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Bataille d'historiens sur la collaboration de Renault

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Le Figaropublié le 21/11/2012 à 17h30 par Laura Raim

La cour d'appel de Paris s'est déclarée incompétente mercredi dans l'affaire des héritiers du constructeur automobile, qui demandent réparation à l'État pour la nationalisation-sanction de la firme en 1945. Dans les deux camps, les historiens font parler les archives.



Louis Renault au volant de sa voiturette en 1899

Louis Renault au volant de sa voiturette en 1899

 

Alors que les petits enfants de Louis Renault entendent continuer à se battre sur le terrain juridique pour réhabiliter leur grand-père, accusé de collaboration pendant la Seconde Guerre mondiale, les syndicats du constructeur s'indignent face à ce qu'ils qualifient d'entreprise révisionniste. En réalité, la controverse n'a jamais cessé depuis la nationalisation-sanction décidée à la Libération et sur laquelle les héritiers tentent de revenir. Que la Société anonyme des usines Renault (SAUR) ait produit pour l'Allemagne nazie, et que cette production ait généré des bénéfices, personne ne le conteste. Mais quelle est la responsabilité personnelle de Louis Renault? Qu'a-t-il produit au juste? Et avec quel zèle? Encore aujourd'hui, les historiens divergent fortement sur le rôle qu'a joué le constructeur sous l'occupation allemande.

«Une place exceptionnelle dans l'appareil de guerre allemand»

Deux thèses s'opposent. La première a pour avocate l'historienne Annie Lacroix-Riz, professeur émérite à l'université Paris-VII, spécialiste de la collaboration économique durant la Seconde Guerre mondiale et auteur notamment d'Industriels et banquiers français sous l'Occupation. La collaboration économique avec le Reich et Vichy. Le monde syndical s'appuie sur ses recherches pour dénoncer «la vaste entreprise de réhabilitation de Louis Renault». Selon elle, Renault aurait non seulement fabriqué des chars, mais aurait aussi occupé «une place exceptionnelle dans l'appareil de guerre allemand». En tant qu'actionnaire à 96%, Louis Renault est personnellement tenu responsable pour cette collaboration «enthousiaste».

L'autre a pour principal porte-parole l'historien Laurent Dingli, qui a consacré une biographie à l'industriel. Ses détracteurs soulignent qu'il est spécialiste du XVIIe siècle et, surtout, qu'il est l'époux de l'une des petites-filles de l'industriel. Dans un article publié en avril sur le site louisrenault.com, il accuse Annie Lacroix-Riz d'«erreurs historiques majeures» et affirme que les négociations avec les nazis aux premiers jours de l'Occupation étaient le fait non pas de Louis Renault mais de son neveu par alliance, François Lehideux, le directeur général de l'entreprise, avec qui Louis Renault aurait été en mauvais termes. Il assure également que si Renault a produit des camions et réparé des chars pour les Allemands, il n'a jamais fabriqué de matériel de guerre. Surtout, ces réparations auraient été faites «dans des ateliers réquisitionnés par les Allemands sous la direction de leurs ingénieurs et avec du personnel recruté directement par eux».

Des archives encore inaccessibles

Pour l'historien Patrick Fridenson, directeur d'études à l'EHESS et auteur d'une Histoire des usines Renault, la vérité n'est dans aucune de ces deux positions. «Après les bombardements de mars 1942, les archives de l'entreprise montrent que la direction n'est pas unanime pour reconstruire les usines. C'est Louis Renault qui, en rentrant de ses vacances à Saint-Moritz, décide de le faire», explique-t-il. Un indice du désir dont a fait preuve le constructeur de maintenir la production pour les Allemands malgré les bombardements.

Mais, sur la question des chars, Patrick Fridenson affirme, comme Laurent Dingli, que Renault n'en a pas fabriqué. Surtout, il se garde de tirer des conclusions hâtives sur le degré d'implication personnelle et volontaire de la part de Louis Renault. «Dans l'état actuel des sources, nous n'avons pas les traces des déclarations qui permettraient de savoir dans quelle mesure il a poussé à la roue ou au contraire freiné la production, assure-t-il. Certaines archives privées de Daimler ne sont pas encore accessibles. Et si certaines archives nationales allemandes sont en France, une grosse partie est éparpillée dans le monde entier

Un argument qu'Annie Lacroix-Riz juge non recevable. L'historienne reconnaît qu'il faut faire avec les «destructions ou soustractions massives d'archives» auxquelles ont procédé les usines Renault et le Comité d'organisation de l'industrie automobile (COA), créé sous Vichy pour adapter la production aux besoins Allemands. Mais elle affirme avoir surmonté cet obstacle en étudiant une grande quantité d'archives publiques et privées, françaises et allemandes, toutes datant de l'Occupation.

En ce qui concerne la question des chars, «il n'y a qu'à lire les notes des services de renseignements gaullistes de Londres, où la production et la livraison de tanks Renault sont décrites par le menu, affirme-t-elle. Ce n'est pas un hasard si les alliés, qui ont finalement peu bombardé les installations industrielles françaises, ont estimé qu'il était crucial de bombarder quatre fois le site de Renault à Billancourt. Et si le COA, qui discutait avec les services allemands de l'armement en France des bénéfices accordés aux différents constructeurs, a estimé en 1942 que Renault méritait de recevoir un taux de marge “exceptionnel” de 12%, soit 20% de plus que les autres grands constructeurs, c'est parce que les services rendus à la Wehrmacht lui valaient des risques de bombardements particulièrement sévères qu'il fallait donc indemniser…»

Quant au «zèle» dont aurait fait preuve le constructeur pour relancer la production malgré les bombardements, elle montre que «Renault est allé jusqu'à construire des usines souterraines, et ce jusqu'en juillet 1944, c'est-à-dire un mois avant la libération».


Renault/sanction : défaite des héritiers

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Le Figaropublié le 21/11/2012 à 15h38

Les héritiers du constructeur automobile Louis Renault, qui demandent réparation pour la nationalisation-sanction de la firme en 1945, ont perdu leur bataille devant la Cour d'appel de Paris, qui s'est déclarée incompétente pour juger de leur requête. La Cour, statuant au civil, a confirmé la décision prononcée en janvier dernier en première instance.

Renault Louis"Nous allons très probablement déposer un pourvoi en Cassation", ont déclaré à la presse Maîtres Louis-Marie de Roux et Laurent Schrameck, associés de Me Thierry Lévy, avocat des petits-enfants de l'industriel qui avait été accusé à la Libération de collaboration avec l'Allemagne nazie. Si la Cour de cassation confirme la décision de la Cour d'appel, "alors nous saisirons la juridiction administrative", ont-ils ajouté. "C'est un camouflet pour les petits-enfants de Louis Renault, qui ont tenté de présenter leur grand-père comme une victime, s'est en revanche félicité Michel Certano, ancien dirigeant syndical CGT de Renault et, a-t-il souligné, "fils de résistant".

Les petits-enfants de Louis Renault (1877-1944) auraient souhaité que la Cour d'appel transmette au Conseil constitutionnel une "question prioritaire de constitutionnalité" (QPC) contestant la validité de l'ordonnance de confiscation du 16 janvier 1945 ayant transformé Renault en régie nationale. A l'audience, le 18 septembre, Me Lévy avait estimé que cette confiscation sans indemnisation avait constitué une "voie de fait", relevant donc des juridictions judiciaires et non administratives. La Cour lui a donné tort et, par voie de conséquence, a jugé qu'il n'y avait pas lieu de statuer sur la QPC.

Affaire Renault: le tribunal incompétent

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Le Figaropublié le 11/01/2012 à 14h07 par Marie-Amélie Lombard


Les héritiers du constructeur automobile Louis Renault, qui demandent réparation pour la nationalisation-sanction de la firme en 1945, n'ont pas obtenu gain de cause. Le TGI de Paris, s'est déclaré incompétent pour juger leur demande.

Renault LouisLeurs avocats ont immédiatement annoncé leur intention de faire appel, maintenant que l'ordonnance de 1945 ayant transformé Renault en régie nationale était selon eux contraire aux droits fondamentaux, de la propriété notamment.

Les petits-enfants de Louis Renault, décédé fin 1944 en prison après avoir été accusé de collaboration avec l'Allemagne nazie, avaient soumis au TGI une "question prioritaire de constitutionnalité" (QPC) contestant la validité de cette ordonnance.

"Le juge de la mise en état a dit le tribunal de grande instance de Paris incompétent pour statuer sur l'action des héritiers Renault et renvoyé les parties à mieux se pourvoir", indique l'ordonnance rendue aujourd'hui. "Il n'y a donc pas lieu de statuer sur la demande de transmission de la question prioritaire de constitutionnalité soulevée par les demandeurs", ajoute le texte.

Louis Renault

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L'Expresspublié le 01/03/1998 à 11h30

L'automne 1944 voit la fin pitoyable du célèbre industriel de l'automobile. Accusé d'avoir fait tourner ses usines pour l'armement allemand, il est mis au secret sous haute surveillance à Fresnes.

Louis RenaultLouis Renault et René de Peyrecave sont tous deux arrêtés à Paris, le 23 septembre 1944. Sur les circonstances de l'arrestation de Peyrecave, peu de zones d'ombre. On est un samedi, l'homme est chez lui. C'est alors un parcours banal au terme duquel, le soir même, il couche à la prison de Fresnes. Entre les deux: mise au secret dans un local indéterminé - un commissariat de police ? -, passage à tabac - une tradition vieille comme la police -, présentation au juge d'instruction - un magistrat politiquement "sûr" - et le transfert à la prison. En quelques heures, le puissant directeur général est transformé en délinquant banal, dépouillé de ses lacets, de sa ceinture, de sa montre, de son stylo, puis fouillé à corps.

Beaucoup d'ombre, en revanche, autour des dernières heures de liberté de Louis Renault. De son trajet on connaît surtout la fin, quand il se retrouve, ce samedi après-midi, au Palais de justice, devant le juge d'instruction Marcel Martin. Une fois les formalités judiciaires accomplies - inscription de l'identité, lecture des motifs d'inculpation -, Martin l'envoie à Fresnes. Au secret, une fois de plus. Aucun doute ne subsiste quant à l'heure de l'incarcération: 17 heures. Elle est attestée par les rapports de police comme par le registre d'écrou de la prison. Mais comment Louis Renault est-il passé de Moulicent, au fin fond de l'Orne, au Palais de justice? Et pourquoi a-t-il finalement préféré se rendre plutôt que de trouver une nouvelle cachette?

La tradition veut que Renault ait fait un retour théâtral dans la capitale, le soir du 22. Jeanne Hatto [sa maîtresse (N.d.l.r.) ] est chez elle, rue du Colonel-Moll. Il fait nuit. On sonne, ou on frappe à la porte. Elle descend de son premier étage, elle entrouvre l'huis, et là, sur son seuil, elle trouve Louis Renault. Embrassades, soins, confidences. Finalement, l'homme traqué repart - à pied, à vélo, on ne sait -, et il parvient enfin chez lui, avenue Foch, où, mystérieusement avertie, Christiane l'attend dans l'état d'inquiétude que l'on devine. Ici, nouveaux conciliabules, repos, sommeil, matinée passée en colloques intimes, et puis le déjeuner. Renault a pris sa décision, il va chez le juge.

Pour romantiques qu'ils soient, ces épisodes ne sont guère réalistes. Il y a des détails qui ne "collent" pas. Louis Renault n'a jamais rendu visite le 22 septembre 1944 à Jeanne Hatto. Elle n'est pas à Paris, mais à Roquemaure-du-Gard, six cent cinquante kilomètres plus au sud. Et de là, le 27 septembre, elle écrit à Louis. Deux pages serrées, à l'encre de fantaisie, sur un de ces papiers dont elle raffole, d'une couleur très "féminine". Pas du tout la lettre destinée à quelqu'un qu'on a vu cinq jours plus tôt et qui vous a annoncé qu'il allait se rendre à la justice. Elle s'adresse à un homme qu'elle n'a pas vu depuis longtemps, à qui elle donne des nouvelles, anciennes ou plus fraîches. Sa lettre décrit les combats de la région d'Orange après le débarquement de Provence du 15 août 1944, puis évoque l'irruption des maquisards dans les villages... Elle se plaint des longues semaines de solitude qu'elle vient de vivre, parfois au milieu de grands dangers. "Le temps me dure d'être absolument sans aucune nouvelle, absolument seule - sans pouvoir échanger une idée ni une parole -, obligée à la plus absolue banalité et à la plus grande circonspection, tant il est sage de se défier de son ombre même." Et de conclure: "Je tricote, je m'inquiète et je m'embête."

C'est finalement Christiane Renault qui, grâce à une lettre à une amie, demeurée inédite jusqu'à ce jour, nous livre la clé des événements. On y lit: "L[ouis] était entré en clinique depuis quarante-huit heures, étant extrêmement fatigué." C'est donc son état de santé qui amène la reddition de l'industriel. Louis Renault est tombé gravement malade du côté de Moulicent, on l'aurait "retapé" dans une clinique de la région, mais, sa sécurité ne pouvant y être assurée, il aurait préféré se rendre à Paris, en dépit du danger, pour être, au cas où surviendrait le pire, au plus près de Christiane et de Jean-Louis [sa femme et son fils (N.d.l.r.) ].

A partir de là, tout s'enchaîne. Louis Renault est reconduit à Paris dans la nuit du 22 au 23 septembre, entre avenue Foch par une entrée mal surveillée - le garage ou le passage souterrain, inconnu de la police, entre le 88 et le 90 de l'avenue. Christiane, qui a encore dîné avec Peyrecave l'avant-veille au soir, a conçu tout un plan pour faire se rencontrer les deux hommes, le 23 septembre au soir. Devaient-ils préparer ensemble leur défense, ou l'évacuation de Renault vers un nouveau lieu sûr? Mais l'arrestation de Peyrecave enlève tout espoir. C'est à ce moment que Renault décide de se livrer à la justice. Cette décision est nourrie par plusieurs motifs qui additionnent leurs effets. Il est au bout du rouleau. Dans le monde semi-réel où il se meut depuis tant de mois, il n'a pas réussi à se persuader lui-même que ses accusateurs lui en voulaient vraiment. Enfin, il ne saurait laisser Peyrecave seul face à ses juges: Renault est un homme fidèle en amitié.

La suite n'est que détail. Un des inspecteurs de la Police judiciaire présents au Palais de justice le 23 septembre atteste que Renault est arrivé libre chez le juge Marcel Martin, le magistrat chargé de son dossier, en début d'après-midi. Il n'est pas venu seul. Introduit dans le cabinet du juge, le policier y découvre "l'intéressé", mais aussi deux avocats - identifiés plus tard comme Me Ribet et Me Charpentier, deux "ténors" du barreau - ainsi qu'un "membre de la famille" ou un "proche", en vérité Pierre Rochefort. "J'ai vu Louis Renault assis dans un fauteuil et qui avait l'air très abattu." Il s'agit d'une confrontation de routine: "C'est dans le cabinet du juge que nous avons opéré l'arrestation en vertu du mandat de dépôt." Ces formalités accomplies, on part vers Fresnes, dans la voiture qui a amené Louis Renault: "La voiture était, je crois, conduite par ce parent lui-même, en tout cas il était dans la voiture avec Renault, l'inspecteur W et moi-même." "Nous avons laissé Louis Renault au greffe, dans le bâtiment principal, où il a été pris en charge par l'administration pénitentiaire."

Pour le policier, pas de doute: on va mettre Louis Renault à l'infirmerie. C'est d'ailleurs ce que le juge Martin a demandé: "Je crois me souvenir que M. Martin a téléphoné en notre présence à Fresnes en disant qu'il faisait écrouer Louis Renault et en demandant qu'il soit admis directement à l'infirmerie centrale." Cette précaution est nécessaire. Pour son policier d'escorte, l'homme est "très abattu", selon son épouse "il est très fatigué", il "sort de clinique". Bref, c'est un grand malade qu'on fait entrer à Fresnes. Mais la précaution n'est pas seulement médicale. Le juge n'est pas sans connaître la violence des récentes attaques de la presse contre l'industriel. Or, le sort des épurés qu'on jette en prison n'a rien d'enviable. Depuis plusieurs semaines, la région parisienne vit à l'heure des règlements de comptes. Pour autant, à Fresnes, toute une partie de la prison - notamment la 3e division - échappe à la justice ordinaire. "A cette époque, la Direction du ministère de l'Intérieur avait donné des locaux, à Fresnes, aux éléments FFI, les laissant libres d'agir dans cette prison officielle afin qu'ils libèrent les locaux leur servant de prisons particulières... dans divers quartiers de Paris" où "étaient jugés et exécutés journellement... des Français". Et puis, à Fresnes, outre ces FFI et les surveillants de la PJ, qui doublent les "matons" pour la surveillance des détenus politiques, on trouve aussi des "usurpateurs", en clair, des éléments incontrôlés, mais armés, qui se mêlent aux autres, leur prêtent éventuellement main-forte, mais qui, profitant de l'encombrement et de la confusion, font aussi régner leur propre loi. En envoyant Renault à l'infirmerie spéciale, le juge Martin pense donc, à double titre - médical et policier -, protéger la vie de son précieux prisonnier.

Au départ, tout se passe comme prévu. Déposé au greffe de la prison par les inspecteurs de la PJ, XX et W, Renault remplit les formalités d'usage. On le dépouille de ses "bijoux": "Une montre en métal blanc, un porte-mine métal blanc." Puis c'est la fouille à corps, qui ne donne rien. Renault est alors orienté vers l'infirmerie.

A partir de là, pour savoir ce qui arrive à Louis Renault, il faut se reporter à des témoignages recueillis plus tard, en 1951-1957, à une époque où Christiane Renault prépare, puis essaie de faire aboutir une plainte pour homicide volontaire à l'encontre de son époux. Car les témoignages directs de l'époque sont trop fragmentaires. Quant aux registres de service de l'infirmerie, ils ont, tout simplement, été mutilés. Comme le note en 1957 un juge d'instruction: "Il manque... la période du 23 septembre 1944 inclus au 5 octobre 1944 inclus" [d'après le contexte, ce serait la période paire qui aurait dû figurer entre ces deux dates]..." Comme l'indiquera un jour un cadre de l'administration pénitentiaire: "N'importe quel fonctionnaire d'un service ''grand quartier" ou ''divisions" a pu librement avoir accès à l'hôpital de Fresnes où se trouvait le registre." Alors, que s'est-il passé?

D'emblée, le 23, Renault est placé dans une cellule individuelle - ce n'est pas un traitement de faveur: c'est ça, "être au secret". Selon un employé du service d'entretien, "on l'a mis aussitôt au premier étage de l'infirmerie, dans une cellule où il fut seul, et aussitôt 4 ou 5 civils se sont mis à la porte de sa cellule; ils avaient mission de le surveiller spécialement; c'est la seule cellule qui fut gardée de cette façon à Fresnes à cette époque. Jamais l'entrée de la cellule ne fut abandonnée; il y avait toujours entre trois et cinq de ces mêmes hommes, et lorsque certains étaient obligés de s'absenter, ils se faisaient remplacer par d'autres de la prison. On croit savoir que ces civils n'appartenaient pas à l'administration, mais à la Sûreté générale, donc PJ, et même la nuit, ils restaient à la porte de cette cellule".

Très vite, l'isolement, l'enfermement et la surveillance permanente - Renault, rappelons-le, est claustrophobe - agissent sur l'état du prisonnier, et d'autant plus, semble-t-il, que les "soins" médicaux qui lui sont prodigués sont superficiels. Le témoignage d'une infirmière est, à cet égard, révélateur à la fois de l'ambiance et de l'évolution de l'état du prisonnier. Disons-le tout net: il déprime, et même, par instants, il délire.

"Il était en possession d'un sac de couchage et de ses vêtements personnels... Louis Renault était anéanti par la suite des événements qui précédaient son arrivée à l'infirmerie. Il était très triste, très bouleversé." Notre homme fait des confidences, tout à fait surprenantes, et que rien - sinon les légendes colportées ultérieurement par des ouvrages hagiographiques - ne vient étayer. "Il m'a dit: ''Ils vont nationaliser mes usines, mais la fortune, ça m'est égal. Je voudrais un atelier, et ça me suffirait, car toutes les pièces d'une auto, je suis capable de les faire moi-même. Ils ont nationalisé mes usines, ils sont idiots, à ma mort, ils auraient eu bien davantage, j'avais fait un testament, quand je suis parti en Amérique, j'avais pris mes dispositions et je donnais mes usines à mes ouvriers." Ou encore: ''J'ai sauvé de la déportation mes ouvriers, quarante mille Français. Si j'avais refusé de faire marcher mes usines, elles auraient fonctionné sans moi, et au maximum, tandis qu'elles tournaient au ralenti. Ainsi mes ouvriers étaient à Billancourt, et non en Allemagne."" Et l'infirmière de conclure: "Il était profondément triste et effondré."

Manifestement Renault n'a plus l'esprit très clair. Pour autant, son corps l'a-t-il lui aussi trahi? L'infirmière ajoute: "J'ai dû quitter l'infirmerie de Fresnes le 29 septembre 1944. Lors de mon départ, Louis Renault était encore en parfaite santé [sic! N.d.a.], n'ayant aucun organe essentiel de touché... il se nourrissait essentiellement de tout ce que je lui donnais moi-même, il se méfiait de toute autre nourriture." Entre-temps, une complicité bien naturelle s'est établie entre le détenu et sa garde- malade: "Très profondément attristé, il réclamait sans cesse sa femme et son fils. Personnellement, je m'efforçais de le distraire en le taquinant même sur sa vie publique. Ces plaisanteries étaient pour lui un dérivatif - car il avait quotidiennement la conviction qu'il allait être libéré d'un moment à l'autre. Il était très inquiet de ne rien savoir mais le soir il s'endormait à l'aide d'un gardénal que je lui donnais (à son insu dans un tilleul)."

On en est là le 29 septembre 1944. Le 1er ou le 2 octobre, Renault est vu par plusieurs témoins, notamment des avocats chargés par le bâtonnier de Paris de porter assistance à un nombre - élevé - de détenus arrêtés à l'insu du parquet. L'un de ces avocats constate l'aggravation de l'état du détenu, toujours placé sous la même surveillance intense. "...Trois hommes regardaient à travers le judas d'une cellule; et ils riaient en ayant l'air de se moquer des faits et gestes du détenu qui était dans cette cellule... ces hommes m'ont répondu que c'était Louis Renault l'industriel... j'ai vu dans la cellule un homme de taille moyenne, assez âgé, légèrement courbé. Il était vêtu d'un pyjama civil à rayures et visiblement son pantalon de pyjama n'était pas attaché... je l'ai vu remonter ce pantalon sur sa taille, le laisser redescendre. C'est ce manège qui avait suscité la moquerie des gardiens. Les gestes de cet homme étaient très lents, on sentait un homme fatigué, usé... Il tentait de monter dans son lit, il s'y est repris à plusieurs fois... il était silencieux, il ne parlait ni ne gémissait. Il semblait dans un état mental déficient."

Puis, tout bascule. Le 3 octobre, Christiane Renault est autorisée à se rendre à Fresnes. Elle découvre alors l'état lamentable de son mari. "Je fus introduite dans une cellule de l'infirmerie par deux FTP en civil, armés." Entre les époux un dialogue s'engage. Christiane promet à son mari de le tirer de là. "Quand?" demande Louis. "Dans environ sept à huit jours." Selon Christiane: "Il parut fort effrayé de ce délai. Je lui dis tout de suite, pour le tranquilliser: ''Peut-être que dans deux ou trois jours, j'y arriverai."" C'est alors que Renault prononce une phrase capitale: "Ce sera trop tard, ils m'auront tué avant, car c'est la nuit qu'ils viennent."

Non seulement cette scène a de quoi effrayer Christiane, mais elle se produit dans un contexte bien précis, qui encourage sa frayeur: elle a dû lutter, avec Me Ribet, pour obtenir son droit de visite. La sensation qu'il se passe quelque chose d'anormal s'accroît quand, le lendemain, Christiane retourne à Fresnes, cette fois avec une autorisation écrite du juge: "Je me heurtais à une consigne formelle de ces mêmes FTP qui me dirent: vous ne pourrez plus le voir, il est au secret." Chez Christiane, c'est le cri du c?ur: "Dites-moi tout de suite que vous l'avez tué... étant donné l'état dans lequel je l'ai trouvé hier."

Le même jour, Christiane fait le siège de la direction de Fresnes. Elle est chassée de bureau en bureau, jusqu'à ce qu'elle lève le camp. On veut donc lui cacher quelque chose. Ses derniers espoirs reposent sur Me Ribet et sur le juge Marcel Martin, "un petit bossu très gentil", qui est tout le contraire d'un inquisiteur avide de "têtes à couper". Martin est d'autant plus attentif au cas de Renault que, d'un strict point de vue judiciaire, il a devant lui un dossier vide. La seule pièce qui fonde les poursuites du Parquet est une lettre de dénonciation, envoyée par un quasi-homonyme de Renault, "une lettre manuscrite d'un type complètement idiot" qui, avant la guerre, s'était fait éconduire à plusieurs reprises des Usines: imaginatif, mais inconséquent, il se faisait passer pour un parent de Renault, afin d'obtenir des voitures à l'oeil.

Mais la minceur du dossier n'a rien de rassurant: si Renault n'est pas passible d'un tribunal, son élimination civique ne passe-t-elle pas forcément par son élimination physique? S'il avait pris la fuite - comme beaucoup s'y attendaient -, n'aurait-il pas fait un futur condamné par contumace idéal?

Ce mercredi 4 octobre, Ribet et Martin ont promis à Christiane de lui apporter des nouvelles rassurantes de son époux sous quarante-huit heures. Or, les nouvelles arrivent encore plus vite, et elles sont désastreuses. Un visiteur de prison, M. C., a aperçu Renault le matin même, pendant que les gardes à brassard refusaient à Christiane le droit de le voir. "Il entra dans la cellule... sans connaître l'identité du prisonnier, vit un homme sans connaissance, dans un état affreux et la tête entourée de bandages. Le brigadier qui l'accompagnait lui dit: ''Cette nuit, ils l'ont tabassé. Ils ne l'ont pas ménagé. Voyez dans quel état il est. Il est inutile de discuter.""

Ainsi Renault n'aurait pas exagéré: "C'est la nuit qu'ils viennent." Mais que font-ils? Et depuis combien de temps? On l'a vu: le 1er ou le 2 octobre, Renault ne porte encore aucune trace apparente de traumatisme. Mais, le 3 ou le 4 octobre, un autre avocat l'a vu, lui aussi - certes sans bandages -, en piteux état. En 1957, ce témoin déclare: "J'ai vu Louis Renault dans une cellule de l'infirmerie à travers le judas ouvert. Je n'ai pas pu l'interroger car trois civils qui se trouvaient là et qui avaient l'air de faire office de gardiens, s'y sont opposés en me disant que je ne pourrai ni entrer, ni l'interroger... Renault était couché dans un lit, à gauche de la porte d'entrée de la cellule, sous une couverture marron, du genre militaire. Je l'ai observé pendant quelques minutes. Il était très agité, se retournant sans cesse sur son lit, et gémissait. Il m'a paru ''agonisant"; c'est tout au moins l'impression qu'il m'a faite à ce moment. Je pense que même si j'avais pu pénétrer dans sa cellule, je n'aurais pu l'interroger utilement, étant donné son état." L'avocat, sur la base de ses souvenirs, précise le climat qui régnait ce jour-là dans le quartier où se trouve l'industriel. "Etant donné les circonstances de l'époque et l'expérience que j'avais de la 3e division [celle que l'on a entièrement confiée au FFI/FTP, N.d.a.], il m'était impossible d'interroger ces civils sur l'état de Louis Renault; je n'avais aucune autorité sur eux." Le juge d'instruction insiste, et le témoin ajoute: "J'ai le souvenir que, ce jour-là, dans les galeries de l'infirmerie centrale de Fresnes, un certain nombre de personnes n'appartenant pas au personnel pénitentiaire en uniforme circulaient. Il y avait notamment des gens qui m'ont paru être habillés d'un uniforme fantaisie, genre militaire. Je ne saurais préciser davantage."

On doit poser sans ambages la question: jusqu'au 3 octobre, date de la première visite de son épouse, Renault a-t-il seulement craint d'être "tabassé", sans pour autant avoir été battu? Dans ce cas, ce qu'il dit à son épouse n'est pas un témoignage véridique, au plein sens du terme, de ce qu'il vit lui-même, mais un résultat de la terreur que sa situation, que l'ambiance lui inspirent. Il passe toutes les nuits, seul, dans l'atmosphère confinée de sa cellule. Rien ne s'oppose à ce qu'il entende, à côté, à l'étage en dessous, les cris et les gémissements d'autres détenus soumis à la violence des groupes armés qui quadrillent la prison. Il est en droit de craindre qu'on lui fasse subir un sort identique. Tout l'y pousse: ce secret qui l'enveloppe, l'absence de visites, les ricanements de ses gardiens, son état de santé, qui lui ôte tout ressort physique et moral pour se défendre, et, bien sûr, l'incroyable contraste entre sa vie habituelle et celle qu'il affronte aujourd'hui. Cette hypothèse est confortée par le fait qu'un des témoins, Me Y., voit Renault, certes très affaibli, agité, mais "sans bandage ni serviette" sur la tête. Comme Christiane, lors de la visite du 3 octobre. Ce serait donc la terreur qui explique les propos qu'il tient à Christiane: "C'est la nuit qu'ils viennent" - cela pourrait s'appliquer à lui, mais aussi à d'autres. Et d'entendre tout ce remue-ménage ne peut qu'aiguiser sa terreur.

En revanche, à partir du 4 octobre, tout semble plus clair. Un autre avocat, Me A.B., est sur place. Or, ce matin-là, comme le visiteur de prison C., il a vu Louis Renault au moment même où on dissimule le malheureux à sa propre épouse. Et son témoignage corrobore celui du visiteur. "On m'a en effet ouvert la porte de sa cellule, et j'ai vu Louis Renault, couché dans son lit, dans un état d'inconscience absolue. Je me suis approché et je lui ai pris la main en prononçant quelques paroles de réconfort. Il ne m'a pas reconnu et n'a rien répondu. Ce fut mon seul contact avec Renault pendant sa détention." Enfin, plus tard, devant le même juge d'instruction, un détenu de la cellule voisine témoigne: il a vu, lui aussi, Louis Renault ce jour-là, "avec des bandages sur la tête, prostré". Un jour, cela suffira à alimenter une hypothèse: la visite de Christiane Renault a provoqué l'ire des gardiens "parallèles" de la prison. Elle indique que le secret se relâche, et donc que, peut-être, on va libérer le suspect, ou même, plus simplement, le transférer dans un autre lieu de détention. Dans l'ambiance de vengeance qui règne ici, à quelques kilomètres de Paris, dans un monde clos où la brutalité est, depuis toujours, quotidienne, cette crainte, ajoutée au contexte du moment, peut alimenter bien des violences. Comme le signale un témoin: "La terreur régna à Fresnes jusqu'au 19 octobre."

Rien ne prouve matériellement que Renault ait été vraiment battu dans la nuit du 3 au 4 octobre 1944. On a des indices nombreux. Sa phrase du 3 octobre, dès lors que, comme Christiane, on l'interprète dans le sens d'un aveu des souffrances personnelles vécues et non comme l'expression d'une peur venue des sévices entendus la nuit. Il y a des bandages du 4 octobre, qui ont disparu ensuite, mais que le visiteur de prison C. n'avait aucune raison d'inventer. Il y a les autres témoignages sur Renault prostré. Il y a le climat général de la prison, avec, en arrière-plan, les appels à l'exécution dans la presse. Et il y a enfin la résolution avec laquelle, plus tard, ont été détruits des documents qui, peut-être, auraient pu livrer des informations capitales.

A partir de là, toutes les hypothèses sont possibles. D'autant plus que le comportement, et de la direction de Fresnes, et du juge Martin, à partir du 4 octobre, ne font que corroborer les craintes de Christiane Renault. Mais voilà: il n'y a pas de preuves matérielles, pas de nom à mettre sur les silhouettes des hommes à brassard; et peu de monde pour briser la loi du silence. Même sous les questions du juge, nombre de témoins, en 1957, diront: "Je ne peux dire rien de plus", "Je n'en sais pas davantage", des formules qui désignent, soit leur ignorance, soit leur volonté de conserver le silence sur des faits bien troublants. Notamment sur celui--ci: Louis Renault a été, en quelques jours, changé plusieurs fois de cellule. Pourquoi?

Quand elle saisit Ribet et Martin de ses soupçons, l'après-midi du 4 octobre 1944, Christiane Renault ne connaît pas tous ces détails. Mais le témoignage du visiteur de prison C. et d'autres éléments sont parvenus aux oreilles du juge qui le conduisent à faire extraire Louis Renault de Fresnes. Car le juge, lui aussi, s'interroge: veut- "on" liquider Renault?

Des "fuites" viennent de Fresnes. La direction de la prison manque de fermeté à l'égard des agissements "officieux" qui s'y produisent. On chuchote même qu'un des responsables, adonné à la boisson, serait très en dessous de sa tâche. De son côté, Me Ribet n'est pas inactif. Il essaie de faire établir par le Dr Paul, le plus célèbre légiste de la place, l'expert des experts de la Police judiciaire - dont Simenon fera un personnage des célèbres Maigret -, un certificat ad hoc qui permettrait de sortir Renault de son trou. Une démarche superflue: le 4 octobre au soir, Marcel Martin ordonne le transfert sous écrou de Louis Renault pour un véritable hôpital, bien sûr sous surveillance policière.

Néanmoins, le juge n'est pas obéi. Le 5 octobre au matin, Louis Renault est toujours à Fresnes, tandis que le directeur de la prison, manifestement débordé, veut de son propre chef le faire transférer à l'hôpital psychiatrique Henri-Roussel. Selon Christiane Renault, "n'étant pas aliéné, cette mesure s'avérait inexplicable". C'est donc finalement à l'hôpital de Ville-Evrard que, dans la journée du 5 octobre, Louis Renault est transféré. L'homme qu'on transporte en ambulance est déjà un agonisant.

Drieu la Rochelle, histoire d'un intellectuel perdu

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RTS Infopublié le 14/12/2013 à 12h01


La collaborateur, le suicidé ont effacé l'écrivain. Comment, pourquoi le dandy, l'ami de Malraux et d'Aragon s'est-il perdu en route?


Pierre Drieu la Rochelle

 

Un pessimisme invétéré, l'obsession de la décadence, la fascination de la force le mènent au fascisme. Quand l'échec est patent, il ne renie rien et se donne la mort. L'avait-il depuis toujours inconsciemment recherchée? Par quelle indifférence à la vie?

Et sa passion des femmes, son donjuanisme affiché, n'étaient-ce aussi que divertissement?

Malgré ses écrits dans Je suis partout, malgré ses éditoriaux dans L'Emancipation nationale, le journal du Parti Populaire Français de Jacques Doriot, il sera le parrain en 1943 de Vincent, l'un des fils de Malraux et de Josette Clotis.

Et Aragon, bien qu'ils aient rompu, écrira dans Aurélien (dont le héros est un mélange de de Drieu et de lui-même): "Au fond, quand on n'a pas eu de jeunesse à cause de la guerre, il est bien naturel de croire aux mouvements d'anciens combattants, de croire que tout ce qu'on trouve mal fait, pourri, on peut s'en débarrasser en s'unissant avec les autres, ceux qui ont été avec vous dans les tranchées".

Le virage de 34-35

Le grand virage idéologique, Drieu le dira, ce sera pour lui le 6 février 1934, l'attaque des ligues d'extrême-droite contre la Chambre des Députés, avec pour prétexte l'affaire Stavisky. Puis les manifestations de la gauche organisées en réaction à cette journée factieuse (communistes et socialistes convergeant le 12 février en un mouvement qui préfigure le front populaire de 36).

Un intellectuel "compréhensif"

Au mois de janvier précédent, Drieu a été invité en Allemagne par un cercle, le Sohlbergkreis, lancé par Otto Abetz pour rapprocher Allemands et Français: Drieu apparaît à Abetz comme l'un des plus «compréhensifs» parmi les intellectuels français. Francophone et francophile, Otto Abetz, séducteur, subtil, insinuant, sera ambassadeur d'Allemagne à Vichy puis Paris sous l'Occupation. Il sera le "protecteur" de Drieu.

Et c'est lui sans doute qui lancera l'idée que Drieu devienne le directeur de la Nouvelle revue Française, durant l'Occupation.

Le noir et le rouge

Tout ce que voit Drieu en 1934 à Berlin séduit Drieu, on lui fait rencontrer de jeunes ouvriers à Neukölln, et des militants nationaux-socialistes, qui lui disent être bien décidés à rester socialistes...

Mais la séduction est encore plus forte en 1935: invité au Congrès nazi de Nuremberg, Drieu est saisi par le grand spectacle noir et rouge, les drapeaux, les bras levés, la mise en scène, le discours glapissant de Hitler (avec lui, Brasillac et Bertrand de Jouvenel, non moins impressionnés). Drieu écrira: «Il y a une espèce de volupté virile qui flotte partout et qui n'est pas sexuelle, mais très enivrante».

L'enfance, comme explication ?

On a cherché (Dominique Desanti notamment, sa première biographe) de lointaines explications à un tel aveuglement. Chez quelqu'un qui avait tous les outils intellectuels pour ne pas se laisser prendre au piège totalitaire. Et on a évidemment rapproché l'itinéraire de Drieu de celui d'Aragon, si proches l'un de l'autre, amis intimes pendant dix ans, l'un devenant suppôt du stalinisme, l'autre du nazisme.

L'enfance de Drieu, c'est celle d'un bourgeois, qui se ressent comme déclassé. D'un enfant sans père (le père, couvert de dettes, a ruiné la famille, il a quitté le foyer, Pierre est élevé par sa mère et ses grands-parents): donc une image virile dévalorisée (idem pour Aragon et Malraux).

Une enfance surprotégée: il se perçoit "émasculé" par son grand-père.

Puis c'est la guerre: il s'y découvre lui-même, capable de courage physique. Blessé trois fois, il est de ceux qui se sentiront floués par l'après-guerre (voir la phrase compréhensive d'Aragon citée plus haut).

Le silence de la chair

Drieu, c'est aussi "l'homme couvert de femmes" (le mot est de lui), cherchant dans le donjuanisme la solution à on ne sait trop quelle déficience sexuelle. Les amis (Emmanuel Berl) parleront de «silence de la chair». Une hantise de la "souillure", mais de multiples liaisons (dont Mme Louis Renault, pendant dix ans), des amours tarifées, deux mariages (très brefs, le premier avec Colette Jeramec, d'origine juive, et qui restera un recours, june manière de repère, tout au long de sa vie).

La hantise de la décadence

Mais les explications qu'on cherche de ce côté-là (les femmes, la sexualité) à la dérive collaborationniste, antisémite, de Drieu, ne sont pas vraiment convaincantes. Sinon, peut-être, un doute profond sur soi-même, et l'attirance pour une force qu'il n'a pas, et la hantise de la décadence, de la déchéance, de la décrépitude (il aura vu celles de ses chers grands-parents, un des «premiers désastres» auxquels il assista).

Mourir à la romaine

En tout cas, dès l'enfance, une fascination de la mort et du suicide. La dernière période semble une progression inéluctable vers son destin: "La beauté de la mort console d'avoir mal vécu. Dieu, qu'a été ma vie? Quelques femmes, la charge de Charleroi, quelques mots, la considération de quelques paysages, livres, statues, tableaux, et c'est tout. C'est peu. Quand même, j'aimerais mieux mourir en SS".

Ou encore (novembre 1942): "De nouveau, le drame du monde s'anime ; donc je suis foutu ; l'Allemagne est foutue. J'espère que je vais trouver une mort conforme à mon rêve de toujours, une mort digne du révolutionnaire et du réactionnaire que je suis. C'est bon de se sentir au cœur de son destin. A vingt ans, je rêvais d'entrer dans l'Intelligence Service ou dans l'armée allemande? Vais-je pourvoir y entrer pour y mourir? Ou vais-je me suicider à la romaine ?"

Mûr pour la mort

Première tentative le 12 août 1944 (alors que Paris pétarade des combats de sa Libération). Après avoir écrit à "Beloukia" (Christiane Renault) "Je ne veux pas renier, je ne veux pas me cacher, je ne veux pas aller en Allemagne (allusion à Céline et à Doriot), je ne veux pas être touché par des pattes sales", il prend des barbituriques, mais, découvert, il est ramené à la vie. Il se survit six mois, jusqu'au 14 mars 1945, tentative réussie cette fois-ci: "Je veux mourir parce que je suis admirablement mûr pour la mort. Quelle chance de ne pas devenir un vieillard".

Le Roux Agnès

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Le Roux AgnèsAgnès Le Roux et l'héritière du casino de Nice Le Palais de la Méditerranée, disparue mystérieusement en 1977. Très vraisemblablement assassinée, son cadavre n'a pourtant jamais été retrouvé. Le principal suspect est son amant de l'époque: Jean-Maurice Agnelet, qui a été remis en examen pour cette disparition 27 ans après la disparition d'Agnès Le Roux.

Affaire Le Roux

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Le Roux AgnèsL'affaire Le Roux est une affaire criminelle survenue à Nice en France en octobre 1977, qui a pour point de départ la disparition de l'héritière du Palais de la Méditerranée, Agnès Le Roux. Son corps ne sera jamais retrouvé et aucun élément matériel ne viendra jamais démontrer sa mort. Le principal suspect, condamné pour assassinat après 31 années d'atermoiements et d'hésitations judiciaires, est l'ex-avocat niçois Jean-Maurice Agnelet, ancien amant de la disparue. L'affaire a défrayé la chronique pendant une trentaine d'années et conserve encore une part de mystère.

Le mobile présumé serait le vol de trois millions de francs que détenait Agnès Le Roux dans un contexte de conflit entre associés pour le contrôle et la direction du Palais de la Méditerranée (« guerre des casinos » entre Jean-Dominique Fratoni et le Groupe Lucien Barrière). Dans le but de permettre à un groupe de casinos concurrent, dirigé par Jean-Dominique Fratoni, de prendre le contrôle du Palais de la Méditerranée au détriment de sa mère, Renée Le Roux (veuve d'un riche homme d'affaires), Agnès Le Roux aurait cédé ses parts pour la somme de trois millions de francs versés sur un compte en Suisse ouvert en commun avec son amant Jean-Maurice Agnelet.

En effet Renée Le Roux est en difficulté financière après avoir perdu en une soirée quatre millions de francs à une partie de 30 et 40. Elle est persuadée que la partie a été truquée par son concurrent Jean-Dominique Fratoni et refuse de lui vendre son casino. Jean-Dominique Fratoni engage Jean-Maurice Agnelet, avocat niçois proche de la famille Le Roux, pour séduire Agnès Le Roux et intervenir dans la rédaction de l'acte de cession, l'avocat ayant eu l'ambition de devenir le nouveau directeur du Palais de la Méditerranée. Agnelet aurait éliminé Agnès, dont la Range Rover n'a jamais été retrouvée. Les soupçons se précisent lorsque l'enquête montre qu'il a récupéré en septembre 1978 une partie des fonds versés dans une banque Suisse qu'elle avait reçus en échange de ses parts. Inculpé en 1983, il bénéficie d'un non-lieu en 1985.

Agnelet a longtemps bénéficié du doute grâce à un alibi fourni par son ancienne compagne, Françoise Lausseure, qui avait affirmé s'être trouvée en Suisse avec lui lors de la disparition d'Agnès Le Roux. La position de Jean-Maurice Agnelet a basculé lorsque Françoise Lausseure, qui entre-temps est devenue l'épouse de Jean-Maurice Agnelet mais s'en est séparé, a reconnu en 1999 qu'elle avait menti pour rendre service, à sa demande, à son amant. Remis en examen en 2000, il est jugé par la Cour d'assises de Nice en 2006. Il est acquitté mais le Parquet fait appel. Il est condamné en 2007 à 20 ans de réclusion criminelle par la cour d'assises d'appel des Bouches-du-Rhône pour complicité dans l'assassinat d'Agnès Le Roux. En 2008 la Cour de cassation confirme le verdict et rend définitive la condamnation à 20 ans de réclusion de Jean-Maurice Agnelet.

En 2010, Jean-Maurice Agnelet demande sa libération conditionnelle. Début mars 2011, Jean-Pierre Hernandez, ancien truand jadis impliqué dans la « French Connection » affirme qu'Agnelet est innocent, car selon lui, ce serait son « frère » de la pègre Jeannot Lucchesi, qui appartenait alors au clan du parrain marseillais Gaëtan Zampa qui aurait commis l'assassinat. Celui-ci lui aurait confié quelques mois avant sa mort, en 1987, qu'il a tué l'héritière du casino de Nice le Palais de la Méditerranée en 1977, dans le cadre d'un contrat. Il aurait jeté son corps dans les calanques et fait écraser sa voiture puis mis à la ferraille. La famille Le Roux considère qu'il s'agit d'un « coup de pub » à l'occasion de la sortie du livre de Jean-Pierre Hernandez tandis que les avocats de Jean-Maurice Agnelet, Maîtres Saint-Pierre et Versini-Campinchi y voient un fait nouveau qui leur permettent de saisir la Cour de cassation d'un recours en révision : leur demande est rejetée en septembre 2012. Suite à cette révélation, l’avocat de la famille Zampa, Me Gilles-Jean Portejoie, dépose plainte pour complicité de « diffamation publique envers la mémoire d'un mort », accusant Hernandez d'avoir porté atteinte à l'honneur de Gaëtan Zampa.

Chronologie de l'affaire

  • Toussaint 1977, disparition d'Agnès Le Roux
  • 1985, Jean-Maurice Agnelet bénéficie d'un non-lieu
  • 23 novembre 2006, Agnelet comparaît devant les assises des Alpes-Maritimes. Il est acquitté.
  • 11 octobre 2007, Jean-Maurice Agnelet comparaît en appel devant les assises d'Aix en Provence. Il est condamné.
  • 2008: le pourvoi en cassation formé par Agnelet est rejeté: la condamnation à vingt années de réclusion criminelle devient définitive.
  • 2011: Rebondissement, un ancien truand marseillais affirme connaitre le vrai nom de l'assassin et que Jean-Maurice Agnelet "n'a jamais été un assassin".
  • septembre 2012 : La Commission des révision pénales rejette la demande de révision du procès de Jean-Maurice Agnelet.
  • janvier 2013 : LA CEDH condamne la France car le verdict rendu à Aix-en-Provence n'a pas été motivé. La Cour de Cassation ordonne un troisième procès et Jean-Maurice Agnelet est libéré.

Meurtre d’Agnès Le Roux : la fin de 30 ans d’énigme ?

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Ellepublié le 04/03/2011 à 12h25

Le Roux AgnèsLa justice s’est-elle trompée de coupable dans l’affaire Agnès Le Roux ? C’est en tout cas ce qu’affirme Jean-Pierre Hernandez, 75 ans, un ancien mafieux marseillais, dans son livre « Confessions d’un caïd ». Selon lui, Maurice Agnelet, condamné en 2008 à vingt ans de prison, n'est pas le meurtrier d'Agnès Le Roux, l'héritière du casino niçois le Palais de la Méditerranée, disparue en 1977.

Dans une interview au Parisien, il accuse une autre figure du grand banditisme marseillais : son vieil ami Jeannot Lucchesi. L’homme lui aurait confié quelques mois avant sa mort, avoir tué Agnès Le Roux, jeté son corps dans le port des Goudes, près de Marseille et fait disparaître sa voiture. Des accusations qu’il affirme avec précision en indiquant par exemple l'adresse du garage marseillais dans lequel la Range Rover d'Agnès le Roux a été écrasée.



Trente ans après les faits, il parle

Pourquoi briser le silence ? « Vous savez, je suis un homme. Laissez un innocent en prison, c’est très dur. (…) Parce que Monsieur Agnelet n’a pas été un assassin », a-t-il justifié au micro d’Europe 1. Jean-Pierre Hernandez espère que ses révélations vont aboutir à la réouverture du dossier, tout comme l’avocat de Maurice Agnelet qui entend déposer un recours en révision devant la Cour de cassation. L’ancien avocat de 73 ans a été condamné en 2008 à 20 ans de prison pour le meurtre de sa maîtresse, Agnès Leroux. Pourtant, l’homme n’a jamais cessé de clamer son innocence et son avocat rappelle qu’il a été condamné « sans la moindre preuve » alors que ni le lieu, ni la date exacte, ni la manière de commettre l'assassinat n'ont été établis.


Si vous avez oublié les détails de l'affaire Agnès Le Roux

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Le Mondepublié le 17/03/2014 à 12h40

Lundi 17 mars commence, à la cour d'appel de Rennes, le troisième procès de Maurice Agnelet, principal suspect dans la disparition toujours non élucidée d'Agnès Le Roux, à Nice en novembre 1977.



Agnès Le Roux

Photo d'identité, récupérée le 20 septembre 1978 à Nice, d'Agnès Le Roux, la fille de Renée Le Roux, la propriétaire du Palais de la Méditerranée à Nice

 

Une disparition mystérieuse

Le week-end de la Toussaint de 1977, Agnès Le Roux, 29 ans, disparaît à Nice au volant de sa Range Rover, sans laisser de trace. Au centre de l'affaire, l'avocat niçois Maurice Agnelet et une somme de 3 millions d'euros, qui serait, pour certains, le mobile du crime. Mais, trente-six ans après la disparition de la jeune femme, le mystère reste entier, car ni sa voiture ni son corps n'ont été retrouvés.

Agnès Le Roux, héritière du casino du Palais de la Méditerranée, à Nice, a grandi avec ses trois frères et sœurs dans une propriété sur le rocher de Monaco, partie la plus ancienne de la principauté. Peu avant sa mort, Agnès Le Roux, décrite par l'une de ses meilleures amies comme « la personne la moins suicidaire de la terre », fait deux tentatives de suicide.

Son amant de l'époque est Maurice Agnelet, bel homme, alors avocat au barreau de Nice, et militant engagé dans la défense des droits de l'homme. Les multiples témoignages et enquêtes lors des procès révèlent aussi un homme à femmes, membre éminent de la loge maçonnique de Nice, et lèvent le voile sur de nombreux mensonges.

Les membres de la famille d'Agnès Le Roux — sa mère, ses deux sœurs et son frère — se disent depuis le début de l'affaire convaincus de la culpabilité de Maurice Agnelet.

Quelques éléments-clés des précédents procès

La famille d'Agnès Le Roux ne porte plainte que quatre mois après la disparition de la jeune femme, lorsque Maurice Agnelet transfère 1 million de francs suisses du compte en banque d'Agnès Le Roux sur un compte personnel, et devient ainsi rapidement soupçonné du meurtre de l'héritière.

Cet argent, Agnès Le Roux l'a gagné en 1977, peu de temps avant sa disparition, grâce à une sombre affaire familiale, sur fond de guerre entre les casinos de la région. Elle reçoit 457 000 euros du directeur d'un autre casino niçois, Jean-Dominique Fratoni, qui souhaite s'emparer du casino familial que dirige Agnès Le Roux. En échange de cette somme, cette dernière vote contre sa mère lors d'une assemblée générale du casino, ce qui permet à M. Fratoni de prendre le contrôle du Palais de la Méditerranée.

Les enquêteurs, en fouillant dans les tiroirs du bureau de Maurice Agnelet, tombent sur un document inattendu : la photocopie de l'original du « testament » manuscrit d'Agnès Le Roux, dont une copie avait été retrouvée à son domicile quelques mois auparavant. Les enquêteurs se rendent alors compte que la version retrouvée chez Agnès Le Roux était incomplète : « Désolée, mon chemin est fini. Je m'arrête. Tout est bien. Je veux que ce soit Maurice qui s'occupe de tout », pouvait-on lire. Le testament avait été amputé de sa date de manière à le rendre intemporel.

Les mensonges et contradictions se multiplient : Maurice Agnelet, qui avait d'abord nié être l'amant de la jeune disparue, avait aussi affirmé ne pas avoir connaissance de l'existence de comptes que l'héritière aurait pu détenir en Suisse. Confronté par ses propres enregistrements, il affirme ensuite qu'Agnès Le Roux lui avait fait « don » de l'argent qui s'y trouvait. Puis, en 1980, il contracte un mariage blanc au Québec, dans le but d'obtenir la nationalité canadienne.

Plusieurs témoignages viennent aussi jouer contre l'ancien avocat, notamment à propos de son comportement jugé étrange et insensible lorsqu'Agnès Le Roux fait deux tentatives de suicide.

PREUVES INSUFFISANTES

Il obtient tout d'abord un non-lieu en 1985, faute de preuves suffisantes. En 1999, sa deuxième épouse, Françoise Lausseure, déclare lui avoir fourni un faux alibi pour la nuit du 27 au 28 octobre 1977. De nouvelles charges qui mènent à la réouverture de l'information pour « homicide volontaire ». De nouveau mis en examen, il est acquitté par la cour d'assises des Alpes-Maritimes en 2006. Le parquet fait appel, et l'avocat est finalement condamné le 11 octobre 2007 à vingt ans de réclusion criminelle.

Dernier épisode dans cette affaire : la décision de la Cour européenne des droits de l'homme, en janvier 2013, qui estime que « le meurtre n'est pas formellement établi » et qui souligne que, faute de motivation écrite, Maurice Agnelet « n'a pas disposé d'informations suffisantes lui permettant de comprendre le verdict de condamnation », ouvrant la voie à un troisième procès.

Chronologie

  • Toussaint 1977 - Disparition d'Agnès Le Roux.
  • Mars 1978 - Ouverture d'une information judiciaire pour « séquestration arbitraire ».
  • Janvier 1980 - Plainte avec constitution de partie civile de Renée Le Roux pour « homicide volontaire ».
  • Août 1983 - Maurice Agnelet, qui vit au Canada, est inculpé pour « homicide volontaire » et placé en détention préventive jusqu'en octobre.
  • Avril 1986 - La cour d'appel confirme l'ordonnance de non-lieu rendue en septembre 1985.
  • Février 1995 - Renée Le Roux obtient l'ouverture d'une information judiciaire pour « recel de cadavre ».
  • Juin 1999 - Françoise Lausseure, deuxième épouse de Maurice Agnelet, déclare lui avoir fourni un faux alibi pour la nuit du 27 au 28 octobre 1977.
  • Décembre 2000 - Réouverture de l'information pour « homicide volontaire » en raison des charges nouvelles.
  • Octobre 2005 - Maurice Agnelet renvoyé devant les assises pour « assassinat ».
  • Décembre 2006 - Maurice Agnelet est acquitté par la cour d'assises des Alpes-Maritimes.
  • Octobre 2007 - Maurice Agnelet est condamné par les jurés des Bouches-du-Rhône en appel à vingt ans de réclusion criminelle.
  • Octobre 2008 - La Cour de cassation rejette le pourvoi formé par Maurice Agnelet et rend définitive sa condamnation.
  • Janvier 2013 - Décision de la Cour européenne des droits de l'homme (CEDH) condamnant la France dans cette affaire pour atteinte au principe du procès équitable.

Jean-Charles Le Roux : "Agnelet est un assassin"

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Europe1publié le 14/03/2014 à 08h29 par Cécile Bouanchaud

Selon lui, Maurice Agnelet est coupable du meurtre de sa sœur, Agnès Le Roux, mystérieusement disparue le week-end de la Toussaint 1977.

Jean-Charles Le Roux

 

"Je suis malheureusement convaincu de sa culpabilité". Depuis plus de trente ans, Jean-Charles Le Roux n'a qu'une certitude. Selon lui, c'est bien Maurice Agnelet qui a tué sa sœur, Agnès Le Roux, le week-end de la Toussaint 1977. Pour ces faits, Maurice Agnelet, qui était le compagnon d'Agnès Le Roux au moment du drame, a d'abord été acquitté en première instance, puis condamné à 20 ans de réclusion en 2007. En février 2013, coup de théâtre : la Cour de cassation lui a accordé le droit à un troisième procès, qui doit s'ouvrir lundi devant la cour d'assises d'Ille-et-Vilaine à Rennes. En attendant, Maurice Agnelet a été remis en liberté et placé sous contrôle judiciaire.

"Il a eu une emprise terrible sur elle". Une situation que dénonce Jean-Charles Le Roux, pour qui Maurice Agnelet est coupable. "Je suis malheureusement convaincu de la culpabilité d'Agnelet", commente-t-il sur Europe 1. Et de préciser : "ils avaient une histoire d'amour qui était à sens unique. On s'est rendu compte qu'elle était très amoureuse. Et ensuite, il a eu une emprise terrible sur elle. Et puis il l'a fait souffrir". Mais Jean-Charles Le Roux reconnaît que ces éléments ne font pas de Maurice Agnelet le coupable.

"Le mobile est clair, c'est l'argent". Ce qui l'interpelle, c'est que Maurice ait vidé le compte en banque de sa soeur une semaine après sa disparition. "Tout cela ce sont des détails. Ce qui est important, c'est qu'une semaine après qu'Agnès ait disparu, il vide son compte en banque qui était assez fourni. Il vire la totalité de son compte sur son propre compte. Et il fait disparaitre le compte en banque d'Agnès. C'est quelqu'un qui a compris le premier qu'Agnès avait disparu et qu'elle ne reviendrait jamais. Le mobile est clair, il existe encore, c'est l'argent. Et cet argent est en Suisse au nom de Maurice Agnelet, il en réclame toujours la propriété, parce qu'il considère qu'Agnès lui a donné", raconte Jean-Charles Le Roux.



Jean-Maurice Agnelet

 

 

Agnelet espère une révision

"Un alibi de complaisance". Autre fait troublant, "l'alibi" de Maurice Agnelet, une femme qui a assuré qu'il était avec elle le soir de la disparition, avant de revenir sur ses propos. "Il a bénéficié d'un non-lieu en 1986 car il avait un alibi au moment des faits, mais cet alibi a explosé. Il était censé être avec une autre femme, avec qui il s'est marié, puis divorcé. Cette femme dit aujourd'hui que c'était un alibi de complaisance, donné par amour et qu'elle revient et explique qu'il n'a jamais été avec elle. L’alibi a sauté, ce qui a permis d'envoyer Agnelet aux assises en 2005 et 2006", détaille Jean-Charles Le Roux.

"Je veux qu'Agnelet dise la vérité". Aujourd'hui, Jean-Charles Le Roux attend de ce troisième procès que Maurice Agnelet leur dise "la vérité". "J'ai un besoin de justice. Je veux faire partager toutes mes convictions aux jurés. Je veux qu'Agnelet dise la vérité, car lui seul sait ce qu'il s'est passé, et il ne dit rien", regrette-t-il. Ce dernier estime que, malgré le silence de Maurice Agnelet, "des charges extrêmement lourdes" pèsent sur lui. "Je dis que Maurice Agnelet est un assassin", conclut-il.

"J'ai un besoin de justice" : Un procès inéquitable selon la CEDH. En janvier 2013, la Cour européenne des droits de l'Homme (CEDH) avait pourtant estimé que Maurice Agnelet n'avait pas bénéficié d'un procès équitable. La CEDH avait aussi noté que le meurtre d'Agnès Le Roux, sa compagne d'alors, "n'était pas formellement établi et que, partant, le lieu, le moment et les modalités du crime supposé restaient inconnus". Un mois plus tard, la commission de réexamen de la Cour de cassation avait suivi l'avis de la CEDH en lui accordant le droit à un troisième procès.

Meurtre d'Agnès Le Roux : «37 ans que je dis que je suis innocent», clame Agnelet

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Le Parisienpublié le 17/03/2014 à 14h18



«Ça fait 37 ans que je dis que je suis innocent», a déclaré Maurice Agnelet, quelques minutes avant l'ouverture de son troisième procès, ce lundi à Rennes, pour le meurtre d'Agnès Le Roux, mystérieusement disparue en 1977. «Je suis très fatigué, mais déterminé», a ajouté l'ex-avocat, âgé de 76 ans, qui a toujours clamé son innocence pour le meurtre de son ancienne maîtresse, héritière du casino niçois Le Palais de la Méditerranée et qui n'a jamais été revue depuis sa disparition, la veille de la Toussaint 1977.



Maurice Agnelet

 

 

Le nouveau procès est prévu pour durer quatre semaines devant la cour d'assises d'Ille-et-Vilaine, statuant en appel. Plus d'une quarantaine de témoins ont été convoqués. Maurice Agnelet encourt la perpétuité.

«La citation à  comparaître» maintenue

Dès l'ouverture, son avocat a demandé à la cour d'annuler «la citation à comparaître» de son client, le procès dans son principe étant selon lui «impossible». Me François Saint-Pierre a justifié sa «demande exceptionnelle» par «un problème de principe, un problème de fond, un problème de justice», a-t-il dit, expliquant que Maurice Agnelet a reçu une convocation devant la cour d'appel pour assassinat, mais sans précision. «De qui? De quoi? Quand ceci a eu lieu? Où? Comment?», a questionné Me Saint-Pierre qui a rappelé que selon la loi, «il faut que l'on sache exactement ce qui nous est reproché». La cour d'assises d'Ille-et-Vilaine a finalement  rejeté la demande d'annulation de la «citation à comparaître».

Acquitté, condamné puis rejugé

«Je ne comprends pas ce qu'il demande», avait rétorqué l'avocat de la famille d'Agnès Le Roux, Me Hervé Temine. «Cette situation est exceptionnelle pour tous», a ajouté l'avocat. «Cette famille que je défends, elle veut la vérité, elle veut la justice, c'est tout», a-t-il poursuivi;

Maurice Agnelet a tout d'abord été acquitté pour meurtre, puis condamné en appel à 20 ans de réclusion criminelle, en 2007. Mais la Cour européenne des droits de l'Homme a estimé qu'il n'avait pas bénéficié d'un procès équitable, ouvrant la voie à une troisième procès.

«Ça fait 37 ans que Maurice Agnelet fait tout son possible pour échapper à la justice», a déclaré de son côté le frère d'Agnès Le Roux, Jean-Charles, en arrivant à la cour d'assises. «Nous avons quatre semaines pour étudier le dossier et toutes les charges, qui sont accablantes pour Maurice Agnelet», a ajouté M. Le Roux, persuadé avec ses sœurs, présentes à Rennes, de sa culpabilité.

Les casinos au cœur de l'affaire

Les faits remontent au 30 octobre 1977. Agnès Le Roux, 29 ans, était partie dans l'arrière-pays niçois au volant de son 4X4. Personne ne l'a revue et son véhicule n'a jamais été retrouvé. La disparition d'Agnès Le Roux intervenait en pleine «guerre des tapis verts».

Quatre mois plus tôt, en conflit avec sa mère, qui gérait le casino familial, elle avait vendu subitement ses parts à Jean-Dominique Fratoni, patron du Ruhl, établissement concurrent également situé sur la promenade des Anglais. Le contact avait été établi par Maurice Agnelet. Agnès Le Roux avait touché pour ses parts 3 millions de francs (457.347 euros), une somme versée sur un compte joint au nom des deux amants à Genève. Après la disparition d'Agnès, l'argent avait été retrouvé sur un compte au seul nom de Maurice Agnelet, détournement pour lequel il a été condamné.

La justice rouvre les archives de l'affaire Agnès Le Roux

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Le Pointpublié le 17/03/2014 à 06h54 par Jamila Aridj

Maurice Agnelet est jugé pour la troisième fois pour le meurtre de l'héritière du Palais de la Méditerranée, trente-six ans après sa disparition.



Agnelet Maurice

Maurice Agnelet est poursuivi pour homicide volontaire avec la circonstance aggravante de préméditation. Il encourt la réclusion criminelle à perpétuité.

 

"Qu'avez-vous fait d'Agnès Le Roux ?" Au juge qui lui posait cette question, Maurice Agnelet a répondu par le silence. Un vide. Comme pour mieux résumer cette affaire unique qui a tant fait tergiverser la justice. Elle rejuge lundi pour la troisième fois le dossier, avec, sur le banc des accusés, l'ancien amant de la riche héritière du Palais de la Méditerranée dont le cadavre n'a jamais été retrouvé.

"Avec toi jusqu'à la mort, et peut-être même après", avait griffonné la jeune femme à celui qui était l'avocat de sa mère alors qu'elle se relevait d'une tentative de suicide, trois semaines avant sa disparition. Agnès Le Roux était "une fille attachante, complexe, très mature, très perspicace, mais très ingénue, discrète", dira d'elle une amie. Une jeune femme éperdument amoureuse d'un homme cupide et amateur de femmes. Pour Agnelet, Agnès est une "petite fille", "une rombière", "une cliente", avec qui il partage depuis le printemps 1976 une relation sans passion. Il continue à vivre avec son épouse, dont il est divorcé, et entretient une liaison avec une autre femme, Françoise Lausseure. "J'aurais préféré qu'il en ait après mon cul qu'après mon argent", écrira Agnès, qui vient d'empocher une petite fortune de la vente de ses parts du flamboyant Palais des rois sardes à Nice.

À l'été 1977, Agnès, influencée par Agnelet, fait perdre à sa mère le contrôle du casino qui appartient à parts égales à la famille Le Roux - Renée, la veuve, et ses enfants - et à Jean-Dominique Fratoni, propriétaire du casino rival, le Ruhl. Le 30 juin, lors du premier conseil d'administration qui oppose Renée Le Roux et Fratoni, Agnès vend sa voix à ce dernier contre trois millions de francs, versés sur un compte suisse avec procuration à Maurice Agnelet. "J'aurais pu hériter d'un bordel, ce n'est pas pour cela que j'aurais trouvé intéressant de devenir proxénète, je veux faire autre chose dans la vie", dit Agnès. Ce qu'elle désire ? Devenir mère, se retirer avec Maurice dans une bergerie de l'arrière-pays où elle envisage de prendre sous ses ailes les fils de "Momo". Des projets qui s'évanouissent avec sa disparition à la Toussaint 1977.

"Désolée, mon chemin est fini"

Ses proches pensent d'abord qu'elle est partie en voyage et la laissent bouder dans son coin. Aux inquiétudes de Jean-Charles Le Roux, le frère d'Agnès, Agnelet répond qu'elle est partie "faire la java" à Los Angeles. Les mois passent. Le 13 février 1978, Renée Le Roux décide de déposer une plainte contre X pour séquestration arbitraire. Le portrait de la jeune femme est diffusé dans toute la France. Interpol est aussi mobilisé. En septembre, le juge d'instruction Richard Bouaziz perquisitionne le cabinet d'avocats de Maurice Agnelet. Il y découvre des centaines de lettres adressées par Agnès à son amant. En ouvrant un tiroir, il tombe sur la photocopie du testament manuscrit d'Agnès dont l'original avait été trouvé quelques mois plus tôt par les enquêteurs, punaisé sur une table à dessin, au domicile de la jeune femme. "Désolée, mon chemin est fini. Je m'arrête, tout est bien. Je veux que ce soit Maurice qui s'occupe de tout. Agnès." Aux policiers qui l'accompagnent ce jour-là dans le bureau du juge d'instruction, Agnelet confie : "Je sais que je vais aller aux assises. Mais je vais écrire un livre sur cette affaire et je vais me faire des couilles en or." Il sort libre du cabinet du magistrat.

Les éléments qui accablent Agnelet sont nombreux. En témoignent ces annotations retrouvées dans quatre recueils de la Pléiade, les Oeuvres complètes de Montaigne, celles de Rimbaud, le Journal d'André Gide et les tomes I et II des romans de Hemingway. Quatre dates : le 17 mai, le 30 juin, le 7 octobre et le 2 novembre. "17 mai PM (Palais de la Méditerranée) - PV (Palais vénitien, la société propriétaire des murs du casino), Genève, Amitié." Le 17 mai 1977 correspond au jour où Agnès se rend en Suisse accompagnée de son amant pour y déposer les trois millions de francs sur un compte dont elle donne la procuration à Maurice Agnelet. Le 30 juin, "PM-PV, Sécurité" renvoie au jour où s'est tenue l'assemblée générale lorsque Agnès fait perdre la majorité du conseil d'administration à sa mère. Le 7 octobre, "le bateau ivre", jour de la deuxième tentative de suicide d'Agnès. Et enfin, "2 novembre 1977. Reclassement dossier PM-PV. Liberté." Le dernier signe de vie d'Agnès remonte au 27 octobre 1977.

Faux témoignage

Les années passent et la justice patine. En 1983, elle décide toutefois d'inculper Maurice Agnelet pour meurtre. Mis en examen, il continue de clamer son innocence et bénéficie d'un non-lieu devant la Cour de cassation. L'avocat déchu est sauvé par Françoise Lausseure, ex-épouse Fumat. Elle jure que ce fameux week-end de la Toussaint 1977, elle était avec Maurice à Genève à l'hôtel de la Paix. L'alibi est vérifié. Une chambre a bien été louée au nom de Françoise Fumat ce soir-là. Seulement voilà, vingt ans plus tard, l'amante fait machine arrière. "J'ai fourni ce faux témoignage pour lui rendre service à sa demande personnelle", dit-elle. Le parquet obtient alors la réouverture de la procédure criminelle. Jugé en novembre 2006, Maurice Agnelet est acquitté par la cour d'assises de Nice, avant d'être condamné dix mois plus tard en appel, après deux heures de délibéré, à vingt ans de prison. Il purge cinq années au centre de détention de Dauzac en Dordogne, avant que la Cour européenne des droits de l'homme n'estime qu'il n'a pas bénéficié d'un procès équitable.

La haute juridiction a relevé de "nombreuses incertitudes" et notamment que "le meurtre n'était pas formellement établi". "Les raisons et les modalités de la disparition d'Agnès Le Roux, y compris la thèse de l'assassinat, ne reposaient que sur des hypothèses." On ne sait toujours pas quel jour, comment, où et dans quelles circonstances Agnès Le Roux a disparu. Une chose est sûre, tous les chemins mènent à Maurice Agnelet. Tout part de lui et tout y ramène. Mais cela ne fait pas des preuves.

Après "Monuments Men", la vraie histoire des tableaux convoités par les nazis

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Francetvinfopublié le 16/03/2014 à 13h06 par Vanessa Fize

Le film de George Clooney "Monuments Men" remet en lumière une partie moins connue de l'histoire de la Seconde Guerre mondiale : la spoliation par les nazis des oeuvres d'art appartenant aux Juifs et le pillage des musées dans toute l'Europe, auquel se sont opposés des résistants.



Le visage de la Joconde

Le visage de La Joconde (détail du portrait de Léonard de Vinci)

 

Lors de l'offensive de l'armée nazie sur l'Europe, un pillage systématique des oeuvres d'art a eu lieu. Pour éviter un tel désastre en France, des milliers de peintures ont été évacuées de la capitale pour être cachées dans le Sud et le Sud-Ouest. Ce fut le cas de la très fameuse Joconde, mais aussi de très grandes toiles (dans les deux sens du terme) de Véronèse, Géricault, Delacroix, Rubens...

Elles furent transportées dans des camions de la Comédie-Française qui servaient habituellement au déplacement des décors de théâtre. Le tableau de Léonard de Vinci, particulièrement fragile et emblématique, fut enfermé dans une caisse à double paroi pendant les transports. Pendant la guerre, il fut caché dans cinq endroits différents avec d'autres toiles : dans le château de François 1er, à Louvigny, dans l'abbaye fortifiée de Loc-Dieu, au musée Ingres de Montauban, puis dans le Lot, au château de Montal.

Pour la petite histoire, il semblerait que George Clooney ait bien intégré qu'il faut "faire le buzz" pour que l'on parle plus encore de son film : en promotion à Milan, il a suggéré que la France rende la Joconde à l'Italie. Il avait déjà fait la même chose à Athènes en demandant le retour des frises du Panthéon exposées en Angleterre. Reste que le tableau de Léonard de Vinci aurait été acheté en bonne et due forme au maître par François 1er...

Rose Valland, l'une des véritables "Monuments Men"

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Francetvinfopublié le 08/03/2014 à 12h37 par Linda Belhaoues

"Monuments Men", le film de George Clooney sort sur les écrans le 12 mars 2014. L'histoire vraie d'hommes et de femmes qui ont pris des risques pour sauvegarder le patrimoine culturel dérobé par les nazis. Parmi ces experts hors pairs, Rose Valland, interprétée par Cate Blanchett. Employée du musée du Jeu de Paume à Paris, elle a sauvé des dizaines d'œuvres.



Rose Valland

Rose Valland, une "Monument woman"

 

"Sauver un peu de la beauté du monde". Ces mots de Rose Valland résument à eux seuls les motivations de la jeune femme durant la seconde guerre mondiale. Cette employée du musée du Jeu de Paume à Paris est aux premières loges lorsque les nazis pillent le patrimoine culturel.  Rose Valland va patiemment répertorier toutes les œuvres pillées par l'Allemagne nazie. Une mission délicate qu'elle mène au péril de sa vie et qui fait d'elle aujourd'hui, une résistante de l'art, une héroïne.

Rose Valland, l'amour de l'art

La mission principale de l’Einsatzstab Rosenberg (E.R.R) était le repérage et la confiscation des collections d’œuvres d’art en France mais également en Belgique et en Hollande. C'est au Jeu de Paume que nombre de ces tableaux et sculptures s'entassent durant les quatre années de l'Occupation. C'est là également qu'Hitler et Goering viennent piocher pour enrichir leurs collections.

Rose Valland, attachée de conservation au musée, est donc aux premières loges. Elle comprend très vite qu'elle est la seule à pouvoir sauver ces œuvres. Véritable espionne, cette spécialiste de l'histoire de l'art va tout répertorier : provenance et destination des œuvres. Ses carnets ont permit de sauver de nombreuses œuvres d'art. C'est ainsi qu'elle peut ensuite les rendre à leurs propriétaires après guerre, et qu'elle les sauve des bombardements alliés. En effet, elle signale aux résistants les lieux où ces œuvres sont entreposées, afin qu'ils les épargnent.



Photo d'archive non datée de Rose Valland

Photo d'archive non datée de Rose Valland

 

 

La France restituera 3 tableaux à la veille de la sortie de Monuments Men

De nombreuses oeuvres renvoyées en France à la fin de la guerre, n'ont pas été restituées à leurs propriétaires. Elles ont été confiées à la garde des musées nationaux. Elles constituent ce que l'on appelle des MNR, "Musées Nationaux Récupération". Le site des MNR, baptisé du nom de Rose Valland compte 2000 oeuvres.  Au total depuis 20 ans, l'Etat français a pu restituer 70 oeuvres seulement.

Renoncez aux œuvres d'art spoliées par les nazis !

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Courrier Internationalpublié le 12/03/2014 à 09h49



Sur fond d'affaire Gurlitt et alors que sort aujourd'hui le film de Georges Clooney consacré au sujet, Monuments Men, l'historien juif allemand Michael Wolffsohn relance la polémique en prônant l'abandon de toute prétention à la restitution et l'indemnisation de la part des descendants des victimes. Au nom de la réconciliation.



Michael Wolffsohn

Michael Wolffsohn le 17 février 2012, à Munich

 

L'affaire Gurlitt, une affaire sans fin ? L'issue de la spectaculaire histoire du "trésor artistique de Munich" est pourtant prévisible : le collectionneur Cornelius Gurlitt sera autorisé à conserver les nombreux tableaux dont il est l'incontestable propriétaire. Le reste sera restitué aux descendants de victimes de la spoliation nazie. Des descendants dont la plupart sont les petits-enfants ou les enfants très âgés des propriétaires initiaux.

Né en Israël en 1947, je suis le petit-fils de victimes du régime nazi ayant trouvé refuge en Palestine britannique en 1939. A ce titre, je voudrais dresser un bilan de la situation et lancer un appel.

La conclusion – attendue – de l'affaire Gurlitt sera le résultat d'une politique de la terre brûlée aux plans social, juridique, culturel et historique. Un pronostic pessimiste, que l'on n'entend guère que chuchoté en coulisses. Plus pour longtemps. La bombe peut exploser à tout moment. Dans les cercles officiels comme dans les médias, on retient son souffle. Sauf qu'une vieille vérité devrait se vérifier : l'enfer est pavé de bonnes intentions.

Tout le monde sait ce qu'il en est tant au plan juridique que moral : les descendants de criminels ne sont pas des criminels de naissance et les descendants de victimes ne sont pas des victimes de naissance. Des deux côtés, les descendants sont intrinsèquement innocents.

La controverse sur les d'œuvres d'art spoliées n'a pas réduit mais creusé le fossé entre les descendants des criminels et ceux des victimes, entre l'Allemagne et "les" Juifs, entre l'Allemagne et "le" monde. Les arguments éthiques et historiques me semblent remarquables sur un point : on a déjà tout dit depuis des décennies, mais tout le monde ne l'a pas dit. "Rien de nouveau sous le soleil" (l'Ecclésiaste). Et ainsi entend-on toujours les mêmes arguments.

Cette inflation de bonnes intentions créé une habituation, source de dévalorisation, d'ennui et finalement d'oubli. Soit précisément ce que le respect, l'éthique et l'Histoire cherchent à éviter. Nos connaissances sur les crimes nazis augmentent au fil du temps, en même temps que s'accroît la distance entre les descendants des bourreaux et ceux des victimes. Nous devons empêcher cela. Mais comment faire ?

J'ai pris une décision. Je ne me permettrais pas d'ériger mon opinion en critère de référence, mais en tant que descendant de Juifs spoliés, j'ai décidé de renoncer aux dédommagements et à la restitution qui me reviennent de droit. Mais pourquoi ne parle-t-on que des œuvres d'art volées et pas des autres spoliations ?

En tant qu'historien, l'étude de crimes allemands ou non, contemporains, passés voire antiques m'a appris une chose sur les "difficultés à assumer son passé" : le droit et la justice (quelle que soit la définition qu'on en donne) ne passent malheureusement pas par là. Ils ne sont pas source de réconciliation. Or c'est la réconciliation que devraient rechercher les descendants des deux camps. C'est pourquoi en tant que petit-fils de victime, je renonce à la restitution des biens dont ma famille a été spoliée.

Et je lance un appel aux autres descendants de victimes juives : renoncez vous aussi aux restitutions au nom de la réconciliation et de la paix.

Quoi que vous fassiez, pensez au résultat. Que les descendants de criminels méditent ce cheminement de pensée : après la faute, la repentance. Après la repentance, l'expiation. Après l'expiation, la réconciliation. Et grâce à la réconciliation, la paix.


Restitution de deux tableaux hollandais volés par les nazis

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The Times of Israëlpublié le 17/03/2014 à 13h50

Les œuvres seront restituées aux héritiers du propriétaire, assassiné à Sobibor en 1943



La mairie d'Amsterdam par Gerrit Berckheyde

La mairie d'Amsterdam par Gerrit Berckheyde

 

Le gouvernement hollandais a annoncé qu’il restituerait deux tableaux volés par les nazis aux héritiers d’une victime juive de la Shoah.

« La mairie d’Amsterdam » de Gerrit Berckheyde et « Vue d’un port hollandais avec personnages » de Adam Willaerts – deux œuvres datant du 17e siècle – appartenaient au collectionneur juif hollandais Sam Bernhard Levie, a écrit la semaine dernière sur son site Internet le comité hollandais pour la restitution des objets à valeur culturelle datant de la Seconde Guerre mondiale.

Le ministre hollandais de l’Éducation, de la Culture et des Sciences Jet Bussemaker a accepté les recommandations de ce comité et restituera les tableaux aux héritiers de Levie.

Levie avait vendu les œuvres en septembre 1940, quelques mois après l’occupation des Pays-Bas par l’Allemagne, au marchand d’art Walter Andreas Hofer, qui servait d’agent pour le dirigeant nazi Hermann Göring.

Levie fut déporté au camp d’extermination de Sobibor en Pologne, où il fut assassiné en 1943.

Le communiqué du comité ne précise pas combien d’argent Levie a touché grâce à la vente.

Les tableaux furent expédiés en Allemagne, puis restitués aux Pays-Bas et intégrés à la collection d’art national du gouvernement. Le tableau de Willaerts était exposé au musée Centraal à Utrecht tandis que celui de Berckheyde l’était au musée d’Amsterdam.

L’année dernière, un autre comité consultatif avait révélé que de nombreux musées hollandais possèdent au moins 139 objets dont l’origine est considérée comme « problématique ». La liste, publiée en octobre dernier, contient des objets inestimables entre les mains de 41 musées, dont des institutions mondialement connues telles que les musées Rijks et Stedelijk.

Tojo’s granddaughter, Yuko, dies at 73

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The Japan Timespublished 16/02/2013 at 13:09 by Jun Hongo

Yuko Tojo, the granddaughter of convicted Class-A war criminal Prime Minister Gen. Hideki Tojo, died of interstitial pneumonia Wednesday. She was 73.

Yuko TojoTojo, whose real name was Yoshie Iwanami, was born on the Korean Peninsula in May 1939 to Hidetaka Tojo, the eldest son of Hideki Tojo, while the peninsula was under Japan’s colonial rule.

Following his conviction by the International Military Tribunal for the Far East over war crimes committed during his 1941-1944 prime ministership, Hideki Tojo was executed in December 1948.

His granddaughter is widely known for unsuccessfully running as an independent candidate in the 2007 Upper House election, in which she based her controversial campaign “on regaining the pride and honor of Japan.”

“Japan did not fight a war of aggression,” Tojo said of the country’s past militaristic aggression during an interview with The Japan Times in 2007, claiming the Imperial Japanese Army was fighting to prevent the colonization of Asia by Western powers.

One of her campaign vows included demanding that prime ministers and the Emperor visit Yasukuni Shrine, where the nation’s war dead are enshrined — as well as her grandfather and other Class-A war criminals. She also pledged to submit a resolution to the Diet condemning the August 1945 atomic bombings of Hiroshima and Nagasaki by the United States.

Hideki TojoDuring a speech in Tokyo in July 2007, she denied that the Imperial army had coerced Asian women and girls to work as sex slaves at frontline brothels during the war, and also dismissed the Nanjing Massacre, which historians estimate killed up to 300,000 Chinese, as “a lie.”

Her campaign, however, only garnered around 60,000 votes — or 1 percent of the total ballots cast.

Tojo, who had 12 grandchildren, also authored several books that mostly focused on her family and her grandfather, Hideki Tojo. She also took part in environment conservation efforts arranged by nongovernmental organizations, as well as projects to recover the remains of Japan’s war dead, according to her website.

The Sleepwalkers: How Europe Went to War in 1914

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The Sleepwalkers - How Europe Went to War in 1914The Sleepwalkers: How Europe Went to War in 1914 is historian Christopher Clark’s riveting account of the explosive beginnings of World War I. Drawing on new scholarship, Clark offers a fresh look at World War I, focusing not on the battles and atrocities of the war itself, but on the complex events and relationships that led a group of well-meaning leaders into brutal conflict.

Clark traces the paths to war in a minute-by-minute, action-packed narrative that cuts between the key decision centers in Vienna, Berlin, St. Petersburg, Paris, London, and Belgrade, and examines the decades of history that informed the events of 1914 and details the mutual misunderstandings and unintended signals that drove the crisis forward in a few short weeks.

Meticulously researched and masterfully written, Christopher Clark’s The Sleepwalkers is a dramatic and authoritative chronicle of Europe’s descent into a war that tore the world apart.



book Fiche Technique

ISBN-13: 9780061146664
Author : Christopher Clark
Publisher: HarperCollins Publishers
Publication date: 18/03/2014

bookMeet the Author

Christopher Clark is a professor of modern European history and a fellow of St. Catharine's College at the University of Cambridge, UK. He is the author of Iron Kingdom: The Rise and Downfall of Prussia, 1600-1947, among other books.

Qui est Rose Valland l'héroïne de "Monuments men" ?

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France3publié le 07/03/2014 à 15:33 par Isabelle Audin

"Monuments Men" permet de faire connaître une femme, Rose Valland (interprétée par Cate Blanchett), employée du musée du Jeu de Paume à Paris, transformé par les Nazis en entrepôt d'art confisqué.

Rose Valland

 

Sous ses airs de vieille fille qui semble travailler pour l'Occupant, se cache une femme courageuse qui consignera dans les moindres détails la provenance des oeuvres ainsi que leur destination.

En 2011, pour la première fois, "Les Carnets de Rose Valland. Le pillage des collections privées d’œuvres d’art en France durant la Seconde Guerre mondiale" de Emmanuelle Polack et Philippe Dagen sont publiées les notes manuscrites de Rose Valland (1898-1980), accompagnées d’un appareil critique et documentaire.

À partir de mars 1941, Rose Valland, attachée de conservation au musée du Jeu de Paume, est l’unique témoin français des exactions perpétrées par une organisation culturelle du parti nazi dirigée par le ministre du Reich Alfred Rosenberg, sous l’autorité personnelle d’Adolf Hitler. La mission principale de l’Einsatzstab Rosenberg (E.R.R) consiste dans le repérage et la confiscation des collections d’œuvres d’art appartenant à des Juifs – mais pas uniquement –, en France, Belgique et Hollande. Avec le pillage des galeries d’art, des commerces d’antiquités et des habitations particulières mais également l’enlèvement de maints dépôts faits en banque, le Jeu de Paume est devenu, durant les quatre années d’Occupation, le "salon" officiel de la spoliation, une réserve de chefs-d’oeuvre pour les collections d’Hitler et de Goering et le théâtre d’affaires et d’intrigues.

Attachée de conservation au musée du Jeu de Paume, à l'époque le centre de triage des tableaux et des sculptures promis au musée d’Hitler à Linz en Autriche ou encore à la collection personnelle d’Hermann Goering, cette spécialiste de l'histoire de l'art a été un témoin privilégié du pillage nazi. Pendant l’occupation, elle a été une véritable espionne, notant tous les tableaux qui partaient, avec leur destination. Elle a informé la résistance française et ensuite les Américains afin qu’ils évitent de bombarder certaines caches. Son cahier a permis de sauver de grandes oeuvres, qui sans elle, auraient été perdu.

Devenue conservatrice des musées nationaux en 1952 et décorée des titres les plus prestigieux (Chevalier de la Légion d'honneur, Médaille de la Résistance, Médaille de la Liberté en 1948, et Officier de l’Ordre du Mérite de la République fédérale d'Allemagne), Rose Valland a ensuite passé le reste de sa vie dans l’anonymat le plus total.

Un site Internet portant le nom de Rose Valland a été créé par le ministère de la Culture. Il permet notamment de consulter le répertoire des MNR en dépôt dans les musées français ou de se documenter sur le sujet.

Les Carnets de Rose Valland

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Jeu de Paumepublié le 08/12/2011 à 19h00

À l'occasion de la parution du livre Les Carnets de Rose Valland. Le pillage des collections privées d’œuvres d’art en France durant la Seconde Guerre mondiale aux éditions Fage, le Jeu de Paume vous convie à une rencontre avec Emmanuelle Polack, Philippe Dagen, et Françoise Bonnefoy auteur d'une histoire du Jeu de Paume.

Les carnets de Rose VallandVoici pour la première fois publiées les notes manuscrites de Rose Valland (1898-1980), inédites à ce jour, accompagnées d’un appareil critique et documentaire.

À partir de mars 1941, Rose Valland, attachée de conservation au musée du Jeu de Paume, est l’unique témoin français des exactions perpétrées par une organisation culturelle du parti nazi dirigée par le ministre du Reich Alfred Rosenberg, sous l’autorité personnelle d’Adolf Hitler. La mission principale de l’Einsatzstab Rosenberg (E.R.R) consiste dans le repérage et la confiscation des collections d’œuvres d’art appartenant à des Juifs – mais pas uniquement –, en France, Belgique et Hollande.

Avec le pillage des galeries d’art, des commerces d’antiquités et des habitations particulières mais également l’enlèvement de maints dépôts faits en banque, le Jeu de Paume est devenu, durant les quatre années d’Occupation, le "salon" officiel de la spoliation, une réserve de chefs-d’oeuvre pour les collections d’Hitler et de Goering et le théâtre d’affaires et d’intrigues.

Grâce à Rose Valland, le quotidien ignoble de la spoliation apparaît ici au grand jour.

Emmanuelle Polack est chargée des archives historiques du musée des Monuments français au sein de la Cité de l’architecture et du patrimoine, et chercheuse associée au musée du Montparnasse.

Philippe Dagen est universitaire, critique d’art et romancier français. Il publie, depuis 1985, une chronique d’art dans le journal Le Monde.

> Rencontre-librairie à l'espace éducatif du Jeu de Paume, le jeudi 8 décembre à 19 heures. Entrée libre, dans la limite des places disponibles.

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