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OEuvres d'art spoliées par les nazis : des carnets compromettants...

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Le Pointpublié le 30/04/2013 à 09h28 par Philippe Sprang

44 carnets ont été découverts dans une maison de vente aux enchères. Ils contiennent une liste d'oeuvres confisquées pendant la guerre... et de leurs acheteurs !



La maison Weinmüller

La maison Weinmüller a prospéré durant la guerre grâce aux oeuvres d'art saisies à des familles juives allemandes

 

C'est une célèbre maison de vente aux enchères qui a ouvert la boîte de Pandore. L'affaire dont s'est emparé le Franckfurter Allgemeine Zeitung a éclaté en Allemagne le 18 mars dernier. En fouillant une armoire du local technique de la maison Neumeister, un employé est tombé par hasard sur 44 petits carnets oubliés. Des catalogues qui détaillent les ventes réalisées entre 1936 et 1945 par ce qui était alors la maison Weinmüller, une institution munichoise qui a prospéré durant la guerre grâce aux oeuvres d'art saisies à des familles juives allemandes, notamment lors de ventes forcées ou d'aryanisation des biens. Tout le monde croyait que ces documents, dans lesquels figurent les noms des acheteurs, avaient été détruits, ils étaient en fait demeurés cachés.

De 1936 à 1945, la maison Weinmüller a organisé 33 ventes lors desquelles 34 500 objets ont été vendus. Les noms des acheteurs et des vendeurs sont inscrits, les catalogues annotés..., une véritable mine d'informations. En tout cas, de quoi permettre de lever le voile sur le sort de nombreuses collections, dont celle de l'architecte juif Ernst God Help qui fut saisie puis dispersée par Weinmüller en 1939 à Vienne. Parmi les tableaux figurait par exemple celui de Friedrich von Amerling Jeune fille au chapeau de paille, qui a été restitué l'an dernier par le musée du Belvédère.

Martin Bormann figure parmi les clients

Adolf Weinmüller, qui a commencé sa carrière de marchand d'art à Munich en 1921, a rejoint le parti nazi dix ans plus tard, il a présidé le syndicat des marchands d'art et d'antiquité, rebaptisé en 1933 "Département du Reich pour les arts visuels". Dans le même temps, le IIIe Reich met en oeuvre plusieurs lois visant à écarter les Juifs du commerce des oeuvres d'art. De nombreux établissements tenus par des Juifs furent aryanisés, notamment la principale maison de vente aux enchères de Munich, celle de Hugo Helbing. C'est Weinmüller qui la racheta en 1936 lorsque Helbing perdit sa licence de marchand. Dans les mêmes conditions, Weinmüller acquit une autre maison de vente, à Vienne cette fois. Le nazisme lui profita : ses affaires étaient florissantes, car il tirait bénéfice de la disparition de plusieurs concurrents juifs et de l'arrivée sur le marché de nombreuses oeuvres d'art mises en vente par des candidats à l'exil, ou provenant d'aryanisation de bien juifs, ou encore de ventes forcées. La maison Weinmüller compta parmi ses clients Martin Bormann ou encore Maria Almas Dietrich, une marchande de l'entourage de Hitler. À la fin de la guerre, lors du processus de dénazification, Weinmüller fut seulement qualifié de "collaborateur" et reprit son activité en 1948. Il revendit son entreprise dix ans plus tard à Rudolph Neumeister avant de décéder.

Katrin Stoll, qui a pris la tête de l'entreprise familiale en 2008, a passé un accord avec l'Institut central d'histoire afin de faire la lumière sur l'activité de Weinmüller pendant la guerre. Le travail a été confié à l'historien Meike Hopp qui a publié ses travaux l'an dernier. D'ores et déjà, l'héritière de la maison Neumeister a annoncé que les informations contenues dans les 44 carnets découverts seraient rendues publiques et a invité les autres maisons de vente à faire de même pour les catalogues concernant cette période.

À qui le tour ? En France, les "minutes de vente", qui détaillent, noms à l'appui, les transactions des commissaires-priseurs, ne sont communicables qu'au bout de 75 ans. Impossible d'accéder à celles de la période 1939-1945, à moins d'une dérogation.


La vérité sur la spoliation des juifs français

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Le Pointpublié le 04/04/2013 à 18h39 par François-Guillaume Lorrain

Méthodique. En trois ans, 100 % des biens juifs furent identifiés, 50 % vendus.

Oeuvres d'arts spoliées

 

On a beaucoup parlé du pillage des biens juifs. Les tableaux, les riches appartements, les bandes Bonny-Lafont et autres... Très spectaculaire. On a été plus discret sur la spoliation. Le versant légal, administratif, de la dépossession de juifs français souvent moins riches, qui, en 1940, découvrirent ce mot de la langue du Troisième Reich : aryanisation. Comme le souligne Tal Bruttmann, commissaire de la première exposition consacrée à ce thème en France*, cette spoliation fut remarquablement efficace. En trois ans, 100 % des biens juifs furent identifiés, 50 % vendus."N'importe quel gouvernement français aimerait que sa politique soit appliquée si bien et si vite."

A l'origine de cette politique, les Allemands, qui l'ont appliquée dès 1933 dans le Reich. En septembre 1940, ils donnent l'ordre, en zone occupée, d'installer des pancartes "magasin juif" ou "entreprise juive". L'étape suivante est la vente. Mais, pour que les biens juifs restent dans le giron français, Vichy antidate une loi qui contrecarre le projet allemand : dans tout l'Hexagone sont créés des administrateurs provisoires. Pour n'effrayer personne, cette mesure conservatoire est générale et ne parle pas nommément des juifs. Vichy est prudent. Le gouvernement ne sait pas encore comment le premier statut des juifs, promulgué en octobre 1940, va être accueilli par la société française. Or il passe comme une lettre à la poste.

On passe alors à une phase plus agressive en créant en mars 1941 le CGQJ, le Commissariat général aux questions juives. Ce CGQJ a deux missions à remplir, l'une juridique, l'autre économique : il faut penser les prochaines lois antijuives (ce sera le second statut des juifs, de juin 1941) et déposséder les juifs. Le 2 juin 1941 est mis en place le recensement obligatoire pour les juifs, qui doivent aller se déclarer en mairie. Il leur est remis un formulaire de quatre pages : trois sont consacrées à leurs biens. Les déclarations remontent vers les préfectures, qui les mettent en fiches avant de les transmettre au ministère de l'Intérieur. Une grande partie de l'administration française participe donc à l'aryanisation, et ce seront ces fiches, conçues d'abord pour des raisons économiques, qui, dans un second temps, serviront aux rafles de la police française. Mais le CGQJ se méfie du juif, par définition "fourbe" : tous ne se sont pas manifestés, il y a du camouflage. Près de 1 500 inspecteurs sont diligentés pour mener des enquêtes...

Candidatures spontanées. Dans un second temps, des annonces à candidature paraissent dans les journaux ou sont affichées sur les murs. La sélection se fait selon deux critères : il faut attester des "sentiments nationaux", être dans la ligne idéologique, ou bien offrir un profil professionnel adéquat. Le candidat retenu se présente chez le juif, qui lui remet son titre de propriété. Il peut s'agir d'une entreprise, d'un bien immobilier, mais aussi d'actions. Qu'advient-il du bien ? S'il est peu important, il est liquidé, dispersé ; s'il est de nature plus conséquente, il est mis en vente publique, devant notaire, après expertise.

Tal Bruttmann estime que le CGQJ a traité 60 000 dossiers, qui furent retrouvés à la Libération, puis déposés aux Archives nationales. Certains administrateurs provisoires, qui font l'interface entre les juifs et les non-juifs français, vont faire carrière en gérant parfois dix biens simultanément. Comme ils sont payés mensuellement, ils ont intérêt à retarder la vente, dont le produit est versé, pour 90 %, sur un compte bloqué de la Caisse des dépôts et consignations (le compte des juifs), les 10 % restants allant au CGQJ. Ils gèrent parfois honnêtement, d'autres rançonnent les juifs spoliés, quelques-uns les protègent : "Il y a de tout", résume Bruttmann. A la Libération, ces administrateurs ne seront pas inquiétés, car ils ont agi dans un cadre juridique. Des lois de restitution seront votées, l'argent bloqué rendu, obligeant les mêmes administrations à défaire ce qu'elles avaient fait, mais la restitution sera un acte volontaire que devra demander le spolié. Pour les 10 % de biens non revendiqués en 1945, pour cause de décès, les biens resteront entre les mains des acquéreurs dits de bonne foi.

"De toutes les politiques antisémites, conclut Bruttmann , la spoliation est la seule qui a fait appel à toute la société française": administrations diverses, notaires, architectes, commissaires-priseurs, experts-comptables et 20 000 citoyens ordinaires devenus, après candidature spontanée, administrateurs provisoires.

* "La spoliation des juifs, une politique d'Etat". Mémorial de la Shoah, jusqu'au 29 septembre.

Chiffres

20 000

C'est le nombre d'administrateurs provisoires français qui ont géré les biens juifs.

60 000

C'est le nombre de dossiers instruits sur les biens juifs français traités par le Commissariat général aux questions juives (CGQJ).

1 500

C'est le nombre d'inspecteurs du CGQJ qui ont enquêté sur la réelle valeur des biens juifs.

Avis à la population

Voici un exemple d'une des nombreuses affiches annonçant la mise en vente de " biens israélites ". Remarquons que l'acquéreur français doit justifier de sa " qualité d'aryen ".

Cibles

Parmi les principales " entreprises juives " aryanisées, on trouve Monoprix (fondé en 1932 par Max Heilbronn), Bloch-Aviation (futur Dassault) et les chaussures André.

Tableaux volés à des familles juives: restitution émouvante à Paris

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Le Pointpublié le 19/03/2013 à 18h03

Des retrouvailles émouvantes: à 84 ans, l'Américain Thomas Selldorff s'est vu restituer mardi par la France six tableaux du XVIIIème siècle que son grand-père juif viennois avait été contraint de céder dans l'urgence en 1941 pour fuir Paris occupé.

Restitution Selldorff

 

Lors d'une cérémonie de restitution au ministère de la Culture, M. Selldorff s'est déclaré "très heureux". "La restitution n'a pas été un processus facile. Cela a pris beaucoup de temps", a déclaré l'octogénaire, qui vit près de Boston et avait vu ces oeuvres chez son grand-père à Vienne lorsqu'il avait six ans.

Devant les six toiles de peintres italiens (Gaspare Diziani, Sebastiano Ricci...) et autrichien (François-Charles Palko), conservées dans des musées français, M. Selldorff a évoqué le souvenir de son grand-père, Richard Neumann, industriel du textile viennois passionné d'art.

Propriétaire de plus de deux cents oeuvres avant la guerre, Richard Neumann avait dû fuir l'Autriche lors de son annexion par l'Allemagne nazie en 1938, en laissant une partie de ses tableaux, réquisitionnés pour les collections autrichiennes.

Avec sa famille, il avait cependant pu emporter à Paris certaines oeuvres, mais il avait dû les céder dans l'urgence en 1941 à des marchands pour pouvoir payer des passeurs et gagner l'Espagne puis Cuba. Par la suite, il s'est installé à New York.

Les Nazis avaient récupéré ces oeuvres pour les envoyer au musée qu'Adolf Hitler projetait d'ouvrir à Linz, sa ville natale.

"C'est la première fois que je les revois pour de vrai", a déclaré, tout ému et dans un bon français M. Selldorff, qui mène depuis plusieurs années des démarches en Autriche et en France pour retrouver une partie du patrimoine familial.

"Un grand jour"

"C'est un grand jour pour moi. J'ai trois enfants, déjà grands et les tableaux vont rester en famille, dans nos maisons respectives. Mais j'aimerais aussi pouvoir les prêter à des musées, par exemple à Boston", explique-t-il.

Les tableaux ont été retrouvés grâce aux recherches d'une historienne de l'art autrichienne Sophie Lillie et au travail de la Commission d'indemnisation des victimes de spoliation (CIVS) en France.

Ces tableaux font partie des 2.000 oeuvres d'art devenues MNR (Musées Nationaux Récupération) en l'absence de propriétaires identifiés. Sous la garde de l'Etat français, les MNR sont conservées dans les musées, en attendant leur réclamation.

Un septième tableau, du XVIIe siècle, MNR lui aussi, a été restitué mardi lors de la même cérémonie, à un ayant-droit du banquier praguois Josef Wiener, mort en déportation.

Cet ayant-droit, M. Mandel, était représenté par son avocate, Imke Gielen. "C'est le fils d'une amie londonienne de l'épouse de Josef Wiener", a précisé son avocate à l'AFP. Ce Britannique vit à présent en Israël, a-t-elle ajouté.

"La Halte", peinture hollandaise de Pieter-Jansz van Asch (1603-1678), avait été vendue à Munich sous la contrainte des événements en 1941. A la fin de la guerre, lorsque les Alliés ont récupéré en Allemagne les oeuvres d'art spoliées par les Nazis, ils se sont attachés à les renvoyer dans leur pays d'origine. La toile de van Asch s'est retrouvée par erreur en France.

Pour cette restitution, M. Mandel avait saisi directement le Service des musées de France au ministère de la Culture, qui dispose notamment d'un portail spécifique sur ce dossier.

La ministre de la Culture Aurélie Filippetti entend mener "une action plus volontariste" sur la question des MNR, tout en relevant l'important travail accompli par ses services.

"D'autres restitutions auront sans doute lieu dans le courant de l'année 2013", a-t-elle annoncé.

"Avant, on attendait les demandes des ayants droit pour débuter les recherches. Maintenant, on va de nous-même rechercher les propriétaires", a-t-elle expliqué.

Les recherches vont se concentrer sur 163 oeuvres d'art MNR spoliées. Un groupe de travail a été mis en place pour tenter de retrouver les propriétaires.

Il devra rendre un rapport "au premier semestre 2014", a indiqué la ministre.

Oeuvres spoliées: Filippetti veut une action volontariste

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Le Pointpublié le 18/03/2013 à 12h22

Aurélie Filippetti veut mettre en place une "démarche proactive" visant à retrouver les propriétaires d'objets d'arts spoliés pendant la Seconde guerre mondiale, explique lundi la ministre de la Culture dans un entretien au Figaro.

Aurélie Filippetti

 

Selon la ministre, il faut "changer de logique" alors que les musées de France détiennent toujours 2.000 oeuvres orphelines.

"Jusque-là, on attendait les demandes des ayants droit ou des descendants pour démarrer des procédures de recherche", explique-t-elle. "Je veux engager une démarche proactive dans laquelle la France va engager des moyens pour rechercher les propriétaires, qu'il y ait ou non une demande formelle".

"Pour la France", relève Mme Filippetti, c'est une question morale autant que scientifique".

Mardi, la ministre doit remettre aux descendants du grand collectionneur juif autrichien Richard Neumann, amateur de peinture italienne du 18ème siècle et du collectionneur juif pragois Josef Wiener sept tableaux de maître.

La ministre annonce la mise en place d'un groupe de travail afin d'accélérer les restitutions. Ce dernier devra faire un premier point d'étape fin 2013 et rendre un rapport définitif en 2014.

Aurélie Filippetti espère ainsi trouver une solution au moins pour 163 tableaux "clairement identifiés dans des bases de données et entreposées dans des musées."

"En attendant, tous les MNR (Musées Nationaux Récupération, oeuvres d'art issues de la spoliation ou de la vente forcée de biens, appartenant souvent à des juifs, ndlr) exposés dans les musées devront comporter un cartel d'explication", assure la ministre de la Culture.

Quant aux maisons de vente, elles devront respecter le processus de restitution. "S'il y avait un cas litigieux, je m'engagerais à tout faire pour qu'il soit réglé", avertit Mme Filippetti.

Quelque 100.000 oeuvres de toutes catégories - tableaux, objets d'arts, meubles, tapisseries, etc - ont été spoliées en France pendant la Seconde guerre mondiale, soit par pillage, soit par vente forcée, souvent à leurs propriétaires juifs.

60.000 ont été rapatriées à l'issue du conflit et 45.000 restituées entre 1945 et la fin des années 1950. Quelque 13.000 de moindre valeur ont été vendues, les fonds étant reversés à la Fondation pour la Mémoire de la Shoah.

L'Etat français est le gardien, et non le propriétaire, des 2.000 oeuvres restantes dont la liste peut être consultée sur le site internet du ministère de la Culture.

Trois sarcophages romains saisis dans les ports francs de Genève

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Le Pointpublié le 13/04/2012 à 16h30 de notre correspondant à Genève, Ian Hamel

L'un des tombeaux, en marbre, remontant au IIe siècle après Jésus-Christ, pourrait provenir de fouilles illicites près d'Antalya, en Turquie.



Les ports francs de Genève

Les ports francs de Genève, en Suisse

 

L'avocate Claude Dumont-Beghi, qui traque depuis près d'une décennie l'héritage de Daniel Wildenstein, le richissime marchand d'art français, disparu en 2001, raconte ainsi sa première visite dans les ports francs de Genève. "Le lieu est impersonnel et froid. Nous longeons plusieurs bâtiments sinistres. Nous passons sous douane. Une porte battante, un escalier de service, l'environnement est toujours aussi glacial." Mais au bout du chemin, elle découvre, dans un "salon aux murs sombres", dix-neuf tableaux du peintre Bonnard, non déclarés au fisc français (*).

Les douaniers suisses, eux, ne s'intéressaient pas à la peinture, mais à des sarcophages. En décembre 2010, ils en ont trouvé trois, toujours dans les ports francs de Genève. Le plus important, en marbre, de deux mètres de long, un mètre cinquante de hauteur, et un mètre de large, pesant plus d'une tonne, orné d'une sculpture représentant les douze travaux d'Hercule, date du IIe siècle de notre ère. Il pourrait provenir de fouilles clandestines sur le site archéologique gréco-romain de Perge, près d'Antalya, en Turquie.

17 ports francs en Suisse

"Nous avions avec nous un stagiaire diplômé d'archéologie. Avec la nouvelle loi sur les douanes, nous pouvons à présent effectuer des contrôles à l'intérieur des ports francs concernant les marchandises sensibles. Habituellement, les pièces archéologiques susceptibles d'intéresser les clients sont exposées dans un show room. Ce sarcophage romain ainsi que deux autres tombeaux de moindre valeur se trouvaient dans une pièce plus discrète", raconte Jean-Marc Renaud, chef des services centraux de la section antifraude douanière de Suisse.

Les 17 ports francs de la Confédération étaient autant de "trous noirs" où se cachaient des oeuvres d'art, des trésors archéologiques volés, des diamants du sang, des millions de litres de vin, et même du caviar. Les ports francs, notamment ceux de Bâle, de Genève et de Zurich, se présentaient eux-mêmes comme des "territoires hors du commun". Tout objet dérobé pouvait, selon la législation suisse, ressortir "blanchi" au bout de cinq ans, et être revendu en toute impunité... Les ports francs de Genève s'étendent sur 140 000 m2 de locaux à la Praille et sur 10 000 m2 à l'aéroport.

Demande de restitution turque

Cette législation très laxiste a ainsi permis à la Suisse de se hisser au quatrième rang mondial sur le marché de l'art. Mais depuis 2009, sous la pression internationale, les ports francs sont - presque - devenus des territoires normaux. Du moins, la douane peut y fourrer son nez. Cette saisie, effectuée en décembre 2010, n'a été révélée que maintenant. La Turquie réclame la restitution du tombeau romain. Une enquête pénale est en cours à Genève depuis l'été 2011.

Les sarcophages ont été séquestrés dans les locaux de la société Inanna Art Services, habituellement utilisés par les marchands d'art Ali et Hisham Aboutaam. Toutefois, les deux frères ne sont pas visés par la procédure pénale. "Ce sarcophage romain n'est jamais entré en Suisse de manière illicite. Il n'était pas caché, j'en veux pour preuve que ce tombeau a été restauré à Londres en 2002", souligne Bastien Geiger, l'avocat des frères Aboutaam, patron à Genève de la galerie Phoenix Ancien Art.

(*) Claude Dumont-Beghi, L'affaire Wildenstein. Histoire d'une spoliation, L'Archipel, mars 2012.

Un tableau de maître spolié par les nazis restitué par un casino allemand

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Le Pointpublié le 24/10/2011 à 17h35

Un tableau d'un maître néerlandais, vieux de plus de 300 ans et dont un marchand d'art juif allemand a été spolié sous le régime nazi, sera rendu mardi par un casino allemand à ses légataires, a annoncé lundi l'un de ces derniers, l'université canadienne Concordia.

tableau d'un maître néerlandais

 

"C'est la première fois qu'un établissement allemand nous retourne une toile", a assuré à l'AFP le directeur des projets spéciaux de cette université de Montréal, Clarence Epstein.

"C'est la preuve que l'Allemagne commence vraiment à accepter que la spoliation des oeuvres d'art est quelque chose d'important et de prioritaire pour elle", a-t-il affirmé.

Depuis 2002, l'université Concordia tente de récupérer plus de 400 tableaux ayant appartenu au marchand d'art Max Stern dans le cadre d'un projet de restitution des oeuvres de cette collection que dirige M. Epstein.

Menacé par les nazis, Max Stern avait dû fermer sa galerie de Düsseldorf en décembre 1937 et s'enfuir vers Londres puis le Canada après avoir été contraint par la Gestapo d'abandonner ou céder ses tableaux, écoulés à bas prix.

Concordia est légataire de la collection Max-Stern, avec l'université McGill de Montréal et l'université hébraïque de Jérusalem.

L'oeuvre qui sera remise aux universités est un tableau de grande dimension, "Les maîtres de la guilde des orfèvres à Amsterdam en 1701" du portraitiste Juriaen Pool fils (1665-1745).

Elle leur sera rendue mardi lors d'une cérémonie au Musée d'Amsterdam.

Le tableau, qui représente des notables d'Amsterdam, se trouvait à la galerie Stern de Düsseldorf jusqu'en 1937, année où il a été envoyé à la galerie Heinemann de Wiesbaden. Il avait été acquis après la Seconde Guerre mondiale par un casino du sud de l'Allemagne, qui depuis le conservait.

M. Epstein a refusé d'identifier ce casino, qui a requis l'anonymat.

C'est la neuvième oeuvre d'art spoliée par les nazis à être restituée aux légataires de Max Stern, qui est décédé lors d'un voyage à Paris en 1987.

La tenue de la cérémonie au Musée d'Amsterdam n'est pas un hasard: l'institution vient d'inaugurer une annexe destinée aux enfants, à l'endroit même où était érigé un orphelinat qui a vu grandir Juriaen Pool dans ses années d'adolescence, après l'éclatement de sa famille.

C'est même un personnage incarnant le portraitiste qui guide aujourd'hui les visiteurs d'une salle à l'autre de l'ancien orphelinat.

La restitution de la toile est le fruit d'un travail de détective, amorcé en 2004 par les responsables du projet avec le soutien du Bureau des demandes d'indemnisations liées à la Shoah de l'Etat de New York, grâce à de précieuses informations sur sa localisation fournies par la maison Sotheby's.

Dans les archives de l'Institut néerlandais de l'histoire de l'art (RKD), avec qui Max Stern était en étroit contact à l'époque, un chercheur a retrouvé une note de ce dernier de 1937.

Accompagnée d'une photographie du tableau, cette note ne laisse aucun doute qu'il était le propriétaire de l'oeuvre, comme l'attestent les propres documents de l'université Concordia. Un argument massue qui a convaincu le casino de rendre l'oeuvre, ajoute M. Epstein.

Concordia a maintenant dans sa mire une quarantaine d'autres toiles et les discussions progressent pour une dizaine d'entre elles, notamment avec des musées en Allemagne.

M. Epstein se félicite des efforts du gouvernement allemand qui alloue aux musées les ressources nécessaires pour identifier la provenance de leurs collections. Il déplore toutefois "des problèmes récurrents" avec les maisons d'enchères et les galeries d'art privées allemandes.

Autriche: un musée doit restituer un Klimt volé par les nazis

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Le Pointpublié le 21/04/2011 à 17h51

Le musée d'art moderne de Salzbourg doit restituer à un héritier canadien un tableau de Klimt, évalué entre 20 et 30 millions d'euros, volé par les nazis à son ancienne propriétaire juive, morte en camp de concentration, a annoncé la direction du musée jeudi.

Litzlberg am Attersee de Klimt

 

Ce tableau, "Litzlberg am Attersee", de 110 cm sur 110 cm, avait été peint en 1915 par le maître autrichien et appartenait à l'Autrichienne Amalie Redlich déportée en 1941.

Des expertises ont confirmé la spoliation et l'oeuvre va être restituée au Canadien Georges Jorisch, petit-fils et unique héritier d'Amalie Redlich.

"Les conditions pour la restitution du tableau à l'héritier d'Amalie Redlich sont réunies", a déclaré Wilfried Haslauer, vice-gouverneur de la province de Salzbourg. Les gouvernement et Parlement régionaux doivent maintenant formellement valider la restitution de cette oeuvre faisant actuellement partie de la collection de la province. La décision est attendue début juillet, selon M. Haslauer.

D'après ce responsable, M. Jorisch, 83 ans, souhaite faire un don "de 1,3 million d'euros" au musée de Salzbourg sur le produit de la vente de l'oeuvre.

L'héritier avait déjà fait vendre en 2010 un Klimt ("Eglise à Cassone"), récupéré à Londres.

Selon les résultats de l'expertise, "Litzlberg am Attersee" avait été saisi par la Gestapo au logement de Mme Redlich en octobre 1941. Il fut acheté par le collectionneur d'art de Salzbourg et membre du parti nazi, Friedrich Welz, qui échangea par la suite la toile contre une autre oeuvre de la collection provinciale qu'il avait contribué à créer.

Le "Litzlberg am Attersee", représentant un pan de montagne au bord d'un un lac autrichien, fait partie de l'ultime période de Gustav Klimt (1862-1918). Respectant les principes de l'Art nouveau (Jugendstil), cette oeuvre est influencée par le pointillisme.

En vertu d'une loi adoptée en 1998, l'Autriche a restitué environ 10.000 oeuvres volées sous le IIIe Reich, auquel le pays avait été annexé en 1938.

La communauté juive autrichienne continue à réclamer la restitution d'autres oeuvres, dont une dizaine de tableaux exposés au musée Léopold de Vienne, une institution privée non soumise à la loi de 1998.

Cette institution a racheté dernièrement le "Portrait de Wally", de l'expressionniste autrichien Egon Schiele, restitué après une longue bataille juridique à des héritiers juifs spoliés.

M. Haslauer a estimé que de nombreux tableaux volés sous le nazisme étaient encore accrochés chez des particuliers en Autriche. "S'ils étaient à l'inventaire d'un musée public, ils devraient être sans aucun doute restitués", a-t-il insisté.

Klimt Gustav

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Klimt GustavGustav Klimt : Peintre symboliste autrichien né le 14 juillet 1862 et mort le 6 février 1918, il fut l'un des membres les plus en vue du mouvement "Art nouveau" de Vienne. Deuxième enfant d'une famille de sept, fils d'Ernst Klimt, orfèvre ciseleur, et d'Anna Finster, Gustav Klimt suit dans les années 1876-1883 les cours de l'École des arts décoratifs de Vienne, où il est l'élève de Ferdinand Laufberger. En 1879, il débute sa carrière comme décorateur dans l'équipe de Hans Makart, en participant à l'organisation du Festzug (noces d'argent du couple impérial). En 1880, il adhère au Künstlerhaus (la Compagnie des artistes). L'évènement le plus important dans ces années là est l'achèvement de la décoration des pendentifs du grand escalier du Kunsthistorisches Museum, qu'il mène à bien malgré le décès du maître d'œuvre de ce travail conduit par Hans Mackart, lequel travail consolide encore sa réputation.

En 1883, il crée un atelier avec son frère Ernst, qui comme son père est orfèvre ciseleur, et Franz Matsch. Il réalise en particulier de nombreuses fresques, allégories et emblèmes dans un style néo-classique académique (comme pour l'escalier du Burgtheater de 1886 à 1888 à Vienne) et la précision de ses portraits est réputée. Il se voit confier la décoration de murs et plafonds de villas mais aussi de théâtres et édifices publics. Il décore les plafonds du théâtre de Fiume en 1893, la villa Herms à Laiz, le théâtre de Carlsbad en 1886. Les qualités artistiques de Klimt sont reconnues officiellement, et il reçoit en 1888 la Croix d'or du mérite artistique de la part de l'empereur François-Joseph 1er. Quatre ans plus tard, la mort de Matsch provoque la dissolution de la Compagnie. Ainsi jusqu'en 1890, Gustav Klimt aura eu un début de carrière fait d'une solide réputation de peintre décorateur répondant à des demandes officielles de peintures architecturales, mais sans réelle originalité, car éloignée au fond de lui de ses goûts personnels pour un art moderne dans lequel il a envie de s'exprimer totalement.

À l'occasion de ses premières commandes personnelles (les pendentifs du grand escalier du Kunsthistorisches Museum), il se dégage des modèles académiques, inspiré par les estampes japonaises, et le symbolisme. Il prend pour compagne Émilie Flöge qui tient une maison de couture, et se rapproche en ces débuts des années 1890 des écrivains Arthur Schniltzer, Hofmaansthal et Hermann Bahr tout en s'intéressant au symbolisme et à l'impressionnisme français. En 1895, lors d'une exposition à Vienne, il découvre les œuvres de Liebermann, de Félicien Rops, mais aussi de Klinger, Böcklin et Rodin.

En 1892, à la mort de son frère, il doit assurer la sécurité financière de sa famille. Il amorce sa rupture avec l'académisme. Par ailleurs, le ministère refuse sa nomination à la chaire de peinture d'histoire des Beaux-Arts. Avec certains de ses amis dont Koloman Moser, Joseph Maria Olbrich, Carl Mol, Josef Hoffmann, Max Kurzweil, Josef Engelhart et Ernst Stöhr, il crée le 3 avril 1897 un journal intitulé "Ver Sacrum" (Printemps Sacré), avec l'ambition de créer un édifice consacré aux arts. Il participe la même année à la fondation de l'Union des artistes Figuratifs, appelée la "Sécession viennoise" avec dix-neuf artistes de la Küntlerhauss de Vienne. Il devient le président de cette association, dont l'objectif est de réformer la vie artistique de l'époque et de réaliser des œuvres d'art qui élèvent "l'art autrichien à une reconnaissance internationale à laquelle il aspire". Il s'agit aussi de combler le fossé entre les arts dit "mineurs", de rapprocher les objets utilitaires et les objets d'art, de transformer le monde au moyen des arts. Les arts doivent éveiller les consciences et s'éloigner de toute compromission avec l'académisme établi.

Cette fondation est en quelque sorte la réponse au mouvement "Art Nouveau" en France et au "Jugendstil" qui se développe en Allemagne. Le magazine "Ver Sacrum" devient le moyen d'expression de la "Sécession", et le porte-parole de cette volonté de changer le monde, tandis que Joseph M. Olrich parvient à réaliser cet édifice dédié aux arts et souhaité par Klimt, pour donner aux jeunes artistes figuratifs un lieu permanent d'exposition pour leurs œuvres.

En 1898, il peint le célèbre tableau Pallas Athéna qui marque en quelque sorte cette émancipation de Gustav Klimt par rapport à l'art officiel. Sous un mode ironique, il détourne la représentation traditionnelle du sujet en montrant sous le visage de la déesse aux traits d'une femme fatale, une gorgone tirant la langue. Cette toile fut l'objet de l'affiche de la première exposition de la "Sécession" en 1898.

Au cours de l'année 1900, lors de la septième exposition de la "Sécession", Klimt présente sa toile intitulée La Philosophie, qui est la première des trois toiles préparatoires avec La Médecine et La Jurisprudence qui lui avaient été commandées en 1886 pour illustrer les voûtes du plafond de l'Aula Magna, le hall d'accueil de l'Université de Vienne. Il choisit de représenter la philosophie sous la forme d'une sphinge aux contours flous, la tête perdue dans les étoiles, tandis qu'autour d'elle se déroulent tous les cycles de la vie, de la naissance à la vieillesse, en passant par les étreintes de l'amour. À gauche, à l'avant-plan, la connaissance revêt les traits d'une femme fatale fixant de ses yeux froids et sombres le spectateur. Cette toile fait l'objet d'une critique sévère des autorités universitaires qui s'attendaient à une représentation classique du sujet et qui considèrent alors cette allégorie comme une provocation au libertinage et une atteinte aux bonnes mœurs. La critique violente de la presse accuse Klimt d'outrager l'enseignement et de vouloir pervertir la jeunesse. On lui reproche ses peintures trop érotiques, et on s'interroge sur sa santé mentale et sur ses crises de dépression. « Il est trapu, écrit-on, un peu lourd, athlétique ... pour allonger son visage sans doute, il porte ses cheveux en arrière et rejetés très haut au-dessus des tempes. C'est le seul signe qui pourrait penser que cet homme est un artiste ». Mais elle est couronnée de la médaille d'or de l'exposition universelle de Paris de 1900.

Les compositions qui suivent, La Médecine et La Jurisprudence déchaînent et amplifient les critiques. La médecine est représentée par une femme qui offre son corps, au côté des représentations de la souffrance et de la mort. La jurisprudence quant à elle est représentée par un criminel en proie à ses instincts, tandis que la justice reste figée et impassible enchâssée dans une mosaïque d'inspiration byzantine. Klimt doit renoncer à voir ses peintures décorer l'Aula Magna, sans pourtant renoncer à son invention esthétique.

Lors de la quatorzième exposition de la "Sécession" en 1902 consacrée à la musique de Beethoven, Klimt présente une fresque en sept panneaux représentant la Neuvième Symphonie, destinée à illustrer un décor pour l'architecte Josef Hoffman chargé de réaliser un monument en mémoire du musicien. Cette œuvre d'art est approuvée par Gustav Mahler lui même : pour qui elle représente l'aspiration au bonheur de l'humanité souffrante, qui cherche son apaisement dans les arts.

En 1907, Klimt rencontre le jeune peintre Egon Schiele qu'il va beaucoup influencer : Il sera pour lui un modèle et un maître. Les années 1902-1903 constituent un tournant dans l'œuvre de Klimt, et une période d'intense créativité. Il entame la réalisation de son "Cycle d'Or" avec les Serpents d'Eau, le Portrait d'Adèle Bloch-Bauer et Danaé. En 1904, un riche banquier belge Adolphe Stoclet lui commande la réalisation des mosaïques murales de la salle à manger d'un luxueux palais qu'il construit à Bruxelles sur les plans de l'architecte Hoffman. La richesse décorative de Klimt éclate dans L'Attente et dans L'Accomplissement qu'il réalise alors.

Le tableau Le Baiser qui est le tableau le plus représentatif du génie de Gustav Klimt et qu'il peint en 1906 sera reproduit dans le thème de L'Accomplissement pour la fresque d'Aldolphe Stoclet. À partir de 1908, devant les désaccords avec de nombreux artistes du groupe, il quitte, avec plusieurs de ses amis, la "Sécession" qui, selon lui, tend à se scléroser. Il la quitte, accompagné par Koloman Moser, Carl Moll, Otto Wagner et d'autres. Il épure son style, évitant l'or à partir de 1909. Il se consacre à la peinture de paysages ou des scènes allégoriques très ornementées, de plus en plus stylisées et aux couleurs vives qui le rapproche du pointillisme de Seurat, mais aussi de Van Gogh et de Bonnard.

Il s'intéresse davantage à la peinture intimiste et aux portraits. Il réalise des portraits de femmes de grandes dimensions avec des compositions richement décorées pour flatter une clientèle riche et bourgeoise qui lui fait des commandes, et il réalise aussi de nombreuses scènes de femmes nues ou aux poses langoureuses et érotiques, en tenues extravagantes dans des compositions asymétriques, sans relief et sans perspectives, riches d'une ornementation chatoyante, envahissante et sensuelle. En 1910, Klimt participe à la Biennale de Venise où il retrouve le succès et la notoriété d'avant l'Aula Magna. Il reprend le titre de décorateur "fin de siècle", de peintre de l'intelligentsia autrichienne et d'inventeur de l'art décoratif.

En 1917, l'Académie des Arts de Vienne et celle de Munich le nomment membre honoraire. Il décède le 6 février 1918 à Vienne d'une attaque d'apoplexie et est enterré dans cette même ville au cimetière Hietzing. De son vivant, il eut de nombreuses maîtresses, et 14 enfants illégitimes officiels.


Première liste d'oeuvres spoliées par les nazis publiée sur internet

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Arcinfopublié le 12/11/2013 à 15h18


Une partie des oeuvres de la collection d'art Gurlitt découverte il y a peu dans un appartement de Munich a été publiée sur internet.

Oeuvres spoliées

 

Voici la liste des 25 oeuvres d'art provenant de la collection de Cornelius Gurlitt et dont les photos ont été publiées sur le site Lostart.de, édité par la cellule de coordination fédérale se consacrant à l'art disparu pendant la Seconde guerre mondiale.

  • Antonio Canaletto: "Sa. Giustina in Prà della Valle" à Padoue, gravure, 1751/1800
  • Marc Chagall: "Scène allégorique", peinture non datée
  • Hans Christoph: "Couple", aquarelle, 1924
  • Honoré Daumier: "Don Quichotte et Sancho Pança", peinture, autour de 1865
  • Eugène Delacroix: "Conversation mauresque sur une terrasse", dessin au crayon, non daté
  • Otto Dix: "Dame in der Loge", aquarelle, 1922
  • Otto Dix: "Dompteuse", aquarelle, 1922
  • Conrad Felixmüller: "Paar in Landschaft", aquarelle, 1924
  • Erich Fraass: "Mutter und Kind", aquarelle, 1922
  • Bonaventura Genelli: "Nu masculin", dessin, non daté
  • Ludwig Godenschweg: "Männliches Bildnis", gravure, non datée
  • Ludwig Godenschweg: "Weiblicher Akt", gravure, non datée
  • Otto Griebel: "Kind am Tisch", aquarelle, non datée
  • Otto Griebel: "Die Verschleierte", aquarelle, 1926
  • Bernhard Kretschmar: "Strassenbahn", aquarelle, non datée
  • Wilhelm Lachnit: "Mädchen am Tisch", aquarelle, 1923
  • Wilhelm Lachnit: "Mann und Frau am Fenster", aquarelle, 1923
  • Max Liebermann: "Reiter am Strand", peinture, 1901
  • Fritz Maskos: "Sinnende Frau", gravure, 1922
  • Henri Matisse: "Femme assise / Femme assise dans un fauteuil", peinture, autour de 1924
  • Auguste Rodin: "Etude de femme nue debout, les bras relevés, les mains croisées au-dessus de la tête", dessin, non daté
  • Théodore Rousseau: "Vue de la vallée de la Seine", dessin, non daté
  • Carl Spitzweg: "Das Klavierspiel", dessin, autour de 1840
  • Christoph Voll: "Mönch", aquarelle, 1921
  • Christoph Voll: "Sprengmeister Hantsch", dessin, 1922

 

Restitution de 3 tableaux spoliés par les nazis

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L'Archepublié le 10/03/2014 à 02h08 par Nathan Rivière


The Monuments Men

 

Quant le cinéma sert les propriétaires d’œuvres d’art spoliées par les nazis… C’est en effet la curieuse situation que suscite la sortie cette semaine sur les écrans français de « Monuments Men », le film de George Clooney qui retrace l’histoire du commando d’experts en art qui accompagna les armées alliées pour récupérer des milliers d’œuvres d’art volées par le régime hitlérien. Le ministère de la Culture a ainsi attendu cet évènement people pour annoncer la restitution, mardi 11 mars, des mains même du ministre Aurélie Filippetti, de trois tableaux qui dormaient depuis 1949 dans les réserves des MNR (Musées Nationaux Récupération, dont le rôle est de conserver dans les musées français les quelques 2000 œuvres qui attendent toujours leur réclamation).

Les trois tableaux qui seront remis aux ayants-droits sont un « Paysage montagneux » du peintre flamand Joos de Momper (1564-1635), un « Portrait de femme » du XVIIIe siècle non signé et une « Vierge à l’Enfant », copie d’un artiste florentin de la Renaissance.

Si l’année dernière le ministère de la Culture avait déjà restitué 7 tableaux aux descendants d’un industriel juif de Vienne et d’un industriel pragois, l’action de l’Etat français, depuis plus de vingt, n’a permis de restituer qu’à peine 70 œuvres.  Il s’agit d’un travail long et minutieux, parfois même trop administratif pour des descendants qui ne dispose plus de toutes les preuves nécessaires de propriété. Pour accélérer le mouvement, et parce que George Clooney ne refera pas un film sur un tel sujet chaque année, la rue de Valois a décidé de lancer des recherches par ses services même en l’absence de demande de restitution. Le ministère de la Culture dispose d’une cellule chargée du dossier MNR en lien avec les archives du Quai d’Orsay et un portail spécifique lui est dédié, baptisé « Rose Valland », du nom de cette conservatrice du Jeu de Paume qui, durant l’Occupation, a aidé à sauver au péril de sa vie de très nombreuses œuvres spoliées.

Par ailleurs un groupe de travail composé de l’équipe des MNR, de conservateurs, d’archivistes, d’historiens, de membres de la Commission d’indemnisation des victimes de spoliation (CIVS) et de la Fondation pour la mémoire de la Shoah a été mis en place au printemps 2013. Son objectif est de centrer ses recherches sur (seulement) 145 œuvres dont la spoliation est quasi certaine.

Près de soixante ans après la Seconde Guerre mondiale, plusieurs milliers d’oeuvres d’art n’ont toujours pas été restituées

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La Gazette de Droutpublié le 18/03/2013 à 17h34 par Cyrille Piguet


Depuis quelques années, la question de la spoliation d’oeuvres d’art, et plus particulièrement celle de leur restitution, a pris une importance croissante. On estime à plusieurs milliers les oeuvres qui n’auraient toujours pas été récupérées ou tout simplement identifiées. Ces objets sont souvent la propriété d’acquéreurs de bonne foi, lesquels se trouvent aujourd’hui confrontés aux précédents mais tout aussi légitimes propriétaires.



La mairie d'Amsterdam par Gerrit Berckheyde

 

Après que les Alliés ont contesté officiellement les expropriations, spoliations et autres pillages pratiqués dans les pays occupés (déclaration de Londres de 1943), des législations nationales ont permis, dès la fin de la guerre, la restitution d’une partie seulement des oeuvres spoliées. La France et la Suisse, notamment, ont connu des réglementations spéciales qui dérogeaient au régime du code civil et favorisaient la revendication de biens par les propriétaires spoliés. À condition d’être faites dans un délai limité, les revendications étaient possibles même contre un acquéreur de bonne foi et sans obligation de rembourser le prix. Dès 1949, faute d’avoir retrouvé leurs légitimes propriétaires, 2 000 oeuvres ont été confiées, en France, à la garde des Musées nationaux (MNR pour "Musées nationaux Récupération").

Confisquées par les nazis

La volonté de restituer ces biens, réapparue expressément depuis une dizaine d’années, a abouti à la constitution de commissions pour l’indemnisation des victimes de spoliations. Celles-ci ont déjà su régler de nombreux litiges, à satisfaction des parties concernées. Restitution de l’oeuvre fondée sur des motifs éthiques ; restitution de la propriété accompagnée d’un contrat de dépôt de longue durée de l’objet spolié dans un musée national (souvent dans celui-là même qui possédait l’oeuvre revendiquée) ; rétrocession de la propriété de l’oeuvre à un musée avec indication du nom des propriétaires spoliés et mention de leur don ; simple notification sur l’oeuvre de la spoliation ; compensation financière en faveur des victimes spoliées. Voici quelques-unes des solutions adoptées.

Mais pour les victimes, la reconnaissance publique des spoliations est essentielle et l’emporte même parfois sur la volonté de se voir restituer l’oeuvre pour laquelle il existe le plus souvent un attachement sentimental très particulier. On en déduit que la vente, parfois préconisée, des biens spoliés au profit d’organisations de victimes de l’Holocauste aurait pour conséquence fâcheuse de faire perdre à ces oeuvres leur qualité de témoins uniques du passé. Aussi, le maintien d’un statut spécial de ces biens répondrait-il davantage aux attentes des victimes et garantirait à plus long terme la transmission du souvenir. Face à l’aspect moral et éthique qui caractérise le problème des spoliations, force est de constater l’incapacité du droit positif à apporter des solutions satisfaisantes. La protection de l’acquéreur de bonne foi, les exigences en matière d’établissement du titre de propriété, l’écoulement du temps et la prescription sont autant d’obstacles régulièrement opposés aux revendications d’oeuvres d’art.

L’accès à l’information reste l’une des difficultés majeures dans la recherche de l’origine des oeuvres. À ce titre, diverses conférences internationales ont tenté, en particulier depuis celle de Washington en 1998, de faire reconnaître la nécessité de faciliter l’accès aux archives tant publiques que privées. États, marchands ou maisons de ventes admettent désormais largement la nécessité d’actions visant à la recherche des spoliations. Les principes admis à Washington, puis confirmés à Vilnius en octobre 2000, bien que non contraignants, sont tout à fait novateurs. Ils sont l’expression d’une nouvelle réalité juridique qui doit permettre de résoudre ces litiges originaux de par leur nature. Ainsi, la communauté internationale a pris conscience de la nécessité morale et éthique de reconnaître les spoliations. Elle se doit désormais de réparer ce qui peut l’être encore. Il en va finalement d’une question de principe.

Œuvres spoliées aux juifs : procédure en justice

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L'Avenirpublié le 20/02/2014 à 06h00

L’octogénaire allemand chez qui on a retrouvé des œuvres d’art volées par les nazis se pourvoit en justice. Il conteste la saisie.



Maison autrichienne de Cornelius Gurlitt

Plus de 60 nouvelles œuvres ont été découvertes dans la maison autrichienne de Cornelius Gurlitt

 

Cornelius Gurlitt, l’octogénaire allemand chez qui plus de 1 400 œuvres d’art ont été retrouvées, dont certaines soupçonnées d’avoir été volées à des juifs par les nazis, a lancé une procédure en justice contre la saisie de sa collection.

Les avocats de Cornelius Gurlitt ont déposé plainte devant le tribunal administratif d’Augsbourg (sud de l’Allemagne) contre la décision prise le 23 septembre 2011 de perquisition et de saisies de ses œuvres.

L’objectif est d’obtenir la levée de la saisie et donc de récupérer la collection.

Les avocats estiment que la saisie de la collection n’est pas justifiée par les soupçons de fraude fiscale concernant leur client, seul motif pourtant mis en avant par le parquet pour motiver cette saisie.

Parallèlement, ils répètent que M. Gurlitt est prêt à dialoguer avec d’éventuels ayants droit et qu’il a conscience de sa responsabilité morale. Par conséquent, il souhaite un accord à l’amiable sur des œuvres dont l’origine serait éventuellement problématique.

Le casse tête de la provenance des 1400 oeuvres d'art spoliées par les nazis

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RTBFpublié le 06/11/2013 à 20h08

Collectionneurs juifs spoliés, musées allemands purgés par les nazis... Déterminer l'origine des plus de 1.400 oeuvres d'art découvertes à Munich est un travail de titan pour les autorités allemandes critiquées pour leur apparente nonchalance.

Une des salles du jeu de Paume

 

"Les fonctionnaires qui s'occupent de l'affaire jouent un rôle bizarre, ils gardaient le secret" depuis plus d'an an, écrivait mercredi le quotidien General Anzeiger de Bonn.

"La timidité des efforts jusqu'à présent est sidérante", renchérissait le Münchner Merkur de Munich, la capitale bavaroise où furent retrouvées par hasard en février 2012, dans un appartement jonché d'ordures, 1.406 oeuvres dont des tableaux inconnus de Marc Chagall ou Otto Dix.

Ces dessins, aquarelles, lithographies ou peintures ont été trouvés dans l'appartement de Cornelius Gurlitt, octogénaire, fils d'un grand collectionneur d'art considéré comme juif, par sa grand-mère, qui a collaboré avec les nazis en écoulant à l'étranger des oeuvres volées aux juifs ou décrochées des musées.

"Le gouvernement ne s'est pas couvert de gloire", commentait le Rhein-Neckar-Zeitung.

"S'il est exact qu'une seule experte travaille sur la question compliquée des restitutions (..) on peut douter que les fonctionnaires aient mesuré le sérieux de la situation", ajoutait le Merkur.

Le porte-parole du gouvernement Steffen Seibert, qui assurait lundi que des experts aidaient "depuis des mois" le parquet de la petite ville d'Augsbourg, en charge de l'affaire, a précisé mercredi que des renforts étaient "à l'étude".

Car personne ne prétend que la solution soit simple.

En 1938 les nazis ont fait passer une loi pour purger les musées de l'"Art dégénéré", oeuvres parfois, mais pas toujours, réalisées par des artistes juifs. Tout ce qui n'était pas la représentation classique du corps humain était suspect aux yeux des autorités.

"En tant que propriétaire, le Reich allemand pouvait décider librement de se séparer de certaines oeuvres, pour quelque raison que ce soit", expliquait mardi dans le Frankfurter Allgemeine Zeitung Imke Gielen, avocate spécialisée dans les affaires de restitution.

Si Hildebrandt Gurlitt a à cette occasion acheté des tableaux, même à vil prix, son héritier Cornelius en serait le légitime propriétaire. D'ailleurs, après la guerre, les Alliés et le législateur allemand ont décidé de ne pas abolir la loi de 1938, pour donner des assurances au marché de l'art.

Les Américains, qui occupaient le sud-ouest de l'Allemagne ont saisi en 1945 la collection de ce marchand en cheville avec le Troisième Reich, selon des documents mis en ligne mercredi par le Holocaust Restitution Project, mais elle lui fut restituée en 1950.

La question des Juifs spoliés est sensiblement plus compliquée. Fin 1998 fut conclu l"Accord de Washington" par lequel les Etats et les grands musées s'engageaient à faire le maximum pour rendre à leur propriétaire ou aux ayants droit les toiles qui pendraient à leurs cimaises.

Mais, outre qu'il ne s'agit que d'un engagement volontaire, il ne concerne pas les particuliers.

"S'il est prouvé que Cornelius Gurlitt a hérité (de ces oeuvres), il en est l'héritier en tant que personne privée", a expliqué Vanessa-Maria Voigt, spécialiste de la question des restitutions, attachée au Stadtmuseum de Munich. "Il peut alors conserver les peintures. Il y a eu des restitutions de la part de particuliers, mais sur une base volontaire".

"Les héritiers, dont les familles ont été spoliées à l'époque nazie, peuvent tenter de faire valoir leurs droits", nuançait Me Imke Gielen. L'issue d'une telle procédure est "variable".

Mardi, le procureur d'Augsbourg Reinhard Nemetz a lancé un appel durant sa conférence de presse pour que "qui estime avoir perdu des oeuvres d'art durant le régime nazi s'adresse au parquet".

Ces incertitudes expliquent la grande prudence de l'Art Recovery Commission, groupe créé par le milliardaire américain Ronald Lauder, président du Congrès juif mondial, pour traquer les oeuvres volées durant la Shoah.

Son conseiller juridique Charles Goldstein a dit au New York Times de mercredi ses doutes sérieux quant aux possibles restitutions. "Il faut arriver à déterminer si (les oeuvres) ont été volées ou prises dans les musées", souligne-t-il en montrant de l'indulgence pour les autorités allemandes: "elles se retrouvent avec une patate chaude".

La succession Max Stern récupère des oeuvres d'art spoliées en Europe et en Amérique

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PRNewswirepublié le 10/12/2008 à 11h00


Berlin, December 8 - Dévoilement d'une oeuvre ayant appartenu au chancelier allemand Konrad Adenauer

Girl from the Sabine MountainsPlus de 70 ans après la liquidation forcée par les nazis de la collection de Max Stern, marchand d'art juif-allemand, deux nouvelles toiles ont été récupérées par sa succession. Les trois universités bénéficiaires de la succession Stern (l'Université Concordia, l'Université McGill à Montréal et l'Université hébraïque de Jérusalem) se sont engagées à recouvrer les oeuvres d'art disparues. Le retour de ces deux tableaux sera célébré au cours d'une conférence de presse le 10 décembre 2008, à 11 h, à l'Université de Toronto à Berlin (Markgrafenstrasse 37, Berlin).

La première toile faisait partie de l'inventaire de la Galerie Stern (Düsseldorf) au moins jusqu'en 1936. Elle s'est ultérieurement retrouvée dans la collection du chancelier allemand Konrad Adenauer. Le dévoilement de ce tableau d'un maître flamand se tiendra pendant la conférence de presse.

La deuxième oeuvre, qui s'intitule Girl from the Sabine Mountains, a été réalisée par Franz Xaver Winterhalter, un peintre de cour européen réputé. Sa restitution à la succession après une longue bataille juridique internationale sans précédent aura un impact important sur la récupération des autres oeuvres spoliées sous la persécution nazie. La famille de la baronne allemande Maria-Louise Bissonnette, qui vit aujourd'hui aux États-Unis, possédait la toile depuis son achat par son défunt beau-père, lors de la vente forcée à la maison de ventes aux enchères Lempertz à Cologne, en 1937.

La conférence de presse aura lieu à la vieille d'un colloque allemand soutenu par le gouvernement allemand sur les oeuvres spoliées. La succession y soulignera les efforts déployés pour récupérer près de 400 oeuvres perdues par Max Stern sous le régime nazi. Les recherches ont démontré que nombre d'entre elles se trouvent aujourd'hui en la possession de musées, d'entreprises et de collectionneurs allemands.

Assisteront à la conférence de presse des représentants du Canada, du cabinet d'avocats américain Andrews Kurth, du New York State Banking Department et de la maison de ventes aux enchères Christie's.

Norwegian museum agrees to return looted Matisse

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WTOPpublished 21/03/2014 at 01:26 PM ET by Toby Sterling


Amsterdam (AP) -- A Norwegian museum says it has agreed to return a Matisse once looted by Hermann Goering to the family of Jewish art dealer Paul Rosenberg.



Woman in Blue in Front of a Fireplace

This undated file photo released by Henie Onstad Kunstsenter on Friday, April 5, 2013, shows the painting "Woman in Blue in Front of a Fireplace," circa 1937 by Henry Matisse. A Norwegian museum says it has agreed to return a Matisse once looted by Hermann Goering to the family of Jewish art dealer Paul Rosenberg. The 1937 painting, "Woman in Blue in Front of a Fireplace," has been the centerpiece of the Henie Onstad Art Center near Oslo since the museum was established in 1968 by shipping magnate Niels Onstad and his wife, Olympic figure-skating champion Sonja Henie. The museum said in a statement Thursday that although it acquired the painting in good faith, it has "chosen to adhere to international conventions and return the painting to Rosenberg's heirs." (AP Photo/Oystein Thorvaldsen, Henie-Onstad Art Centre)

 

The 1937 painting, "Woman in Blue in Front of a Fireplace," has been the centerpiece of the Henie Onstad Art Center near Oslo since the museum was established in 1968 by shipping magnate Niels Onstad and his wife, Olympic figure-skating champion Sonja Henie.

The museum said in a statement Thursday that although it acquired the painting in good faith, it has "chosen to adhere to international conventions and return the painting to Rosenberg's heirs."

Norway is a signatory of the 1998 Washington Conference Principles on Nazi-Confiscated Art, which requires museums to review their collections for potentially looted works and when such a work is found, to try to locate rightful owners.

Now worth an estimated $20 million, the painting was taken by Goering after Rosenberg fled to New York in 1940, and sold to a Parisian art dealer later convicted of dealing in Nazi looted art. It was acquired from a different French gallery in 1950 by Onstad, who was apparently unaware of its provenance.

The museum investigated the painting's past only after being notified by the Rosenberg family of their claim to it in June 2012. The museum said that in the wake of the investigation -- which it believes is the first of its kind undertaken in Norway -- it has called upon the country's government to establish a committee to actually meet its obligations under the Washington Principles. Similar reviews have been launched in the U.S., Netherlands and Germany.

"Ultimately, it was the strength of the moral claim that persuaded the Henie Onstad Art Center to restitute this painting unconditionally to the Rosenberg heirs,' said Chris Marinello of Art Recovery Group, a lawyer representing the family.


"Monuments men" : à la recherche des trésors volés

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Les Echospublié le 14/03/2014 à 13h33 par Annie Coppermann


Monuments menC’est une histoire extraordinaire, et vraie, qui inspire le cinquième film réalisé par Georges Clooney. Celle de la longue traque lancée à la fin de la deuxième guerre mondiale par des civils américains, à la recherche des œuvres d’art volées par les nazis dans les musées, églises ou galeries des pays qu’ils occupaient. Pendant trois ans toiles, dessins, statues, bijoux et objets précieux de toutes sortes sont partis par camions entiers vers l’Allemagne. Où Hitler, toujours mégalomane, rêvait d’édifier – à Linz,- un gigantesque musée à son nom, qu’auraient jalousé toutes les autres nations.

A Paris, c’est Goering lui-même qui venait se servir, notamment au Musée du Jeu de Paume ou étaient dans un premier temps rassemblées les innombrables œuvres confisquées chez les artiste ou collectionneurs juifs, après leur fuite ou, souvent, leur déportation. Peu avant le Débarquement, en 1944, un certain nombre d’experts, professeurs, architectes et conservateurs connus aux Etats-Unis, conscients de l’importance des disparitions, ont persuadé le général Einsenhower – et le président Roosevelt – que sauver les œuvre d’art, patrimoine de l’humanité, était aussi important que sauver des vies humaines.

Un livre, « Monuments men », de Robert M. Edsel et Brett Witter ( J-C Lattès ) relate l’héroïque équipée d’un petit groupe d’entre eux, débarqués sous uniforme militaire dans les pas des libérateurs a priori peu concernés par l‘art. Objectif : éviter bombardement et destruction des monuments des pays traversés (c’était déjà trop tard pour certains sanctuaires italiens) et, si possible, récupérer les trésors volés, afin de les rendre à leurs légitimes propriétaires, ou à leur héritiers (ce que l’armée russe, on le verra plus tard, ne s’est pas toujours souvent soucié de faire).

Cette formidable aventure, qui d’ailleurs n’est pas terminée – on vient il y a peu de découvrir 1400 œuvres d’art volées , certaines signées Matisse ou Chagall, dans l’appartement munichois d’un octogénaire, Cornelius Gurlitt, fils d’un marchand de tableaux en relation avec les nazis – a particulièrement intéressé le célèbre amateur de Nespresso, qui ne la connaissait pas. On savait déjà qu’entre deux pubs et quelques rôles dans de grandes comédies à succès, le plus séduisant des quinquagénaires hollywoodiens – oui, lui aussi vieillit ! – fidèle soutien d’Obama et de militant pour le Darfour, prend le temps – et le risque – de réaliser, lui-même, on le sait, de solides films chargés de sens, et d’Histoire (notamment « Good Night and Good luck », sur la période du Mc Carthysme, et « Les Marches du pouvoir », sur les dessous d’une campagne électorale présidentielle, avec le regretté Philip Seymour Hoffman) ?

On n’est donc pas surpris de son désir, aujourd’hui, de faire découvrir au public le plus large cette incroyable et pourtant véritable « histoire » d’un exceptionnel sauvetage… artistique. Et l’on comprend sa volonté, pour « faire passer » un sujet qu’il craignait un peu aride, de rassembler autour de lui (qui interprète lui-même le chef du commando) une poignée de copains tous plus célèbres les uns que les autres, Matt Damon, Bill Murray, John Goodman, Cate Blanchett, et notre « Artist » national, Jean Dujardin . Mais voilà. Cette fois, le beau George a voulu trop bien faire. Il a, dit-il, pensé plus aux « Sept mercenaires » et aux « Douze salopards », voire à… « Ocean’s eleven », qu’aux grands films de guerre classiques, et, à force de simplifier la réalité, et de l’enjoliver, transforme son passionnant récit en… bande dessinée rigolarde. En fantaisie potache, mélange hybride, sympathique, certes, mais déroutant, de didactisme bien pensant et d’humour d’affreux jojo.

On a du mal à lui en vouloir, tant son message sur l’importance vitale de préserver notre patrimoine artistique et culturel, fondement même et ciment de notre civilisation, reste d’actualité. Et tant, pour mieux le faire passer, il a mis d’énergie à construire un véritable suspense, agrémenté de quelques séquences particulièrement émouvantes : on ne s’ennuie jamais à suivre les « Monuments men » (ici réduits à sept, pour cause, sans doute, de casting et de facilité de tournage) dans leur odyssée héroïque. Paris, Bruges (dont la célèbre « Madone » a quitté l’église), Gand (où le triptyque de Van Eyck, « l’Agneau Mystique », a disparu) puis, en Allemagne, la ferme d’un collaborateur de Goering qui y a accroché un tableau de la collection Rothschild, à chaque étape, on a droit à une surprise.

Jusqu’au bouquet final, les mines de sel de Siegen, Kochendorf et Altaussee, où les Allemands , dans la boue et les gravats, avaient entassé pêle-mêle des centaines de chefs d’œuvre, toiles et dessins de Rembrandt, Picasso, Memling, Vermeer, Watteau, Monet, Pieta de Michel Ange, vitraux de la cathédrale de Strasbourg, reliques de Charlemagne, manuscrits de Beethoven, et autres trésors qui devaient, en cas de défaite, être définitivement détruits. Mais si la vue des chefs d’œuvre retrouvés , après celle de quelques toiles incendiées, bouleverse, on est, en même temps, comme déconnecté : même dans les moments grave Clooney, étrangement , joue systématiquement la décontraction, la légèreté, l’humour, multipliant les « private jokes », les clins d’œil, les calembours, et transforme ses authentiques héros en joyeux drilles toujours en train de plaisanter, au point qu’ils en décrédibiliseraient presque leurs pourtant admirables modèles…

Mon avis

Un sujet formidable, qui, pour beaucoup sera une révélation. Une volonté de vulgarisation qui touche, pour raconter l’Histoire, même romancée. On découvre ainsi, notamment, une résistante peu connue, la Française Rose Valland, ici incarnée par Cate Blanchett, qui travaillait au Jeu de Paume, et, clandestinement, tenait un registre minutieux des œuvres qui lui passaient entre les mains, ce qui lui a permis, ensuite, de mettre les « Monuments Men » sur leur piste, via l’un des militaires qui accompagnait Goering. Une distribution éblouissante. Mais un résultat mi-chèvre-mi-chou, qui fait souvent plus penser à un film pour ados qu’à une l’illustration d’une grande page méconnue de la deuxième guerre mondiale. A voir comme un divertissement, plaisant, mais… un peu frustrant.

Laura Knight's Nuremberg Trials diary and Goering sketch is compelling at NPG

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Culture24published 25/09/2013 at 21:49 by Richard Moss


Visitors to the Dame Laura Knight exhibition at London's National Portrait Gallery may be impressed by her portraits. But an exhibit from her native Nottinghamshire threatens to steal the show.



Caricature de Goering

 

Beneath her 1946 painting, Nuremberg Trial, an extract from her Nuremberg Trials diaries is on display. Having persuaded the War Artists Advisory Committee to let her cover the trials as the Official British War Artist (Knight was 70 years old), she spent months sketching and listening to the appalling testimony of the Nazi leaders.

Knight was horrified by the devastation she saw during her time in Germany and shocked by what she heard and witnessed during the tirals. Her diaries from the time offer an unprecedented insight into the proceedings and her sketches capture the characters of the men who sat in the dock.

Born in Long Eaton, on the Derbyshire-Nottinghamshire border, the former pupil of Nottingham Art School bequeathed her Nuremberg diaries to Nottinghamshire Archives, who have loaned them to the exhibition.

During the trials Knight began work on the now famous painting featuring Rudolph Hess, Herman Goering, Albert Speer and other leading figures of the Nazi party, who she depcited seated in the courtroom beneath a landscape of desolation and destruction.

Dame Laura KnightSitting in the broadcast box almost on top of the main protagonists, her  diary of sketches and observations reveals a fascinating "double portrait" of Hermann Goering, the former Nazi Reichsmarshall who at one time was deputy to Hitler.

Goering was a charismatic presence at the trials, and at times Knight found herself staring intently at his great bulking form.

The entry, dated January 12 1946, reads: “Goering was not his usual devil-may-care self...his great mouth stretched across his face, his nostrils pinched. At certain moments he raised his slightly singed eyes, looking at nothing.”

Next to her sketch of the appallingly enigmatic founder of the Gestapo, Knight observes:  “He must take eights in hats and his face also is enormous.”

She continues: “The Court today was very full and I felt pretty ruthless myself to be absorbed in my own doings while such history is being made.”

Goering was eventually sentenced to death by hanging for his complicity in the atrocities of the Nazi regime, but he took his own life by ingesting a cyanide capsule before the sentence could be carried out.

Councillor John Knight, the Committee Chairman for Culture at Nottinghamshire County Council, describes the sketch of Goering as “haunting” and says he is delighted to support the exhibition.

“Knight instructed in her will that certain papers and documents be left with our archives service, which demonstrates her fondness for the county in which she grew up.”

It was a valuable bequest and one that should be seen and read more widely.



Laura Knight - The Nuremberg Trial 1946

Laura Knight - The Nuremberg Trial 1946

 

Exhibition continues at the National Portrait Gallery until October 13. It will then be at The Laing Art Gallery in Newcastle from November 2 2013 - February 16 2014 and Plymouth Art Gallery from March 1 - May 10 2014.

Goering, a museum and Nazi-looted art

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UPIpublished 10/10/2010 at 03:30 AM by Michael Kirkland


Washington, Oct. 10 (UPI) -- How many years, how many laws or court rulings, how many regulations does it take to wash the tragedy from a work of art?

Hermann Göring and Adolf Hitler

 

What makes an artwork -- stolen from desperate people, part of what would become the largest claim of restitution involving Nazi theft -- clean enough to be kept in a museum?

The U.S. Supreme Court may have a try at finding out.

The focus of a case brought before the high court this term involves the delicate balance among state, federal and foreign governments, and more specifically a California law that extends the statute of limitations for court actions against museums and galleries to recover Nazi-looted art.

The case is also a detective story of sorts, with plenty of byzantine twists and turns and a whiff of Bolshevik perfidy and Nazi greed.

"The California Legislature has recognized the unique nature of claims for the return of artworks looted during World War II ... and the roadblocks that make pursuing these claims so difficult," a petition in the case says. "Those who seek legal redress for the theft of artworks during WWII must engage in detailed investigations, often in several countries, obtain translations of foreign historical documents and seek the assistance of legal and historical experts, among other things, all of which may take many years to complete."

Trying to recover looted art "also inevitably forces victims and their heirs to relive the horrors associated with that era," the petition adds. Families or heirs "are often thwarted in their efforts to regain their property because present day possessors resort to statutes of limitations and other technical defenses despite undeniable proof of an earlier Nazi confiscation."

The 2002 California law, unanimously enacted by the Legislature, extends "the statute of limitations for claims for the return of Nazi-looted artworks brought in California against museums or galleries," the petition said. The new law "prevents museums and galleries -- which should know the importance of provenance and are in the best position to discover whether an artwork they are acquiring is among the thousands looted during WWII -- from taking advantage of a technical defense to a meritorious claim for the return of stolen artworks."

In other words, simply citing a statute of limitations doesn't protect the museum.

The art in question is by Lucas Cranach the Elder, a 16th century German Renaissance painter and print-maker, known for his portraits of Martin Luther and other Reformation figures. But he wasn't above doing the occasional nude.

Cranach's life-size "Adam" and "Eve" -- appraised at $24 million for the pair -- are on display at the Norton Simon Museum of Art at Pasadena, Calif.

Who owns the works is the subject of debate. So is the identity of the original victim, a noble Russian family or a world-renowned Jewish art dealer in pre-war Amsterdam.

Marei von Saher, a Greenwich, Conn., resident and "the sole living heir of the noted Jewish art dealer, Jacques Goudstikker," says the Cranachs were part of the works at Goudstikker's gallery. Von Saher is Goudstikker's daughter-in-law.

After the Nazis invaded the Netherlands in 1940, only 35,000 of 140,000 Dutch Jews survived the war.

Reichsmarschall Hermann Goering looted the Goudstikker gallery of more than 1,000 pieces of art, including the Cranachs, which he wanted for his personal collection. Actually, Goering put low-level employees in charge of the massive Goudstikker collection, then forced them to sell at ridiculously low prices.

After the invasion, the Jewish Goudstikker, 43, fled the country, and died after he broke his neck in a fall aboard a ship crossing the English Channel.

After the war, the Cranachs and the other artworks were recovered by Allied troops, and in accordance with policy, turned over to the Netherlands with the expectation they would be returned to the original owner.

Von Saher's petition said Goudstikker's widow did receive some works, but the Dutch government retained the Cranachs and other art looted by Goering.

Meanwhile, Georges Stroganoff-Scherbatoff appeared in 1961 to say the art actually belonged to his noble Russian family. The Dutch sold the art to Stroganoff in 1966, Von Saher's petition said.

"In fact, the Cranachs came from the Church of the Holy Trinity in Kiev, and Goudstikker purchased them at an auction in 1931," the petition said. "They had never been part of the Stroganoff family art collection."

The Norton Simon Museum of Art at Pasadena acquired the Cranachs from Stroganoff in the early 1970s, where von Saher said she discovered them on or about November 2000.

At that point, von Saher said she wanted the Cranachs back, but the museum said no.

Meanwhile, the Dutch government apparently had a change of heart in 2001 and decided to return 200 priceless works of art to von Saher.

The museum tells a slightly different story of the Cranachs' provenance: "The Soviets" -- needing hard currency -- "sold the Cranachs in 1931 as part of an auction titled 'the Stroganoff Collection,' which featured artworks (confiscated after 1917) from the noble Stroganoff house," the museum said in its own brief. The Stroganoff family fled the revolution and all their Russian property was confiscated. "Over the Stroganoff family's protest, the Cranachs were purchased by ... a prominent Dutch art dealer named Jacques Goudstikker."

Under protest, Goudstikker's widow chose not to seek the return of the artworks, the museum said, "which would have required her to return the money paid by Goering for those works" in the forced sale. "The time to file a claim under Dutch law elapsed in 1951."

The Dutch government transferred the Cranachs to Georges Stroganoff-Scherbatoff as part of a settlement that also included money.

Von Saher filed suit in federal court in Los Angeles in May 2007 to recover the Cranachs from the Pasadena museum, but a judge dismissed the suit, holding the California law extending the statute of limitations to make the claim "intrudes on the federal government's exclusive power to make and resolve war, including the procedure for resolving war claims," and is therefore unconstitutional. Without the new law, von Saher had only three years to make her claim under California law after discovering the Cranachs in the museum.

The 9th U.S. Circuit Court of Appeals also ruled for the museum, saying the California law was designed to create "a worldwide forum for the resolution of Holocaust restitution claims," which was not a "traditional state responsibility." Since California was not exercising a traditional state function, the court said, the state law was pre-empted by the foreign affairs power reserved to the federal government because the intent of the state statute was to right wartime wrongs.

In her petition to the U.S. Supreme Court, von Saher said the appeals court "misconstrued" Supreme Court precedent, particularly in 2003's American Insurance Association vs. Garamendi.

The Garamendi case came about because the Nazis "confiscated the value or proceeds of many Jewish life insurance policies issued before and during the Second World War," the Supreme Court said in its ruling. "After the war, even a policy that had escaped confiscation was likely to be dishonored, whether because insurers denied its existence or claimed it had lapsed from unpaid premiums, or because the German government would not provide heirs with documentation of the policyholder's death."

As in the artworks case, California acted, its Legislature passing the Holocaust Victim Insurance Relief Act of 1999. The state act required any insurer doing business in the state to disclose information about all policies sold in Europe from 1920 to 1945 by the company or anyone "related" to it. Violations of the act meant loss of an insurer's state business license.

After the act became law, California issued administrative subpoenas against several subsidiaries of European insurance companies that were already cooperating with an international commission on Holocaust insurance claims. The federal government then warned California its new law interfered with the work of that commission.

Eventually, the U.S. Supreme Court ruled the California Holocaust insurance law "interferes with the president's conduct of the nation's foreign policy and is therefore pre-empted."

Von Saher's lawyers argue the California law extending the statute of limitations for the recovery of looted art, unlike the state law in Garamendi, does not conflict with any federal law or international treaty, and the 9th Circuit's ruling in the Cranach case unconstitutionally extends federal pre-emption.

Von Saher is no longer alone in her case. A number of organizations have filed friend-of-the-court briefs on her behalf, including the Simon Wiesenthal Center and Bet Tzedek, "The House of Justice," a Southern California non-profit legal service that says it has represented more than 800 Holocaust survivors or their families. California also has filed a brief supporting her.

All these briefs, of course, presumably were read by the Supreme Court justices this summer, including the briefs filed by von Saher and the museum. The high court could take several actions: rule summarily for either side without hearing argument, agree to hear argument before any ruling or simply refuse to review the case.

For the moment, the justices are asking the U.S. solicitor general's office for advice. At the start of the new term on the first Monday in October, they asked the administration lawyers for an opinion on what should be done with the case.

The solicitor general's office should reply with an opinion within a couple of months.

Sanzio Raffaello dit Raphaël

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Sanzio Raffaello dit RaphaëlRaffaello Sanzio, dit Raphaël, eut pour premier maître son père, Giovanni di Sante di Pietro, peintre médiocre, mais doué d’un rare bon sens, et qui comprit au bout de quelques mois toute l’insuffisance de son enseignement... Ainsi il l'envoya se parfaire à Pérouse dans l'atelier du Pérugin. Vers 1500, Raphaël est déjà considéré comme un maître à part entière. En 1504, il s'installe à Florence où il étudie la technique des peintres de son temps : Léonard de Vinci, Michel-Ange etc...

Ces maîtres l'inspirent par leurs dessins de l'anatomie et leurs représentations de la lumière. Raphaël réalise pendant cette période de nombreuses Madones qui surprennent par leur équilibre et la pureté de leurs lignes. En 1508, le peintre est appelé à Rome par le pape Jules II pour décorer plusieurs pièces du Vatican. Puis à la mort du pontife en 1513, son successeur, Léon X, le nomme architecte en chef de la basilique Saint-Pierre. Dans cette période faste, l'artiste réalise également des tapisseries destinées à la Chapelle Sixtine ainsi que de nombreuses peintures et fresques.

« Il n'existe pas de témoignages certains sur la jeunesse et la formation artistique de Raphaël. Sur la base de ce qu'en dit le biographe du XVIe siècle Giorgio Vasari et de ce qu'on peut lire sur une inscription gravée sur le tombeau de Pietro Bembo, on pense qu'il est né à Urbino le 6 avril 1483, fils du peintre et lettré Giovanni di Sante di Pietro et de Magia di Battista di Nicola Ciarla. La qualité surprenante et la modernité des premières œuvres attribuées à l'artiste font se poser de nombreuses questions quant à sa première activité, très probablement entreprise sous la conduite de son père, dans le climat cultivé et éclairé de la cour des Montefeltro et, pendant quelque temps - si l'on en croit encore Vasari et d'autres biographes de l'époque -, dans l'atelier prospère du Pérugin.

Le premier document concernant Raphaël est le contrat pour le retable représentant Le Couronnement de saint Nicolas de Tolentino, vainqueur de Satan pour l'église Sant'Agostino à Città di Castello, signé le 10 décembre 1500. À cette date, Raphaël a dix-sept ans à peine, mais on l'appelle déjà "magister" même si, pour cette œuvre, il travaille en collaboration avec Evangelista da Pian di Meleto, plus âgé que lui. Ce retable sera plus tard endommagé lors d'un tremblement de terre et sera de ce fait fragmenté ; l'identification des parties subsistantes et de quelques dessins préparatoires permet toutefois d'en mesurer la qualité exceptionnelle, qui rappelle celle de l'Etendard de la Sainte Trinité, lui aussi à Città di Castello et sans doute de la même époque, et qui laisse penser que le jeune artiste a dû entrer en contact avec des artistes du milieu florentin et vénitien et voir les dessins de Dürer.

La question fort débattue de l'influence du Pérugin sur Raphaël, ainsi que de l'époque et de la durée de son apprentissage dans l'atelier de ce dernier ne trouve aucun éclaircissement satisfaisant dans les informations contradictoires qu'en donnent les sources et dans la difficulté que l'on a à dater les œuvres "péruginiennes" de Sanzio : Le Retable Oddi de la Pinacothèque du Vatican et La Crucifixion Mond de la National Gallery de Londres, exécutées l'une à la suite de l'autre sans doute entre 1502 et 1503. Question inextricablement soumise à celle de ses rapports avec Pinturicchio, avec qui Raphaël fut très lié. Toujours d'après Vasari, l'Urbinate, âgé de vingt ans à peine, aurait réalisé les cartons des fresques de la Bibliothèque Piccolomini de Sienne, peints avec un résultat on ne peut plus discutable par le Pinturicchio ; les deux petits cartons sûrement autographes (1502) conservés aux Offices sont une preuve de la maturité acquise par Raphaël grâce à un travail incessant.

C'est dans son Mariage de la Vierge de 1504, réalisé pour la Chapelle Albizzini dans l'église San Francesco de Città di Castello et aujourd'hui à la Pinacothèque de Brera, qu'il se rapproche le plus du Pérugin : œuvre magnifique qui, comparée à celle du Pérugin sur le même sujet conservée au Musée des Beaux-Arts de Caen, en dit long sur l'écart qui sépare désormais le maître et l'élève et montre toute l'originalité dont fait preuve Raphaël en reformulant les schémas conventionnels avec une liberté d'esprit et une maestria remarquables.

Les dimensions de ce retable et les rapports entre les parties internes du tableau, structurées selon une composition très précise, répondent à des principes d'harmonie qui reflètent l'application de processus scientifiques et mathématiques obéissant aux schémas idéaux tracés par Alberti dans le livre VII de son De Re Aedificatoria.

Le rapport évident entre le temple qui domine la scène du Mariage et celui réalisé par Bramante à San Pietro in Montorio à Rome en 1502 renforce l'hypothèse que Raphaël, dans les premières années du XVIe siècle, se soit à plusieurs reprises éloigné de sa ville natale. La fresque représentant La Sainte Trinité avec des Saints dans l'église du couvent San Severo à Pérouse, datée de 1505 - date ajoutée à une époque plus tardive selon certains - et achevée par le Pérugin en 1521, montre un changement de style radical, entièrement libéré de l'influence "péruginienne" du Mariage. Changement qui s'était déjà manifesté dans des œuvres difficilement datables comme Le Retable Colonna (New York, Metroplitan Museum) et Le Retable Ansidei (Londres, National Gallery).

Le premier octobre 1504, Giovanna Felicita Feltria della Rovere, épouse du duc d'Urbino, adresse à Pier Soderini, gonfalonier de la République de Florence, une lettre de recommandation pour que Raphaël reçoive à Florence les commandes qu'il mérite. En effet, entre 1505 et 1508, l'artiste peindra dans cette ville quelques-uns de ses chefs d'œuvres, fruits d'une progression personnelle sans cesse renouvelée et retravaillée, que nous confirment les analyses faites sur un grand nombre de ses œuvres et sur l'énorme quantité de dessins qui nous sont parvenus. Le stimulant climat artistique et culturel de Florence semble accélérer, s'il est possible, l'évolution stylistique de Raphaël. Il se surpasse dans la recherche de la perfection des formes en réélaborant des modèles et des idées d'autres artistes avec une savante et inépuisable puissance créatrice. Il en résulte des œuvres mémorables, d'une incomparable beauté : les Portraits de Agnolo et Maddalena Doni, d'une évidence naturaliste déconcertante ; la Vierge au chardonneret (Florence, Offices), la Madone du Belvedère (Vienne, Kunsthistorisches) portant la date de 1506 sur le cou de la Vierge et la Sainte Famille Canigiani ( Münich, Alte Pinakothek) qui reflètent pleinement l'influence de Léonard de Vinci ; la Vierge du Grand-Duc (Florence, Galerie Palatine); la Grande Madone Cowper (Washington, National Gallery of Art) datée de 1508 ; la Belle Jardinière (Paris, Louvre) et la Mise au tombeau (Rome, Galerie Borghèse). Ce dernier tableau, sûrement commissionné en 1507, représente pour l'artiste une coupure avant les années qu'il va passer à Rome. Cette scène, qui peint la douleur d'Atalanta Baglioni pour la mort de son fils Grifonetto, assassiné en 1500, marque le premier impact de Raphaël avec un thème narratif. Seize dessins préparatoires scandent la laborieuse élaboration de ce texte figuratif, dans lequel le maître expérimente de nouvelles solutions en s'inspirant tantôt de la sculpture antique, tantôt du réalisme flamand, tantôt encore de la monumentale évidence anatomique du Michel-Ange de la Chapelle Sixtine, ce qui porte à penser que Le Retable Baglioni n'a été achevé que beaucoup plus tard.

Arrivé à Rome, probablement à la fin de 1508 - mais le document qui atteste sa présence dans cette ville est un paiement de janvier 1509 -, Raphaël semble travailler de façon discontinue sur plusieurs fronts. Il mit sans doute la main tout d'abord à la fresque représentant le Triomphe de Galatée dans la Villa Chigi à la Lungara ; on y voit en effet une certaine continuité avec les œuvres de Florence et en particulier avec la Sainte Famille Canigiani, même si la complexité de ce tableau est plutôt à mettre en rapport avec la Déposition. Au cours de l'année 1509, il commence à travailler au Vatican dans les appartements de Jules II.

La Chambre de la Signature fut achevée en 1511, date que l'on lit sous le Parnasse et dans l'architrave de la fenêtre correspondant aux Vertus. Malgré l'incohérence de la composition des différentes scènes, Raphaël fait naître une peinture théâtrale, d'une pure et savante conception humaniste, où la mise en scène est confiée aux architectures peintes, décor ouvert sur l'infini et lieu où se synthétisent les concepts universels du Beau, du Bien, du Vrai et du Juste. C'est par contre un sujet historique qui est à la base de la décoration de la Chambre d'Héliodore, selon un schéma sans doute suggéré par le pape Jules II. On voit se dessiner ici un autre changement tant sur le plan stylistique que sur le plan idéologique : la narration devient dramatique, les expérimentations sur la lumière rendent la couleur plus intense et plus profonde, le naturalisme y est de plus en plus évident. Mais dans cette deuxième chambre les interventions des élèves sont beaucoup plus nombreuses, à commencer par l'Expulsion d'Héliodore du Temple pour s'affirmer pleinement dans la Rencontre d'Attila et de Léon le Grand.

Le dernier paiement à Raphaël Sanzio pour ces fresques date du 1er août 1514. Son travail au Vatican, et en général ses rapports avec Jules II, ont une importance capitale dans la vie du maître. Le pape lui-même est représenté sous les traits de saint Sixte dans la splendide Vierge Sixtine, peinte pour les moines de Saint-Sixte à Piacenza et aujourd'hui à Dresde (Gemäldegalerie) avec une maestria remarquable aux environs de 1513, alors qu'il avait depuis longtemps commencé Le retable de l'église de l'Aracoeli représentant la Vierge de Foligno, aujourd'hui à la Pinacothèque du Vatican, une des rares œuvres publiques de ces années-là. L'année qui précéda la mort du pape, survenue en février 1513, Raphaël avait peint un intense Portrait de Jules II, aujourd'hui à la National Gallery de Londres, donné par le pape à l'église Santa Maria del Popolo, où il fut exposé avec La Vierge au voile. Ces deux tableaux, avec les Sibylles peintes à fresque dans la chapelle funéraire d'Agostino Chigi à Santa Maria della Pace et l'Isaïe de Sant'Agostino - œuvres que l'on peut toutes dater autour de 1512, période d'influence michélangelesque - furent les seules, à cette époque, à être publiquement accessibles.

Le nouveau pontificat de Léon X (11 mars 1513) marque un tournant dans la carrière de Raphaël, qui est alors chargé de diriger les travaux de la Fabrique de Saint-Pierre et qui, en 1515, assume la charge de surintendant aux Antiquités en tant qu'architecte et connaisseur de choses antiques. Son activité d'architecte, basée sur son incessante méditation sur l'œuvre de Bramante, avait débuté en 1513 par un projet pour la chapelle Chigi de Santa Maria del Popolo. Entre-temps, le pape Médicis lui confirmait la rénovation des Chambres et, entre 1514 et 1517, Raphaël achevait celle de L'Incendie de Borgo, avec la collaboration massive de son école qui allait, d'ici à quelques années, changer le visage de la peinture et à laquelle on doit l'entière réalisation de la dernière chambre, celle de Constantin. C'est entre les années 1513 et 1515 environ que remontent certains chefs d'œuvre qui comptent parmi les plus beaux portraits de tous les temps : La Femme voilée (Florence, Galerie Palatine), Baldassare Castiglione (Paris, Louvre), Bindo Altoviti (Washington, National Gallery of Art).

Vers 1515 il est chargé d'exécuter les cartons des tapisseries qui devront être placées sous les fresques de la Chapelle Sixtine au Vatican, aujourd'hui conservées au Victoria and Albert Museum de Londres. Mais l'activité de Raphaël pendant les cinq dernières années de sa vie reste aussi obscure que celle de ses débuts. Rares sont les commandes importantes qui lui sont faites : le fameux Retable de Sainte Cécile pour la chapelle de la Beata Elena Duglioli dall'Oglio dans l'église San Giovanni à Monte Uliveto à Bologne, le Portement de croix (ou le Spasimo de Sicile aujourd'hui à Madrid, Prado) pour l'église palermitaine de Santa Maria dello Spasimo, le Saint Michel terrassant le démon (Paris, Louvre), commandé par Laurent de Médicis et envoyé au roi de France en 1518 en même temps que la Sainte Famille de François Ier (Paris, Louvre). Œuvres auxquelles s'ajoutent quelques portraits tardifs, comme l'extraordinaire Double portrait du Louvre où apparaît l'autoportrait de l'artiste, la Fornarina (Rome, Galleria Nazionale d'Arte Antica), le portrait de Léon X avec deux cardinaux (Florence, Offices) exécuté pour le mariage de Laurent de Médicis.

L'activité artistique du peintre, dans les dernières années de sa vie, est fortement liée à la prolifique production de son atelier qui exécute, sous sa direction, les décorations "à l'antique" de la Stufetta et de la Loggetta du cardinal Bibbiena dans ses appartements du Vatican, la Loge de Psyché à la Farnesina, et les fameuses Loges décorées de Scènes de l'Ancien Testament dans les palais du Vatican, achevées en 1519. Ce sont des années d'un travail frénétique où l'activité de l'artiste se déploie dans de multiples secteurs, allant des projets architecturaux (la villa dite plus tard de la Madama pour Jules de Médicis à Monte Mario et quelques autres édifices remaniés par la suite ou démolis), à la recherche archéologique et à la conservation (lettre à Léon X sur les antiquités de Rome), à la production d'estampes sur des dessins de lui entreprise avec Marcantonio Raimondi.

Raphaël meurt le 6 avril 1520 au terme d'une brève maladie, alors qu'était en cours de réalisation la Transfiguration (Pinacothèque du Vatican), qui lui avait été commissionnée, selon la tradition, en concurrence avec la Résurrection de Lazare de Sebastiano del Piombo. »

Michel-Ange

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Michel-Ange Michel-Ange Buonarroti : Sculpteur, peintre, architecte et poète florentin, né à Caprese le 6 mars 1475, mort à Rome le 17 févr. 1564. Cet homme, qui fut une des plus puissantes intelligences du monde et qui devait vivre presque un siècle, naquit au château de Caprese, dans le diocèse d'Arezzo, province du Casentin, le dimanche 6 mars 1475, de Lodovico di Leonardo Buonarroti Simoni et de Francesca Ruccellai. De son vivant même, des généalogistes faisaient descendre les Simoni des comtes de Canossa, mais cette assertion d'une noblesse inutile à Michel-Ange paraît aujourd'hui tout à fait injustifiée.

Son père, né en 1444 et mort seulement en 1534 – sa mère mourut en 1497 – était à ce moment podestat de Caprese et Chiusi; les six mois de sa fonction expirés, Lodovico vint à Settignano où il possédait une petite propriété et là son fils fut mis en nourrice chez un tailleur de pierres. La famille de Michel-Ange était nombreuse : on avait placé ses frères dans le commerce des soieries ; lui par faveur fut envoyé à Florence à l'école d'un certain grammairien, Francesco da Urbino. L'enfant pourtant n'avait de goût que pour le dessin, mais, quand il osait dessiner, son père et ses oncles le battaient, ne voyant dans l'art que métier d'artisan indigne d'eux. Cependant il s'était lié d'amitié avec Granacei qui suivait les leçons de Ghirlandajo et, quand l'opposition de son père et de ses oncles fut vaincue, ce fut dans l'atelier de Ghirlandajo qu'entra Michel-Ange, le 1 avr. 1488 : il y entrait pour trois ans et le maître, contrairement à tous les usages, s'engageait à payer pour ce temps 24 florins d'or à l'élève.

Il y apprit l'art du dessin le plus rapidement du monde et ayant trouvé une estampe du maître graveur de Colmar, Martin Schœn, Saint Antoine battu par les démons, il la copia et de lui-même il la mit en couleur. L'influence de Ghirlandajo fut du reste très petite sur Michel-Ange ; déjà il étudiait les fresques de San Spirito et y trouvait un maître autrement puissant et proche de la nature, Masaccio. Tandis qu'il le copiait, par son habileté il attirait ses premiers envieux avant d'avoir produit sa première oeuvre : Ghirlandajo lui-même s'en troublait, et d'un coup de poing le jaloux et violent Torrigiani lui faisait au nez une cassure qui devait pour la vie marquer son dur visage d'un accent plus sauvage encore. Michel-Ange étudiait aussi Donatello et Jacopo della Quercia et à leur étude il avivait sa toute jeune intelligence, mais c'était des anciens que la plus grande révélation de l'art devait lui venir.

Laurent de Médicis venait de fonder dans son palais une école de sculpture dont il avait confié la direction à un élève de Donatello, Bertoldo ; il demanda des élèves à Ghirlandajo, et le peintre lui envoya Granacei et Michel-Ange. Michel-Ange entra à l'école du Magnifique en 1489 sans avoir terminé son apprentissage de peintre ; il pénétra dans les jardins de Saint-Marc et, lui qui allait créer un art nouveau à l'encontre de l'art antique, il fut si surpris d'admiration devant les statues grecques collectionnées par les Médicis, qu'il se promit aussitôt d'être un sculpteur ; il copia d'abord un Masque de Faune, et Laurent, dès qu'il le vit, en fut satisfait à tel point qu'il reçut l'artiste familièrement à sa table et lui fit donner 5 ducats par mois. Là Michel-Ange connut Politien, et sur ses conseils il sculpta en bas-relief le Combat des Centaures et des Lapithesqu'on appelle le Combat des Géants, à la casa Buonarroti, à Florence, où il se trouve ainsi qu'une Madone qu'il fit vers le même temps. Mais Laurent le Magnifique mourut bien vite, en 1492, et Michel-Ange s'éloigna des Médicis.

Il retourna chez son père où il composa une figure d'Hercule qui appartint aux Strozzi jusqu'en 1529, elle fut achetée alors par Gian Battista della Palla pour le compte de François Ier et est aujourd'hui disparue. A la même époque, il put faire de longues études d'anatomie à l'hôpital de San Spirite avec l'autorisation bienveillante du prieur qu'il remercia en lui sculptant un Crucifix en bois qu'on croit disparu aussi. Rappelé en 1494 par l'indolent et incapable Pierre de Médicis, Michel-Ange chercha pour lui des pierres gravées et fit une statue de neige pour son plaisir ; puis dans une surexcitation nerveuse où le portait l'excès de travail, il se laissa impressionner par un chanteur qui avait vu en songe Laurent de Médicis lui prédire la chute de sa famille, ou simplement peut-être prévit-il une chute que rendait imminente l'impopularité du fils Médicis et, lassé d'ailleurs de sa protection, il partit pour Venise, mais n'y trouvant rien à faire, il revint à Bologne où il fut reçu et protégé par Francesco Aldobrandi, qui lui fit confier l'achèvement de la châsse de saint Dominique commencée par Nicolas de Pise, et dans laquelle il exécuta la statue de San Petronino et la statuette d'un Ange tenant un candélabre. Puis en 1495, de retour à Florence, d'où Pierre a été chassé le 8 nov. 1494, il sculpte pour un Médicis de la branche républicaine, Lorenzo di Pier Francesco, un petit Saint Jean-Baptiste que l'on croit retrouver au musée de Berlin ; il sculpte aussi le Cupidon endormi, qui peut être celui de l'Académie des beaux-arts de Mantoue, et sur le conseil de Lorenzo di Pier Francesco il le laisse passer pour un antique : le cardinal San Giorgio l'achète comme tel, puis détrompé il se prend d'admiration pour Michel-Ange et lui fait demander de venir à Rome.

Les dix années qui passent de 1495 à 1505 marquent la période heureuse et tranquille de la vie de Michel-Ange, et pendant ce temps toute la sérénité de sa vie se reflète dans son œuvre. À vingt ans, il a la possession de son art. Il est célèbre déjà et, sorti des tracasseries de l'école, ni les hommes ni les choses ne lui sont encore fâcheux. Le 25 juin 1496, Michel-Ange arrive à Rome, dans cette Rome éternelle qu'il allait grandir en l'emplissant de sa pensée ; il y resta jusqu'en 1501. On sait peu de chose sur son premier séjour à Rome : le cardinal San Giorgio qui l'avait fait venir ne s'occupa pas de lui, mais il fut protégé par Jacopo Galli, pour lequel il fit en 1497 le Cupidon agenouillé du musée de Kensington et le Bacchus ivre du Musée national de Florence.

Vers le même temps il sculpta l'Adonis mourant qui est aussi au Musée national et il fit en 1498, pour le cardinal Jean de Villiers, abbé de Saint-Denis et ambassadeur de Charles VIII auprès d'Alexandre VI, la Pietà de Saint-Pierre de Rome : la Pietà, qui est le seul ouvrage signé de Michel-Ange, lui fut payée 450 ducats d'or. En 1504, le cardinal Piccolomini, qui allait être pape un instant sous le nom de Pie III, lui commanda quinze statues pour la bibliothèque du Dôme de Sienne : il n'y en eut sans doute que quatre exécutées, et la seule qui existe encore aujourd'hui avait été commencée par Torrigiano. La même année, rappelé par des affaires de famille, Michel-Ange revient à Florence. L'Œuvre de la cathédrale possédait un bloc de marbre énorme qui, ébauché en 1468 par Bartolommeo di Pietro, avait déplu à la Seigneurie ; Léonard consulté avait déclaré qu'on n'en pouvait plus rien faire. Michel-Ange, tenté par cet impossible, obtint dès son retour, au mois d'août 1501, la concession du bloc, et, comme il s'y était engagé, en deux ans il en fit sortir le David qui fut placé longtemps sur la Signoria devant le Palais-Vieux et qui est maintenant à l'Académie des beaux-arts ; dans la commission chargée de recevoir le David – qui fut payé 400 ducats – se trouvaient Léonard de Vinci, Filippino Lippi, Ghirlandajo, Pérugin et Botticelli : en le voyant, toute la ville de Florence fut dans l'enthousiasme.

Les Florentins voulant dans ce temps-là ménager la bienveillance du maréchal de Gié, le gonfalonier Soderini commanda pour lui à Michel-Ange un David en bronze, mais Michel-Ange, très occupé, ne le termina qu'en 1508 et, le maréchal ayant été disgracié, les Florentins l'envoyèrent au trésorier Robertet, de la bienveillance de qui ils avaient besoin pour lors : ce David a été perdu. Le 25 avr. 1503, les fabriciens de la cathédrale chargèrent Michel-Ange d'exécuter les statues des douze apôtres, mais après avoir ébauché le Saint Matthieu qui est à l'Académie de Florence, il abandonna ce travail. Vers la même époque, il composait deux bas-reliefs circulaires la Vierge avec l'Enfant Jésus et Saint Jean-Baptiste, commandée par Bartolommeo Pitti, qui se trouve à Florence au Musée national, et la Vierge et l'Enfant Jésus commandée par Taddeo Taddei, qui est à l'Académie des beaux-arts de Londres ; il composait aussi la Madone de Bruges, commandée par des marchands flamands, les Moscheroni, qui fut placée en 1506 à Notre-Dame de Bruges, et s'y trouve toujours, et la Tête de femme du musée de Kensington. C'est encore vers ce même temps, où d'ailleurs, passionné de Dante, il semble s'être donné beaucoup à la poésie, qu'il commença à peindre et qu'il fit pour Agnolo Doni la Vierge de la tribune, appelée la Madonna de Doni et sans doute la Vierge de Manchester, mais son génie se plaisait mal à ces tableaux de chevalet pour lui trop étroits. En la même année 1503, les magistrats de Florence, voulant faire orner la salle du conseil du Palais-Vieux, en confièrent un côté à Léonard de Vinci et l'autre à Michel-Ange.

Malheureusement, cette décoration, qui eût pu être l'œuvre d'art du monde la plus belle, ne fut pas exécutée ; les cartons seuls en furent faits, et celui de Léonard perdu et celui de Michel-Ange détruit dans les troubles de 1512 : Vasari prétend que ce fut Bandinelli qui le découpa. Il représentait des épisodes de la Guerre de Pise ; une gravure de quelques figures, très connues sous le nom des Grimpeurs, en avait été faite par Marc-Antoine et par Agostino Veneziano et il existe une copie en grisaille du carton, au château de HokIham en Angleterre, qui serait de San Gallo et qui a été gravé par Schiavonetti. Le carton de la Guerre de Pise, commencé au mois d'oct. 1504, fut terminé au mois d'août 1503 ; exposé en 1506, il excita une immense admiration et Raphaël vint l'étudier.

Le 1er nov. 1503, après la mort de Pie III, le cardinal Julien della Rovere devenait le pape Jules II. Cet homme puissant séduisit Michel-Ange qui, attiré par lui, revint à Rome en 1505. Il semblait que quelque chose de grand dût naître à la rencontre de ces deux intelligences, et Michel-Ange fut ému de joie quand au mois d'avril de cette année Jules Il lui commanda son monumental tombeau. Il vit l'œuvre colossale à faire sans prévoir aussitôt les innombrables misères dont allait être l'occasion pour lui ce tombeau qui ne devait se terminer qu'en 1545, si différent de ce qu'il l'avait entrevu d'abord avec les quarante-deux figures dont il devait le composer, sans prévoir les quarante années qu'allait durer pour lui la tragœdia della sepultura. Il partit de suite pour Carrare où d'abord il passa huit mois à chercher des marbres et à en dégrossir plusieurs afin de diminuer les frais de transport ; et quand les marbres arrivèrent à Rome, ils remplirent la moitié de la place Saint-Pierre. Michel-Ange se mit au travail, mais bientôt Jules II et luit se fâchèrent. L'artiste s'enfuit de Rome, arriva à Florence au mois de juil. 1506 et là il songea un instant à accepter les offres du Grand Seigneur qui lui demandait de construire un pont de Constantinople à Péra.

Mais Jules II réclamait Michel-Ange au gonfalonier Soderini et, à force de pourparlers, Buonarroti consentit à se rendre à Bologne, où se trouvait le pape venant faire la guerre aux Bolonais révoltés qui, abandonnés par Louis XII et mal défendus par Bentivoglio, s'étaient à la fin soumis à lui. Le pape lui commanda sa statue en bronze pour la ville de Bologne ; Michel-Ange dut faire deux fontes de cette figure qui avait 3m50 de haut : il fit la seconde le 10 nov. 1507. La statue fut inaugurée le 21 févr. 1508 ; elle lui fut payée 1.000 ducats, mais, d'après une lettre de Michel-Ange conservée au British Museum, il n'en resta que 4 1/2 pour lui. À la révolution de 1511, les Bentivoglio rentrant à Bologne, la statue fut brisée et les morceaux vendus au duc Alphonse de Ferrare qui en fondit un canon qu'il appela la Julienne : la tête conservée seule au Palais ducal a disparu depuis. Au mois de mars 1508, Michel-Ange est à Florence où Soderini lui commande, pour faire pendant à son David, l'Hercule et Caces que Bandinelli exécutera ; au mois de mai, il est à Rome. II y reprend son œuvre du tombeau, mais Jules II, à qui Bramante a persuadé que cela portait malheur, l'arrêta, et, tandis que Bramante reconstruit Saint-Pierre et que Raphaël peint les Stanze le pape charge Michel-Ange de décorer la voûte de la chapelle Sixtine.

Ce ne fut pas, comme on l'a dit, sur l'insistance de Bramante espérant perdre Michel-Ange dans une œuvre impossible, mais de lui seul que Jules II prit sa décision. Michel-Ange, qui n'avait pas peint à la fresque depuis ses premières années d'étude chez Ghirlandajo, hésita d'abord, puis le 10 mai 1508 il se mit à l'œuvre. Bramante lui ayant construit un échafaudage qui lui convenait mal, il le fit démolir et s'en construisit un en inventant un système pour les besoins de son travail ; puis, après avoir d'abord essayé de se faire aider, il renvoya tout le monde, broyant lui-même ses couleurs, vivant seul, presque oublieux de son existence matérielle, se faisant une vie impénétrable dans la solitude de la Sixtine. La première partie de la voûte terminée fut montrée au public le 1er nov. 1509 au milieu d'un enthousiasme de la foule qui donna l'idée à Bramante de proposer Raphaël au pape pour continuer l'œuvre ; mais Jules II ne l'entendit pas, et Michel-Ange s'étant remis au travail termina en 1512 la décoration de la voûte.

Cette œuvre prodigieuse, une des plus puissantes et une des plus belles de l'esprit humain, et dont Raphaël lui-même allait s'inspirer dans ses Sibylles de la Pace, se compose de neuf compartiments – quatre grands prenant toute la largeur du plafond et cinq petits encadrés chacun par quatre figures – qui représentent les actes de la Genèse : Dieu le Père porté par les anges, la Création de la lumière, la Création de l'homme, la Création de la femme, la Tentation d'Adam et d'Eve, leur Expulsion du Paradis, le Sacrifice de Noé, le Déluge et l'ivresse de Noé ; dans les pendentifs sont peints sept prophètes : Zacharie, Jérémie, Joël, Daniel, Isaïe, Ezéchiel et Jonas, et cinq Sibylles la Lybique, la Persique et celles de Delphes, d'Ery, de thrée et de Cumes ; aux quatre angles : David vainqueur de Goliath, le Seront d'airain, la Punition d'Aman et Judith venant de couper la tête à Holopherne ; dans les huit tympans : la Généalogie du Sauveur. Michel-Ange, les yeux fatigués, dut se reposer pendant deux ans.

En 1542, Jules II avait ordonné que l'œuvre de son tombeau fût reprise ; le tombeau, déjà diminué de magnificence, devait comprendre encore un sarcophage monumental et une enceinte de marbre à deux étages avec de nombreuses figures. Jules II mourut en 1513 et, aux termes d'un nouveau traité passé avec ses exécuteurs testamentaires, le tombeau dut être terminé en sept ans et Michel-Ange dut recevoir 16.500 ducats d'or ; en 1546, neuf ans furent accordés : c'est vers ce temps sans doute que Michel-Ange travailla au Moïse. Cependant Léon X avait succédé à Jules II et, interrompant d'autorité le tombeau de son prédécesseur, il avait prié Michel-Ange de se faire architecte, le chargeant de terminer à Florence l'église des Médicis, en faisant une façade au San Lorenzo qu'avait commencé Brunelleschi.

Michel-Ange partit en 1515 chercher des marbres à Carrare ; mais Léon X le rappela bientôt, ayant appris qu'il existait des carrières de marbre dans la montagne de Santa Pietra sur le territoire de Florence ; Michel-Ange partit pour la montagne de Santa Pietra et là, au milieu de carrières inexploitées, il passa cinq ans, de 1516 à 1521, à extraire avec les plus grandes difficultés des marbres inutiles, car la façade ne se fit pas. Léon X, qui sentait si bien la nature de Raphaël, ne comprit pas Michel-Ange : il ne craignit pas de lasser son génie à lui demander et lui redemander sans cesse des plans pour sa façade de San Lorenzo, jamais satisfait, et insouciamment il épuisa sa vigueur dans le lamentable exil de Santa Pietra ; mais heureusement il devait, avant de mourir en pleine jeunesse, lui commander au mois de mars 1520 les tombeaux des Médicis.

Pendant les rares séjours qu'il fit alors à Rouie, Michel-Ange avait commencé à exécuter le Christ à la Croix qui est à l'église de la Minerve, mais, découragé de voir son temps émietté par les capricieuses exigences de Léon X, il l'abandonna, le faisant terminer par Federigo Frizzi. Le Christ à la Croix fut mis en place en 1521 et eut un grand retentissement : François I écrivit à Michel-Ange pour lui demander quelques ouvrages. Léon X mourut le 15 mars 1521 et le pape Adrien VI – un Hollandais austère – qui lui succéda ne s'occupa pas de Buonarroti qui put travailler en 1522 et en 1523 au tombeau de Jules II ; mais le 19 nov. 1523 un nouveau Médicis, Clément VII, fut élu pape, et Michel-Ange dut se remettre aux tombeaux de San Lorenzo.

Cependant les troupes allemandes et espagnoles de Charles-Quint ayant saccagé Rome, Clément VII fut fait prisonnier et Florence soulevée contre les Médicis les chassa une seconde fois au mois de mai 1527. Mais le pape et l'empereur se réconcilièrent et Michel-Ange, resté jusqu'alors éloigné de la politique par attachement à la mémoire de Laurent de Médicis de qui la famille ambitieuse exaspérait sa conscience, sentant la patrie en danger, se déclara contre Clément VII. Le 6 avr. 1529, il est nommé par la Seigneurie commissaire général des fortifications et il entoure la colline de San Miniato de bastions qui existent encore et qui devaient faire un jour l'étude et l'admiration de Vauban. À la fin d'avril il va à Livourne, au mois de juin à Pise où il prépare les travaux de défense de l'Arno, Pendant les six mois qui précèdent le siège, il surveille tout, vivant presque constamment à San Miniato d'où il ne descend dans Florence, dit Vasari, que pour travailler secrètement aux tombeaux des Médicis : tels étaient et l'inquiétude et les besoins de son âme.

Puis tout à coup, s'étant rendu à la Seigneurie pour y dénoncer au milieu des divisions de la ville le condottiere Malatesta comme un défenseur, dangereux et voyant sa personne injuriée par le gonfalonier Carduccio et ses avis méprisés, il quitte Florence à la fin de septembre, pris d'un vertige d'esprit, et s'enfuit avec tout ce qu'il possède à Venise où il est reçu triomphalement, mais où il ne reste que quatorze jours, car, si la Seigneurie l'a déclaré rebelle, plus puissante qu'elle la ville de Florence le réclame et, au mois de novembre, traversant l'armée ennemie, Michel-Ange revient aussitôt à son poste de défense : assiégée par Clément VII, Florence résista jusqu'au 12 août 1530 où elle lui fut livrée par la trahison de Malatesta. Pour se sauver de la mort, Michel-Ange dut alors se cacher, mais Clément VII lui pardonna très vite, et il put continuer les tombeaux des Médicis, mais par bref du 21 nov. 1531, le pape, pour ménager sa santé fatiguée, lui interdisait de faire aucun travail en dehors de son couvre de San Lorenzo sous peine d'excommunication. La chapelle des Médicis, commencée en 1520, fut terminée en 1533.

Cette chapelle séparée de l'église San Lorenzo, petite, carrée, d'un style froid et sobre, qui contient dans ses murs les chefs-d'œuvre de la statuaire moderne, fut faite à travers les plus grandes tristesses de la vie de Michel-Ange, ce que ses beautés reflètent au fond est l'autel ; sur les deux côtés, les tombeaux de Julien, le frère de Léon X, et de Laurent, le petit-fils du Magnifique et le père de Catherine de Médicis ; Julien, en triomphateur romain, et Laurent, Il Pensieroso, sont assis au-dessus de leurs tombeaux, tandis que les figures du Jour et de la Nuit, de l'Aurore et du Crépuscule, étendues sur les sarcophages, sont couchées à leurs pieds ; en face de l'autel est La Vierge avec l'Enfant Jésus, dont il existe une maquette en bronze au Louvre à la collection Thiers : près d'elle deux figures de saints exécutées par des élèves de Michel-Ange, Raffaelo da Montelupo et Fra Giovanagnolo ; et presque tout cela est resté inachevé dans sa vigoureuse splendeur. Dans les deux ou trois années qui suivirent le siège de Florence, Michel-Ange peignit les Parques du palais Pitti et la Léda qui, commandée par le duc Alphonse de Ferrare et vendue à François Ier est aujourd'hui à la National Gallery, en partie repeinte, et il sculpta l'Apollon portant la main à son carquois du Musée national de Florence.

Puis en 1532 il revient à Rome et Clément VII lui demande de peindre les deux extrémités de la chapelle Sixtine ; il devait y représenter la Chute des anges rebelles et le Jugement dernier. Presque aussitôt il se mit à l'étude des cartons ; mais Clément VII étant mort en 1534, Michel-Ange songeait à renoncer à ce travail pour reprendre le tombeau de Jules II, quand le pape Paul III s'y opposa et le nomma par bref en 1535 architecte, peintre et sculpteur du Vatican. Le Jugement dernier fut seul exécuté et terminé en 1541 après un travail ininterrompu de près de huit ans : cette fresque terrible et colossale – de 17 m. de haut et de 13m de large – décorait le fond de la chapelle Sixtine avec ses onze parties ou ses onze scènes dont huit se passaient au ciel et trois sur la terre : Les Squelettes sortant de leurs tombeaux, La Caverne du Purgatoire et La Barque ailée de Caron ; elle souleva des admirations et des discussions bruyantes.

Le tombeau de Jules Il allait être terminé. Comme Léon X, Clément VII ; occupé de la gloire des Médicis, l'avait interrompu. Mais, sur les réclamations du duc d'Urbin, neveu de Jules II, Michel-Ange passa en 1531 un nouveau contrat, s'engageant à faire six figures de sa main pour le monument diminué qui ne devait plus être placé maintenant qu'à Saint-Pierre aux Liens. Puis, par un dernier traité du 20 août 1542, Montelupo devait achever les statues de Lia et de Rachel et faire les autres figures d'après les dessins de Michel-Ange. Le tombeau fut fini et placé à Saint-Pierre aux Liens après 1545 : Michel-Ange avait terminé lui-même la Lia et la Rachel ou la Vie active et la Vie contemplative qui sont aux côtés de ce prodigieux Moïse qui apparaît comme une chose extrahumaine dans son symbole même de l'humanité ; la Vierge, le Prophète et la Sibylle étaient de Montelupo et la figure couchée de Jules II de Maso del Bosco, mais ne semblaient que des accessoires sans intérêt de la figure sublime qui ne laisse rien voir autour d'elle.

Ainsi finit la Tragœdia della sepultura, les deux admirables Prisonniers du Louvre, qui primitivement avaient du faire partie du monument, avaient été donnés par Michel-Ange à son ami Roberto Strozzi qui en fit hommage à François Ier, puis offerts par François 1er, au connétable de Montmorency pour son château d'Ecouen, ils appartinrent plus tard à Richelieu qui, après avoir fait décapiter Henri de Montmorency et confisqué ses biens, les envova à son château de Poitou ; le dernier maréchal de Richelieu les plaça dans son hôtel du Roule ; enfin, en 1793, Alexandre Lenoir les ayant trouvés dans une écurie les acheta pour le compte de la nation et ils sont aujourd'hui une des plus hautes gloires du Louvre ; les quatre Prisonniers qui avaient été ébauchés seulement sont à Florence au jardin Boboli et le Génie de la Victoire, destiné aussi au tombeau, est à Florence au Musée national.

Ce fut vers 1538, pendant qu'il était absorbé par son Jugement dernier, que Michel-Ange rencontra la marquise de Pescaïre, cette exquise Vittoria Colonna, créature toute supérieure, qui fut pour lui l'objet d'une tendresse infiniment respectueuse et douce où il reposa son âme lassée. Veuve à trente-cinq ans du marquis de Pescaire mort en 1525 des suites d'une blessure reçue à Pavie et qu'elle avait aimé passionnément, Vittoria, pleine de son souvenir, avait vécu d'abord à Naples et à Ischia, puis elle était partie pour Ferrare dont le climat fut dangereux pour elle et d'où elle revenait quand elle rencontra Michel-Ange à Rome. Depuis lors, qu'elle fuit à Rome ou qu'elle s'éloignât jusqu'à Viterbe, elle vécut dans une constante intimité d'intelligence et de cœur avec ce grand homme ; d'une haute culture intellectuelle et d'une profonde érudition qu'elle savait faire aimable, elle était poète, elle aussi, et souvent l'un pour l'autre ils mettaient en vers leurs pensées : c'est l'époque, avec celle du David, où Michel-Ange écrivit le plus de vers ; mais les vers de ses trente ans, composés dans un temps où il n'avait pas souffert encore, étaient surtout un exercice littéraire où se délassait son intelligence, tandis que ceux de ses soixante, qui sont les meilleurs, larges, puissants, écrits sur des idées, vers philosophiques ou religieux, sont une expression de sa pensée et de sa vie. La mort de Vittoria Colonna en 1547 fut pour Michel-Ange la suprême douleur. Il existe un portrait d'elle dessiné par lui et peint sans doute par Bronzino dans la collection de M. Campanari, à Londres.

En 1542, Paul III, qui avait fait construire au Vatican la chapelle Pauline, voulut la faire décorer par Michel-Ange, qu'il affectionnait et dont la gloire était immense ; Michel-Ange supplia le pape de le laisser terminer d'abord le tombeau de Jules II ; mais, malgré ses prières, il dut commencer dès lors ses fresques de la Conversion de saint Paul et du Crucifiement de saint Pierre qui sont ses dernières œuvres peintes, tourmentées mais encore belles – et très effacées aujourd'hui – et qui furent finies seulement vers 1549, au moment de la mort du pape. Cependant Michel-Ange qui, à la mort de Clément VII en 1534, s'était complètement détaché des Médicis et qui depuis avait sculpté son admirable buste de Brutus, recevait les offres les plus séduisantes du grand-duc Cosme désireux de ramener sa gloire à Florence et de voir terminée par lui la sacristie de San Lorenzo, et, comme il les refusait en s'excusant de ne pouvoir quitter Rome, en 1558 le grand-duc vint l'y voir.

Michel-Ange pourtant désirait revenir à Florence avant de mourir, mais ses travaux toujours renouvelés devaient jusqu'à son extrême vieillesse le garder à Rome. À soixante-douze ans, il est chargé d'une oeuvre énorme qui, plus que toute autre peut-être, allait lui attirer des contrariétés et des ennemis : San Gallo étant mort, Paul III nomme Michel-Ange architecte de Saint-Pierre, le 1er janv. 1547, avec la faculté pour lui d'en modifier le plan à son gré. Michel-Ange accepta la charge en en refusant le traitement et en commençant par mettre fin à tous les trafics qui s'agitaient autour de cette colossale entreprise : le plan primitif de Saint-Pierre, celui de Bramante, était une croix grecque ; Raphaël en avait fait une croix latine ; Baldassare Peruzzi avait repris le plan de Bramante et San Gallo celui de Raphaël en le compliquant ; Michel-Ange simplifia tout et revint à la croix grecque. Le 10 nov. 1549, Paul III mourut et les sangallistes s'efforcèrent d'éloigner Michel-Ange de Saint-Pierre, mais le nouveau pape Jules III sut le maintenir dans sa charge et le défendre contre ses ennemis.

Vers cette époque, Michel-Ange construit aussi les palais et la terrasse du Capitole et il compose la belle et fameuse corniche du palais Farnèse ; il travaille en outre à une Déposition de Croix qui fut, avec une petite Pietà indiquée par Vasari, sa dernière oeuvre sculptée et qui est aujourd'hui au dôme de Florence, derrière le maître-autel : vieux de quatre-vingts ans déjà, il en taillait le marbre pour être placé sur son tombeau, mais, après des années de travail, mécontent, il commençait à le briser quand son élève Calcagni le sauva en lui demandant la permission de le reprendre et de le terminer. En 1556, Marcel III, ami des sangallistes, succède à Jules III, mais il meurt au bout de vingt et un jours, et son successeur Paul IV, qui fait habiller des figures du Jugement dernier par Daniel de Volterre, d'où son surnom de Culottier (braghettone), laisse à Michel-Ange la direction des travaux de Saint-Pierre. Michel-Ange, après avoir renforcé les piliers du dôme qui ont définitivement 17m. d'épaisseur, donne en 1558, à quatre-vingt-trois ans, le modèle en relief de la coupole de Saint-Pierre ; tourmenté encore par ses ennemis qui osent lui reprocher sa vieillesse après une telle œuvre, il travaille toujours.

Il ne devait pas voir sa coupole terminée, mais assez avancée cependant pour qu'il pût espérer qu'on ne la changeât pas. Pie IV, sous le pontificat duquel il allait mourir, devait en effet le défendre jusqu'au bout contre les menées des sangallistes. Depuis longtemps tous les maîtres de la Renaissance étaient morts ; seul le plus grand, Michel-Ange, avait survécu, grand jusqu'à la fin. Ses derniers ouvrages furent l'église San Giovanni de Fiorentini à Rome, la porte Pia de Rome et la transformation d'une salle des Thermes de Dioclétien en l'église Santa Maria degli Angeli. Michel-Ange souffrait de la pierre ; le lundi 14 févr. se trouvant fatigué, il ne put monter à cheval comme il en avait l'habitude ; puis se sentant plus malade, il demanda à Daniel de Volterre d'écrire à son neveu Leonardo de venir auprès de lui et il dicta à Daniel de Volterre et à Tomaso de Cavalieri ce bref testament : « Je donne mon âme à Dieu, mon corps à la terre et mes biens à mes plus proches parents », en priant qu'on lui parlât de la Passion tandis qu'il serait près de mourir ; et il mourut – dans la maison qu'il habitait au pied du Capitole, via delle tre pile – le vendredi 17 févr. 1564. L'émotion fut grande à Rome et l'on s'apprêta à l'enterrer en grande pompe à Saint-Pierre, mais Michel-Ange avait demandé à reposer à Florence, et Leonardo dut, pour ne pas soulever les Romains, emmener son corps à la dérobée, à Florence des funérailles magnifiques, retardées jusqu'au 14 juil. lui furent faites à San Lorenzo et son mausolée fut élevé à Santa Croce sur les dessins de Vasari par Giovanni dell' Opera, Cioli et Lorenzi.

À regarder l'œuvre colossal de Michel-Ange, sculpteur, peintre, et architecte enfin, mais seulement à l'heure tardive où il se sent en possession définitive de l'art, l'auteur des Tombeaux des Médicis, de la Chapelle Sixtine et du Dôme de Saint-Pierre apparaît hautement comme le plus grand créateur d'art des temps modernes. Ayant reçu de la beauté antique une révélation de l'art, il donne à cet art une forme nouvelle et à la suite de la formule plastique des anciens il trouve la formule humaine des modernes. Parmi les hésitations de la sculpture de son temps, à côté des jolies incertitudes d'un Benedetto da Majano, Michel-Ange, sûr de lui-même, produit son œuvre jour à jour en suivant le développement de sa vie et le déroulement de la passion humaine, parti de la jeunesse du David et du charme de l'Adonis mourant pour arriver aux sensations extrêmes du Moïse et des Prophètesde la Sixtine ; d'une maîtrise d'ailleurs qui devait être sans élèves, trop personnelle pour être un enseignement et qui ne devait produire en leurs excès impuissants que des Montelupo et des Volterre.

La sûreté de sa conception devait lui donner une assurance d'exécution sans égale, lui permettre de peindre la Sixtine presque sans modèles, même ces figures nues comme Luca Signorelli venait d'en peindre à Orvieto, plus en le précédant qu'en ne l'inspirant, lui permettre aussi de sculpter le marbre même avec une extrême liberté, se plaisant au travail direct du marbre, étant à lui-même son propre praticien ; la vision déterminée non de ce qui était, mais de ce qu'il voulait faire, autorisait d'ailleurs son génie à oser manquer à la nature et l'entraînait à ces défauts d'exactitude matérielle fréquents dans son oeuvre, comme la tête trop petite de la Madone dans la Pietà de Saint-Pierre. D'un tempérament sec et nerveux, trapu et de taille moyenne, la tête osseuse rendue plus dure encore par le coup de poing de Torrigiani, Michel-Ange était très robuste, d'une grande simplicité et d'une indomptable énergie, tout à son travail, mangeant peu, dormant peu et se couchant souvent tout habillé ; il disait à Condivi : « Quoique riche, j'ai toujours vécu en pauvre ».

La solitude qu'il aimait l'avait rendu réfléchi et sombre malgré ses immenses succès, sombre parfois jusqu'à la souffrance et même jusqu'à l'injustice, comme il le témoigna accidentellement pour Pérugin et pour Léonard de Vinci ; il était au reste indépendant jusqu'à la raideur, comme il le prouve en réclamant 140 ducats pour son tableau à Agnolo Doni qui refusait de lui en payer 70, – et jusqu'à l'ironie, comme il le prouve à Soderini qui critiquait le nez du David, en faisant semblant devant lui de le retoucher et en demandant alors son avis au gonfalonier qui lui répondit : « Admirable ! vous lui avez donné la vie ». Il recherchait la tranquillité, fuyant pour son art les inutiles agitations, gardant sa vie en dehors de la vie des autres, ne laissant jamais voir son travail ; très bon cependant, donnant des dessins à ses élèves pour leurs compositions, aimant avec affection son vieux serviteur et broyeur de couleurs Urbino.

Telle qu'elle se présente ainsi, la vie de Michel-Ange nous est un type extraordinairement intense de la vie de l'artiste : ayant trouvé la gloire à vingt ans, il travaille à travers toutes les difficultés qui lui viennent des choses et toutes les peines qui lui viennent des hommes dans la sublime vision de son art, arrêté et contrarié par l'existence au milieu des splendides beautés qu'il entrevoit, mais plus fort que les événements qui passent ; chaste toute sa vie, regardant seulement à soixante ans, après les grandes luttes et les longs travaux, un premier sourire de femme ; et, Vittoria morte, tout seul, vieux, ayant encore, malgré sa magnifique gloire et son inatteignable génie, des ennemis et des envieux, et jusqu'au dernier jour restant debout dans sa puissance physique.

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