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Sitch de Polésie

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Borovets TarasLa Sitch de Polésie est l'une des trois formations insurrectionnelles ukrainiennes apparues au cours de la Seconde Guerre mondiale. Celle-ci prit forme en juin 1940 sous l'égide du gouvernement en exil de la République populaire ukrainienne, alors que la région, polonaise jusque-là, venait d'être annexée en septembre 1939 par les soviétiques en application du pacte Hitler-Staline. La Polésie historique est aujourd'hui partagée entre la Pologne et la Biélorussie. Mais le bassin polésien de la géographie physique, donc la Volhynie et une partie de la Zaporogue historiques ukrainiennes, déborde sur l'Ukraine, d'où la dénomination de Sitch de Polésie pour ce mouvement de résistance opposé à la fois aux soviétiques et aux nazis.

Ses premières activités anti-soviétiques se déroulèrent à Sarny. L'objectif était alors d'attaquer le NKVD soviétique, les prisons, les centres de mobilisation de l'armée et de saisir des armes et des munitions. En juillet 1941, lorsque Hitler attaque l'URSS, la Sitch, dirigée par Taras Borovets, fut reconnue par les autorités allemandes comme une milice locale dont la mission principale était alors de débarrasser la Polésie des dernières poches de résistance soviétique avant que ces dernières ne se regroupent en détachements de partisans.

En août 1941 Taras Borovets obtint le soutien de l'OUN d'Andriï Melnyk. Aidé par une équipe d'officiers de l'Armée populaire ukrainienne en exil, il put augmenter ses forces de plusieurs milliers d'hommes. Le chef d'état-major de la Sitch fut Petro Smorodsky, un lieutenant et colonel de l'Armée de l'UNR. Après avoir vaincu le 21 août 1941 à Olevsk une force soviétique, Taras Borovets y établit son commandement.

Une fois éliminées les troupes et les formations de partisans soviétiques de Podolie, la Sitch entre en conflit avec les Allemands qui exigent sa démobilisation le 15 novembre 1941. Taras Borovets s'y refuse et passe dans la clandestinité : en mars 1942 la Sitch se constitue en Armée insurrectionnelle ukrainienne (à ne pas confondre avec les UPA de l'OUN) qui débute ses activités anti-allemandes à la fin du mois d'avril en 1942. Sa plus grande victoire eut lieu à Chepetivka le 19 août. À l'automne 1942 Taras Borovets signa un armistice avec les partisans soviétiques, rompu en février 1943. À ce moment, l'ex-Sitch devenue AIU doit lutter sur deux fronts, à la fois anti-nazi et anti-soviétique, et perd beaucoup de combattants : ce sont les unités partisanes de l'OUN de Stepan Bandera qui deviennent la force insurrectionnelle ukrainienne la plus importante.

Les pertes en hommes que connut l'UPA rivale d'une part, et la quasi-famine provoquée par la guerre et les réquisitions allemandes, contraignent Taras Borovets à regrouper les survivants en une Armée révolutionnaire du peuple ukrainien plus restreinte. Le 18 août 1943, sa force fut entourée et désarmée par l'UPA de Stepan Bandera, qui intégra les derniers combattants. Taras Borovets lui-même réussit toutefois à s'échapper et resta actif jusqu'en novembre 1943.


SOE au Danemark

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Le Special Operations Executive (« Direction des opérations spéciales ») est un service secret britannique qui opéra pendant la Seconde Guerre mondiale dans tous les pays en guerre, y compris en Extrême-Orient. La résistance danoise peut monter quelques actions avant la fin de la guerre. La plupart d’entre elles sont du sabotage ferroviaire pour arrêter les mouvements de troupes allemandes vers la Norvège ou en provenance de la Norvège. Pourtant, il y a des exemples de sabotage sur une bien plus grande échelle, en particulier par BOPA.

En tout, à partir de 1942, c'est plus de 1000 opérations qui sont conduites. La résistance danoise sauve aussi presque tous les Juifs danois d’une mort certaine dans les camps de concentration allemands. C’est une opération massive de nuit reconnue jusqu’à ce jour par les Juifs comme une des manifestations de défiance publique contre les Allemands les plus significatives. Elle aide le SOE dans ses activités en Suède neutre. Par exemple, le SOE peut obtenir plusieurs cargaisons de roulements à billes vitaux retenus dans des ports suédois.

Affaire de Caluire

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publié le 03/06/1999 à 15h37 Par Eric Conan

C'est elle qui a fait arrêter Jean Moulin

Elle s'appelait Lydie Bastien. Devenue en 1943 la maîtresse de René Hardy, elle fut à l'origine de la trahison fatale au chef de la Résistance. Le journaliste Pierre Péan élucide un mystère vieux de cinquante ans.

C'était l' "énigme de Caluire", le "mystère de la chambre jaune" de l'histoire de la Résistance: qui a trahi Jean Moulin? Depuis cinquante ans, cette question ne cesse d'alimenter des polémiques plus ou moins sérieuses, la volonté de comprendre et de rendre justice au héros martyr se mêlant à la fascination pour le mystère entourant ce fait divers parfait - unité de temps et de lieu - où se sont croisées la petite et la grande histoire.

Ce 21 juin 1943 se réunissent dans la proche banlieue lyonnaise quelques cadres militaires de la résistance de zone Sud. Ils répondent à la convocation urgente de Jean Moulin après l'arrestation à Paris par les Allemands du général Delestraint, responsable de l'Armée secrète. Sous la conduite de Klaus Barbie, les hommes de la Gestapo font irruption et arrêtent le chef du tout récent Conseil national de la Résistance et six de ses camarades. René Hardy, qui représente le mouvement Combat, bien qu'il n'ait pas été convoqué, est le seul à prendre la fuite, dans des conditions telles qu'il sera immédiatement accusé du désastre, mais acquitté, faute de preuves, lors de son procès, en janvier 1947. Roger Wybot, patron de la DST, découvrira peu après que Hardy a menti à la justice et à ses camarades: il avait été arrêté par Barbie puis relâché quelques jours avant Caluire! René Hardy affronte donc un second procès en mai 1950, mais obtient à nouveau l'acquittement au bénéfice du doute. Avec un tel suspect blanchi deux fois par la justice, l' "affaire de Caluire" n'a cessé, dès lors, de s'amplifier, au travers d'articles, de procès et de livres dont la volonté de dénigrer l'épopée résistante n'était pas toujours absente.

L'énigme est enfin levée aujourd'hui grâce à Pierre Péan: René Hardy est bien au c?ur de la trahison, mais pas comme acteur principal. Il fut un jouet aux mains d'une femme - Lydie Bastien, sa maîtresse d'alors - à laquelle il était pitoyablement soumis et qui, elle, travaillait pour les Allemands! Elle est responsable non seulement de l'arrestation de Jean Moulin, mais aussi de celle du général Delestraint: les deux patrons - politique et militaire - de la Résistance intérieure doivent donc tous deux leur chute, à quelques jours d'intervalle, à une beauté de 20 ans, jamais inquiétée et morte récemment à Paris, en 1994.

Après la sortie, à la fin de l'année dernière, de sa biographie Vies et morts de Jean Moulin, dans laquelle il s'interrogeait sur le rôle exact de ce personnage mystérieux, Pierre Péan fut contacté par Victor Conté, l'exécuteur testamentaire de Lydie Bastien: elle l'avait chargé de faire savoir, après sa mort, la vérité sur son rôle, à condition de trouver de "bonnes oreilles". A partir des confidences recueillies par Victor Conté, Pierre Péan a entrepris une enquête sur la vie de cette femme fascinante, dénuée de toute morale, et qu'il a, s'efforçant de rester poli, baptisée "la Diabolique de Caluire".

Une "âme onduleuse et glaciale de reptile"

Selon ces aveux d'outre-tombe, Lydie Bastien était en fait l'amante de Harry Stengritt, adjoint de Klaus Barbie et responsable à Lyon de la collecte des renseignements auprès de sources françaises. Chargée de séduire René Hardy, personnage important de l'Armée secrète en tant que patron de Résistance-Fer, elle l'aborde dans un café où il a ses habitudes et parvient à ses fins avec une rapidité foudroyante. Le résistant succombe au point de déraisonner: en violation de toutes les consignes de sécurité, il met Lydie Bastien dans le secret de ses activités moins de dix jours après leur rencontre! Elle apprend rapidement l'existence de "Max", ainsi que les violents conflits qui l'opposent au mouvement Combat d'Henri Frenay. Elle récupère le message du rendez-vous avec le général Delestraint, qu'elle transmet à Barbie, et organise le voyage au cours duquel René Hardy sera secrètement arrêté puis relâché après avoir accepté le marché proposé par Barbie.

Lydie Bastien sera grassement payée en bijoux par Barbie pour sa réussite. Elle semble n'avoir jamais agi que par intérêt, comme l'atteste le récit de sa vie reconstituée par Pierre Péan. Elle s'investit dans le truquage des deux procès de René Hardy, non par affection pour l'ancien résistant, qu'elle a laissé tomber depuis longtemps - elle a même monnayé à la presse à scandale les lettres d'amour qu'il lui avait envoyées! - mais parce que leurs sorts sont liés.

Sa jeunesse durant - elle n'a que 22 ans en 1945 - elle passera d'un homme à l'autre, avec un penchant exclusif pour les riches ou les influents. Parmi eux, Ernest de Gengenbach, prêtre défroqué devenu écrivain surréaliste, a satisfait tous ses caprices, l'introduisant dans les milieux littéraires parisiens et convainquant même Olivier Messiaen de donner un récital uniquement pour elle. Il livrera son expérience d'amant torturé par cette "luciférienne" dans un livre, L'Expérience démoniaque, publié en 1949 aux Editions de Minuit. Il y décrit une "beauté fatale" cachant une "âme onduleuse et glaciale de reptile", passionnée d'occultisme, de spiritisme, abjurant dans le blasphème et un nietzschéisme de série B un passage douloureux dans un pensionnat religieux. Elle dit vouloir se "libérer du joug du Bien et du Mal": "Les hommes ne sont que des pions d'échiquier, marionnettes à man?uvrer."

Prêtresse pour illuminés et intermédiaire en affaires

Sa collection de "marionnettes" sera très éclectique. Un riche magnat - qu'elle appelait "le vieux" - arrêté pour collaboration économique. Un escroc pour esprits crédules, Maha Chohan, chef de la Fraternité blanche universelle, qui se prétend descendant de Gengis Khan et prince de l'Agartha, royaume souterrain du Tibet. Accusé d'être un "imposteur", le mage sera interdit de séjour en France en 1950 et la police le soupçonne d'être un ancien nazi passé au service de l'Est. Puis Samuel Ogus, richissime homme d'affaires qui fait de l'import- export avec les pays de l'Est, très lié aux milieux financiers du PCF. Il se suicidera en 1955. Lydie Bastien part alors pour Bombay, où elle se fiance à un maharaja et crée le Conseil international pour la recherche sur la nature de l'homme, dont elle parvient à faire inaugurer le centre new-yorkais par Eleanor Roosevelt. Installée ensuite aux Etats-Unis, elle signe, sous le nom d'Ananda Devi, des articles sur l'hypnotisme et le yoga, thèmes qui la rapprochent d'Aldous Huxley, avec lequel elle travaille sur les "expériences de la conscience". A la suite d'une affaire ennuyeuse - l'un des paumés qui l'entourent se jette par sa fenêtre - elle revient à Paris, où elle fonde le Centre culturel de l'Inde, sous le patronage d'André Maurois. Mais elle ajoute à son hobby de prêtresse pour illuminés des activités plus concrètes: un bar-discothèque à Montparnasse, Le Boucanier, qui lui sert surtout de lieu de rendez-vous pour sa nouvelle spécialité occulte: "intermédiaire" pour affaires en tout genre en Afrique. Elle a créé à cette fin la Panafrican Trade and Investment Corporation (Patic), basée à Monrovia: une officine de corruption pour obtenir des marchés en faveur d'entreprises occidentales.

L'enquête de Pierre Péan sur cette aventurière exceptionnelle donne raison à Henri Frenay, qui voyait en l'affaire Hardy "l'épisode le plus douloureux de la Résistance française" et qui avait émis l'hypothèse que Lydie Bastien fût un "agent allemand". Elle permet aussi de comprendre l'une des dernières confidences de René Hardy, peu avant sa mort: "Les femmes et les putains furent mon problème: savoir les distinguer, c'est une épreuve, quoi qu'on en dise, fort difficile."

Chauvy Gérard

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Chauvy GérardGérard Chauvy, né en 1952, est un journaliste et un historien français. Il est l'auteur de plusieurs ouvrages qui concernent aussi bien l'histoire de Lyon, sa ville natale, que l'époque contemporaine. Il collabore régulièrement au Progrès et publie dans la revue Historia. Son livre Aubrac, Lyon 1943 a suscité une vaste polémique. En relevant les nombreuses contradictions qui traversent les témoignages successifs de Raymond et Lucie Aubrac, il sous-entend que Raymond Aubrac a trahi la cause de la Résistance.

Il s'appuie notamment sur les accusations portées par Klaus Barbie, qui a prétendu que Raymond Aubrac ayant travaillé pour ses services, aurait provoqué l'arrestation de Jean Moulin le 21 juin 1943. Daniel Cordier, ancien résistant, estime que « Chauvy apporte un éclairage déséquilibré, donc biaisé, sur cette affaire », tout en affirmant que son ouvrage est le fruit d'« un remarquable travail de chercheur ».

Lors de la parution de cet ouvrage, dix-neuf résistants ont fait publier, dans L'Événement du jeudi, un appel intitulé « Nous n’acceptons pas... ». Selon Lucie Aubrac : « Une nouvelle fois, on essaie de salir la Résistance. On voit bien à qui tout cela profite ! » Le couple célèbre de résistants a poursuivi Chauvy en justice, qui a été condamné pour « diffamation publique » par le Tribunal de grande instance de Paris, le 2 avril 1998.

bookPublications

  • Les archives de la police scientifique française, Hors Collection, 2013
  • Le Drame de l'Armée française, Flammarion, 2010.
  • Lyon. Les années 50, Éditions La Taillanderie, 2006.
  • Lyon. Les années 60, Éditions La Taillanderie, 2005.
  • Lyon criminel. Cent ans de crimes à Lyon, Éditions des Traboules, 2005.
  • Lyon, 1940-1947. L'Occupation, la Libération, l'épuration, Perrin, 2004.
  • Lyon. Les années 40, Éditions La Taillanderie, 2004. Avec Guillaume Long (préface de Raymond Barre), Montchat. Regards sur l'histoire d'un quartier lyonnais, des origines à nos jours, Bellier, 2004.
  • Les Acquittés de Vichy. Non-lieux et acquittements pour faits de résistance dans les procès de la Libération, Perrin, 2003.
  • Lyon disparu, Éditions lyonnaises, 2003.
  • Vichy en haute cour, Perrin, 2002.
  • La Croix-Rouge dans la guerre, 1935-1947, Flammarion, 2000.
  • La Malle sanglante, Fleuve noir, 1998.
  • Aubrac, Lyon 1943, Albin Michel, 1997.
  • Édouard Herriot (1872-1957) et le radicalisme triomphant, Éditions lyonnaises, 1996.
  • Lyon, 40-44, Payot, 1993.
  • Histoire secrète de l'Occupation, Payot, 1991.
  • Histoire sombre de la Milice, ixelles Editions

21 juin 1943 : Jean Moulin trahi et arrêté

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Lyon Capitalepublié le 21/06/2013 à 07h27 par Florent Deligia

Le 21 juin 1943, après avoir réussi à unir les mouvements de la résistance française, Jean Moulin est arrêté à Caluire. Emprisonné et torturé à Lyon, il ne flanchera jamais, gardant le silence et se refusant à trahir ses compagnons de combat. À l’occasion de la commémoration de cette date aujourd’hui à Lyon, en présence du Premier ministre, retour sur un destin exceptionnel, celui d’un homme d’État, d’un artiste et d’un résistant.

Jean Moulin voit le jour le 20 juin 1899 à Béziers, dans une famille profondément républicaine ; son père, franc-maçon, est au Parti radical et s’est engagé en faveur de Dreyfus. À l’école, le jeune Jean Moulin ne fait pas partie des bons élèves, mais il excelle en dessin. Autodidacte dans son art, il s’amuse en caricaturant ses professeurs. Cependant, le poids de son éducation le poussera vers la fonction publique.

En 1917, il entame des études de droit à Montpellier. Parallèlement, son père, conseiller général de l’Hérault, fait jouer son réseau pour le faire rentrer à la préfecture du département.

Serviteur de l’État

Jean MoulinEn 1918, Jean Moulin est mobilisé et se prépare à monter au front, mais l’armistice est signé avant qu’il ne soit déployé sur le terrain. De retour à la préfecture, son talent naturel lui permet de devenir chef de cabinet adjoint en 1920. Il se distingue alors des jeunes de son époque et débute ainsi un parcours remarquable au sein de plusieurs préfectures. En 1922, il devient chef de cabinet du préfet de Savoie, puis est nommé en 1925 sous-préfet d’Albertville, fonction qu’il occupera, à partir de 1930, à Châteaulin (Finistère), puis à Thonon-les-Bains (1933) et Montargis (Loiret, 1934). Entre-temps, il devient chef de cabinet adjoint du ministre des Affaires étrangères, Pierre Cot. Une personnalité qu’il retrouvera en 1933 et 1936 en étant par deux fois chef de cabinet au ministère de l’Air. Pourtant, malgré cette réussite exemplaire pour son âge, Jean Moulin mène une autre vie, plus discrète.

Dès les années 1920, il tient à faire la distinction entre sa carrière dans l’Administration et ses passions pour le dessin et la peinture, qui ne l’ont jamais quitté. Il prend ainsi le pseudonyme de Romanin pour continuer de publier ses œuvres. Dans une Europe en pleine tourmente, il est témoin de la montée du fascisme et couche sur le papier des dessins témoignant de ses propres inquiétudes. Rejetant toute forme de totalitarisme, le combat des républicains en Espagne le marque. Progressivement, Jean Moulin comprend ce qui se trame et compte bien servir son pays.

* La légende veut que cette photographie ait été prise après la tentative de suicide de Jean Moulin, alors que la France est déjà occupée. Sur ce cliché, le résistant cacherait sa cicatrice au cou avec son écharpe. Tout cela est faux. Cette photo a en fait été réalisée entre 1939 et 1940, à Montpellier. La guerre changera radicalement le physique de Jean Moulin. En 1943, il a perdu beaucoup de poids, ses traits sont tirés par la fatigue, et son apparence générale s’est progressivement éloignée de celle de la photographie que tout le monde connaît aujourd’hui.

Résistant dans l’âme

En 1937, à l’âge de 38 ans, il est nommé préfet de l’Aveyron, le plus jeune de France. Malgré tout, son regard reste tourné vers l’Allemagne, de plus en plus menaçante. Il ne peut rester inactif et devient réserviste pour l’armée de l’air. En 1939, préfet d’Eure-et-Loir, il songe à abandonner son poste pour aller combattre lorsque la guerre éclate. Las, il est déclaré inapte au combat par un premier médecin, à cause de sa vue. Loin de renoncer, il exige une contre-visite, mais son destin de préfet le rattrape : le ministre de l’Intérieur veut le voir dans son département, pour protéger les populations. Jean Moulin renonce au combat sur le front, mais va en mener un autre, bien plus important.

En juin 1940, la France est envahie par l’Allemagne nazie. Jean Moulin ne peut rester impuissant face à cette barbarie qu’il avait pressentie. Il va accomplir son premier acte de résistance, son “premier combat”. Les autorités allemandes lui demandent de signer un document accusant à tort des tirailleurs sénégalais d’avoir massacré des civils. Jean Moulin refuse catégoriquement et est envoyé en prison. Là, il fait une tentative de suicide, dont il réchappe miraculeusement. Vichy lui enlève sa préfecture le 2 novembre 1940. Résistant au plus profond de son âme, Jean Moulin va combattre pour ses idéaux et prend un nouveau pseudonyme, Romanin l’artiste devient Rex l’insoumis.

Rapidement, en 1941, il comprend qu’il doit se rendre à Londres. Dans une France en partie occupée, il ne peut opter pour une approche directe. Il décide donc de gagner l’Espagne puis le Portugal avant d’arriver en Angleterre. Là, il rencontre enfin le général de Gaulle, qui comprend rapidement que Jean Moulin pourra être un allié précieux. Il en fait son représentant personnel en France et lui confie une mission de la plus haute importance : unifier la résistance. Un but difficile dans un contexte où les différents courants qui la composent sont parfois à l’opposé. Pour réussir, Jean Moulin dispose d’une arme de taille, le nerf de la guerre : l’argent. Doté de plus d’un million et demi de francs, il doit repartir en France pour mener à bien sa mission. Rex devient Max, le leader.

Sa mission : unifier la Résistance

Jean Moulin est parachuté le 1er janvier 1942 près de Salon-de-Provence. Il rejoint bientôt Lyon, qui sera l’une de ses bases principales. Rapidement, il doit faire face à deux fortes personnalités de la Résistance : d’un côté, Emmanuel d’Astier de la Vigerie, du mouvement Libération-Sud ; de l’autre, Henri Frenay, de Combat. Jean Moulin va utiliser tout son talent et sa diplomatie pour faire travailler ensemble les ennemis d’autrefois. Il a besoin d’une couverture pour circuler librement en France sans attirer les soupçons. Il devient alors marchand d’art, avec sa propre galerie, à Nice : Chez Romanin. La boucle est bouclée, le rôle n’en est pas un. Jean Moulin exerce une fonction à laquelle il était préparé depuis qu’il sait dessiner.

Le 27 novembre 1942, à Collonges-au-Mont-d’Or, il fonde le comité de coordination de la zone sud. Deux mois plus tard, le 26 janvier 1943, c’est au tour du Mouvement uni de la résistance (Mur) de voir le jour, sous sa direction. Le Mur réunit en son sein Emmanuel d’Astier de la Vigerie, nommé aux affaires politiques, Jean-Pierre Lévy (de Franc-Tireur) et Henri Frenay aux affaires militaires.

Malgré l’union, les tensions reviennent régulièrement autour de la question du pouvoir de Londres, de la légitimité de de Gaulle ou bien des statuts de l’armée secrète. Pour ne rien arranger, la résistance communiste décide de s’unir avec les Francs-tireurs et partisans (FTP) au sein du Front national. Jean Moulin se rend de nouveau à Londres en février 1943 ; à son retour, il fonde à Paris le Conseil national de la résistance, le 27 mai 1943. Les mouvements sont enfin unis, mais l’ennemi veille à déstabiliser la jeune structure.

Consciente que des personnalités fortes œuvrent pour libérer la France, la Gestapo redouble d’efforts pour arrêter les leaders. À Lyon, Klaus Barbie commence son règne de terreur. Le “boucher de Lyon” est résolu à trouver le dénommé Max, qui dirige la résistance française de l’intérieur, mais il ignore sa véritable identité. L’arrestation du général Delestraint, chef de l’armée secrète, à Paris le 9 juin 1943 va forcer la résistance à prendre des risques.

21 juin 1943 : le jour où tout a basculé

Lyon Place CarnotIl faut trouver un remplaçant à Delestraint. Une réunion est prévue à Caluire le 21 juin 1943 à 14 heures, avec Albert Lacaze, Bruno Larat, André Lassagne, Raymond Aubrac et Jean Moulin. La journée de Jean Moulin débute par plusieurs rencontres. Il retrouve ainsi Henri Aubry, rue Paul-Beret. Après quelques mots échangés, notamment sur le parachutage d’armes, ils se quittent sans qu’Aubry avoue qu’il ne viendra pas seul à la réunion de l’après-midi. Il sera en effet accompagné de René Hardy, un participant de plus pour une rencontre déjà sensible et risquée. Toute personne supplémentaire fait courir un risque aux autres. Par la suite, Jean Moulin retrouve Raymond Aubrac place Carnot. Ensemble, ils se dirigent vers le funiculaire pour se rendre à Caluire. Ils doivent retrouver le colonel Schwarzfeld, mais ce dernier est en retard d’une demi-heure. La tension monte d’un cran.

Les trois résistants arrivent avec 40 minutes de retard chez le docteur Dugoujon. La domestique, pensant qu’il s’agit de patients, leur demande d’entrer dans la salle d’attente. Albert Lacaze, Bruno Larat, René Hardy et André Lassagne les attendent à l’étage. Des voitures s’arrêtent autour de la villa, doucement ; des individus commencent à entourer le cabinet. Les résistants ont été trahis. Le docteur Dugoujon raccompagne l’une de ses patientes. Il ouvre la porte. La Gestapo prend d’assaut le bâtiment. Tout le monde est menotté, patients compris, sauf René Hardy qui parvient à prendre la fuite.

Martyr

Les interrogatoires musclés commencent. Les coups pleuvent, la Gestapo veut savoir qui elle a attrapé et faire le tri entre patients et résistants. Les Allemands savent que Max est là, mais qui est-il ? Klaus Barbie va livrer toute sa sauvagerie pour le découvrir. Lucie Aubrac devait dîner avec son mari et Moulin : ils ne viendront jamais. Les prisonniers sont transférés au siège de la Gestapo, à l’école de santé militaire, où ils sont torturés par Barbie et ses hommes. Ils vivent le martyr, des simulacres d’exécution sont organisés pour les faire parler. Henri Aubry craque et désigne Jean Moulin comme Max, sans pour autant donner son vrai nom.

La prison de Montluc aujourd'hui

Stoïque, ce dernier résiste et refuse de répondre. Il est transféré à la prison de Montluc, dans la cellule 130, dans un état catastrophique. Refusant d’admettre qu’il l’a torturé, Klaus Barbie dira plus tard que Jean Moulin a fait plusieurs tentatives de suicide, se jetant de lui-même dans les escaliers. La résistance envoie un télégramme à Londres : Max a été arrêté. Certains sont prêts à le faire évader. Des repérages sont effectués, mais l’opération ne peut être menée à son terme. La torture continue pour Jean Moulin. Le 3 ou le 4 juillet, il est transféré à Paris, où il est encore torturé. Il meurt le 8 juillet 1943, dans le train censé l’emmener en Allemagne. Insoumis, il n’a jamais parlé, mais, même torturé, il trouva le courage de dessiner une dernière fois. Jean Moulin est mort comme il a toujours vécu : libre, républicain et artiste.

Qui a trahi Jean Moulin ?

La question revient régulièrement : comment la Gestapo a-t-elle appris l’existence de la réunion de Caluire ? Qui a trahi Jean Moulin et ses compagnons ? René Hardy a tout du suspect idéal. Quelques jours plus tôt, il est arrêté puis relâché par la Gestapo. Il se rend à la réunion alors qu’il n’est pas convié et parvient à s’échapper alors qu’il est le seul à ne pas être menotté. Dans un rapport de 1943, les autorités allemandes le présentent comme “retourné”. Néanmoins, René Hardy a été acquitté par deux fois par la justice française.

En 1984, avant le procès de Klaus Barbie, Jacques Vergès affirme que Raymond Aubrac était un agent double et qu’il a trahi Jean Moulin ; il est condamné en diffamation. Barbie reprend l’argument lors de son procès en 1987, et en 1991 Jacques Vergès dévoile un document de 63 pages, signé par Barbie, censé prouver le rôle d’Aubrac.

Le 3 avril 1997, Albin Michel publie Aubrac – Lyon 1943, du journaliste lyonnais Gérard Chauvy, qui relance le débat. Son éditeur et lui-même sont condamnés pour diffamation. Soixante-dix ans après l’arrestation de Caluire, personne ne sait ce qui s’est réellement passé. La version officielle ne sera sans doute jamais connue.

Mémorial Jean Moulin, 2 place Jean-Gouailhardou (Caluire).
Prison de Montluc, 4 rue Jeanne-Hachette (Lyon 3e).
CHRD, 14 avenue Berthelot (Lyon 7e).
Ce dossier est paru dans le n° 720 du mensuel Lyon Capitale (mars 2013).

Histoire des présidents de la République

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Histoire des présidents de la RépubliqueCette Histoire des présidents de la République, de Louis Napoléon Bonaparte à François Hollande, fondée sur de nombreux témoignages exhumés de l'oubli ou totalement inédits, pourfend l'image traditionnelle qui oppose le chef de l'État effacé des IIIe et IVe Républiques au monarque républicain tout puissant de la Ve.

Les premiers, dans la discrétion et la modestie, ont parfois exercé une influence infiniment plus profonde que celle qui leur est généralement prêtée. Les seconds, en dehors des heures de gloire du début du régime créé par le général de Gaulle, ne sont pas parvenus à rompre avec la malédiction de l'impuissance publique et du déclin de la France dans le monde, malgré des velléités ponctuelles de réformes.

Dressant des portraits fouillés et sans concession de chacun des 24 hommes qui se sont succédé à l'Élysée, leur caractère, leurs idées, leur entourage, leur attitude face aux crises, et leur oeuvre politique, l'auteur souligne à quel point la personnalité de chacun d'eux, plus encore que les institutions, a pu influer sur le cours des événements qui ont forgé la France contemporaine. Proche conseiller du président Nicolas Sarkozy à l'Élysée de 2007 à 2011, Maxime Tandonnet livre un témoignage édifiant sur cette période, sans état d'âme ni parti pris, et met à profit son expérience au coeur du pouvoir pour tenter de comprendre le malaise qui pèse sur la présidence de la République depuis une trentaine d'années.

Liste des présidents : Louis-Napoléon Bonaparte, Adolphe Tiers, Patrice de Mac Mahon, Jules Grévy, Sadi Carnot, Jean-Casimir Perier, Félix Faure, Emile Loubet, Armand Fallières, Raymond Poincaré, Paul Deschanel, Alexandre Millerand, Gaston Doumergue, Paul Doumer, Albert Lebrun, Vincent Auriol, René Coty, Charles de Gaulle, Georges Pompidou, Valéry Giscard D'Estaing, François Mitterand, Jacques Chirac, Nicolas Sarkozy, François Hollande.

bookFiche Technique

EAN commerce : 9782262036027
Editeur (Livre) : Librairie Académique Perrin
Date sortie / parution : 14/03/2013
Auteur : Maxime Tandonnet

Un rêve de France - Pierre Bucher, une passion française au coeur de l'Alsace allemande 1869-1921

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Un rêve de FranceLe docteur Pierre Bucher (1869-1921) fut une figure romanesque comme en produisent les époques de bouleversement. Ce médecin de bonne famille ressentit comme une humiliation l'annexion de sa terre d'Alsace à l'Allemagne prussienne et il n'eut de cesse de la combattre par tous les moyens, s'engageant avec talent sur deux terrains, souvent jugés inconciliables, celui du régionalisme et celui du patriotisme.

Ami de Barrès, Paul Claudel, Jean Schlumberger, Edouard Schuré et tant d'autres, il développa une intense activité littéraire et intellectuelle. Mais, ayant compris que le patriotisme doit s'enraciner dans le local, il fut aussi l'artisan du renouveau de la culture alsacienne, à travers revues et groupes artistiques, et surtout en créant le Musée alsacien de Strasbourg.

En 1914, à la demande de Clemenceau, il créa, sur la ligne de front, le centre de renseignement militaire de Réchésy, ancêtre de la guerre de propagande moderne. Mort peu après la victoire et le retour de sa province à la France, Pierre Bucher laisse le souvenir d'un idéaliste généreux et d'un homme d'action toujours sur la brèche. Pour le Président de la République Alexandre Millerand, il représentait même " l'idéal du Francalis ".

bookFiche Technique

EAN commerce : 9782716505277
Editeur (Livre) : La Nuée bleue
Date sortie / parution : 24/06/2000
Auteur : Gisèle Loth

Douzou Laurent

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Douzou LaurentLaurent Douzou est un universitaire français, professeur d'histoire à l'université Lyon 2 et à l'Institut d'études politiques de Lyon. Au 30 août 2008, il était par ailleurs membre du Conseil d'administration de l'IEP de Lyon. Il a côtoyé pendant plus de 20 ans Lucie Aubrac et son mari Raymond avant de décider de publier la biographie de cette dernière.

Celle-ci ne laisse qu'une place peu importante à son passé de résistante et insiste plutôt sur sa vie en dehors des années de guerre. Il tient simplement à résumer cette période de sa vie, qui a déjà été étudiée par de nombreux historiens. Il relativise néanmoins sa place dans l'histoire de France, dans laquelle elle tient un rôle important mais secondaire. Il est depuis septembre 2010 membre de la Maison française d'Oxford.





bookPublications

Ouvrages :

  • La désobéissance. Histoire d'un mouvement et d'un journal clandestins (1940-1944), Paris, Editions Odile Jacob, 1995, 480 p.
  • Voler les Juifs. Lyon, 1940-1944, Paris, Hachette Littératures, collection Vie quotidienne, 2003, en collaboration avec Bénédicte Gavand et Anne-Claire Janier-Malnoury, 342 p.
  • La Résistance française : une histoire périlleuse, Paris, Seuil, collections Points Histoire, 2005, 365 p.
  • Lucie Aubrac, Paris, Perrin, 2009, 376 p.


Articles et contributions :

  • "Eléments de bibliographie. La recherche historique et les sources orales", Cahiers de l'I.H.T.P. (C.N.R.S.), "La bouche de la vérité ? La recherche historique et les sources orales", dir. Danièle Voldman, n° 21, novembre 1992, 161 p., pp. 125-161.
  • "Notes de prison de Bertrande d'Astier de la Vigerie (15 mars-4 avril 1941)", édition établie et présentée par Laurent Douzou, Cahiers de l'I.H.T.P. (C.N.R.S.), n° 25, octobre 1993, 66 p.
  • "Souvenirs inédits d'Yvon Morandat", édition établie et présentée par Laurent Douzou, Cahiers de l'I.H.T.P. (C.N.R.S.), n° 29, septembre 1994, 124 p.
  • "La Résistance, une affaire d'hommes ?", Identités féminines et violences politiques (1936-1946), François Rouquet et Danièle Voldman (dir.), Cahiers de l'I.H.T.P. (C.N.R.S.), n° 31, octobre 1995, 85 p.
  • "La Résistance française face à l'hypothèque Vichy", La France de Vichy, Archives inédits d'Angelo Tasca, David Bidussa, Denis Peschanski (dir.), Milan, Fondazione Giangiacomo Feltrinelli, 1996, pp. 3-42 (en collaboration avec Denis Peschanski).
  • "L'entrée en Résistance", Pour une histoire sociale de la Résistance, Antoine Prost (dir.), Le Mouvement Social, numéro 180, juillet-septembre 1997, pp. 9-20.
  • "La Résistance française en quête d'un héros éponyme (1942-1996)", La France démocratique. Mélanges offerts à Maurice Agulhon, Christophe Charle, Jacqueline Lalouette, Michel Pigenet, Anne-Marie-Sohn (dir.), Paris, 1998, Publications de la Sorbonne, 431-440.
  • "La Résistance et le monde rural : entre histoire et mémoire", Ruralia, Revue de l'Association des ruralistes français, n° 4, 1999, pp. 101-122.
  • Introduction au Journal d'un coiffeur juif à Paris sous l'Occupation d'Albert Grunberg, Éditions de l'Atelier, Paris, 2001.
  • "Les morts de la Résistance", dans Autour des morts. Mémoire et Identité, Actes du Vème colloque sur la sociabilité, Rouen, 19-21 novembre 1998, textes réunis par Olivier Dumoulin et Françoise Thelamon, Publications de l’Université de Rouen, n° 296, 2001, pp. 409-417.
  • « La démocratie sans le vote. La question de la décision dans la Résistance », dans Actes de la Recherche en Sciences Sociales, « Votes », numéro 140, décembre 2001, Seuil, pp. 57-67.
  • « Jean Moulin », « Résister », « Résistance », Dictionnaire de la République, Vincent Duclert, Christophe Prochasson (dir.), Flammarion.
  • « Les Résistantes, point de l’historiographie », dans Les femmes dans la Résistance en France, Mechtild Gilzmer, Christine Levisse-Touzé, Stefan Martens (dir.), Tallandier, 2003, pp. 31-49.
  • « La guerre mondiale chez les animaux », dans L’animal en politique, Paul Bacot, Éric Baratay, Denis Barbet, Olivier Faure, Jean-Luc Mayaud (dir.), L’Harmattan, 2003, pp. 265-274.
  • « La gauche, Vichy et la Résistance », dans Histoire des gauches en France, Jean-Jacques Becker, Gilles Candar (dir.), 2 vol., La Découverte, 2004, t. 2, pp. 386-399.
  • "André Philip, Résistant de l'intérieur", dans André Philip, socialiste, patriote, chrétien, Colloque "Redécouvrir André Philip" tenu à l'Assemblée nationale les 13 et 14 mars 2003, Christian Chevandier, Gilles Morin (dir.), Paris, Comité pour l'histoire économique et financière de la France, pp. 107-115.
  • Dictionnaire historique de la Résistance, François Marcot (dir.), Paris, Robert Laffont, coll. Bouquins, 2006 : 45 notices et contributions.
  • Dictionnaire de Gaulle, Claire Andrieu, Philippe Braud, Guillaume Piketty (dir.), Paris, Robert Laffont, coll. Bouquins, 2006, 9 notices et contributions.
  • "Jean-Pierre Vernant résistant", dans Origines du langage. Une encyclopédie poétique (sous la direction d'Olivier Pot), Le genre humain, Seuil; 2007, pp. 13-17.
  • « Des témoins mille fois entendus ? », dans Le cartable de Clio, n° 8, 2008, Éditions Antipodes, Lausanne, pp. 99-104.
  • « Chrononymes. La politisation du temps », Mots. Les langages du politique, n° 87, juillet 2008, 142 p., dossier coordonné par Paul Bacot, Laurent Douzou et Jean-Paul Honoré.
  • « Quand la fiction vole au secours de la réalité : le cas Dora Bruder », dans Lectures de Modiano, Roger-Yves Roche (dir.), Éditions Cécile Defaut, 2009, pp. 123-135.


Enseignements :

  • Cours fondamental d’histoire de deuxième et cinquième années à l’Institut d’Études Politiques de Lyon.
  • Enseignement sur les sources orales et leur usage en M2 d’histoire moderne et contemporaine, Faculté de Géographie, Histoire, Histoire de l’Art, Tourisme, Université de Lyon 2.
  • Depuis 1999 : Professeur associé au Foreign Study Program de Paris de Dartmouth College (États-Unis).
  • Depuis 2001 : Professeur invité au Frankreich-Zentrum de l'Université de Fribourg (Allemagne) dans le cadre de la formation doctorale : 12 heures d’enseignement par an.
  • Depuis 2006 : Professeur invité dans le cadre du programme d’été de l’Université de Virginie (Etats-Unis) à Lyon : 20 heures d’enseignement.



Responsabilités administratives et pédagogiques

  • Responsable pédagogique de la 2ème année de la scolarité de l’Institut d’Études Politiques de Lyon de 2004 à 2008.
  • Membre élu du Conseil d’Administration de l’Institut d’Études Politiques de Lyon depuis 2005.

Morin-Forestier François

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Né en 1910, fils de l’amiral Michel Morin, polytechnicien, François Morin traverse l’ensemble de la Résistance sous le pseudonyme le plus courant de « François Forestier », d'abord comme un dirigeant du mouvement de Résistance Combat, en zone nord, dès la fin de 1940, puis comme premier chef d'état-major de l'Armée Secrète, principalement à Lyon, enfin à Londres, où il dirige la "Délégation des mouvements de Résistance" voulue et créée par Henri Frenay.

François Morin est élevé chez les Jésuites de Saint-Louis de Gonzague. Il prépare l'Ecole Polytechnique à Janson-de-Sailly. Polytechnicien, licencié es sciences, il entre chez Landry & Cie, entreprise de M. Montcocol, ami du maréchal Pétain, beau-père du Dr Didier Ménétrel. Officier de réserve, interprète auprès de la 1ère division canadienne, officier de liaison du général Antoine Béthouart en Grande-Bretagne, Morin est démobilisé à Rabat le 14 août 1940.

Le 11 novembre 1940, Morin participe à Paris aux manifestations commémoratives interdites par l'occupant. En juin 1941, il est mis en contact avec Elizabeth Dussauze qui le présente à Robert Guédon. En zone Nord, il est aux côtés du Groupe du musée de l’Homme, ensuite à Combat Zone Nord, jusqu’à leur anéantissement par la Geheime Feldpolizei auquel il échappe de justesse début 1942; en février 1942, Morin passe en zone libre en compagnie d'Henri Ingrand. Survivant ainsi aux premières répressions, il prend immédiatement les fonctions de responsable militaire de « Combat ». À la fusion des mouvements de Résistance en zone Sud, fin 1942, il est désigné pour prendre les fonctions de premier chef d’état-major du général Charles Delestraint. Avec Raymond Aubrac, de Libération, il est alors de ceux qui travaillent le plus activement à la construction de l’Armée Secrète.

Tous deux sont arrêtés le 15 mars 1943, à Lyon. S’ensuivent plusieurs semaines dans la même cellule de la prison Saint-Paul, puis à l’hôpital de l’Antiquaille, avec Serge Ravanel, Maurice Kriegel-Valrimont et Raymond Hego. Le 24 mai, 10 jours après être lui-même sorti de prison grâce à l’action de sa femme, Lucie, Raymond et elle font à leur tour évader ses codétenus, dont François. Considéré comme trop exposé pour rester en France, il est exfiltré après trois mois de cavale, par avion, vers Londres où Passy lui propose de rejoindre le BCRA.

À la demande de Frenay, François décline cette offre, pour prendre la tête de la « Délégation » des mouvements de Résistance. Il peut ainsi aider à mieux faire comprendre ce qu’était la Résistance - dont il devient à la fois un porte-parole, et « un observateur privilégié » (Henri Noguères), alors même que se mettent en place les acteurs de la Libération. En mars 1944, il est chef de la délégation de Londres du Commissariat des Prisonniers, Déportés et Réfugiés dirigé par Henri Frenay. Après la guerre, et quelques missions officielles bien remplies, il reprend comme beaucoup d’autres la vie civile, avant de disparaître le 10 mai 1980.

Truche Pierre

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Truche PierrePierre Truche (né le 1er novembre 1929 à Lyon) est un ancien magistrat français. Son nom reste attaché au procès de Klaus Barbie. M. Truche, qui avait suivi toute l'instruction en tant que procureur général, a occupé le siège du ministère public lors du procès contre l'ancien nazi en 1987. Juge suppléant à Dijon (1954-1957). Substitut à Arras (1957-1959). Substitut à Dijon (1959-1961). Substitut à Lyon (1961-1969). Premier substitut à Lyon (1969-1973). Procureur-adjoint à Lyon (1973-1977).

Directeur des études à L'École nationale de la magistrature (ENM) (1977-1978). Avocat général près de la Cour d'appel de Grenoble (1978-1982). Procureur de la République à Marseille (1982-1984). Procureur général près la Cour d'appel de Lyon (1984-1988). Membre de la commission « Justice pénale et droits de l'homme » (1988). Procureur général près la cour d'appel de Paris (1988-1992). Procureur général près la Cour de cassation (1992-1996). Premier président de la Cour de cassation (1996-1999).

Président de la commission de réflexion sur la justice (1997). Président de la Commission nationale consultative des droits de l'homme (CNCDH) (1999). Président de la Commission nationale de déontologie de la sécurité (CNDS) (2001-2006). Membre de la commission chargée de proposer une révision du statut pénal du chef de l'État (2002). Depuis le 19 juillet 1999, il est premier président honoraire de la Cour de cassation. Il est l'auteur de L'Anarchiste et son juge (Fayard, 1994) sur l'assassinat de Sadi Carnot. Il a été élevé à la dignité de grand officier de la Légion d'honneur le 1er janvier 2000.

Carrère Marcel

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Carrère MarcelMarcel Carrère (1913-1979), policier français, fut le commissaire divisionnaire qui dirigea l'Office central pour la répression du trafic illicite des stupéfiants (OCRTIS) de 1966 à 1971. En collaboration avec les services américains du Bureau of Narcotics and Dangerous Drugs (BNDD), il lutta contre les filières de la French Connection. Marcel Roger Carrère fut l'un des quatre fils d'une concierge et d'un employé de la SNCF qui vécurent dans le centre de Juvisy-sur-Orge. À vingt-deux ans, il entra dans la police nationale comme simple gardien de la paix. Neuf ans plus tard, le 18 août 1944, commissaire de 3e classe, 2e échelon, il fut affecté au service de la sécurité publique de Meudon, où il résida jusqu'à sa mort. En 1955, il accéda au grade de commissaire principal, et, le 31 janvier 1962, devint sous-chef du service régional de la Police judiciaire de Paris.

Selon Honoré Gévaudan (1920-1999), alors directeur central adjoint de la Police Judiciaire, il fut le premier commissaire divisionnaire français à travailler en permanence sur le plan international : « Son Office, destiné à réprimer le trafic sur l'ensemble du territoire, se réduisait à seize inspecteurs, pas un de plus. Ils étaient confinés dans trois bureaux d'un recoin de la rue des Saussaies, sombre, lugubre, indigne même de la police française qui n'a jamais été gâtée sur le plan de l'immobilier. Mais Carrère avait donné à sa boutique un lustre qui dépassait les frontières. [...] Certes, sa spécialité le lui imposait, mais son entregent, sa cordialité, sa faconde en faisaient le flic le plus connu hors de France. Il avait visité les États-Unis, l'Amérique du Sud : il participait à toutes les réunions qui, déjà, se multipliaient à travers le monde.

Il prenait parfois son bâton de pèlerin et parcourait l'Hexagone, où il dispensait des conférences agrémentées de la présentation de semelles de haschisch, de boulettes d'opium, d'échantillons d'héroïne, de pipes, de shilums, de diapositives. Il emportait tout cela dans une valise comme un voyageur de commerce qui étalerait ses produits non pour les vendre mais pour qu'on en connaisse les dangers et qu'on s'en méfie. Il compensait par sa personnalité attachante la petitesse des moyens dont il disposait. » Les caciques du FBI quant à eux le considéraient comme « le meilleur spécialiste du monde » parce que ses services avaient saisi « plus d'une tonne de drogue en moins de trois ans ».

Le 20 mars 1967, aéroport d'Orly, après quatorze mois d'enquête, il arrêta notamment deux PDG, deux ingénieurs, deux complices, qui transportaient douze oscilloscopes, avec, à l'intérieur de chacun d'eux, un kilo d'héroïne. En juillet 1968, inspiré par la mésaventure de Jacques Angelvin, il s'illustra en démantelant le gang dit des « DS truquées » : « 112 kilos d'héroïne pure, à 200 millions le kilo au prix de détail, soit une valeur de 22 milliards 400 millions d'anciens francs », à cette époque « le coup le plus dur jamais porté aux trafiquants ». En mars 1969, après une longue filature, il mit encore la main sur un atelier de conditionnement clandestin, situé à Montrouge, où trois individus s'apprêtaient à confectionner, dans une baignoire, 22 kilos 500 de cette même drogue.

Pourtant, malgré ces résultats, Richard Nixon adressa début août 1969 une lettre au nouveau président Georges Pompidou pour que soit encore intensifiée la lutte contre les filières des parrains Marcel Francisci, Jean-Baptiste Croce, Jean-Baptiste Andreani, Jo Cesari, Jean-Jé Colonna, les frères Guérini, Orsini, Venturi, Lotti, en tout une quinzaine de clans mafieux, alors en pleine expansion outre-atlantique, dopées par la guerre du Viêt Nam, alimentées par l'opium d'origine turque et accusées de fournir 80 % de la meilleure héroïne blanche des États-Unis. Les Français protestèrent, invoquant, à juste titre, les apports en provenance du Triangle d'or, ignorant la renaissance d'une quelconque filière française de drogue vers les États-Unis, prétendant même, dans un rapport remis par l'OCRTIS au ministère de l'Intérieur, que « les laboratoires de transformation de morphine-base en héroïne se trouvaient aux États-Unis » ; les Américains, dont les inquiétudes étaient fondées, qui considéraient cette Union corse comme plus dangereuse que Cosa nostra et menaient une campagne excessive de dénigrement contre la France, persistèrent.

À compter de début septembre 1969, des efforts substantiels furent consentis, la Police Judiciaire devant remettre chaque semaine à la Place Beauvau un rapport sur les prises et les enquêtes en cours. Les 8 et 15 octobre, des auditions parlementaires, présidées par Alain Peyrefitte, alors président de la Commission des Affaires culturelles et sociales de l'Assemblée nationale, furent organisées, et, le 7 novembre, Richard Nixon adressa ses félicitations à Georges Pompidou.

Un an plus tard, le 31 décembre 1970, le gouvernement de Jacques Chaban-Delmas adopta la loi antidrogue prohibant « l’usage, la production, la cession ainsi que la présentation sous un jour favorable des stupéfiants ». Le 3 janvier 1971, les peines de réclusion pour les « marchands de mort » quadruplèrent, passant de cinq à vingt années - quarante pour les récidivistes -, et, le 26 février de la même année, par la signature à Paris d'un protocole d'accord entre le ministre de l'Intérieur Raymond Marcellin et l'Attorney general John Newton Mitchell, fut entérinée la coopération entre les polices des deux pays. À cette occasion, Français et Américains révélèrent les résultats d'une enquête qui permit de démanteler un réseau de vingt-trois trafiquants internationaux. On apprit que trois cent cinquante-huit kilos de morphine-base avaient été saisis deux jours plus tôt, au large de Port-Saint-Louis-du-Rhône, et qu'en tout, depuis le 8 août 1969, six cent soixante-quinze trafiquants avaient été arrêtés.

Mais cela demeurait encore insuffisant pour endiguer un phénomène qui gangrenait la jeunesse américaine, le nombre d'héroïnomanes ne cessant de croître. Selon les chiffres du BNDD, qu'Edward Jay Epstein pense artificiellement gonflés afin de faire pression sur la Maison-Blanche, il serait passé de 69 000 en 1969, à 322 000 en 1970, puis à 560 000 en 1971. La contagion, quoique statistiquement limitée, commençait même à s'étendre à la population des grandes métropoles françaises, où l'on pouvait rencontrer des drogués en pleine rue, dans des écoles, casernes, clubs, boîtes de nuit… Le cœur du problème, selon Raymond Marcellin, venait du fait que « le combat contre la drogue », spectaculairement traité par les médias, volontiers alarmistes, jouant sur les peurs et les fantasmes, passait en vérité « à l'arrière-plan des préoccupations de la direction centrale de la Police Judiciaire », submergée par l'augmentation des délinquances de toutes natures.

Le 15 juin 1971, Richard Nixon, qui briguait l'élection présidentielle américaine de 1972, repartit à l'assaut en déclarant « la guerre à outrance contre la drogue » et, le 26, eut lieu à l'ONU la journée internationale contre l'abus et le trafic illicite des drogues. Un mois plus tard, le 26 août, dans une interview provocatrice et controversée au journal Le Méridional, téléguidée par sa hiérarchie, John T. Cusack, un ancien de la US Navy fraîchement nommé directeur du BNDD pour l'Europe, prétendit que « trois ou quatre gros bonnets » se sentaient « en sécurité » à Marseille. Le directeur central de la Police Judiciaire, Max Fernet (1910-1997), retraité le 12 décembre 1971, eut beau répliquer que ces allégations étaient injustifiées, de nouveaux moyens furent immédiatement débloqués : micros espions, télé-objectifs, jumelles marines, voitures rapides, écoutes téléphoniques, crédits provenant des fonds spéciaux, les mille cinq cents agents du Bureau des Narcotiques et des Drogues Dures de Washington D.C., dirigé par John E. Ingersoll, bénéficiant quant à eux d'un budget de quelque quarante-trois millions d'euros.

Paris était en lutte ; Washington, en campagne. Aux saisies et aux arrestations ponctuelles pour essayer de contenir dans des limites acceptables un « milieu » qu'on connaissait parfois très bien, devait succéder la bataille sans concessions jusqu'à l'éradication complète du problème. Puisque « la French Connection, œuvre de la pègre et de la pègre seule, [avait] prospéré sur le fumier de la négligence et non de la connivence, de l'indifférence et non de la collusion, de l'ignorance et non de la vénalité, [...] le crime n'intéress[ant] aucunement les gouvernements tant qu'il ne recèle pas l'ingrédient politique à incidence électorale », il fallut prendre des mesures radicales. L'effectif de l'OCRTIS passa de seize à quarante agents, celui de la brigade des stupéfiants de Marseille, de sept à soixante-dix-sept, plusieurs centaines de fonctionnaires furent affectés à la lutte contre le trafic, plusieurs milliers d'autres, formés, et un remaniement des dirigeants, même s'ils n'avaient pas failli, s'avéra inévitable : John T. Cusack, par un « mouvement interne à son administration » céda la place à Paul Knight, le commissaire principal Marcel Morin, trente-cinq ans, devint, en remplacement d'Antoine Comiti, muté à Montpellier, chef de la brigade de Marseille, et, en juillet 1971, le commissaire divisionnaire François Le Mouël, quarante-trois ans, créateur en 1964, avec Marcel Morin, de la brigade de recherche et d'intervention dite « antigang » (BRI-PP), succéda à Marcel Carrère à la tête de l'Office central.

Francisci Marcel

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Francisci Marcel Marcel Francisci est un homme d'affaires et un gangster français né en 1920 et mort le 16 janvier 1982. Marcel Francisci fut conseiller général de la Corse-du-Sud (UDR) et il fut adhérent au SAC. Il est le frère de Roland Francisci et de Xavier Francisci. Il a pour neveu Marcel Francisci, fils de Roland Francisci et président de l'UMP en Corse-du-Sud. Marcel Francisci est né en Corse vers 1919 ou 1920. Durant la Seconde Guerre Mondiale, il combat avec les Forces françaises libres en Italie. Il est décoré par 4 médailles pour ses actes d'héroïsme, dont la Croix de Guerre. Après la signature de l'armistice avec l'Italie, il est recruté par Joe Renucci. Vers 1950, Marcel Francisci est soupçonné d'avoir été impliqué dans un trafic de cigarettes et les bas de soie entre Tanger et Marseille. Durant cette période, il établit des contacts pour le trafic de drogue dans différents pays arabes.

En 1947, Renucci et Francisci deviennent des hommes forts du parti anticommuniste gaulliste : le Rassemblement du peuple français (RPF). Saississant l'opportunité de côtoyer Charles de Gaulle et son entourage. L'influence de Francisci grandit au sein du parti et il deviendra plus tard le chef du parti gaulliste en Corse. Quand Renucci meurt en novembre 1958 (mort naturelle : cancer), Francisci récupère son empire criminel. Il décide de retourner à Paris et laisse son opération de trafic d'héroïne à Marseille à ses lieutenants. À Paris, Francisci passe beaucoup de temps avec ses amis politiciens et investit une partie de sa fortune dans des casinos. Il était le propriétaire du syndicat international du jeu avec des casinos à Paris, Londres et Beyrouth. Il dirigea le prestigieux cercle Haussmann à Paris, qui fut fermé en 1982 après son assassinat. Il gagna son surnom de « l'empereur des jeux ». Il était associé avec Paul Mondoloni.

Durant les années 1960, Francisci était supposé être impliqué dans plusieurs guerres des gangs dans le sud de la France. La première guerre commença en 1963 lorsque Marcel Francisci se livra à une guerre des gangs pour le contrôle des casinos contre son rival Jean-Baptiste Andréani dans les années 1960, épaulé par les frères Zemour, qui ont peut-être par la suite été ses assassins. La deuxième se déroula entre 1965 et 1967 contre le clan le plus puissant de l'époque : les Guérini. Les Guérini étaient les véritables parrains du milieu français en organisant le trafic d'opium de Turquie et d'Indochine : la French Connection. Les Guérini sont dirigés par leur chef, Antoine et un de ses lieutenants, Jean-Baptiste Andreani.

Le motif de la deuxième guerre était aussi pour le contrôle des revenus générés par les casinos entre les Guérini et Francisci. Le 23 juin 1967, Antoine Guérini est assassiné d'onze balles par deux motards à une station service de Marseille, peut-être en lien avec la guerre avec Francisci, mais plus surement par Jacky le Mat pour le compte de Tany Zampa.

Après cet assassinat, Francisci fut victime de deux tentatives de meurtres et un attentat. À Ajaccio, Roland Francisci sortait d'une réunion électorale en faveur de Jean Bozzi, candidat gaulliste aux législatives en Corse. Francisci est presque tué par un sniper. Selon le journal l'Express, le 14 décembre 1967, deux voyous loyalistes des Guérini essayèrent de souffler la maison de Francisci avec 150 kilos de TNT. Les deux hommes meurent dans l'attentat. Le 21 juin 1968, Marcel Francisci et ses deux frères Roland et Xavier furent visés, sans être touchés, par des rafales d'armes automatiques tirées par 5 tueurs. Cet attentat fit un mort et six blessés. Quatre mois plus tard, les hommes qui tentèrent de tuer les Francisci étaient assassinés par des hommes déguisés en policiers dans un bar parisien. À l'issue de cette guerre, le clan des Guérini est exterminé.

Au printemps 1971, Marcel Francisci fut désigné par erreur par le Congrès américain (Rapport Steele) comme un élément du trafic d'héroïne vers les États-Unis (French Connection), il s'agissait en fait d'un homonyme dénommé Bonaventure Francisci . (Selon Le Monde du 22 mai 2006). Cette implication a toujours été niée par lui-même et sa famille. La justice française lui a toujours donné raison en condamnant pour diffamation les différents organes de presse qui faisait état de ces fausses accusations. Il a été tué dans le parking de l'immeuble où il résidait, rue de la Faisanderie à Paris, le 16 janvier 1982.

Mitchell John Newton

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Mitchell John Newton John Newton Mitchell (15 septembre 1913 - 9 novembre 1988) était un avocat et homme politique américain. Il exerça la fonction d'Attorney General de 1969 à 1972. Mitchell est né à Détroit dans le Michigan et a grandi à Long Island dans l'État de New York. Après avoir étudié le droit à l'Université Fordham, Mitchell est avocat à New York de 1938 à 1968. Officier de marine durant la Seconde Guerre mondiale, il reçut la Silver Star et deux fois la Purple Heart pour blessure au combat.

Il rencontre Nixon en 1967 à l'occasion de la fusion de leurs sociétés et devient son conseiller électoral lors de la campagne présidentielle de 1968. En janvier 1969, Mitchell est nommé Attorney General. Il se fait l'avocat de « la loi et l'ordre », justifiant à ses yeux une restriction des libertés civiles, est favorable à la mise sur écoutes sans ordre d'un tribunal, et refuse de gérer le dossier des droits civiques. En avril 1970, il annonce des poursuites contre les Weathermen, accusés d'avoir organisé les Days of Rage, des émeutes à Chicago l'année précédente. Il démissionne en 1972, pour préparer la nouvelle campagne électorale présidentielle de Nixon, à la tête du Comité pour la réélection du président.

Lors du Scandale du Watergate, il est compromis par James McCord, l'un des « plombiers » responsable du cambriolage du siège du Parti démocrate en juin 1972. Dès juillet 1972, il démissionne de la présidence du comité1. L'enquête révéla que le Comité pour la réélection du président servait notamment d'intermédiaire pour financer des opérations d'espionnage politique. En février 1975, Mitchell est reconnu coupable par le tribunal du District de Columbia de conspiration, obstruction à la justice et parjure. Il passe 19 mois en prison, devenant ainsi le seul Attorney General à être condamné pour activités illégales.

Office Central pour la Répression du Trafic Illicite des Stupéfiants (OCRTIS)

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L'Office central pour la répression du trafic illicite des stupéfiants (OCRTIS) est un organisme français de lutte contre le trafic de stupéfiants à compétence nationale (France et Dom-Tom). C'est un service spécial de la Sous-direction de la lutte contre la criminalité organisée et la délinquance financière (SDLCODF) de la direction centrale de la Police judiciaire. Il compte actuellement environ 140 hommes, qui exercent leurs compétences d'initiative ou en renfort des services territoriaux de la Sécurité publique ou de la PJ.

Gonzales Alberto

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Gonzales Alberto Alberto R. Gonzales (né le 4 août 1955 à San Antonio dans le Texas) est un juriste américain et le 80e procureur général des États-Unis, sous la présidence de George W. Bush. Gonzales a également été le conseiller juridique de George W. Bush quand il fut gouverneur du Texas, puis Secrétaire d'État (Texas), puis membre de la Cour suprême du Texas. De 2001 à 2005, Gonzales a servi l'administration Bush en tant que Conseiller juridique de la Maison-Blanche (White House Counsel, équivalent de responsable juridique). En raison de plusieurs controverses et allégations de parjures devant le Congrès, Gonzales a annoncé le 27 août 2007 sa démission du poste de procureur général des États-Unis, qui sera effective le 17 septembre 2007.

Né le 5 août 1955 à San Antonio au Texas, cadet d’une famille de 8 enfants, Alberto Gonzales a été élevé à Houston. Ses parents étaient des immigrés mexicains et son père, Pablo Gonzales, mort en 1982, un ouvrier du bâtiment. Étudiant brillant, Alberto Gonzales s'est enrôlé dans l’armée de l’air américaine en 1973, fut affecté pendant 2 ans en Alaska avant d’entrer à l’académie de l’armée de l’air américaine en 1975. Diplômé d’une licence de science politique en 1979, il obtient en 1982 une licence en droit de l’université Harvard. Très actif au Texas dans diverses activités, il est avocat depuis 1982 au sein de Vinson and Elkins, un cabinet juridique de Houston, qui représente également la société Enron.

En 1994, il est nommé conseiller juridique du nouveau gouverneur du Texas, George W. Bush. C’est à cette occasion qu’il mettra au point un argument légal permettant à George W. Bush d’éviter d’être appelé comme membre du jury dans une affaire judiciaire. C’est également en tant que conseiller juridique que Gonzales aura à traiter tous les dossiers relatifs à l’application de la peine de mort et donnera en priorité ses avis sur les demandes de clémence, toujours dans les faits suivis par le gouverneur Bush. En 1997, le gouverneur Bush le nomme Secrétaire d'État du Texas puis en 1999, le nomme à la Cour Suprême de l’État du Texas. En 1999, il est élu avocat hispanique de l’année par l’association national des avocats hispaniques.

En 2000, Gonzales, qui reçoit 6500 $ de la part d’Enron pour sa campagne électorale, est réélu à la Cour Suprême du Texas avec 81 % des voix contre le candidat du Parti libertarien. En 2001, Bush, devenu président des États-Unis, le nomme conseiller juridique de la Maison Blanche, un poste central et exposé. Ainsi en janvier 2002, Gonzales est l'auteur d'un mémorandum contesté concluant à l'exclusion de l'application de la convention de Genève pour les terroristes d’Al-Qaida et les Talibans capturés en Afghanistan emprisonnés notamment au Camp X-Ray de Guantanamo à Cuba, lesquels sont qualifiés de combattants ennemis et non de prisonniers de guerre.

Gonzales fut alors accusé d'entretenir un climat d'impunité ayant abouti aux abus et aux violations des droits de l'homme constatés à la prison d'Abou Ghraib en Irak en 2004. En effet, dans un de ses mémorandums, Gonzales avait donné une définition restrictive de la torture, pratique interdite, et l'avait limité aux lésions corporelles définitives ou pouvant entraîner la mort (injury such as death, organ failure, or serious impairment of body functions — in order to constitute torture). Alberto Gonzales est aussi accusé d'être impliqué dans le transfert de combattants ennemis étrangers à des pays pratiquant la torture bien qu’une telle procédure n’a jamais été constatée ou prouvée. Alberto Gonzales est à l'origine du décret présidentiel autorisant le recours aux tribunaux militaires pour juger les suspects de terrorisme, de l'argumentaire juridique utilisé pour empêcher le Congrès d'avoir accès aux documents préparatoires aux lois sur l'énergie et l’environnement et de la mise en place du Patriot Act dont il fut un des premiers défenseurs.

Le 10 novembre 2004, après la réélection de George W. Bush, sa nomination comme procureur général des États-Unis (ministre de la justice) en remplacement de John Ashcroft est annoncé pour le second mandat présidentiel. Au contraire d'Ashcroft, Gonzales fait figure de modéré. Il est plutôt partisan du droit à l'avortement et est un supporteur de la discrimination positive (affirmative action). La décision de nommer Alberto Gonzales au poste de procureur général des États-Unis est cependant très controversée, par la gauche à cause de ses mémorandums sur la torture et par la droite à cause de ses prises de position modérées en matière de mœurs. Beaucoup estiment que le poste n’est en fait qu’un tremplin pour la nomination à la Cour suprême des États-Unis. Le 3 février 2005, Alberto Gonzales est confirmé au poste de ministre de la Justice par le Sénat par 60 voix contre 36.

Le 14 février 2005, il prête serment devenant '’hispanique le plus haut jamais placé dans une administration américaine. Impliqué dans plusieurs affaires politiques comme l'une liée à l'éviction de procureurs fédéraux en 2006, perçue comme une purge politique ou une autre sur son rôle supposé dans un vaste programme d'écoutes illégales, il échappe à une motion de défiance du Sénat en juin 2007. Finalement, le 27 août 2007, la Maison-Blanche annonce sa démission du gouvernement, il est remplacé le jour-même par son adjoint Paul D. Clément. Catholique, marié deux fois, il est père de trois enfants issus de son second mariage.


Bush George Walker

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Bush George Walker George W. Bush, (06/07/1946) homme politique de la droite républicaine américaine, est le 43ème président des Etats-Unis. Ancien gouverneur du Texas, il est élu à deux reprises à la Maison Blanche en 2000 et 2004. Il est le fils de George H. W. Bush, 41ème président des Etats-Unis. George W. Bush naît dans le Connecticut mais passe la plus grande partie de son enfance au Texas, où il part vivre avec sa famille à l’âge d’à peine 3 ans.

En 1961, il est envoyé à la Philips Academy d’Andover, une école privée réputée où son père a été dans sa jeunesse. Il obtient ensuite une licence d’histoire à l’université de Yale en 1968. Lors de son service militaire la même année, il évite de peu d’aller servir au Viêt Nam en s’engageant comme pilote dans la Garde nationale. Bush achève ensuite ses études par un MBA de gestion des entreprises à la prestigieuse Harvard Business School en 1975.

Bush se lance alors dans les affaires et marche sur les traces de son père en fondant une compagnie pétrolière. L’entreprise « Arbusto Energy » voit ainsi le jour en 1978. Elle devient par la suite la « Bush Exploration » et connaît une série de rachats pendant les années qui suivent à cause des crises pétrolières. En 1989, il achète avec plusieurs de ses proches l’équipe de baseball des Texas Rangers, ce qui le rendra très populaire au Texas. Parallèlement à ses activités dans les affaires, George W. Bush commence à s’intéresser à la politique. Il s’était déjà présenté en 1978 à la Chambre des représentants mais sans réussir à se faire élire.

Après avoir participé à la campagne menant son père à la présidence des Etats-Unis en 1988, George Bush junior part en campagne et se fait élire gouverneur du Texas en 1994. Membre du Parti républicain, Bush se démarque dès lors par sa politique conservatrice qui l’amène notamment à défendre et user de la peine de mort. C’est également un fervent défenseur de la religion chrétienne à laquelle il appartient. En effet, pour faire face à son problème d’alcoolisme en 1986, il avait trouvé refuge dans la religion et est depuis un « Born again Christian » qui prie plusieurs fois par jour et cite la Bible dans ses discours. Il est réélu en 1998, mais quitte sa fonction de gouverneur fin 2000 afin de se présenter aux élections présidentielles du 7 novembre 2000.

George W. Bush se présente alors face au démocrate Al Gore et, au soir des élections, il obtient moins de voix que lui. Suite à un recomptage manuel des bulletins de vote et à un feuilleton judiciaire qui tiendra en haleine le pays pendant plusieurs semaines, Bush est cependant élu Président des Etats-Unis, car il obtient plus de voix que son concurrent de la part des grands électeurs. Une fois à la Maison Blanche, George W. Bush met en place les premières pierres de sa politique libérale. Son programme comprend notamment des actions dans le domaine de l’éducation, de la fiscalité avec un plan de baisse des impôts, et des mesures conservatrices qui découragent l’avortement mais soutiennent l’usage de la peine de mort.

Les attentats terroristes qui surviennent le 11 septembre 2001 bouleversent ce schéma. Le gouvernement Bush, qui donne alors la priorité à « la guerre contre le terrorisme », est porté par une opinion favorable aussi bien dans son pays qu’à l’international. Le Président engage une politique de sécurité définie dans le Patriot Act et dirige une opération militaire contre le régime taliban en Afghanistan, soupçonné de protéger les membres d’Al Qaida responsables des attentats. Les Talibans sont alors renversés, mais la guerre anti-terroriste contre « l’axe du mal » continue. En novembre 2002, les Nations Unies acceptent d’envoyer des experts en désarmement pour inspecter les installations irakiennes, sur la demande de Bush. En effet, ce dernier suspectait le dictateur Saddam Hussein d’être lié à des organisations terroristes et de posséder des armes de destruction massive. Ne jugeant pas l’intervention de l’ONU efficace, Bush entre en guerre contre l’Irak le 20 mars 2003.

La victoire est remportée très rapidement par le camp américain qui cesse officiellement les hostilités le 1er mai 2003. Cependant, la résistance irakienne est plus active que jamais et l’après-guerre continue de faire des victimes. Bien que bénéficiant du soutient du Royaume Uni et de l’Espagne, George Bush est vivement critiqué à l’international pour avoir déclenché la guerre sans avoir l’aval de l’ONU. Cela l’aura rendu très impopulaire notamment en France, en Allemagne, en Russie, en Chine mais également dans les pays du Proche et du Moyen-Orient. Par ailleurs, à cause de l’enlisement du conflit, les élections démocratiques promises aux irakiens ne seront mises en place qu’en janvier 2005.

En plus de l’intervention contestée en Irak, plusieurs éléments de la politique de Bush sont contestés par la scène internationale, notamment son refus de ratifier le protocole de Kyoto et son soutien appuyé à Israël dans le cadre du conflit israélo-palestinien. Réélu en 2004 autour des thèmes de la sécurité et de la lutte anti-terroriste, George Bush renforce sa politique conservatrice en s’opposant au mariage homosexuel et à la recherche sur les cellules souches embryonnaires. Il durcit la répression des clandestins aux frontières, notamment celles avec le Mexique, mais met parallèlement en place un programme de travail temporaire pour les immigrés installés sur le territoire américain, à condition qu’ils maîtrisent l’anglais.

Bush poursuit également sa politique libérale en mettant en œuvre de nouvelles baisses d’impôts et en assouplissant la loi sur la pollution de l’air par les industries. Afin de réduire la dépendance énergétique de son pays, il encourage enfin le développement des énergies alternatives au pétrole en prévoyant notamment la construction de centrales nucléaires.

Bien que critiqué sur le plan international, George Bush continue à fédérer lors de son deuxième mandat une grande partie de l’opinion publique américaine. Victime d’une baisse de popularité pour sa mauvaise gestion de l’ouragan Katrina, qui a dévasté les Etats du Sud en septembre 2005, il réussit à retrouver une opinion favorable en mettant en œuvre la reconstruction et en tirant les enseignements de cette catastrophe lors du passage de l’Ouragan Rita quelques jours plus tard.

Gregory Thomas Watt

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Gregory Thomas WattThomas Watt Gregory, né le 6 novembre 1861 et mort le 26 février 1933, est un juriste américain et un membre du parti démocrate ayant été procureur général des États-Unis de 1914 à 1919 dans l'administration Wilson. Son action au poste de procureur général reste controversée car son acharnement à faire disparaître les dissidences internes durant la Première Guerre mondiale a pu être vu comme une atteinte aux libertés garanties par la Constitution.

Il a ainsi encouragé la surveillance extralégale organisée par l'American Protective League (une association de citoyens américains chargée, entre autres choses, d'identifier les sympathisants de la cause allemande) et a lancé des poursuites contre plus de 2000 opposants à la guerre. Gregory a d'ailleurs déclaré en 1918 : «  Il est sûr de dire que jamais dans son histoire ce pays n'a été si profondément surveillé ».

Maréchal Leclerc, une destinée liée à l'Afrique

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pubLe Pointlié le 05/09/2013 à 17h13 par Laurent Legrand

La vie de ce héros national est jalonnée d'événements qui le mènent en Afrique, où il fera ses premières armes jusqu'à devenir un leader de la Résistance.



Le maréchal Leclerc

Le maréchal Leclerc

 

"Il faut sans cesse prévoir les feintes, les fausses pistes, les dérobades du gros gibier. On développe ainsi chez soi le goût d'une quête continuelle et obstinée, la rapidité de décision." C'est avec le même acharnement et la même justesse que Philippe de Hauteclocque, passionné de chasse, assura son rôle d'instructeur à Saint-Cyr et M'Zizel, de représentant du général de Gaulle en Afrique équatoriale et de commandant de la glorieuse 2e DB du Tchad à Strasbourg.

Fasciné par l'islam

En 1926, Philippe de Hauteclocque rejoint le Maroc en tant que volontaire et instructeur sur les frontières françaises où persistent des révoltes. Il profite de ces quatre ans et demi pour affiner sa maîtrise de l'arabe, qu'il avait choisi en première langue à Saint-Cyr. Dès le départ, Hauteclocque se distingue par sa capacité d'adaptation aux moeurs du Maghreb et devient rapidement apprécié des hommes dont il assure l'instruction. Il se passionne pour l'islam et vit au plus près de ses troupes afin de saisir leur façon de vivre et leur culture. Sa vie est intimement liée au continent africain. C'est là qu'il effectue son baptême du feu et qu'il connaît ses premiers succès militaires avec le 38e goum en poste à M'Zizel. C'est également durant cette période qu'il accumule de nombreuses connaissances et qu'il démontre des qualités manoeuvrières exceptionnelles, déjouant notamment une embuscade à Dar Beïda qui aurait pu lui coûter la vie.

Après notamment deux années en tant que chef de peloton d'élèves officiers de cavalerie à Saint-Cyr, son lien fusionnel avec l'Afrique le rappelle sur le continent. Le lieutenant Hauteclocque prend connaissance des opérations menées sur le théâtre marocain et trépigne d'impatience d'y retourner, comme il l'explique au général Lecomte, son supérieur à M'Zizel et désormais ami : "Tout cela n'a fait qu'augmenter encore mon désir de sortir un peu de cette stupide Europe pour respirer encore l'atmosphère du Maroc qui me faisait l'effet d'un ballon d'O."

Le jeune lieutenant passe des paroles aux actes et débarque à Rabat le 11 juillet 1933. Il profite des huit semaines de vacances qui lui sont accordées pour aller chercher la guerre là où elle se trouve. Il souhaite participer aux opérations en cours et revêtir des responsabilités de commandement. Il rejoint le poste de commandement du général Giraud et ne tarde pas à informer celui-ci de l'objet de sa permission. Sa persuasion est telle qu'il est nommé adjoint au commandement d'un groupe de partisans. La conviction avec laquelle le jeune Philippe apostropha le général l'interpella puisqu'il déclara plus tard : "Je ne me suis jamais fait engueuler de la sorte par un simple lieutenant." Ce court passage au Maroc est une pleine réussite, Hauteclocque gagne le respect de l'état-major.

L'homme de la conciliation

Le conflit mondial a éclaté dans toute l'Europe. Le désormais Philippe Leclerc est parvenu, non sans difficulté, à rejoindre Londres. Il confie au général de Gaulle qu'il souhaite servir sous ses ordres dans une unité de combat et, si possible, à la Légion. De Gaulle ne met pas longtemps à déceler les potentialités de ce jeune capitaine chevronné, qu'il nomme rapidement commandant. En cette période, les relations avec Londres demeurent tendues à la suite du drame de Mers el-Kébir. De Gaulle prend conscience qu'il ne peut rester dépendant des Britanniques et envisage d'établir une base en Afrique française. Celle-ci, réfractaire à la collaboration dans un premier temps, a finalement rejoint dans certaines zones le positionnement de Vichy en raison des événements de Mers el-Kébir.

Leclerc se voit confier la mission d'"amener entièrement ou en partie les colonies françaises d'Afrique occidentale et équatoriale et le Cameroun à se joindre au général de Gaulle pour continuer la guerre contre les Allemands et les Italiens". Churchill facilite les déplacements de la délégation par l'attribution de moyens logistiques, mais la situation en Afrique s'avère confuse, les hauts fonctionnaires africains oscillant entre Vichy et les alliés.

De Gaulle doit convaincre les réticents. Leclerc s'attelle à sa mission de conciliation et fait pencher la balance en faveur des alliés. Il n'est pas diplomate, ni même baratineur, il ne jure que par la justesse de son discours. Leclerc est un meneur d'hommes et, lorsqu'il faut persuader, il convainc. Le Tchad, le Cameroun puis le Congo se rallient. Leclerc planifie un débarquement à Libreville dans l'optique de consolider le bloc de l'Afrique française libre toujours menacé au sud par le non-ralliement du Gabon. L'opération se fait de nuit et aboutit rapidement à la reddition du colonel Claveau, commandant des troupes de Vichy. De Gaulle constate l'efficacité et la loyauté de Leclerc mais aussi sa ténacité et son caractère parfois difficile à manier : "Leclerc indiscipliné, certes non. Il a toujours exécuté mes ordres, même ceux que je ne lui ai pas donnés."

Les termes de la nouvelle mission de Leclerc sont dictés par de Gaulle dans une note personnelle et confidentielle, le discours est on ne peut plus clair : l'offensive en direction de Koufra et de Fezzan. Il prend officiellement son commandement le 2 décembre 1940 au Tchad à Fort-Lamy et envisage le raid sur Koufra pour le mois de mars. Les moyens militaires et logistiques dont dispose Leclerc sont dérisoires, mais son élan et sa sérénité ont un impact considérable sur des troupes perplexes et enclines à des objections. Néanmoins, Leclerc reste inflexible et impatient afin d'éviter le changement de saison et de profiter de l'offensive britannique en Cyrénaïque. Une reconnaissance poussée sur Koufra au début du mois de février 1941 convainc Leclerc, qui, moins d'un mois plus tard, entre pratiquement seul dans El Tag au milieu d'une place forte bondée d'ennemis toujours opposés à la capitulation.

"Aide-toi, le ciel t'aidera"

C'est la première action offensive victorieuse des troupes françaises libres résultant d'un commandement uniquement français depuis juin 1940. Un événement que ne manque pas de congratuler le général de Gaulle dans un télégramme qu'il adresse au colonel Leclec : "Les coeurs de tous les Français sont avec vous et avec vos troupes. Colonel Leclerc, je vous félicite en leur nom du magnifique succès de Koufra. Vous venez de prouver à l'ennemi qu'il n'en a pas fini avec l'armée française. Les glorieuses troupes du Tchad et leur chef sont sur la route de la victoire. Je vous embrasse."

Stratège hors pair, homme doté d'une capacité de concentration exceptionnelle, Leclerc ne négligeait aucun détail pour parvenir à ses fins, toute son attention était envahie par le but qu'il s'était fixé. Homme de foi, il garde confiance et, face à l'adversité, il ne cède pas à la panique et s'en remet à la volonté divine. "J'aurais des moments de découragement si n'étais pas convaincu qu'une fois de plus la Sainte Vierge ne me laisse pas tomber." De Saint-Cyr en passant par le Maroc, l'Afrique équatoriale, Paris et Strasbourg, Philippe de Hauteclocque agit avec une foi profonde en la divine providence qui lui octroya toutes les audaces.

8 février 1924. 17 ans avant les nazis, l'Amérique gaze son premier criminel

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Le Pointpublié le 08/02/2012 à 00h03 par Frédéric Lewino et Gwendoline Dos Santos

C'est un meurtrier d'origine chinoise, Gee Jon, âgé de 29 ans, qui a l'honneur d'inaugurer la première chambre à gaz des États-Unis, au Nevada.



Gee Jon

Gee Jon, gazé dans la prison de Carson City, au Nevada

 

Vers 9 heures du matin ce 8 février 1924, le condamné à mort d'origine chinoise Gee Jon, 29 ans, est attaché de force sur le fauteuil placé au centre de la chambre à gaz. L'homme ne semble pas apprécier l'honneur d'être le premier tueur des États-Unis à étrenner une mort douce et humaine, alors qu'ils étaient jusqu'ici pendus. Après avoir vérifié une dernière fois ses liens, les gardiens se retirent de la petite pièce. Il bouclent à triple tour la porte. Une dizaine de témoins - des reporters, des médecins et des représentants de l'armée - prennent place derrière la seule fenêtre du bâtiment pour observer les derniers instants du condamné. Bernard de la Villardière ne pouvait pas laisser passer un tel événement crapoteux sans être présent...

À 9 h 40, quatre livres d'acide cyanhydrique liquide sont déversés sur le sol dans la chambre. Normalement, le poison aurait dû immédiatement se transformer en gaz, mais il fait trop froid, pas plus de 11 °C, par la faute d'un radiateur électrique tombé en panne. Le gaz a du mal à se répandre dans la pièce. Néanmoins, cinq secondes plus tard, Gee perd connaissance, sa tête s'affaisse, mais continue à osciller durant au moins dix minutes, de haut en bas. Les autorités sont rassurées, tout a l'air de gazer au poil. Sauf pour les témoins qui se plaignent de sentir une odeur d'amande amère, le gaz doit fuir quelque part. Aussi les fait-on reculer. À 10 heures, la chambre est ouverte et des ventilateurs sont mis en route pour dissiper les dernières bouffées du poison. Ce n'est qu'à 12 h 30 que les gardiens pénètrent précautionneusement dans la chambre pour emporter le corps à l'hôpital de la prison, où sept médecins constatent la mort, mais refusent de pratiquer une autopsie par crainte du gaz qui pourrait être contenu dans le corps du condamné.

Méthode efficace et humaine

Ce Gee Jon avait débarqué de Chine quelques années auparavant. Membre d'une société criminelle chinoise, il avait reçu l'ordre d'abattre un certain Tom Quong Kee à Mina, dans le Nevada. Contrat qu'il exécute avec une belle conscience professionnelle, épaulé par un jeune complice de 19 ans. Du bon boulot, sauf qu'il se fait arrêter. À cette époque, la guerre des Tong fait rage sur la côte ouest, et les autorités sont fort aise d'attraper pour une fois un tueur. Aussi, vite fait, bien fait, il est condamné à mort. La peine de son comparse est commuée en prison à vie en raison de son jeune âge.

Normalement, Gee Jon aurait dû être pendu, mais trois ans auparavant, jugeant la pendaison trop barbare et refusant la chaise électrique, trop cruelle, l'assemblée de l'État du Nevada avait adopté le "Human Death Bill". Celui-ci institue une mort par injection de gaz létal dans la cellule du condamné, sans l'avertir, et durant son sommeil. Aussi simple et indolore que de tuer un moustique avec une bombe... En théorie du moins, car, dans les faits, l'organisation de l'exécution se révèle plus compliquée que prévu. La prison de Carson City, qui avait commandé un insecticide produit par la California Cyanide Company et utilisé pour tuer les insectes ravageant les citronniers californiens, se voit opposer un refus de livraison. L'industriel ne veut pas être mêlé à cet assassinat officiel, ce qui oblige donc le directeur adjoint de la prison à effectuer lui-même le déplacement. Nouveau souci : les quatre gardiens désignés pour l'accompagner s'y refusent. Ils sont licenciés. Finalement, le directeur adjoint revient avec 20 livres de gaz létal et un appareil de fumigation, le tout pour 700 dollars.

Il est temps de passer à l'action. La direction commence par employer la méthode préconisée par la loi, à savoir l'injection surprise du gaz directement dans la cellule du condamné à mort durant son sommeil. Mais les nombreuses fuites rendent le gaz inopérant. Si bien que le directeur se voit dans l'obligation d'ériger un bâtiment étanche spécialement destiné à cet usage. Il choisit pour cela le secteur de la boucherie de la prison. Après tout, on a l'habitude d'y manier de la viande morte... Un essai est fait avec un chat errant. L'expérience est concluante. Au Chinois, maintenant... Malgré les petits incidents, la méthode est jugée efficace et humaine. De nombreux États l'adoptent à leur tour dans l'ouest du pays.

Stavisky se suicide "d'une balle tirée à 3 mètres !"

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Le Pointpublié le 06/02/2014 à 09h03 par Laurent Legrand

Escroc et affairiste des années 20, Alexandre Stavisky fut retrouvé mort en février 34. Sa disparition contribua à plonger la France dans une crise politique.



Émeutes du 6 février 1934 à Paris

Émeutes du 6 février 1934 à Paris. Les Ligues font tomber le gouvernement Daladier.

 

Alexandre Stavisky dit le "beau Sacha", roi de l'entourloupe, profita d'un puissant réseau d'influence issu de la sphère politique pour perpétuer un nombre incalculable d'escroqueries en tous genres. Une attitude maladive qui plongea le gouvernement Chautemps, puis Daladier, dans une situation de crise et d'émeute urbaine. Un scandale financier qui devint rapidement le terreau d'un climat xénophobe favorable aux mouvements radicaux d'extrême droite de l'époque.

Son père est sa première victime

Le syndrome de la tromperie n'a pas mis longtemps à gangrener Stavisky. En effet, il n'a pas cherché très loin la première personne à extorquer, puisqu'il s'agit de son propre père ! Et plus précisément des deux lingots d'or que ce dernier conservait précieusement. La tentation était trop grande pour le fils Stavisky, qui déroba le précieux trésor de son paternel afin de le mettre en gage auprès d'un organisme de prêt, le mont-de-piété. Stavisky a mis le pied à l'étrier sous l'oeil attentif de son grand-père, Abraham, visiblement très intéressé par les qualités de son petit-fils. Vif d'esprit, éloquent et audacieux, Sacha a le profil parfait pour accompagner son grand-père dans la location du théâtre des Folies-Marigny en 1909.

Ne disposant pas du moindre franc, les deux acolytes entreprennent de publier diverses offres d'emploi à travers les colonnes de plusieurs quotidiens. L'objectif était de récolter les douze mille francs nécessaires à la location du théâtre. L'appel à candidatures porte ses fruits et ils parviennent finalement à récolter la somme requise pour entamer la saison estivale. Cette somme a bien évidemment été amassée en toute irrégularité, puisqu'elle provient du cautionnement et du paiement par avance des multiples employés. L'affaire tourne rapidement au vinaigre et le récent "directeur" des Folies-Marigny finit devant les tribunaux sans son grand-père décédé entre-temps. Stavisky, défendu par Albert Clemenceau lors du procès, s'arrange pour faire durer les procédures tandis que la Grande Guerre éclate et lui offre un sursis pour finalement lui permettre d'être amnistié en 1918.

La chaîne de Ponzi

Stavisky est en quête permanente de liquidités et, pour ce faire, il va créer une banque pour s'enrichir davantage. Il s'inspirera d'ailleurs du tristement célèbre Charles Ponzi. Cet escroc de Boston avait imaginé dans les années 20 un système de vente pyramidale dont le fonctionnement reposait sur un processus très simple. Il s'agissait de financer les investissements réalisés par les clients au moyen des dépôts fournis par les nouveaux arrivants. L'acquisition de ces sommes importantes va permettre à Stavisky d'acquérir des entreprises, d'investir dans l'immobilier en créant notamment la société foncière phocéenne ou encore de racheter le journal La Volonté et d'y placer à sa tête le chef de la police judiciaire.

Stavisky sait s'entourer, il introduit au sein du conseil d'administration de ses entreprises des personnalités influentes dont la présence rassure les investisseurs. Néanmoins, la pyramide de Ponzi connaît des limites et s'écroule lorsque les sommes procurées par les nouveaux entrants ne permettent plus de couvrir les investissements des autres clients. Mais lorsque le bateau commence à tanguer, "l'homme le mieux habillé de Paris" fait intervenir ses avocats et use de son réseau d'influence pour faire pression sur ses clients et actionnaires révoltés. Il obtient ainsi des délais supplémentaires pour monter de nouvelles escroqueries dans l'optique d'honorer ses créanciers précédents.

De l'ombre à la lumière

Sacha Stavisky mène une vie de Pacha, entre Rolls-Royce, villa de luxe et casino alors que les plaintes contre lui augmentent de façon exponentielle. L'usurpateur passe systématiquement à travers les mailles du filet jusqu'au jour où, en avril 1926, il est convoqué par un juge d'instruction pour une affaire dans laquelle il est accusé d'avoir volé des titres à deux agents de change. Cette fois-ci, il ne parvient pas à faire plier ce juge opiniâtre et persévérant. Il décide donc de s'enfuir au cours de l'audition pour se réfugier dans sa demeure de Marly-le-Roi. Il est finalement mis en état d'arrestation, puis incarcéré durant dix-sept mois. Il est libéré pour d'obscures raisons médicales et ne met pas longtemps à se remettre en selle.

Ce séjour à l'ombre n'a pas refroidi les ardeurs du désormais "M. Serge Alexandre". La fraude est viscérale chez Stavisky, et ce frénétique de l'escroquerie va mettre en place un nouveau stratagème. Il décide de monter deux arnaques, une auprès du crédit municipal d'Orléans, puis de Bayonne, par l'intermédiaire de la complicité du député-maire de la ville, Joseph Garat. Les crédits municipaux émettent des bons de caisse indemnisables auprès des banques et/ou assurances. Les sommes acquises par le biais des bons de caisse permettent donc à Stavisky d'effectuer des opérations avec des clients. Des personnes en quête de liquidités déposent des objets de valeur en échange d'une somme d'argent. Il crée la société Alex, spécialisée dans l'achat et la vente de bijoux ainsi que dans le prêt sur gage. La société Alex à Orléans puis le duo Tissier-Cohen à Bayonne disposent du statut d'"expert" et dévaluent systématiquement l'estimation des objets précieux, remplacent ces derniers par de faux objets pour ensuite vendre les vrais au prix fort.

Le Parti radical gangrené

L'appât du gain n'a pas de limites chez Stavisky, qui multiplie l'émission de faux bons au point de ne pas passer inaperçu. Néanmoins, le fruit de ses manigances lui permet d'acheter la compagnie de nombreux hommes politiques issus de la gauche radicale. Les banques et les assurances ne peuvent rien face aux malversations de Stavisky. L'homme est intouchable. Son argent corrompt et influence une bonne partie de la sphère politique. S'il tombe, il entraîne de nombreuses personnalités dans sa chute. Les mois passent, l'imposture se précise et provoque une pression judiciaire croissante. Le parquet dévoile la supercherie, qui se répand à travers une presse déchaînée, qui n'hésite pas à dénoncer toute cette corruption.

Des noms de ministres et de députés sont cités dans la presse. On apprend parallèlement que la justice, des journaux et la police ont été généreusement arrosés par l'argent sale du "beau Sacha". Stavisky est désormais un homme traqué qui tente de disparaître dans une villa à Chamonix où il pense que l'affaire va s'estomper avec le temps. Mais, très vite, il apprend qu'un mandat d'arrêt a été lancé contre lui. La police ne met pas longtemps à le retrouver, se présente à son domicile où un coup de feu retentit. Stavisky est retrouvé agonisant sur le sol, une balle en pleine tête. Il est transporté à l'hôpital deux heures plus tard et meurt dans la nuit.

La théorie du suicide est vivement contestée. En témoignent les propos tenus par Le Canard enchaîné à l'époque qui titra : "Stavisky s'est suicidé d'une balle tirée à trois mètres. Ce que c'est que d'avoir le bras long." Une violente vague antiparlementaire s'empare du pays et donne lieu à des émeutes sanglantes dans Paris le 6 février 1934. Les répercussions de l'affaire Stavisky sont colossales. Elles servent de prétexte aux mouvements d'extrême droite connus sous le nom des Ligues, et autres mouvances antiparlementaires. Alors président du conseil, Daladier est obligé de démissionner.

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