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Poutine Vladimir Vladimirovitch

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Homme d'État russe (Leningrad, aujourd'hui Saint-Pétersbourg, 1952). Né dans une famille d’ouvriers,

Vladimir Poutine

Vladimir Poutine

il étudie le droit de 1970 à 1975 à l’université de Leningrad. Intégré au KGB (Comité de sécurité de l'État, services spéciaux de l'époque soviétique) en 1975, il y reçoit une formation complémentaire avant d’être affecté dans les services du contre-espionnage à Dresde, en Allemagne de l’Est, de 1985 à 1990, période pendant laquelle il accède au grade de lieutenant-colonel. De retour à Leningrad en 1990, Vladimir  Poutine devient conseiller du recteur de l’université de la ville, Anatoli Sobtchak, son ancien professeur et l’une des grandes figures réformatrices de la Russie de l’époque. Lorsque ce dernier est élu à la tête de la mairie de Leningrad en 1991, il l'invite à devenir son conseiller. Nommé responsable des relations extérieures de la ville, Vladimir  Poutine est promu premier adjoint du maire de Saint-Pétersbourg en 1994.

À Moscou en 1996, Vladimir  Poutine occupe le poste d’adjoint au responsable des affaires générales puis responsable adjoint de l’Administration présidentielle. Après un bref passage à la tête du FSB (Service fédéral de sécurité, ex-KGB) en 1998, il est nommé Premier ministre de la Fédération de Russie par Boris Ieltsine en août 1999. En septembre, des attentats dans des immeubles de Moscou, imputés aux terroristes tchétchènes ainsi que l'incursion d'islamistes tchétchènes au Daguestan lui fournissent l'occasion de rouvrir les hostilités avec la Tchétchénie. Peu connu du public, Vladimir  Poutine acquiert, sur fonds de guerre avec le voisin rebelle, une stature de présidentiable et devient le nouvel homme fort de la Russie.

Président par intérim de la Fédération, à la suite de la démission de B. Ieltsine en décembre 1999, Vladimir  Poutine est élu dès le premier tour de l'élection présidentielle de mars 2000 avec 52,9 % des voix. Pour affirmer son autorité sur le pays, Vladimir  Poutine remanie en profondeur l'Administration présidentielle au profit de cadres issus, comme lui, des services de sécurité ainsi que de personnalités influentes venant de Saint-Pétersbourg, sa ville natale. La restauration de l'autorité du Kremlin sur les régions et, plus particulièrement, sur les puissants gouverneurs, constitue un des principaux volets d'une volonté d'instauration d'un État fort. Vladimir Poutine promet également à une population choquée par des privatisations menées dans des conditions le plus souvent frauduleuses et qui ont permis à quelques oligarques de s'emparer de près de 70 % des richesses nationales, l'établissement de la « dictature de la loi ». Sa volonté de contrôler la société civile au moyen d'une mise au pas des médias, des ONG, des partis politiques par le Kremlin, ne l'empêche pas de bénéficier d'une réelle popularité au sein de l'opinion publique russe. En mars 2004, il est réélu à la tête de l'État pour un second mandat avec 71,2 % des suffrages.

Le traumatisme national suscité par le tragique dénouement de la prise d'otages de l'école de Beslan en Ossétie du Nord en septembre 2004 (plus de 300 morts provoqués, pour l'essentiel, lors de la prise d'assaut de l'école par les forces spéciales russes), fournit l'occasion au président d'intensifier sa mise en place de la « verticale du pouvoir » au détriment des régions, notamment en supprimant l'élection des gouverneurs au suffrage universel direct. Il place en outre les secteurs sensibles de l'économie entre des mains plus sûres, le clan des siloviki (fonctionnaires issus des structures de force, ministères de l’Intérieur, de la Défense, services secrets...), et monopolise l'espace politique grâce à ses formations (« Russie unie », « Russie juste »), au préjudice d'une opposition qui peine à se faire entendre. La volonté affichée de Vladimir Poutine de restaurer la grandeur de la Russie dans le monde se heurte à des échecs cuisants – notamment avec la sortie de la Géorgie et de l'Ukraine de la sphère d'influence russe en 2003 et 2004 –, qui le poussent à adopter une stratégie pragmatique consistant à contrer l'influence américaine, là où elle est en mesure de le faire, que ce soit sur la scène internationale ou dans les pays voisins de la Russie, l'« étranger proche ».

Ne pouvant se présenter pour un troisième mandat consécutif à la présidence de la Fédération, Vladimir  Poutine se fait élire à la tête du parti Russie unie sans toutefois y adhérer. L'élection sur mesure du jeune Dmitri Medvedev, son dauphin, à la présidence russe permet au président sortant de rester au pouvoir sans briguer un troisième mandat. En effet, au lendemain de l'investiture du président Medvedev, Vladimir  Poutine est élu au poste de Premier ministre (mai 2008). Depuis lors, il a réinterprété la Constitution russe à sa guise en transférant la plupart des prérogatives présidentielles à la présidence du conseil des ministres. De la sorte, il forme avec le jeune président – lequel, à peine élu, s'est empressé de faire voter une loi qui étend le mandat présidentiel à six ans au lieu de quatre – un « tandem » à la tête de l’État russe. À la faveur d'un jeu de chaises musicales avec le président, Vladimir  Poutine annonce, en septembre 2011, qu'il sera à nouveau candidat à la présidence en mars 2012.

L’élection présidentielle du 4 mars 2012 se déroule dans un climat de mécontentement populaire sans précédent depuis l’arrivée au pouvoir de Vladimir  Poutine en 2000. D’importantes manifestations ont vu le jour dans plusieurs grandes villes du pays au lendemain des élections législatives de décembre 2011 qui ont certes été remportées par le parti pro-présidentiel Russie unie, mais qui ont surtout été marquées par de nombreuses fraudes dénoncées par les observateurs électoraux et par les membres de l’opposition. Malgré une importante chute de popularité révélée par plusieurs enquêtes d’opinion publique et l’ampleur des mouvements de contestation réclamant une « Russie sans Poutine », le Premier ministre est élu à la présidence de l’État dès le premier tour du scrutin avec 63,6 % des suffrages (résultats officiels) face à quatre autres candidats : Guennadi Ziouganov (parti communiste, 17,1 %), Vladimir Jirinovski (parti démocrate-libéral, 7,9 %), Sergueï Mironov (Russie juste, 6,2 %), Mikhaïl Prokhorov (Juste cause, 3,8 %).

Vladimir Poutine revient alors de plus belle sur le devant de la scène, éclipsant presque entièrement D. Medvedev qui retrouve le poste de Premier ministre. L’opposition se remobilise et remporte quelques succès aux élections locales et régionales de septembre 2013. Mais dans un climat surtout marqué par une apathie politique croissante, elle ne menace guère l’hégémonie du parti présidentiel tandis que le chef de l’État, mettant en avant les initiatives internationales de la Russie et multipliant les opérations de communication, parvient à retrouver une popularité plutôt stable. Au plan intérieur, l’un des principaux défis qu’il devra relever reste cependant la relance d’une économie menacée en 2014 par la stagnation.


Ianoukovytch Viktor

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Viktor Fedorovytch Ianoukovytch, né le 9 juillet 1950 à Ienakiieve (oblast de Donetsk), est un homme d'État ukrainien. Viktor Ianoukovytch est Premier ministre de l'Ukraine du 21 novembre 2002 au 7 décembre 2004, puis du 28 décembre 2004 au 5 janvier 2005.

Viktor Ianoukovitch

Viktor Ianoukovitch

Candidat du Parti des régions à l'élection présidentielle de 2004, il perd face à Viktor Iouchtchenko, meneur de la révolution orange. Les résultats de son parti aux élections législatives de 2006 le conduisent de nouveau au poste de Premier ministre, du 4 août 2006 au 18 décembre 2007. Chef de l'opposition, il remporte l'élection présidentielle de 2010 avec 48,95 % des voix, contre 45,47 % à Ioulia Tymochenko. Élu le 7 février 2010 face au Premier ministre Ioulia Tymochenko, Viktor Ianoukovytch fut investi président d'Ukraine le 25 février 2010 après avoir prêté serment à la Verkhovna Rada.

Viktor Ianoukovytch a été gouverneur de la province de Donetsk, une région minière de l'est du pays, proche culturellement et géographiquement de la Fédération de Russie. Pour ce faire, il bénéficia du soutien de Rinat Akhmetov. Ce dernier, milliardaire, sponsorise le Parti des régions. Avant d'entrer en politique, Ianoukovytch a été condamné à deux reprises pour vol et violence durant sa jeunesse : il purgea trois ans de prison en tout. Il est libéré par la justice en 1978, à la moitié de sa seconde peine. Une fois devenu homme politique, il qualifiera ses actes comme des « erreurs de jeunesse ». Le 21 novembre 2002, il est nommé Premier ministre par le président Leonid Koutchma. Il occupe cette fonction jusqu'au 7 décembre 2004, puis du 28 décembre 2004 au 5 janvier 2005.

Il devient le dauphin du président Leonid Koutchma et le candidat du « Parti des régions » à l'élection présidentielle du 21 novembre 2004 face au candidat de « Notre Ukraine » Viktor Iouchtchenko. Au second tour de la présidentielle, Ianoukovytch est donné vainqueur, mais la contestation des régions de l'Ouest du pays et de la capitale Kiev contre les fraudes électorales prend de l'ampleur. C'est la Révolution orange. Pour sortir de l'impasse politique, le président Koutchma fait organiser un « troisième tour » de la présidentielle le 26 décembre 2004, qui voit la victoire de Iouchtchenko. Ianoukovytch démissionne alors de son poste de Premier ministre le 31 décembre 2004, cette démission est acceptée par le président Koutchma le 5 janvier suivant.

Lors des élections législatives du 26 mars 2006, le Parti des régions de Ianoukovytch obtient 33 % des suffrages et devient ainsi le premier groupe parlementaire à la Verkhovna Rada. Ianoukovytch souhaite des liens plus forts avec la Russie et que l'Ukraine intègre l'Union européenne (en accord sur ce point avec le président Viktor Iouchtchenko). Néanmoins, Ianoukovytch s'oppose à la candidature de l'Ukraine à l'OTAN. Ianoukovytch défend les intérêts des consortiums d'extraction minière des oblast de Louhansk et de Donetsk. Le 4 août 2006, après quatre mois et demi de tentatives infructueuses pour former une coalition avec le parti pro-occidental de Ioulia Tymochenko, le président Iouchtchenko se résigne à nommer Ianoukovytch au poste de Premier ministre d'un gouvernement de coalition. L'accord signé avec le président Iouchtchenko stipule que l'Ukraine poursuivra ses négociations d'adhésion à l'OTAN et son rapprochement avec l'Union européenne. Cet accord permet d'éviter la dissolution du Parlement et la tenue de nouvelles élections législatives.

Le 3 avril 2007, le président Viktor Iouchtchenko dissout à nouveau le Parlement et la coalition vole en éclats. Les élections législatives anticipées ont lieu le 30 septembre 2007 et conduisent à la démission de Viktor Ianoukovytch le 18 décembre, Ioulia Tymochenko étant confirmée au poste de Premier ministre par le Parlement. Ianoukovytch redevient alors le chef de l'opposition ; depuis 2007 il profite des conflits entre le président et le Premier ministre. Le 17 janvier 2010, lors du premier tour de l'élection présidentielle, il arrive en tête avec 35,32 % des voix, devançant Ioulia Tymochenko (25,05 %) et Viktor Iouchtchenko (5,45 %). Il refuse de participer au débat télévisé contre sa rivale, qui le qualifie de « candidat de la mafia et de la criminalité ».

Le second tour a lieu le 7 février : il est remporté par Viktor Ianoukovytch qui réunit 48,95 % des voix, contre 45,47 % pour Ioulia Tymochenko, dont les proches dénoncent « des fraudes massives », mais le résultat est jugé « honnête » par les observateurs de l'OSCE. Viktor Ianoukovytch prête serment le 25 février 2010, devant les membres du Parlement ukrainien, la Verkhovna Rada. Il dénonce « des dettes colossales, la pauvreté, une économie qui s'effondre, la corruption » et souhaite des relations fortes avec l'Union européenne et la Russie. Il effectue sa première visite officielle à l'étranger à Bruxelles le 1er mars 2010, où il s'entretient avec le président du Conseil européen, Herman Van Rompuy. Viktor Ianoukovytch se rend en Russie le 5 mars.

Il annonce le soir de son investiture son intention de remplacer Ioulia Tymochenko au poste de Premier ministre. Celle-ci refuse, et défie les partisans du nouveau président en soumettant un vote de confiance au Parlement. Le 3 mars 2010, son gouvernement tombe après le vote d'une motion de censure. Huit jours plus tard, Mykola Azarov, un proche de Ianoukovytch, est investi par le Parlement. Signe de rapprochement avec la Russie, le 21 avril 2010, le président ukrainien signe avec son homologue russe, Dmitri Medvedev, un traité portant d'une part sur le prolongement pour 25 ans du bail de la flotte russe de la mer Noire à Sébastopol en Crimée, et d'autre part sur la diminution du prix du gaz russe livré à l'Ukraine de 30 %. L'opposition proteste violemment contre cet accord lors du vote au Parlement. Le même mois, Viktor Ianoukovytch, contrairement à son prédécesseur Viktor Iouchtchenko, déclare ne pas considérer Holodomor, la famine provoquée dans les années 1930 et qui a fait des millions de victimes ukrainiennes, comme un génocide.

Le 1er octobre 2010, la Cour constitutionnelle valide la réforme qui revient sur les changements constitutionnels introduits en 2004 : les pouvoirs du président de la République sont ainsi renforcés (possibilité de limogeage sans justification d'un membre du gouvernement ou d'un dirigeant de chaîne de télévision, de faire fi des décisions du gouvernement, etc.) et les prérogatives du Parlement amoindries. Pour l'analyste Victor Tchoumak, « Ianoukovytch ne s'est pas contenté de rétablir le modèle qui existait à l'époque de Koutchma. Il l'a nettement renforcé. Désormais, le président façonne lui-même la verticale de l'exécutif dans son ensemble, et ce système est devenu beaucoup plus facile à contrôler après la “réforme administrative” […] qui a quasiment divisé par deux le nombre de ministères et d'administrations »

Réputé autoritaire et intolérant avec les médias, Viktor Ianoukovytch doit faire face aux critiques de journalistes ukrainiens qui dénoncent régulièrement la censure qu'il exercerait sur eux. Après une année d'exercice du pouvoir, l'ONG américaine Freedom House a rayé l'Ukraine de la liste des pays libres, tandis qu'en Occident, des voix dénoncent un recul des processus démocratiques et des atteintes à la liberté d'expression. L'Ukraine est désormais décrite comme un pays partiellement libre. Sur fond d'accusation de corruption par la justice ukrainienne, l'ancien ministre de l'Économie du gouvernement Tymochenko, Bogdan Danilichine, obtient l'asile politique en République tchèque, tandis que Ioulia Tymochenko est elle-même assignée à résidence. Au total, quinze anciens membres du gouvernement Tymochenko font l'objet de poursuites judiciaires depuis l'arrivée au pouvoir de Ianoukovytch. À partir d'octobre 2011, à la suite de la condamnation de Tymochenko à sept ans de prison ferme, les relations entre l'Ukraine et les pays occidentaux se dégradent, ces derniers voyant un motif politique dans cette condamnation.

Dans ce contexte de tension entre l'Ukraine et l'Union européenne, Bruxelles a depuis 2011 subordonné la signature d'un accord de libre-échange à plusieurs conditions : la fin des poursuites judiciaires contre les opposants de Ianoukovitch, le respect de l'État de droit et l'indépendance de la justice. En avril 2013, l'ancien ministre de l'Intérieur Iouri Loutsenko est le premier homme politique d'envergure finalement libéré, la détention de Tymochenko restant toutefois le sujet le plus sensible. En novembre 2013, l'Ukraine décide finalement de refuser l'accord avec l'Union européenne et de « relancer un dialogue actif avec Moscou ».

Traité de Versailles

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Le traité de Versailles de 1919 est le traité de paix entre l'Allemagne et les Alliés de la Première Guerre mondiale. Élaboré au cours de la conférence de Paris, le traité fut signé le 28 juin 1919, dans la galerie des Glaces du château de Versailles et promulgué le 10 janvier 1920. Il annonce la création d'une Société des Nations et détermine les sanctions prises à l'encontre de l'Allemagne. Celle-ci, qui n'était pas représentée au cours de la conférence, se vit privée de ses colonies et d'une partie de ses droits militaires, amputée de certains territoires et astreinte à de lourdes réparations économiques.

Signature du traité dans la galerie des Glaces du château de Versailles

Signature du traité dans la galerie des Glaces du château de Versailles

Le choix du lieu de signature du traité marque pour la France l'occasion de laver symboliquement l'humiliation de sa défaite de la guerre de 1870. C'est en effet dans la même galerie des Glaces, au château de Versailles, qu'avait eu lieu la proclamation de l'empire allemand, le 18 janvier 1871. On convia des représentants de territoires du monde entier à la conférence de paix mais aucun responsable des États vaincus et de la Russie, qui avait quitté la guerre en 1917. Certaines personnalités eurent une influence déterminante. On en retient habituellement les dirigeants de quatre des principales puissances victorieuses : Lloyd George, Premier ministre britannique, Vittorio Orlando, président du Conseil italien, Georges Clemenceau, son homologue français et Woodrow Wilson, le président des États-Unis.

Chaque représentant est libre de travailler à la rédaction du traité, mais les positions de ces hommes divergent. Le président américain veut mettre en place la nouvelle politique internationale dont il a exposé les principes directeurs dans ses Quatorze points. Pour lui, la nouvelle diplomatie doit être fondée sur le droit des peuples à disposer d'eux-mêmes et sur la collaboration entre États. Il dispose d'un grand prestige. Il cherche à ménager l'Allemagne pour éviter qu'un esprit revanchard ne s'y développe. Les responsables anglais tiennent aussi à laisser à l'Allemagne une certaine puissance. Fidèles à leur théorie d'équilibre entre les puissances, ils tiennent à empêcher la France d'acquérir une hégémonie en Europe continentale. Clemenceau, au contraire, cherche à imposer de lourdes indemnités pour limiter la puissance économique et politique de l'Allemagne, et pour financer la reconstruction de la France.

Les compromis trouvés ne pouvaient pleinement satisfaire personne. Le traité voté est souvent critiqué : « Tout a été vite réglé, mal réglé par des hommes qui n'avaient pas vécu l'atroce réalité de la guerre » ou « De cette paix imposée grandira une nouvelle haine » ou encore « Le traité ne comprend aucune rénovation économique pour l'Europe ». La signature du traité fut retardée de plusieurs mois par le coup de force de Gabriele D'Annunzio qui s'empara de la ville de Fiume. Il fallut attendre l'intervention de la marine italienne en décembre 1920 pour que le traité de Rapallo, instaurant l'État libre de Fiume, puisse s'appliquer et permettre la proclamation officielle du traité de Versailles.

La première partie établit une charte pour une Société des Nations. Elle reprend l'idéal wilsonien d'une diplomatie ouverte, et régulée par un droit international. La treizième partie pose les principes du Bureau International du Travail. Le reste du traité est essentiellement consacré aux conditions de la paix en Europe. Un principe, énoncé à l'article 231, structure l'ensemble : l'Allemagne et ses alliés sont déclarés seuls responsables des dommages de la guerre. Ce principe justifie les exigences très lourdes des vainqueurs à l'égard de l'Allemagne. Les principales dispositions du traité sont :

 

  • la récupération par la France de l'Alsace-Moselle (art. 27) ;
  • l'intégration à la Belgique des cantons d'Eupen et de Malmedy, dont la Vennbahn (art. 27) ;
  • la possibilité pour le Danemark de récupérer certains territoires du Nord de l'Allemagne où se trouvent des populations danoises. La décision doit être soumise à un vote de la population locale. (art. 109 à 111). Le référendum est mené en 1920. Les villes d'Aabenraa, Sønderborg et Tønder, et leurs environs passent alors au Danemark
  • Le Territoire du Bassin de la Sarre est placé sous administration internationale pour 15 ans. Son statut définitif doit être soumis à référendum.
  • D'importants territoires qui se trouvaient dans l'est de l'Allemagne sont attribués au nouvel État polonais (art.28). Dans certaines régions, le statut définitif n'est pas décidé. Il doit être déterminé par une commission ou par un référendum dans la zone concernée (art 87 à 93). Dantzig devient une ville libre, ce qui garantit l'accès de la Pologne à la mer mais a aussi pour effet de séparer la Prusse orientale, restée allemande, du reste de l'Allemagne.

 

La seconde partie du traité définit les frontières de l'Allemagne, mais dans plusieurs régions, le tracé définitif est remis à plus tard. L'indépendance des nouveaux États de Pologne et de Tchécoslovaquie est également affirmée. L'indépendance de l'Autriche est également protégée : il est interdit à l'Allemagne de l'annexer (art. 80). L'Allemagne se voit amputée de 15% de son territoire et de 10% de sa population au profit de la France, de la Belgique du Danemark, et surtout de la Pologne, nouvellement recréée. De nombreuses mesures sont prises pour limiter le pouvoir militaire de l'Allemagne, et protéger ainsi les États voisins. Les clauses militaires forment la cinquième partie du traité.

 

  • L'Allemagne doit livrer 5 000 canons, 25 000 avions, ses quelques blindés et toute sa flotte (qui se sabordera dans la baie écossaise de Scapa Flow).
  • Son réarmement est strictement limité. Elle n'a plus droit aux chars, à l'artillerie et à l'aviation militaire.
  • Son armée sera limitée à un effectif de 100 000 hommes et le service militaire aboli.
  • La rive gauche du Rhin, plus Coblence, Mayence et Cologne, est démilitarisée
  • Suite aux dommages de guerre causés pendant toute la durée de la guerre dans le Nord de la France et en Belgique, l'Allemagne - considérée comme seule responsable de la guerre -, devra payer de fortes réparations à ces deux pays. Le montant à payer est fixé par une commission en 1921. Il s'élève à 132 milliards de marks-or, une somme très élevée. Le montant total des dommages causés par la guerre aux alliés était toutefois estimé à 150 milliards de marks-or.
  • Plusieurs sanctions commerciales et des livraisons en nature complètent ce volet économique : l'Allemagne perd la propriété de tous ses brevets (l'aspirine de Bayer tombe ainsi dans le domaine public). Les fleuves Rhin, Oder et Elbe sont internationalisés et l'Allemagne doit admettre les marchandises en provenance d'Alsace-Moselle et de Posnanie sans droits de douane. En outre, le pays doit livrer aux Alliés du matériel et des produits.

 

Dans la quatrième partie du traité, l'Allemagne, toujours à titre de compensations, est sommée de renoncer à son empire colonial. C'est ainsi que, au sein des Alliés, les puissances coloniales riveraines des possessions allemandes en Afrique (Grande-Bretagne, France, Belgique et Union sud-africaine) se partageront ces dernières : le Cameroun, le Togo, l'Afrique-Orientale allemande (actuels Tanzanie, Rwanda et Burundi) et le Sud-Ouest africain (actuelle Namibie). Cette dernière colonie allemande avait déjà été conquise militairement en 1914-1915 par l'Union sud-africaine, qui la recevra en mandat par la SDN en 1920. Dans la foulée, l'Allemagne devra également renoncer à ses intérêts commerciaux (ses comptoirs et ses conventions douanières) de par le monde (Chine, Siam, Maroc, Égypte, Turquie, etc.).

 

Des traités annexes au traité de Versailles furent signés séparément avec chacun des vaincus. Les traités de Saint-Germain-en-Laye puis du Trianon avec l'Autriche-Hongrie qui est dépecée en :

 

  • une Autriche réduite au territoire occupé par des germanophones ;
  • un État hongrois indépendant ;
  • la Tchécoslovaquie, État principalement binational (Tchèques et Slovaques), mais avec une forte minorité germanophone (Sudètes) et d'autres minorités : polonaise, hongroise, ruthène.
  • d'autres morceaux de son territoire vont à : la Roumanie (la Transylvanie avec de fortes minorités hongroise et germanophone) ; l'Italie (les provinces germanophone de Bolzano et italienne de Trento, la ville de Trieste), pour récompenser la Serbie, une fédération des Slaves du sud est créée : la Yougoslavie (dite alors officiellement Royaume des Serbes, Croates et Slovènes), comportant Serbie, Monténégro, Croatie et Slovénie, plus la Bosnie-Herzégovine, région multinationale et une minorité hongroise.

 

Le traité de Versailles a été soumis à de multiples critiques. Les frustrations qu'il a fait naître, ainsi peut-être que les déséquilibres qu'il a engendrés, ont eu un rôle certain dans la politique européenne des décennies suivantes. Le Sénat des États-Unis refuse de le ratifier et donc empêche les États-Unis d'entrer à la Société des Nations, ce qui d'emblée réduisit la portée de cette organisation. La France, qui est pourtant une des principales bénéficiaires des traités (retour de l'Alsace et de la Lorraine dans le giron français, démilitarisation de l'ouest de l'Allemagne, dépeçage de l'Empire austro-hongrois et obtention d'un énorme montant pour les réparations financières), n'est pas encore satisfaite car elle aurait voulu obtenir l'occupation permanente de la rive gauche du Rhin. En Savoie, l'article 435 du traité de Versailles fait que certaines dispositions d'annexion du traité de Turin (1860) ne sont plus respectées. Cet article supprime les zones neutres et franches présentes en Savoie et liées aux conditions d'annexion.

La France fut condamnée par la Cour internationale de justice de La Haye en 1932 pour la violation du traité de Turin. Le ressentiment est particulièrement fort encore en Italie. On a parlé de « victoire mutilée », car les Alliés n'ont pas respecté les promesses faites durant le conflit concernant l'attribution des provinces de l'Istrie, de la Dalmatie et du Trentin. Les fascistes italiens sauront exploiter cette trahison et y trouveront un terreau propice à l'exaltation d'un nationalisme virulent. La République de Chine, bien que mentionnée parmi les parties contractantes, refuse de signer le traité, qui prévoit la cession à l'Empire du Japon des droits allemands sur le Shandong. Les prétentions japonaises entraînent en Chine une agitation nationaliste et anti-japonaise connue sous le nom de mouvement du 4 mai.

Le paiement de réparations représentait une lourde charge pour la République de Weimar. En proie à de graves difficultés financières, elle se révèle vite incapable d'y faire face. Les alliés demandent alors des livraisons en nature. Face aux retards de livraison allemands, la France et la Belgique envahissent la Ruhr en 1923, ce qui aggrave encore la déstabilisation économique de l'Allemagne. Toutefois, les difficultés ne sont pas réglées. Sous la direction américaine, le plan Dawes est alors élaboré. Il facilite les conditions de remboursement pour l'Allemagne. Toutefois, la charge apparaît encore trop lourde ce qui conduit à l'élaboration d'un nouveau plan, le plan Young, en 1929. Les dettes allemandes sont diminuées et rééchelonnées de manière considérable. En Allemagne, les réparations font tout au long de la période l'objet de vives contestations politiques, et alimentent un vif ressentiment. En 1929, une pétition aboutit, contre l'avis du gouvernement, à soumettre à référendum une proposition de loi qui annule le paiement de dettes. Cependant, la participation au référendum fut très faible et la loi fut rejetée à près de 95%.

Selon les termes du plan Young, le paiement des réparations devait s'échelonner jusqu'à 1988, mais avec la Grande Dépression, les versements furent interrompus (moratoire Hoover en 1931). En 1933, les nazis arrivent au pouvoir en Allemagne, ils rejettent toute idée de paiement des réparations. Les paiements sont définitivement arrêtés tandis que l'annexion de l'empire colonial allemand sera maintenu jusqu'à l'accession à l'indépendance des peuples africains concernés au début des années 1960, à l'exception de la Namibie qui n'accèdera à l'indépendance qu'en 1990. L'original du traité a disparu en 1940 et on ignore s'il a été détruit. Face à l'avancée des troupes allemandes vers Paris, il devait être mis à l'abri à l'Ambassade de France aux États-Unis, mais ce n'est qu'une version préparatoire qui y est parvenue. On a longtemps cru qu'il se trouvait à Moscou, mais l'ouverture progressive des archives depuis 1990 n'a pas permis de le retrouver. La seule certitude est que les Allemands ont mis la main sur la ratification française du traité, qui avait été cachée au Château de Rochecotte.

Première Guerre mondiale

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Conflit qui, de 1914 à 1918, opposa l'Allemagne et l'Autriche-Hongrie, rejointes par la Turquie (1914) et la Bulgarie (1915), à la Serbie, à la France, à la Russie, à la Belgique et à la Grande-Bretagne, alliées au Japon (1914), à l'Italie (1915), à la Roumanie et au Portugal (1916), enfin aux États-Unis, à la Grèce, à la Chine et à plusieurs États sud-américains (1917). 

 

Poilus durant le Première Guerre mondiale

Poilus durant le Première Guerre mondiale

Août 1914. L'Europe entière prend feu ; un conflit s'ouvre dont le développement inaugurera dans l'histoire des hommes le tragique phénomène de la guerre totale et mondiale. Totale, elle le deviendra fatalement par sa durée, qui exigera l'engagement de plus en plus global des peuples ; mondiale, elle le sera rapidement aussi en raison du poids que pèse l'Europe dans le monde au début du xxe s. et qui entraînera automatiquement les autres continents dans le conflit.

Pour la génération de 1914-1918, la Grande Guerre signe un changement d'époque, la disparition de l'ordre ancien, la véritable fin du xixe siècle. Dans bien des domaines, la guerre apporte brutalement son lot d'innovations – technologie militaire, place des femmes et des ouvriers dans la société, intervention étendue de l'État – et de bouleversements, avec la révolution prolétarienne, en Russie. La nouveauté tient aussi au fait qu'elle est, tout entière, la guerre des nations, ces nations que le xixe siècle a consolidées et qui ont investi dans ce conflit leur identité et leur honneur. Elle fut tout autant la guerre des patriotes, comme l'atteste l'ampleur des effectifs et des pertes subies.

Origines du conflit

Guillaume II d'AllemagneFace à ce cataclysme et à ses 9 millions de morts, l'assassinat de l'archiduc héritier François-Ferdinand de Habsbourg à Sarajevo par le jeune nationaliste serbe Gavrilo Princip, le 28 juin 1914, apparaît aujourd'hui comme un simple fait divers qui ne peut évidemment rendre compte des origines de cette guerre. Celles-ci sont beaucoup plus à rechercher dans l'état de tension croissant de la situation internationale. Depuis les crises de Tanger (1905, provoquée par une déclaration de Guillaume II en faveur de l'indépendance du Maroc) et d'Agadir (1911, mécontente des résultats de la conférence d'Algésiras, l'Allemagne y envoie une canonnière Panther pour « protéger les intérêts de ses nationaux »), le climat s’est dégradé entre la France et l'Allemagne, puissances coloniales qui se disputent l'Afrique.

D’autre part, chaque pays a engagé une véritable course aux armements et au renforcement de ses effectifs militaires. Ainsi, la Grande-Bretagne, dans le domaine naval, fait face à la montée en puissance de la flotte de guerre allemande de l'amiral von Tirpitz, laquelle doit être l'instrument de la Weltpolitik (« politique mondiale ») de Guillaume II. Ainsi, la France fait passer le service militaire à trois ans, en 1913. Cependant, le caractère limité des crises de Tanger et d'Agadir montre que l'Europe n'est pas prête à entrer en guerre uniquement pour le partage de l'Afrique. Certes, des enjeux proprement impérialistes existent en arrière-fond, tel l'antagonisme anglo-allemand sur les mers et dans l'Empire ottoman, qui détermine le choix britannique de l'Entente cordiale avec la France, en 1904.

Triple-Alliance et Triple-Entente

En fait, le premier conflit mondial est déclenché par le jeu mécanique des alliances, l'explosion de vitalité et d'appétits du IIe Reich allemand (1871-1918) ayant conduit, en réplique à la fameuse Triple-Alliance (qu'il a conclue avec l'Autriche-Hongrie et l'Italie en 1882), à la formation du bloc assez hétérogène de la Triple-Entente (formée en 1907) entre la France, la Grande-Bretagne et la Russie. Ces alliances ont été contractées dans le double contexte de l'antagonisme franco-allemand issu de la guerre de 1870 et de la rivalité austro-russe dans les Balkans. La France était demeurée isolée dans le système diplomatique élaboré par Bismarck jusqu'à ce que la Russie, frustrée par le congrès de Berlin des fruits panslavistes de sa victoire de 1878 contre les Turcs, en vienne à considérer comme irréductible la divergence entre ses intérêts et ceux de l'empire des Habsbourg.

Le rapprochement franco-russe de 1891 résulte logiquement de l'échec de Bismarck à arbitrer et à équilibrer les expansionnismes autrichien et russe dans l'espace politique balkanique, où l'influence de l'Empire ottoman recule depuis un siècle – Moscou cherchant notamment à s'assurer la maîtrise des Détroits et une ouverture sur la Méditerranée. Les guerres balkaniques de 1912-1913 ont rendu l'initiative à la Russie, par le biais de la domination exercée pendant cet épisode par son allié serbe sur les petits pays de la région. Après l’attentat de Sarajevo – la Bosnie et l'Herzégovine sont alors sous administration autrichienne –, Vienne accuse immédiatement les services secrets serbes.

L'ultimatum de l'Autriche-Hongrie à la Serbie (23 juillet 1914)

Bethmann-Hollweg Theobald vonAu début de juillet 1914, rien n'apparaît pourtant irrémédiablement perdu, et le président Poincaré part, comme prévu, accomplir en Russie une visite officielle (ce qui a néanmoins pour effet d'aggraver en Allemagne le sentiment d'un encerclement fatal). Seule s'affirme la volonté de l'Autriche de profiter de l'occasion pour se débarrasser de la trop remuante Serbie. Cette attitude est aussitôt encouragée par Berlin, qui, dès le 5 juillet (c'est là sa grande part de responsabilité), promet à Vienne son soutien, dût-il en résulter un conflit avec la Russie.

Le 23 juillet, un ultimatum autrichien à la Serbie, inacceptable dans sa forme, est remis à Belgrade. En dépit de tardives initiatives de médiation anglaises, il déclenchera le mécanisme des alliances, puis, au cours de la tragique semaine du 28 juillet au 5 août, celui des mobilisations et des déclarations de guerre : l'Allemagne, après avoir déclaré la guerre à la Russie le 1er août 1914, la déclare à la France le surlendemain. Le 4 août, la violation de la neutralité belge par le Reich entraînera l'intervention de la Grande-Bretagne et de son empire, qui allait aussitôt étendre le conflit à l'ensemble des océans.

Cruelle surprise pour Guillaume II et le chancelier Bethmann-Hollweg, lequel s'indigne qu'une nation parente puisse entrer en guerre pour « un chiffon de papier » (le traité de 1839 garantissait la neutralité de la Belgique). À cette déconvenue s'ajoute leur immense déception de constater les défections de l'Italie, qui, bien que membre de la Triple-Alliance, déclare sa neutralité dès le 27 juillet, et de la Roumanie, gouvernée par un roi Hohenzollern.

La parole aux militaires

Un mois après Sarajevo, les gouvernements s'en remettent aux états-majors, dont les armées se mobilisent et se concentrent dans un enthousiasme général.  Pour chaque peuple, l'enjeu de la guerre est pleinement accepté : pour les Français, il s'agit de reprendre Metz et Strasbourg ; pour les Allemands, d'obtenir dans le monde « la part légitime de tout être qui grandit » ; pour tous, cependant, le risque apparaît limité : chacun est persuadé que la puissance et le coût des armes modernes obligent la guerre à être très courte…, 6 mois, hasardent les plus pessimistes. Hanté depuis l'alliance franco-russe par le problème de la guerre sur deux fronts, l'état-major allemand – suivant le célèbre plan Schlieffen élaboré en 1905 – « joue » sa victoire sur la rapidité et l'ampleur de sa manœuvre enveloppante à travers la Belgique. Visant à abattre définitivement l'armée française avec la quasi-totalité de ses forces, ce plan accepte le risque d'une invasion des Russes en Prusse-Orientale, qui n'est défendue que par une dizaine de divisions.

Chez les Français, le commandant des armées du Nord et du Nord-Est, Joffre, qui croit que l’aile droite allemande ne dépassera pas le couloir de la Sambre, dispose ses 5 armées de Belfort à Hirson, prolongées au nord vers Maubeuge par les 6 divisions britanniques de French. Quant aux Russes, il est simplement entendu qu'ils attaqueront en Prusse-Orientale dès que possible avec le maximum de forces. Le rapport des forces en présence est très favorable à l'Entente, dont la population est le double de celle des Empires centraux (238 millions d'habitants contre 120). L'Entente peut aligner 167 divisions d'infanterie contre 147, et 36 divisions de cavalerie contre 22.

La bataille des frontières (août 1914)

Après avoir résisté pendant 10 jours, du 6 au 16 août, Liège (→ camp retranché de Liège) tombe entre les mains des Allemands, qui entament le 14 la marche en avant de leurs deux armées d'aile droite, commandées par Kluck et Karl von Bülow. Le 20, ils sont à Bruxelles, à Namur et à Neufchâteau, tandis que les Belges se replient sur Anvers. Au même moment, de terribles combats s'engagent en Alsace, où les Français atteignent Mulhouse ; en Lorraine, où Castelnau et Foch doivent renoncer à Morhange, mais résistent victorieusement en avant de Nancy et, enfin, dans les Ardennes, où, le 22 août, Français et Allemands se heurtent en aveugles dans les sanglantes batailles de rencontre de Neufchâteau et de Virton.

C'est pourtant en Belgique que se joue l'action principale. Sourd aux appels du général Lanrezac, qui seul voit clair dans le jeu allemand, Joffre tarde à porter sa Ve armée sur la Sambre. Elle y parvient seulement le 22, pour se faire bousculer à Charleroi (→ bataille de Charleroi) par les forces conjuguées de Kluck, de Bülow et de Hausen, tandis que French essuie un grave échec à Mons. Le 25, Joffre lance son ordre de repli général sur la Somme et l'Aisne.

Septembre 1914 : échec à l'ouest du plan de guerre allemand

À la fin du mois, l'euphorie règne à Berlin : « L'ennemi en pleine retraite n'est plus capable d'offrir une résistance sérieuse », proclame le communiqué allemand du 27 août. Le 9 septembre, le projet de traité de paix, qui prévoit l'organisation d'une Europe allemande, est approuvé par le chancelier Bethmann-Hollweg. Mais, alors que le commandant en chef allemand Moltke croit tenir la décision, les Français vont redresser la situation. Joffre et le commandant britannique French profitent d'une initiative hasardeuse de l'aile droite allemande du général Kluck (négligeant Paris, elle cherche à couper la retraite de l'armée française, présentant ainsi le flanc à l'armée couvrant la capitale) pour lancer une contre-offensive : c'est la fameuse bataille de la Marne (24 août-13 septembre), où, après plusieurs jours de combats acharnés, le général en chef allemand Moltke est contraint d'ordonner un repli général, qui reporte le front 70 km plus au nord, sur l'Aisne, et entérine l'échec du plan de bataille allemand.

Tannenberg et les fronts orientaux

Alarmé le 21 août par les appels au secours de von Prittwitz, qui doit reculer en Prusse-Orientale sous la violence des attaques russes de Rennenkampf, Moltke doit y dépêcher deux corps. Il confie la direction du front de l'est au général Hindenburg, auquel il donne Ludendorff comme adjoint. Ceux-ci brisent aussitôt l'effort des armées russes en détruisant celle de Samsonov dans la mémorable bataille de Tannenberg (26 août).

Au sud, toutefois, la brillante offensive du grand-duc Nicolas chasse les Autrichiens de Lvov (3 septembre) et les refoule sur la frontière allemande de Silésie, qui ne sera dégagée que par une nouvelle et remarquable contre-offensive de Hindenburg et de Mackensen sur Łódź (novembre). Plus au sud encore, les Autrichiens subissent un grave échec en Serbie, où la petite armée du voïvode Radomir Putnik réussit à rentrer victorieuse à Belgrade le 13 décembre.

Noël 1914, une guerre d'un type entièrement nouveau

À la fin de 1914, le conflit prend un visage réellement imprévu ; tous les plans des états-majors se sont effondrés et, pour chacun, tout est à recommencer. C'est chez les Allemands que la déception a été la plus vive, entraînant dès le 14 septembre le remplacement de Moltke à la direction suprême de l'armée par le jeune ministre de la guerre prussien, le général Erich von Falkenhayn (1861-1922). Ce dernier cherche, en reportant ses forces vers l'ouest, à déborder de nouveau l'aile gauche française au-delà de Compiègne. Mais, cette fois, Joffre répond aussitôt à sa manœuvre en transférant des forces de Lorraine en Picardie et en Artois , où, en octobre, se constitue un front, prolongé bientôt jusqu'à la mer (→ batailles de l'Artois).

En novembre, Falkenhayn tente un suprême effort sur Calais, qui échoue au cours de la sanglante mêlée des Flandres, où Foch coordonne l'action des forces britanniques, belges (repliées d'Anvers) et françaises (→ la Course à la merbataille de l'Yserbatailles d'Ypres). Dans les deux camps, les munitions manquent, et un front continu s'établit dans les tranchées sur 750 km, de Nieuport à la frontière suisse… Deux belligérants nouveaux sont entrés en lice : dès le 23 août, le Japon s'engage aux côtés des Alliés avec la volonté d'affirmer sa situation en Extrême-Orient. Au cours de l'été, en dépit de l'arrivée des croiseurs allemands Goeben et Breslau dès le 10 août à Constantinople, la Turquie hésite encore et ne rompra avec les Alliés que le 3 novembre.

Sur le plan militaire, tout est donc à repenser, mais le premier souci des belligérants est alors de « durer » en remettant en marche administrations et industries de guerre pour permettre aux populations de vivre et aux armées de combattre. Si l'Allemagne, qui a définitivement écarté l'invasion de son territoire, bénéficie de l'organisation moderne et puissante de son économie, la France se trouve au contraire gravement handicapée : ses départements les plus riches sont envahis par l'ennemi et soumis à un très rude régime d'occupation ; leur potentiel représente 95 hauts-fourneaux sur 123, 90 p. 100 du minerai de fer et 40 p. 100 du charbon français… Quant aux Anglais, ils découvrent avec le ministre de la Guerre Kitchener que leur engagement militaire les entraînera beaucoup plus loin qu'ils ne le pensaient, mais ils fondent tous leurs espoirs sur le contrôle de la liberté des mers, qu'ils viennent de rétablir à leur profit et qui leur permet de jouer désormais à fond l'arme du blocus.

1915, la politique reprend ses droits

Au lendemain des hécatombes des Flandres et de Pologne, l'impuissance du facteur opérationnel à résoudre à lui seul les problèmes posés par le conflit s'avère flagrante. Aussi, dans les réactions des belligérants, la politique reprend-elle partout ses droits. Chez les Allemands, qui, seuls, disposent avec le grand état-major d'une véritable direction de la guerre, l'année va être dominée – outre un souci constant d'organisation économique pour pallier les effets du blocus – par la volonté d'obtenir de gré ou de force une paix séparée avec la Russie. Chez les trois « grands » de l'Entente, en dépit de l'engagement solennel mais assez négatif de Londres (5 septembre 1914) de ne conclure aucune paix séparée avec l'Allemagne, on ne prendra encore en 1915 que des décisions plus juxtaposées que coordonnées. Elles traduiront la volonté anglaise exprimée par le jeune ministre Churchill de retrouver une stratégie indirecte chère aux Britanniques.

Pour les Français seuls, le problème numéro un demeure celui de la libération du territoire : joint au souci de soulager le front russe, durement pressé, il entraînera sur le front occidental une activité offensive soutenue sans répit malgré de terribles pertes. Au mois d'avril, l'Entente reçoit cependant un très sérieux renfort : après de nombreuses hésitations, l'Italie déclare le 23 mai la guerre à l'Autriche-Hongrie, qui se voit obligée d'ouvrir un nouveau front à sa frontière des Alpes. Les buts de guerre italiens, dûment enregistrés par l'Entente, sont le rattachement des terres irrédentes (le Trentin et l'Istrie restés sous la domination de l'Autriche-Hongrie en 1866) et du littoral dalmate, mais l’Italie a aussi des visées sur l'Albanie. L'Italie ne rompra avec l'Allemagne que le 27 août 1916.

L'effort allemand sur la Russie

« Il est absolument nécessaire d'en venir à une paix séparée avec la Russie », écrit le Kronprinz Frédéric-Guillaume le 6 février 1915 au grand-duc de Hesse, frère de la tsarine. Pour appuyer les démarches allemandes à Petrograd, Falkenhayn, dont le QG passe en avril de Mézières à Pless ([aujourd'hui Pszczyna] Silésie), décide d'engager une grande offensive sur le front des Carpates. Déclenchée le 2 mai à Gorlice par Mackensen, elle conduit en octobre les forces austro-allemandes, après une avance de 200 à 500 km à travers la Pologne, sur une ligne allant des portes de Riga à la frontière roumaine. Les Allemands sont accueillis sans déplaisir, voire très favorablement, par les populations des zones conquises, que ce soient les quatre millions de juifs polonais persécutés par le tsarisme, ou les Ukrainiens, dont ils flattent les aspirations à l'indépendance.

L’avance des troupes ennemies provoque une telle consternation à Petrograd que le tsar Nicolas II prend lui-même la tête de ses armées, tandis que les échos de la conférence socialiste de Zimmerwald, en Suisse, où l'on réclame une paix « sans annexion ni contribution », ont une grande résonance dans la classe ouvrière russe, représentée au congrès par Lénine, Trotski et Georgi Rakovski. Le plan allemand échoue pourtant devant la fidélité du tsar à ses alliés, qui n'a d'égal que son aveuglement devant la situation intérieure de l'empire. Par trois fois, Nicolas II refuse les propositions de paix allemandes et signe ainsi son arrêt de mort. En décembre, Berlin se décide, « pour faire exploser la coalition de l'Entente », à jouer avec Lénine la carte de la révolution en Russie. Mais, à la grande déception de Falkenhayn, les armées russes sont toujours debout.

Les Balkans en guerre : Dardanelles, Serbie, Bulgarie

Après avoir rallié Paris à ses vues, Churchill engage en février une action franco-britannique sur les Détroits ; son but est de tendre la main aux Russes et, en enlevant Constantinople, d'abattre la Turquie, qui vient de faire très peur à Londres en réussissant un raid sur Suez (février 1915). La France et la Grande-Bretagne ont par ailleurs promis secrètement à la Russie le contrôle des deux rives des Détroits en cas de victoire contre les Ottomans. Plus que les attaques turques dans le Caucase et contre les ports de la mer Noire, c'est le blocage des Détroits qui met en difficulté la Russie, l'empêchant d'exporter son blé et de recevoir le ravitaillement allié. Après l'échec des escadres alliées de l'amiral de Robeck à Çanakkale contre les ouvrages turcs des Dardanelles (mars), des unités franco-anglaises débarquent le 25 avril à Seddülbahir, mais, malgré leurs efforts, ne parviennent pas à déboucher de leur tête de pont. L’opération est un cuisant échec avec la perte de nombreux navires et de 145 000 hommes (→ expédition des Dardanelles).

À la fin de l'été, l'attention des alliés est attirée par les Balkans, où les Allemands réussissent à engager la Bulgarie (14 octobre) à leurs côtés pour liquider la résistance de la Serbie et garantir leur liaison terrestre avec Constantinople. De plus, la Bulgarie souhaite récupérer la Dobroudja et la Macédoine. L'armée serbe, conduite par le vieux roi Pierre Ier Karadjordjević, doit se replier et, après une mémorable retraite, est recueillie à Durrësi par la marine française. Pour répondre à ce coup de force, une armée alliée d'Orient, confiée à Sarrail, est constituée en octobre à Salonique, où les Franco-Anglais replient leurs unités des Dardanelles, dont ils décident l'évacuation (décembre). Cependant, l'attitude de la Grèce, dont le roi Constantin Ier est le beau-frère de Guillaume II, demeurera longtemps équivoque en dépit des efforts de Venizélos, plusieurs fois Premier ministre durant la période, pour entraîner son pays dans les rangs de l'Entente.

Offensives françaises en Artois et en Champagne

La volonté offensive du commandement français, tendue vers la percée du front et la libération du territoire, donne lieu à deux types d'opérations différents. Un peu partout, et notamment dans les Vosges, aux Éparges, en Argonne et dans les Flandres (où les Allemands inaugurent l'emploi des gaz en avril), se déroule une série de combats locaux d'infanterie aussi meurtriers que stériles. En même temps, de grandes opérations sont conduites par Joffre, d'abord séparément en Champagne (février) et en Artois (mai), puis simultanément sur ces deux secteurs du front lors de la grande offensive du 25 septembre. Le seul résultat tangible de ces actions fut de soulager le front russe en obligeant Falkenhayn à rameuter ses réserves sur le front occidental, où Haig, qui remplace French en décembre, dispose, grâce aux « volontaires » suscités par Kitchener, d'une trentaine de divisions britanniques.

La coopération entre les Alliés a nettement progressé, et la conférence réunie par Joffre en décembre à Chantilly organise la convergence des actions à entreprendre vers l'été de 1916 par les Franco-Anglais sur le front de la Somme et par les Russes sur celui de Pologne. Elle décide en outre la liquidation des colonies allemandes d'Afrique, où seul le territoire de l'Est-Africain (→ Afrique-Orientale allemande) résistera grâce à l'énergie de son chef, le colonel Paul von Lettow-Vorbeck (1870-1964), jusqu'en novembre 1918.

Occupation allemande et résistance dans les territoires envahis

C'est en 1915 que s'installe l'occupation allemande dans les territoires occupés de Belgique et de France. Pour Falkenhayn, ceux-ci doivent être exploités au maximum pour procurer au Reich de l'argent, du ravitaillement et de la main-d'œuvre. Aussi l'administration allemande se fait-elle chaque jour plus tracassière : contrôles incessants, transferts de main-d'œuvre, déportation des suspects, contributions de guerre, confiscation des objets rares (or, cuir, laine), mise en régie des entreprises (mines du Nord, textiles de Roubaix, etc.).

La population supporte mal ce régime d'exception, admirant la « résistance » de ses notables : le cardinal Mercier, archevêque de Malines ; le préfet Trépont et le maire Delesalle à Lille ; le bourgmestre Max à Bruxelles. De nombreux patriotes mènent la lutte contre l'occupant, tels Eugène Jacquet et Léon Trulin, fusillés à Lille, Édith Cavell, dont l'exécution, le 11 octobre 1915, souleva l'indignation du monde, Louise de Bettignies, Léonie Vanhoutte, Louise Thuliez et la princesse de Croÿ, qui rivalisèrent d'héroïsme au service de leur pays.

1916, l'année de Verdun

À peine conclus, les accords de Chantilly sont soumis à rude épreuve. Refusant en effet de s'engager plus loin dans le problème russe, Falkenhayn se décide, pour atteindre l'ennemi numéro un qu'est pour lui la Grande-Bretagne, à détruire l'armée française – son « épée » sur le continent – par épuisement de ses effectifs. Dans ce dessein, il déclenchera avec le maximum de violence et aussi longtemps que nécessaire une offensive sur un point, en l'occurrence Verdun, que les Français seront psychologiquement obligés de défendre.

Cette stratégie inédite sera complétée par une relance de la guerre sous-marine sans restriction, expérimentée avec succès en 1915. L'amirauté estime maintenant possible de couler en 6 mois le tiers du tonnage marchand indispensable au ravitaillement de la Grande-Bretagne. Guillaume II et Bethmann-Hollweg hésitent pourtant à se lancer dans cette aventure, ce qui provoquera le 6 mars la démission tapageuse de l'amiral Tirpitz, chef de l'amirauté de Berlin.

Verdun, la Somme et l'offensive Broussilov

Le 21 février éclate, comme un coup de tonnerre, l'offensive allemande sur Verdun. Après avoir bousculé les défenses françaises de la rive droite puis de la rive gauche de la Meuse, la marée allemande est bloquée en juillet sur les pentes de Souville avant d'être refoulée par les soldats de Pétain, de Nivelle et de Mangin au cours des deux batailles du 24 octobre et du 15 décembre. Toutefois, si l'armée française s'y use considérablement, l'échec de la stratégie allemande est patent puisque, « malgré Verdun », Joffre et Haig déclenchent, le 1er juillet, l'offensive prévue sur la Somme. Menée par 26 divisions anglaises et 14 françaises, l'attaque alliée, entretenue durant quatre mois, portera un coup très rude au front allemand dans la région de Péronne et obligera l'adversaire à diminuer la pression sur Verdun. Pour autant, au-delà des succès initiaux de juillet, l'engagement sur la Somme s’est transformé en boucherie, s'est essoufflé dès le 14 juillet et a tourné court en novembre (→ batailles de la Somme, bataille de Verdun).

À l’est, depuis le 4 juin, le front s'est remis en mouvement : quatre armées russes, conduites par Broussilov, ont enfoncé les lignes autrichiennes en Volhynie et capturé 500 000 hommes. Les Russes menacent maintenant la frontière hongroise, et les Allemands sont contraints de l'étayer pour prévenir l'effondrement du front austro-hongrois.

Intervention roumaine et crise allemande

Au moment où le général Franz Conrad von Hötzendorf, chef de l'état-major autrichien, appelle l'Allemagne à son secours, le Reich subit un terrible coup par la déclaration de guerre de la Roumanie (28 août 1916), dont l'intervention aux côtés des Alliés compromet le ravitaillement de l'Allemagne en blé et en pétrole. Cette fois, l'opinion publique, déjà durement touchée par les restrictions consécutives au blocus, s'émeut, et le Kaiser, constatant la faillite de la stratégie d'épuisement de Falkenhayn, le remplace au commandement suprême par la populaire équipe des vainqueurs de l'Est, Hindenburg et Ludendorff (29 août).

Ceux-ci font preuve aussitôt d'une étonnante activité et arrêtent les mesures qu'exige la gravité de la situation militaire. Après avoir imposé à Conrad von Hötzendorf le commandement unique à leur profit des forces de la « Quadruplice » (Allemagne, Autriche-Hongrie, Turquie, Bulgarie), ils décident de passer aussitôt sur la défensive sur le front français ; bien plus, ils en prévoient le raccourcissement par un repli à opérer entre Arras et Soissons qui économisera une quinzaine de divisions. Pour parer au danger venant de Bucarest, ils chargent Falkenhayn, qui n'a pas su conserver le blé roumain, d'aller le reconquérir à la tête d'une nouvelle armée (la IXe), créée le 9 septembre. En trois mois, ses forces, appuyées par celles de Mackensen, débouchant de Bulgarie, conquièrent la Roumanie jusqu'au Siret, et, le 6 décembre, les Allemands font leur entrée à Bucarest.

Guerre au Moyen-Orient et problème arabe

Animées par des états-majors allemands, les forces ottomanes s'opposent aux Britanniques en Mésopotamie et en Palestine et aux Russes sur le front du Caucase, où le grand-duc Nicolas a remporté deux brillants succès à Erzurum (janvier) et à Trébizonde (avril). Pour les Anglais, au contraire, l'année 1916 a été difficile : le 28 avril, en Mésopotamie, la garnison de Kut al-Amara a dû capituler devant les assauts des Turcs, qui, en août, ont lancé un deuxième raid contre Suez. C'est alors que débute, en milieu arabe, l'action du jeune Lawrence d'Arabie, qui, ayant gagné la confiance d'Abdullah et de Faysal, fils d'Husayn, roi du Hedjaz, organise avec eux la libération de la « nation arabe » du joug ottoman. Et cela au moment même où, à l'insu de Lawrence, Paris et Londres concluent en mai un accord partageant l'Empire ottoman en deux zones d'influence politique et économique : l'une, française, incluant la Syrie et le Liban, l'autre, anglaise, comprenant la Palestine, l'Iraq et la Transjordanie (→ accord Sykes-Picot). Singulière équivoque, qui pèsera lourdement dans les rapports futurs de l'Occident avec l'islam.

La situation des belligérants à la fin de 1916

Dans les deux camps, l'année a été très rude, et l'usure des belligérants s'affirme en tous domaines. La Grande-Bretagne, qui entretient maintenant 70 divisions, se voit contrainte, pour la première fois dans son histoire, d'adopter progressivement la conscription. La situation économique y est encore aisée, et, en dépit de la déception que cause à Londres le demi-succès de la bataille navale du Jütland et la menace permanente de la guerre sous-marine, la maîtrise de la mer demeure aux Alliés. En décembre, le cabinet Asquith cède la place au gouvernement d'Union nationale de Lloyd George. En France, où toute l'année a été vécue sous le signe de Verdun, l'Union sacrée présente des failles, le Parlement s'agite, l'économie s'essouffle et le déficit budgétaire n'est comblé que par les emprunts anglais et américains. En décembre, Joffre est abandonné par Briand, qui choisit Nivelle comme commandant en chef.

En dépit des succès éclatants de Broussilov, la Russie est au bord de la révolution : l'assassinat de Raspoutine (29 décembre) traduit la révolte de la classe nobiliaire et de la bourgeoisie libérale contre l'aveuglement du tsar. À Vienne, la mort du vieil empereur François-Joseph entraîne l'avènement du jeune Charles Ier, lucide et généreux. Marié à une princesse d'ascendance française, Zita de Bourbon-Parme, il voudrait prendre ses distances vis-à-vis de Berlin, mais se heurte à une situation politique rendue inextricable par le réveil des nationalités qui composent l'ensemble disparate et suranné de la double monarchie.

Quant aux Allemands, qui vivent depuis un an sous le régime de la carte d'alimentation, ils viennent avec Ludendorff de trouver un chef qui s'affirme peu à peu comme le dictateur du IIe Reich. Pour lui, qui juge lucidement la situation difficile de son pays, toute la politique doit désormais être subordonnée au seul impératif de gagner la guerre. C'est dans cet esprit que, au risque de provoquer l'intervention américaine, il se rallie en novembre à la thèse de la guerre sous-marine. Pour inciter l'adversaire à se dévoiler, Guillaume II, profitant de l'entrée de ses troupes à Bucarest, lance le 12 décembre une offre de paix spectaculaire. Rejetée par les Alliés, elle est relevée par Wilson, qui vient d'être réélu président des États-Unis et qui, en réponse, demande à tous les belligérants de lui faire connaître leurs buts de guerre.

La guerre navale de 1914 à 1916

En 1914, la Grande-Bretagne est encore la reine des océans : sa flotte marchande représente 48 % du tonnage mondial, sa marine de guerre surclassera largement sa rivale allemande en tonnage (2,2 millions de tonnes contre 1,05) et en qualité (24 dreadnoughts contre 13). Aussi, sur les mers, dont les belligérants vont découvrir l'importance, l'intervention anglaise confère-t-elle au conflit une dimension mondiale. Par les combats du cap Coronel et des îles Falkland (novembre-décembre 1914), l'amirauté de Londres, que dirige le vieux lord Fisher, élimine d'abord la marine allemande des mers lointaines (→ bataille navale des Falkland). Dès octobre, elle applique en outre un rigoureux blocus de la mer du Nord, auquel l'amiral allemand Tirpitz réplique en déclenchant la guerre sous-marine. Celle-ci se développe au début de 1915, mais est suspendue en septembre après la protestation américaine qui suit le torpillage du paquebot anglais Lusitania où, le 7 mai, périssent 118 passagers américains.

Avec les Dardanelles, la guerre navale s'est étendue à la Méditerranée, confiée depuis 1914 à la garde de l'armée navale française dont le chef est l'amiral Boué de Lapeyrère . Les sous-marins allemands et autrichiens qui dominent l'Adriatique y mènent la vie dure aux Alliés, dont les bases principales sont celles de Malte, de Moudros (Moúdhros) et de Corfou. En dehors de leur rencontre fortuite du Dogger Bank (24 janvier 1915), les flottes de haute mer allemande et anglaise ne s'affronteront qu'en 1916, lors de la mémorable bataille navale du Jütland (31 mai-1er 1916). Au cours d'une lutte d'artillerie de douze heures, 100 bâtiments allemands, conduits par les amiraux Reinhard Scheer (1863-1928) et Franz von Hipper (1863-1932), s'attaqueront aux 150 navires de la Grand Fleet britannique de l'amiral Jellicoe, secondé par Beatty. Après avoir coulé 14 bâtiments anglais (112 000 t), Scheer, dont les pertes ne dépassent pas 60 000 t, utilise la nuit pour se dérober. Succès tactique des Allemands, le Jütland confirmait toutefois l'incapacité de leur flotte à dominer son homologue anglaise. Aussi Scheer en conclut-il que seul l'emploi massif des sous-marins pouvait être décisif pour amener la ruine de la Grande-Bretagne.

1917, guerre sous-marine, intervention américaine, révolution russe

Wilson Woodrow

Wilson ne sera pas un médiateur : le 31 janvier, Washington reçoit en effet de Berlin notification de la zone dans laquelle, à compter du lendemain, tout navire marchand sera torpillé sans avertissement. Vient s'ajouter à ce climat la crise diplomatique provoquée en mars par l'interception du télégramme Zimmerwald, dans lequel le ministre des Affaires étrangères du Reich enjoint à son chargé d'affaires à Mexico de pousser le Mexique à entrer en guerre contre les États-Unis. Cette fois, c'en est trop, et, après avoir rompu le 3 février les relations diplomatiques, les États-Unis déclarent le 2 avril la guerre à l'Allemagne. Entendant toutefois conserver leur liberté, ils se déclarent seulement « associés » (et non alliés) aux adversaires du Reich. Cette intervention entraîne celle assez symbolique de la Chine et de plusieurs États d'Amérique latine.


Avec près de 900 000 tonneaux de pertes marchandes alliées, le mois d'avril 1917 établit un record qui ne sera pas même atteint durant la Seconde Guerre mondiale. L'objectif était d'affamer le Royaume-Uni, dont les réserves céréalières étaient faibles, en interdisant la navigation commerciale atlantique. Le risque de rupture diplomatique avec les États-Unis était connu et avait été accepté. La victoire des sous-marins allemands (130 en service, dont la moitié à la mer) se prolonge jusqu'à l'automne sans réussir à abattre la Grande-Bretagne, qui résiste grâce au système des convois escortés par des navires de guerre. Pour les Alliés, l'intervention américaine apporte une aide immédiate sur les plans naval, économique et financier, mais l'armée américaine compte à peine 200 000 hommes, et, dans le domaine militaire, tout est à faire.

En Russie, la crise qui éclate en janvier à Petrograd se termine par l'abdication du tsar (15 mars), approuvée par tout le haut commandement russe. Sympathique aux Alliés, le gouvernement du prince Lvov éveille chez eux l'espoir de voir la Russie coopérer plus activement à la guerre. Mais les progrès de la révolution paralysent bientôt l'armée, dont la dernière offensive lancée par Kerenski en juillet se termine en débandade, tandis que le parti bolchevique de Lénine propage son programme de paix. L'échec de l'offensive Kerenski permet aux Allemands de se réinstaller en Bucovine et d'y menacer le front roumain reconstitué avec l'aide de la France. Après la faillite du gouvernement Kerenski, les bolcheviques prennent enfin le pouvoir le 7 novembre (révolution dite « d'octobre »). Lénine entame aussitôt la procédure de l'armistice, qui est signé à Brest-Litovsk le 15 décembre, 6 jours après celui de Focşani, conclu avec les Roumains.

À la fin de l'année, Ludendorff, qui, depuis la chute de Bethmann-Hollweg (juillet), est devenu le véritable dirigeant du Reich, disposera de toutes ses forces pour lancer un ultime coup de boutoir sur le front français avant l'arrivée des Américains. En réalité, l'Allemagne ne pourra atteindre cet objectif, car elle devra maintenir à l'est une forte proportion de ses troupes pour contenir les velléités d'indépendance de la Pologne et des Baltes, et surtout pour occuper l'Ukraine, dont les livraisons agricoles lui sont indispensables.

Bataille du Chemin des Dames et crise française

En France, où le front allemand est volontairement replié le 27 février entre Arras et Soissons (dans le dessein d'économiser des effectifs), l'année s'ouvre dans un immense courant d'optimisme. Nivelle a en effet rallié les Anglais à l'idée d'une grande et définitive offensive : « Nous romprons le front allemand quand nous voudrons », affirme-t-il le 13 janvier. Précédée d'une attaque anglaise en Artois, l'offensive des armées Mangin et Mazel débouche le 16 avril sur le Chemin des Dames, complétée le 17 par une action de l'armée Anthoine en Champagne.

Après un brillant départ et le premier engagement des chars français Schneider à Berry-au-Bac, l'assaut se heurte à une muraille de feu infranchissable, et l'immense espoir des poilus se transforme en une dramatique désillusion. À Paris, le moral s'effondre : le président du Conseil Painlevé décide d'arrêter l'opération, et, le 15 mai, remplace Nivelle par Pétain.

La tâche du nouveau généralissime est redoutable, car la déception de l'armée dégénère en révolte : dans une cinquantaine de divisions, des mutineries éclatent (→ crise des mutineries). Ces mouvements, qui ne vont jamais jusqu'à la fraternisation avec l'ennemi, sont d'abord l'expression d'une exaspération devant la conduite de la guerre et le mépris des généraux pour la vie des soldats. Les chefs y voient le résultat de la propagande ennemie, voire de celle d'agitateurs pacifistes d'extrême gauche.

La répression est sévère : Pétain, qui vient de remplacer Nivelle, fait condamner à mort 554 mutins dont 75 seront exécutés, mais il a aussi l'habileté d'introduire des améliorations dans l'organisation des permissions et du cantonnement et rend confiance à l'armée en lui faisant réaliser à Verdun (août), puis à la Malmaison (octobre), deux opérations à objectifs limités qui seront de véritables succès. Sa tâche est facilitée par les Britanniques de Haig, qui, de juin à décembre, fixent les Allemands par une série d'offensives très coûteuses menées dans les Flandres autour d'Ypres (→ batailles d'Ypres) et à Cambrai, où, pour la première fois, une masse de chars (378 blindés) est engagée le 20 novembre.

Parallèlement à cette crise militaire, la France, usée par la guerre, connaît une grave crise morale que trois gouvernements successifs (Briand, Ribot et Painlevé) s'efforcent malaisément de conjurer. Faisant écho à la révolution russe et à l'agitation parlementaire, des grèves éclatent qui traduisent l'aggravation de la situation économique (carte de sucre et de charbon) et le niveau très bas des salaires. Une propagande pacifiste se développe dans la presse (le Bonnet rouge), où l'on retrouve la main et l'argent des agents allemands. Pour réagir, Poincaré décide le 14 novembre d'appeler au gouvernement Clemenceau, qui, avec une extraordinaire énergie, choisit comme unique programme : « Je fais la guerre. » Après avoir stigmatisé Louis Malvy (ancien ministre de l'Intérieur), il fait arrêter Caillaux, accusés tous deux d'abusives complaisances envers les « défaitistes ».

Les tentatives de paix et leur échec

Au cours de cette « année trouble » (Poincaré), on peut croire que l'usure des belligérants allait imposer la fin du conflit, et, en effet, plusieurs tentatives furent faites pour trouver le chemin d'une paix de compromis. À côté des efforts du pape Benoît XV, qui, le 1er août, lance un appel aux belligérants, l'entreprise la plus sérieuse fut menée par l'empereur Charles Ier d'Autriche, qui savait que la situation politique, économique et militaire de son pays se dégradait de jour en jour. Une négociation secrète fut conduite en son nom par ses deux beaux-frères, Sixte et Xavier de Bourbon-Parme, auprès de la France. Elle fut mise en échec par les Allemands, qui en eurent connaissance, et aussi par les exigences formulées vis-à-vis de Vienne par l'Italie auprès de la France et de la Grande-Bretagne à la conférence de Saint-Jean-de-Maurienne (19 avril 1917).

Italie, Moyen-Orient et Grèce

Inquiets des tractations de l'empereur Charles, les Allemands se décident, pour relancer l'Autriche-Hongrie dans la guerre, à lui faire cadeau d'une victoire. Le 24 octobre, 7 des meilleures divisions allemandes, conduites par le général Otto von Below, enfoncent à Caporetto le front italien, qu'elles refoulent jusqu'à la Piave. Cadorna, le généralissime italien (bientôt remplacé par Diaz), appelle les Alliés au secours. Foch et Robertson, suivis de dix divisions franco-anglaises, arrivent à Rapallo, où s'ébauche le premier et timide organe de commandement interallié (6 et 7 novembre 1917).

Conscients de l'importance politique et économique grandissante du Moyen-Orient, les Britanniques lui consacrent en 1917 des moyens considérables. Ils leur permettront de conjuguer leurs efforts en Mésopotamie, où ils reprennent Kut al-Amara et entrent à Bagdad (11 mars), et en Palestine, où le général Allenby déclenche en octobre une puissante offensive qui lui ouvre, le 9 décembre, les portes de Jérusalem. C'est à cette occasion que la Grande-Bretagne, qui entend jouer à la fois la carte sioniste et la carte arabe, affirme sa volonté « de créer après la guerre un foyer national juif en Palestine » (→ déclaration Balfour, 2 novembre 1917).

En Orient, l'année se termine sur une note optimiste pour les Alliés : ceux-ci viennent en outre de clarifier l'équivoque situation de la Grèce en provoquant l'abdication du roi Constantin Ier au profit de son fils Alexandre (12 juin). Ce dernier confie le pouvoir à Venizélos, qui déclare la guerre à l'Allemagne et à ses alliés (29 juin).

1918, le dénouement

L'année s'ouvre par une importante initiative américaine : répondant à l'appel à la paix lancé par Lénine, Wilson précise le 8 janvier 1918 dans son discours au Congrès (8 janvier 1918) les « Quatorze points » qui doivent à son avis servir de base à l'ordre nouveau. Précédés de principes de droit international (liberté des mers, réduction des armements, etc.), ils abordent ensuite les problèmes cruciaux tels que la restitution de l'Alsace-Lorraine, l'indépendance de la Belgique, la résurrection de la Pologne, l'autonomie des peuples d'Autriche-Hongrie.

Ce programme fera choc et indique de quel poids pèsent déjà les États-Unis, alors que leur présence militaire est encore quasiment nulle dans le camp des Alliés. Chez ces derniers, qui souffrent d'une grave crise d'effectifs, l'organisation d'un commandement unique se limite à celle d'un comité exécutif dirigé à Versailles par Foch (1er février) et chargé de préparer les décisions des gouvernements.

L'aventure allemande en Russie

Conscient de la précarité de la situation économique du Reich, qui impose une décision à court terme, Ludendorff entend l'emporter par une action militaire massive conduite avec le renfort des 700 000 hommes transférés du front de l'Est sur celui de France. Menée à base d'artillerie lourde et d'obus à gaz sous forme de coups de boutoir successifs, elle doit faire éclater le front occidental avant l'arrivée des forces américaines, c'est-à-dire avant l'été de 1918. Le calendrier étant impératif, Ludendorff presse les politiques, conduits par le ministre des Affaires étrangères Richard von Kühlmann, de conclure au plus vite la paix avec la Russie.

L'entreprise se révèle difficile, car, dans les négociations de Brest-Litovsk, les Russes, dirigés par Trotski, résistent aux exigences allemandes. Le 9 février, les Allemands imposent un traité distinct à l'Ukraine, qui la sépare de la Russie. Toutefois, il faudra une nouvelle action militaire qui, à partir du 19 février, portera les armées allemandes à Narva (135 km de Moscou), à Pinsk et à Kiev pour contraindre Lénine à signer le 3 mars le terrible traité de Brest-Litovsk (il arrache à la Russie 60 millions d'habitants et 25 % de son territoire). La Courlande et l'ensemble de la zone balte tombent sous influence allemande, ainsi que le nouvel État ukrainien, tandis que les deux Empires centraux se partagent la tutelle de la Pologne.

En mai, la Roumanie doit accepter la paix allemande de Bucarest, tandis que, forgeant des plans grandioses d'exploitation économique de l'Ukraine, les Allemands étendent leur occupation à Odessa, à Kharkov et à Rostov-sur-le-Don (7 mai). Attirés ensuite par les richesses du Caucase, ils s'engagent dans une folle aventure, encouragent la Géorgie à se proclamer indépendante (26 mai) et poussent jusqu'à Tbilissi. « Quelle importance, écrit Guillaume II le 8 juin, si nous réussissons à placer le Caucase sous notre influence, comme porte vers l'Asie centrale et menace vers la position anglaise des Indes ! » Singulière démesure qui absorbera jusqu'à la fin de la guerre une trentaine de divisions qui, fort heureusement pour les Alliés, manqueront à Ludendorff sur le front français.

Coups de boutoir de Ludendorff sur le front français (mars-juillet 1918)

Le 21 mars, 6 200 canons allemands ouvrent le feu à 4 h 40 sur le front de 60 km tenu par les armées Below, Marwitz et Hutier entre Arras et l'Oise. À 9 h 40, l'infanterie en petites colonnes, appuyée par 1 000 avions de combat, s'élance derrière le barrage roulant. Le secteur, tenu par les IIIe (Byng) et Ve (Gough) armées de Haig, a été judicieusement choisi : l'objectif de Ludendorff (qui sera repris en 1940) est d'« enrouler » l'aile droite des Anglais pour les rejeter à la mer en se couvrant seulement au sud vis-à-vis des Français, dont le front commence à l'Oise.

En 48 heures, l'armée Gough est submergée, tandis que, pour ébranler le moral de l'arrière, Paris reçoit le 23 les premiers obus de la Bertha. La veille, Pétain a engagé ses réserves sur l'Oise au secours des Anglais, mais, l'avance allemande se poursuivant vers Montdidier, les Français ont tendance à couvrir Paris, alors que les Anglais se replient sur Amiens et les ports : une brèche de 20 km s'ouvre entre les armées alliées. La situation est grave ; aussi, le 26, les envoyés de Lloyd George et Clemenceau confient-ils, à Doullens, le commandement suprême à Foch, dont l'autorité s'impose aussitôt à Haig et à Pétain. Trente divisions françaises aux ordres de Fayolle sont acheminées entre Oise et Somme : l'avance allemande est bloquée, et Amiens, objectif immédiat de l'ennemi, est sauvé. Le 5 avril, Ludendorff suspend l'offensive de Picardie, mais, dès le 9, porte un nouveau et terrible coup aux Anglais sur la Lys, qui est aussitôt paré par Foch grâce à l'intervention des Français au mont Kemmel.

Pour fixer une bonne fois les réserves de PétainLudendorff décide alors, avant d'en finir avec les Anglais dans les Flandres, de porter un grand coup sur le front français du Chemin des Dames. L'assaut qui lui est donné le 27 mai est encore une brillante victoire pour les Allemands, qui, en quatre jours, atteignent la Marne à Château-Thierry, à 70 km de Paris. Pour élargir son action, que Micheler, Maistre et Degoutte freinent sur les monts de Champagne et dans la forêt de Villers-Cotterêts, Ludendorff attaque le 9 juin sur le Matz, où il est stoppé par une soudaine contre-offensive de Mangin, qui sauve Compiègne.

Grâce à l'étonnante activité de Clemenceau, qui se prodigue aux armées autant qu'à Paris, et à la solidité du commandement français, qu'animent les fortes personnalités de Foch et de Pétain, la France tient bon. Aussi, lorsque, le 15 juillet, Ludendorff lance son ultime assaut de part et d'autre de Reims, ses troupes sont aussitôt arrêtées par le remarquable dispositif défensif organisé par la IVe armée Gouraud) en Champagne (→ batailles de Champagne, bataille de Château-Thierry).

La victoire de Foch (juillet-novembre)

18 juillet : alors que les Allemands cherchent en vain à progresser au sud de Dormans, 27 divisions des armées Mangin et Degoutte, appuyées par 500 chars et 800 avions, débouchent de la forêt de Villers-Cotterêts. Chez les Allemands, la surprise est totale, et, dès le 3 août, la poche de Château-Thierry est entièrement résorbée. La guerre, cette fois, vient de changer de signe, la chance de Ludendorff est révolue ; c'est à Foch qu'appartient désormais l'initiative des opérations. Il en a les pouvoirs (son autorité confirmée le 16 avril s'étend depuis le 2 mai au front italien) et les moyens. Les forces américaines, dont la 1re division a débarqué en France à la fin de juillet 1917 et qui atteignent maintenant 16 divisions, sont rassemblées le 10 août en une Ire armée commandée par Pershing, qui reçoit l'appoint de 3 000 canons, 500 avions et 200 chars français.

Le 24 juillet, Foch s'est décidé à passer partout à l'offensive : le 8 août, une puissante attaque est déclenchée par Haig (aidé de Debeney) sur la poche de Montdidier. Pour la première fois, l'armée allemande fait preuve d'une telle lassitude que Ludendorff, constatant la faillite de son plan, déclare aux ministres allemands stupéfaits qu'une décision militaire est devenue désormais impossible et qu'il faut « terminer la guerre au plus tôt ». Mais, devant l'ampleur du succès de Haig, Foch engage par sa directive du 3 septembre la totalité de ses forces de la mer du Nord à la Meuse. Le 12, les Américains attaquent à Saint-Mihiel et, à la fin du mois, trois grandes offensives sont déclenchées :

 

  • le 26 par Gouraud et Pershing en Champagne et en Argonne,
  • le 27 par Haig entre Lens et La Fère à l'assaut de la position fortifiée allemande (ligne Siegfried, → ligne Hindenburg),
  • le 28 par le groupe d'armées des Flandres que commande le roi des Belges Albert Ier en direction de Bruges et de Courtrai.


Au début d'octobre, tandis que la brillante victoire de Franchet d'Espèrey provoque la capitulation de la Bulgarie, la décision militaire est pratiquement acquise sur le front français, où Foch dispose maintenant de 212 divisions alliées face aux 180 de Hindenburg. Le 9 octobre, les Canadiens libèrent Cambrai, et, le 17, les Anglais sont à Lille ; le 25, le roi Albert Ier entre à Bruges, tandis que les Allemands s'accrochent encore à leur ligne Hunding, qui est forcée par ManginGuillaumat et Gouraud en liaison avec les Américains.

Dans les premiers jours de novembre, l'Escaut est franchi entre Gand et Tournai, les Alliés dépassent Valenciennes, Maubeuge et Stenay. Pour les Allemands, qui ont reculé de 100 à 200 km, la catastrophe est imminente, et la grande offensive préparée par Castelnau avec Mangin en Lorraine est devancée par l'armistice, signé le 11 novembre à Rethondes par les délégués de Hindenburg et du maréchal Foch (→ armistice de Rethondes).

Victoires alliées dans les Balkans, au Moyen-Orient et en Italie

Dans les deux camps, la primauté du front français, où se joue l'ultime décision de la guerre, laisse d'abord peu de place aux fronts extérieurs dans les préoccupations des belligérants. Tout changera quand, au cours de l'été, le fléau de la balance aura penché définitivement du côté des Alliés, qui chercheront alors à relancer les fronts extérieurs pour accélérer leur victoire et garantir leurs positions politiques et économiques.

Dans les Balkans, Guillaumat, qui a remplacé Sarrail à Noël 1917, se consacre à la réorganisation des forces assez disparates des armées alliées d'Orient. Rappelé en France après la percée allemande du Chemin des Dames pour diriger la défense de Paris, il a pour successeur Franchet d'Espèrey, qui, dès son arrivée le 19 juin, prépare l'offensive dont il attend la rupture du front germano-bulgare. Déclenchée le 15 septembre au Dobro Polje, elle contraint les Bulgares à déposer les armes dès le 29. Exploitant aussitôt sa victoire, Franchet d'Espèrey lance ses troupes sur Sofia, occupée le 16 octobre, Belgrade, où les Serbes font leur rentrée triomphale le 1er novembre. L'Autriche et l'Allemagne du Sud sont menacées, tandis que Berthelot, qui avait été le chef de la mission française en Roumanie, fonce sur Bucarest, qu'il atteint le 1er décembre (→ campagnes de Macédoine).

Alors que Clemenceau ne croyait guère à la valeur stratégique des Balkans, Lloyd George était au contraire convaincu de celle du Moyen-Orient, où il entendait assurer à son pays une solide position politique et économique. Aussi a-t-il consacré à ce théâtre d'importants moyens militaires. Ils permettent aux Anglais de relayer en Iran la présence russe défaillante et de tenter en outre un raid sur Bakou. Mais l'essentiel de ces forces est confié en Palestine au général Allenby, qui, le 19 septembre, bouscule les troupes germano-turques de Liman von Sanders. Un détachement français entre à Beyrouth le 7 octobre, et, le 25, les Britanniques sont à Alep. Le 1er octobre, les Arabes de Faysal et de Lawrence avaient libéré Damas, où Husayn s'était proclamé « roi des pays arabes », tandis que les forces de Mésopotamie fonçaient vers le nord et entraient à Mossoul le 4 novembre. Depuis cinq jours, le feu avait cessé sur les fronts du Moyen-Orient. Dans un immense désarroi, le gouvernement turc venait, en effet, d'obtenir un armistice qui avait été signé le 30 octobre par les seuls Britanniques « au nom des Alliés » dans la rade de Moudros (ou Moúdhros). Le 13 novembre, une escadre alliée arrivait à Istanbul.

En Italie, enfin, où la défaite de Caporetto avait finalement donné un coup de fouet au pays, un immense effort de redressement moral, économique et militaire a été accompli. En juin, Diaz repousse brillamment une offensive autrichienne sur la Piave, mais attend son heure pour frapper le grand coup que lui demande Foch avec insistance. L'édifice disparate de l'armée austro-hongroise, dont les diverses nationalités sont en train de proclamer leur indépendance, donne des signes certains de désagrégation. Le 20 octobre, les Hongrois se mutinent dans le Valsugana ; le 24, Diaz lance son offensive sur Vittorio Veneto ; le 3 novembre, les Italiens sont à Trente et à Trieste. Dans la soirée du même jour, un armistice est signé par les Autrichiens dans la villa Giusti, près de Padoue ; le 25 octobre, la Hongrie avait réclamé son indépendance, c'est-à-dire la rupture avec Vienne.

L'effondrement du IIe Reich

Le 14 août, au conseil de la Couronne de Spa, la faillite de la politique allemande était apparue au grand jour. À l'échec militaire de Ludendorff s'ajoutait maintenant la menace – devenue réalité le 29 septembre pour les Bulgares – de l'effondrement des alliés de l'Allemagne. Le 3 octobre, Guillaume II remplace le chancelier Georg von Hertling par le prince Maximilien de Bade, qui prend aussitôt contact avec Wilson pour tenter d'obtenir sa médiation sur la base des Quatorze points. Après plusieurs échanges de notes, Wilson signifie le 23 octobre à Berlin son désir de traiter avec un pouvoir « démocratique ».

Dès lors, la situation politique va se dégrader très rapidement. Le 26, Ludendorff est congédié et remplacé par le général Groener ; le 3 novembre éclatent à Kiel les premières mutineries de la flotte, qui se propagent à Hambourg, à Cologne et à Berlin (→ spartakisme). Le 7, la république est proclamée à Munich. La veille, à la demande instante de Hindenburg, une délégation d'armistice avait quitté Berlin ; elle franchit les lignes françaises le 8 et signe le 11 l'armistice à Rethondes. Entre-temps, Guillaume II avait abdiqué, et la république avait été proclamée à Berlin par Scheidemann, tandis que Maximilien de Bade transmettait ses pouvoirs à Ebert.

La fin politique du IIe Reich était consommée, et les conditions imposées par Foch pour l'arrêt provisoire des hostilités étaient sévères. Dans les 15 jours, les Allemands devaient évacuer les territoires envahis et l'Alsace-Lorraine ; dans les 31 jours, la rive gauche du Rhin ainsi que Cologne, Coblence et Mayence, avec une tête de pont de 30 km sur la rive droite de ces villes. Les traités de Brest-Litovsk et de Bucarest sont annulés, l'Afrique-Orientale allemande sera évacuée, les troupes allemandes qui sont en Russie regagneront le Reich quand les Alliés jugeront le moment venu, « compte tenu de la situation de ce territoire ». Tous les sous-marins seront livrés aux Alliés, la flotte de haute mer sera internée à Scapa Flow (où elle se sabordera le 21 juin 1919) ; le blocus naval et économique sera maintenu, les Alliés envisageant de ravitailler l'Allemagne « dans la mesure reconnue nécessaire ».

Conclu pour 36 jours, l'armistice du 11 novembre sera renouvelé trois fois jusqu'à l'établissement de la paix. Entre-temps, l'Empire austro-hongrois s'est effondré sous les coups des mouvements nationalistes. À la fin de 1918 et au début de 1919, ils triomphent à Prague avec Masaryk et Beneš, fondateurs de la Tchécoslovaquie, à Belgrade, où naît le royaume des Serbes, Croates et Slovènes (future Yougoslavie). À Varsovie, l'effondrement de l'Allemagne et de l'Autriche, l'absence de la Russie permettent à la Pologne de ressusciter. Seuls subsistent de la double monarchie les deux petits États de Hongrie et d'Autriche, celui-ci tellement amoindri que l'Assemblée de Vienne a demandé le 12 novembre 1918 son rattachement à l'Allemagne. La conférence de la Paix, ouverte à Paris le 18 janvier 1919 devant les représentants de 27 nations alliées ou associées, aura fort à faire pour remodeler la carte d'une Europe exsangue et ruinée. Elle sera définie par les traités de paix, dont le premier et le plus important sera signé avec l'Allemagne à Versailles le 28 juin 1919.

Le traité de Versailles 28 juin 1919

Le traité de Versailles, signé après les longues et complexes délibérations du conseil des Quatre (WilsonLloyd GeorgeClemenceau et Orlando), attribuait à l'Allemagne la responsabilité morale de la guerre et lui imposait de dures conditions, sans discussion possible. Sur le plan frontalier d'abord, le traité prenait acte du rattachement de l'Alsace-Lorraine à la France (→ Alsace). La Sarre demeurait pour quinze ans sous régime international, tout en étant économiquement unie à la France, avant de choisir son avenir par plébiscite.

C'est à l'Est qu'on opéra un véritable démembrement pour constituer une Pologne indépendante avec un accès à la mer, tel que l'avaient promis les Français et les Quatorze points de Wilson : l'Allemagne dut subir d'importantes amputations, de la Posnanie à la Baltique – la création du corridor de Dantzig (déclarée ville libre en 1920) isolant la Prusse-Orientale –, et plus tard l'humiliation du plébiscite qui, en 1921, coupera en deux la haute Silésie. Le traité comprenait aussi des garanties de sécurité : l'armée était réduite à 100 000 hommes, la Rhénanie démilitarisée sur une profondeur de 50 km sur la rive droite du Rhin. Le traité fixait enfin le principe des réparations, dont il n'établissait d'abord qu'un plancher (120 milliards de marks-or), et qui devaient empoisonner toutes les relations internationales de l'après-guerre.

Les traités de Saint-Germain-en-Laye, Neuilly, Trianon

Dans les zones balkaniques, le démantèlement de l'Autriche-Hongrie, jugé irrémédiable, donna lieu à un partage territorial où le principe wilsonien des nationalités ne fut que très partiellement respecté. Les traités de Saint-Germain-en-Laye (10 septembre 1919, avec l'Autriche), de Neuilly (27 novembre 1919, avec la Bulgarie), de Trianon (4 juin 1920, avec la Hongrie) laissaient de part et d'autre des motifs de mécontentement.

L'Italie obtenait le Trentin et le Haut-Adige autrichiens, mais pas Fiume, et presque rien sur le littoral dalmate (pour ne pas frustrer le nouvel État yougoslave), en dépit des promesses du traité secret de Londres de 1915. Le nouvel État tchécoslovaque était constitué dans la partie nord de l'empire des Habsbourg, avec l'ancienne Bohême et une longue frange du royaume de Hongrie (→ Sudètes). La Roumanie récupérait la partie est de l'Empire, la Bucovine, mais aussi toute la Transylvanie hongroise.

Frustrations et divisions : les germes d'un futur conflit

La sanction que subissaient les ex-Empires centraux était lourde de menaces pour l'avenir : dès 1920, un système de pactes d'assistance mutuelle, la Petite-Entente, s'établit entre les nouveaux pays d'Europe centrale (Tchécoslovaquie, Yougoslavie, Roumanie), pour prévenir les risques d'ambitions revanchardes de la Hongri

Attentat de Sarajevo

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Le 28 juin 1914, à Sarajevo, Gavrilo Princip, Serbe de Bosnie, nationaliste yougoslave, membre du groupe Jeune Bosnie (Mlada Bosna), tue l’archiduc François-Ferdinand, héritier de l'empire austro-hongrois, et son épouse la duchesse de Hohenberg, au moment où leur accession au trône semblait imminente. L’attentat de Sarajevo est considéré comme l’événement déclencheur de la Première Guerre mondiale.

 

Francois-Ferdinand et la duchesse de Hohenberg

Francois-Ferdinand et la duchesse de Hohenberg

Depuis 1878, la Bosnie-Herzégovine, État d'Europe du Sud, était occupée par l'empire d'Autriche-Hongrie, qui l'annexa en 1908, occupation mal vécue par les populations slaves, qui la refusaient et souhaitaient la création d'une jugoslavija (littéralement en serbo-croate : « état slave du sud »), en français Yougoslavie. Les autorités autrichiennes, non sans imprudence, choisirent comme date de la visite de l'archiduc le 28 juin, jour de Vidovdan (une fête religieuse importante chez les Serbes orthodoxes, qui célèbre la Saint-Guy), qui est aussi la date anniversaire de la bataille de Kosovo Polje qui, en 1389, vit la défaite des Serbes devant l'armée turque et l'annexion de leur royaume à l’Empire ottoman pour plus de quatre cent cinquante ans. Cette date correspondait également au quatorzième anniversaire du mariage (controversé car morganatique) du couple princier, et l'archiduc héritier voulait mettre à profit cette visite en province pour apparaître publiquement avec son épouse et lui faire profiter des honneurs que l’étiquette de la Maison impériale et royale ne lui permettait pas de recevoir à la cour.

Les circonstances du voyage d'inspection de François-Ferdinand à la suite des grandes manœuvres organisées en Bosnie-Herzégovine semblent avoir favorisé les assassins. Le voyage de l'archiduc héritier, inspecteur général des armées, était considéré par la minorité serbe comme une provocation. Léon Von Bilinski, ministre des Finances de la monarchie, en charge à Vienne de l'administration de la Bosnie-Herzégovine, refusa de tenir compte de l'avertissement de l'ambassadeur de Serbie à Vienne, Jovan Jovanović, qu'un attentat était en préparation. Des proches du prince lui avaient également déconseillé ce voyage et même son ancien précepteur, un prêtre, lui prédisait « une fin violente qui précipiterait le monde dans un cataclysme général ».

Le prince de Montenuovo, grand-maître de la cour, ordonna le retrait des troupes (40 000 hommes) de Sarajevo, au motif que la duchesse de Hohenberg, n'étant pas membre de la famille impériale et royale, ne pouvait recevoir les honneurs militaires ; le couple ne bénéficiait donc plus de la protection de l'armée. Enfin, une erreur d'itinéraire, lors d'une visite inopinée de l'hôpital où étaient soignées les victimes du premier attentat survenu lors de l'arrivée du couple, obligea la voiture archiducale à s'arrêter au milieu de la foule (le chauffeur n'avait pas été informé des ordres de l'archiduc) et mit le couple à portée de tir du jeune Gavrilo Princip à un moment où, confronté à l'échec de leur entreprise, les jeunes terroristes cherchaient à s'éloigner de la foule.

Par ce geste, les coupables voulaient proclamer leur volonté de voir se réaliser une "Grande Serbie" regroupant tous les Slaves du Sud. Bien que l'archiduc ait été peu aimé par François-Joseph Ier et que certains (à cause de ses idées sur le futur de L'empire) aient vu dans sa disparition un "bon débarras", l'Autriche-Hongrie lance un dernier avertissement avant la guerre (ultimatum) à la Serbie , le 23 juillet 1914. Jeune Bosnie, un groupe de jeunes anarchistes de nationalités serbes, croates et musulmans, était équipé de modèles de pistolets de 1910, issus de la FN Herstal, et de bombes fournies par la Main Noire, une société secrète liée au gouvernement du Royaume de Serbie. La Main Noire était dirigée par le responsable des services secrets serbes, le colonel Dragutin Dimitrijević. Son nom dans l'organisation était Apis. Bien que liée au gouvernement serbe, la Main Noire dispose d'une autonomie énorme au sein du gouvernement serbe. Elle est un état dans l'état. L'armement du groupe de Princip n'est connu que de Apis.

Mais, malgré toutes les précautions de Apis, le président du conseil serbe, Nikola Pašić, apprend la préparation de l'attentat grâce à Protić, le ministre de l'intérieur. Il fait alors demander une enquête sur Apis, et, avec Protić, tente d'arrêter la mission du groupe de Princip. Tentative plus que difficile en effet, le président serbe ne connaissant absolument pas les réseaux de Jeune Bosnie. Il prend malgré tout contact avec les serbes de Bosnie et demande à son ministre, Dušan Stefanović, le ministre de la guerre, de stopper les activités des services de renseignements serbes qui seraient selon lui une menace pour le gouvernement de Serbie. Vont-ils prévenir le gouvernement de Vienne ? Cela n'est pas encore clairement établi. Une chose est sûre : l'ambassadeur serbe à Vienne, Jovan Jovanović, parle du groupe de Princip à Léon Von Bilinski, le ministre des finances et gouverneur de Bosnie, sans que l'on sache s'il s'agit d'une initiative individuelle ou d'une demande du gouvernement serbe d'informer Vienne.

Le degré d'implication de la Main Noire est contesté. Certains estiment que c'est cette organisation qui fut responsable de l'attaque et que les membres de Jeune Bosnie n'étaient que les exécutants. D'autres considèrent que Jeune Bosnie était idéologiquement très éloignée de la Main Noire et était si peu expérimentée que la Main Noire était persuadée que le complot n'aurait jamais réussi. Cependant, la plupart sont d'accord pour dire que la Main Noire a fourni les armes et le cyanure aux assassins. Des liens directs entre le gouvernement serbe et l'action du groupe de Princip n'ont jamais été prouvés. Il existe en fait des indices qui laissent penser que le gouvernement serbe a tenté, de bonne foi, d'étouffer les menaces terroristes en Serbie, puisqu'il évitait de susciter la colère du gouvernement austro-hongrois, après le contrecoup des guerres balkaniques. Selon une autre théorie, l'Okhrana aurait participé à l'attentat avec la Main Noire.

Les relations entre l'Autriche-Hongrie et la Serbie en 1914 étaient bonnes, le Premier ministre serbe, Nikola Pašić tenant particulièrement à ce bon voisinage, ce qui lui était reproché par les partisans d'une ligne plus dure panslave hostile à la présence autrichienne dans les Balkans. Ici encore, aucune source ne permet de déterminer avec certitude ce qui s'est réellement passé. Les minutes du procès permettent toutefois de savoir comment le complot a été organisé et mis à exécution. Partis de Belgrade, où ils s'exerçaient, les conspirateurs purent traverser la frontière sans encombre avec la complicité certaine d'agents au service de la Serbie et séjourner à Sarajevo quelques jours avant l'arrivée du couple princier.

Les sept conspirateurs n'avaient aucune expérience dans le maniement des armes, et ce n'est que par une extraordinaire succession de coïncidences qu'ils parvinrent à leur fin. À 10h15, la parade de six voitures passa le premier membre du groupe, Mehmedbašić, qui tenta de viser depuis la fenêtre d'un étage supérieur, mais il ne parvint pas à obtenir un bon angle de tir, et décida de ne pas tirer pour ne pas compromettre les occasions de ses partenaires. Le second membre, Nedeljko Čabrinović, lança une bombe (ou un bâton de dynamite, d'après certains rapports) sur la voiture de François-Ferdinand, mais la rata : le prince qui avait pris la bombe dans sa main l'avait jetée par terre ; l'explosion détruisit la voiture suivante, blessant gravement ses passagers, ainsi qu'un policier et plusieurs personnes dans la foule. Čabrinović avala sa pilule de cyanure et sauta dans la Miljacka. La procession se hâta alors en direction de l’Hôtel de ville, et la foule paniqua. La police sortit Čabrinović de la rivière, et celui-ci fut violemment frappé par la foule avant d'être placé en garde à vue. La pilule de cyanure qu'il avait prise était vieille ou de trop faible dosage, de sorte qu'elle n'avait pas eu l'effet escompté. De plus, la rivière ne dépassait pas 10 cm de profondeur, et il ne put s'y noyer. Parmi les autres auteurs du complot, certains s'enfuirent en entendant l'explosion, présumant que l'archiduc avait été tué.

Les conspirateurs restants n'eurent pas l'occasion d'agir à cause des mouvements de foule, et la tentative d'attentat était considéré par ses auteurs comme un échec. Cependant, l'archiduc décida d'aller à l’hôpital rendre visite aux victimes de la bombe de Čabrinović. Pendant ce temps, Gavrilo Princip pour qui le principal mobile de l'attentat était « La vengeance pour toutes les souffrances que l'Autriche fait endurer au peuple » s'était rendu dans une boutique environnante pour s'acheter un sandwich (parce qu'il s'était résigné, ou alors parce qu'il avait cru à tort que l'archiduc était mort dans l'explosion), et il aperçut la voiture de François-Ferdinand qui passait près du pont Latin, le prince voulant obtenir lui-même des nouvelles de l'officier blessé. Princip rattrapa la voiture, puis tira deux fois : la première balle traversa le bord de la voiture et atteignit la duchesse de Hohenberg à l’abdomen. La seconde balle atteignit l'archiduc dans le cou. Tous deux furent conduits à la résidence du gouverneur, où ils moururent de leurs blessures quinze minutes plus tard.

Princip tenta de se suicider, d'abord en ingérant le cyanure, puis avec son pistolet, mais il vomit le poison (ce qui était également arrivé à Nedeljko Čabrinović, ce qui laissa penser à la police que le groupe s'était fait vendre un poison beaucoup trop faible), et le pistolet fut arraché de ses mains par un groupe de badauds avant qu'il ait eu le temps de s'en servir. Pendant leur interrogatoire, Princip, Čabrinović, et les autres ne dévoilèrent rien de la conspiration. Les autorités estimaient que l'emprisonnement était arbitraire, jusqu'à ce qu'un des membres, Danilo Ilić, au cours d'un banal contrôle de papiers, prenne peur, perde son contrôle, et dévoile tout aux deux agents qui l'avaient interpelé, dont le fait que les armes étaient fournies par le gouvernement serbe. L'Autriche-Hongrie accusa la Serbie de l'assassinat et, au cours du Conseil de la Couronne du 7 juillet 1914, posa un ultimatum. L'un des points de cet ultimatum était particulièrement irréalisable, si bien que la Serbie ne put accepter l'ensemble des conditions. Seul, le comte Tisza s'y opposa. Le lendemain, 8 juillet 1914, il rédigea une lettre qui prévenait ainsi l'Empereur : « Une attaque contre la Serbie amènerait très vraisemblablement l'intervention de la Russie et une guerre mondiale s'en suivrait ».

Le 25 juillet 1914, soutenu par la Russie, le gouvernement serbe refuse la participation de policiers autrichiens à l'enquête sur le territoire serbe. Les relations diplomatiques entre les deux États sont rompues. Le 28 juillet 1914, l'Autriche-Hongrie déclara une guerre « préventive » à la Serbie, ce qui, par le jeu des alliances, amena la Première Guerre mondiale. Dans la Wiener Zeitung du 29 juillet 1914, l'Empereur et Roi François-Joseph déclare à ses sujets : « J'ai tout examiné et tout pesé ; c'est la conscience tranquille que je m'engage sur le chemin que m'indique mon devoir » Malgré cette déclaration officielle toujours chargée de rassurer les peuples, d'autres sources affirment que l'empereur octogénaire aurait signé la déclaration de guerre en disant : « Une guerre préventive, c'est comme un suicide par peur de la mort ». Par ailleurs, suivant la tradition, François-Joseph demanda au pape Pie X de bénir ses armées. Le Saint-Père lui répondit : « je ne bénis que la paix ». Tous les membres du complot furent condamnés à l'emprisonnement, sauf Danilo Ilić, qui fut pendu, étant le seul majeur (en Autriche-Hongrie, la peine de mort ne pouvait être appliquée qu'à des condamnés ayant au moins 21 ans). Čabrinović mourut de la tuberculose en prison. Princip succombe également à une tuberculose contractée dans sa cellule le 28 avril 1918.

Tourtchynov Oleksandr

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Oleksandr Valentynovytch Tourtchynov retranscrit en Alexandre Tourtchinov (rarement Tourchinov) dans les médias francophones, né le 31 mars 1964 à Dnipropetrovsk (URSS), est un homme d'État ukrainien. 

Tourtchynov Oleksandr

Tourtchynov Oleksandr

Oleksandr Tourtchynov est diplômé de l'école de métallurgie de Dnipropetrovsk. Il est brièvement chef du Service de sécurité d'Ukraine (SBU). Il a été vice-Premier ministre du gouvernement de Ioulia Tymochenko de 2007 à 2010 puis Premier ministre par intérim du 3 au 11 mars 2010.

Le 22 février 2014, il devient président de la Rada par intérim puis président et Premier ministre par intérim à la suite de la destitution de Viktor Ianoukovytch. Il désigne Arseni Yatseniouk comme son Premier ministre le 26 février 2014. Alors qu'il est vice-Premier ministre du second cabinet Tymochenko, Oleksandr Tourtchynov déclare à propos d'attaques à son encontre concernant sa position conservatrice sur le mariage homosexuel que « pour beaucoup, si un homme a des vues “normales” sur une femme, c'est un conservateur. Mais ceux qui utilisent les médicaments, ou qui sont pour la promotion de la sodomie, nous les définissons comme des progressistes. Eh bien je ne suis pas d'accord. » Sommé de s'excuser, Tourtchynov déclarera ensuite que ses propos n'étaient pas de nature homophobe.

Le 3 mars 2010, la Première ministre d'Ukraine, Ioulia Tymochenko démissionne de son poste de chef de gouvernement, après des tensions avec le nouveau chef de l'État Viktor Ianoukovytch, rival de l'ex-chef du gouvernement, Ioulia Tymochenko. En tant que premier vice-Premier ministre, Tourtchynov assume la fonction intérimaire de chef du gouvernement pendant huit jours, jusqu'à ce que l'économiste Mykola Azarov, proche du président Ianoukovytch, soit élu Premier ministre par la Verkhovna Rada Oukraïny, le Parlement ukrainien. Peu après avoir quitté la direction du gouvernement de l'Ukraine, Tourtchynov est nommé premier vice-président du Bloc Ioulia Tymochenko, restant fidèle à l'ex-candidate à la présidentielle de février 2010.

Le 22 février 2014, il est élu à la présidence de la Rada, le Parlement ukrainien4. À ce titre, il assure l'intérim du poste de chef de l'État5. Un peu plus tard, 314 députés sur 450 l'élisent Premier ministre par intérim6. Viktor Ianoukovytch, refusant sa destitution, dénonce un coup d'État. Tourtchynov promet alors un « retour à la normale » des institutions. Le 14 avril 2014, il envoie un ultimatum aux séparatistes pro-russes dans l'est du pays leur demandant de déposer les armes7. Avant de prendre cette décision, il avait essayé de négocier avec les insurgés et même proposé de tenir un référendum le même jour que les élections prévues pour le 25 mai. Sa proposition a été remise en cause par les journalistes qui craignent que le référendum puisse être saboté par les insurgés pro-russes. Son épouse, Anna Volodymyrivna, et lui ont un enfant, Kyrylo (Kirill).

Obama Barack Hussein

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Homme d'État américain (Honolulu 1961). D'origine kényane par son père, un Luo de culture musulmane mais athée venu faire ses études d'économie à l'université d'Hawaii, il est élevé par sa mère, une Américaine du Kansas qui se remarie après le départ de son conjoint pour Harvard (puis définitivement pour le Kenya) et s'établit en Indonésie. À dix ans, Barack (« béni » en arabe et en swahili) rejoint ses grands-parents maternels à Honolulu. Diplômé en sciences politiques et en relations internationales de la prestigieuse université de Columbia, il interrompt rapidement un début de carrière prometteur dans les affaires et, préférant « donner sa voix aux sans-voix », devient éducateur social dans le quartier noir défavorisé de South Side, à Chicago. 

Obama Barack Hussein

Obama Barack Hussein

C'est là qu'après trois années d'étude de droit à l'université d'Harvard (1988-1991) où il s'illustre notamment en devenant le premier rédacteur en chef afro-américain de l'éminente Harvard Law Review –, il enseigne les questions constitutionnelles à et entre dans un cabinet juridique spécialisé dans la défense des droits civiques. Son épouse depuis 1992, Michelle Robinson, avocate proche du maire de la ville, Richard M. Daley, et figure du parti démocrate, l’enracine, par sa propre histoire familiale, dans la tradition et la communauté afro-américaines, alors que le parcours du jeune homme, malgré son choix d’un travail de terrain auprès des Noirs défavorisés, l’apparente bien plus à l’immigrant qui réussit aux États-Unis. Elle l'encourage à se lancer dans une carrière politique.

Élu au Sénat de l'État de l'Illinois (1996), il se distingue à la fois par ses prises de position « libérales » (progressistes) en faveur de la couverture sociale pour les plus démunis, de la défense des homosexuels et de la lutte contre le sida, ainsi que par sa capacité à trouver des compromis avec les opposants républicains. En dépit d'un bilan plutôt flatteur, il échoue à se faire élire candidat à la Chambre des représentants contre le titulaire Bobby Rush, ancien membre des Panthères noires, lors des primaires démocrates de 2000. En 2003, il est l'un des rares hommes publics américains à participer à des manifestations pacifistes et à prendre position contre la guerre en Iraq. L'année suivante, à Boston, il ouvre la Convention du parti, qui lance officiellement la campagne de John Kerry à l'élection présidentielle, et il se fait remarquer par un discours (« The Audacity of Hope ») qui fait l'apologie du rêve américain – une Amérique généreuse, égalitaire et multiraciale – ce qui lui confère un statut de jeune espoir politique d'envergure désormais nationale. Élu sénateur des États-Unis (Illinois) dans la foulée, il annonce sa participation au prochain concours à l'investiture de sa formation depuis Springfield, ville du « grand émancipateur » Lincoln, le 10 février 2007.

Appelant au changement dans un contexte de désavœu général de l’équipe sortante, il crée la surprise et parvient à s'imposer dans les primaires après une compétition acharnée avec Hillary Clinton, initialement donnée favorite (juin 2008). Pendant l'été, il choisit un vieux routier de la politique et des affaires internationales en la personne du sénateur du Delaware, Joseph Biden comme colistier. Son charisme, le professionnalisme de son staff de campagne, le rejet de l'Administration Bush dans l'opinion et l'inquiétude grandissante des Américains devant l'ampleur d'une crise financière qui menace de dégénérer en dépression majeure lui assurent une large victoire aux élections du 4 novembre avec près de 53 % des suffrages populaires contre 46 % pour son rival, le sénateur républicain John McCain. À son entrée en fonction en tant que 44e président des États-Unis le 20 janvier 2009, il devient le premier Afro-Américain à accéder à la Maison-Blanche.

Si l’exploit de ce double et lointain héritier d’Abraham Lincoln et de Martin Luther King ne signifie pas la fin de préjugés racistes ancrés dans la société, il scelle l’avènement d’une nouvelle Amérique, beaucoup plus diverse dans sa composition, et peut-être déjà post-ethnique. À ce poste, il s'applique à affronter le violent retournement conjoncturel en obtenant du Congrès un vaste plan de soutien de l'activité de 787 milliards de dollars dès la mi-février, puis de ses partenaires internationaux du G20 réunis à Londres au début d'avril le principe d'une relance concertée à l'échelle mondiale. Soucieux d'éviter de nouvelles faillites, il donne son feu vert à la nationalisation partielle de Citigroup (février) et de General Motors, de même qu'il accepte l'absorption de Chrysler par Fiat (juin). Il œuvre à la reformulation de la politique énergétique et environnementale nationale, appelant à l'adoption de normes plus strictes d'émission de CO2, tentant de promouvoir une ambitieuse loi sur le climat et pariant sur l'« économie verte » pour alléger la dépendance pétrolière de son pays envers l'étranger et replacer l'Amérique sur le chemin d'une croissance plus durable.

Ce faisant, il se heurte aux résistances du Congrès et des lobbies, qui finissent par enterrer le projet. Dans ce contexte d’inerties et d’oppositions, l’adoption au début 2010 d’un projet phare de sa campagne, l’assurance-santé pour tous, même sous une version amendée et allégée, fait figure de victoire majeure, d’autant qu’elle est suivie en juillet par le vote d’une réforme bancaire qui renforce la réglementation du secteur et vise à limiter les risques pris par les opérateurs dans les manœuvres spéculatives. Ces succès, fruits de concessions, font néanmoins des mécontents : ils alimentent dans une partie croissante de la population un fort courant de rejet de l’État et de son intervention et déçoivent les plus militants des démocrates. De même, la stabilisation de l’économie ne satisfait guère des Américains inquiets des perspectives limitées de croissance et du niveau toujours élevé du chômage (près de 10 %), alors que la réaction tardive de l’Administration face à la marée noire qui souille au printemps et à l’été les côtes de Louisiane à la suite de l’explosion d’une plateforme pétrolière dans le Golfe, incarne à leurs yeux son impuissance.

B. Obama et son camp abordent dès lors la campagne des midterms de novembre 2010 avec de lourds handicaps, et subissent une cuisante défaite, qui les prive du contrôle de la Chambre tout en réduisant nettement leur majorité au Sénat. Le président se voit devant l’alternative suivante pour la seconde partie de son mandat : soit une partie de bras de fer avec les républicains avec comme conséquence le blocage des institutions, particulièrement dommageable en temps de crise, soit la recherche plus systématique encore de compromis, au prix de l’édulcoration de son programme et de nouvelles déceptions au sein de larges franges de ses électeurs de 2008 – autant d’obstacles sur le chemin d’une réélection en 2012. Mais auparavant, il obtient du Congrès sur le départ l’adoption de nouvelles lois, qui redorent son crédit, son image et son action : abrogation – conformément à une promesse de campagne – de la levée du tabou sur les orientations sexuelles des militaires, ratification du traité START de limitation des têtes nucléaires américano-russes, et indemnisation des dépenses de santé des agents publics ayant travaillé sur les décombres du World Trade Center de New York.

Puis il arrache au Grand Old Party appelé à prendre le contrôle de la Chambre et donc la maîtrise des lois budgétaires la prolongation à 13 mois des allocations chômage moyennant le report de 2 ans de la réforme fiscale des très hauts revenus qu’il projetait de mener. Comptant sur le Sénat et les attributions que la Constitution attribue à l’exécutif pour contrer les projets de casse de la réforme-santé difficilement adoptée un an plus tôt ou la remise en question de la politique environnementale que son Administration cherche à promouvoir, il parvient à s’opposer au nouveau Congrès, et notamment à la majorité des représentants républicains à partir de janvier 2011. Il sait aussi manier l'épreuve de force avec John Boehner, le nouveau Speaker, et ses collègues de la majorité, réduisant in fine en avril à 38,5 milliards de dollars, c’est-à-dire presque au tiers, les économies assignées au gouvernement fédéral pour 2011. S’il prend en mars un décret autorisant – contre ses engagements de candidat – la détention illimitée des prisonniers de Guantánamo, au grand dam des plus progressistes des démocrates, il est aussi contraint de répondre aux attaques de ses plus farouches opposants, qui remettent en doute sa nationalité américaine et l’obligent à se fendre de la publication d’un acte de naissance fin avril, alors qu’il s’apprête à réorganiser pour l’été son conseil de sécurité. La mort d’Oussama Ben Laden, tué lors d’une opération menée contre son repaire pakistanais le 1er mai, vaut à B. Obama un surcroît de popularité, et la validation de sa politique de défense, longtemps contestée.

L’été voit le président et les républicains s’empoigner au sujet de la dette publique, qui atteint son plafond autorisé. Si le premier vient finalement à bout de l’opposition acharnée des seconds, qui conduit l’agence de notation Standard and Poor’s, à dégrader le crédit du pays, le compromis dégagé ne fait que remettre à plus tard, en l’occurrence à l’extrême fin 2012, les choix difficiles : hausse des impôts, notamment des plus riches, ou baisse des dépenses publiques, en particulier des budgets sociaux. Ce modus vivendi entre parties laisse en somme aux électeurs le soin de trancher à terme entre ces deux politiques et orientations partisanes et idéologiques. Dès lors s’engage une campagne fort incertaine et très rude, mettant aux prises d’une part le président sortant, plombé par la fragilité de la reprise et le poids des attentes non tenues, mais auréolé de sa victoire contre le terroriste Ben Laden et de la validation par la Cour suprême en juin 2012 de son projet phare d’assurance santé, et d’autre part son challenger républicain, le mormon, ex-gouverneur du progressiste Massachusetts et richissime ancien gestionnaire de fonds Mitt Romney, seul rescapé de la sanglante bataille des primaires de son camp.

Avec 51 % des voix à l’échelle nationale et 332 Grands Électeurs, B. Obama remporte assez facilement la présidentielle de novembre 2012. Il est vrai qu’il doit surtout ce succès aux interrogations voire aux inquiétudes suscitées au sein d’une partie de la population (minorités, modérés, femmes notamment) par tout ou partie du projet très droitier présenté par son adversaire M. Romney. À quoi s’ajoutent une légère amélioration de la situation économique et notamment du front de l’emploi ainsi que l’efficacité de sa machine électorale, davantage en phase avec les évolutions de fond de la société américaine que celle de son concurrent.

Deuxième président démocrate à être réélu depuis 1944, il est aussi le premier Afro-Américain à être reconduit à la Maison-Blanche, ce qui confirme un peu plus, sans pour autant la sceller indubitablement, l’orientation post-ethnique prise par les États-Unis contemporains. Même s’il n’améliore pas son score de 2008 et ne parvient pas à redonner aux démocrates, dans la foulée, le contrôle de la Chambre des représentants, le parti de l’âne regagne du terrain dans les deux assemblées : d’une certaine manière, B. Obama obtient des électeurs un mandat pour mener les réformes fiscales, économiques, écologiques qu’il leur a présentées.

Or le bras de fer entre la Chambre républicaine et l’Administration ne tarde guère à s’engager à nouveau : après avoir accepté de relever à la marge l’imposition des plus riches, les représentants du Grand Old Party refusent au début mars 2013 d’aller plus avant et de transiger avec leur plan de coupes dans les dépenses fédérales. Dès lors s’enclenchent automatiquement des mesures de taille budgétaire arbitraire et massive, affectant avant tout services publics, Défense et… croissance.

Par ailleurs, les propositions présidentielles de relèvement du salaire minimum, de législation environnementale, de contrôle des armes à feu ou de régularisation des sans-papiers s’enlisent, cependant que B. Obama se trouve contraint à rouvrir l’épineux dossier de la lutte contre le terrorisme ou à réagir à une série de scandales qui ternissent la réputation des agences fédérales (fisc, agences de renseignement). En particulier, il doit répondre auprès de l’opinion comme des alliés européens des activités de surveillance de la NSA après que le lanceur d’alerte Edward Snowden en révèle l’ampleur et la nature, non sans se heurter au passage à l’opposition d’un Nicolás Maduro, Evo Morales, Daniel Ortega ou Vladimir Poutine, trop heureux de se saisir du cas de l’ex-fonctionnaire américain pour enfoncer un coin supplémentaire dans les relations qu’ils entretiennent avec les États-Unis. Puis c’est sur la Syrie de Bachar al-Assad que le président se voit acculé au recul au début de septembre, devant remiser, face à la défection britannique et à l’opposition russe, l’hypothèse d’une intervention militaire.

La nouvelle épreuve de force qui se noue entre la Chambre et la Maison-Blanche à propos du plan santé universelle que les plus radicaux des républicains veulent enterrer à l’occasion du vote du budget et du replafonnement de la dette à la fin du mois conduit, faute de concessions de part et d’autre, à la fermeture partielle du gouvernement pendant plus de deux semaines. Mais si B. Obama sort par le haut de ce blocage des institutions, son Administration doit bientôt faire face aux multiples ratés de la mise en œuvre informatique de ce programme, discréditant à la fois sa politique, son équipe, et même sa personne…

En politique étrangère, prévaut le changement dans la continuité. Barack Obama s'attache en priorité à redorer l'image fortement détériorée des États-Unis dans le monde. Ses premiers gestes de président visent à tirer un trait sur le passif des années Bush Jr. et à amorcer le désengagement du pays de ses zones d’intervention militaire : sans remettre en cause la lutte contre le terrorisme, le nouvel hôte de la Maison-Blanche condamne officiellement l'usage de la torture et des prisons secrètes, de même qu'il affiche – avec une certaine précipitation – son intention de fermer rapidement le centre de détention de Guantánamo : vœu pieux, comme en témoignent l’imbroglio juridique dans lequel se débat son Administration et le décret qu’il signe en mars 2011 autorisant la détention illimitée in situ des prisonniers restants. Et s'il souhaite accélérer le retrait des troupes d'Iraq (effectif à la fin 2011), c'est pour les redéployer en partie sur le théâtre afghan (continûment renforcé dès février 2009 jusqu'à ce qu'à partir de la mi-2011 s'amorce un progressif désengagement.

À plusieurs reprises dans de grands discours (à Ankara en avril 2009, puis au Caire en juin), il s'emploie à donner des signes de respect et en somme des gages à la « rue arabe ». Il associe le geste à la parole echarchant à se saisir du dossier proche-oriental, non sans faire montre d'une plus grande fermeté envers l'allié israélien. Il se prononce également en faveur de l'engagement d'un dialogue voire de l'assouplissement des relations avec des puissances jusque-là considérées comme hostiles, tels l'Iran, la Russie, le Venezuela, ou encore Cuba. Et, prenant en compte la restructuration en cours des équilibres à l'échelle de la planète au même titre que l'amoindrissement relatif de la place des États-Unis dans le concert mondial, il plaide pour un nouveau multilatéralisme et la lutte contre la prolifération nucléaire (discours prononcé à Prague en 2009, suivi de la signature d’un nouveau traité START avec la Russie en mars 2010 et de la révision consécutive de la politique nucléaire du pays). C'est d'ailleurs cette question qui nourrit la première « crise » internationale à laquelle il se trouve confronté, à savoir la reprise, dès le début d'avril, des essais balistiques puis atomiques de la Corée du Nord, avant qu'à l'occasion de l'élection présidentielle contestée du 12 juin 2009 ne se rouvre le contentieux iranien.

C’est pour ces efforts « en faveur du renforcement de la diplomatie et de la coopération internationale entre les peuples » qu’il se voit attribuer, à la surprise générale, le prix Nobel de la paix en octobre 2010, devenant par là-même le troisième président américain en exercice à recevoir cette distinction. Malgré ces initiatives, il peine à traduire en actes gestes et paroles : la crise politique de 2010 en Iraq se double d’une recrudescence de la violence, cependant que sur le front afghan la situation s’aggrave, que la situation au Pakistan ne manque pas d’inquiéter, que les menaces terroristes demeurent, et que, par ailleurs, le dossier iranien reste très largement en panne – au moins jusqu'à l'arrivée au pouvoir à Téhéran du modéré Rohani en juin 2013. L'Administration ne parvient pas non plus à rouvrir le dialogue israélo-palestinien, pourtant jugé crucial dans la résorption des conflits de la région, et doit vite se résigner à l’idée d’un gel du dossier. Et elle rencontre la méfiance sourde puis l’hostilité d'un Kremlin repassé en 2012 dans les mains de Vladimir Poutine. Entre Moscou et Washington, la question syrienne dès 2012 puis l’affaire Snowden en 2013 s’ajoutent bientôt à une longue liste de différends.

Les conférences internationales – comme les G20 de Pittsburg en septembre 2009 ou de Séoul en novembre 2010, ou encore le sommet de Copenhague sur le climat en décembre 2009 – voient les positions américaines se heurter à celles de la Chine, et se soldent par autant d’échecs. D’où, progressivement, l’abandon de l’axe Washington-Pékin initialement privilégié, au profit notamment d’un rapprochement avec New Delhi, initié par G. W. Bush. À bien des égards par conséquent, la ligne du réalisme politique finit par l’emporter sur la remise en cause plutôt systématique des orientations passées.

À nouveau, le président Obama se voit contraint de seconder Séoul face aux offensives de Pyongyang dans la mer Jaune à la fin novembre 2010, menant conjointement avec la marine sud-coréenne des opérations destinées à intimider le voisin du Nord et à faire cesser son bombardement de l’île de Yongpyong. Mais la Corée du Nord s’emploie à défier Washington et le monde occidental, procédant à des tirs de missile balistique au cours de l’année 2012 puis à une explosion nucléaire en février 2013 et à toutes sortes de menaces militaires par la suite.

Si les fuites de Wikileaks, rendant publics quelque 250 000 télégrammes du Département d’État, sont en partie à l’origine des soulèvements du Maghreb, le président tarde à prendre la mesure du vent de changement qui souffle sur la région et craint avant tout la répétition d’un scénario à l’iranienne. Certes, il salue dès le 14 janvier le départ du président tunisien Ben Ali, mais hésite sur la conduite à tenir envers le fidèle Hosni Moubarak qu’il finit par lâcher en février. Il se voit obligé de s’engager dans une opération armée de l’OTAN en soutien aux rebelles libyens contre le colonel Kadhafi en mars, et se contente ensuite de condamner la répression à l’œuvre par les autorités en Syrie, mais aussi au Yémen et à Bahreïn – des États-pivots dans la lutte menée contre al-Qaida. Barack Obama peut toutefois s’enorgueillir d’avoir porté un coup sérieux à l’organisation terroriste lors de la liquidation de son chef dans son repaire pakistanais le 1er mai par un commando américain. Non sans voir se détériorer davantage les relations entretenues avec les autorités d’Islamabad. Maintenues, ces opérations de traque et d’élimination des chefs d’al-Qaida ou des groupes talibans vont à l’encontre de la politique de dialogue et de réconciliation nationale menée par le nouveau Premier ministre Nawaz Sharif à partir de l’été 2013, fragilisant un peu plus l’entente entre les deux pays…

Au même moment, la condamnation de la répression des opposants islamistes par le nouveau pouvoir militaire égyptien amoindrit l'influence de Washington sur son ancien allié du Caire. Et les révélations faites en parallèle par E. Snowden sur l’ampleur et la nature des activités d’espionnage opérées par la NSA ternissent auprès des opinions publiques des amis européens l’image des États-Unis, alors même que ceux-ci s’emploient à négocier auprès de l’UE un ambitieux traité de libre-échange. C’est donc toujours un pays influent aux destinées duquel préside B. Obama, mais aussi une puissance plus que jamais empêtrée dans des alliances contradictoires et les réalités complexes d’un monde en profond changement…

Lavrov Sergueï

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Sergueï Viktorovitch Lavrov, né le 21 mars 1950 à Moscou (URSS), est un diplomate et homme politique russe, membre du parti Russie unie. Il est ministre des Affaires étrangères depuis 2004. Il naît à Moscou d'une famille arménienne originaire de Tbilissi1. Sa mère est fonctionnaire au ministère du commerce intérieur d'URSS. 

Sergueï Lavrov à Astana

Sergueï Lavrov à Astana

Il étudie à l'école secondaire no 2 de Noguinsk, puis reçoit une médaille d'argent de l'école no 607 de Noguinsk avec enseignement renforcé en anglais, à la fin de ses études secondaires. En 1972, il sort diplômé à Moscou de l'Institut d'État des relations internationales du ministère des Affaires étrangères de l'URSS. Il parle couramment l'anglais, le français et le cinghalais. Il est marié et père d'une fille, Ekaterina. En 1972, il devient ambassadeur de l'URSS au Sri Lanka. De 1976 à 1981, il travaille au département des organisations internationales du ministère des Affaires étrangères de l'URSS. De 1981 à 1988, il est premier secrétaire, conseiller puis conseiller en chef de la représentation permanente de l'URSS auprès de l'ONU. De 1988 à 1990, il est le chef adjoint du département des relations économiques internationales du ministère des Affaires étrangères de la Russie. De 1990 à 1992, il est le directeur du département des organisations internationales et des problèmes globaux du ministère des Affaires étrangères.

De 1992 à 1994, il est vice-ministre des Affaires étrangères de la Fédération de Russie, sous la présidence de Boris Eltsine. De 1994 à 2004, il est le représentant permanent de la Fédération de Russie auprès de l'ONU. Il garde de cette période une bonne connaissance du fonctionnement du Conseil de sécurité de l'ONU. Il remplace Igor Ivanov au poste de ministre des Affaires étrangères de la Russie le 9 mars 2004. Il possède le rang d'ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire de Russie. Il est membre permanent du conseil de sécurité de Russie. Il avait de mauvais rapports avec la Secrétaire d'État américaine Condoleeza Rice. Le Daily Telegraph révéla le 12 septembre 2008 que le ministre employa dans une conversation téléphonique avec son jeune homologue britannique David Miliband, dans le contexte du conflit russo-géorgien en Ossétie du Sud d'août 2008 : « Who are you to fucking lecture me ? », ce qui fit la une des tabloïds anglais.

En 2013, il est particulièrement actif dans la défense d'un statu quo à propos de la guerre civile syrienne en refusant une intervention militaire non encadrée par l'ONU3 et en signant avec son homologue américain John Kerry à Genève une résolution mettant sous contrôle international les armements chimiques de Bachar el-Assad, ce à quoi s'oppose la rébellion islamique. En 2014, il est en première ligne face au Secrétaire d'État américain John Kerry qu'il rencontre plusieurs fois dans le cadre de la crise de Crimée et des suites de la révolution de Maïdan (Ukraine).

Il est l'un des hommes clefs du régime de Vladimir Poutine et l'un des rares dirigeants à occuper un tel poste depuis le début de ses présidences. Il est un opposant quasi systématique aux initiatives occidentales, ce qui lui vaut dans les chancelleries le surnom de « Minister Niet ». Suivant le président russe dans son entreprise de retrouver l'influence de son pays du temps de l'URSS, il est néanmoins un défenseur de la non-ingérence et de l'inviolabilité des frontières (en particulier lors des crises libyennes et syriennes), ce qui l'a parfois placé dans une situation gênante, notamment après la guerre russo-géorgienne de 2008 et la crise ukrainienne de 2014.


IIIème Reich et Médecine

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L'historien Jean-Pierre Baud relève la « mutation institutionnelle de la science occidentale », qui n'a pas causé mais permis en partie au génocide juif de fonctionner. 

Albert Speer and Karl Brandt

Albert Speer and Karl Brandt

Différent d'un simple massacre, ce génocide extermine en effet pour le simple fait d'être né. Deux facteurs l'expliquent : une légalité et des dogmes scientifiques ainsi que la volonté de défendre un« être collectif ». L'hygiénisme du XIXe siècle pose déjà les base de la défense sanitaire et de l'institutionnalisation de l'extermination de la vermine et de la saleté, vocabulaire qu'Adolf Hitler dévoiera pour parler des Juifs.

Néanmoins, à l'époque, de nombreux théoriciens du racisme et de l'eugénisme rencontrent un certain écho. Alors, pour l'historien Benno Müller-Hill, Hitler se limite au début de sa prise de pouvoir à permettre à ces vues scientifiques de s'imposer, ne définissant qu'un « cadre général ». Dans les camps, les mesures de stérilisation ou d'euthanasie se font toujours sous contrôle médical, justifiées par le droit nazi.

Karl Brandt, médecin personnel d'Hitler, supervise le programme d'euthanasie T-4. Ses directives sont appliquées dans différents camps, comme Karl Gebhardt et Herta Oberheuser à Ravensbrück ou Waldemar Hoven à BuchenwaldAugust Hirt mène des recherches sur des détenus de camp ainsi que sur des cadavres, soutenu par le Conseil national de la recherche du Reich.

Bormann Martin

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Martin Bormann (né le 17 juin 1900 près de Halberstadt et qui serait décédé officiellement le 2 mai 1945) était un haut dignitaire nazi. Conseiller de Hitler, il devint un des hommes les plus puissants du Troisième Reich. Plusieurs historiens l'ont qualifié d'éminence grise du parti nazi. À ce titre, il devint chef du Parteikanzlei (chancellerie du parti nazi) et secrétaire particulier d'Adolf Hitler. Le procès de Nuremberg l'a condamné à mort par contumace pour crimes contre l'humanité.

Bodensee, Germany, 1935 Martin Bormann dining

Bodensee, Germany, 1935 Martin Bormann dining

Fils d'une employée des postes, il abandonna l'école pour travailler dans une ferme dans le Mecklembourg. Après un bref service au cours de la Première Guerre mondiale, il rejoignit le Freikorps dans cette province. En mars 1924, il fut condamné à une année de prison comme complice de son ami Rudolf Höss (futur commandant d'Auschwitz) pour le meurtre de Walther Kadow (supposé avoir dénoncé l'activiste nationaliste Albert Leo Schlageter aux Français qui occupaient à l'époque la Ruhr).

Après sa libération, il rejoignit le NSDAP en Thuringe en 1927, devint l'officier de presse régional, et, plus tard, chargé d'affaires en 1928. En octobre 1933, il devint un des Reichsleiter du NSDAP et en novembre un membre du Reichstag. De juillet 1933 jusqu'à 1941, Bormann fut le secrétaire personnel de Rudolf Hess. Anti-chrétien notoire, il rappela plusieurs fois l'incompatibilité entre nazisme et christianisme, et se montra favorable aux persécutions contre les églises catholiques et protestantes. La fuite de Rudolf Hess vers la Grande-Bretagne permit à Bormann de prendre la tête de la Parteikanzlei en mai 1941, où il prouva qu'il était un maître dans le combat politique et administratif.

Il administra et développa le fonds Adolf-Hitler pour l'industrie, des ressources obtenues par des contributions « volontaires » d'entrepreneurs à succès qui furent versées aux fonctionnaires au sommet du parti. De plus, il administra les finances personnelles de Hitler, ainsi que ses rendez-vous et documents administratifs. Il était toujours aux côtés de son chef pendant les discours publics, prenant des notes.

Martin Bormann fit construire le Kehlsteinhaus surnommé le « Nid d'aigle » dans l'Obersalzberg, aux environs de Berchtesgaden en Bavière, à la limite de la frontière autrichienne. Il en fit cadeau à son Führer pour son 50e anniversaire au nom de la NSDAP. C'était un projet très coûteux (et luxueux) où Hitler ne se rendit que très rarement. C'était aussi un lieu de rassemblement des chefs nazis avec leurs femmes et enfants. Peu eurent le privilège d'accéder au nid d'aigle. Ce lieu, se trouvant à 1 834 m d'altitude, offrait une superbe vue panoramique du pays de Berchtesgaden et des montagnes autrichiennes. Bormann était marié avec Gerda Buch (décédée en 1946 et fille du juge de la cour suprême du parti, Walter Buch, avec laquelle il eut dix enfants, dont Martin Bormann junior.

Durant les derniers jours du Troisième Reich, Bormann se saoula en compagnie des généraux Hans Krebs et Wilhelm Burgdorf, se demandant s'il était préférable de se suicider ou de fuir. Bormann choisit finalement de fuir, à la différence des deux généraux nazis qui se suicidèrent dans la nuit du 1er au 2 mai. Après le suicide de Hitler, des personnes réfugiées dans la chancellerie du Reich décidèrent de fuir l'avancée des troupes soviétiques. Le soir du 1er mai « Bormann et Mohnke tentèrent d'organiser en groupes le personnel à évacuer.

Ces groupes prirent le départ vers vingt-trois heures, deux heures plus tard que prévu. Pendant un certain temps, Bormann, Stumpfegger, Schwägermann et Axmann restèrent groupés. Ils suivirent la ligne de chemin de fer jusqu'à la gare de Lerther Strasse. Puis ils se séparèrent. Bormann et Stumpfegger partirent vers le nord-est en direction de la gare de Stettin. Axmann partit dans le sens opposé, mais il se heurta à une patrouille soviétique. Il revint sur ses pas, reprenant l'itinéraire qu'avait emprunté Bormann. Peu après, il tomba sur deux cadavres. Il les identifia comme étant ceux de Bormann et de Stumpfegger, mais n'eut pas le temps de déterminer comment ils avaient été tués ».

Dans le chaos de la chute de Berlin, les cadavres ne furent pas retrouvés, donnant naissance à des spéculations sur une fuite éventuelle. Du fait de l'incertitude autour de sa disparition, Bormann fut condamné à mort par contumace au procès de Nuremberg pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité. En décembre 1972, un squelette fut découvert lors de travaux près de la station Lerther, un lieu qui correspondait au témoignage d'Artur Axmann. Ce squelette fut identifié comme celui de Bormann grâce à sa denture. Du verre retrouvé entre ses dents indiquerait qu'il se serait suicidé avec une capsule de cyanure. Le 4 avril 1973, le procureur de Francfort reconnut officiellement la mort de Bormann sur la base de l'expertise dentaire de Reidar Sognnaes. En 1998, un test d'ADN (analyse de l'ADN mitochondrial) le confirma. De nombreuses controverses demeurent sur la mort de Bormann. En effet, certains contestent les analyses effectuées sur la dentition du squelette ainsi que les analyses ADN.

Des personnalités comme le fils d'Adolf Eichmann ou Simon Wiesenthal affirmèrent qu'il était en vie en Amérique de Sud et plus particulièrement au Paraguay. Certains affirment d'ailleurs qu'il est mort en Amérique du Sud et que son corps a été ramené en Allemagne pour qu'il soit découvert à Berlin. Cette thèse se fonde sur l'argile rouge retrouvée sur le squelette de la station Lerther. Ce type d'argile ne se trouve pas à Berlin mais bien à Ita au Paraguay où la présence de Bormann était suspectée. Ces deux thèses sont évoquées dans le documentaire Bormann, un homme à l'ombre du Führer réalisé par Chanoch Zeevi pour Set Productions en 1998.

Une fiction du journaliste et écrivain français Jacques Kaufmann, parue en 2008 aux éditions de l'Archipel, sous le titre El Lobo a relancé la polémique au sujet du fameux trésor nazi dont Bormann aurait organisé le transfert en Argentine à la fin de la guerre. Certains auteurs affirmèrent en effet que le trésor avait été subtilisé aux Allemands par le couple Perón qui avait accueilli à bras ouverts de nombreux criminels de guerre. L'auteur s'est engouffré dans la brèche en imaginant que le trésor était caché dans le mausolée d'Evita Peron. D'autres pensent que Bormann aurait survécu en tant qu'espion soviétique et qu'il continua de conseiller les Soviétiques après la guerre.

The Girl from Station X review – all about her mother

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Elisa Segrave knows her mother only as a self-indulgent drunk… until she discovers a cache of wartime diarie

 

WAAFs at work during the second world war

WAAFs at work during the second world war

"All the members of my immediate family," writes Elisa Segrave, "including my deceased father, were alcoholics." So, unfortunately, was her mother. Segrave spends much of the book and her own life in bitter combat with a liquid, furious with her mother, Anne, for drinking and the excuses for that drinking – the death of her husband and two of her children. It isn't until Anne is carted off to a retirement home and Segrave goes through her possessions that she finds a cache of diaries detailing her mother's life before, during and after the second world war.

Anne was raised in a grand house in Sussex called Knowle (to differentiate it from the even grander Sackville-West Knole), spent her adolescence travelling around the Balkans and Russia, and then enlisted in the WAAFs when war broke out. By May 1941 she was at Bletchley Park, indexing information decoded through Enigma decryption and ensuring it reached all the relevant section heads.

Apart from flashes of sunshine such as Churchill's visit in September 1941, Anne was miserable for much of her time at Bletchley. "An affair with someone in London would be the answer to all problems," she concluded. She wasn't short of offers, from men and women. By the end of the war she had received 20 proposals of marriage – all declined – and had several lesbian relationships, which were probably mostly chaste but which renewed Anne's enthusiasm for life and work.

Life after the war was less glamorous. Marriage to a scoundrel, three children (one of whom, Raymond, drowned on Elisa's seventh birthday) and then the long fall into darkness. Reading her mother's wartime diaries gives Elisa a more three-dimensional picture of her. "For at least three-quarters of my life with her, she had often been drunk, self-indulgent and a burden to me."

Anne's wartime diaries are vivid and charming, see-sawing between passion and ennui, but her daughter's self-absorbed commentary blocks the flow of the narrative, and there are no new revelations or information from the wartime material. The sense of reading over a relationship still raw makes for an uncomfortable experience. The Girl From Station X could have done with both a vigorous editor and a good therapist.

Holocaust 'most heinous crime' of modern history, says Mahmoud Abbas

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Palestinian president reaches out to Israeli public opinion with US-backed peace deal on the verge of collapse

Israel suspended negotiations in response to a reconciliation deal between Mahmoud Abbas (above) and Hamas

Israel suspended negotiations in response to a reconciliation deal between Mahmoud Abbas (above) and Hamas

The Palestinian president, Mahmoud Abbas, has called the Holocaust the most heinous crime in modern history , in a rare acknowledgement by an Arab leader of Jewish suffering during the Nazi genocide as Israel began its annual commemoration of the event.

In a statement published in English, Spanish and Arabic on Wafa, Palestine's official news agency, Abbas expressed sympathy with the families of the Jewish victims and other victims of the Nazis.

"The Holocaust is a reflection of the concept of ethnic discrimination and racism which the Palestinians strongly reject and act against," said Abbas, describing Nazi atrocities as "the most heinous crime to have occurred against humanity in the modern era". He added: "The world must do its utmost to fight racism and injustice in order to bring justice and equality to oppressed people wherever they are."

The comments, which coincided with Holocaust Remembrance Day, appeared to be aimed at reaching out to Israeli and international public opinion as the latest US attempt to broker an Israeli-Palestinian peace deal nears collapse. They came just days after the signing of a landmark reconciliation agreement between Abbas and his political rival, the Islamist group Hamas. That deal, which could end a seven-year split between the governments of Gaza and the West Bank, has led to widespread Israeli criticism due to Hamas's longstanding refusal to recognise the state of Israel.

Hamas leaders tend not to acknowledge the Holocaust and, in 2009, there were protests in the Gaza Strip over textbooks that discussed it. Such views have made the US and some EU nations wary of continuing to fund a Palestinian government that includes the militant group. On Saturday, Abbas used an address to the Palestine Liberation Organisation to argue that a unity government would be based on his own political platform, not that of Hamas.

Michael Stephens of the Royal United Services Institute for Defence and Security Studies in Qatar said: "Clearly Abbas is also trying to strengthen his position vis-a-vis Hamas and looking to gain as much American backing as possible by sounding the right notes."

A senior PLO official dismissed the link between the timing of the announcement and the recent reconciliation between Fatah and Hamas. He pointed out that Abbas's comments came after American rabbi Marc Schneier – who heads the Foundation for Ethnic Understanding – visited his Ramallah headquarters last week.

"It is just another sincere statement on this issue, and what better day than the Holocaust Remembrance Day? If it was in June, this statement would have come June. This is a consistent statement [from President Abbas]," he said.

The Israeli prime minister, Binyamin Netanyahu, was dismissive of the Palestinian president's comments, and reiterated his view that Abbas had to choose between peace with Hamas and peace with Israel. "President Abbas can't have it both ways. He can't say the Holocaust is terrible but at the same time embrace those who deny the Holocaust and seek to perpetrate another destruction of the Jewish people," Netanyahu said on CNN.

"I think what President Abbas is trying to do is to placate western public opinion that understands that he delivered a terrible blow to the peace process," he added.

The deadline for the peace process sponsored by US secretary of state John Kerry comes on Tuesday, by which time Israel and the Palestinians are due to agree to a framework for further talks.

The stalemate came after Israel failed make good on its promise to release a batch of Palestinian prisoners, and in response Abbas signed a series of agreements with the UN that could pave the way for a renewed bid for Palestinian statehood. But in his statement, Abbas urged Israel to use Holocaust Day to commit to peace with the Palestinians.

"The Palestinian people, who suffer from injustice, oppression and denied freedom and peace, are the first to demand to lift the injustice and racism that befell other peoples subjected to such crimes," he said.

"On the incredibly sad commemoration of Holocaust Day, we call on the Israeli government to seize the current opportunity to conclude a just and comprehensive peace in the region, based on the two-state vision, Israel and Palestine living side by side in peace and security."

Stephens of RUSI said that recent moves by Abbas put the onus on the Israelis in advance of deadline. "Abbas appearing conciliatory puts the ball firmly back in Israel's court, in effect requiring some gesture in return from the Israelis."

Abbas has been criticised by senior political figures in Israel in the past for his earlier views on the Holocaust. His dissertation for his 1983 doctorate was titled: The Other Side: The Secret Relationship Between Nazism and Zionism.

Although Abbas has distanced himself from these views on a number of occasions, most recently in a 2011 interview with Haaretz, Israel's foreign minister Avigdor Lieberman branded Abbas a Holocaust denier in an interview last year.

"Abbas's book in which he denies the Holocaust is on the bookshelf in my office. I do not recall that any of those who welcomed the peace process reminded Abbas of his denial of the Holocaust, which he continues to do in media interviews," said Lieberman.

Hamas has also aimed to distance itself from Holocaust denial in recent years. Writing in the Guardian in 2008, Bassem Naeem, a Hamas minister, claimed that neither Hamas nor the Palestinian government in Gaza denies the Holocaust.

"The Holocaust was not only a crime against humanity but one of the most abhorrent crimes in modern history," he wrote. "We condemn it as we condemn every abuse of humanity and all forms of discrimination on the basis of religion, race, gender or nationality."

Peter Thorne obituary

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My father Peter Thorne, who has died aged 90, was a wartime airman who became one of the leading RAF test pilots in the postwar era of British supersonic flight and aerodynamic development.

Peter Thorne became a leading test pilot after the second world war and assisted in the training of fighter squadrons

Peter Thorne became a leading test pilot after the second world war and assisted in the training of fighter squadrons

Born in Eastbourne, to Donald and Olive (nee Dyson), he attended Culford school, Suffolk; his father died of pneumonia when he was six. Enlisting straight from school in April 1941, after a short course at Edinburgh University and training in Canada, Peter was flying Typhoons in 193 Squadron (1942-43). He briefly flew Mustangs (170 Squadron) before leading a training unit in Peterborough.

Re-enlisting after the war, by 1947 he was a flight commander at RAF Leconfield, East Riding. He first met my mother, Mary (a Waaf radio operator), at her 21st birthday party and they married in 1951. He was awarded the Air Force Cross in 1947, with bars in 1951 and 1956.

In Nicosia (1948-51), he helped to train Middle East fighter squadrons. After the Empire Test Pilots' School in 1951, he was stationed at Boscombe Down, testing second-generation jet fighters, particularly as senior test pilot on the Supermarine Swift programme: his honest assessment of the plane's shortcomings in 1954 influenced the decision not to adopt the Swift as the RAF's mainstream fighter.

In 1955, he became the first RAF airman to undertake a preview flight of the English Electric P1A, effortlessly climbing to 30,000ft, and becoming a member of the Usaf Machbusters club in an F-100 Super Sabre at Edwards Air Force base, California.

At RAF Sylt's Flying Wing, West Germany (1958-60), he oversaw three nations' fighter squadrons flying round the clock. He was awarded the OBE in 1960 as a wing commander. At RAF Farnborough he was in charge of experimental flying (1965-68).

As air attache to Iran in the early 1970s he witnessed the hubristic 2,500th-anniversary celebrations of the Pahlavi dynasty. He was defence attache in Moscow during the Brezhnev era before retiring as an air commodore.

Air-system consultancies followed up to 1998 for Huntings Engineering and Lockheed Martin. In his latter years, he was involved with the Duxford Aviation Society and the Imperial War Museum, where he brought his typical care and exactitude to the information desk.

Mary died in late 2013. He is survived by his children, David, Susan, Gillian and me, and seven grandchildren.

Biographie de Micheline Dax

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La célèbre voix de la sémillante parisienne s'est éteinte le 27 avril 2014

 

Biographie de Micheline Dax

Biographie de Micheline Dax

Micheline Dax est née le 3 mars 1924 à Paris. Très jeune, elle prend des cours de chant en tant que chanteuse soprano, et suit parallèlement le cours Simon. 

C'est au théâtre qu'elle débute avec la troupe des Branquignols de Robert Dhéry en 1946. Elle y rencontre Louis de Funès et Jean Lefebvre. Rapidement, la petite troupe remporte un franc succès. A partir des années 50 elle devient une comédienne incontournable du théâtre de boulevard et enchaîne les succès avec N'écoutez pas, Mesdames ! de Sacha Guitry, Gwendoline de Laurence Jyl ou encore La Soupière de Robert Lamoureux. Durant sa longue carrière sur les planches elle obtient deux nominations au titre de meilleure comédienne aux Molières, en 1999 (Frédérick ou le boulevard du crime) et en 2004 (Miss Daisy et son chauffeur).

Au cinéma, c'est également avec la troupe des Branquignols qu'elle apparaît sur grand écran pour la première fois (Branquignol en 1949). Elle tourne dans une quarantaine de films et reste fidèle au registre comique. Elle entame une riche collaboration avec le metteur en scène Raoul André (Le Grand bidule, Ces messieurs de la gâchette, La dernière bourrée à Paris). Puis à partir des années 90 elle privilégie sa carrière théâtrale, elle fait cependant une dernière apparition en 2009 dans le film de Bruno Podalydès, Bancs publics.

Très populaire à la télévision, elle fait de nombreux doublages et prête sa voix à de célèbres personnages: Cléopâtre dans le dessin animé Astérix et Cléopâtre (1968), la vache Azalée dans Le manège enchanté 1966), la Castafiore dans Tintin et le lac des requins (1972), Miss Piggy dans le Muppet Show (1977-1981), Calamity Jane dans Lucky Luke (1983)…Elle est l'invitée récurrente du jeu télévisé le Francophonissime (1969-1981). Elle participe régulièrement à l'émission Les Jeux de 20 heures sur France 3 (1976-1987) avec son complice Roger Carel, alias Kermit la grenouille du Muppet Show. Diffusé chaque soir, ce célèbre jeu contribue grandement à la notoriété des deux comédiens. 

Micheline Dax qui maîtrise sa voix à la perfection possède également le talent moins connu de siffleuse. Ainsi, c'est elle qui siffle le générique du film de Jean Giono, Crésus, en 1960. Elle contribue également aux albums de William Sheller (Olympiade, 1995) et Stephan Eicher (Taxi Europa, 2003).

En 1985, elle publie ses mémoires, Je suis gugusse, voilà ma gloire.

Côté vie privée, Micheline Dax a une fille, Véronique Bodoin, qu'elle a eue avec le comédien Jacques Bodoin.

Generation War review: gripping drama with the confidence to confront the past

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Coming from Germany, this is a brave and moving mini-series about what war does to friends and family

Innocence lost … Greta, Wilhelm, Charly, Friedhelm and Viktor in Generation War

Innocence lost … Greta, Wilhelm, Charly, Friedhelm and Viktor in Generation War

I think it's the red dress that does it for me, starts me off in Generation War: Our Mothers, Our Fathers (BBC2, Saturday). It's often the little things, a moment of loveliness when everything else is getting so very unlovely, a reminder of beauty, tenderness, humanity. Like the girl in the red coat in Schindler's List. Red clothes, they make you (me) cry.

The dress is from Viktor the tailor who has been making it for ages for his girlfriend, Greta. He leaves it on the bed because she's not there: she's off with the Nazi officer, betraying Viktor. (Betrayal crops up a lot in Philipp Kadelbach's epic three-part German mini-series). But Greta is also saving Viktor, bravely and selflessly, because she loves him; the Nazi officer could be Viktor's ticket out of there, a chance of survival. This is Berlin, 1941; Viktor is Jewish. He's going away, to America he hopes, she hopes, we hope. Whatever, it will be very hard for Greta and Viktor to see each other ever again.

Greta, Viktor, brothers Wilhelm and Friedhelm, and Charly are five twentysomethings, friends since kindergarten who – perhaps strangely, given what's going on around them – feel optimistic about life, immortal, as if the future belongs to them. Wilhelm promises his mother that he'll bring his bookish younger brother back when they set off for the Eastern Front. Charly, too, is heading that way, to volunteer at a field hospital, do her bit and help people. The five have a farewell evening together, with booze and jazz, love and laughter. And a group photo. They'll see each other again soon, Christmas in Berlin, pick up where they left off. Nothing will ever come between them …

Except it does, of course. A barbaric regime and a terrible war tear them apart, strip them of their innocence and their optimism, harden and dehumanise them.

The two soldier brothers, pushing into Stalin's Russia, don't just witness atrocities, they take part in them. Well, Lieutenant Wilhelm does; he executes a Russian prisoner – he has to. Friedhelm is seen as a coward and a traitor by the company. They beat him up; Wilhelm allows them to. Wilhelm is the commanding officer now, not the protective elder brother. But then later it's Friedhelm's idea to get the prisoners to walk ahead to detonate mines. "I was right," he tells his elder brother, "this war would only bring out the worst in us."

There is one more moment of brotherliness for them, a play fight in the snow, a brief reminder of happier days (and more tears here, obviously). But Wilhelm's promise to their mother is looking less and less likely to be kept. As does the one made between the five friends, about staying friends, and about Christmas in Berlin.

Some way back from the front, at the hospital, Charly, too, is encountering the horrible reality of war and death. And betrayal – on her own part. She turns in the woman – a Jewish doctor – who has not just helped her, but been a friend as well. Nooooo!

That's what Generation War is about, and why it's so powerful. Not just a gripping, moving (weepy) drama about friendship and family and what war can do to them, plus a rare (for us) look at it from a German perspective. But also one that isn't afraid to confront the question of how normal, clever, educated, likable people could somehow have become blinded by and swept up in such barbaric inhumanity. Yes, they are victims too (Viktor especially). But as the drama, and the war, goes on, and one sort of innocence (of youth and peace) is blasted and frozen away, another sort of innocence (the opposite of guilt) becomes less clear.

It's bold and brave – both in itself, and especially because it was made in Germany. It almost certainly wouldn't have been until recently and shows a confidence to confront the past. Any later, though and it would have been, if not too late, then certainly less meaningful and less powerful. I don't know how this is all going to end up. But if Greta, Viktor, Wilhelm, Friedhelm and Charly were real and in their early twenties in 1941, then it's just possible that they could still be around today. Certainly, for many Germans, they are still Their Mothers, Their Fathers. Generation War isn't over.


La comédienne Micheline Dax est morte à 90 ans

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Doublage - La comédienne française, connue pour avoir doublé de nombreux personnages de dessins animés, nous a quittés à l'âge de 90 ans.

Micheline Dax avait 90 ans

Micheline Dax avait 90 ans

Une grande voix du cinéma français s'est éteinte. Micheline Dax est morte ce week-end à l'âge de 90 ans. Une information dévoilée par la page Facebook du Monde du doublage français, qui affirme l'avoir appris par le comédien Jean-Loup Horwitz.

La voix d'Ursula

Siffleuse hors pair, l'actrice née à Paris dans les années 1920 restera célèbre pour avoir doublé des personnages mythiques comme Piggy la cochonne ("Muppet Show"), Azalée la vache ("Le manège enchanté"), la Castafiore (Tintin), Calamity Jane (Lucky Luke) ou Ursula (La petite sirène). Invitée récurrente des jeux télé dans les années 1970 et 1980 comme "Les jeux de 20 heures" ou "L'académie des neuf", elle a également connu une carrière dans la musique, avec plusieurs concerts en première partie de Charles Aznavour et plusieurs albums de chansons pour enfants.

Au cinéma, Micheline Dax est apparue dans une trentaine de longs métrages, dont Le grand bidule (1967), Les bidasses en cavale (1976), L'ex-femme de ma vie, réalisé par Josiane Balasko en 2005, La femme invisible, sa dernière apparition à l'écran en 2009 aux côtés de Julie Depardieu. Elle a également figuré au casting des Monologues du vagin au théâtre entre 2008 et 2009.

L'actrice Micheline Dax est morte

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La comédienne est décédée à l'âge de 90 ans, a annoncé son agent ce lundi. Elle s'est illustrée dans de nombreux rôles au théâtre et au cinéma mais aussi par ses savoureux doublages à la télévision.

 

Femme de théâtre et de cinéma, Micheline Dax a marqué les esprits pour ses nombreux rôles dans des comédies mais aussi pour sa voix, qu'elle a notamment prêtée à Miss Piggy du Muppet Show.

Femme de théâtre et de cinéma, Micheline Dax a marqué les esprits pour ses nombreux rôles dans des comédies mais aussi pour sa voix, qu'elle a notamment prêtée à Miss Piggy du Muppet Show.

La comédienne Micheline Dax est morte à l'âge de 90 ans, a annoncé son agent ce lundi. Actrice phare du théâtre de boulevard, elle est montée sur les planches dans des dizaines de pièces depuis 1946. Elle s'est également illustrée dans de nombreux films, essentiellement des comédies françaises. 

A côté de ces nombreux rôles, Micheline Dax restera également célèbre pour ses doublages à la télévision. Elle a ainsi interprété Miss Piggy, personnage du fameux Muppet Show. 

"On s'est beaucoup amusés. Presque trop!", confiait l'actrice dans un entretien à L'Express en 2009. "Comment voulez-vous qu'on se chope la grosse tête, à part peut-être en se la cognant contre les murs?" Une modestie qui a accompagné toute sa carrière. 

Du cours Simon aux "Jeux de 20 Heures"

Née Micheline Etevenon le 3 mars 1924, Micheline Dax a suivi l'enseignement du cours Simon avant d'entamer une carrière au théâtre, dans la comédie. Elle y a enchaîné les succès avec des rôles dans Branquignol (Robert Dhéry), N'écoutez pas Mesdames (Sacha Guitry), Gwendoline (Laurence Jyl) ou encore La Soupière (Robert Lamoureux). 

Parallèlement, elle tourne une quarantaine de films, notamment avec Robert Dhéry (Les Branquignols, Vos gueules les mouettes), Jacques Becker (Rue de l'estrapade) ou Sacha Guitry (Si Paris nous était conté). 

Très populaire à la télévision dans les années 1970 et 1980, elle était l'invitée régulière des émissions de jeux comme Les Jeux de 20 Heures ou l'Académie des neuf. 

"C'était notre grande-soeur"

Sur RTL, Jean-Pierre Foucault a confié être "très triste ce matin. J'ai tout de suite en mémoire le générique de L'académie des 9 et quand je disais 'L'académie des 9 avec, aujourd'hui, Micheline Dax' elle me disait 'Salut, pauv'type!'. Gérard Hernandez, notamment voix du grand Schtroumpf, "C'était notre grande-soeur, on lui a fait traverser Bruxelles en portant nos valises, en la traitant de faignante, c'était une victime pour nous mais on l'aimait tellement." 

Micheline Dax, figure du théâtre populaire s'est éteinte à 90 ans

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Figure truculente et gouailleuse du théâtre de boulevard depuis les années 50, la comédienne Micheline Dax s'est éteinte paisiblement dimanche après-midi à l'âge de 90 ans dans la région parisienne, après une carrière de 60 ans, marquée par les rôles populaires au théâtre et au cinéma.

Micheline Dax, figure du théâtre populaire s'est éteinte à 90 ans

Micheline Dax, figure du théâtre populaire s'est éteinte à 90 ans

Micheline Dax s'était aussi rendue célèbre par ses doublages à la télévision où elle a notamment prêté sa voix à Miss Piggy, célèbre personnage du Muppet Show, série télévisée culte des années 1970 et 1980. Plus étonnant, elle avait des talents de siffleuse qui lui avaient permis d'enregistrer plusieurs disques.

Grande dame du rire à la chevelure noire de jais, elle se rend très populaire dans les années 1970 et 1980 à la télévision où elle est l'invitée régulière des émissions de jeux notamment "Les Jeux de 20 Heures", "Francophonissime" ou "l’Académie des neuf". Elle y brillera par sa faconde et sa truculence.

La ministre de la Culture Aurélie Filippetti a rendu hommage à l'une des figures "les plus populaires du théâtre et du cinéma français" tandis que le président François Hollande en saluait "l'une des personnalités les plus attachantes".

Alors qu'elle se destine plutôt à la tragédie, Micheline Dax, née Micheline Etevenon le 3 mars 1924, fait ses débuts sur les planches en 1946 au sein de la troupe de musiciens et chansonniers "Les Branquignols" de Robert Dhéry et Colette Brosset.

Sa gouaille et son tempérament volcanique font vite mouche dans les cabarets parisiens où elle se produit grâce à ses talents de chanteuse et, plus étonnant, de siffleuse.

Ce don particulier lui permettra d'ailleurs d'être engagée comme "instrumentiste" pour siffler dans des orchestres.

En 1967, elle enregistre le rôle principal de l’opérette "La Veuve joyeuse" de Franz Lehàr et incarne Metella dans "La Vie Parisienne" d'Offenbach avec la compagnie Renaud-Barrault. Elle participe également à une tournée avec Charles Aznavour, en première partie d'Edith Piaf.

Son énergie et son abattage en font une des reines du boulevard et du vaudeville.

- Cléopâtre et Ursula la pieuvre -

Elle enchaîne les succès, une quarantaine au total, parmi lesquels "Branquignol" (Robert Dhéry), "Don d'Adèle" (Pierre Barillet et Jean-Pierre Grédy), "N'écoutez pas Mesdames" (Sacha Guitry), "La comtesse Dracula" (Michel Frantz et Philippe Rondest), "Gwendoline" (Laurence Jyl), "Frédérick" (Eric-Emmanuel Schmitt), "Le sexe faible" (Eugène Bourdet), "La soupière" (Robert Lamoureux).

Tout au long de ses 60 années de théâtre, elle côtoie Louis de Funès, Jean Carmet, Jacqueline Mailhan ou Michel Serrault.

Au milieu des années 70, elle fait aussi les belles heures de "Au théâtre ce soir", incontournable émission de télévision dédiée au boulevard.

Elle tiendra son dernier rôle sur les planches en 2009 dans les "Monologues du vagin" d'Eve Ensler.

Sa verve lui ouvre aussi les portes du cinéma notamment avec Robert Dhéry ("Les Branquignols", "Vos gueules les mouettes"), Jacques Becker ("Rue de l'estrapade"), Sacha Guitry ("Si Paris nous était conté"), Raoul André ("Le grand bidule", "Ces messieurs de la gâchette", "La dernière bourrée à Paris"), Jean-Daniel Pollet ("Paris vu par...", "L'acrobate").

Plus récemment elle est apparue dans "Pentimento" de Tonie Marshall et "L'ex-femme de ma vie" sous la direction de Josiane Balasko.

Comédienne éclectique et touche à tout, elle avait un timbre de voix caractéristique qui lui avait ouvert les portes des studios de doublage de l'industrie du dessin animé, avec à son actif Cléopâtre dans "Astérix et Cléopâtre" ou Ursula la pieuvre dans "La Petite Sirène".

Retirée de la scène théâtrale depuis 2009, Micheline Dax avait raconté sa vie dans un livre, "Je suis Gugusse, c'est là ma gloire".

Commandeur de l'Ordre des Arts et des Lettres et Chevalier de la Légion d'honneur, Micheline Dax était mère d'une fille, également comédienne.

Il n'y aura pas de cérémonie religieuse, selon les souhaits de la comédienne qui a fait don de son corps à la science.

Micheline Dax s’est éteinte à l’âge de 90 ans

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Miss Piggy a perdu sa voix. Micheline Dax, née Micheline-Josette-Renée Etevenon, figure emblématique du théâtre de boulevard et du doublage, est morte à l'âge de 90 ans, a annoncé son agent.

Miss Piggy a perdu sa voix

Miss Piggy a perdu sa voix

Reine du théâtre de boulevard et du cinéma populaire, Micheline Dax est morte dimanche 27 avril à l'âge de 90 ans, a indiqué lundi son agent, Jean-Pierre Noël.

Nominée deux fois aux Molières en 1999 pour Frédérick ou le boulevard du crime, d'Éric-Emmanuel Schmitt, et, cinq ans plus tard, pour Miss Daisy et son chauffeur, Micheline Dax aura foulé les planches avec les plus grands (Jean Carmet, Jacqueline Maillan, Michel Serrault ou Louis de Funès, Jean Carmet, Jacqueline Maillan).

Celle qui fut promue chevalier de la Légion d'honneur à 88 ans, était également connue pour sa voix de soprano qui lui a permis d’effectuer de nombreux doublages à la télévision (elle a notamment prêté sa voix grave à Miss Piggy, célèbre personnage du Muppet Show ou à Ursula dans la Petite Sirène de Disney) ou pour ses talents d’animatrice (Jeux de 20 heures en Académie des 9).

Dans un article que lui avait consacré Le Point en 2012,  on apprenait que «pour des raisons personnelles, elle a vécu les dernières années de sa vie dans la région parisienne, non loin de sa fille Véronique, fruit de son union avec l'acteur Jacques Bodoin. La mère et la fille furent longtemps séparées. Depuis leurs retrouvailles, leur relation est intense. Un petit-fils, Nicolas, fait le bonheur des deux femmes.» Et Le Point de raconter cette anecdote, il y a quelques années, alors qu'une fois de plus elle était honorée pour son immense carrière, Micheline Dax avait dit dans un sourire :"À force de me découvrir vous allez me faire prendre froid."

La comédienne Micheline Dax est morte à l'âge de 90 ans

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L'actrice, connue pour ses sifflements et ses nombreux doublages, est morte samedi.

Micheline Dax, invitée de l'émission "Vivement dimanche", le 25 novembre 2009

Micheline Dax, invitée de l'émission "Vivement dimanche", le 25 novembre 2009

Elle était la siffleuse la plus célèbre de France. La comédienne Micheline Dax, une des reines du théâtre de boulevard depuis les années 50, est morte samedi, à l'âge de 90 ans, a annoncé son agent, lundi 28 avril. 

Née Micheline Etevenon le 3 mars 1924, Micheline Dax a suivi l'enseignement du cours Simon avant d'entamer une carrière au théâtre, dans la comédie. Elle fait ses armes chez René Simon puis à l'école des Branquignols, la troupe à laquelle appartenaient aussi Louis de Funès, Jean Lefebvre et Michel Serrault. Elle enchaîne les succès avec des rôles N'écoutez pas Mesdames (Sacha Guitry), Gwendoline (Laurence Jyl) ou encore La Soupière (Robert Lamoureux).

Une quarantaine de films

Au cinéma aussi, elle se forge une réputation d'actrice comique. En 1967, Micheline Dax donne la réplique au maître Darry Cowl, dans Le Grand Bidule de Raoul André. Elle tourne à nouveau pour ce réalisateur en 1969 dans Ces messieurs de la gâchette et en 1973 dans La Dernière Bourrée à Paris.

Au total, elle tourne une quarantaine de films, notamment avec Robert Dhéry (Vos gueules les mouettes), Jacques Becker (Rue de l'estrapade) ou Sacha Guitry (Si Paris nous était conté).

Piggy, Paddington, la Castafiore, c'est elle

Elle doit aussi sa popularité à sa voix, peut-être plus connue que son visage. La méchante sorcière Ursula dans La Petite Sirène, Piggy la cochonne dans les Muppets, la vache Azalée du Manège enchanté, l'ours Paddington, c'est elle. La Castafiore de Tintin et le lac aux requins, c'est toujours elle.

Ses sifflements ont aussi contribué à la rendre célèbre, très tôt, alors qu'elle se produisait dans les cabarets parisiens. Dans cette vidéo, elle siffle le fameux Over the Rainbow du Magicien d'Oz.

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