président Richard Nixon organisa des funérailles nationales, privilège normalement réservé aux Chefs d'État.

Hemingway Ernest

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Ernest Miller Hemingway, plus connu sous le nom de Ernest Hemingway, né le 21 juillet 1899 à Oak Park dans l'Illinois aux États-Unis et mort par suicide le 2 juillet 1961 à Ketchum (Idaho), est un écrivain et journaliste américain.

Ernest Hemingway

Ernest Hemingway

Son style d'écriture, caractérisé par l'économie et la litote, ont influencé le roman du XXe siècle, comme l'ont fait sa vie d'aventurier et l'image publique qu'il entretenait. Il a écrit la plupart de ses œuvres entre le milieu des années 1920 et le milieu des années 1950, et sa carrière a culminé en 1954 lorsqu'il a remporté le Prix Nobel de littérature. Ses romans ont rencontré un grand succès auprès du public du fait de la véracité avec laquelle il dépeignait ses personnages. Plusieurs de ses œuvres furent élevées au rang de classiques de la littérature américaine. Il a publié sept romans, six recueils de nouvelles et deux œuvres non romanesques de son vivant. Trois romans, quatre recueils de nouvelles et trois œuvres non romanesques ont été publiées à titre posthume.

Hemingway est né et a grandi à Oak Park, une ville située en banlieue ouest de Chicago dans l'Illinois. Après avoir quitté le lycée, il a travaillé pendant quelques mois en tant que journaliste, avant de partir pour le front italien et devenir ambulancier pendant la Première Guerre mondiale, ce qui a servi de fondement à son roman L'Adieu aux armes. Il fut grièvement blessé et rentra chez lui la même année. En 1922, Hemingway épousa Hadley Richardson, la première de ses quatre épouses, et le couple s'installa à Paris, où il travailla comme correspondant étranger. Au cours de cette période, il rencontra et fut influencé par des écrivains et des artistes modernistes des années 1920 de la communauté expatriée connus sous le nom de Génération perdue. Son premier roman, Le soleil se lève aussi, a été écrit en 1926.

Après avoir divorcé d'Hadley Richardson en 1927, Hemingway épousa Pauline Pfeiffer; ils divorcèrent après le retour d'Hemingway d'Espagne où il avait couvert la guerre civile espagnole, qui lui permit d'écrire Pour qui sonne le glas. Martha Gellhorn devint sa troisième femme en 1940 mais il la quitta pour Mary Welsh Hemingway après la Seconde Guerre mondiale, période pendant laquelle il fut présent le jour du débarquement en Normandie et celui de la libération de Paris.

Peu de temps après la publication de Le Vieil Homme et la Mer, en 1952, qui lui valut le Prix Pulitzer en 1953, Hemingway participa à un safari en Afrique, où il faillit être tué dans un accident d'avion qui le laissa couvert de douleur et en mauvaise santé pendant une grande partie du reste de sa vie.

Hemingway avait habité à Key West, en Floride et à Cuba pendant les années 1930 et 1940 mais, en 1959, il quitta Cuba pour Ketchum, dans l'Idaho, où il se suicida au cours de l'été 1961.

Ernest Miller Hemingway est né à Oak Park près de Chicago, le 21 juillet 1899. Il est le fils de Clarence Hemingway, dentiste, et de Grace Hall, une musicienne dont le père était un grossiste en coutellerie très aisé. C'est le deuxième enfant d’une famille qui en comptera six : Marceline, née en 1898, Ernest, Ursula, née en 1902, Madeleine née en 1904, Carol, née en 1911, et enfin, Leicester Clarence, né en 1915. Ses deux parents avaient reçu une bonne éducation et étaient appréciés et respectés dans la communauté conservatrice de Oak Park.  Lorsque Clarence et Grace se marièrent en 1896, ils déménagèrent avec le père de Grace, Ernest Hall,  raison pour laquelle ils ont appelé leur premier fils Ernest. Hemingway disait ne pas aimer son prénom, qu'il associait au héros naïf, même fou de la pièce d'Oscar Wilde L'Importance d'être Constant . La maison de sept chambres de la famille dans un quartier respectable contenait un studio de musique pour Grace et un cabinet dentaire pour Clarence .

La mère de Hemingway donnait souvent des concerts dans les villages environnants. Hemingway adulte affirmait haïr sa mère, bien que le biographe Michael Reynolds souligne que Hemingway reflétait son énergie et son enthousiasme.  Son insistance à lui apprendre à jouer du violoncelle est devenu une «source de conflit», mais il a admis plus tard que les leçons de musique lui ont été utiles dans son écriture, comme dans la «structure contrapuntique» de Pour qui sonne le glas. La famille possédait une résidence d'été appelée Windemere sur les rives du lac Walloon, près de Détroit dans le Michigan, une région habitée par les indiens Ojibways. C'est là qu'Hemingway apprit avec son père à chasser, pêcher et camper dans les bois. En 1909, son père lui offre son premier fusil de chasse, pour son 10e anniversaire. Ses premières expériences dans la nature lui inculquèrent une passion pour l'aventure en plein air et la vie dans des régions éloignées ou isolées.

À partir de 1913, Ernest étudie à la High School d’Oak Park. Il découvre Shakespeare, Dickens, Stevenson, et participe activement à la vie sportive et culturelle de son école. En 1916, ses premières histoires et poèmes paraissent dans Tabula et Trapeze, des revues littéraires de l’école. Après avoir obtenu son diplôme en 1917, Hemingway renonce à suivre des études supérieures pour devenir journaliste au Kansas City Star, sous l’influence bienveillante de son oncle paternel, Alfred Tyler Hemingway.

Lors de l’entrée en guerre des États-Unis le 6 avril 1917, l'incorporation d'Hemingway est refusée une première fois à cause d’un œil défaillant. En avril 1918, il parvient cependant à incorporer la Croix-Rouge italienne et après avoir traversé l’Atlantique sur le Chicago, il débarque à Bordeaux, gagne Paris puis Milan, où il arrive le 6 juin. Après plusieurs semaines passées à l’arrière, il rejoint le front. Le 8 juillet, un tir de mortier le blesse aux jambes, tue un de ses camarades et en blesse grièvement deux autres. Alors qu’il tente de ramener un camarade vers l’arrière, il est de nouveau blessé par un tir de mitrailleuse, mais parvient à un poste de secours, avant de s’évanouir. Pendant sa convalescence de trois mois dans un hôpital de Milan, il s’éprend d’une jeune infirmière américaine, Agnes Von Kurowsky, qui lui inspirera le personnage de Catherine Barkley dans L'Adieu aux armes.

Au mois de mars 1921, Ernest Hemingway, journaliste auprès des troupes grecques, témoigne de la violence de l’affrontement à Inönü en Anatolie, au cours de la guerre gréco-turque. Il demeure, avec sa femme Hadley, au troisième étage du 74 rue du cardinal Lemoine (Paris); de janvier 1922 à août 1923.

Il prendra part comme journaliste à la guerre d'Espagne, aux côtés des Républicains (Pour qui sonne le glas, roman qui le rendra célèbre), il y rencontrera Malraux. Les carnages dont il est témoin le convainquent de la vacuité et du mensonge du langage abstrait.

Conséquence de son expérience sur les champs de bataille, il supprime de son écriture tous les mots inutiles, simplifiant la structure de la phrase et se concentrant sur les objets et les actions concrètes : « Ce qu'il faut, c'est écrire une seule phrase vraie. Écris la phrase la plus vraie que tu connaisses. » Dans la nouvelle Sur l'écriture, son personnage fétiche, Nick Adams, déclare vouloir « écrire comme Cézanne peint », c'est-à-dire en supprimant tous les « trucs » qu'affectionnent les autres écrivains (idée qui est développée de manière plus intimiste dans Paris est une fête).

Il adopte une éthique qui met l'accent sur le courage face à l'adversité ; ses héros sont des hommes forts, silencieux, et très curieux des femmes.

Hemingway revint en Europe à la fin de la Seconde Guerre mondiale, de juin à décembre 1944. Au moment du débarquement de Normandie, les responsables militaires qui le considéraient comme "une cargaison précieuse", le laissèrent sur une péniche de débarquement, contrairement aux affirmations de Hemingway qui prétendit être allé à terre. Vers la fin du mois de juillet, il fut attaché au 22e régiment d'infanterie commandé par le colonel Charles Buck Lanaham, qui se dirigeait vers Paris et il prit la tête d'un petit groupe de combattants à Rambouillet, dans la lointaine banlieue de Paris. Sur les exploits de Hemingway, l'écrivain de la Seconde Guerre mondiale, l'historien Paul Fussell remarque: « Hemingway créa une gêne considérable en jouant les capitaines d'infanterie pour un groupe de résistants qu'il avait rassemblé, car un correspondant de guerre n'est pas censé diriger de troupes, même s'il le fait bien ». Cela était contraire aux Conventions de Genève, et Hemingway se vit accusé de façon formelle mais il s'en tira en affirmant qu'il s'était simplement contenté de donner des conseils.

Il réussit à avoir une entrevue avec le général Leclerc au moment où celui-ci, pressé par le général de Gaulle, se demandait s'il investirait Paris malgré l'interdiction qui lui en était faite par sa hiérarchie américaine. Hemingway se présenta en tenue mi-militaire, mi-civile et demanda un blindé de reconnaissance, deux ou trois jeeps et une demi-douzaine d'hommes. Il voulait tout simplement libérer le bar du Ritz ! Hemingway garda une mauvaise image de ce général qui l'éjecta en le traitant de clown. Le 25 août, il fut tout de même présent à la libération de Paris, bien que les affirmations selon lesquelles il est entré en premier dans la ville, ou qu'il a libéré le Ritz sont considérées comme faisant partie de la légende. À Paris, il assista à une réunion organisée par Sylvia Beach et fit la paix avec Gertrude Stein. Hemingway fut présent lors de violents combats dans la forêt de Hürtgen vers la fin de 1944. Le 17 décembre, malade et fébrile, Hemingway se fit conduire au Luxembourg pour couvrir ce qu'on appellera plus tard la bataille des Ardennes. Cependant, dès son arrivée, Lanaham le conduisit voir les médecins, qui l'hospitalisèrent avec une pneumonie, et au moment où il sortit de l'hôpital, une semaine plus tard, les combats principaux étaient terminés.

Ernest Hemingway est l'un des représentants les plus typiques de ce que l'on a appelé, aux États-Unis, la « génération perdue » à savoir la génération qui fut jetée — voire pratiquement sacrifiée — dans la Première Guerre mondiale et dont les survivants sont revenus totalement désabusés. Partis en « mission » quasi héroïque, ils n'avaient croisé, en Europe, que les horreurs de la grande boucherie : des victimes misérables et des chefs de bataillons pitoyables. Ce choc porta un coup fatal à leurs idéaux de gloire, d'honneur ou de patrie.

Pour Hemingway, la vie a été la plus forte car il est parvenu, d'une certaine façon, à redonner un sens à l'aventure humaine à travers une œuvre qui va du scepticisme négateur et désespéré de ses premières œuvres aux affirmations et au stoïcisme de la maturité. Mais sa déchéance physique et son suicide marquent peut-être les limites de ce credo. Son talent narratif fait de lui l'un des écrivains les plus influents du XXe siècle.

L'auteur arrive toujours à capter l'intérêt du lecteur par l'évocation tragique des grands combats politiques du siècle (comme la guerre d'Espagne) ou par la promotion de certaines valeurs morales telles que le dépassement de soi ou le goût de l'aventure, et ce dans une écriture très simple, épurée à l'extrême, enchaînant les actions du récit de manière journalistique, voire presque « télégraphique », comme l'a expliqué le traducteur français de ses deux premiers romans, Maurice Edgar Coindreau. Ce style unique, parfaitement identifiable, fait de lui un écrivain à part dans l'histoire de la littérature mondiale. Pour Hemingway en effet, l'esthétique implique avant tout une éthique et non une métaphysique (comme l'écrivait Sartre sur Faulkner). Son œuvre est couronnée par le prix Nobel de littérature en 1954 « pour le style puissant et nouveau par lequel il maîtrise l'art de la narration moderne, comme vient de le prouver Le Vieil Homme et la Mer ». Il donnera à Stockholm, devant le jury de l'Académie suédoise, le discours le plus court de l'histoire de cette institution.

Devenu impuissant, se sentant sombrer dans la cécité à cause du diabète et touché par la folie (en fait un trouble bipolaire qu'il subit toute sa vie), il se suicide en 1961, d'un coup de fusil, lui qui avait toujours blâmé son père pour son suicide, considérant cela comme un acte de lâcheté.

Hemingway, grand amoureux des femmes, s'est suicidé de trop aimer, ne pouvant se résoudre d'avoir quitté sa femme aimée pour aller vivre avec sa maitresse. Amoureux de ces deux femmes, il ne put supporter l'absence de l'une des deux. Il semblerait que ce soit son trouble bipolaire qui explique son suicide.

Je suis partout

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Je suis partout était un journal français publié par Arthème Fayard, dont le premier numéro sortit le 29 novembre 1930. Pierre Gaxotte fut son responsable jusqu'en 1939. 
Je suis partout

Le dernier numéro est paru en août 1944.  Jusqu'en 1942, la rédaction se trouvait rue Marguerin avant de s'installer rue de Rivoli. Je suis partout, comme son nom l'indique, est un hebdomadaire fondé pour couvrir l'actualité internationale. Au départ, le journal n'est ni d'extrême droite, ni antisémite, ni même politiquement uniforme. Mais le noyau dur des rédacteurs clairement imprégnés de maurrassisme l'emporte assez rapidement : Pierre GaxotteRobert BrasillachLucien Rebatet, Pierre-Antoine Cousteau, Claude Jeantet, Bernard de Vaulx (ancien secrétaire de Charles Maurras), Maurice Bardèche, Alain Laubreaux, Claude Roy, Miguel Zamacoïs, Pierre Halévy, Pierre Drieu La Rochelle et le dessinateur Ralph Soupault, etc.

Les modérés quittent la rédaction. Le journal devient dès lors antiparlementaire, antidémocrate, nationaliste et convaincu de la « décadence » de la France. Il durcit rapidement ses positions, alors que la rédaction est de plus en plus séduite par les partis fascistes. Je suis partout plébiscite Mussolini dès 1932, dans un numéro spécial publié en octobre de cette année. Il soutient la Phalange espagnole, la Garde de fer roumaine et le petit mouvement d'Oswald Mosley. Il montre un grand intérêt pour Léon Degrelle et son mouvement fasciste, le Christus Rex. Le correspondant de l'hebdomadaire en Belgique est député rexiste dans les années 1930. Je suis partout se rapproche progressivement à partir de 1936-1937 du nazisme.

L'antisémitisme du journal se déchaîne après les émeutes de février 1934, puis encore plus après l'accession de Léon Blum à la tête du gouvernement en 1936. Il rivalise de racisme avec les publications nazies à partir de 1938 avec deux numéros spéciaux : « Les Juifs » (1938) puis « Les Juifs et la France » (1939). Dans ce deuxième numéro, Lucien Rebatet est l'auteur d’un long article sur « L’Affaire Dreyfus », article dans lequel la culpabilité de Dreyfus ne fait pas alors le moindre doute pour l’écrivain. Cette radicalisation effraie la librairie Fayard qui vend le journal en 1936 à de nouveaux actionnaires, dont le riche héritier d'origine argentine Charles Lesca, qui se définit comme un « fasciste authentique autant que calme » (en 1940, Alain Laubreaux et Charles Lesca sont arrêtés sur l'ordre de Georges Mandel). Je suis partout réclame un fascisme à la française : « On ne matera le fascisme étranger que par le fascisme français, le seul vrai fascisme. » (14 avril 1939). Il ne cache pas sa sympathie pour le Front de la liberté esquissé par Jacques Doriot avec les principaux mouvements d'extrême droite et le plus grand parti conservateur de l'époque, la Fédération républicaine. Jusqu'en 1941, Charles Maurras ne condamne pas ses disciples.

La rupture a lieu cette année-là, lorsque le journal, interdit en 1940, peu avant l'invasion allemande, reparaît et clame son collaborationnisme. Triomphant après avoir obtenu de reparaître sous l'occupation allemande, l'hebdomadaire multiplie les polémiques et les appels au meurtre contre les Juifs et les hommes politiques de la IIIe République. Ainsi, dans l'édition du 6 septembre 1941 Robert Brasillach écrit-il que « la mort des hommes à qui nous devons tant de deuils […] tous les Français la demandent.» Et dans celle du 25 septembre 1942 : « Il faut se séparer des Juifs en bloc et ne pas garder les petits. » Si Je suis partout n'est pas, tant s'en faut, le seul journal collaborationniste, il est le plus important et le plus influent. Ses rédacteurs revendiquent d'avoir été les pionniers du fascisme en France, même s'ils reconnaissent des précurseurs, comme Édouard Drumont et revendiquent, au moins en 1941, l'influence de Charles Maurras.

Ils travaillent aussi à La Gerbe, au Journal de Rouen, à Paris-Soir et plus encore au Petit Parisien, étendant ainsi leur influence. Je suis partout exerça une influence assez importante sur un lectorat plutôt jeune et intellectuel. Son audience devient plus grande sous l'Occupation : le tirage passe de 46 000 exemplaires de 1939 à 250 000 en 1942. Les écrivains Jean Anouilh, Marcel Aymé, et surtout Louis-Ferdinand Céline y publient des textes pendant cette période, malgré le déchaînement des articles politiques. Robert Brasillach est rédacteur en chef de juin 1937 à septembre 1943. Cette nouvelle donne comprend aussi: Georges Blond, Jean de La Varende, René Barjavel, Jean Meillonnas et Morvan Lebesque.

Après l'éviction de Robert Brasillach, jugé trop modéré, la direction est assurée par Pierre-Antoine Cousteau. Ce changement marque un dernier glissement : Je suis partout s'aligne intégralement sur le nazisme, oublie l'ouverture aux intellectuels qui avait fait une partie de son succès dans les années 1930 pour l'anti-intellectualisme des nazis et des fascistes les plus fanatiques, ouvre ses colonnes aux Waffen-SS. Plusieurs rédacteurs adhèrent au Parti populaire français (PPF) de Jacques Doriot et à la Milice. Cousteau et Rebatet clament le 15 janvier 1944 : « Nous ne sommes pas des dégonflés » et assurent la parution de l'hebdomadaire jusqu'en août.

Comité Ouvrier de Secours Immédiat (COSI)

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Le Comité ouvrier de secours immédiat, ou Cosi, (1942-1944) était une organisation « sociale » de la collaboration. 

Georges Yvetot et René MesnardGeorges Yvetot et René Mesnard

Georges Yvetot et René Mesnard

Le Cosi a été créé en mars 1942 par Charles Vioud, René Mesnard (Rassemblement national populaire ou RNP) et Jules Teulade (Parti populaire français ou PPF) à la suite de bombardements anglais sur la banlieue parisienne (bombardement des ateliers de réparation de chars allemands abrités par les usines Renault). Il s'agissait officiellement d'aider les familles ouvrières sinistrées par les bombardement (déblaiement, aide financière).

Dans l'esprit des autorités, le Cosi était cependant surtout un outil de la propagande du régime de Vichy et de la collaboration envers les milieux ouvriers. Plus grave encore, les sommes généreusement redistribuées aux familles de sinistrés ont pour une bonne part été prises sur les biens spoliés aux juifs. Le Cosi est ainsi financé à sa création par 100 millions de francs prélevés sur une « amende » d’un milliard prise au juifs au prétexte d’un "attentat" de la résistance. Ce sera aussi notamment le cas à Granville.

Le Cosi a réussi à attirer quelques vieux routiers de la gauche syndicale, d'anciens syndicalistes présents au RNP et au PPF (qui se disputèrent sa direction compte tenu des sommes à redistribuer), des membres du Parti ouvrier et paysan français (POPF ; ex : Berrar), etc. Le Cosi et le POPF (composé d'un bon nombre d'anciens élus communistes) furent les principales organisations collaborationnistes issues de la gauche révolutionnaire (anarchistes, communistes, syndicalistes révolutionnaires).

Personnalités du Cosi :
 

  • Fondateur : Charles Vioud, membre du PCF jusqu'en 1929, puis devient anti-communiste. Fondateur du Cosi en 1942.
  • 1er président : Georges Yvetot (1868-1942), anarchiste, grande figure historique du syndicalisme révolutionnaire, secrétaire de la Fédération des Bourses du travail de 1901 à 1918, de facto numéro deux du syndicalisme français à cette période, cofondateur de la Ligue antimilitariste. Premier président du Cosi pendant quelques semaines mais meurt en mai 1942.
  • Co-président après mai 1942 : René Mesnard : socialiste, puis RNP, dirige le journal l’Atelier. Tué par un avion allié en Allemagne en 1944.
  • Co-président après mai 1942 : Jules Teulade (1890-1974), membre de la SFIO et CGT. Après 1920, membre du PCF, secrétaire à la Fédération du bâtiment de la CGTU, délégué du Profintern en 1926-1928. Puis membre du bureau politique du PPF.
  • Trésorier : Marcel Bidegaray : ancien secrétaire général de la Fédération des travailleurs des chemins de fer de la CGT. Mort interné par les Alliés fin 1944.
  • François-Charles Carpentier (né en 1902), militant anarchiste, combattant de la guerre d'Espagne devenu très anticommuniste.
  • Ludovic Marchet (né en 1888), ouvrier socialiste, libre-penseur, franc-maçon, SFIO, CGT. Restera à la CGT-FO et à la SFIO après la guerre.
  • Marius Michel (né en 1906), responsable de l'union locale CGT de la Seyne.

Commission Warren

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La Commission présidentielle sur l'assassinat du Président Kennedy, connue sous le nom de Commission Warren est une commission présidentielle américaine créée par un décret du président Lyndon Johnson du 29 novembre 1963 pour enquêter sur les circonstances de l'assassinat du président Kennedy intervenu 7 jours plus tôt. La commission tient son nom officieux de son président, Earl Warren, alors président de la Cour suprême des États-Unis.

Commission Warren

Son rapport final de 888 pages fut présenté au président Johnson le 24 septembre 1964 et fut rendu public 3 jours plus tard. Il concluait que Lee Harvey Oswald avait agi seul dans l'assassinat du président Kennedy et la blessure du gouverneur du Texas John Connally. Dès leur publication, les conclusions de ce rapport ont prêté à fortes controverses, le travail de la commission fut critiqué point par point par certaines études ultérieures et conforté par d'autres.

Après le meurtre de Lee Harvey Oswald, suspect arrêté après le meurtre du Président, par Jack Ruby, le nouveau Président, Lyndon Johnson, décida, après diverses consultations, qu'il convenait de regrouper les différentes enquêtes en cours sous l'autorité d'une commission d'enquête fédérale. Par décret présidentiel du 29 novembre 1963, le Président créa la Commission qui devait être présidée par Earl Warren. Les autres membres de la Commission étaient :

 

  • Hale Boggs, un élu démocrate de Louisiane
  • John Sherman Cooper, un sénateur républicain du Kentucky
  • Allen Dulles, ancien directeur de la CIA
  • Gerald Ford, un élu républicain du Michigan (futur vice-président et président)
  • John J. McCloy, ancien président de la Banque mondiale et diplomate
  • Richard Russell, Jr., un sénateur démocrate de Géorgie
  • Arlen Specter, futur sénateur de Pennsylvanie, travaillait comme juriste pour la Commission.


Pendant les 10 mois que dura son enquête, la Commission entendit le témoignage de 552 témoins et étudia les rapports de 10 agences fédérales. Les audiences se tenaient à huis-clos, sauf lorsque le témoin demandait que celle-ci soit publique (seuls deux témoins émirent ce souhait). 400 personnes travaillaient pour la Commission et elle a coûté 10 millions de dollars. Elle remit son rapport le 27 septembre 1964, 5 semaines avant les élections présidentielles. Celui-ci était constitué d'un volume contenant son rapport et ses conclusions flanqué de 26 volumes abritant les témoignages et les pièces à conviction, soit un total de plus de 16 000 pages.

La Commission affirma qu'elle n'avait pu trouver aucun élément de nature à démontrer l'existence d'un complot et conclut que Lee Harvey Oswald est seul responsable de l'assassinat. La Commission affirma que Oswald avait tiré trois balles du cinquième étage de bâtiment connu sous le nom de Texas School Book Depository, étage où trois étuis de munitions furent retrouvés, ainsi que le fusil d'Oswald avec une munition chambrée.

La commission conclut :

 

  • que l'ensemble des blessures causées aux occupants de la limousine avait vraisemblablement été causé par deux balles et qu'un tir avait donc totalement manqué la voiture, mais ne put déterminer quel était le tir; la Commission d'enquête du Congrès sur les assassinats de 1979, le House Select Committee on Assassinations ou HSCA, conclut de son côté que deux tireurs et non pas un seul avaient causé les blessures;
  • que le premier tir à avoir causé des blessures avait frappé le président dans le haut du dos, était ressorti par sa gorge et avait vraisemblablement causé les blessures du gouverneur John B. Connally.


Ce second point est connu sous le nom de théorie de la balle unique (ou théorie de la balle magique par ses détracteurs) et est particulièrement important parce que le délai entre les blessures non fatales du président et celles du gouverneur est insuffisant pour permettre à un tireur de recharger. Lors de sa sortie en 1964, l'ensemble des dossiers de la commission furent déclarés secrets pour une période de 75 ans (jusque 2039). Depuis lors, cependant, la grande majorité des dossiers a été rendue publique et les dernières pièces devront l'être en 2017. Les résultats obtenus par la commission ainsi que ses méthodes ont été durement critiqués dans les années qui suivirent.

Trois autres enquêtes menées par les autorités américaines ont abouti également à la conclusion que le président avait été tué par deux tirs provenant de derrière lui : un panel d'experts rassemblés par le procureur général Ramsey Clark en 1968, une commission d'enquête présidentielle sur les activités de la CIA en 1975 (connue sous le nom de Commission Rockefeller, du nom de son président et le HSCA en 1979. Les conclusions du HSCA étaient cependant que l'assassinat du président était vraisemblablement le résultat d'une conspiration et qu'un quatrième tir avait été effectué face à la limousine présidentielle mais avait manqué sa cible. Toutefois, ces conclusions sur un quatrième tir ont été également critiquées, notamment parce qu'elles reposent essentiellement sur des preuves sonores dont l'interprétation est incertaine.

Les conclusions de la Commission Warren sont de manière générale fort critiquées, et si la majorité des citoyens américains pensent que Oswald a abattu le Président Kennedy, la majorité pense également que Oswald faisait partie d'une conspiration et donc ne croient pas la thèse officielle défendue par la Commission.

Camp de Dachau

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Le camp de Dachau fut mis en service le 31 mars 1933, quelques jours après le vote des pleins pouvoirs à Adolf Hitler par le Reichstag. Ce fut le premier camp de concentration important construit en Allemagne, l'un des rares construits avant la mort du président Paul von Hindenburg en 1934. 

Le Camp et le Mémorial Le Camp et le Mémorial

Le Camp et le Mémorial

Il fut tout d'abord le lieu d'internement des opposants politiques, mais il accueillit également par la suite des juifs de Bavière, des prisonniers de guerre soviétiques et des femmes ainsi que des homosexuels et Tsiganes. Chacun y connut la souffrance, la faim et y côtoya la mort. Dachau comptera plus de 100 kommandos qui, avec le camp central, regrouperont 75 000 détenus.

Son existence était connue en dehors des frontières dès 1934. Il était considéré par les nazis comme représentant le prototype des camps au même titre que plus tard, le camp d'Auschwitz. Ce fut le commandant Theodor Eicke qui en développa les plans. Plus tard, Eicke devint d'ailleurs inspecteur en chef de l'ensemble des camps. De l'extérieur, le camp semblait un banal poste militaire entouré d'un haut mur de briques. Des tours de garde bordaient l'ensemble. À l'entrée, sur le portail noir , on peut aujourd'hui encore, lire l'inscription Arbeit Macht Frei (le travail rend libre). Mais le but ultime de cette opération nazi était la mort. S'y trouvaient en garnison un corps de SS ainsi que des agents de la Gestapo.

Les prisonniers étaient entassés dans des baraquements (il y avait 34 baraques), chacune devant contenir 208 prisonniers, mais, du fait du surentassement, au moment de l'arrivée des soldats américains, certains baraquements contenaient 1 600 détenus dont la plupart dans un état cadavérique, ne portant que la peau sur les os. Le camp reçut ainsi plus de 200 000 prisonniers venus de plus de 30 pays. Ils étaient confrontés à l'enfer : travaux forcés dans les pires conditions (froid, chaleur, etc.), sévices sur le corps, manques insaisissables de nourritures, manque d'hygiène, suicides forcés. En juin 1944, un premier convoi de plusieurs centaines de Français arriva à Dachau. Le 2 juillet 1944, un convoi partit de Compiègne avec plus de 2 000 détenus : à son arrivée, le 5 juillet, il y avait plusieurs centaines de morts.

Selon les enregistrements répertoriés, plus de 30 000 personnes périrent dans le camp même. En 1945, une épidémie de typhus se déclara, entraînant de nombreux décès, dont celui de René Carmille, le 25 janvier 1945. C'est à cette époque qu'une chambre à gaz fut adjointe, bien qu'il n'ait jamais été prouvé qu'elle fut utilisée, cependant des témoignages existent. Les malades et les inutiles étaient plutôt transférés au sinistre château de Hartheim, où des milliers furent assassinés au gaz. À l'intérieur du camp, se trouvait une station expérimentale dirigée par le docteur Sigmund Rascher où des médicaments furent expérimentés sur les prisonniers, notamment pour tester leur résistance à la maladie.

De plus, de nombreux prisonniers furent transférés vers d'autres camps afin d'éviter la trop forte densité, génératrice de l'extension de l'épidémie. Les prisonniers vivaient dans des lits superposés et ils se battaient pour avoir les lits supérieurs afin de ne pas recevoir les excréments qui suintaient vers le bas. Ceux qui essayaient de s'échapper et qui étaient repris subissaient un traitement spécial de punition dans un cantonnement tenu par les SS et la Gestapo avec pratique de la torture. Ces traitements aboutissaient souvent à la mort. Lors de l'épidémie de typhus, de nombreux corps furent jetés dans les fosses communes. Les Allemands pénétraient peu dans les lieux et l'état-major restait cantonné à la Kommandatur. La discipline était faite par les Kapos qui étaient choisis par les Allemands parmi les plus pervers des prisonniers.

Dachau fut le camp central où étaient envoyés les prisonniers chrétiens, essentiellement des catholiques bavarois et polonais, mais aussi des protestants. Selon les archives de l'Église catholique, plus de 3 000 de ceux-ci périrent dans le camp, dont Albert Eise. Parmi ceux-ci, Karl Leisner, ordonné prêtre derrière les barbelés par l'évêque de Clermont-Ferrand Mgr Gabriel Piguet, et béatifié par Jean-Paul II en 1996. Le théologien protestant Martin Niemöller fut également interné à Dachau. Josef Kentenich, fondateur du Mouvement de Schönstatt, fut interné de 1942 à 1945. Il y fonda deux nouvelles branches de ce mouvement. Himmler avait demandé d’y regrouper les prêtres dispersés jusque-là dans différents camps, afin de diminuer leur influence “nuisible” sur les autres prisonniers. Il y avait donc des baraques pour les prêtres, les méconnus Priesterblock, où avaient été rassemblés de nombreux prêtres et religieux de toutes nationalités. Suite à un ordre de Berlin, le commandant du camp avait dû tolérer un coin chapelle dans la première des quatre sections du baraquement n° 26, où était célébrée quotidiennement la messe. En septembre 1944, un camp réservé aux femmes s'ouvrit. Certaines venaient d'Auschwitz et de Birkenau.

Lorsque les Américains approchèrent du camp au moment de la Libération, l'État-major allemand donna l'ordre par représailles de tuer tous les prisonniers. Mais le politicien communiste Oskar Müller, alors chef du comité de résistance du camp, décida de libérer en cachette au nom de la Croix-Rouge internationale quelques prisonniers afin d'avertir les soldats américains de l'endroit exact du camp et de l'urgence qu'il y avait à intervenir. Le 29 avril 1945, la 45e division d'infanterie de la septième Armée américaine libéra le camp. Lorsque les soldats américains pénétrèrent dans le camp, ils furent confrontés à des scènes d'horreur : prisonniers dans un état de maigreur épouvantable, fosses communes où étaient entassés des corps déchiquetés. Certains soldats américains furent tellement écœurés qu'ils tirèrent à bout portant sur les officiers chargés du camp (Massacre de Dachau). Les photos et films pris par les soldats américains et transmises par le général Patton furent archivées dans le rapport de la VIIe Armée américaine.

Parmi les prisonniers les plus célèbres du camp, figuraient :
 

  • la famille royale de Bavière (Wittelsbach),
  • Geoges Charpak, les ducs de Hohenberg,
  • Fritz Gerlich (journaliste, 1883-1934),
  • Edmond Michelet,
  • le général Charles Delestraint, chef de l'Armée secrète en France, assassiné d'une balle dans la nuque le 5 avril 1945,
  • Georg Elser, qui tenta de tuer Hitler à l'aide d'une bombe le 9 novembre 1939 à Munich,
  • Bruno Bettelheim,
  • Adam Kozlowiecki (cardinal polonais),
  • Victor Dillard (jésuite français),
  • René Carmille,
  • le peintre Zoran Mušič,
  • Titus Brandsma (religieux catholique néerlandais, béatifié en 1985).


Beaucoup de religieux catholiques polonais, des politiques dont des communistes (Oskar Müller) et aussi de nombreux écrivains et cinéastes comme Ernest Genval périrent dans le camp.

 

Parmi les internés rescapés, figura :
 

  • Mgr Piguet, évêque de Clermont-Ferrand, seul prélat français déporté ;
  • le patriarche orthodoxe serbe Gabriel (Dojitch)
  • l'évêque Nicolas (Velimirovitch), canonisé par l'Église orthodoxe serbe.
  • le journaliste Carl von Ossietzky Prix Nobel de la Paix, qui y mourut d'épuisement et de maladie.
  • Ernst Thalmann qui y mourut en 1944


Après la guerre, les Américains installèrent au sein de l'enceinte du camp un tribunal militaire chargé de juger les Allemands auteurs de crimes de guerre considérés comme "mineurs".

Déat Marcel

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Marcel Déat, né à Guérigny (Nièvre) le 7 mars 1894 et mort à San Vito, près de Turin, le 5 janvier 1955, est un homme politique français, socialiste, puis néo-socialiste, et collaborationiste. Normalien, journaliste et intellectuel, il est député SFIO de 1926 à 1928 et de 1932 à 1936.

Marcel Déat

Marcel Déat

En 1933, il est exclu du parti pour ses doctrines de plus en plus autoritaristes, et devient le chef de file des néo-socialistes, séduits de plus en plus par les modèles fascistes. Ministre de l’air en 1936, dans le cabinet Sarraut, député « rassemblement anticommuniste » en 1939, il devient le fondateur en 1941 du Rassemblement national populaire, un parti collaborationniste, qui se déclare socialiste et européen. Il termine sa carrière politique en 1944 comme ministre du Travail et de la Solidarité nationale sous le régime de Vichy, et s'enfuit à Sigmaringen avec le dernier carré des ultra-collaborationnistes, puis en Italie. Il est issu d’un milieu modeste, républicain et patriote. Il fait des études brillantes, et entre en 1914 à l’École normale supérieure après avoir été l’élève d'Alain, professeur actif au Parti radical. La même année, il adhère à la SFIO, plus par « idéalisme philosophique que par matérialisme ».

Il est mobilisé au front pour la guerre, qu’il termine avec le grade de capitaine. Sous le pseudonyme de Taëd, il publie Cadavres et maximes, philosophie d’un revenant, où il exprime son horreur de la guerre, des tranchées, qui explique un pacifisme viscéral qui sera déterminant pour ses choix dans sa carrière. Il est aussi fasciné par la discipline collective et pour la camaraderie au front. En 1918, il reprend ses études et passe l’agrégation de philosophie avant de s’orienter vers la sociologie, sous la tutelle de Célestin Bouglé, sociologue radical et ami d’Alain. Bouglé place Déat au secrétariat du Centre de documentation sociale de l'Ecole normale supérieure de la rue d’Ulm.

À la scission socialiste de Tours, il se situe à droite de la SFIO, dans le groupe de la Vie socialiste, aux côtés de Renaudel. En 1925, il est élu conseiller municipal de Reims, où il enseigne. À la faveur d’une élection partielle, en 1926, il est élu à la chambre des députés, mais est battu en 1928. À cette époque, Léon Blum cherche à favoriser quelques jeunes car la montée dans la hiérarchie du parti est difficile. Il nomme Déat, considéré comme son dauphin, secrétaire du groupe parlementaire de la SFIO.

Il fonde un centre documentaire pour ces parlementaires. En 1931, Déat publie Perspectives socialistes, un ouvrage théorique de réflexion sur la doctrine socialiste. Il pense qu’il faut s’adapter à l’évolution de la société capitaliste qui ne paraît pas s’autodétruire, contrairement à l'affirmation marxiste. L’État doit avoir un rôle privilégié dans la gestion de la propriété qui doit être individuelle. Il est contre la collectivisation, contre la révolution, car le chaos est le credo des fascistes, et en ces points, il s’oppose farouchement aux marxistes, mais se rapproche des planistes. Déat pense qu’il faut passer par un régime intermédiaire, et non pas attendre le vide politique pour que le socialisme s'installe. En 1932, il est élu député du 20e arrondissement de Paris, aux dépens de Jacques Duclos, qui avait lui-même battu Léon Blum en 1928. En 1933, Déat adhère au Parti socialiste de France-Union Jean Jaurès (PSdF) né en 1933 d'une scission de franges réformiste, planiste et néo-socialiste de la SFIO exclues par le Congrès du 5 novembre 1933.

Majoritaires dans le groupe parlementaire, ces futurs exclus étaient minoritaires au sein du parti, en butte à l'hostilité de l'aile gauche (pivertistes) et des centristes (blumistes). Ce mouvement qui veut « renforcer l’État contre la crise économique » s’ouvre aux classes moyennes et participe aux gouvernements non socialistes (Déat est ministre de l’air en 1936, dans le cabinet Sarraut). En outre, il veut défendre la nation à tout prix en évitant la guerre. Déat intègre le Front populaire mais dénoncera plus tard un "noyautage communiste" de celui-ci. Déat fut battu la même année aux élections législatives de 1936. En 1939, il est élu député à Angoulême, pour le « rassemblement anticommuniste », après avoir perdu son ancien mandat au profit d’un communiste. Cette année-là, il affirme sa position munichoise et son pacifisme dans Mourir pour Dantzig ?, article paru le 4 mai 1939 dans l'Œuvre, journal auquel il collabore durant toute la période de l'occupation en tant que directeur politique. Pacifiste, il s'oppose à l'entrée en guerre de la France en septembre 1939 et nourrit par la suite une grande haine à l'encontre des dirigeants de la IIIe République qu'il accuse de bellicisme et d'être manipulés par une Angleterre capitaliste cherchant à défendre son empire économique en se servant de la France.

Il appuie logiquement l'armistice de Pétain et la nomination de Pierre Laval comme président du conseil. Allié politique de Laval et des Allemands, mais détesté par Pétain, il part pour Paris et tente d'unifier les mouvements collaborateurs de la Zone Nord, en vue de créer un parti unique, fer de lance d'une révolution national-socialiste ayant pour modèle ses voisins allemand et italien. Il s'éloigne alors peu à peu de Vichy et de sa politique qu'il juge trop frileuse et se rapproche des Allemands. Durant quatre ans il assène quotidiennement dans L'Oeuvre son désaccord avec Vichy mais tout en se gardant d'attaquer Pétain ou Laval plus tard, dans l'espoir d'obtenir un poste au gouvernement. Sa tentative de parti unique échouant, il crée le Rassemblement national populaire (RNP) mais souffre de la concurrence des autres partis de la zone nord, notamment du PPF de Doriot.

Au fil des mois, Déat s'engage dans une fuite en avant motivée par l'attraction du pouvoir et l'interdit de renier ses engagements de l'été 40. Il est blessé dans l'attentat de Paul Collette contre Pierre Laval alors qu'ils passaient en revue les troupes de la LVF le 27 août 1941. Le 16 mars 1942, lors d'une conférence au théâtre de Tours, un engin explosif artisanal fut lancé des troisièmes galeries mais la mèche se détacha en heurtant le pupitre. Les auteurs de l'attentats, Georges Bernard, Maxime Bourdon, responsables du "Front National", Louis André et Maurice Beaufils, seront retrouvés et fusillés en compagnie de quatre autres jeunes communistes. (Source, un témoin de l'attentat). Poussé par les Allemands, il entre enfin, le 16 mars 1944, dans le gouvernement comme ministre du travail et de la solidarité nationale de Pierre Laval, et appuie une politique de collaboration totale avec l'Allemagne mais le conflit qui l'oppose à Laval bloque toute initiative de sa part. Il s'enfuit à l'été 1944 et reste dans la Commission gouvernementale à Sigmaringen. En avril 1945, il quitte l’Allemagne pour l’Italie où il finira ses jours sous un nom d'emprunt, converti au catholicisme, dans le couvent de San Vito, près de Turin. Il fut condamné à mort par contumace à la Libération.


L'UE étend sa liste de sanctions après les référendums en Ukraine

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Bruxelles (Reuters) - L'Union européenne a annoncé lundi soir que le Premier secrétaire général adjoint de la présidence russe, Viatcheslav Volodine, figurait parmi les nouvelles personnalités russes sanctionnées après les référendums d'autodétermination organisés dimanche dans l'est de l'Ukraine.

L'Union européenne a annoncé lundi soir que le Premier secrétaire général adjoint de la présidence russe, Viatcheslav Volodine, ici avec Vladimir Putine, figurait parmi les nouvelles personnalités russes sanctionnées après les référendums d'autodétermination organisés dimanche dans l'est de l'Ukraine. /Photo prise le 23 mai 2011

L'Union européenne a annoncé lundi soir que le Premier secrétaire général adjoint de la présidence russe, Viatcheslav Volodine, ici avec Vladimir Putine, figurait parmi les nouvelles personnalités russes sanctionnées après les référendums d'autodétermination organisés dimanche dans l'est de l'Ukraine. /Photo prise le 23 mai 2011

Deux sociétés - de Crimée - figurent pour la première fois sur la liste des sanctionnés. Il s'agit de PJSC Tchernomorneftegaz et de Feodossia.

Parmi les 13 personnes ajoutées à la liste noire de l'Union européenne qui verront les avoirs qu'elles posséderaient dans l'Union européenne gelés et qui ne pourront obtenir de visa figurent aussi le chef des forces parachutistes Vladimir Chamanov.

(Adrian Croft; Danielle Rouquié pour le service français)

Doriot Jacques

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Jacques Doriot (Bresles dans l'Oise 1898 - Mengen, dans le Wurtemberg, en Allemagne, 1945) fut un homme politique et journaliste français. Le nom de Doriot reste attaché au Parti communiste français, au fascisme français (il fut le fondateur du Parti populaire français) ainsi qu'au collaborationnisme. 

Jacques DoriotJacques Doriot

Jacques Doriot

Ouvrier métallurgiste, il devient secrétaire général de la Jeunesse communiste.  Condamné pour ses positions contre la guerre du Rif, il sort de prison en 1924 grâce à son élection au poste de député de Saint-Denis, ville dont il devient maire en 1930. Il est exclu du Parti communiste en 1934 pour avoir lancé la création d'un Comité de Défense Antifasciste avec des membres de la SFIO et du Parti radical et radical-socialiste, tandis que le Parti communiste et Moscou prônaient le principe de « classe contre classe ».  Il s'oppose à la politique de Maurice Thorez et du Komintern qui refusent tout front unique avec les socialistes, puis évolue vers une certaine forme de fascisme. En 1936, Doriot fonde le Parti populaire français (PPF) et reprend le journal La Liberté, lequel prend position contre le Front populaire. Durant la guerre, Doriot est un partisan radical de la collaboration. Il contribue, ainsi, à la création de la Légion des Volontaires Français contre le bolchevisme (LVF) et combat personnellement sous l'uniforme allemand sur le front russe, avec le grade de lieutenant.

Selon une enquête judiciaire, des membres de son parti auraient assassiné Constant Chevillon le 25 mars 1944. Il se réfugie en Allemagne en 1944, et tente de mettre en place un Comité de libération française ; il est tué lors du mitraillage de sa voiture par deux avions alliés. Selon certaines thèses, il aurait été victime de divergences entre les nazis. Jacques Doriot est né le 26 septembre 1898 à Bresles dans l'Oise. Il appartient à une famille ouvrière : son père est forgeron et sa mère couturière. Il commence à travailler dès l'âge de quinze ans dans une usine puis trouve un emploi dans une laiterie voisine. En 1915, à l'âge de 17 ans, il s'installe à Saint-Denis et travaille dans plusieurs usines en tant qu'ouvrier métallurgiste. En 1916, il s'inscrit à la section locale des Jeunesses socialistes lesquelles partagent les idées pacifistes de la minorité de la SFIO. Il vit dans un milieu ouvrier las de la guerre. En avril 1917, il est mobilisé, et en 1918 son unité est décimée au Chemin des Dames. Il est décoré de la croix de guerre pour avoir ramenené des lignes ennemies un camarade blessé, mais il a été, également, condamné à un mois de prison pour indiscipline, ce qui illustre déjà son attitude à la fois rebelle et solidaire.

Son unité part ensuite à l'Armée d'Orient ce qui explique une démobilisation tardive en 1920. Il revient alors à Saint-Denis et rejoint le camp des partisans de la Troisième Internationale au sein de la SFIO. En automne, les Jeunesses socialistes se rattachent à l'Internationale communiste des jeunes, et Doriot est élu au Comité National.  Marqué par la guerre, sans attaches familiales, Doriot va devenir un révolutionnaire professionnel. De 1921 à 1923, il représente les Jeunesses communistes françaises à Moscou, auprès de l'Internationale Communiste des Jeunes. Durant son séjour en Union soviétique, il fait l'apprentissage de l'agitation et rédige des textes de propagande. Il voyage beaucoup, prend la parole à de nombreuses réunions politiques, et fait la connaissance de Lénine à qui il voue une grande admiration. À son retour en France en 1922, il est plaçé à la tête des Jeunesses communistes. Sous sa direction, elles deviennent un instrument de bolchevisation du Parti communiste français (PCF) qui était, jusqu'à cette époque, toujours fortement marqué par le modèle socialiste.

En 1923, Doriot qui a alors vingt-cinq ans est condamné à un an de prison pour avoir rédigé une série d'articles appelant les soldats à désobéir. En 1925, les effectifs des Jeunesses Communistes atteignent le point le plus haut des années 1920. Doriot jouit alors d'une grande popularité dans le Parti : il apparaît comme un élément prometteur. Sa carrière politique prend son essor à cette époque. Doriot est ambitieux, visant notamment à atteindre des postes de direction, mais l'Internationale ne lui attribue pas la position qu'il recherche. Il se replie alors sur le parti français dans lequel il est très influent et très apprécié, et où il commence à se détacher de la direction de l'Internationale. Du militant bolchevik dévoué qu'il était, il se transforme progressivement en un politicien habile et calculateur. Ses relations avec le groupe dirigeant sont tendues, et il doit faire face à un rival, Maurice Thorez. En 1931, Doriot est élu maire à Saint-Denis qui devient un bastion du PCF mais aussi sa place forte personnelle. Des dirigeants communistes français, il est l'un des plus avertis sur les questions internationales : porte-parole du parti, il dénonce le traité de Versailles et l'impérialisme français, il proclame le droit des peuples à l'autodétermination, y compris pour l'Alsace-Lorraine. À partir des années 1930, le nazisme et le communisme montent en puissance. Doriot a l'occasion d'aller en Allemagne pour apporter au Parti communiste d'Allemagne le soutien du PCF, et observe outre-Rhin le succès foudroyant du parti nazi.

Dans les années 1932-1934, le parti communiste décline en puissance et en influence. Aux élections législatives de 1932, alors que le parti subit un recul important, Doriot obtient une victoire franche, et est le seul candidat communiste élu au premier tour. Il profite de ce succès pour se rendre à Moscou et dresser un bilan sévère de l'état du Parti.  Il met alors en valeur sa réussite personnelle afin d'obtenir la direction de toute la région parisienne, qui représente un tiers des effectifs du PCF, mais le Komintern ne lui donne pas satisfaction. En effet, les ambitions de Doriot, sa recherche d'intérêts personnels transparaissent dans ses discours, ce qui le rend peu fiable aux yeux des dirigeants soviétiques. Doriot veut rester dans le mouvement communiste, il veut aussi gagner la direction du parti communiste français, mais pour cela il dépend de l'Internationale. Il montre son allégeance envers celle-ci, cherche à gagner ses faveurs, mais il ne réfrène pas les marques d'affirmation de son indépendance. Comme il refuse de n'être qu'un pion de l'Internationale et qu'il cherche plutôt le statut de partenaire, la situation est tendue. À cela s'ajoute l'établissement de la dictature hitlérienne, et l'écrasement du parti communiste d’Allemagne qui représente pour l'Internationale la plus grosse défaite de son histoire. Au sein du parti communiste, Doriot subit donc des échecs provoqués par ses ambitions frustrées. Il se sent à l'étroit et, voulant donner au parti une orientation nouvelle, il nourrit des tensions avec les dirigeants. En 1933, des pourparlers s'engagent entre socialistes de la SFIO et communistes en vue de l'organisation de controverses publiques sur le thème de l'unité ouvrière, mais ces pourparlers sont rompus, ce que désapprouve Doriot qui voudrait créer un front commun. En fait, Doriot veut exploiter l'affaiblissement de la SFIO qui vient d'exclure son aile droite néo-socialiste et son aile d'extrême gauche, l'Action socialiste. Son but est de rapprocher les deux partis, pour que le communisme retrouve de l'influence.

L'Internationale rejette sa proposition, qu'elle juge opportuniste. Doriot insiste dans sa proposition de changer de tactique en démontrant les avantages qui pourraient en découler : les propositions de front unique qu'il s'agit d'envoyer à la direction socialiste permettraient d'élargir la scission de la droite et de rallier au parti communiste le groupe de l'Action socialiste. Et surtout, le rapprochement avec le parti socialiste pourrait permettre au parti communiste de prendre la tête d'un mouvement de masse anti-fasciste. Mais l'Internationale continue de rejeter cette proposition et Thorez rappelle que le parti socialiste est un ennemi. En effet les socialistes étaient perçus comme affaiblissant la lutte des classes en collaborant avec la bourgeoisie. Doriot est exaspéré par la rigidité du Komintern. En 1934, il dénonce la menace fasciste qui se manifeste lors des émeutes du 6 février. Il remet à nouveau en question la direction du parti et demande la formation d'une coalition avec les socialistes pour combattre cette menace.

En fait il perçoit, comme de nombreux hommes de gauche, que la division entre les socialistes et les communistes en Allemagne a joué en faveur de Hitler et veut éviter de voir la même erreur se reproduire en France. Mais cet appel visant à changer de ligne de conduite est considéré comme un manquement à la discipline du parti par Thorez et par le Komintern. Thorez se sert alors du journal L'Humanité pour ternir la réputation de Doriot et déformer sa position. Doriot réagit : le 8 février 1934, il profite de la réaction de la gauche vis à vis des émeutes du 6 février pour négocier avec les responsables de la SFIO à Saint-Denis, sans tenir compte des ordres du PCF.

Il prend part à la création du Comité de vigilance anti-fasciste de Saint-Denis composé de communistes et de représentants locaux de la SFIO et de la CGT. En réaction, Thorez organise une réunion des responsables communistes de Paris pour faire rentrer Doriot dans le rang. C'est l'occasion d'un vote sur la remise en cause de la politique du parti, où une majorité de délégués se prononcent en faveur de la ligne de conduite officielle. En réaction à ce désaveu, Doriot démissionne de sa fonction de député-maire de Saint-Denis. Le 11 avril, il rédige une lettre au Komintern pour exposer à nouveau sa volonté d'unir socialistes et communistes contre le fascisme. Il va même plus loin en présentant un projet alternatif cohérent, qui laisse de côté la révolution du prolétariat et vise à atteindre le pouvoir grâce à une politique fondée sur la collaboration des classes. L'Internationale convoque Doriot à Moscou, mais ce dernier refuse de s'y rendre. En juin, l'Internationale adopte la politique d'alliance avec la gauche, qui était pourtant considérée auparavant comme hérétique. Mais le refus de Doriot d'aller à Moscou, ses désobéissances, et ses ambitions sur la direction du PCF ne sont plus tolérées. Au congrès annuel de juin, Thorez propose d'exclure Doriot du parti et la motion est adoptée à l'unanimité. Cette exclusion provoque un déchirement chez Doriot, mais surtout une grande colère et une soif de vengeance contre la direction du parti. Il reste dans le jeu politique, mais craint de se faire évincer par la collaboration qui est en train de se former entre les deux grands partis ouvriers.

En réaction Doriot décide de surenchérir dans l'unité ouvrière ; le 5 juillet 1934 il lance le mot d'ordre « une seule classe, une seule CGT, un seul parti ». Pour diffuser son point de vue, il utilise L'Émancipation nationale, journal qu'il dirige. Il cherche à constituer un parti de synthèse, mais refuse une fusion dans un parti existant. Pour lui, la division des mouvements ouvriers est la raison majeure de la défaite face au fascisme, et il cherche la solution dans une structure neuve avec lui à sa tête. Mais Doriot ne réussit pas à concrétiser la percée qu'il espérait, et demeure un élément isolé au sein de l'extrême gauche française. Sa politique de lutte contre le communisme devient de plus en plus nette et s'accompagne d'une promotion de la paix passant, alors, en premier thème de sa propagande.  Il affirme une volonté d'entente avec l'Allemagne nazie. Cette campagne pacifique marque un tournant dans la vie politique de Doriot. Par là, il abandonne la lutte au profit de la conciliation et annonce un combat ouvert contre le parti communiste. Cette politique marque aussi l'échec de l'unité ouvrière qu'il recherchait. Doriot est donc dans une position fragile, avec pour seule motivation la revanche. En 1935 il est toujours un homme politique de gauche. Les élections de 1936 confirment la situation précaire de Doriot et sa perte d'influence. Peu après les élections de 1936, Gabriel Leroy-Ladurie, président de la banque Worms, prend contact avec lui. Il représente les grandes entreprises qui voudraient détruire l'assise du Front populaire, et demande à Doriot de former un parti politique pour l'aider dans cette manœuvre.

La plupart des historiens sont d'accord pour considérer que le Parti populaire français représente la forme la plus proche du type fasciste qui ait existé en France, cependant d'autres historiens vont plus loin et estiment qu'on peut le qualifier de véritable parti fasciste. À l'origine, ni dans la conception de son fondateur, ni dans la réalité, le Parti populaire français (PPF) n'a été un parti fasciste. Au contraire, il apparait initialement comme un parti d'extrême gauche rival du parti communiste. Sa fondation a lieu en juin 1936, juste après la vague de grèves du mouvement ouvrier : c'est le 27 et 28 juin que Doriot présente le PPF à quelques centaines de personnes. Ce parti se définit comme un mouvement de rassemblement national visant à regrouper tous les Français, sauf les dirigeants communistes, pour assurer au pays la paix et l'indépendance. Dans cette logique, Doriot ne s'affirme pas opposé au Front populaire. Le programme du nouveau parti est très vague, notamment sur le plan des institutions. Le mouvement social de juin provoque une peur de la gauche, ce qui est bénéfique pour le PPF qui reçoit alors l'appui de certains journaux de droite et le ralliement d'hommes d'extrême-droite, et le soutien matériel d'une partie du patronat. Doriot, pour continuer à bénéficier de ces appuis, met en avant la lutte contre le communisme dans son programme politique et fait passer en second plan la lutte contre le conservatisme et le grand capitalisme. Cependant, visant avant tout à un rassemblement national, il ne laisse pas son parti glisser indéfiniment à droite. Ainsi, durant la première année d'existence du PPF, il garde une ligne assez souple et modérée qui privilégie l'isolement du parti communiste et le rapprochement du pouvoir. La volonté de revanche de Doriot sur le parti qui l'a exclu se ressent donc toujours fortement sur sa ligne de conduite.

Quant aux relations avec les socialistes, elles restent mesurées. En juillet 1936, Doriot affirme clairement son objectif : il désire accéder au pouvoir pour procéder à une révolution nationale. Le parti est présenté comme d'un type nouveau, à la fois populaire, national et social. Face à la question du fascisme, on peut se demander quels sont les éléments de nature fasciste dans l'organisation du PPF. Il faut d'abord noter que le parti refuse de se doter d'une organisation paramilitaire, mais c'est seulement pour ne pas braquer l'opinion en imitant les ligues ou les partis fascistes. Il y a quand même des cérémoniaux qui empruntent fortement aux mouvements fascistes : on peut citer le salut presque similaire au salut romain (repris par les fascistes et les nazis), le cri «en avant, Jacques Doriot», l'existence d'un insigne, d'un drapeau, d'un hymne et surtout d'un serment de fidélité. Le premier congrès du PPF se déroule en novembre 1936 et illustre ce que le parti prétend être : un parti de rassemblement national et un parti populaire. Le comité central est partagé également entre les hommes venus de gauche, majoritairement communistes, et les hommes de droite, des Volontaires nationaux mais aussi des Jeunesses patriotes et des hommes de l'Action française. Vis à vis de la politique extérieure, le pacifisme est resté depuis le départ un des points principaux de la politique du PPF : dans ses discours, Doriot rappelle son passé d'ancien combattant et les horreurs de la guerre.

Le parti appuie donc les désirs de paix des Français et désigne le Parti communiste comme un parti de la guerre. Doriot soutient dans sa propagande que la paix est la seule chose qui peut faire retrouver à la France « son dynamisme, sa force, son prestige ». Il met aussi en avant que la réussite du PPF est la seule solution de paix qui reste à la France.  Mais au tournant de 1937, Doriot aborde une nouvelle tactique, qui fait nettement glisser le parti vers la droite. Doriot se pose en défenseur des libertés menacées par les communistes, qui seraient aidés par les socialistes : il les accuse d'empêcher l'exercice des droits d'expression et de réunion. Il lance la formule du Front de la liberté, pour appeler à un rassemblement de tous les groupements et partis politiques qui se situent entre l'extrême droite et les socialistes. Peu répondent, mais la position nouvelle du PPF place le parti à la charnière entre la droite modérée et l'extrême-droite. Le Front de la liberté obtient donc une faible adhésion cependant que le PPF montre un essoufflement. À cette perte d'influence s'ajoute en mai 1937, l'invalidation de Doriot de la mairie de Saint-Denis, ce qui marque un tournant dans l'histoire du parti. C'est une enquête administrative, menée par le ministre de l'intérieur Marx Dormoy, qui met au jour des irrégularités et conduit à cette invalidation. Doriot démissionne alors du conseil municipal, pousse à organiser de nouvelles élections, mais il subit une défaite. Cet échec est symbolique puisqu'il signifie un retour de Saint-Denis aux mains des communistes et qu'il montre clairement l'échec de Doriot à rassembler autour de lui la classe ouvrière. Doriot réagit alors en abandonnant son mandat de député qui était le dernier lien le rattachant aux institutions. À partir de là, la fascisation du parti s'accentue encore plus nettement. Les responsables du PPF, tels que Pierre Drieu La Rochelle, Victor Arrighi, Bertrand de Jouvenel attendent du parti qu'il devienne l'équivalent français du nazisme.

Les doriotistes voient comme une nécessité de créer en France une nouvelle élite, comme le sont en Allemagne le parti nazi et en Union soviétique le parti communiste. Devant l'échec du rassemblement national, le PPF se transforme : il s'aligne sur les modèles fascistes et accentue ses attitudes extrémistes. Le parti se rapproche nettement de l'extrême droite, allant même jusqu'à l’Action française : Doriot déclarant notamment vis-à-vis de la monarchiequ'il n'est pas opposé à cette solution mais quelle n'est pas encore assez « mûre ». Un projet de totalitarisme fasciste s'affirme de plus en plus, comme le montre le discours de Doriot au 2econgrès du PPF en mars 1938 : il veut voir renaître une paysannerie forte, déplore la prolétarisation de la France, et présente la famille comme la cellule fondamentale de la nation. Il présente aussi le nationalisme comme la doctrine primordiale du parti et ambitionne même de façonner un homme nouveau. Cet homme nouveau doit avoir « le goût du risque, la confiance en soi, le sens du groupe, le goût des élans collectifs ».   Doriot élabore une charte du travail qui reprend le modèle mussolinien. Les thématiques et les méthodes fascistes se sont donc clairement installées dans le parti et d'autres indices attestent aussi de la fascisation : quand Doriot arrive en avion et survole le stade à l'anniversaire de la création du parti en juin 1938, c'est une réédition de la descente de Hitler sur Nuremberg.  C'est aussi sur le plan de la xénophobie, du racisme et de l'antisémitisme que des changements surviennent, après la mort de son ami juif, Alexandre Abremski. Ainsi dans le congrès de mars 1938, on discute de la « question juive » en Afrique du Nord. La presse doriotiste exprime enfin de manière ouverte son admiration pour les régimes fascistes, les voyages en Allemagne et en Italie des doriotistes se multiplient, et la propagande devient plus dure. En politique extérieure, le PPF comptait jouer sur un plan égal avec les régimes fascistes italien et allemand, mais devant leur montée en puissance, cette politique a pris l'allure d'une coopération passive puis d'une soumission.

En effet il ne faut pas oublier que dès sa création, le parti met en avant son pacifisme, et au printemps de 1938, Doriot organise une série de manifestations contre la guerre, en prônant une union pour le maintien de la paix. Mais en cette même année 1938, la perte de confiance dans le PPF est généralisée : le parti, qui ne propose pas de politique conquérante, manque de dynamisme. Pour redonner de l'attraction au parti, Doriot évoque le thème nouveau d'une mission extérieure, l'exhortation à gagner quelque chose dans le monde. Mais cette proposition, qui correspond en fait à la dimension fondamentale du fascisme, apparaît inconsistante et saugrenue, elle arrive beaucoup trop tard.  L'année 1938 met en lumière la crise de plus en plus prononcée du PPF, notamment par la démission de plusieurs de ses dirigeants (Arrighi et Marion). En 1939, le parti prend une dimension de tradition nationaliste. Doriot, dans ses discours, déplore la dénatalité, causée selon lui par le capitalisme libéral et le marxisme. Il déplore aussi dans la jeunesse une perte du respect de la foi, de l'autorité, de la famille, de la nation et de la patrie. Ce repli vers une ligne traditionnelle peut s'expliquer par l'opportunisme et la déception de Doriot devant la régression de son mouvement. Le 3 septembre 1939, la France entre en guerre au côté de la Grande-Bretagne et Doriot est mobilisé.

Il affirme que le but des Alliés doit être de supprimer la puissance allemande, mais il ajoute que Staline est tout autant l'ennemi que Hitler. Il espère que l'après-guerre verra s'installer l'ordre nouveau dont il rêve, avec une carte de l'Europe redessinée au détriment de l'Allemagne et de l'URSS. Après la défaite de la France et la signature de l'armistice en juin 1940, Doriot – par un nouvel élan d'opportunisme – cherche à obtenir une place dans le régime de Vichy, mais il est tenu à l'écart. Il se rapproche alors de Marcel Déat (1894-1955) avec qui il envisage un projet de parti unique lequel n'aboutira pas. Il regagne Paris en 1940, et s'attache à remettre sur pied le PPF qui a été désorganisé par la défaite. À la mi-octobre, il lance Le cri du Peuple, un journal qui doit servir à attirer la classe ouvrière en profitant de l'absence de l'Humanité. Ses efforts de regroupement sont inefficaces, le PPF ne se développe pas, et à cela s'ajoute une méfiance envers les autorités d'occupation. Progressivement, Doriot entre en relation avec le vainqueur de la guerre, qui lui apporte l'appui et les ressources matérielles nécessaires pour rester dans la course. Le PPF accentue ainsi sa position de collaboration, et affiche sa confiance dans la victoire de l'Allemagne. Doriot devient de plus en plus raciste, sans doute pour plaire à ses contacts de la SS, et l'attaque de l'Allemagne contre l'URSS le 22 juin 1941 le fait définitivement passer dans le camp allemand. Doriot appuie la création le 8 juillet 1941 de la LVF, la Légion des volontaires français qui combattent sous l'uniforme allemand. Il s'engage lui-même, et effectue de longs séjours (18 mois au total) sur le front de l'Est, durant la période 1943-1944. Il est décoré de la Croix de fer par les Allemands.

Après le débarquement allié, il s'exile en Allemagne. Arrivé à Sigmaringen avec toute la nébuleuse collaborationniste, Jacques Doriot était alors optimiste, son départ pour l'Allemagne revêtant pour lui un aspect tactique. En effet, selon lui, les « forces françaises » s'étaient exilées en Allemagne afin de se ressourcer devant l'imminence du mauvais coup des communistes qui venaient, toujours selon Doriot, de commencer leur prise de pouvoir en France. Le but de Doriot fut dès lors l'avènement d'un « État populaire français », où il aurait bien évidemment eu un rôle majeur, et exempt des vices de Vichy. Pour Doriot, du résultat de cette entreprise dépendait le retour de la France en tant que puissance européenne à même de discuter d'égale à égale avec l'Allemagne hitlérienne. Doriot, Déat, Bucard et Brinon rencontrèrent le Führer lui-même en décembre 1944 afin de mener à bien ce projet. Cependant, toutes ces manœuvres manquaient d'énergie pour un Doriot toujours plus activiste que jamais, malgré la fuite des dirigeants collaborationnistes. Aussi annonça-t-il la création, le 6 janvier 1945, d'un « Comité de libération française », réplique collaborationniste de l'entreprise gaulliste en Angleterre.

Ce Comité devait rassembler le petit groupe des exilés de Sigmaringen et assurer le pouvoir au chef du PPF. Cependant, deux autres dirigeants collaborateurs se montraient encore réticents : Déat, l'éternel rival, et Bucard, toujours en froid avec Doriot depuis que le PPF était devenu en 1937 l'attributaire officiel de l'aide financière accordée par Mussolini, auparavant bailleur de fonds de l'organisation de Bucard, le parti franciste. Aussi, rendez-vous fut pris avec Déat le 22 février 1945. Le rapprochement entre les deux hommes se profilait. Le 22 février 1945, Doriot, son chauffeur et une secrétaire du Comité prirent place dans la voiture du conseiller d'ambassade Struve, le véhicule personnel de Doriot étant en panne. À quelques centaines de mètres de Mengen, la voiture fut probablement attaquée en piqué par deux avions alliés. Doriot, déjà atteint par une première rafale, tenta de quitter le véhicule, mais pas assez rapidement pour qu'une seconde rafale ne le frappât mortellement cette fois. Prévenus par la secrétaire miraculeusement indemne, Déat et le fidèle lieutenant de Doriot, Marcel Marshall, arrivèrent sur les lieux et ne purent que constater le décès. Doriot fut inhumé au cimetière de Mengen où il repose toujours. En 1961, des soldats d'occupation découvrirent sa tombe, la piétinèrent et la souillèrent. Peu après, l'ordonnance de l'armée française qui interdisait de l'entretenir tomba dans l'oubli. Jusqu'à une date très récente, Victor Barthélemy et Marcel Marshall organisèrent chaque 22 février une cérémonie à la mémoire de celui qui fut leur chef.

Le Grand Jacque Doriot Lors du Congrés Du Parti Populaire Français (PPF)

Parti franciste

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Le Francisme, ou Parti franciste ou Mouvement franciste (1933-1944), était un parti politique fasciste français dirigé par Marcel Bucard. Sous l'occupation nazie, le Francisme sera l'un des principaux partis collaborationnistes, derrière le Parti populaire français (PPF) de Jacques Doriot et le Rassemblement national populaire (RNP) de Marcel Déat

Parti franciste

Le Francisme est créé en août-septembre 1933 par Marcel Bucard (1895-1946), ancien séminariste et héros de guerre, qui était déjà passé par un bon nombre de mouvements d'extrême droite et fascistes (Action française, Faisceau, Solidarité française, Croix de feu, puis la Milice socialiste nationale et le journal La Victoire du chantre du « socialisme national », Gustave Hervé. C'est d'ailleurs dans La Victoire de Gustave Hervé, que le 20 août 1933, Marcel Bucard annonce la future naissance du Parti franciste.

La création officielle a lieu le 29 septembre 1933, à 23 heures, lors d'une cérémonie organisée à l' Arc-de-Triomphe de Paris. Marcel Bucard déclare alors vouloir : « (..) fonder un mouvement d'action révolutionnaire dont le but est de conquérir le pouvoir » et d'« arrêter la course à l'abîme ». Le Francisme est créé par scission de l’équipe de Gustave Hervé. Les premiers dirigeants du Francisme sont, en septembre 1933 : Marcel Bucard, Jean-Baptiste Lhérault (venu de l’équipe de Gustave Hervé), Paul Lafitte (venu de l’équipe de Gustave Hervé), Louis Crevau (Les Petites affiches), Paul Germaix, Sussfeld, Claude Planson, André Truchard, Maurice Larroux, Gaillout et quelques autres. Aussi Léon Husson ancien chef de cabinet du ministre modéré André Maginot (source : Lambert et Le Marec).

Le Francisme se veut tout de suite membre français d’une internationale fasciste. « Notre Francisme est à la France ce que le Fascisme est à l’Italie. » écrit Bucard (20 août 1933 dans La Victoire, cité par Lambert et Le Marec). En 1934-1935, le Francisme est rallié par des hommes d'origines politiques diverses de droite comme de gauche, notamment plusieurs responsables départementaux et de rayons du Parti communiste (tels Tavernier et ses camarades en Champagne). Pour obtenir ces ralliements, le Francisme soutient certaines grèves (telle celle du textile à Roanne en novembre 1934) (source : Lambert et Le Marec). En 1935, il est rejoint par Jean Pérault (ancien secrétaire général de la Fédération des Jeunesses communistes au VIIe Congrès de la JC et ancien membre du comité central du PC) (source : Lambert et Le Marec). En 1935, le Parti populaire socialiste national (PPSN) d’André Chaumet rejoint le Francisme (source : Lambert et Le Marec).

Si un historien affirme que le Francisme « avait puisé dans la gauche et ses éléments et son esprit » (Eugen Weber, cité dans Robert Soucy, « Fascisme français ? », 2004, introduction page 24), il n’en reste pas moins que, peut-être en raison de la personnalité de Bucard, le Francisme gardera l’image d’un fascisme français clérical, catholique et réactionnaire. Ils déclarent à cette époque : « Notre philosophie s'oppose sur l'essentiel à celle de nos aînés. Nos pères ont voulu la liberté, nous réclamons l'ordre. Ils ont professé l'égalité, nous affirmons la hiérarchie des valeurs... ». Le Francisme va également recevoir le ralliement des membres de la ligue d'extrême-droite de la Solidarité française après la mort du président de cette dernière, François Coty. Le mouvement devient de plus en plus antisémite à partir de 1936.

Les francistes, que l'on nomme aussi les « Chemises bleues », portent l’uniforme et saluent à la romaine, comme la Solidarité Française. Le francisme est doté d'un service d’ordre secret, La Main Bleue (dès 1933). Malgré les ralliements et le soutien financier de l’Italie fasciste en 1934-1936, le Francisme ne décollera pas : les historiens ne lui accordent que 5 500 membres en 1934, tandis que le journal du parti, Le Franciste, ne tire qu’à 15 000 exemplaires en 1935 (Alain Déniel cité par Robert Soucy). Dans le cadre de la loi du 10 janvier 1936 sur les groupes de combat et milices privées destinée à « prendre des mesures exceptionnelles de défense républicaine en raison de la prolifération des ligues et de l'agitation qu'elles entretenaient dans la rue », le Francisme est dissous par le Décret du 18 juin 1936, en même temps que d'autres ligues d'extrême-droite.

Cependant, de 1936 à 1939, le Francisme se poursuit sous diverses appellations : d'abord l’association des Amis du Francisme (1936-1937), puis le Parti unitaire français d’action socialiste et nationale (Pufasn) (1938). Organisé sur un modèle paramilitaire fasciste, fascisme dont il était par ailleurs le seul mouvement politique français d'extrême-droite d'avant-guerre à se réclamer officiellement, il devait regrouper des militants activistes, peu nombreux mais très motivés et prêts à participer à des coups de main contre le régime. Au total, il ne dût guère rassembler plus de 8.000 adhérents avant 1939 pour atteindre un total de 12 à 13.000 après 1940.

Durant l' Occupation, le Parti Franciste sera l'un des principaux partis collaborationnistes derrière le Parti populaire français (PPF) de Jacques Doriot et le Rassemblement national populaire (RNP) de Marcel Déat. Le 5 mai 1941, Marcel Bucard et Paul Guiraud (agrégé de philosophie, fils de Jean Guiraud, rédacteur en chef de La Croix) relancent le Francisme. Paul Guiraud tente de donner au Francisme un allure plus « socialiste ». De même, Bucard défend sous l’occupation la CGT (dissoute) et critique la Charte du travail élaborée par le régime de Vichy, jugée pas assez sociale (Lambert et Le Marec). Rien n’y fait cependant et, de nouveau, le Francisme conservera son image ultra-conservatrice (Pascal Ory, les Collaborateurs).

Le Francisme sera, comme les autres mouvements de la collaboration, un échec. À son apogée (été 1943), il compte 5 500 membres (4 000 en province 1 500 en région parisienne) (selon Lambert-Le Marec) ou vers 8 000 (selon une autre source). Le journal « Le Franciste » atteint un tirage maximum pendant la guerre de 20 000 exemplaires, ce qui donne une idée de son audience maximale. Sur le plan qualitatif, le Francisme est également un échec : « Le mouvement ne réussira pas à s’imposer. Le recrutement se fait de plus en plus au-delà de la très petite bourgeoisie qui l’emportait jusqu’alors, dans les milieux marginaux, chômeurs déclassés, travailleurs immigrés. » (Pascal Ory, les Collaborateurs).

En 1943, le Francisme participe à l‘éphémère Front révolutionnaire national, dominé par le RNP. Comme les autres partis collaborateurs, le Francisme s’implique fortement dans la collaboration militaire avec l’Allemagne (création des Équipes spéciales pour lutter contre la Résistance) même s’il voit la Milice de Vichy, concurrente, d’un mauvais œil. Nombreux furent ses membres qui participèrent à des opérations de police et de répression antisémite et anticommuniste. Particulièrement bien implantées dans les départements de Seine-et-Oise, Morbihan et Nord, ses sections locales furent impliquées dans de nombreux incidents d'une rare violence.

A la suite d’un quiproquo, Bucard, qui tue deux policiers en juillet 1944, est emprisonné à la prison de la Santé et manque d’être fusillé. Libéré le 29 juillet, il a juste le temps, devant l’avancée des Alliés, de fuir en Allemagne le 12 août avec les autres Francistes. Bucard est jugé, condamné à mort et fusillé en 1946.

Dirigeants du Francisme sous l’occupation (selon Lambert et Le Marec) :
 

  • Chef : Marcel Bucard.
  • n°2 et Action politique : Paul Guiraud (agrégé de philosophie).
  • Organisation : F. Blanchard
  • Propagande : Maurice Maurer (publicitaire, cofondateur du Parti français national-communiste en 1934, puis passe au Francisme sous l’occupation).
  • Action sociale : Godefroy Dupont.
  • Jeunesse : Claude Planson (cofondateur du Francisme en 1933). La Jeunesse franciste se renforce en juin 1942 d’un bon nombre de cadres des JFOM qui venaient d'ailleurs du Francisme. Puis Robert Poïmiroo (à la place de Claude Planson à partir d’octobre 1943).
  • Service d'ordre : docteur André Rainsart (ancien chef d'un minuscule Parti socialiste national indépendant dans les années 1930).

La France dans la Collaboration

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La collaboration en France (1940-1944) est l'action et le travail commun, menés de façon choisie, avec l'occupant nazi du territoire français, entre 1940 et 1944. Elle consiste non seulement en la collaboration d'État lancée officiellement lorsqu'au terme d'un discours radiodiffusé le 30 octobre 1940, le maréchal Pétain invite les Français à collaborer avec l'Allemagne, mais aussi en d'autres formes de collaboration plus radicales ou plus confuses auxquelles se livrent des Français en dehors de l'appareil d'État.

L'entrevue de Montoire

L'entrevue de Montoire

On peut distinguer trois sortes de collaboration : la collaboration d'État menée par le régime de Vichy ; les collaborationnistes, d'idéologie fasciste, qui prônent le principe de la collaboration et qui mènent une collaboration privée dans les domaines politiques (Rassemblement national populaire (RNP), Parti populaire français (PPF) ou militaires (LVF) ; la collaboration privée non politique (entrepreneurs privés, artistes, etc.). Une partie de cette collaboration privée est aussi considérée comme une collaboration technique imposée par les vainqueurs.

À la suite de Philippe Burrin, les historiens parlent de « collaboration au quotidien » pour désigner un certain nombre de comportements significatifs mais ne révélant pas de l'engagement politique actif : rapports personnels cordiaux entretenus avec des Allemands, envoi de lettres de dénonciation à la police ou à la Gestapo (trois à cinq millions de lettres anonymes en France, soit une moyenne de 2 700 lettres par jour), chefs d'entreprises sollicitant d'eux-mêmes des commandes de l'ennemi, relations amoureuses affichées avec des soldats de l'armée d'Occupation voire des membres de la Gestapo, etc.

Il peut y avoir recouvrement entre la collaboration d'État et le « collaborationnisme » : de nombreux collaborationnistes parisiens, certains partisans convaincus de la victoire allemande et de l'idéologie nazie, sont ainsi entrés au gouvernement de Vichy.

La Collaboration d'État en France :


Pierre LavalLa collaboration d'État est l'aide apportée à l'Allemagne nazie par le gouvernement de Vichy et l'administration française. Cette aide se situe principalement sur les plans économiques (les frais d'occupation), policiers (lutte contre la Résistance, livraison d'Allemands antinazis exilés en France, etc.), racial (recensement, arrestation et déportation des Juifs) et militaire (accord DarlanLVFWaffen-SS français, etc.).

La collaboration fut lancée médiatiquement à la suite de la rencontre de Pétain et d'Hitler à Montoire-sur-le-Loir, le 24 octobre 1940, avec sa fameuse poignée de main de Montoire, image symbolique que l'on peut opposer à celle du général de Gaulle prononçant au micro de la BBC son intention de continuer le combat aux côtés des Alliés. L'entrevue de Montoire, bien qu'elle ait été préparée par Laval au moyen de rencontres avec les dirigeants nazis (dont Hitler lui-même, deux jours avant au même endroit) eut un bilan fort maigre : aucun engagement concret ne fut pris d'aucune part, seul le principe de la collaboration fut mis en place, avec un malentendu soigneusement entretenu par les Allemands sur le sens réel de cet engagement.

Pour Pétain comme pour Laval, les concessions faites à l'occupant à partir de l'accord de Montoire devaient entraîner sa mansuétude : devant ces gages de bonne volonté, l'Allemagne aurait accordé des contreparties, comme le retour des prisonniers de guerre français, l'aménagement de la ligne de démarcation ou le retour du gouvernement français à Versailles. Mais Hitler, en raison de son immense francophobie, n'était nullement disposé à faire des concessions au vaincu de juin 1940. De plus, il considérait la collaboration comme un atout tactique et stratégique : aide purement ponctuelle et militaire, elle devait aider l'Allemagne dans la perspective du conflit encours avec la Grande-Bretagne et du projet d'invasion de l'URSS. Il s'agissait pour les nazis de se garantir des intentions françaises, c'est-à-dire de « neutraliser la France aux moindres frais » en maintenant « une écrasante domination économique » et en s'assurant « que Vichy s'opposera fermement à toute tentative de mainmise des gaullistes et des Anglais sur l'Afrique du Nord. »

Pétain déclara dans son allocution radiophonique du 30 octobre que la France entrait dans une ère nouvelle : « j'entre dans la voie de la collaboration ». Mais il avoua par la suite sa déception devant l'absence d'accord concret, et d'engagement de la part d'Hitler. Il confia par la suite avoir rencontré un « rien du tout », un « médiocre qui n'a pas retenu les leçons de l'histoire », allant jusqu'à minimiser la rencontre en affirmant que Montoire était dès le départ conçu comme un simple « tour d'horizon » informel. Ceci ne l'amena pourtant pas à tirer les leçons de cet échec, dont il ne soupçonna sans doute jamais la portée réelle. Laval et lui pariaient sur une victoire allemande définitive, et ils voulaient faire de la France le partenaire privilégié de Adolf Hitler dans l'Europe nazie. Leur illusion était grande que Adolf Hitler veuille faire de la France autre chose qu'un vassal taillable et exploitable à merci. La seule divergence entre les conceptions des deux hommes d'État était une différence de degré : pour Pétain, la collaboration avait des motivations réactionnaires et nationalistes, alors que Laval raisonnait en termes nettement européens, ceux de « l'Ordre Nouveau » évidemment.

Le régime de Vichy, pour démontrer sa bonne volonté, a donc recherché la collaboration et fréquemment anticipé ou surenchéri sur les demandes allemandes. Quant aux concessions obtenues en échange de la collaboration, elles furent pour le moins très limitées, le fardeau de l'Occupation ne cessant de s'alourdir jusqu'au bout. Ainsi, en échange du départ de 600 000 à 650 000 jeunes travailleurs au Service du travail obligatoire (STO), Pétain et Laval obtinrent le retour de moins de 100 000 prisonniers pour la plupart âgés et malades, dont une majorité aurait sans doute été rapatriée de toute façon.

Parmi les collaborationnistes qui ont participé aux différents gouvernements de Vichy ou lui ont apporté leur soutien, on peut citer Fernand de Brinon, admirateur du Troisième Reich dès avant-guerre, est ainsi le délégué général de Vichy en Zone Nord de 1941 à 1944. On peut citer aussi Jacques Benoist-Méchin, principal conseiller de Darlan pour les négociations avec Hitler (1941-1942), Gaston Bruneton, chargé de l'action sociale auprès des travailleurs (volontaires et forcés) Français en Allemagne en étroite collaboration avec le D.A.F. (Front Allemand du Travail), Jean Bichelonne, maître-d'œuvre du Service du travail obligatoire (STO), ministre de la Production industrielle puis des Transports, ou l'académicien Abel Bonnard dit « Gestapette », promu à l'Éducation nationale en 1942. En 1944, les fascistes et collaborationnistes convaincus Joseph DarnandPhilippe Henriot et Marcel Déat entrent au gouvernement sous la pression allemande.

Si de nombreux collaborationnistes parisiens méprisent ouvertement le régime de Vichy qu'ils jugent trop réactionnaire et pas assez engagé dans l'alliance avec le Troisième Reich, d'autres se proclament inconditionnels du maréchal Pétain, à commencer par DarnandJacques Doriot, chef du PPF, se présenta jusqu'à fin 1941 comme « un homme du Maréchal ». Pierre Laval, la plus importante personnalité à Vichy après Pétain, entretenait des relations politiques très étroites avec Déat et Darnand, et prit en personne la tête de la Milice française, organisation collaborationniste très violente et jusqu'au boutiste, supplétive de la Gestapo.

Collaboration d'État à la Shoah :

Le régime de Vichy accorda son soutien au régime nazi particulièrement au travers de l'expulsion et de la spoliation de leurs biens (aryanisation), associée à la déportation de Juifs étrangers puis français. Sur les 76 000 Juifs déportés de France, dont 50 000 étaient des Juifs étrangers, 40 % ont été arrêtés par la police française, selon les calculs de Serge Klarsfeld. La Milice française a aussi participé à l'arrestation des 25 000 Juifs français déportés.

Bien que le port de l'étoile jaune n'eût jamais été instauré en zone libre, le régime de Vichy y fit apposer le tampon « Juif » sur les papiers d'identité, et ne protesta pas non plus contre la mesure prise en zone nord. En application des accords policiers Oberg-Bousquet de mai 1942, c'est la police française qui a assuré avec les nazis à la rafle du vel' d'Hiv à Paris. Les personnes raflées furent dirigées vers des camps, dont Drancy. Le 26 août 1942, René Bousquet organisa la rafle et la déportation de 10 000 Juifs étrangers de zone libre.

Collaboration d'État militaire :

Les accords Darlan-Abetz (1941)

Le gouvernement de Vichy fut le principal acteur de la collaboration lorsque son vice-président, l'amiral Darlan, qui avait rencontré Hitler à Berchtesgaden les 11 et 12 mai 1941, signa avec l'ambassadeur Otto Abetz les trois protocoles de Paris du 28 mai 1941. Ces textes, qui instituèrent une collaboration militaire entre les forces armées allemandes et françaises (Protocole I pour la Syrie-Liban, Protocole II, pour Bizerte et la Tunisie, Protocole III, pour l'A.O.F. et l'A.E.F., et protocole complémentaire, sur les moyens demandés par le régime de Vichy pour combattre toute riposte alliée) furent personnellement approuvés par Pétain dans son télégramme du 15 mai 1941 au général Dentz, haut commissaire en Syrie. Ces dispositions furent appliquées totalement en Syrie-Liban et partiellement en Afrique du Nord par la livraison à l'ennemi de pièces d'artillerie lourde et de munitions, que celui-ci allait pouvoir utiliser contre les soldats français à Bir Hakeim puis pendant la campagne de Tunisie. Le 21 décembre 1941, le général Juin et Hermann Göring se rencontrent à Berlin pour négocier l'utilisation de la base française de Bizerte par l'Africakorps, mais c'est un échec, Vichy exigeant en échange un renforcement de l'armée française d'Afrique et un accord général plus favorable que l'armistice du 22 juin 1940, ce que les Allemands refusent.

La Milice

La Milice française, qui joua un rôle de force supplétive de l'armée allemande, par exemple lors de l'écrasement du maquis du Vercors en 1944, fut créée par le régime de Vichy le 30 janvier 1943. Si — officiellement — elle est présidée par le chef du gouvernement, Pierre Laval, dans les faits, c'est Joseph Darnand, le secrétaire général de cette organisation, qui en est le véritable chef opérationnel.

Collaboration d'État économique :

Débat sur la collaboration d'État 

Bien que Pétain et Darlan aient été largement responsables de la collaboration d'État, certains observateurs superficiels des évènements de cette époque hésitent à les classer parmi les collaborateurs. Philippe Pétain était certes, au départ, un « réactionnaire », présentant peu d'affinité avec les nazis. Mais il profita de la défaite française pour mener à bien son projet de Révolution nationale. Celle-ci ne pouvait s'épanouir que dans le cadre de la défaite, puisque toute victoire des Alliés auraient signifié le retour aux libertés fondamentales et la fin des persécutions contre les Juifs, les Francs-Maçons, les républicains.

Les accusations se sont donc principalement reportées sur Pierre Laval, qui tout en collaborant outrancièrement, était avant tout un opportuniste jugeant préférable que la France soit du côté de l'Allemagne à l'issue de la victoire de celle-ci — qu'il jugeait inéluctable. C'est la raison sans doute pour laquelle il déclara : Je souhaite la victoire de l'Allemagne parce que, sans elle, le bolchevisme demain s'installerait partout. À partir de 1943-1944, toutefois, la position de Laval se révéla être bien au-delà d'un simple opportunisme, puisqu'il ne varia pas dans sa politique, malgré l'inéluctabilité devenue évidente de la défaite allemande. Au contraire, il accentua la collaboration, notamment en créant la Milice et le STO.

Les collaborationnistes en France :

Le terme « collaborationniste » serait dû à Marcel Déat, dans L'Œuvre du 4 novembre 1940. Le collaborationnisme ne se contente pas de pratiquer la collaboration, mais de l'encourager, de la promouvoir, d'en faire un thème politique. Il est le fait des partis politiques et de la presse collaborationnistes.

Ces serviteurs pourtant ostensibles de l'ennemi n'hésitaient pas à se qualifier de « nationaux ». Les Allemands eux-mêmes, qui ne les prenaient pas très au sérieux, les utilisèrent surtout pour accroître leur pression sur le gouvernement de Vichy. Les « collabos » n'étant qu'une poignée d'hommes isolés et méprisés par la masse du pays (quelque 2 % de la population), Adolf Hitler se garda de leur confier des responsabilités trop importantes. D'autant que dans son esprit, le fascisme rendait les peuples forts, ce qui aurait donc été un danger à ses yeux pour l'hégémonie allemande.

L'agitation menée par les « collaborateurs » les plus voyants, installés pour la plupart à Paris occupé, et venus d'horizons politiques variés, fit parfois oublier l'action patiente et résolue du gouvernement de Vichy en matière de collaboration.

Les partis collaborationnistes :

Dès juillet 1940, des activistes tentent leur chance en créant des partis politiques favorables à l'occupant nazi. Ils sont ensuite rejoints par les hommes politiques fascistes déçus par le caractère réactionnaire, catholique et moralisant du régime de Vichy (vers l'automne 1940). Tout en se réclamant officiellement du maréchal Pétain, le petit monde collaborationniste parisien se distingue tout d'abord par sa volonté d'aller plus loin que le régime de Vichy. Au contact direct des forces d'occupation allemandes, il prône l'instauration d'un régime fasciste ou nazi en France, plus « révolutionnaire », et engagé sans arrière-pensée dans la collaboration avec l'Allemagne nazie. Les collaborationnistes parisiens vont progressivement prendre des places au sein du régime de Vichy qu'ils ont tant critiqué au départ et tendront à radicaliser encore plus le régime (Marcel Déat ministre en 1944).

Autre caractéristique du petit monde collaborationniste, l'incapacité à s'unir, et les intrigues entre chefs (la rivalité entre Jacques Doriot et Marcel Déat, mais aussi entre Marcel Déat et Eugène Deloncle, etc.). Marcel Déat a tenté de réaliser un parti unique en 1941 en alliant RNP et MSR, puis en 1943 au sein d'un éphémère Front révolutionnaire national.

Tout ce petit monde là se retrouvera, avec le maréchal Pétain et les derniers fidèles de Vichy en exil en Allemagne, à Sigmaringen en 1944-1945. Jacques Doriot tentera de rejouer l'aventure gaullienne à l'envers en prenant la tête d'un Comité français de libération nationale et enverra quelques agents pro-allemands dans la France libérée par les alliés. Certains se retrouveront dans la LVF, à défendre le dernier carré des chefs nazis dans le Berlin dévasté au printemps 1945.

Les 2 principaux partis collaborationnistes :
 


Satellites du RNP :
 

  • Ligue de la pensée française (fondée en 1942 par René Château, ancien député radical-socialiste. Le mouvement le plus étonnant, constitué de sincères intellectuels républicains favorables à la Collaboration pour que, en échange, l'Allemagne permette à la France de rétablir la République !).


Partis collaborationnistes « moyens» (plus de 1 000 membres) :
 

  • Parti franciste (fondé en 1933 par scission de la Milice socialiste nationale de l’ancien leader socialiste Gustave Hervé. Fondé et dirigé par Marcel Bucard, réactionnaire de droite passé par toutes les ligues. Membres : 5 500 à 8 000 maximum).
  • Mouvement social révolutionnaire ou MSR (issu de la Cagoule, fondée en 1936 par scission de l'Action française. Fondée et dirigé par Eugène Deloncle, ancien membre de l’Action française. Puis dirigé en 1942-1944 par Georges Soulès, socialiste SFIO membre du cabinet de Charles Spinasse dans le gouvernement du Front populaire. Parti de comploteurs d’extrême-droite. Membres : vers 1 500 à 16 000 membres maximum selon les sources !).
  • Jeunes de l’Europe nouvelle (issu de la branche jeunes du groupe Collaboration. Dirigé par Marc Augier, ancien organisateur du Centre laïque des auberges de jeunesse et membre de cabinet de Léo Lagrange dans le gouvernement du Front populaire, puis par Jacques Schweizer, président des JNS, successeur de la ligue d’extrême-droite des Jeunesses patriotes. 1 500 membres maximum).
  • Les jeunes du Maréchal (créée par Jacques Bousquet, professeur de lycée, puis prise en main par Jean-Marie Balestre et Robert Hersant. Membres : 1 400 maximum).
  • Ligue française d’épuration, d’entraide sociale et de collaboration européenne (Mouvement social européen) (dirigé par Pierre Costantini, officier bonapartiste. 1 000 à 3 000 membres maximum).


Organisations collaborationnistes de notables et d’élus :
 

  • Groupe Collaboration (dirigé par Alphonse de Châteaubriant, écrivain réactionnaire. Groupe de notables conservateurs spécialisés dans les conférences à thèmes sur la collaboration. Audience : 33 comité en zone sud et un nombre inconnu en zone nord).
  • Comité d’action antibolchévique (CAA) (dirigé par Paul Chack, officier de marine et écrivain d’extrême-droite, membre de l'Action française jusqu'en 1939. Groupe de soutien à la LVF. Membres : vers 1 000 mais qui appartiennent aussi à d’autres organisations collaborationnistes)
  • Parti ouvrier et paysan français (POPF) (dirigé par Marcel Gitton, ancien n°3 du PCF puis Marcel Capron, député-maire PCF d’Alfortville. Parti regroupant l'aile collaborationniste des communistes. Membres : 300 en zone nord).
  • Comité ouvrier de secours immédiat (Cosi) (dirigé par Georges Yvetot, figure historique du syndicalisme français, puis par René Mesnard, socialiste passé au RNP, et Jules Teulade, ancien communiste passé au PPF. Organisation « caritative » pour les ouvriers bombardés, en fait instrument de propagande collaborationniste envers les milieux ouvriers).
  • Les Énergies françaises (ébauche de futur parti unique piloté fin 1942 par Pierre Laval. Chef  : Léon Cayla, ancien gouverneur général de Madagascar. Mais restera un petit groupe de notables conservateurs).


Groupuscules collaborationnistes (moins de 1 000 membres) :
 

  • Parti français national-collectiviste (PFNC) (fondé en 1934 et dirigé par Pierre Clémenti, journaliste de la presse radicale-socialiste. Membres : quelques centaines). Proche en 1940 du Jeune front (dirigé par Robert Hersant, ancien membre des Jeunesse socialistes) et des Gardes françaises,
  • Front franc (dirigé par Jean Boissel, ancien combattant d’extrême-droite et ultra-raciste. Membres : quelques dizaines).
  • Le Feu (dirigé par Maurice Delaunay, ancien député apparenté au PDP démocrate-chrétien. Il se fait appeler « François Henry Prométhée », « le Maître du feu » et prône une renaissance de la France sans idée politique claire. Cette histoire de fou ne dure que 6 mois mais largement subventionnée par l’Allemagne qui voulait peut-être discréditer les collaborationnistes).
  • Autres groupuscules : Parti national-socialiste français (PNSF) (environ 50 membres), Croisade française du national-socialisme (CFNS), Formations éclaires révolutionnaires (50 membres maximum), Les Hitlériens français (une douzaine de membres), Mouvement national-syndicaliste-L’Union française, Les Gardes du peuple révolutionnaire, Comité d’épuration de la race française, Cadets de Francs (organise quelques camps de jeunesse de 100 à 300 membres).


Collaborationnistes régionalistes :

Parti national breton pro-nazi

Brezona, détaché du Parti national breton, qui se réclame du national-socialisme ; et dans cette mouvance Galv ouvertement pro-nazi, et formé à partir des rédacteurs de la revue Arvor, Stur d'Olier Mordrel, et le Bezen Perrot formé par une fraction du Parti national breton.

La presse collaborationniste, ou collaboration de plume :

Avant le début de la Seconde Guerre mondiale, le décret-loi du 26 juillet 1936 (décret Daladier) institue un « Commissariat Général à l'Information » qui dépend directement de la Présidence du Conseil. Dirigé par le diplomate Jean Giraudoux, il est chargé de contrôler les médias et mobiliser l'opinion contre l'Allemagne nazie. Pendant la Drôle de guerre, le commissariat est transformé par le décret du 1er avril 1940 en « Secrétariat d'État de l'Information et de la Propagande » du Ministère de l'Information sur lequel va s'appuyer la collaboration pour faire accepter aux français la défaite à travers trois médias : France-Actualité pour les actualités cinématographiques, Radiodiffusion nationale et la presse écrite.

Les principaux journaux de presse existant alors adoptent trois attitudes : soit ils se sabordent (comme Le Canard enchaîné, l'Intransigeant, le Populaire ou L'Humanité); soit ils se replient en zone libre dès le 10 juin 1940, essentiellement sur Lyon où existent de nombreuses imprimeries (comme Le Journal, Paris-Soir ou le Figaro); soit ils décident de reparaître en zone Nord (comme Je suis partout ou Le Matin).

La majorité des titres de la presse collaborationniste en zone occupée sont subventionnés ou détenus en sous-main par l'ambassade d'Allemagne d'Otto Abetz, qui a créé à cet effet les Éditions Le Pont. La presse parisienne est dominée par la personnalité du patron de presse Jean Luchaire. L'ambassade d'Allemagne exerce principalement la propagande et la Propaganda Staffel se spécialise dans la censure, notamment grâce à ses bureaux en province. A part les ultra-collaborationnistes, les journalistes agissent plus par opportunisme, appât du gain (alors que les salaires en France sont bloqués, leurs appointements sont doublés par l'entremise de la Propaganda Staffel) ou lâcheté que par idéologie. La presse maréchaliste en zone libre soutient majoritairement la politique collaborationniste et antisémite de Pétain en pratiquant l'autocensure car elle est contrôlée par le « Secrétariat d'État de l'Information et de la Propagande » du Ministère de l'Information (dirigé par Paul Marion puis Philippe Henriot).

Peu à peu, face à la propagande manifeste, les Français se détournent des journaux politiques de collaboration qui continuent à annoncer des tirages phénoménaux alors qu'ils réalisent de 30 à 50 % de bouillons. Ils privilégient alors la presse spécialisée (sport, presse féminine) et la presse clandestine (comme Franc-Tireur, Combat ou Libération).

Des dizaines d'écrivains ou journalistes de renom furent des collaborateurs. Les articles spécialisés permettent de connaître plus en détail la nature des engagements de différents écrivains de renom en faveur de l'occupant ou de la Révolution nationale.
 


L'engagement militaire aux côtés des Allemands :

La LVF

La Légion des volontaires français contre le bolchévisme fut une initiative privée des chefs des partis collaborationnistes parisiens en juillet 1941 et non pas une création du régime de Vichy. Mais le maréchal Pétain l'a encouragé publiquement à sa création (par exemple en novembre 1941) avant d'adopter une attitude plus prudente par la suite. La LVF fut reconnue d'utilité publique et Pétain déclara que ses soldats détenaient « une part de notre honneur militaire ». Ceux-ci prêtaient serment de fidélité personnelle à Adolf Hitler.

La Waffen SS française

La constitution d'une Waffen-SS française (unité militaire de la SS) fut autorisée par le régime de Vichy en juillet 1943.

La phalange africaine

En réaction du débarquement allié en Afrique du Nord (Opération Torch), le gouvernement français veut envoyer une force militaire en Tunisie. Les amiraux Derrien et Esteva restent fidèles au maréchal qui a demandé aux forces militaires d'Afrique du Nord de résister contre les alliés. Autres personnalités ayant joué un rôle important dans la collaboration :
 


La Collaboration privée :

La collaboration d'ordre privée, même si elle est encouragée par des déclarations du régime de Vichy, est celle qui relève de l'initiative privée en particulier dans l'activité professionnelle (le collaborationnisme politique est traité plus haut). des degrés de responsabilité particuliers peuvent être dégagées : les chefs d'entreprise (en raison des implications collectives des décisions qu'ils prennent) et les artistes et « vedettes » (en raison de l'exemple que constitue leur conduite).

Collaboration économique privée :
 

  • Louis Renault a été accusé à la Libération de collaboration avec l'armée allemande. Les usines Renault (Groupe) furent confisquées et nationalisées sous ce motif.
  • Gnome et Rhône fournissait des moteurs d'avions à l'Allemagne. Elle fut nationalisée à la Libération pour faits de collaboration et deviendra la Snecma (actuelle société Safran).
  • Marius Berliet est condamné, en 1946, à deux ans de prison et à la confiscation de ses biens par la Cour de justice de Lyon pour collaboration avec l'occupant. On lui reproche de s'être empressé de fabriquer des camions pour l'armée allemande pour maintenir la puissance de l'entreprise, d'avoir d'ignoré la Résistance (refus des sabotages internes) et par conséquence d'avoir servi l'Allemagne. Il est aussi accusé d'avoir livré l'un de ses ouvriers à la Gestapo par l'intermédiaire d'un responsable de la sécurité de l'usine milicien, ce qui sera confirmé au cours du procès.


En mai 1941, après les premières arrestations de Juifs, l'entreprise Photomaton propose ses services à l'occupant : « Nous pensons que le rassemblement de certaines catégories d'individus de race juive dans des camps de concentration aura pour conséquence administrative la constitution d'un dossier, d'une fiche ou carte, etc. Spécialistes des questions ayant trait à l'« identité », nous nous permettons d'attirer particulièrement votre attention sur l'intérêt que présentent nos machines automatiques Photomaton susceptibles de photographier un millier de personnes en six poses et ce en une journée ordinaire de travail. »
 

  • Des entreprises du BTP (comme Sainrapt et Brice) et des cimenteries (Vicat)ont participé à la construction du mur de l'Atlantique.
  • La Banque Worms, bien introduite au sein du régime de Vichy, avec notamment Jacques Barnaud (1893-1962), responsable des relations économique franco-allemandes et Pierre Pucheu (une présence qui a entraîné bien des fantasmes .
  • Des chefs d'entreprise, participent aux instances mises en place par Vichy. Ainsi, Joseph Merceron-Vicat est nommé membre du Conseil national instauré par Vichy. Il y propose un « Schéma d'organisation corporative » conforme à la Révolution nationale.


Collaboration artistique

Des hommes et des femmes du monde du spectacle (par exemple Sacha Guitry ou Arletty) se virent reprocher une attitude de collaboration parce qu'ils avaient, pendant l’Occupation, entretenu des relations pour le moins cordiales avec l'occupant. De fait, si nombre d'artistes (comme Ray Ventura) avaient émigré à cette époque, un certain nombre d'autres ont — pour reprendre l'expression de Guitry — continué à exercer leur métier. Il n'en reste pas moins que plus d'une personnalité des arts et des spectacles ne manifesta aucun état d'âme particulier à s'afficher régulièrement aux côtés des Allemands, et que ceux-ci furent largement mêlés pendant quatre ans à la vie d'un Tout-Paris pas toujours regardant. La boutade prêtée à la comédienne Arletty est restée célèbre : « Mon cœur est à la France, mais mon c… est international ».

De plus, les nazis voulaient faire de Paris une préfecture de la frivolité (treize bordels réservés aux Allemands) et des loisirs de masse, une des manières de résister à cette décadence pour certains artistes était de maintenir un certain niveau de culture (théâtre, opéra) en contradiction avec les désirs triviaux de l'occupant. Enfin, la politique allemande visait à briser l'hégémonie culturelle française et en faire la région agricole de l'Europe, favorisant le régionalisme littéraire développé par Vichy.

Libération et épuration :

Les nouveaux pouvoirs issus de la Résistance intérieure et du GPRF mirent fin aux violences spontanées et procédèrent à l'épuration judiciaire. Les excès de l'« épuration sauvage » n'ont pas dégénéré dans un « bain de sang » général. Mais, avant que les cours de justice et chambres civiques soient créées et installées, et parfois après, les résistants et les populations s’en prennent aux collaborateurs. Cette épuration extrajudiciaire, ou « épuration sauvage », vise principalement des collaborateurs avérés, notamment les miliciens de Darnand, ou des militants de partis collaborationnistes. Elle a également lieu à la Libération à la faveur des mouvements de foules, où la joie et le désir de vengeance se mêlent. Les femmes ayant collaboré sont tondues (20 000 au total), à la Libération, mais aussi au printemps 1945, au retour des camps. Les exécutions extrajudiciaires de collaborateurs, ou considérés comme tels, sont l’objet d’une légende noire où les chiffres deviennent de vrais arguments dans les tentatives de réhabilitation de certains. Cependant même si les dérapages et les actions de pur banditisme existent (Maquis Le Coz), toutes les exécutions « extralégales » ne sont pas empreintes d’injustice.

Par la suite l’épuration judiciaire prend le relais. Elle s’exerce par l’entremise de tribunaux d’exception : la Haute cour de justice, les cours de justice, et les chambres civiques pour les actions non réprimées par le code pénal. L’épuration touche tous les secteurs d’activité et toutes les couches de la société. Le cinquantenaire de la fin de la Seconde Guerre mondiale, au milieu des années 1990, fut l’occasion de nombreuses études permettant d’éclairer d’une lumière nouvelle cette période extraordinaire, au sens propre du terme, qu’est la Libération. Ce fut également le moment de synthétiser l’ensemble des travaux concernant la période. Ainsi, l’épuration extrajudiciaire entraîna la mort de 10 000 personnes, la tonte de 20 000 « horizontales ». L’épuration légale concerna plus de 300 000 dossiers, dont 127 000 entraînent des jugements, ce qui donne 97 000 condamnés. Les peines allant de 5 ans de dégradation nationale à la peine de mort. Soucieux de réduire rapidement la fracture entre les Français, le gouvernement de la République française vota trois amnisties pour les épurés, dès 1947, puis en 1951 et 1953.

L’épuration est très rapidement un sujet polémique. Les premiers à écrire sur le sujet sont les épurés eux-mêmes ou les épurateurs. Ce qui ne favorise pas la neutralité des propos. De plus, les journaux d’extrême-droite et les anciens vichystes ou leurs avocats relaient la « légende noire » de l’épuration : massacres, chiffres farfelus. Cependant, les dernières enquêtes réalisées par le Comité d’Histoire de la Deuxième Guerre mondiale (CHGM) et son successeur, l’Institut d'histoire du temps présent (IHTP), donnent pour 84 départements (sur 90 en 1945) le chiffre de 8 775 exécutions sommaires lors de l’épuration extrajudiciaire, auxquels il faut ajouter les condamnés à mort par la Haute cour de justice et les cours de justice (791 ou 767 suivant les enquêtes), et par les cours martiales (769 pour 77 départements selon l’IHTP). L’épuration aurait donc fait entre 10 000 et 11 000 morts.

En valeur absolue, moins de Français furent internés que dans les Pays-Bas. Moins d'un Français sur 1 000 fut interné ou arrêté, ce qui reste très en dessous des taux du Danemark, de la Norvège, de la Belgique et des Pays-Bas. Plus de 1 500 condamnés à mort furent exécutés, cependant deux condamnations sur trois à la peine capitale furent commuées, taux le plus élevé d'Europe occidentale.

Rassemblement National Populaire (RNP)

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Le Rassemblement national populaire (RNP) (1941-1944) était un parti collaborationniste français fondé par Marcel Déat en février 1941. Se disant d'inspiration socialiste et européen, il se destinait à « protéger la race », et à collaborer avec l’Allemagne nazie. Le RNP fut l'un des trois principaux partis collaborationnistes avec le Parti populaire français (PPF) de Jacques Doriot et le Parti franciste de Marcel Bucard.

Réunion politique du Rassemblement national populaire, juin 1943, au stade Courbertin à Paris

Réunion politique du Rassemblement national populaire, juin 1943, au stade Courbertin à Paris

Le RNP est fondé par Marcel Déat (ancien député SFIO, fondateur en 1933 du Parti socialiste de France-Union Jean Jaurès (néo-socialiste), ministre de l’Air en 1936, et ultra-pacifiste en 1939). Éloigné de Vichy après avoir proposé sans succès un parti unique durant l’été 1940, et même brièvement arrêté par la police de Vichy le 13 décembre 1940, crée le RNP au début 1941.

Dès le départ, les autorités nazies imposent une fusion contre nature du RNP de Marcel Déat, qui recrute plutôt à gauche, et du Mouvement social révolutionnaire (MSR) d'Eugène Deloncle, mouvement d’extrême-droite qui continue l’action de la Cagoule. Le premier comité directeur du RNP-MSR comprend 5 hommes (2 RNP, 3 MSR) :

 

  • Marcel Déat.
  • Jean Fontenoy (au Parti communiste français puis au PPF)
  • Jean Van Ormelingen (dit Jean Vanor) (en fait de nationalité allemande) (MSR, LVF)
  • Eugène Deloncle (Action française, chef de la Cagoule puis du MSR)
  • Jean Goy (industriel, député conservateur, ancien président de l'Union nationale des combattants (UNC), principale association d’anciens combattants de droite. Après 1940 : au RNP mais exclu en 1942).


La fusion RNP-MSR ne prend pas. Le MSR conserve de facto son autonomie au sein du RNP et son principal rôle est de former le service de sécurité du RNP. La méfiance règne entre les deux chefs, d’autant que l’équipe de Deloncle est spécialiste des complots et des coups de main. Après l’attentat de Paul Collette contre Pierre Laval et Marcel Déat le 27 août 1941, Déat accuse le MSR d’avoir tenté de l’éliminer. Le MSR est donc exclu du RNP en octobre 1941, non sans quelques derniers coups tordus sanglants. Le RNP se réorganise (par l’exclusion des éléments soupçonnés d’être proches du MSR) jusqu’aux premiers mois de 1942. Sur le plan idéologique, le RNP est favorable à un régime fasciste et totalitaire. Il verse dans un antisémitisme un peu moins violent que le PPF. Il ne renie cependant pas tout son héritage républicain, laïc et pacifiste, ce qui le différencie radicalement de son grand rival, le PPF de Doriot. Ainsi, le RNP défend le principe du suffrage universel, l’école publique, une ligne anti-cléricale ou encore le maintien des bustes de Marianne dans les mairies. Ces idées entraînent une opposition constante entre le RNP et les éléments réactionnaires du début du régime de Vichy, élevés à l’école de l'Action française.

Sur le plan tactique, le RNP soutient Pierre Laval (dont Déat se croit le successeur et avec qui il partage des réseaux républicains et pacifistes de nature proches) et ne cesse de critiquer les « réactionnaires de Vichy » et le PPF. Tandis que Déat courtise le représentant de l’Allemagne en France, Otto Abetz, Doriot se tourne pour sa part vers les SS. Très déçu ne pas accéder au gouvernement de Vichy dans le sillage du retour au pouvoir de Pierre Laval en avril 1942 ou de l’occupation de la zone sud en novembre 1942, Marcel Déat consacre l’année 1943 à tenter de réaliser un parti unique de la collaboration qui lui permette de s’imposer. À la suite des rencontres en novembre 1942 entre les chefs du RNP (Déat, Albertini) et du MSR (Georges Soulès), qui s’étaient tous connus à la SFIO, le RNP créé le Front révolutionnaire national (FRN) qui parvient à rassembler les principaux partis collaborationnistes hormis le PPF de Doriot : RNP-Front social du travail, MSR, Parti franciste, Groupe Collaboration et Jeunes de l’Europe nouvelle, Comité d’action antibolchévique. Le PPF refuse la manœuvre, mais Déat réussit à débaucher un de ses dirigeants, Jean Fossati (secrétaire du PPF), et nomme à la tête du FRN le seul chef du RNP issu du PPF : Henri Barbé. Le FRN ne mène cependant à rien.

Le régime de Vichy se durcissant, ses points de vue se rapprochent de ceux des collaborationnistes. En mars 1944, Déat est nommé ministre du Travail et de la solidarité nationale du régime de Vichy et prend dans son cabinet les dirigeants du RNP (Georges Albertini, Georges Dumoulin, Ludovic Zoretti, Gabriel Lafaye, etc.). L’activité du parti est dès lors délaissée. Le 17 août 1944, devant l’avancée alliée, Marcel Déat part se réfugier en Allemagne. Il y est presque seul (« l’unique du parti » raille son collègue Abel Bonnard en référence à l’ancienne obsession du parti unique). Les membres du RNP, contrairement à ceux des autres partis collaborationnistes, préfèrent dans l’ensemble rester en France. Marcel Déat calque le RNP sur la SFIO d’avant-guerre afin de séduire son électorat, populaire et surtout de classes moyennes. Le RNP joue ainsi avec les symboles :

 

  • Le nom « Rassemblement national populaire » est une référence au « Rassemblement populaire », le nom initial du Front populaire.
  • Le RNP se veut la « Section française de l’internationale européenne » ou SFIE, par analogie avec la SFIO,
  • Les uniformes du RNP sont calqués sur celui des Jeunes gardes socialistes (chemise bleue, cravate rouge).


Il en est de même en ce qui concerne les dirigeants du RNP :

au niveau central : sur les 15 principaux dirigeants du parti en février 1943, 6 viennent de la SFIO, 6 du néo-socialisme, 1 est passé par le parti communiste puis le PPF, 2 viennent de droite (liste plus bas).
dans l’encadrement : « L’antécédent néo-socialiste, radical ou SFIO semble avoir joué un rôle analogue au niveau des sections locales » (Pascal Ory, Les collaborateurs). Les membres du RNP sont issus des classes moyennes urbaines (les 3/4 des dirigeants) : employés, fonctionnaires, enseignants, et aussi artisans, commerçants, professions libérales. Le parti compte peu d’ouvriers (11 %, notamment des cheminots). Au total, le RNP est plus âgé et plus intellectuel, et donc moins activiste, que le PPF et le Parti franciste.

En termes quantitatifs, le RNP est, comme tous les partis de la collaboration, un échec, ne parvenant pas à séduire les masses. On lui accorde en général, au maximum, entre 20 000 membres (dont 12 000 en province) et 30 000. Il connaît son apogée en 1942. D’autres estimations ne lui accordent que 2.640 membres vraiment actifs, dont seulement 13 % d’ouvriers de l’industrie. L’hebdomadaire militant est Le National Populaire (juin 1942). Le RNP est soutenu par L'Œuvre, le quotidien de Marcel Déat.

Les JNP sont dirigées par Roland Silly. Parmi les 9 autres dirigeants figure Roland Goguillot (dit Roland Gaucher, membre de la Fédération des étudiants révolutionnaires et du PSOP. En 1972 : cofondateur du Front national de Jean-Marie Le Pen). Concernant les adhérents, « ceux qui formaient le gros des troupes de la JNP, et dont certains étaient d’anciens Faucons rouges ou étaient issus de familles à forte tradition syndicaliste, suivaient l’exemple de leurs chefs et affichaient des idées nationales-socialistes ». Là aussi, le RNP cultive son image « de gauche » : le chant des JNP est ainsi une marche du parti communiste allemand. Les JNP auraient compté 2.500 membres pour toute la France.

Le RNP est dirigé par une commission permanente de 15 membres :

 

  • Président : Marcel Déat
  • Secrétaire général : Georges Albertini (ancien secrétaire des Jeunesses socialistes, membre de la commission administrative permanente de la SFIO, du CVIA).
  • Vice-président (à partir de janvier 1943) : Maurice Levillain (ouvrier mécanicien, conseiller municipal SFIO de Paris et conseiller général de la Seine, néo-socialiste).
  • Vice-président (à partir de janvier 1943) : Michel Brille (avocat, député de la Somme en 1936 de l'Alliance démocratique, le grand parti de centre-droit de la Troisième République).
  • Henri Barbé (membre du bureau politique du Parti communiste à partir de 1927, l’un des quatre dirigeants en 1929-1930, exclu du PCF en 1934, secrétaire général du PPF de 1936 à 1939).
  • René Benedetti (néo-socialiste)
  • Francis Desphilippon (fondateur d’une association d’ancien combattants pacifistes, puis membre de la SFIO, puis responsable du service d’ordre du parti communiste, puis passe à la SFIO où il est responsable des cercles d’entreprises et des Amicales socialistes).
  • Georges Dumoulin (ouvrier, secrétaire de la CGT, SFIO, franc-maçon, exerce des responsabilités au bureau international du travail).
  • Emile Favier (néo-socialiste)
  • Jacques Guionnet (SFIO)
  • Gabriel Lafaye (député SFIO puis néo-socialiste de la Gironde depuis 1928, sous-secrétaire d’État au travail dans le gouvernement Camille Chautemps en 1938. Après 1940 : au RNP, dirige le journal L’Atelier, collabore à La France socialiste, créée le CIOS ou "Comité Lafaye").
  • Barthélémy Montagnon (député SFIO puis néo-socialiste de Paris, franc-maçon. Après 1940 : au RNP, collabore à L'Oeuvre et aux Nouveaux temps.)
  • Georges Rivollet (secrétaire général de la confédération nationale des anciens combattants, ministre des anciens combattants dans des gouvernements de droite 1934-1935).
  • Roland Silly (membre de la SFIO tendance paul-fauriste, secrétaire de la Fédération CGT des techniciens).
  • Ludovic Zoretti (universitaire, responsable de la SFIO du Calvados, fondateur du syndicat des enseignants du 2e et 3e degrés (actuel SNES), secrétaire général de la Fédération générale de l’enseignement (actuelle FEN) de la CGT).


Personnalités exclues car trop « modérées »
 

  • Jean Goy (conservateur) et Charles Spinasse (ministre SFIO de l’Économie du Front populaire) exclus en 1942,
  • René Château (radical-socialiste) exclu en 1943.


Autres personnalités du RNP
 

  • Pierre Célor (membre du bureau du Parti communiste à partir de 1928, délégué auprès du Komintern, l’un des quatre dirigeants du PCF en 1929-1931. Exclu du PC en 1932. Après 1940 : adhère en 1941 au RNP, puis membre du bureau politique du PPF).
  • André Grisoni (député-maire radical de Courbevoie, vice-président du parti radical-socialiste, franc-maçon).
  • Fernand Hamard (dirigeant des Jeunesses communistes et collaborateur à L’Humanité. Après 1940 : au FST du RNP et donne des articles à L'Atelier et La France socialiste).
  • Claude Harmel (dirigea après la guerre l'Institut supérieur du travail)
  • Henri Jacob (membre du comité central du Parti communiste, délégué au comité exécutif de l’Internationale communiste. Après 1940 : au RNP en 1941, puis passe au PPF en 1943, rédacteur au Cri du Peuple).
  • Paul Perrin (ingénieur, député SFIO puis néo-socialiste de la Seine en 1932-1936, président ou secrétaire du Bureau international pour le respect du droit d’asile).


Des militants issus de deux tendances politiques différentes vont tenter de mener une stratégie d'entrisme au sein du RNP, c'est-à-dire d'y adhérer de façon tactique pour y former un groupe d'influence qui puisse infléchir sa politique dans le sens voulu. Il s'agit de certains trotskistes, habitués à la stratégie d'entrisme au sein des partis de gauche, et de certains militants nationalistes algériens, qui espèrent ainsi faire avancer la cause de l'indépendance de leur pays.

Suivant la stratégie trotskiste de « l’entrisme » un petit groupe de trotskistes issu du Parti communiste internationaliste (PCI) est entré au RNP, dont Henri Molinier (membre de la direction du PCI, frère de Raymond), Roger Foirier (PCI, jeunesse du PSOP), Maurice Déglise (membre du comité central des Jeunesses communistes puis trotskiste. Après 1940 : au RNP par entrisme mais y reste), André Gailledrat (dit Morgat) (membre du comité central du PCI, rédacteur en chef de la revue La Vérité (journal 1929), puis membre du PSOP. Après 1940 : au RNP par entrisme, avec Henri Molinier), Jean Desnots.

Certains nationalistes anticolonialistes nord-africains jouent la carte de la collaboration avec l’Allemagne nazie qui leur laisse espérer l’indépendance de l’Algérie afin d’affaiblir la France. Dans cette optique, plusieurs dirigeants nationalistes algériens du Parti du peuple algérien (PPA) créé en 1937 par Messali Hadj (surtout l’équipe qui privilégiait l’action en France et non en Algérie) entrent dans les organisations du RNP, espérant qu’il serve de couverture à leur action.

 

  • Comité nord-africain du RNP (mai 1941 à début 1944). Secrétaire général : Mohamed el-Maadi (ou Mahadi) (officier français, membre de l'Étoile nord-africaine, tenté par le Parti populaire algérien, puis adhère à la Cagoule. Après 1940 : au Mouvement social révolutionnaire (MSR) puis au RNP. Puis expulsé du RNP en 1943 car joue trop la carte allemande. Il crée la Légion nord-africaine, unité militaire pro-allemande). Autres chefs : Graied, Belkacem Radjef (ancien trésorier et numéro 3 du PPA) (Lambert et Le Marec).
  • L'Union des travailleurs nord-africains (UTNA) regroupe les nord-africains du Front social du travail, le syndicat du RNP (lire plus bas). L’UTNA aurait recruté 3000 membres, notamment parmi les 18.000 ouvriers non qualifiés embauchés pour la construction du mur de l’Atlantique. Chefs : Mohamed Laroubi (condamné en novembre 1939 pour « atteinte à la sécurité de l’État ». Après 1940 : président de l'UTNA), Amar Khider (ouvrier, ancien chef du PPA), Si Djilani (membre fondateur de l’Étoile nord-africaine puis ancien membre du bureau politique du PPA, directeur du journal el-Oumma).
  • Le Centre syndicaliste de propagande (CSP). Créé en avril 1941 par l’équipe du journal syndicaliste de la collaboration L'Atelier qui a rejoint le RNP (Georges Dumoulin, Georges Albertini, Francis Delaisi) dans l’attente de créer un Rassemblement national syndical. En attendant, le CSP est un club de réflexion et un lobby qui réclame une charte du travail plus favorable aux salariés.


Secrétaires généraux du Centre syndicaliste :
 

  • Georges Dumoulin (un des chefs du RNP, lire plus haut),
  • puis Aimé Rey (délégué à la propagande de la CGT dans les années 1920, mort en 1943),
  • puis Roger Bertrand,
  • puis, en 1945 : Kléber Legay (mineur, secrétaire de la Fédération CGT du Nord. Après 1940 : devient un responsable du RNP et du Comité ouvrier de secours immédiat).
  • puis René Mesnard (membres de la CGT, de la SFIO, puis néo-socialiste. Après 1940 : au RNP, dirige le journal L'Atelier, co-dirigeant du Comité ouvrier de secours immédiat. Tué par un avion allié en Allemagne en 1944).


Le Front social du travail (FST). Créé en juillet 1942, il se veut le véritable syndicat du RNP avec des cellules dans les entreprises. Délégué général : Francis Desphilippon (un des chefs du RNP, lire plus haut). L'Union de l’Enseignement. Créée en novembre 1942 pour regrouper les enseignants du RNP. Secrétaire : Pierre Vaillandet (professeur à l’École Normale, député SFIO du Vaucluse en 1936). Aussi dirigé par Georges Albertini. Elle est un échec. Le Centre paysan. Chefs : René de Robert (ingénieur agricole, ami de Déat, membre du Cercle européen), Julien Dobert, Jean Desnots (membre du comité central du Parti communiste, puis passe au trotskisme en 1935. Après 1940 : au RNP et écrit à L'Atelier), André Gorse. La Ligue de la pensée française. Créée en 1942 par René Château pour rassembler les intellectuels pacifistes et laïcs.

Drieu La Rochelle Pierre

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Pierre Drieu La Rochelle, né le 3 janvier 1893 à Paris et mort dans la même ville le 15 mars 1945, est un écrivain français. Romancier, essayiste et journaliste, il fut un auteur important dans la première moitié du XXe siècle. 

Drieu La Rochelle Pierre

Rêveuse bourgeoisie (1937) et surtout Gilles (1939) sont généralement considérés comme ses chefs-d'œuvre. Issu d'une famille normande, bourgeoise et nationaliste installée dans le XVIIe arrondissement de Paris, déchirée par les problèmes conjugaux et d'argent. Élève de l'École libre des sciences politiques, il est traumatisé par la Première Guerre mondiale, durant laquelle il est blessé à trois reprises. La Comédie de Charleroi, recueil de nouvelles publié en 1934, s'inspire de son expérience de la guerre. Il épouse en 1917 Colette Jéramec, dont il divorce en 1925. Il deviendra l'amant de Victoria Ocampo et également de Christiane Renault, l'épouse de l'industriel Louis Renault.

Proche des surréalistes dans les années 1920 (particulièrement d'Aragon, avec qui il se brouille peu après), il s'intéresse aussi à l'Action française, tout en n'adhérant à aucun de ces courants. Il se fait connaître, en 1922, par un essai remarqué, Mesure de la France, et publie plusieurs romans. Dans l'essai Genève ou Moscou, en 1928, il prend des positions pro-européennes, qui l'amènent à se rapprocher successivement de certains milieux patronaux, notamment l'organisation du Redressement français, dirigée par Ernest Mercier, puis de certains courants du Parti radical (notamment les « Jeunes Turcs »), à la fin des années 1920 et au début des années 1930. Républicain, volontiers anticlérical, Drieu est également un libertin qui multiplie les conquêtes féminines.

Il divorce rapidement à chacun de ses deux mariages : son mariage d'intérêt en 1917 avec Colette Jéramec, d'origine juive, qu'il n'appréciait alors déjà plus, prend fin en 1925 (il la fera néanmoins libérer du camp de Drancy en 1943 (ainsi que le fils et le frère de celle-ci), et sa seconde union avec une Polonaise, Olesia Sienkiewicz, ne dure guère plus longtemps. Dans les semaines qui suivent les manifestations du 6 février 1934, il collabore à la revue La Lutte des jeunes et se déclare à la fois « socialiste » et « fasciste », voyant là une solution à ses propres contradictions et un remède à ce qu'il considère comme la « décadence matérialiste des sociétés modernes ».

En octobre, il publie l'essai Socialisme fasciste, et se place dans la lignée du premier socialisme français, celui de Saint-Simon, Proudhon et Charles Fourier. Ce choix intellectuel le conduit à adhérer en 1936 au Parti populaire français, fondé par Jacques Doriot, et à devenir, jusqu'à sa rupture avec le PPF au début de 1939, éditorialiste de la publication du mouvement L'Émancipation nationale. Parallèlement, il écrit son roman le plus connu, Gilles. Sous l'Occupation, il devient directeur de La Nouvelle Revue française (NRF) et prend parti pour une politique de collaboration avec l'Allemagne, qu'il espère voir prendre la tête d'une sorte d'Internationale fasciste.

A partir de 1943, revenu de ses illusions, qu'il expose dans son avant-dernier roman, Les Chiens de paille, où il se représente sous les traits d'un ancien anarchiste nommé Constant, ses préoccupations se tournent vers l'histoire des religions – en particulier les spiritualités orientales –, tandis que, dans un ultime geste de provocation, il adhère de nouveau au PPF, tout en confiant à son journal secret son admiration pour le stalinisme. A la Libération, il refuse l'exil ainsi que les cachettes que certains de ses amis – dont André Malraux – lui proposent. Après deux tentatives manquées, il se donne la mort le 15 mars 1945.

La Collaboration

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Initiative de l’État français, la politique de collaboration est définie par Pierre Laval et le maréchal Philippe Pétain, à l’issue de leur rencontre successive avec Hitler (22 et 24 octobre 1940), qui serre, à Montoire, la main du maréchal. Celui-ci, dans une allocution radiodiffusée du 30 octobre, confirme que c’est « librement » que la France choisit « la voie de la collaboration ».
La Collaboration

Il s’agit, tout d’abord, de donner à l’occupant confiance en la bonne volonté du gouvernement de Vichy. Le 27 septembre 1940, les autorités allemandes ont ainsi promulgué, en zone occupée, un « statut des Juifs » reprenant en substance les dispositions des lois de Nuremberg (1935) et préconisant un recensement systématique des Juifs « apatrides » ou « nationaux », selon la terminologie vichyste, en France.

Le 3 octobre, les autorités de Vichy promulguent, de leur propre chef, un statut des Juifs en zone libre.  Elles parrainent, dès le mois d’août, la création de la Légion française des combattants dont les membres les plus extrémistes apportent leur soutien aux SS dans la chasse aux Juifs et aux « réfractaires » — ceux qui refusent l’Occupation, en particulier les communistes qui sont, dès lors, systématiquement pourchassés. Puis ce fut le tour des Juifs, peu à peu la Police allemande tisse sa toile, un chef de la Police est nommé en la personne du Général SS Karl Oberg, sous son commandement s'instal le SD qui sous les ordres du Colonel SS Helmut Knochen va intensifier la répression, grâce à ses adjoints, Théodor DanneckerHeinz RothkeKurt Lischka et le non moins célèbre Aloïse Brunner

Dans l’esprit de Pétain et de Laval, la collaboration a pour but d’atténuer les rigueurs de l’Occupation et doit permettre à la France de continuer à jouer un rôle dans l’Europe allemande après la victoire des nazis. Les deux hommes entretiennent soigneusement d’excellents rapports avec Otto Abetz, ambassadeur du IIIe Reich et francophile. Ils espèrent que la possession d’un empire colonial important, que l’accord de Rethondes a conservé sous la tutelle de Vichy, aura un intérêt suffisant aux yeux des Allemands pour que ceux-ci acceptent de négocier un assouplissement des conditions de l’Occupation.

À Paris, un certain nombre de « collaborationnistes » voient, en revanche, dans la politique de collaboration un véritable choix de société. Marcel Déat, l’ancien socialiste qui fonde, au début de 1941, le Rassemblement national populaire avec Eugène Deloncle ; Jacques Doriot, l’ancien maire communiste de Saint-Denis qui a rompu avec le communisme pour créer le Parti populaire français (PPF), version française du parti nazi ; Joseph Darnand, bientôt chef de la Milice créée en 1943, et Philippe Henriot, spécialiste de propagande et grand admirateur de Joseph Goebbels, trouvent en effet que l’État français est trop timoré dans la lutte contre les Juifs et les communistes. Ils sont rejoints par un groupe d’intellectuels, souvent issus de l’Action française, tels que Robert BrasillachLucien Rebatet et Pierre Drieu La Rochelle qui donnent à l’idéologie collaborationniste une certaine qualité d’expression.

Le débat sur la nature de la collaboration divise bientôt le gouvernement de Vichy, et Pétain destitue Laval le 13 décembre 1940 ; Pierre-Étienne Flandin le remplace puis, le 9 février 1941, l’amiral François Darlan lui succède. Celui-ci pousse à son apogée la collaboration. Il aggrave le statut des Juifs, et le commissariat général aux affaires juives devient le centre d’une intense activité policière et administrative. Il entame même des pourparlers pour engager la France aux côtés de l’Axe : il s’agit du protocole de Paris du 27 mai 1941 auquel Hitler ne donne pas suite. En revanche, il accepte de bonne grâce les productions économiques de la France, dont toute l’économie est tournée vers la satisfaction des besoins du IIIe Reich. Il accepte également l’incorporation de la Légion des volontaires français contre le bolchevisme (LVF), créée le 7 juillet 1941, dans les corps armés de la SS.

Cependant, dès la fin de 1940, l’Empire colonial français, principal atout dans la perspective de Pétain, se dissocie de Vichy et se rallie à la Fran ce libre de De Gaulle. Les interrogations d’un maréchaliste aussi convaincu que le général Weygand sur la pertinence des protocoles de Paris montrent au Reich que le temps est venu de faire savoir qui est le maître — et le seul maître. Le 1er décembre 1941, Hermann Göring vient rappeler à Pétain (qui confesse être très déçu par l’attitude allemande) qu’il est hors de question pour l’Allemagne de traiter d’égal à égal avec la France vaincue. En avril 1942, Otto Abetz fait libérer Laval qui redevient chef du gouvernement avec les pleins pouvoirs.

Celui-ci annonce le principe de « la relève » et accroît la pression, d’une part, sur « les réfractaires », et, d’autre part, sur les Juifs : grâce à l’efficace appui du commissariat aux affaires juives, de la police et de la préfecture parisiennes, l’opération « vent printanier », plus connue sous le nom de rafle du Vel’ d’Hiv, fournit au système concentrationnaire nazi un contingent de près de 13 000 victimes condamnées aux chambres à gaz et aux fours crématoires — lorsque, tout d’abord, elles arrivaient à survivre au camp de Drancy et aux wagons plombés. Cette opération est le point culminant d’une évolution continue qui a commencé avec le Statut d’octobre 1940 et qui se précise, dès le mois d’avril 1942, avec les premiers convois spéciaux envoyés par la France en Allemagne et, au mois de mai, l’obligation du port de l’étoile jaune pour les Juifs. Après le 11 novembre 1942 et l’Occupation de la zone « libre », la collaboration d’État, qui culmine avec la création en février 1943 du Service du travail obligatoire (STO) et de la Milice, est, de façon homogène, l’affaire des hommes de Vichy qu’épaulent désormais les collaborationnistes parisiens, tandis que la masse de la population s’en détourne dans l’indifférence ou, de plus en plus, dans la Résistance.

La collaboration est aussi une œuvre de propagande qui s’appuie sur une presse particulièrement active en zone occupée (l’Œuvre ; Je suis partout) ; cette propagande s’appuie également sur un cinéma dont les thèmes sont directement inspirés du cinéma didactique nazi (le Juif Süss), sur le prestige de sommités du monde intellectuel français (tel Jérôme Carcopino), ou encore sur des expositions gigantesques : « le Juif et la France » ou « le Bolchevisme et l’Europe », dont le caractère didactique et pseudo-scientifique est destiné à convaincre les Français de la justesse des choix politiques de Vichy. Si collaboration et Occupation sont liées, elles ne sont pas de même nature. La collaboration est tout à la fois un choix gouvernemental fondé sur une analyse géostratégique désastreuse, liée à une vision politique profondément réactionnaire et antirépublicaine, et un engagement idéologique d’une poignée de fascistes français. L’épuration brouillera les données du problème, en confondant ceux qui ont profité de l’Occupation et ceux qui l’ont soutenue et défendue.


Action francaise

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Action française est un mouvement politique français nationaliste et royaliste fondé en 1898 lors de l'affaire Dreyfus par Henri Vaugeois et Maurice Pujo. Ce mouvement patriotique, à l'époque farouchement antidreyfusard et antisémite, antiprotestant et xénophobe eut une influence non négligeable tout au long de la Troisième République. 

Action francaise

Les militants de l'Action française (alliés à des militants d'extrême-droite) ont été accusés par les militants socialistes et communistes d'être les auteurs d'une tentative de coup d'État lors de la manifestation du 6 février 1934, auquel participait toutefois le mouvement communiste, l'Association républicaine des anciens combattants. Il s'agissait d'une manifestation organisée par des groupes de droite monarchiste et antiparlementariste, Place de la Concorde empêchée au dernier moment par ses chefs (le colonel de la Rocque) d'entrer au Palais-Bourbon, siège de la Chambre des députés. Durant l'Occupation, l'Action française est divisée, Maurras se montre anti-allemand mais pro-vichyste, de nombreux sympathisants du mouvement comme Raphaël Alibert rallient le régime de Vichy et la collaboration. Néanmoins parmi les premiers et principaux résistants, on compte des sympathisants de l'Action française, tels Jean de Lattre de Tassigny, le colonel Rémy, le maréchal Leclerc ou Honoré d'Estienne d'Orves. Le mouvement devient anecdotique au sortir de la seconde guerre mondiale avec l'emprisonnement de Maurras.

L'Action française n'est ainsi pas un parti qui se confond avec le traditionalisme et la réaction légitimiste, point particulièrement évident dans l'agnosticisme de Maurras, qui soutient le pouvoir de l'Église catholique en tant que force de cohésion sociale, c'est-à-dire pour une raison pratique, mais est peu intéressé par le discours évangélique lui-même. Au sein de l'Action française, Charles Maurras insuffle une nouvelle synthèse idéologique, le maurrassisme ou l'intégralisme, qui reprend des éléments traditionnels tout en les mêlant étroitement avec des idées plus modernes à l'époque, tel le nationalisme. Cette synthèse nouvelle, construction logique bien charpentée, a eu une grande force de séduction sur les élites intellectuelles de la première moitié du XXe siècle. L’Action française (qui fait suite à la Revue d'Action française) paraît pour la première fois le 21 mars 1908, et atteint une diffusion de 30 000 exemplaires. De nouvelles personnalités rejoignent les rangs du parti, qui compte sans doute 20 000 membres : le polémiste et romancier Léon Daudet (fils d'Alphonse Daudet), l'historien Jacques Bainville, le critique Jules Lemaître, l'économiste Georges Valois.

Le militantisme de l'Action française n'hésite pas à recourir à la violence physique, avec la création en novembre 1908 des Camelots du Roi, groupe de jeunes gens chargés de la vente du journal et des « coups de main » dans la rue. L'Action française possède alors un très grand prestige parmi la jeunesse étudiante réactionnaire. Les Camelots du Roi se distinguent par de nombreux coups d'éclat. En juin 1908, ils se manifestent bruyamment lors du transfert des cendres de Zola au Panthéon de Paris. Leurs affiches de l'époque dénoncent le régime républicain, « gouvernement de ces étrangers plus ou moins naturalisés ou métèques qui, ces jours-ci, souilleront du cadavre de leur Zola le Panthéon désaffecté ».

En décembre 1908, c'est l'Affaire Thalamas : les Camelots chahutent violemment les cours d'Amédée Thalamas à la Sorbonne — Thalamas avait déjà été la cible de l'Action française en 1904, alors qu'il n'était que professeur d'histoire au lycée Condorcet, pour avoir « insulté Jeanne d'Arc » en offrant à ses élèves une vision positiviste de sa vie. L'année 1908 voit aussi la naissance de la Revue critique des idées et des livres, qui sera, jusqu'à la guerre, le « laboratoire d'idées » et l'organe littéraire du mouvement maurrassien. En 1911, ils relancent l'antisémitisme dans le Quartier latin en s'insurgeant contre une pièce d'Henri Bernstein, juif et accusé d'avoir déserté pendant son service militaire.

Dès 1919, Charles Maurras demande le droit de vote des femmes, qui ne leur a été accordé que par l'ordonnance du 21 avril 1944 du Gouvernement provisoire de la République française (GPRF). Maurras considérait en effet que les femmes seraient plus sensibles aux arguments traditionalistes et catholiques que les hommes. Le principal reproche fait au maurrassisme par Rome est de subordonner la religion au politique et au nationalisme ; car Maurras, rationaliste, se définit comme agnostique, et ne soutient le catholicisme que comme le moyen d'unifier la Nation. Retardée plusieurs fois (même si certaines œuvres ouvertement agnostiques de Maurras sont déjà mises à l'Index), la condamnation de l'Action française par Rome aura lieu le 29 décembre 1926. Le pape Pie XI condamne l'Action française qui, à ses yeux, dispose d'une trop grande influence sur la jeunesse catholique : les livres de Maurras ainsi que le Journal sont mis à l'Index par décret du Saint-Office.

Le 8 mars 1927, les adhérents de l'Action française sont interdits de sacrements. Ceci porte un coup très dur au mouvement, et traumatise une certaine droite catholique le soutenant sincèrement. Beaucoup de ses membres le quittent comme Georges Bernanos ou Jacques Maritain et il entre dans une période de déclin. Pie XII lèvera cette condamnation en 1939, suite à la guerre d'Espagne, qui voit un renouveau de l'anticommunisme au sein de l'Église, et la pression d'un fort courant ecclésiastique. Durant l'entre-deux-guerres, l'Action française se développe. Aux élections législatives de 1919, la liste d'Union nationale, soutenue par l'Action française, obtient 30 élus, dont Léon Daudet à Paris.

L'Action française continue de recruter de nouvelles générations (Georges Bernanos, Robert BrasillachThierry MaulnierLucien Rebatet, etc.) mais est frappée par de multiples dissidences (Georges Valois qui part avec 2 000 adhérents pour fonder le Faisceau, Louis Dimier, La Cagoule, la République lyonnaise etc.). Le 6 février 1934, les ligueurs d'Action française sont au premier rang de la manifestation, pseudo-coup d'État mort-né. En politique étrangère, Maurras et Bainville préconisent l'alliance italienne contre l'Allemagne nazie. Le 1er février 1935, des étudiants de faculté rallient l'Action française, manifestent contre l'« invasion des métèques » et font grève. Charles Maurras qualifie de « divine surprise » l'arrivée au pouvoir du maréchal Pétain. Il soutient alors activement la politique de Vichy, et en qui il voit le symbole de l'unité, dans le prolongement de l'Union sacrée de 1914. Cependant, l'Action française se divise profondément :

  • Des maurrassiens se retrouvent dans le premier régime de Vichy qui paraît influencé par les idées néo-traditionalistes (Raphaël Alibert, qui n'appartient pas à l'Action française, mais est un maurrassien secret, nommé ministre de la Justice, etc.) : régime autoritaire, références catholiques, retour à la terre, antisémitisme, etc.
  • D'autres maurrassiens, des sympathisants, rejoignent la Résistance ou le général de Gaulle : Gilbert Renault (le colonel Rémy), Alain Griotteray, Henri d'Astier de la Vigerie, Jacques Renouvin, Pierre de Bénouville, Paul Dungler, le maréchal Leclerc (Philippe de Hautecloque), Daniel Cordier, Honoré d'Estienne d'Orves, etc.;
  • Enfin, certains participent activement à la collaboration avec l'Allemagne.
  • Pour sa part, Charles Maurras garde sa position pétainiste persuadé, dira-t-il, que Pétain joue un double jeu (celui-ci alimente en effet le réseau de résistance de Paul Dungler en Alsace). Maurras ne parvient toutefois pas à faire rentrer dans le rang résistants et collaborateurs.


En 1944, Maurras est arrêté et condamné à la détention perpétuelle pour « intelligence avec l'ennemi », bien qu'il n'ait pas lui-même directement collaboré avec les Allemands. Il sera gracié peu de temps avant sa mort en 1952. L'Action française se reconstitue en 1947 autour du journal Aspects de la France (initiales transparentes) et du mouvement « Restauration nationale ». Après la mort de Maurras, en 1952, deux journaux rivaux, Aspects de la France et La Nation française de Pierre Boutang revendiquent l'héritage maurrassien, jusqu'en 1967 où la Nation française disparaît.

En 1971, une scission voit partir quatre membres du Comité directeur (Yves Lemaignen, Bertrand Renouvin, Jean Toublanc, Georges-Paul Wagner) ainsi que de nombreux cadres du mouvement, pour fonder la Nouvelle Action française, qui deviendra bientôt la Nouvelle Action royaliste (orléaniste). Ce mouvement appellera à soutenir François Mitterrand en 1981. Au début des années 1980, d'autres figures de l'Action française, tels Georges-Paul Wagner ou Philippe Colombani rejoignirent les rangs du Front national.

L'Action française, aujourd'hui dénommée Centre royaliste d'Action française (CRAF), est le principal mouvement politique royaliste en France. Elle se définit comme « royaliste, nationaliste et souverainiste ». Elle prône le rétablissement de la monarchie en France (avec la famille d'Orléans à sa tête) et s'oppose à l'Europe fédérale, à la mondialisation ainsi qu'au « système des partis » autour de la défense inconditionnelle de l'« intérêt national ». L'Action française a évacué l'antisémitisme et la xénophobie de sa doctrine, thèmes soutenus dans la ligne éditoriale du journal à la suite de l'affaire Dreyfus et de la Première Guerre mondiale ou dans le discours de certains de ses membres avant l'apparition d'Hitler sur la scène politique.

L'Action française est aujourd'hui dirigée par Stéphane Blanchonnet (président du comité directeur de l’Action française) et Olivier Perceval (président du Centre royaliste d’Action française). L'attitude à adopter vis-à-vis du Front national divise les militants de l'Action française : une partie des militants du mouvement royaliste considère que les royalistes doivent se tenir à l'écart des partis républicains. Pour d'autres, le Front national est le principal parti de la droite souverainiste et nationaliste et voter pour lui constitue un moyen de faire avancer les idées nationales. Alors qu'en 2002, l'Action française avait choisi de soutenir la candidature de Jean-Pierre Chevènement (ce qui provoqua une crise interne), elle a choisi en 2007 de soutenir Jean-Marie Le Pen.

Aujourd'hui, l'Action française est organisée en sections locales. Elle diffuse toutes les deux semaines son journal Aspects de la France, longtemps dirigé par Pierre Pujo (disponible en kiosque). Le titre L'Action française avait pourtant été interdit à perpétuité à la Libération de la France. Après s'être nommé L'Action française hebdo, le quotidien fut contraint de se nommer L'Action française 2000, titre jugé acceptable par la cour. Les jeunes d'Action française sont rassemblés autour de l'Action française étudiante qui réunit étudiants, lycéens et jeunes travailleurs. Ayant à leur tête Henri de Vaux, ils comptent une quinzaine de sections locales ; leur militantisme est axé autour de la formation politique : cercles de formation, débats, conférences, etc., et de l'action : campagnes, tractages, meetings. Chaque année, les jeunes nationalistes se réunissent pour leur université d'été : le Camp Maxime-Real del Sarte (créé en 1953) qui propose dix jours de formation politique et militante. Antimondialiste, antilibéral, le mouvement revendique la défense sous toutes ses formes de l'« intérêt national » et prône un nationalisme hérité des idées de Charles Maurras.

Massacre des Fosses ardéatines

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Le Massacre des Fosses ardéatines désigne le massacre de 335 civils italiens perpétré par les troupes d'occupation nazies à Rome le 24 mars 1944. Ce massacre fut commis en représailles à un attentat du jour précédent, via Rasella. Les Fosses sont devenues un lieu de mémoire qui se visite.

Massacre des Fosses ardéatines

Le 23 mars 1944, une attaque à la bombe dans la via Rasella tue 32 soldats allemands, plus un le lendemain. En représailles, Karl Hass, avec le capitaine Erich Priebke et d'autres officiers, prennent en otage 335 hommes. La liste est établie avec l'aide du chef de la police romaine Caruso. Les premiers quatre otages sont pris dans la prison de Regina Coeli de Rome parmi les condamnés à mort. Leur nombre n'étant pas suffisant, les Allemands prennent en otage plus de 200 détenus.

Le chiffre de 335 est atteint avec une rafle dans le ghetto où des dizaines de Juifs sont arrêtés. Parmi eux, un adolescent de 15 ans. Le jour suivant, les otages sont transportés aux Fosses ardéatines dans le quartier d'Ardeatino, en périphérie de Rome. Hass, Priebke et leurs soldats assassinent méthodiquement chacun d'entre eux d'une balle dans la tête (plus de dix otages par soldat allemand). Ce massacre est un des plus importants de l'histoire italienne de la Seconde Guerre mondiale.

Le massacre est organisé et exécuté par Herbert Kappler, à l'époque commandant de la police militaire allemande à Rome assisté de son adjoint le capitaine Erich Priebke ainsi que du commandant Karl Hass. Herbert Kappler est également responsable de la fusillade du Ghetto de Rome d'octobre 1943 et des tortures contre les partisans antifascistes dans la prison de via Tasso.

Herbert Kappler est arrêté par les Anglais à la fin de la guerre, puis remis aux autorités italiennes en 1947. Il est condamné à la prison à vie. En 1977, malade de cancer, il profite d'une hospitalisation pour s'évader. Il meurt l'année suivante dans sa ville natale, en Allemagne. Erich Priebke et Karl Hass sont rattrapés sur le tard par la justice italienne. Leur procès a débouché sur un verdict plutôt clément, comme le souligne L'Humanité à l'issue du procès en 1997.

Antiques roadshow sparked discovery of Jackie Kennedy letters

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Jacqueline Kennedy’s private letters, chronicling her previously unknown relationship with an Irish priest, sat untouched in a college safe for 50 years, before an antiques roadshow brought them to light

 

Jackie Bouvier with the Rev. Joseph Leonard, whom she only met twicwith the Rev. Joseph Leonard, whom she only met twice

Jackie Bouvier with the Rev. Joseph Leonard, whom she only met twicwith the Rev. Joseph Leonard, whom she only met twice

Staffers at All Hallows College in Dublin touched off the unlikely chain of events back in February, when they brought a 500-year-old book to an event similar to the hit PBS show “Antiques Roadshow.”

Sheppard’s Auction House was the event’s sponsor and Felix O’Neill, an expert on rare books, was blown away by the school’s “Book of Hours,” published in 1460 and believed to have once belonged to Philip the Good, Duke of Burgundy, according to the Irish Times.

After that “Book of Hours” score, the college invited O’Neill to campus to search for other potentially valuable artifacts.

O’Neill said he immediately recognized the significance of the Kennedy letters, adding, “And the college desperately needs money.”

Sheppard’s Auction House is set next month to sell 33 letters Jackie penned to the Rev. Joseph Leonard, a Vincentian priest who spent his final years at the All Hallows Church rectory, between 1950 and 1964.

The letters are expected to fetch as much as $1.65 million when they go under the hammer on June 10.

In 1950, Jacqueline Bouvier had just finished a year studying in France when she and step-brother Hugh Dudley Auchincloss III visited Dublin and looked up Leonard, a family friend.

Leonard was a 79-year-old retired French literature professor at the college, living at the school rectory, when Jackie came to town.

The future first lady immediately took to the priest and professed her love for Ireland.

“You gave us such a lovely time in Ireland — I can’t really describe what I want to say,” Jackie wrote to Leonard, “but all the other places I’ve travelled to have become a blur and I have to think hard to bring back the memories of things I saw and people I met and places I ate — but with Ireland every second has remained clear and I can remember it down to the last word of every conversation.”

The personal correspondence of Jacqueline Kennedy with the Rev. Joseph Leonard.The personal correspondence of Jacqueline Kennedy with the Rev. Joseph Leonard.

The personal correspondence of Jacqueline Kennedy with the Rev. Joseph Leonard.

Modal Trigger

She thanked Leonard, who had supplied her and Auchincloss with “endless boxes of candy and cigarettes and books and pictures and postcards and pencils and poems and lunches and teas” in Dublin.

After leaving Ireland, the American socialite told Leonard she felt “homesick” for the Emerald Isle.

“I have always been glad to move on before, but we were really both miserable at leaving Ireland and though we are having a lovely trip, we are still homesick for it,” she wrote.

Jackie held nothing back in her letters to Leonard, and even described her desire to get married.

The priest suggested she look up a local 24-year-old, Declan Costello.

She wrote back and said Costello “sounds like absolute heaven.”

Costello went on to marry Joan Fitzsimmons and became Irish attorney general.

Alessandra Mussolini in tour elettorale a Siena

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L'esponente di Forza Italia è candidata al Parlamento Europeo

Alessandra Mussolini in tour elettorale a Siena

Siena. Alessandra Mussolini, senatore di Forza Italia e candidata al Parlamento Europea sarà a Siena, domani (16 maggio) alle ore 15:00 presso Liberamente Osteria in Piazza del Campo a Siena per una conferenza stampa e un incontro con i simpatizzanti e la dirigenza senese di Forza Italia.

La presenza della Senatrice Mussolini denota un’attenzione particolare alla città di Siena che ultimamente è sotto le attenzioni mediatiche e “maltrattata” dalla cattiva gestione politica di un centrosinistra con a capo il Partito Democratico, che ha incrinato la città e le sue maggiori istituzioni.

La Senatrice Mussolini a Siena è anche un riconoscimento alla locale dirigenza di Forza Italia che, con una faticosa scelta di parte -in realtà come la provincia di Siena- sta lavorando alacremente per consentire una proposta alternativa seria e responsabile in tutte le amministrazioni al voto per uscire, una volta per tutte, dalla quella spirale politico-amministrativa negativa che sessant’anni di governo inevitabilmente la sinistra ha condotto.

La passione e la spinta motivazionale che un personaggio di spicco come la Senatrice Mussolini, con i suoi trascorsi nelle varie legislature accanto al Presidente Berlusconi infonde nei militanti di Forza Italia, sarà utile per affrontare efficacemente l’ultima settimana di campagna elettorale concludono Nazzareno Signoriello e Pietro Staderini, organizzatori dell’evento.

Elizabeth Drew’s Washington, from covering Nixon to making new friends on Twitter

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Forty years ago, Elizabeth Drew’s first big assignment in her new job at the New Yorker was to keep a journal of life in Washington as Richard Nixon’s White House was unraveling. Just after Labor Day in 1973, she told her editor, William Shawn, about her “seemingly outlandish” hunch that both Nixon and his vice president, Spiro Agnew, would be replaced within the year, and Shawn urged her on. Her mentor, John W. Gardner, advised her to “write it so that forty years from now people can say, ‘So that’s what it was like.’ ”

Elizabeth Drew chronicled the end of the Nixon White House in “Washington Journal,” which is being re-issued on Thursday

Elizabeth Drew chronicled the end of the Nixon White House in “Washington Journal,” which is being re-issued on Thursday

In a blurb for “Washington Journal,’’ the book that grew out of that effort, Joan Didion called her observations “so coolly absorbing as to render the year almost reasonable.” Almost. In Drew’s second entry, on Sept. 5, 1973, she describes a White House press conference at which Nixon’s “demeanor changed when he dealt with the questions about Watergate. . . . He became tense, and he breathed hard. If one stood far enough to his right, one could see that, behind the lectern, his hips swiveled in a circular motion, as if within an invisible Hula Hoop.” On Oct. 21, she noted that Washingtonians were so keyed up over the constitutional crisis that “a friend of mine went out to her front lawn to collect the newspaper this morning and, not seeing it, said to herself, ‘They’ve stopped the presses.’ ’’

Her evocative, day-by-day record of Nixon jacking up the White House electric bills by keeping fires going all summer, and of the whole town keeping the radio on at all hours “as if war had broken out,” is being reissued on Thursday, with a new afterword that tells how Nixon clawed his way back to respectability in his final years and would have loved his funeral. “A man is not finished when he is defeated,’’ he once said. “He is finished when he quits.’’

Nixon never did quit, and Drew, whose 14 subsequent books include one of the earliest looks at money in modern American politics, never has, either. She spent years as what one friend in journalism calls “the queen of Washington,’’ but has also, in the decades since her first book’s initial release, survived a brain tumor, buried a second husband, and been fired from the New Yorker, where she was written off as “over the hill” when Tina Brown, as The Post reported at the time, “retired” her at age 56.

At 78 — “I’m not embarrassed about it; it’s just odd,” she says of her age — she’s never stopped writing, and she remains a regular contributor to the New York Review of Books. Yet as her Watergate book is coming out again, she’s added a new chapter, too, as a Twitter maven, Rolling Stone contributor, and recent discovery of a new generation of journalists, including her friends Molly Ball of the Atlantic, Ezra Klein of Vox.com and Annie Lowrey of the New York Times, who are among those co-hosting a book party for her on Thursday.

“She’s become a sort of mentor to me,’’ says Ball, who first met her through Twitter and found her “just fun to hang out with. I got to know her first and then read her books, but they’re a revelation and the Watergate one, like nothing else I’ve ever read about that period, really shows what it was like to be there.” But Drew is also fully present in this moment, Ball says. “She always wants to know who the new people are and what the gossip is.”

When Elizabeth Brenner, graduate of Wellesley College and night secretarial school, hit town in 1959, her first journalism job was with Congressional Quarterly, where she “learned to read a bill,’’ covered the passage of the Civil Rights Act of 1964 — and even went home with a signing pen. According to Tom Wicker, writing in the New York Times of July 3, 1964, after President Lyndon Baines Johnson handed out pens to the Rev. Martin Luther King Jr., Hubert Humphrey and others who had pushed for the historic bill’s passage, “Johnson looked up and saw Elizabeth Brenner, a reporter for The Congressional Quarterly, standing by the table. ‘You want one?’ he asked. Miss Brenner did, and got one.”

Over tea and raisin toast in an interview at her home in Georgetown, Drew said it wasn’t easy to locate the next rung on the professional ladder, and several outlets told her outright, “We don’t hire women.”

“But we took it; we didn’t know there was an alternative,” Drew said. When her friend Gloria Steinem first started talking about starting a movement, “it took me awhile to get it.”

Though she still sometimes refers to herself as “little Lizzy Brenner from Cincinnati,” Drew went on to become the Washington correspondent for the Atlantic and then the New Yorker and for a time had her own PBS show, for which she interviewed Israeli Prime Minister Golda Meir — “She was not a pleasant lady’’ — Indian Prime Minister Indira Gandhi, “who asked me if her sari and her makeup were all right,’’ and King Abdullah, who “asked me to go to Aqaba with him that weekend, but he asked everybody that. I could’ve been the first Jewish queen of Jordan!” she jokes.

Looking back on all that has and has not changed here over the decades, she does feel Washington used to be a “nicer place,’’ where people weren’t necessarily less busy but didn’t talk about it all the time. They made more time for one another, and maybe even sent over a roast chicken when a friend wasn’t feeling well. And now that office-holders are so busy raising money every day of every year, well, they in particular don’t get to have lives outside work any more.

When asked about her eventual ouster from the New Yorker, she says that’s only part of the picture: “I’ve been fired three times” — four if you count the time she felt she was run off from PBS after being told, “There’s a problem with women on the air” and assigned a “new boss whose job was to drive me crazy.”

Now, though, 22 years after she was “retired,’’ her takeaway is that “I may have had my setbacks, but I’ve also had a lot of luck.”

While her adoption by a new generation is fun for them and for her, she not only isn’t looking for validation but feels her confidence is stronger now than when she was younger, mostly as a function of having kept on learning, practicing her craft, upholding her standards and respecting her readers, no matter what anyone else did. “I’ve done pieces in the past year or so I couldn’t have done, say, 10 years ago.”

The president about whom she’s written so much, on the other hand, did look to journalists who hadn’t known him in the White House to rehabilitate his image — and some were happy to oblige. An admiring 1978 piece from the L.A. Times/Washington Post News Service, for instance, said, “Nixon makes it clear that debate is his meat, and taking a stand his strong drink.”

Well, in “Washington Journal,’’ Drew chronicles the extent to which strong drink was his strong drink; he drank so heavily in the lead-up to the invasion of Cambodia that his secretary of state, Henry Kissinger, who sometimes referred to him as “our drunken friend,” told a member of his staff that “our peerless leader has flipped out.”

In Drew’s view, Nixon’s resentments first fueled his rise and then left him unable to get out of his own way, but they even gave us one last “new Nixon” at his nationally televised funeral: “He would have seen right through Kissinger getting all choked up, or Bob Dole with the tear coming down, but he would have been pleased as punch they all showed up.”

None of the current so-called scandals, as she sees them, can compare to Watergate, which was “without precedent or successor.” But she isn’t so sure we’ve learned anything in the years since that would keep another “totally out-of-control” president from trying to illegally undermine the adversaries that Nixon always made the mistake of seeing as enemies.

Some of her current work corrects the history she’s lived through — no, Buckley v. Valeo did not say money equals speech, and no, LBJ did not almost single-handedly get us a civil rights bill as portrayed in the Broadway play “All the Way,’’ with Bryan Cranston.

But she’s still taking on new subjects, too. And like the most interesting man she ever covered, she isn’t thinking of stopping: “I’ve never felt, ‘Oh, I’m done,’ though there have been a few times I’ve wondered what I would do next.”

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