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Wake Nancy

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Nancy Wake (née à Wellington le 30 août 1912), surnommée "la Souris Blanche", également connue par ses mariages sous les noms de Nancy Fiocca et de Nancy Forward, est une figure australienne de la Résistance en France, pendant la Seconde Guerre mondiale.

Wake Nancy

D'abord active dans le réseau d'évasion Pat O'Leary, elle fut ensuite recrutée comme agent du Special Operations Executive et envoyée en France en 1944 comme courrier du réseau FREELANCE de John Farmer « Hubert », qui se distingua en Auvergne. Nancy Wake était une « dure » ; elle était aussi une vraie aventurière. Femme passionnée, elle était une vraie Francophile. Extrêmement courageuse, elle était une femme engagée, prête à risquer sa vie et même à la perdre pour la liberté. Un téléfilm anglais de 1988 porte son nom et raconte son histoire. État civil : Nancy Grace Augusta Wake ; épouse) Fiocca, 2) Forward. Comme agent du réseau d'évasion Pat O'Leary (1940-1943) : Souris blanche (surnom donné par les Allemands, parce qu'ils ne pouvaient pas l’attraper !) Comme agent du SOE, section F (1944) : Nom de guerre (field name) : « Hélène », Nom de code opérationnel : WITCH (en français SORCIÈRE), Autre pseudo : Andrée, Identité de couverture : Lucienne Suzanne Carlier, Française, née le 22 août 1918 à Bergues (Nord), domiciliée à Rieux.

1912. De nationalité australienne, Nancy Wake naît le 30 août 1912 à Wellington, en Nouvelle-Zélande. 1914. Sa famille s'installe en Australie lorsqu'elle n'a que deux ans. Elle passe son enfance à Sydney. 1932. Après ses études, elle part en Europe, via Vancouver et New York, et débarque à Liverpool. Elle s'inscrit à Londres dans une école de journalisme. Puis elle trouve un travail de reporter indépendante à Paris. 1933. Après l'accession d'Hitler au pouvoir, elle voyage à Vienne et à Berlin, où elle assiste à des scènes antisémites, qui sont à l'origine de son engagement. 1936. Lors de ses vacances estivales à Juan-les-Pins, elle rencontre l'industriel français Henri Fiocca.

1939. Au début de l'année, Henri la demande en mariage et elle accepte. Durant l'été, elle passe ses vacances avec lui à Cannes. Ayant renoncé à son appartement de Paris pour aller dans le midi, elle loue une maison dans une station thermale en Angleterre pour y passer quelque temps avant de faire sa vie en France. Elle est à Londres, lorsque survient la déclaration de guerre (3 septembre 1939). Elle renonce au séjour en station thermale, et dès le lendemain, elle décide de retourner en France, dans le midi. Le 30 novembre 1939, elle épouse Henri Fiocca à l'hôtel du Louvre à Marseille.

1940-1943. Nancy Wake rejoint la Résistance intérieure française dans le réseau d'évasion Pat O'Leary, et assure la fonction de courrier auprès d’Ian Garrow et d'Albert Guérisse. Quand Ian Garrow est arrêté en octobre 1941, puis condamné à dix ans de détention, elle aide à son évasion de la prison de Mauzac (Dordogne), qui réussit le 8 décembre 1942. C'est dans cette période que la Gestapo, qui la recherche sans connaître son identité, la surnomme la « Souris blanche ». Albert Guérisse (alias Pat O'Leary) est arrêté le 2 mars 1943. Après avoir été arrêtée puis libérée, Nancy Wake quitte la France pour l'Angleterre, via les Pyrénées, l'Espagne (Besalu, puis Madrid), puis Gibraltar et l’Écosse (après une traversée de dix jours). À Londres, elle retrouve Ian Garrow. Ne voulant pas revenir en France pour le compte des Anglais, elle demande un rendez-vous au colonel Passy, s'offrant de travailler pour la France libre. Il refuse, se méfiant d'elle probablement en raison de sa nationalité. Peu après, c'est le SOE qui, ayant surveillé sa démarche auprès de Passy, prend contact avec elle et la recrute.

1944. Devenue agent secret du Special Operations Executive, elle suit l'entraînement, puis est envoyé en mission en France. Mission : Définition de la mission : elle doit être le courrier du réseau FREELANCE de John Farmer « Hubert », en Auvergne, pour aider la Résistance à préparer le soulèvement armé qui doit coïncider avec le débarquement en Normandie. Avril. Dans la nuit du 29/30 avril 1944, Nancy Wake est parachutée en Auvergne. Récit. Elle peut rejoindre les maquis pour mettre en place/organiser la livraison des armes et de l’équipement nécessaires. Son rôle était de distribuer des armes aux résistants cachés dans les montagnes (les maquis). Il fallait envoyer des messages radio. Le groupe de Nancy a perdu leur radio lors d’un raid des troupes allemandes. Donc, elle a été obligée de faire plus de 200 kilomètres à bicyclette pour aller chercher un autre opérateur de radio. 

Elle a dit que c’était plus facile pour une femme de circuler parce que les Allemands tuaient les hommes au hasard. D’après Nancy, les autres ne croyaient pas qu’elle rentrerait. Elle s’était proposée pour le faire parce que, à son avis, elle était la seule à pouvoir le faire, non pas parce qu’elle était (la plus) courageuse, mais parce qu’elle était une femme. De retour parmi les maquis, elle ne pouvait ni rester debout, ni rester assise ; elle ne pouvait rien faire. Elle était à bout de ses forces. Elle a tout simplement fondu en larmes. Formée au combat, Nancy a fait beaucoup d’actes de sabotage. Nancy en a fait des exploits au cours de cette « drôle de guerre » ! Pourtant, c’est de celui-ci qu’elle est le plus fière. À la fin de l'été 1944, elle rentre en Angleterre. Elle reçoit plusieurs médailles, devenant la femme la plus décorée de la Seconde Guerre mondiale (dont la croix de chevalier de la Légion d'honneur et la Croix de Guerre avec 3 citations). Elle travaille ensuite pour le service de renseignements du British Air Ministry. 1957. Elle épouse John Forward. 1960. Elle repart en Australie dans les années 1960. 2006. Elle réside à Londres.


Szabo Violette

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Violette Szabo (26 juin 1921 à Paris - vers le 5 février 1945 au camp de Ravensbrück) fut une résistante et un agent secret britannique de la section F du Special Operations Executive (SOE) pendant la Seconde Guerre mondiale

Szabo Violette

Elle effectua deux missions en France occupée, mais fut arrêtée, déportée en camp de concentration et exécutée. Ses activités ont donné lieu au film Carve Her Name with Pride, basé sur le livre du même titre de R.J. Minney. Avant son départ en mission, Leo Marks, le responsable des codes au SOE, lui offrit le poème The Life That I Have pour coder ses messages radio envoyés de France à Londres. Violette Bushell naît le 26 juin 1921 à Levallois-Perret, près de Paris. Elle suit l'école communale à Noyelles-sur-mer. Peu après, sa famille va à Londres. Violette étudie au Brixton Secondary School. 1940. Le 14 juillet 1940, encouragée par ses parents, elle invite un soldat français à dîner. C'est Étienne Szabo, un lieutenant français des Forces françaises libres (13e demi-brigade de la Légion étrangère), d'ascendance hongroise. Le 21 août, ils se marient à Aldershot.

Peu de temps après, l'unité d'Étienne est envoyée en Afrique du Nord. 1941 À l'été 1941, Violette ne revoit Étienne qu'au bout d'un an, à l'occasion d'une permission d'une semaine à Liverpool. En septembre, elle s'engage dans l’Auxiliary Territorial Service (ATS) et devient opératrice de contrôle de tir dans la Batterie anti-aérienne 481. 1942 En avril 1942, elle quitte la batterie. Le 8 juin, sa fille Tania naît. Le 24 octobre, son mari est tué lors de la Seconde bataille d'El Alamein. C'est ce qui conduit Violette à accepter l'offre de recrutement du SOEEn septembre 1943, jugée apte à la tâche d'agent secret, Violette est engagée comme officier du First Aid Nursing Yeomanry (FANY). Elle reçoit l'entraînement complet de l'agent SOE. Un accident mineur lors d'un entraînement au parachute retarde son envoi sur le terrain.

Le 5 avril 1944, c'est sa première mission en France. Elle est parachutée près de Cherbourg, avec Philippe Liewer, dont le réseau, aux alentours de Rouen, a été démantelé par les Allemands. Sous le nom de guerre « Louise », elle assure la fonction de courrier auprès de lui. Pour aider à la reconstitution d'un nouveau groupe autour de Rouen, région stratégique à l'approche du débarquement, elle est amenée à voyager entre Paris et Rouen pour prendre contact avec les personnes qui sont supposées avoir réchappé et en ramener à Paris. Elle transmet au SOE à Londres des rapports sur les usines qui fabriquent des matériels de guerre pour les Allemands, qui se révèlent précieux pour cibler les bombardements. Le 30 avril, après cette mission de trois semaines de reconnaissance, qui est un franc succès, elle rentre en Angleterre avec Liewer, lors d'un ramassage par avion Lysander dans l'Indre.

Pour sa deuxième mission, juste après le débarquement, elle est renvoyée en France à Limoges, où elle vient coordonner les maquis locaux pour le sabotage des lignes de communication allemandes. Elle est radio et agent de liaison, avec le nom de guerre « Louise ». En juin 1944, dans la nuit du 7/8, jour (J + 2), vers deux heures du matin, après une tentative infructueuse la nuit précédente, elle est parachutée d’un Consolidated B-24 Liberator au Clos de Sussac, avec le major anglais Staunton, chef de mission (en réalité Philippe Liewer « Hamlet »), le capitaine Bob Maloubier « Paco » et le lieutenant opérateur-radio américain de l'Office of Strategic Services (OSS), Jean-Claude Guiet. Ils sont hébergés à Sussac, dans la maison de Madame Ribiéras. Le 10 juin, près de Salon-la-Tour, elle tombe dans une embuscade tendue par une patrouille allemande (en fait des soldats du 1er bataillon du régiment "Deutschland", de la 2° division SS "Das Reich"), qui recherche un officier disparu. Un jeune résistant français, Jacques Dufour (alias "Anastasie"), ainsi que Jean Bariaud (qui se trouvaient dans la même voiture que Violette Szabo) s'enfuient mais elle est arrêtée, transférée au SD de Limoges, où elle est interrogée et torturée.

Elle est ensuite amenée à Paris, avenue Foch, où elle est interrogée par le SS Sturmbannführer Hans Joseph Kieffer et elle subit plusieurs semaines d'interrogatoires brutaux sous l'autorité des services de Horst Kopkow. Mais elle ne parle pas. Le 8 août, elle est déportée en Allemagne, à Ravensbrück avec deux autres femmes du SOE, Denise Bloch et Lilian Rolfe. Au cours du trajet en train vers Ravensbrück, une attaque aérienne survient. Les gardiens cherchent à se mettre à l'abri. Bien qu'enchaînée à un autre prisonnier, Violette Szabo parvient à apporter une bouteille d'eau à des officiers britanniques blessés. Elles restent trois semaines à Ravensbrück, sont transférées à Torgau, un camp de travail d'où elles envisagent de s'évader, puis à Königsberg et de nouveau à Ravensbrück. Elles sont soumises aux travaux forcés et souffrent de malnutrition et d'épuisement.

En 1945, les armées alliées ont pénétré en Allemagne. Après la prise de Varsovie, les Russes avancent en Prusse Orientale. Entre le 25 janvier et le 5 février 1945, Violette Szabo, Denise Bloch et Lilian Rolfe sont extraites de leur cellule et conduites dans une cour, derrière le four crématoire. Denise Bloch, très diminuée et Lilian Rolfe, qui souffre d'une pneumonie, doivent être portées sur des brancards. Violette peut marcher. Le commandant du camp, le SS Sturmbannführer Fritz Suhren, lit un ordre émanant de la direction des services de contre-espionnage à Berlin, prescrivant que les trois prisonnières « condamnées à mort » soient exécutées. Il ordonne au SS Scharführer Schülte de procéder aux exécutions. Schülte abat chaque femme d'une balle dans la nuque. Le médecin du camp, le SS Sturmführer Trommer, constate leur décès. Les corps sont aussitôt portés au four crématoire et incinérés.

Récit du retour en Angleterre de Violette Szabo, le 1er mai 1944 - Source : Hugh Verity, p. 220

Large a gardé un vif souvenir de ce voyage pour plusieurs raisons qu'il me révéla plus tard. Le terrain était strié d'ornières et la course au sol fut très rude. Le Lysander réagit violemment au frein. Le moteur cala. Ces moteurs Mercury, suralimentés, étaient très difficiles à relancer quand ils étaient noyés et chauds, et l'on courait le risque de mettre la batterie à plat. Bob tira l'échappement libre pour remettre le moteur en marche. Sur le chemin du retour, la défense aérienne tira sur eux près de Châteaudun. « La dame à l'arrière poussait des petits cris, me dit Bob. Je coupai donc l'interphone ». Et Bob oublia de le rebrancher. À l'atterrissage à Tempsford, le Lysander fit un demi-tour. Un pneu, touché par la flak, avait crevé. Bob rejeta son casque et sauta à terre. Il s'approcha avec sollicitude de sa passagère, mais dut aborder une femme furieuse et un parapluie brandi. La dame se croyait en territoire ennemi et prenait son pilote pour un Allemand.

Juanita Carberry

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Juanita Carberry, who has died aged 88, played a role in one of the most celebrated murder cases of the 20th century — the sensational shooting in 1941 of the philandering 22nd Earl of Erroll, a prominent figure in the louche Happy Valley set in wartime Kenya that inspired the Hollywood film White Mischief (1987). 

Juanita CarberryJuanita Carberry

She maintained that, although she was just a 15-year-old schoolgirl at the time of the killing, the chief suspect in Erroll’s murder, Sir Jock Delves Broughton (whose wife, Diana, was Erroll’s mistress and a friend of Juanita’s stepmother) had confessed his guilt to her shortly after the murder.

“By the way, Juanita, I don’t want you to be afraid, but the police are following me,” the world-weary Broughton allegedly told her. When she asked why, Broughton explained that they believed he had been responsible for murdering Erroll. “Well, actually I did,” he added. Furthermore, according to Juanita Carberry, Broughton went on to tell her how he shot Erroll and disposed of the gun.

Juanita Carberry said the police wanted her to testify at Broughton’s trial for murder, but she pretended to “act as a stupid child” because she disagreed with the way such cases were conducted. Eventually they branded her an “unreliable witness” and she was not called.

According to Juanita Carberry, Broughton had confided in her only hours after Erroll’s murder, at a lunch party he hosted at his house in Karen, a suburb of Nairobi, attended by Juanita, her stepmother, June, and her governess.

Knowing that the teenager liked horses, Broughton invited Juanita to look at his stables. As they walked out, she was surprised to see a pair of gym shoes with white rubber soles in the smouldering embers of a bonfire in the garden. This struck her as odd, because it was not usual in Kenya to burn even worn-out gym shoes: they would have been given to a servant. Marks made by white pipeclay, used in the manufacture of such shoes, were found on the back seat of the crashed Buick car in which Erroll’s body was found. He had been shot in the head. 
Nearly a year later, after a jury in Nairobi had acquitted Broughton, he committed suicide at the Adelphi Hotel in Liverpool.

Juanita Carberry believed that Broughton probably also told her stepmother about the murder because the gun — having been recovered by her stepmother’s servants — was found many years later in a shoebox at Malindi, on the coast north of Mombasa, in a workshop owned by her father.

Juanita Carberry revealed none of this until 1971, when she gave an interview to the journalist Cyril Connolly, who had been at Eton with Lord Erroll, and who, with a young reporter, James Fox, had written an article about the case for The Sunday Times . But she withheld Broughton’s confession from Connolly, telling him that she did not want anything she said to be used against him. Only when James Fox interviewed her in 1980, after Connolly’s death, did she blurt out: “There is no mystery. He [Broughton] did it. I can tell you that now. He told me himself the following day.

“We walked down to the stables,” she recalled. “He told me then that he had shot Erroll... He told me not to be frightened when the police came, and he told me about the gun, which he said he had thrown into the Thika falls. He thought the police had followed him and had seen him stop there.”

She told Fox that Broughton had been provoked into murdering Erroll because of his affair with Diana. Although Broughton knew that his wife was planning to divorce him, something finally snapped after she and Erroll had dined and danced together on the night of the murder. “They had gone too far,” Juanita told Fox. “That last dinner was too much and brought home to him that he had really lost. And the fact is that he was in love with Diana.”

The Erroll murder was a gripping and glamorous scandal that shook the decadent Happy Valley coterie and marked the beginning of the end for Kenya’s hedonistic colonial elite, with its heavy drinking and cocaine-fuelled adulterous liaisons.

In his bestselling book about the Erroll affair, White Mischief (1982), Fox ascribed Juanita Carberry’s four decades of reticence to her protective feelings for Broughton, “the only adult who had taken her side in the midst of a host of hard-drinking grown-ups, who were constantly pushing her aside and sending her away”.

The daughter of the 10th Lord Carbery of Castle Freke, a renegade Irish peer, and his second wife (Maïa), a noted beauty, Juanita Virginia Sistare Carberry was born on May 7 1925 at Nyeri, about 100 miles from Nairobi, and grew up on her father’s coffee farm. When she was three, her mother, a pioneering aviatrix, was killed when her plane crashed at Nairobi airfield, and Juanita was brought up by her promiscuous stepmother, June, and a series of nannies; she was sent to eight boarding schools, attending — from the age of 11 — various Swiss finishing schools, and finally Roedean, a sister school to the one in Sussex, in the Parktown area of Johannesburg.

Her childhood was harsh; her sadistic father, who had dropped his title out of a violent hatred of Britain and had embraced pro-Nazi views, disliked children, especially girls. Juanita recalled: “I was an unwanted brat .” She was dressed and treated as a boy , and confined to a separate wing of the house. Her governess, Isabel Rutt (whom she called “the Rutt”), was often ordered by Juanita’s father to strip her naked and beat her; aged 15, and after one particularly frenzied beating, Juanita left home to live with an uncle, saying she had no wish to grow up “like the rest of that Happy Valley lot”.

In the early 1950s she discovered that her father had been impotent and that her biological parent was probably Maxwell Trench, a white Jamaican who managed her father’s coffee estate, although DNA tests proved inconclusive.

According to Fox’s account, Juanita’s South African stepmother, June Weir Mosley, a “terrifyingly unnatural blonde with a deep bass voice”, as someone once described her, and “a drinker and fornicator in a championship class”, often passed her stepdaughter off as her sister, and liked to boast that Juanita could outdrink any man in Kenya — even though she drank only milk.

In 1943, when she was 17, Juanita joined the First Aid Nursing Yeomanry (FANY), part of the Women’s Territorials, as a dispatch rider, and after the war, in 1946, became one of only a handful of women to join the Merchant Navy, serving as a captain’s steward in the cargo ships Langley Scot and Langley Clyde and various Norwegian cargo vessels. On leaving the service after 17 years, she became active in animal welfare and was an inspector of livestock transportation in ships that called at ports in Kenya.

“I travelled the world alone,” she once recalled. “I went to Yemen and lived with bush people in the Amazon. I think I was the original hitchhiker.” Finally settling in Mombasa, during the 1960s she drove clients on photographic safaris in Uganda, Tanzania, the Congo, Rwanda and Burundi.

Her story of Broughton’s confession to the Erroll murder was validated in 2007 when a tape-recording surfaced featuring the voice of Dan Trench, the son of Maxwell Trench . It had been recorded in 1987, when Dan Trench was an old man, but had been withheld until some years after his death.

Dan Trench, who had regarded Juanita as a sister, explained that Broughton had slipped into the back of Erroll’s car while Erroll was seeing Diana Broughton safely home after their evening out. When Erroll drove off, Broughton shot him. He was picked up further along the road at a pre-arranged spot by Broughton’s neighbour, a doctor.

For many years, Juanita Carberry lived in a modern house overlooking Mombasa harbour. In later life she moved to London, and occupied a former council flat in Chelsea. On Remembrance Sunday she invariably marched in the Cenotaph parade wearing her FANY slouch hat. Her memoir of her early years, Child of Happy Valley, was published in 1999.

Feisty, opinionated, tough and loyal, she was, above all, a great and inventive survivor. “The only beatings I remember were the unjustified ones. The others I’ve forgotten,” she said.

Juanita Carberry was twice married. There were no children.

Juanita Carberry, born May 7 1925, died July 27 2013 

Sessions Jeff

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Jefferson Beauregard Sessions III (né en 1946) est un sénateur républicain de l'Alabama au Congrès fédéral des États-Unis depuis 1997.

Sessions JeffSessions Jeff

Jeff Sessions est né le 24 décembre 1946 à Selma en Alabama. Capitaine de réserve dans l'armée, diplômé d'un doctorat de droit en 1973 de l'Université d'Alabama, Sessions commença sa carrière d'avocat à Russellville puis à Mobile en Alabama. De 1975 à 1977, il fut l'assistant de l'attorney fédéral pour le district sud de l'Alabama. En 1981, le président Ronald Reagan le nomma attorney fédéral pour le district sud de l'Alabama, fonction qu'il occupa pendant 12 ans. De 1995 à 1997, Sessions est Attorney General de l'Alabama. En 1996, il est élu au Sénat fédéral et devient le premier sénateur républicain de cette circonscription depuis 1871. Il est réélu en 2002.

Républicain conservateur du sud, il soutient les réductions d'impôts et la politique sociale de son parti. Opposant à l'IVG, il siège à la Commission judiciaire du Sénat, et s'est fait remarquer en janvier 2010 en signant une lettre avec vingt autres Républicains demandant que l'administration Obama transfère Umar Farouk Abdulmutallab, le Nigérian ayant tenté de faire exploser un vol le 25 décembre 2009, aux mains du Pentagone, considérant qu'il aurait dû être traité comme un « ennemi combattant » au lieu d'être inculpé par le procureur fédéral.

Begich Mark

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Mark P. Begich (né le 30 mars 1962 à Anchorage) est une personnalité politique américaine de l'État d'Alaska. 

Begich MarkBegich Mark

Membre du parti démocrate, il est le maire d'Anchorage, la plus grande ville de l'État et le sénateur élu de l'Alaska depuis novembre 2008. Il est alors le premier démocrate élu pour représenter l'Alaska au Congrès des États-Unis depuis son admission en 1959. Fils de Nick Begich, ancien représentant de l'État à la chambre, frère de Nick Begich junior, écologiste et essayiste, auteur de Angels dont' play this HAARP et petit-fils d'émigrants croates, il entre en politique à l'âge de 26 ans en intégrant le conseil municipal d'Anchorage en 1988. Il devient maire de la ville en 2003 à sa troisième tentative en battant le maire républicain sortant. Il est le premier démocrate à occuper le poste depuis Tony Knowles. Il est réélu en 2006.

En 2008, il est candidat au Sénat des États-Unis contre le sénateur sortant Ted Stevens, impliqué dans une affaire de corruption et candidat à un 7ème mandat. D'abord donné perdant de justesse, c'est après recomptage et prise en compte des votes par correspondance que Begich s'impose avec 3 724 votes d'avances et 47,7 % des suffrages contre le sénateur sortant (46,6 %). Il devient alors le premier sénateur démocrate d'Alaska depuis Mike Gravel.

Globalement, ses prises de positions politiques sont assez modérés : Peine de mort : Il est plutôt contre la Peine de mort même s'il déclare pouvoir évoluer sur cette question. Armes à feu : Il défend le droit de porter des armes sans restrictions. Avortement et homosexualité : Il est pro-choix et soutient le mariage homosexuel. Autres : Il est opposé au Patriot Act et soutient les forages pétroliers dans l'Arctic National Wildlife Refuge (réserve nationale d'Alaska). Begich apporte son soutien au plan de relance de l'économie du président Barack Obama. Il vote également pour la nomination de Sonia Sotomayor à la Cour suprême des États-Unis.

Franken Al

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Alan Stuart Franken plus connu sous le nom d'Al Franken, né le 21 mai 1951, est un comédien, un écrivain, un polémiste, un humoriste et un homme politique américain, sénateur démocrate du Minnesota depuis juillet 2009.

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Connu pour ses opinions progressistes le situant à la gauche (au sens américain) du Parti démocrate, il fut candidat pour ce dernier au Sénat des États-Unis pour l'un des 2 sièges du Minnesota. Bien que donné battu d'un peu plus de 336 voix par le sénateur républicain sortant Norm Coleman il s'imposera le 5 janvier 2009 à la suite d'un très long recomptage qui lui donnera une avance de seulement 225 voix sur un total de près de trois millions. Coleman contestera ces résultats devant les tribunaux jusqu'à ce que la Cour suprême du Minnesota le 30 juin 2009 déclare Franken vainqueur de l'élection. Il prêta serment comme sénateur le 7 juillet 2009. Al Franken a atteint la notoriété grâce à ses performances dans l'émission Saturday Night Live. Il s'est par la suite concentré davantage vers une carrière de commentateur politique engagé, notamment dans l'émission The Al Franken Show sur Air America Radio.

Al Franken est né dans une famille juive de New York. Il grandit dans une banlieue de Minneapolis dans le Minnesota. Il est diplômé en latin du collège d'Harvard. Marié, il a une fille et un fils. Remarqué pour ses talents de comédien et de scénariste dès le lycée, il commence sa carrière professionnelle en 1975 en étant recruté pour rédiger les sketches humoristiques du Saturday Night Live. Il devient rapidement l'un des acteurs et humoristes de l'émission qu'il quitte en 1980. De 1985 à 1995, il écrit de nouveau pour SNL et participe plus sporadiquement à l'émission en tant qu'acteur. Il écrit surtout des livres, politiquement très engagé contre les conservateurs. L'un d'eux s'en prend nommément à Rush Limbaugh (Rush Limbaugh Is a Big Fat Idiot and Other Observations, en français Rush Limbaugh Est un Sale Menteur et d'Autres Remarques) et coécrit des scénarios de film (When A Man Loves A Woman, en français Quand Un Homme Aime Une Femme). À partir de 2005, il participe au Huffington Post.

De 2004 à 2007, Al Franken anime un débat télévisé quotidien de 3 heures sur Air America Radio dont il devient l'un des symboles. Son show est alors censé être le pendant de gauche de celui du conservateur Bill O'Reilly à qui il s'en prend avec Fox News dans ses livres. Il s'agit, selon Franken, de lutter contre la « désinformation distillée par les médias et éditorialistes de droite ». À l'origine, le but de Al Franken est d'empêcher la réélection de George W. Bush lors de l'élection présidentielle de 2004. En 2005, Al Franken est condamné à payer une amende de 25 000 dollars pour ne pas avoir payé l'assurance des employés de sa société, Al Franken Inc.

Le 14 février 2007, cet ancien partisan et ami du sénateur Paul Wellstone mit un terme à son talk show et annonça sa candidature au Sénat des États-Unis, défiant Norm Coleman, qui avait succédé à Wellstone. Après s'être imposé dans les primaires démocrates, il mène une campagne électorale à la fois contre ses Coleman et un candidat indépendant et contre John McCain. Ainsi, il propose un sketch à SNL ridiculisant le candidat républicain à l'élection présidentielle, provoquant des commentaires aigre-doux des commentateurs politiques sur la confusion des genres.

Au vu des livres publiés par Al Franken, ses positions politiques en matière sociétale marquent un engagement clairement très à gauche du spectre politique américain. Il soutient le droit à l'avortement, le contrôle des armes à feu, le mariage homosexuel, une couverture santé universelle obligatoire pour les enfants, les lois environnementales ainsi qu'un système de TVA progressif. Par le passé, Al Franken a d'abord été un partisan du renversement de Saddam Hussein et de la guerre d'Irak avant de se raviser puis de se prononcer contre le renforcement des troupes militaires en 2007. En 2004, il soutenait la candidature d'Howard Dean durant les élections primaires démocrates. Il a indiqué que s'il était élu au Sénat, il profiterait des 3 premières semaines de janvier pour avoir le plaisir de demander l'impeachment de George W. Bush, juste avant que son mandat ne prenne fin au 20 janvier 2009.

Le 18 novembre 2008 les résultats donnent 215 votes d'avance à Norm Coleman sur Franken, contenu de l'écart ténu l’État procède alors a un recomptage des voix qui donneront alternativement Franken ou Coleman en tête. Courant décembre les responsables de la campagne du sénateur républicain déposent un recours devant la Cour Suprême du Minnesota qui sera rejeté le 18 décembre. Le 3 janvier 2009 le mandat de Coleman arrive à son terme, le 5 janvier Al Franken est déclaré vainqueur du recomptage par 225 voix sur un total de près de trois millions. Le 6 janvier, l'ancien sénateur républicain a déposé un recours en annulation du recomptage, par conséquent ce poste de sénateur du Minnesota est laissé jusqu'à la décision de la cour suprême du Minnesota fin janvier et après que l'élection du démocrate soit certifiée par le Gouverneur et Secrétaire d’État du Minnesota.

Le 1er avril, Franken est déclaré vainqueur, par 312 voix, unanimement par un panel de 3 juges mais son adversaire républicain Coleman va faire appel de la décision. Le 30 juin, Franken est officiellement déclaré vainqueur par la Cour suprême du Minnesota avec une avance de seulement 312 voix sur un total de 2,9 millions (1 212 629 contre 1 212 317 pour le candidat républicain). Son adversaire républicain, Coleman accepta alors sa défaite. Il prêta serment comme sénateur des États-Unis le 7 juillet 2009.

Wellstone Paul

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Paul David Wellstone (21 juillet 1944 – 25 octobre 2002) était un sénateur américain du Minnesota du parti Démocrate. Il est mort dans un accident d'avion en 2002.

Wellstone PaulWellstone Paul

Klobuchar Amy

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Amy Jean Klobuchar, née le 25 mai 1960 à Plymouth dans le Minnesota, est une femme politique américaine, élue sénatrice démocrate du Minnesota au Congrès des États-Unis le 7 novembre 2006.

Klobuchar Amy Klobuchar Amy

D'ascendance slovène, Amy Klobuchar est diplômée en sciences politiques de l'université Yale et en droit de l'université de Chicago. Son père, Jim Klobuchar, est un écrivain et un ancien éditorialiste au Star Tribune, journal du Minnesota. Elle est mariée au procureur John Bessleret et a une fille. En 1998, Klobuchar est élu attorney de comté et réélue en 2002, après avoir été sélectionnée en 2001 comme attorney de l'année. De novembre 2002 à novembre 2003, Klobuchar présida l'association des avocats des comtés du Minnesota. Klobuchar fut également associée au cabinet juridique Dorsey & Whitney, au côté de l'ancien vice-président Walter Mondale

Le 9 juin 2006, elle reçut l'investiture du Minnesota Democratic-Farmer-Labor Party pour reprendre le siège du sénateur Mark Dayton au Congrès des États-Unis. Elle se retrouva face au candidat républicain Mark Kennedy et divers autres candidats de moindre importance. Le 7 novembre 2006, elle est élue sénatrice du Minnesota avec 58 % des voix face au républicain Mark Kennedy qui lui obtient 38 %. Le 3 janvier 2009, Amy Klobuchar devient Sénateur Sénior et également le seul sénateur du Minnesota suite a la défaite de Norm Coleman.


Mondale Walter

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Walter Frederick Mondale (né le 5 janvier 1928) est un homme politique américain, membre du parti démocrate. 

Mondale WalterMondale Walter

Il fut le vice-président du président Jimmy Carter de 1977 à 1981, et candidat démocrate malheureux face au président Ronald Reagan en 1984. En 1955, il épouse Joan Mondale. Walter Mondale débute une carrière d’avocat avant de se diriger vers la politique grâce à l’appui du sénateur Hubert Humphrey. En 1960, il devient ministre de la Justice du Minnesota, puis Sénateur en 1964 quand Humphrey laisse son siège pour devenir vice-président des États-Unis.

En 1966 puis en 1972, ses électeurs le réélisent loin devant son concurrent. C’est en 1976 que le candidat démocrate à l’élection présidentielle Jimmy Carter le désigne comme son colistier. Mondale symbolise alors, au côté du sudiste Carter, le Nord industriel, liberal et syndicalisé. Élu le 2 novembre 1976, Walter Mondale est le premier vice-président « moderne » des États-Unis : il prend en effet, contrairement à ses prédécesseurs, une part importante dans la mise au point de la politique américaine, et obtient d’avoir son bureau au sein de la Maison Blanche.

Après l’échec du tandem démocrate face à Ronald Reagan en 1980, Mondale prend la tête du parti démocrate, et s’impose difficilement comme candidat à l’élection présidentielle de 1984, face à Gary Hart. Lors de la campagne, il se fait remarquer en étant le premier candidat à désigner une femme, Geraldine Ferraro, comme colistière, ou en affirmant qu’il devra augmenter les impôts s’il est élu. Il subit une défaite cuisante avec seulement 41 % des voix contre 59 % pour Reagan et ne remporte qu’un seul État, le Minnesota plus le district de Columbia.

Il retourne alors dans le Minnesota, avant d’être nommé ambassadeur au Japon par Bill Clinton de 1993 à 1997. En 2002, après le décès du sénateur Paul Wellstone, le parti démocrate lui demande de se présenter en remplacement pour l'élection au poste de sénateur du Minnesota. Il est battu aux mid-terms élections, mettant fin à ce qu’il nomme « sa dernière campagne politique ».

Pétain Philippe

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Henri Philippe Benoni Omer Joseph Pétain, couramment nommé Philippe Pétain, né le 24 avril 1856 à Cauchy-à-la-Tour (Pas-de-Calais) et mort le 23 juillet 1951 en internement à Port-Joinville (L'Île-d'Yeu), est un militaire et homme politique français, fait maréchal de France en 1918. En tant que chef militaire, le maréchal Pétain est généralement présenté comme le « vainqueur de Verdun » et comme le chef de l’armée qui jugula la crise du moral et des mutineries de 1917.

Pétain PhilippePétain Philippe

Comme dernier chef de gouvernement de la Troisième République, son nom est associé à l’armistice du 22 juin 1940 retirant la France défaite de la guerre contre Hitler. Comme fondateur et chef de l'État du régime de Vichy, il a dirigé la France pendant l'Occupation, du 11 juillet 1940 au 20 août 1944. Il a engagé la Révolution nationale et la collaboration avec l’Allemagne nazie. À 84 ans, en juillet 1940, Philippe Pétain est le chef d'État le plus âgé de l'Histoire de France. Jugé à la Libération pour intelligence avec l'ennemi et haute trahison par la Haute Cour de Justice, il est, par arrêt du 15  août 1945, frappé d'indignité nationale et condamné à la confiscation de ses biens et à la peine de mort. Il est gracié par le général de Gaulle, chef du Gouvernement provisoire de la République, sa peine est commuée en prison à perpétuité. Ayant reçu une éducation catholique, il sert la messe comme enfant de chœur durant sa jeunesse.

Impressionné par les récits de son grand-oncle, l'abbé Lefèvre, qui a servi dans la Grande Armée de Napoléon, et très marqué par la guerre de 1870 alors qu’il a 14 ans, il décide d’être soldat. À partir de 1876, il est élève à l’École spéciale militaire de Saint-Cyr, promotion Plewna avec le vicomte Charles de Foucauld, le futur bienheureux et Antoine Manca de Vallombrosa le futur aventurier. Il y entre parmi les derniers (403e sur 412) et en sort en milieu de classement (229e sur 336). Il est affecté à différentes garnisons, mais ne participe à aucune des campagnes coloniales. Lors de l’affaire Dreyfus, le capitaine Pétain ne participe pas à la souscription au fameux « monument Henry », souscription nationale ouverte par le journal antisémite, La Libre Parole, d'Édouard Drumont, au profit de la veuve de l'auteur du faux document, le colonel Henry, responsable de la condamnation inique du capitaine Dreyfus. Ultérieurement, Pétain confiera n’avoir pas cru en la culpabilité de Dreyfus, mais accusera ce dernier de s’être mal défendu, et dira avoir considéré comme normal de le sacrifier à la réputation de l’Armée.

Dans l’ensemble, le militaire Pétain s’occupe fort peu de la vie politique de l’époque, et reste très discret sur ses opinions personnelles. Au contraire de beaucoup de militaires, il ne s’engage à aucun moment, pas plus lors de l’affaire des fiches (1904) que de celle de la séparation des Églises et de l'État en 1905. En 1900, chef de bataillon, il est nommé instructeur à l’École normale de tir du camp de Châlons-sur-Marne, il s’oppose à la doctrine officielle de l'époque qui veut que l'intensité du tir prime la précision et qui privilégie les charges de cavaleries et les attaques à la baïonnette. Il préconise au contraire l'utilisation des canons pour les préparations et les barrages d'artillerie, afin de permettre la progression de l'infanterie, laquelle doit pouvoir tirer précisément sur des cibles individuelles. Le directeur de l'école signale la « puissance de dialectique [...] et l'ardeur [...] » « avec lesquelles il défend des thèses aussi aventurées ». En 1901, il occupe un poste de professeur adjoint à l’École supérieure de guerre de Paris où il se distingue par des idées tactiques originales. Il y retourne de 1904 à 1907 puis de 1908 à 1911 en tant que titulaire de la chaire de tactique de l’infanterie. Il s’élève alors violemment contre le dogme de la défensive prescrit par l’instruction de 1867, « l’offensive seule pouvant conduire à la victoire ». Mais il critique aussi le code d’instruction militaire de 1901 prônant la charge en grandes unités, baïonnette au canon. Les milliers de morts d’août et septembre 1914 lui donneront raison.

Le 20 octobre 1912, il est le premier chef d’unité de celui qui deviendra le général de Gaulle, alors sous-lieutenant. En septembre 1913, amené à commenter la tactique du général Gallet, qui avait fait charger à la baïonnette des nids de mitrailleuses, il dit : « le général vient de nous montrer toutes les erreurs à ne pas commettre ». Ce qui lui vaut l’hostilité de la hiérarchie. Humiliés par la défaite de 1870, les états-majors se montrent volontiers bravaches et revanchards. On y prône l'offensive à outrance. Pétain, lui, préconise la manœuvre, la puissance matérielle, le mouvement, l’initiative : « le feu tue ». Ainsi il déclara à un élève officier : « Accomplissez votre mission coûte que coûte. Faites-vous tuer s'il le faut, mais si vous pouvez remplir votre devoir tout en restant en vie, j'aime mieux cela. »  À 58 ans, en juillet 1914, le colonel Philippe Pétain s’apprêtait à prendre sa retraite après une carrière relativement médiocre, le ministre de la Guerre ayant refusé sa nomination au grade de général. Dès le début de la Première Guerre mondiale, le 3 août 1914, à la tête de la 4e brigade d’infanterie, il se distingue en Belgique. Il est promu général de brigade le 31 août 1914 et commande la 6e division d'infanterie à la tête de laquelle il participe à la bataille de la Marne, puis devient général de division le 14 septembre. Nommé le 20 octobre général commandant de corps d'armée, il prend le commandement du 33e corps et réalise des actions d’éclat tout en se montrant soucieux d’épargner la vie de ses hommes, dont il gagne le cœur.

En juin 1915, il commande la 2e armée. En février 1916, c’est lui qui commande les troupes françaises à la bataille de Verdun, et son charisme n’est pas étranger à l’issue victorieuse du combat, même si la ténacité de ses troupes, comme, par exemple, celle du commandant Raynal au fort de Vaux, en a été le facteur décisif. On notera cependant que sa vision stratégique de la bataille lui a permis de comprendre que le meilleur soldat du monde, s’il n’est pas ravitaillé, évacué en cas de blessure, ou relevé après de durs combats, sera finalement vaincu. Pétain met en place une noria continue de troupes, d’ambulances, de camions de munitions et de ravitaillement sur ce qui va devenir la « voie sacrée ». Comprenant la valeur de l’aviation dans les combats, il crée en mars 1916 la première division de chasse aérienne pour dégager le ciel au-dessus de Verdun. Il réaffirme cette vision dans une instruction de décembre 1917 : « L’aviation doit assurer une protection aérienne de la zone d’action des chars contre l’observation et les bombardements des avions ennemis [...] » Désormais, aux yeux de tous, il est le « vainqueur de Verdun », même si cette appellation sera surtout exploitée plus tard, sous le régime de Vichy.

En 1917, le général Nivelle prend la tête des armées françaises, alors que Joffre n’était que le chef du front du Nord-Est. Le général Pétain est nommé chef d'État-Major général, poste spécialement créé pour lui. Il s’oppose à Nivelle qui est peu économe du sang de ses hommes, et dont l’attitude contraste avec le pragmatisme de Pétain. Cela aboutit à la bataille du Chemin des Dames, à la mi-avril 1917 : 100 000 hommes sont mis hors de combat du côté français en une semaine. Bien que les Français, à défaut de percer, aient tenu, le mécontentement gronde, provoquant des mutineries dans de nombreuses unités. Nivelle est renvoyé et Pétain se trouve être l’homme providentiel pour lui succéder et ramener la confiance des troupes en améliorant les conditions de vie des soldats, en mettant fin aux offensives mal préparées et en faisant condamner les mutins, dont seule une minorité est fusillée malgré les exigences des hommes politiques. En octobre 1917, il reprend le Chemin des Dames aux Allemands, par des offensives plus limitées, ne gaspillant pas la vie des soldats et toutes victorieuses. Certains ont dénié à Pétain le titre mythique de « vainqueur de Verdun » et considèrent cette réputation comme due principalement à sa gestion du moral des combattants, grâce à ses mesures « humaines » et à sa volonté d’éviter les offensives inutiles, plus qu’à ses qualités militaires.

Parmi eux, ont figuré Joffre, Foch et Clemenceau, qui ont reproché à Pétain son pessimisme. Au début de 1918, il est à l’origine du retour de Foch, qui avait été renvoyé avec Nivelle. Il est désormais à l’origine de la coordination de toutes les troupes alliées, dont Foch est le chef suprême. En août 1918 la médaille militaire lui est attribuée : « Soldat dans l’âme, n’a cessé de donner des preuves éclatantes du plus pur esprit du devoir et de haute abnégation. Vient de s’acquérir des titres impérissables à la reconnaissance nationale en brisant la ruée allemande et en la refoulant victorieusement. »  En octobre 1918, il prépare une grande offensive qui aurait mené les troupes franco-américaines jusqu’en Allemagne. Prévue à partir du 13 novembre, elle n’a pas lieu puisque, contre son avis, Foch et Clemenceau ont accepté l’armistice demandé par les Allemands. Après l’armistice, Pétain est élevé à la dignité de maréchal de France le 19 novembre 1918. Il reçoit à Metz son bâton de maréchal le 8 décembre 1918.

En 1919, Pétain est élu membre de l’Académie des sciences morales et politiques. Le 14 septembre 1920, âgé de 64 ans, il épouse Eugénie Hardon, âgée de 42 ans, dont il n’eut pas de descendance. Général en chef de l’Armée française (il le reste jusqu’au 9 février 1931), il estime en 1919 à 6 875 le nombre de chars nécessaire à la défense du territoire. Soit 3 075 chars en régiment de première ligne, 3 000 chars en réserve à la disposition du commandant en chef et 800 chars pour le remplacement des unités endommagées. Il écrit: « C’est lourd, mais l’avenir est au maximum d’hommes sous la cuirasse. » De 1919 à 1929, avec l'aide du général Buat, son chef d'État-Major, il s'oppose à la construction de fortifications défensives, préconisant au contraire la constitution d'un puissant corps de bataille mécanisé capable de porter le combat le plus loin possible sur le territoire ennemi dès les premiers jours de la guerre. En juin 1922, il obtient la démission du maréchal Joffre de la présidence de la Commission d'étude de l'organisation de la défense du territoire créée quinze jours plus tôt. En 1925-1926, des troupes françaises sous le commandement de Pétain, en campagne avec une armée espagnole (450 000 hommes au total), dans laquelle se trouve aussi Franco, mènent une campagne contre les forces d’Abd el-Krim, chef de la très jeune République du Rif, au Maroc ; les forces franco-espagnoles sont victorieuses, en partie grâce à l'emploi par les Espagnols d'armes chimiques sur les populations civiles. Abd el-Krim se plaignit à la Société des Nations de l'utilisation par l'aviation française de gaz moutarde sur les douars et les villages.

Lors de la séance du Conseil supérieur de guerre du 15 décembre 1925, il s’oppose à la construction d’une ligne défensive continue, mais pour des môles défensifs sur les voies d’invasion. Puis lors de la séance du 19 mars 1926, contre l’avis de Foch, qui estime que Pétain donne à tort aux chars une importance capitale, il préconise et obtient l’étude de trois prototypes de chars (léger, moyen et lourd). Le 20 juin 1929, il est élu à l’unanimité membre de l’Académie française, au 18e fauteuil, où il succède au maréchal Foch. Il finira par s'incliner et accepter la construction de la ligne Maginot, lorsque André Maginot, alors ministre de la Guerre, déclarera, lors du débat parlementaire du 28 décembre 1929 : « ce n'est pas Pétain qui commande, mais le ministre de la Guerre ».

Le 22 janvier 1931, il est reçu à l'Académie française par Paul Valéry, dont le discours de réception — qui retrace sa biographie — rappelle et développe une phrase sur laquelle insistait Pétain : « le feu tue », et comporte des considérations sur la façon dont « la mitrailleuse a modifié durablement les conditions du combat à terre » et les règles de la stratégie. Le discours rappelle aussi les désaccords, dans le respect mutuel, entre Pétain et Joffre. Le discours de réception du maréchal Pétain est un hommage au maréchal Foch auquel il succède. Le 9 février 1931, il est remplacé par le général Weygand au poste de commandant suprême de l’Armée, et nommé inspecteur général de la défense aérienne du territoire. À ce titre, il écrit le 2 décembre 1931 à Pierre Laval, alors président du Conseil, pour lui demander la création d’une force aérienne puissante de défense et d’attaque, indépendante de l’Armée de terre et de la Marine. Il préconise pour cela de prélever 250 millions de francs sur les crédits alloués à la construction de la ligne Maginot.

Le 9 février 1934, il est nommé ministre de la Guerre dans le gouvernement Doumergue, fonction qu’il occupe jusqu’au renversement du cabinet le 8 novembre 1934. Il va aussitôt mettre toute son énergie et son prestige pour infléchir la politique de réduction du budget de l’Armée. Partisan des chars de combat, il décide dès le 26 mars de l’adoption du char B1 dont il avait fait faire les prototypes pendant son commandement. Le même jour, il décide aussi de l’adoption du char D2 et de l’étude d’un char léger. Soucieux de la formation des officiers supérieurs, il ordonne que tous les postulants à l’École supérieure de guerre effectuent des stages préalables dans des unités de chars et d’aviation. Le 31 mai 1934, convoqué devant la commission des finances, il exprime ses vues sur la fortification et renouvelle ses réserves sur l’efficacité de la ligne Maginot. Il explique ce qu’est pour lui la fortification : le béton est un moyen pour économiser les effectifs, mais l’essentiel reste une armée puissante sans laquelle elle n’est qu’une fausse sécurité. Le but de la fortification est de permettre le regroupement des troupes pour l’offensive ou la contre-offensive. Il aura cette phrase : « la ligne Maginot ne met pas à l’abri d’une pénétration de l’ennemi, si l’armée n’est pas dotée de réserves motorisées aptes à intervenir rapidement. » Il soutient néanmoins le principe de cette ligne. Cependant, selon Robert Aron les conceptions stratégiques qu'il défend à cette époque sont conformes à son expérience de la Grande Guerre ainsi : «  [...] Entre les deux guerres, les conceptions stratégiques qu’il va défendre et imposer à l’Armée française sont encore strictement conformes à son expérience du début de l’autre conflit : il ne croit pas au rôle offensif des tanks ni aux divisions blindées. Il préconise l’édification de la ligne Maginot, derrière laquelle nos combattants de 1939 vont se croire à l’abri et attendrons paisiblement l’offensive allemande, qui se déclenchera ailleurs. ».

Le 15 juin 1934, il obtient le vote d’un crédit supplémentaire de 1,275 milliard de francs pour la modernisation de l’armement. Le 27 octobre 1934, il convainc Louis Germain-Martin, ministre des Finances, de signer le « plan Pétain pour 1935 », qui prévoit la construction de 60 chars lourds, 300 chars moyens et 900 chars légers. La chute du Gouvernement, et le remplacement du maréchal Pétain par le général Maurin, partisan de chars lourds et lents, retarderont la mise en œuvre de ce plan de plusieurs mois. Au moment où il quitte le ministère, Pétain jouit d’une très grande popularité, notamment dans les milieux d’extrême droite. En témoigne en 1935, la célèbre campagne lancée par Gustave Hervé intitulée « C’est Pétain qu’il nous faut ». Sa courte expérience ministérielle le brouille avec le parlementarisme et le conduit à refuser toutes les sollicitations ultérieures. Il participe par la suite au Conseil supérieur de guerre, où il soutient la politique de guerre offensive promu par le colonel de Gaulle, qui fut un temps son « porte-plume », préconisant la concentration de chars dans des divisions blindées. Il écrit dans la Revue des deux mondes du 15 février 1935 : « Il est indispensable que la France possède une couverture rapide, puissante, à base d’avions et de chars [...] ».

Et lors d'une conférence à l’École de Guerre en avril 1935 : « Les unités mécanisées sont capables de donner aux opérations un rythme et une amplitude inconnus jusqu’ici […] L’avion, en portant la destruction jusqu’aux centres vitaux les plus éloignés fait éclater le cadre de la bataille [...] On peut se demander si l’avion ne dictera pas sa loi dans les conflits de l’avenir [...] ». Ainsi que dans la préface d'un ouvrage du général Sikorsky : « Les possibilités des chars sont tellement vastes qu’on peut dire que le char sera peut-être demain l’arme principale. » Le 6 avril 1935, il dit, devant le président Lebrun, dans un discours à l’École supérieure de Guerre : «  Il est nécessaire de tenir le plus grand compte des perspectives ouvertes par l’engin blindé et par l’aviation. L’automobile, grâce à la chenille et à la cuirasse, met la vitesse au service de la puissance [...] La victoire appartiendra à celui qui saura le premier exploiter au maximum les propriétés des engins modernes et combiner leur action. »

À l’instigation des grands chefs militaires (Foch, Joffre), les gouvernements de la fin des années 1920 vont affecter d’importants efforts budgétaires à la construction de lignes de défense. Cette stratégie est symbolisée par la coûteuse, et de surcroît incomplète ligne Maginot qui fut arrêtée à la frontière belge. Winston Churchill, dans son ouvrage sur la Seconde Guerre mondiale, émet l'avis que l'idée de la ligne Maginot aurait pu être d'une très grande utilité si elle avait été correctement appliquée et qu'elle paraissait justifiée compte tenu, en particulier, du rapport numérique entre les populations de la France et de l'Allemagne. Il juge « extraordinaire qu'elle n'ait été prolongée au moins le long de la Meuse » mais indique : « [...] Mais le maréchal Pétain s'était opposé à cette extension [...]. Il soutenait avec force que l'on devait exclure l'hypothèse d'une invasion par les Ardennes en raison de la nature du terrain. En conséquence, on écarta cette éventualité. » Après le succès de la guerre-éclair menée par les Allemands,

Pétain ne pouvait plus ignorer que la débâcle de 1940 était due aux « grands chefs militaires », dont les autorités gouvernementales n’avaient fait que suivre les orientations stratégiques quand il tenta de faire juger les « responsables » de la défaite, en imputant celle-ci exclusivement aux politiques. Pétain n’avait pas manqué non plus, depuis plusieurs années, d’annoncer comme perdue d’avance une nouvelle guerre contre l’Allemagne, si la France n’effectuait pas le même effort de réarmement mais ce manque de conviction peut également être vu comme ayant empêché la préparation nécessaire de l’Armée française à une guerre qui était pourtant inéluctable. Le 2 mars 1939, Pétain est nommé ambassadeur de France en Espagne. Le 20 mars 1939, il présente ses lettres de créance au général Franco, chef de l’État espagnol, résidant alors à Burgos. Au nom du rapprochement diplomatique de la France avec l’Espagne, il lui incombe de superviser, dans le cadre des accords Bérard-Jordana, le rapatriement à Madrid des réserves d’or de la Banque d’Espagne et des toiles du musée du Prado que l’ancienne République espagnole avait transférées à l’abri en France durant la guerre civile.

Le Gouvernement Pétain

Le Gouvernement Pétain

Le 17 mai 1940, Pétain est nommé vice-président du Conseil dans le gouvernement de Paul ReynaudFranco lui avait conseillé de ne pas accepter d’apporter sa caution à ce gouvernement. Le 14 juin 1940, Paris est occupé par l’Armée allemande. Le Gouvernement, le président de la République et les Assemblées sont alors réfugiés à Bordeaux. Dès son arrivée au Gouvernement et alors que la bataille de France est irrémédiablement perdue, Pétain se fait un des avocats les plus constants de l’armistice auprès du président du Conseil Paul Reynaud. Ainsi, il met plusieurs fois sa démission dans la balance et déclare qu’il n’est aucunement question pour lui de quitter la France pour poursuivre la lutte. Le 16 juin 1940, Paul Reynaud présente la démission du Gouvernement et suggère, suivi en cela par les présidents du Sénat et de la Chambre des députés, de confier la présidence du Conseil au maréchal Pétain, choix aussitôt approuvé par le président de la République Albert Lebrun. Pétain est alors vu par beaucoup comme l’homme providentiel.

Charles Maurras saluera son arrivée comme une « divine surprise ». Le 17 juin 1940, suivant le conseil énoncé le 12 juin par le général Maxime Weygand, chef d’État-Major des Armées, Pétain annonce son intention de demander l’armistice qui est signé le 22 juin 1940 dans la clairière de Rethondes, après avoir été approuvé par le Conseil des ministres et le président de la République. Son discours radiodiffusé, où il déclare, alors que les négociations ont à peine commencé : « C’est le cœur serré que je vous dis aujourd'hui qu’il faut cesser le combat », a un effet désastreux sur le moral des troupes et précipite de fait l’effondrement des armées françaises. Du 17 juin à l’entrée en vigueur de l’armistice le 25, les Allemands font ainsi plus de prisonniers que depuis le début de l’offensive le 10 mai. Dans le même discours, Pétain anticipe la création de son propre régime en déclarant qu’il fait « don de sa personne à la France ». Le 20 juin 1940, dans un nouveau discours, il annonce les tractations en vue de l'armistice. Il en détaille les motifs, ainsi que les leçons que, selon lui, il faudra en tirer. Il y fustige « l'esprit de jouissance » : « [...] Depuis la victoire [de 1918], l'esprit de jouissance l'a emporté sur l'esprit de sacrifice. On a revendiqué plus qu'on a servi. On a voulu épargner l'effort ; on rencontre aujourd'hui le malheur. » Le 25 juin 1940, Pétain annonce les conditions « sévères » de l'armistice et décrit les territoires qui seront sous contrôle allemand. La démobilisation fait partie de ces conditions. Il annonce : « C'est vers l'avenir que désormais nous devons tourner nos efforts. Un ordre nouveau commence [...] ». Les causes de la défaite sont à rechercher selon lui dans l'esprit de relâchement « Notre défaite est venue de nos relâchements. L'esprit de jouissance détruit ce que l'esprit de sacrifice a édifié [...] ».

Le 29 juin 1940, le Gouvernement s’installe à Vichy, en zone non occupée par l’Armée allemande. C’est Pierre Laval qui, résidant à Châteldon, à une trentaine de kilomètres de la cité thermale, avait insisté pour que le Gouvernement s’établisse à Vichy. Cela évitait de chercher refuge à Lyon ou à Toulouse, vieux fiefs du radical-socialisme. De plus, cette ville présentait les avantages d’un réseau téléphonique extrêmement performant et d’une multitude d’hôtels qui furent réquisitionnés pour abriter les différents ministères et les ambassades. Le 10 juillet 1940, une loi, dite « constitutionnelle », votée par les deux Chambres (569 voix pour, 80 contre et 17 abstentions) réunies en Assemblée nationale au casino de Vichy donne tous les pouvoirs au maréchal Pétain, sans contrôle de l’Assemblée, avec pour mission la promulgation d’une nouvelle Constitution. Celle-ci ne verra jamais le jour. De sorte que l’État français allait rester durant toute sa durée un État provisoire. La constitutionnalité de cette réforme fut contestée pour plusieurs motifs dont le fait que la Constitution ne peut pas être modifiée sous la menace directe d’un ennemi. Mais surtout, la confusion de tous les pouvoirs (constituant, législatif, exécutif et judiciaire) entre les mêmes mains était contraire aux fondements même des lois constitutionnelles de 1875, basées sur une séparation des pouvoirs. Il en résulta un régime anti-démocratique, sans constitution et sans contrôle parlementaire ayant tous les aspects d’une dictature.

Dès le 11 juillet 1940, par trois « actes constitutionnels », Pétain s’autoproclame chef de l’État français et s’arroge tous les pouvoirs. Laval lui dit un jour : « Connaissez-vous, Monsieur le Maréchal, l'étendue de vos pouvoirs ? [...] Ils sont plus grands que ceux de Louis XIV, parce que Louis XIV devait remettre ses édits au Parlement, tandis que vous n'avez pas besoin de soumettre vos actes constitutionnels au Parlement, parce qu'il n'est plus là. », Pétain répondit : « C'est vrai. » Aux traditionnels attributs régaliens (droit de grâce, nominations et révocations des ministres et des hauts fonctionnaires), Pétain ajoute en effet des droits tout à fait inédits, même du temps de la monarchie absolue. Il peut ainsi rédiger et promulguer seul une nouvelle Constitution, il peut désigner son successeur (qui est le vice-président du Conseil), il « a la plénitude du pouvoir gouvernemental, il nomme et révoque les ministres et secrétaires d'État, qui ne sont responsables que devant lui [...] » et il « exerce le pouvoir législatif, en conseil des ministres [...] ». Les lois, adoptées de sa seule autorité, sont promulguées sur la formule : « Nous, maréchal de France, le Conseil des ministres entendu, décidons... » Par prudence, par contre, Pétain évite de s’attribuer le droit de déclarer la guerre seul : il doit pour cela consulter les éventuelles assemblées.

Jusqu’en avril 1942, Pétain reste par ailleurs à la fois chef de l’État et chef du gouvernement en titre, Pierre LavalPierre-Étienne Flandin et l'amiral François Darlan n’étant que vice-présidents du Conseil. Il gouverne de manière autoritaire. Ainsi, le 13 décembre 1940, il évince brusquement Pierre Laval du pouvoir, non par désaveu de la politique de collaboration avec l’Allemagne nazie menée par ce dernier, mais par irritation devant sa manière trop indépendante de la conduire. Il est remplacé par Flandin. Parallèlement, Pétain signe la révocation de nombreux maires, préfets et hauts fonctionnaires républicains, dont le préfet d'Eure-et-Loir Jean Moulin. Le maréchal supprime précocement tous les contre-pouvoirs institutionnels à son autorité, et tout ce qui rappelle trop le régime républicain désormais honni. Le mot même de République disparaît. Les libertés publiques sont suspendues, tout comme les partis politiques, à l’exception de ceux des collaborationnistes parisiens, qui subsistent en zone nord. Les centrales syndicales sont dissoutes, les unions départementales subsistantes unifiées dans une organisation corporatiste du travail. La Franc-Maçonnerie est mise hors-la-loi. Toutes les assemblées élues sont mises en sommeil ou supprimées, les Chambres aussi bien que les conseils généraux.

Des milliers de municipalités sont destituées et remplacées par des « Délégations spéciales » nommées par décret du pouvoir central, et dont la présidence revient à des personnalités présentant les garanties exigées du maréchal. Des juridictions d’exception sont mises en place. Dès le 2 août 1940, Vichy fait ainsi condamner à mort par contumace Charles de Gaulle (même si Pétain précise qu'il veillera à ce que la sentence ne soit pas appliquée) puis ses compagnons, qui sont déchus de la nationalité française avec ceux qui les rejoignent. Des procès iniques sont intentés à diverses personnalités républicaines, ainsi à Pierre Mendès France, condamné en juin 1941 à Clermont-Ferrand pour une prétendue « désertion » (l'affaire du Massilia, bateau-piège), avec Jean Zay et quelques autres. À l’automne 1941, grâce à des lois ouvertement antidatées, Vichy envoie à la guillotine plusieurs prisonniers communistes, dont le député Jean Catelas, en représailles à des attentats anti-allemands.

Pétain décrète par ailleurs l’arrestation, dès 1940, de Léon BlumGeorges MandelÉdouard DaladierPaul Reynaud et du général Gamelin. Mais le procès de Riom, qui devait lui servir à faire le procès du Front populaire et de la IIIe République, et à les rendre seuls responsables de la défaite, tourne en avril 1942 à la confusion des accusateurs. Léon Blum notamment sait rappeler la responsabilité propre du haut commandement militaire dans la réduction des crédits militaires en 1934 et dans la stratégie défensive désastreuse fondée sur la ligne Maginot. Le procès est suspendu, et les accusés restent internés avant d’être livrés l’an suivant aux Allemands. Jouant le plus possible sur la réputation du « vainqueur de Verdun », le régime exploite le prestige du maréchal et diffuse un culte de la personnalité omniprésent : les photos du maréchal figurent dans les vitrines de tous les magasins, sur les murs des cités, dans toutes les administrations, ainsi qu’aux murs des classes dans tous les locaux scolaires et dans ceux des organisations de jeunesse. On le retrouve jusque sur les calendriers des PTT. Le visage du chef de l’État apparaît aussi sur les timbres et les pièces de monnaie, tandis que les bustes de Marianne sont retirés des mairies. La Saint-Philippe, chaque 3 mai, est célébrée à l’instar d’une fête nationale. Un hymne à sa gloire, le célèbre Maréchal, nous voilà !, est interprété à dans de nombreuses cérémonies parallèlement à la Marseillaise, et doit être appris à tous les enfants des écoles par les instituteurs. À qui douterait, des affiches péremptoires proclament : « Êtes-vous plus Français que lui ? » ou encore « Connaissez-vous mieux que lui les problèmes de l’heure ? ».

Pétain exige aussi un serment de fidélité des fonctionnaires à sa propre personne. L'acte constitutionnel no 7 du 27 janvier 1941 oblige déjà les secrétaires d'État, les hauts dignitaires, et les hauts fonctionnaires à jurer fidélité au chef de l'État. Après son discours du 12 août 1941 (discours dit du « vent mauvais », où il déplore les contestations croissantes de son autorité et de son gouvernement), Philippe Pétain étend le nombre de fonctionnaires devant lui prêter serment. Les actes constitutionnels no 8 et no 9 du 14 août 1941 concernent respectivement les militaires et les magistrats. Le serment est prêté par tous les juges à l’exception d’un seul, Paul Didier, qui fut aussitôt révoqué et interné au camp de Châteaubriant. Puis c'est l’ensemble des fonctionnaires qui doit jurer fidélité au chef de l'État par l’acte constitutionnel no 10 du 4 octobre 1941. Il concernera donc jusqu'aux policiers et aux postiers. Toute une littérature, relayée par la presse sous contrôle et par maints discours officiels ou particuliers, trouve des accents quasi-idolâtres pour exalter le maréchal comme un sauveur messianique, pour célébrer son « sacrifice », pour le comparer à Jeanne d'Arc ou à Vercingétorix, pour vanter l’allant et la robustesse physique du vieillard, ou encore la beauté de ses célèbres yeux bleus. Un chêne pluricentenaire reçoit son nom en forêt de Tronçais. De nombreuses rues sont débaptisées et prennent son nom sur ordre. Le serment prêté par les titulaires de la Francisque prévoit : « Je fais don de ma personne au maréchal Pétain comme il a fait don de la sienne à la France. »

La popularité du maréchal ne repose cependant nullement sur le seul appareil de propagande. L’intéressé sait l’entretenir par de nombreux voyages à travers toute la zone sud, surtout en 1940-1942, où des foules considérables viennent l’acclamer. Il reçoit de nombreux présents de partout ainsi qu'un abondant courrier quotidien, dont des milliers de lettres et de dessins des enfants des écoles. Pétain entretient aussi le contact avec la population par un certain nombre de réceptions à Vichy, ou surtout par ses fréquents discours à la radio. Il sait employer dans ses propos une rhétorique sobre et claire, ainsi qu’une série de formules percutantes, pour faire mieux accepter son autorité absolue et ses idées réactionnaires : « La terre, elle, ne ment pas », « Je hais ces mensonges qui vous ont fait tant de mal » (août 1940), « Je vous ai parlé jusqu’ici le langage d’un père, je vous parle à présent le langage d’un chef. Suivez-moi, gardez confiance en la France éternelle » (novembre 1940).

Par ailleurs, de nombreux évêques et hommes d’Église mettent leur autorité morale au service d’un culte ardent du maréchal, salué comme l’homme providentiel. Le 19 novembre 1940, le primat des Gaules, le cardinal Gerlier, proclame ainsi, à la Primatiale Saint-Jean de Lyon, en présence du maréchal : « Car Pétain, c'est la France et la France, aujourd'hui, c'est Pétain ! ». L’Assemblée des cardinaux et archevêques de France, en 1941, assure le chef de l’État de sa « vénération », dans une résolution sans équivalent au XXe siècle. Mais de nombreux Français de tous bords et de toutes croyances communient pareillement dans la confiance au maréchal. Tous les courants politiques sont ainsi représentés dans son gouvernement à Vichy, de la droite le plus réactionnaire à la gauche la plus radicale.

Les collaborationnistes, en général, sont hostiles à Vichy et à la Révolution nationale, qu’ils jugent trop réactionnaires et pas engagés assez loin dans l’appui à l’Allemagne nazie. Cependant, à la suite de Philippe Burrin et Jean-Pierre Azéma, l’historiographie récente insiste davantage sur les passerelles qui existent entre les hommes de Vichy et ceux de Paris. Un ultra-collaborationniste comme le futur chef de la Milice françaiseJoseph Darnand, est ainsi toute l’Occupation un inconditionnel fervent du « Maréchal ». Le chef fasciste français Jacques Doriot proclame quant à lui jusqu’à fin 1941 qu’il est « un homme du Maréchal ». Son rival Marcel Déat a essayé en 1940 de convertir Pétain à son projet de parti unique et de régime totalitaire, s’attirant de ce dernier une fin de non-recevoir (« un parti ne peut pas être unique ») ; déçu, Déat quitte définitivement Vichy et agonit désormais Pétain d’attaques dans son journal L’Œuvre, à tel point que le maréchal, en 1944, se débrouille pour ne jamais contresigner sa nomination comme ministre. D’autres entourent Pétain de leur vénération sans bornes, tels Gaston Bruneton, chargé de l’action sociale auprès des travailleurs (volontaires et forcés) Français en Allemagne en étroite collaboration avec le DAF (Front allemand du travail), ou encore se voient confier des fonctions importantes par Vichy. Ainsi le journaliste pro-hitlérien Fernand de Brinon, qui représente le gouvernement Pétain en zone nord de 1941 à 1944.

Instaurant un régime contre-révolutionnaire et autoritaire, le régime de Vichy veut réaliser une « Révolution nationale », à fortes consonances xénophobes et antisémites, qui rompt avec la tradition républicaine et, instaure un ordre nouveau fondé sur l’autorité, la hiérarchie, le corporatisme, l’inégalité entre les citoyens. Sa devise « Travail, Famille, Patrie » remplace l’ancien triptyque « Liberté, Égalité, Fraternité ». Dès l’été 1940, un discours du maréchal Pétain prévient que le nouveau régime « ne reposera plus sur l’idée d’égalité entre les hommes ». La Révolution nationale est la priorité de Pétain dont il fait son affaire personnelle, et qu'il encourage par ses discours et ses interventions en Conseil des ministres. Cependant, dès août 1941, il avoue à la radio « la faiblesse des échos qu’ont rencontré » ses projets, parmi la masse de la population. À partir du retour au pouvoir de Laval en avril 1942, la Révolution nationale n’est plus à l’ordre du jour. Comme l’a montré l’historiographie récente depuis Henri Michel, Robert Paxton ou Jean-Pierre Azéma, c’est le désir de pouvoir enfin « redresser » la France à sa façon qui a poussé largement Pétain, en juin 1940, à retirer le pays de la guerre par l’armistice. C’est également lui, qui le pousse à accepter l’entente avec le vainqueur : la Révolution nationale ne peut prospérer que dans une France défaite. Car pour les pétainistes, une victoire alliée signifierait le retour des Juifs, des Francs-Maçons, des républicains et des communistes.

Selon ces historiens, Pétain néglige aussi le péril et la contradiction, qu’il y a à entreprendre ses réformes sous le regard de l’occupant. Cette illusion est d’ailleurs dénoncée dès l’époque par la France libre du général de Gaulle, mais également par nombre de résistants, dont certains avaient pu au départ être tentés par le programme de Pétain, mais qui estiment dangereux de se tromper sur les priorités et vain d'entreprendre des réformes tant que les Allemands ne sont pas chassés du pays. En août 1943, François Valentin, le chef de la Légion française des combattants, nommé à ce poste par Pétain lui-même, rejoint Londres, enregistre et fait diffuser à la BBC un message retentissant dans lequel il y fait son autocritique et dénonce la faute grave du maréchal et de ses fidèles : « On ne reconstruit pas sa maison pendant qu’elle flambe ! ».

Mais si les historiens ont déterminé les intentions de Pétain, ce n'était pas toujours le cas des personnes vivant à l'époque, et si Pétain conduisit par exemple une politique antisémite, ceux qui l'admiraient n'avaient pas forcément de telles idées. Enfin, les « vichysto-résistants » souvent séduits par la Révolution nationale mais hostiles à la collaboration et à l'Occupant furent nombreux. « Grande revanche des minorités », le régime de Pétain entreprend de régler les vieux comptes des anciens vaincus avec la Révolution française, la IIIe République, le Front populaire, le marxisme ou la laïcité. Ce faisant, Pétain aggrave sensiblement les discordes nationales déjà avivées dans les années 1930, et couvre de son autorité un bon nombre de mesures d’exclusion. Dès la troisième semaine de juillet 1940, ainsi, des mesures sont prises pour écarter des fonctionnaires juifs, et une commission fondée pour réviser et annuler des milliers de naturalisations accordées depuis 1927.

En octobre 1940 et sans aucune demande particulière de la part des Allemands, des lois d’exclusion contre les francs-maçons et les Juifs sont promulguées. Ces textes discriminatoires, adoptés à la hâte en octobre 1940 sont durcis le 2 juin 1941 : ils excluent ainsi les Français de « race juive » (déterminée par la religion des grands-parents) de la plupart des fonctions et activités publiques. Des quotas sont fixés pour l’admission des Juifs au Barreau, dans le monde universitaire ou médical. Lors du statut du 2 juin, la liste des métiers interdits s’allonge démesurément. Selon le témoignage du ministre des Affaires étrangères Paul BaudouinPétain a personnellement participé à la rédaction du statut des Juifs et insisté pour qu’ils soient par exemple davantage exclus du milieu médical et de l'enseignement. Dans le même temps par une loi du 29 mars 1941, promulguée par le maréchal, est créé un « Commissariat général aux questions juives ». Auprès du maréchal se pressent des hommes de tous bords, mêlant de façon baroque, au sein de sa « dictature pluraliste », des technocrates modernistes et des révolutionnaires déçus du marxisme aussi bien que des maurrassiens et des réactionnaires. Pétain cependant manifeste personnellement des orientations proches de L’Action française (seul journal qu’il lise quotidiennement) et cite surtout en exemple à ses proches les régimes conservateurs et cléricaux de Salazar et de Franco, qu’il connaît personnellement depuis 1939.

Parallèlement au développement d’un pouvoir centralisé, le maréchal se consacre au « relèvement de la France » : rapatriement des réfugiés, démobilisation, ravitaillement, maintien de l’ordre. Mais loin de se limiter à gérer les affaires courantes et à assurer la survie matérielle des populations, son régime est le seul en Europe à développer un programme de réformes intérieures, indépendant des demandes allemandes. Certaines mesures prises à cette époque ont survécu, comme la création d’un ministère de la Reconstruction, l’unification du permis de construire, la naissance de l’IGN en juillet 1940, l’étatisation des polices municipales en vue de faciliter le contrôle des populations, ou encore une politique familiale, déjà amorcée par la IIIe République finissante et prolongée sous la IVe République. D’autres dispositions sont adoptées : campagne contre l’alcoolisme, interdiction de fumer dans les salles de spectacle, inscription de la fête des Mères au calendrier, pénalisation de l'homosexualité (seulement abrogée en 1981). D’autres encore portent la marque des projets réactionnaires du chef de l’État. De nombreux étrangers supposés « en surnombre dans l’économie française » sont incorporés de force dans des Groupes de travailleurs étrangers (GTE). Les Écoles normales, bastion de l’enseignement laïc et républicain, sont supprimées. Les lois des 11 et 27 octobre 1940 contre l’emploi des femmes en renvoient des milliers au foyer de gré ou de force. Le divorce est rendu nettement plus difficile, et le nombre de poursuites judiciaires et de condamnations pour avortement explose littéralement par rapport à l’entre-deux-guerres. En 1943, Pétain refuse de gracier une avorteuse condamnée à mort, qui est guillotinée. Autre rupture avec la IIIe République, les rapports étroits noués avec les Églises : Pétain, personnellement peu croyant, voit comme Maurras en la religion un facteur d’ordre, et ne manque pas d’assister à chaque messe dominicale à l’église Saint-Louis de Vichy.

Dans l’optique de la « restauration » de la France, le régime de Vichy crée très tôt, sous la direction du général de La Porte du Theil, un fidèle très proche du maréchal Pétain, des camps de formation qui deviendront plus tard les Chantiers de la jeunesse française. L’idée est de réunir toute une classe d’âge (en remplacement du service militaire désormais supprimé), et, à travers une vie au grand air, par des méthodes proches du scoutisme, leur inculquer les valeurs morales du nouveau régime (culte de la hiérarchie, rejet de la ville industrielle corruptrice), ainsi que la vénération à l’égard du chef de l’État. D’autres moyens de contrôle sont également mis en place dans le domaine économique, comme les Comités professionnels d’organisation et de répartition, ayant un pouvoir de juridiction sur leurs membres ou un pouvoir de répartition des matières premières, pouvoir capital en ces temps de restrictions généralisées.

À destination des ouvriers, Pétain prononce le 1er mai 1941 un important discours à Saint-Étienne, où il expose sa volonté de mettre fin à la lutte des classes en prohibant à la fois le capitalisme libéral et la révolution marxiste. Il énonce les principes de la future Charte du travail, promulguée en octobre 1941. Celle-ci interdit à la fois les grèves et le lock-out, instaure le système du syndicat unique et le corporatisme, mais met aussi en place des comités sociaux (préfiguration des comités d'entreprise) et prévoit la notion de salaire minimum. La Charte séduit de nombreux syndicalistes et théoriciens de tous bords (René BelinHubert Lagardelle). Mais elle peine à entrer en application, et ne tarde pas à se briser sur l’hostilité de la classe ouvrière au régime et à ces idées, l’aggravation des pénuries, l’instauration du Service du travail obligatoire (STO) en septembre 1942, et enfin sur la lutte menée contre elle par les syndicats clandestins de la Résistance intérieure française.

Véritables enfants chéris de Vichy, les paysans passent cependant longtemps pour les vrais bénéficiaires du régime de Pétain. Lui-même propriétaire terrien en sa résidence de Villeneuve-Loubet, le maréchal affirme que « la terre, elle, ne ment pas », et encourage le retour à la Terre - politique soldée sur un échec, moins de 1 500 personnes en quatre ans tentant de suivre ses conseils. La Corporation paysanne est fondée par une loi du 2 décembre 1940. Une partie des membres se détache du régime fin 1943 et lui font aussi servir de base à la création d'un syndicalisme paysan clandestin fin 1943, la Confédération générale de l'agriculture (CGA) qui voit le jour officiellement le 12 octobre 1944, lors de la dissolution de la Corporation paysanne par les autorités et qui se prolongera sous la forme de la FNSEA en 1946.

Développant fréquemment et complaisamment la vision doloriste d’une France « décadente » qui expie maintenant ses « fautes » antérieures, Pétain entretient les Français dans une mentalité de vaincu : « Je ne cesse de me rappeler tous les jours que nous avons été vaincus » (à une délégation, mai 1942), et manifeste un souci particulier pour les soldats prisonniers, images mêmes de la défaite et de la souffrance : « Je pense à eux parce qu’ils souffrent [...] », (Noël 1941). Selon son chef de cabinet, du Moulin de Labarthète, le tiers du temps de travail quotidien du maréchal était consacré aux prisonniers. De ces derniers, Vichy rêvait de faire les propagateurs de la Révolution Nationale à leur retour. Le période consécutive à l’armistice voit aussi la création de la « Légion française des combattants » (LFC), à laquelle sont ensuite agrégés les « Amis de la Légion » et les « Cadets de la Légion ».

Fondée par le très antisémite Xavier Vallat le 29 août 1940, elle est présidée par le maréchal Pétain en personne. Pour Vichy, elle doit servir de fer de lance de la Révolution nationale et du régime. À côté des parades, des cérémonies et de la propagande, les Légionnaires actifs doivent surveiller la population, et dénoncer les déviants et les fautifs de « mauvais esprit ». Au sein de cette légion se constitue un Service d’ordre légionnaire (SOL) qui s’engage immédiatement dans la voie du collaborationnisme. Cet organisme est commandé par Joseph Darnand, héros de la Première Guerre mondiale et de la campagne de 1940, et fervent partisan de Pétain (sollicité en 1941 de joindre la Résistance, il refuse, selon le témoignage de Claude Bourdet, parce que « le Maréchal » ne comprendrait pas). Ce même organisme devient en janvier 1943 la « Milice française ». À la fin de la guerre, alors que Vichy est devenu un régime fantoche aux ordres des Allemands, la Milice qui compte au maximum 30 000 hommes, dont beaucoup d’aventuriers et de droit-communs, participe activement à la lutte contre la Résistance, avec les encouragements publics du maréchal Pétain comme de Pierre Laval, son président officiel. Haïe de la population, la Milice perpètre régulièrement délations, tortures, rafles, exécutions sommaires, qui se mêlent à d’innombrables vols, viols, voies de faits sur la voie publics ou contre des fonctionnaires. Pétain attend le 6 août 1944 pour les désavouer dans une note à Darnand, trop tardivement pour que ce dernier soit dupe. « Pendant quatre ans », rappellera Darnand dans sa réponse caustique au maréchal, « vous m’avez encouragé au nom du bien de la France, et maintenant que les Américains sont aux portes de Paris, vous commencez à me dire que je vais être la tache de l’Histoire de France. On aurait pu s’y prendre avant ! »

Sur le plan de la politique extérieure, Pétain a retiré d’emblée le pays du conflit mondial en cours, et affecte de croire que ce dernier ne concerne plus du tout la France. S’il refuse jusqu’au bout toute rentrée dans la guerre aux côtés d’un des deux camps, il ne refuse pourtant pas le combat contre les alliés chaque fois qu'il en a l'occasion et annonce dès octobre 1940, son intention de reprendre par la force les territoires sous autorité de la France libre. Il pratique donc une « neutralité dissymétrique » qui bénéficie aux Allemands. Il choisit en effet de s’entendre avec le vainqueur et imagine que la France, avec son Empire colonial, sa flotte et sa bonne volonté à coopérer, peut obtenir une bonne place dans une Europe durablement allemande. Ceci démontre une naïveté certaine de la part de Pétain : en effet, dans l’idéologie nazie, la France était l’ennemie irréductible de l’Allemagne, elle devait être écrasée et ne pouvait en aucun cas bénéficier d’une quelconque place privilégiée à ses côtés. Le calcul de Vichy était donc dès l’origine voué à l’échec.

Il est bien établi, depuis les travaux d'Eberhard Jäckel et surtout de Robert Paxton, que Pétain a activement recherché et poursuivi cette collaboration avec l’Allemagne nazie. Elle ne lui a pas été imposée. Moins intéressé par la politique extérieure que par la Révolution nationale, sa vraie priorité, Pétain laisse Darlan et Laval mettre en œuvre les volets concrets de la collaboration d’État. Mais l’une est en réalité le revers de l’autre, selon les constats concordants de l’historiographie contemporaine : les réformes vichystes n’ont pu se mettre en place qu’en profitant du retrait de la France de la guerre, et elles ne sauraient survivre à une victoire alliée. Par ailleurs, le « mythe Pétain » est indispensable pour faire accepter à bien des Français la collaboration. Le prestige du vainqueur de Verdun, son pouvoir légal sinon légitime, brouillent en effet dans les consciences en désarroi la perception des devoirs et des priorités. Après avoir affecté pendant trois mois de rester neutre dans le conflit en cours entre l’Axe et le Royaume-Uni, Pétain engage personnellement et officiellement, par son discours radiodiffusé du 30 octobre 1940, le régime de Vichy dans la collaboration, suite à l’entrevue de Montoire du 24 octobre 1940, durant laquelle il rencontra Hitler.

Cette « poignée de main de Montoire », sera par la suite largement diffusée aux actualités cinématographiques, et exploitée par la propagande allemande. Certes, l’armistice avait permis, en un premier temps, de limiter l’occupation allemande à la moitié nord et ouest du territoire. Mais l’autonomie de la zone sud est toute relative, car Pétain, avec ou sans discussion préliminaire, plie le plus souvent devant les exigences des autorités allemandes, quand son gouvernement ne va pas spontanément au devant de celles-ci. Cette collaboration d’État entraîne plusieurs conséquences. Le maréchal, alors que son prestige reste immense, s’interdit de protester, au moins publiquement, contre les exactions de l’occupant et de ses auxiliaires français ou contre l’annexion de fait, contraire à la convention d’armistice, de l’Alsace et de la Moselle. Aux parlementaires des trois départements, qu’il reçoit le 4 septembre 1942 alors que commence l’incorporation massive et illégale des malgré-nous dans la Wehrmacht, il ne conseille que la résignation. La veille, il avait fait remettre par Laval une protestation officielle, qui resta sans suite. Lors de l’exécution en octobre 1941 des otages français à Châteaubriant, qui soulève l’indignation générale, Pétain a des velléités secrètes de se constituer lui-même comme otage à la Ligne de démarcation, mais son ministre Pierre Pucheu l’en dissuade vite au nom de la politique de collaboration, et le maréchal ne fait finalement de discours que pour blâmer les auteurs d’attentats et appeler les Français à les dénoncer.

Au printemps 1944 encore, il ne condamne jamais les déportations, les rafles et les massacres quasi-quotidiens, se taisant par exemple sur le massacre d'Ascq. Par contre, il ne manque pas de dénoncer « les crimes terroristes » de la Résistance ou les bombardements alliés sur les objectifs civils. Il encourage les membres de la Légion des volontaires français (LVF) qui combattent en URSS sous l’uniforme allemand, leur garantissant dans un message public qu’ils détiennent « une part de notre honneur militaire ». En 1941, Darlan, dauphin désigné du maréchal, frôle la cobelligérance avec l’Allemagne de Hitler lorsqu’il fait mettre les aérodromes de Syrie et de Liban à la disposition de l’aviation allemande. En avril 1942, sous la pression allemande, mais aussi parce qu’il est déçu des maigres résultats de Darlan, Pétain accepte le retour au pouvoir de Pierre Laval, désormais doté du titre de « chef du gouvernement ».

Contrairement aux légendes d’après-guerre, il n’existe pas de différence en politique extérieure entre un « Vichy de Pétain » et un « Vichy de Laval », comme l’ont cru André Siegfried, Robert Aron ou Jacques Isorni, et comme l’a démenti toute l’historiographie contemporaine depuis Robert Paxton. S’il n’a aucune affection personnelle pour Laval, le maréchal couvre sa politique de son autorité et de son charisme, et approuve ses orientations en Conseil des ministres. En juin 1942, devant une délégation de visiteurs à Vichy, Pétain tient des propos largement répercutés, assurant qu’il est « main dans la main » avec Laval, que les ordres de ce dernier sont « comme les [siens] » et que tous lui doivent obéissance « comme à [lui-même] ». Lors du procès de PétainLaval déclarera sans ambiguïté qu’il n’agissait qu’après en avoir déféré au maréchal : tous ses actes avaient été approuvés préalablement par le chef de l’État.

Le 22 juin 1942, Laval prononce un discours retentissant dans lequel il déclare qu’il « souhaite la victoire de l’Allemagne. » Pétain, à qui il a consenti à montrer préalablement le texte à la demande de ses conseillers effarés, n’a pas élevé d’objection. Du moment que selon le maréchal, un civil n’a pas à faire de pronostic militaire, il s’est contenté de lui faire changer un « Je crois » initial en un « Je souhaite » encore plus mal ressenti des Français. Lorsque Laval informe, fin juin 1942, le Conseil des ministres de la prochaine mise en œuvre de la rafle du Vélodrome d'Hiver, le procès-verbal conservé, montre Pétain approuvant comme « juste » la livraison de milliers de Juifs étrangers aux nazis. Puis le 26 août 1942, la zone sud devint le seul territoire de toute l’Europe d’où des Juifs, souvent internés par Vichy depuis 1940 dans les très durs camps de Gurs, Noé, Rivesaltes), furent envoyés à la mort alors même qu’aucun soldat allemand n’était présent.

Personnellement antisémite, Pétain s’est opposé en mai 1942 à l’introduction en zone Sud du port obligatoire de l’étoile jaune, mais il n’a pas protesté contre son introduction en zone nord, et en zone sud son gouvernement fait apposer le tampon « Juif » sur les papiers d’identité à partir de fin 1942. En août 1943, comme les Allemands pressent Vichy de retirer en bloc la nationalité française aux Juifs, ce qui aurait favorisé leur déportation, le nonce le fait prévenir discrètement que « le pape s’inquiète pour l’âme du Maréchal », ce qui impressionne le vieil homme et contribue à l’échec du projet. En tout, 76 000 Juifs parmi lesquels 11 000 enfants, non réclamés au départ par les Allemands, ont été déportés de France sous l’Occupation, à 80 % après avoir été arrêtés par la police du maréchal. Un tiers avait la nationalité française. Seuls 3 % survivront aux déportations dans les camps de concentration. À ce sujet, l'historien André Kaspi écrit : « Tant que la zone libre n'est pas occupée, on y respire mieux [pour les Juifs] que dans la zone Nord. Qui le nierait ? Surtout pas ceux qui ont vécu cette triste période.

De là cette conclusion : Vichy a sacrifié les Juifs étrangers pour mieux protéger les Juifs français, mais sans Pétain, les Juifs de France auraient subi le même sort que ceux de Belgique, des Pays-Bas ou de Pologne. Pendant deux ans, ils ont d'une certaine manière bénéficié de l'existence de l'État français. » En août 1942, un télégramme signé Pétain félicite Hitler d’avoir fait échec à la tentative de débarquement allié à Dieppe. Le 4 septembre 1942, Pétain promulgue la première loi fondant le Service du travail obligatoire. Complété par celle du 16 février 1943, le STO permet en une dizaine de mois le départ forcé de plus de 600 000 travailleurs en Allemagne. Ce sont les seuls de toute l’Europe à avoir été requis non par ordonnance allemande, mais par les lois et les autorités de leur propre pays. Lorsque les Alliés débarquent en Afrique du Nord le 8 novembre 1942, au Maroc, à Oran et dans le port d'Alger, Pétain donne officiellement l’ordre de les combattre, en déclarant : « La France et son honneur sont en jeu. Nous sommes attaqués. Nous nous défendons. C'est l'ordre que je donne. » L'existence même de Vichy est alors en cause : si les forces de Vichy ne résistent pas à l'invasion alliée, les Allemands envahiront inéluctablement la France non occupée et le reste de l'Afrique du Nord. Pendant quelques jours, les Alliés doivent donc faire face à une authentique résistance de la part de l'Armée de Vichy, obéissant aux ordres de ses chefs.

En réaction à ce débarquement, le 11 novembre, violant la convention d’armistice, les Allemands envahissent la zone sud. Pétain refuse à plusieurs proches conseillers de gagner l’Afrique du Nord, d’ordonner à la flotte de Toulon d’appareiller, de replacer la France dans le camp des Alliés. Pour justifier sa décision, il va en privé jusqu’à invoquer que son médecin lui a déconseillé de prendre l’avion… Il veut surtout pouvoir continuer à « servir d'écran entre le peuple de France et l'occupant ». Il proteste contre cette invasion par une déclaration plusieurs fois diffusée sur les ondes. En fait, soulignent Robert Paxton et R. Franck, il reste fidèle à son choix de 1940 associant étroitement retrait de la guerre, collaboration et Révolution nationale. Sa décision déçoit d’innombrables Français qui croyaient encore en un hypothétique « double-jeu » secret du maréchal et s’imaginaient qu’il souhaitait en secret préparer la reprise de la lutte et la revanche contre l’ennemi. Nombre d’entre eux se détachent du régime de Vichy tout en conservant généralement leur respect pour la personne du maréchal Pétain, et vont parfois gonfler les rangs clandestins des « vichysto-résistants » inspirés notamment par les généraux Giraud et de Lattre de Tassigny. La dissidence de la plus grande partie de l’Empire, la fin de la « zone libre » le sabordage de la Flotte Française à Toulon, le 27 novembre 1942, la dissolution de l’Armée d’armistice font perdre à Vichy ses derniers atouts face aux Allemands. En maintenant sa politique de collaboration, Pétain perd beaucoup de la popularité dont il jouissait depuis 1940 et la Résistance s’intensifie malgré le durcissement de la répression.

Pétain fait officiellement déchoir de la nationalité française et condamner à mort ses anciens fidèles Darlan et Giraud, qui sont passés au camp allié en Afrique du Nord. Il ne proteste à aucun moment lorsque fin 1942, puis à nouveau à l’automne 1943, une vague d’arrestations frappe son propre entourage et écarte de lui un nombre important de conseillers et de fidèles dont WeygandLucien Romier ou Paul de La Porte du Theil, emmené en Allemagne. Il consent des délégations croissantes de pouvoirs à Pierre Laval, redevenu son dauphin, qui place ses fidèles à tous les postes-clés et qui obtient de lui, à partir du 26 novembre 1942, de signer seuls les lois et les décrets. Fin 1943, voyant le sort de l’Axe scellé, Pétain tente de jouer en France le rôle du maréchal Badoglio en Italie, lequel en septembre 1943, après avoir longtemps servi le fascisme, a fait passer le pays du côté allié. Pétain espère ainsi qu’un nouveau gouvernement moins compromis aux yeux des Américains, doté d’une nouvelle constitution, pourra au « jour J » écarter de Gaulle du jeu et négocier avec les libérateurs l’impunité de Vichy et la ratification de ses actes.

Le 12 novembre 1943, alors que Pétain s'apprête à prononcer le lendemain un discours radiodiffusé par lequel il annoncerait à la nation une révision constitutionnelle stipulant qu'il revient à l'Assemblée nationale de désigner son successeur, ce qui aurait remis en cause le statut officiel de dauphin de Laval, les Allemands par l'intermédiaire du consul général Krugg von Nidda, bloquent ce projet. Après six semaines de « grève du pouvoir », Pétain se soumet. Il accroît encore les pouvoirs de Laval tout en acceptant la fascisation progressive de son régime par l’entrée au gouvernement de Joseph DarnandPhilippe Henriot et Marcel Déat. Dans les derniers mois de l’Occupation, Pétain affecte désormais d’être un simple « prisonnier » des Allemands, tout en continuant à couvrir en fait de son autorité et de son silence la collaboration qui se poursuit jusqu’au bout, ainsi que les atrocités de l’ennemi et de la Milice française. En août 1944, il songe à se livrer au maquis d’Auvergne du colonel Gaspard, et tente de déléguer l’amiral Auphan auprès de De Gaulle pour lui transmettre régulièrement le pouvoir sous réserve que le nouveau gouvernement reconnaisse la légitimité de Vichy et de ses actes. « Aucune réponse ne fut donnée à ce monument de candeur ».

Cecil von Renthe-Fink

Le 17 août 1944, les Allemands, en la personne de Cecil von Renthe-Fink, ministre délégué, demandent à Pétain de se laisser transférer en zone nord. Celui-ci refuse et demande une formulation écrite de cette demande. Von Renthe-Fink renouvelle sa requête par deux fois le 18, puis revient le 19, à 11 h 30, accompagné du général von Neubroon qui lui indique qu'il a des « ordres formels de Berlin ».

Le texte écrit est soumis à Pétain : « Le gouvernement du Reich donne instruction d’opérer le transfert du chef de l’État, même contre sa volonté. » Devant le refus renouvelé du maréchal, les Allemands menacent de faire intervenir la Wehrmacht pour bombarder Vichy.

Après avoir pris à témoin le ministre de Suisse, Walter Stucki, du chantage dont il est l’objet, Pétain se soumet, et « [...] lorsque à 19 h 30 Renthe-Fink entre dans le bureau du Maréchal avec le général von Neubronn, le chef de l’État est en train de surveiller le confection de ses valises et de ranger ses papiers. » Le lendemain, 20 août 1944, il est emmené contre son gré par l'Armée allemande à Belfort puis, le 8 septembre, à Sigmaringen en Allemagne, où s’étaient réfugiés les dignitaires de son régime. Plutôt que de démissionner, il entretient, dans une lettre aux Français la fiction selon laquelle « je suis et demeure moralement votre chef. »

À Sigmaringen, Pétain refuse d’exercer encore ses fonctions et de participer aux activités de la commission gouvernementale présidée par Fernand de Brinon. Il se cloître dans ses appartements, tout en préparant sa défense. Le 23 avril 1945, après avoir obtenu des Allemands qu'ils le conduisent en Suisse, et des Suisses qu'ils l'acceptent sur leur territoire, Pétain demande à regagner la France. Par l'intermédiaire de l'ambassadeur Karl Burckhardt, le Gouvernement suisse transmet cette requête au général de Gaulle. Le Gouvernement provisoire de la République décide de ne pas s'y opposer. Le 24 avril, les autorités suisses lui font rejoindre la frontière puis il est remis aux autorités françaises le 26 avril. Le général Kœnig est chargé de le prendre en charge à Vallorbe. Le maréchal est ensuite interné au fort de Montrouge.

Le Maréchal Pétain lors de son procès

Le Maréchal Pétain lors de son procès

Le procès du maréchal Pétain débute le 23 juillet 1945 devant la Haute Cour de justice créée le 18 novembre 1944. Le tribunal est présidé par Paul Mongibeaux, premier président de la Cour de cassation, assisté du premier président de la chambre criminelle à la Cour de cassation Donat-Guigne, et Picard, premier président de la Cour d'appel. Le jury de vingt-quatre personnes est constitué de douze parlementaires et de douze non-parlementaires issus de la Résistance. Ce jury est choisi dans deux listes, la première étant celle de cinquante parlementaires n'ayant pas voté les pleins pouvoirs à Pétain, la deuxième étant composée de personnalités de la Résistance ou proches d'elle. La défense use de son droit de récusation pour quelques noms sortant du tirage au sort.

Défendu par Jacques Isorni, Jean Lemaire et le bâtonnier Fernand Payen, Philippe Pétain déclare le premier jour qu’il avait toujours été un allié caché du général de Gaulle et qu’il n’était responsable que devant la France et les Français qui l’avaient désigné et non devant la Haute Cour de justice. Dans ces conditions, il ne répondra pas aux questions qui lui seront posées. Viennent déposer de nombreuses personnalités en tant que témoins soit à charge : Édouard DaladierPaul ReynaudLéon BlumPierre Laval, soit à décharge : le général Weygand, le pasteur Boegner. Le procès s’achève le 15 août 1945 à l’aube. La cour déclare Pétain coupable, notamment, d’intelligence avec l’ennemi et de haute trahison. Elle le condamne à mort, à la dégradation nationale à la confiscation de ses biens, assortissant toutefois ces condamnations du vœu de non-exécution de la sentence de mort, en raison de son grand âge. La condamnation a été voté à une voix de majorité.

Le verdict de la Haute Cour de justice frappe d'indignité nationale Philippe Pétain, ce qui implique « la perte du rang dans les forces armées et du droit à porter des décorations », de facto il est déchu de son titre (de sa « dignité ») de maréchal de France. À la fin du procès, il se dépouille de son uniforme  avant d'être incarcéré. La mention du titre sur l'acte de décès est une liberté prise par un agent de l'état-civil qui n'engage aucune institution officielle. Il convient donc, comme le font les historiens d'aujourd'hui, de le nommer simplement « Philippe Pétain », en particulier pour la période qui suit sa condamnation du 15 août 1945. On rencontre aussi la dénomination « ex-maréchal Pétain ».

Cependant la décision judiciaire qui le frappe d'indignité nationale interprétée stricto sensu comme « lui retirant son rang dans les forces armées et son droit à porter ses décorations », le titre de maréchal de France étant une distinction, et non un grade, décernée, non pas par un décret, mais par une loi votée au Parlement, peut permettre de considérer que cette décision de justice ne peut annuler une mesure législative. Accomplissant le vœu de la Haute Cour de justice, le général de Gaulle, chef du Gouvernement provisoire de la République, commue la sentence de mort en peine de réclusion à perpétuité le 17 août 1945. Compte tenu de la peine de dégradation nationale (article 21 de l'ordonnance du 26 décembre 1944), le maréchal Pétain est exclu automatiquement de l'Académie française (l'ordonnance prévoit l'exclusion de l'Institut). Toutefois, celle-ci s’abstient d’élire un remplaçant de son vivant au 18e fauteuil, égard auquel a également eu droit Charles Maurras (tandis qu’Abel Bonnard et Abel Hermant sont remplacés dès 1946).

Philippe Pétain est emprisonné au fort du Portalet, dans les Pyrénées, du 15 août au 16 novembre 1945, puis transféré au fort de la Citadelle sur L'Île-d'Yeu (Vendée). Son épouse installée à son tour dans l’île, bénéficie d’un droit de visite quotidien. La santé du maréchal Pétain décline à partir du début de l’année 1951, les moments de lucidité devenant de plus en plus rares. Eu égard à cette situation, le Conseil supérieur de la magistrature, présidé par Vincent Auriol, président de la République, en vue d’adoucir une fin prévisible, autorise le 8 juin 1951 « l’élargissement » du prisonnier et son assignation à résidence « dans un établissement hospitalier ou tout autre lieu pouvant avoir ce caractère ». Le transfert dans une maison privée de Port-Joinville a lieu le 29 juin 1951, où Philippe Pétain meurt le 23 juillet 1951. Il est inhumé le surlendemain dans le cimetière marin de l’île d’Yeu.

Payen FernandAu procès Pétain, l’avocat Jacques Isorni avec ses confrères Jean Lemaire et le bâtonnier Fernand Payen lance la légende du « détournement de vieillard » : Pétain aurait été abusé par Pierre Laval qui aurait profité de son grand âge. Sous la IVe République, le RPF gaulliste emploie la fameuse phrase de Charles de Gaulle dans ses mémoires : « la vieillesse est un naufrage », « la tragédie est que le Maréchal est mort en 1925 et que personne ne s’en est aperçu ». L’historien Éric Roussel, entre autres, a montré que ce jugement gaullien n’explique en rien les choix du chef de l’État français, et qu’il n’a en réalité qu’une finalité électorale : pour rallier le plus possible de voix contre le « régime des partis » honni, les gaullistes doivent rallier les ex-pétainistes sans se déjuger de leur action dans la Résistance, d’où cette excuse commode de Pétain par l’âge de l’intéressé.

En réalité, comme le montrent Marc Ferro, Jean-Pierre Azéma ou François Bédarida, les choix de Pétain étaient parfaitement cohérents et bénéficiaient d’appuis dans les milieux les plus divers de la société. Yves Durand souligne qu’il bâtissait son régime comme s’il avait du temps devant lui, sans se soucier de la possibilité de sa disparition prochaine. Quant aux fameuses « absences du Maréchal » rapportées par Jean-Raymond Tournoux, Marc Ferro ou Jean-Paul Brunet (il se mettait à disserter soudain sur le menu du jour ou le temps dehors face à des visiteurs), il s’agissait surtout d’une tactique pour éluder les questions gênantes en jouant du respect qu’inspirait sa qualité d’octogénaire.

Le journaliste Robert Aron, aurait contribué, selon Robert Paxton, à lancer la légende parallèle de « l’épée et du bouclier » : Pétain aurait tenté de résister pied à pied aux demandes allemandes, et secrètement cherché à aider les Alliés, pendant que de Gaulle préparait la revanche ; d’autre part, il y aurait un « Vichy de Pétain » opposé au « Vichy de Laval ». Cheval de bataille des apologistes de la mémoire de Pétain, ces distinctions ont volé en éclats à partir de la parution de son livre La France de Vichy en 1973. Archives allemandes puis françaises à l’appui, les historiens actuels démontrent, à sa suite, que la collaboration a été recherchée par Pétain, alors qu'Adolf Hitler n’y croyait pas et n’a jamais voulu traiter la France en partenaire. Si la collaboration n’est pas allée aussi loin qu’elle aurait pu, c’est bien en raison des réticences de Hitler, et non grâce à une quelconque résistance de Pétain aux demandes de l’occupant. Ainsi, la collaboration répondait aux choix fondamentaux et intangibles de Pétain comme de Laval, que le maréchal a nommé et laissé agir en aidant son gouvernement de son charisme. Quant au fameux « double jeu » du maréchal, il n’a jamais existé. Les quelques sondages informels qu’il a autorisés avec Londres, fin 1940, n’ont eu aucune suite, et ne pèsent rien au regard de son maintien constant de la collaboration d’État jusqu’à la fin de son régime, à l’été 1944.

Loin d’avoir protégé les Français, selon les historiens, Pétain a accru leurs souffrances en permettant aux Allemands de réaliser à moindres frais leurs objectifs : livraisons de Juifs dans le cadre de la Shoah, répression de la Résistance, envoi forcé de main-d’œuvre au STO, pillage alimentaire et économique. Avec son peu de troupes, de fonctionnaires et de policiers, jamais l’occupant n’aurait vu ses projets aboutir sans le concours indispensable des autorités de Vichy, et sans le prestige de Pétain, qui maintenait les Français dans le doute ou dans la conviction qu’ils faisaient leur devoir en collaborant. 80 % des 76 000 Juifs de France déportés et exterminés par les nazis dans les camps de la mort ont ainsi été arrêtés par la police française. La France a, par ailleurs, été le pays le plus pillé d’Europe occupée, et l’un des premiers fournisseurs de main-d’œuvre et de tributs financiers et alimentaires au Troisième Reich.

De plus, en excluant de sa propre initiative des catégories entières de la communauté nationale (Juifs, communistes, républicains, francs-maçons, et bien sûr résistants), Pétain les a rendu plus vulnérables à la répression allemande, et a écarté d’emblée ces catégories de son hypothétique protection, tout comme les Alsaciens-Mosellans, abandonnés.

Aussi Pétain apparaît-il aujourd’hui aux historiens, selon le mot de Jean-Pierre Azéma, comme « un bouclier percé ».

Depuis 1945, huit demandes en révision du procès Pétain ont été rejetées, ainsi que la demande répétée du transfert de ses cendres à Douaumont. Dans une note à Alexandre Sanguinetti, le 4 mai 1966, le général de Gaulle, alors président de la République, signifia ainsi sa position sur cette question :

« Les signataires de la « pétition » relative au « transfert » des restes de Pétain à Douaumont n'ont aucunement été mandatés par les 800 000 anciens combattants pour s'emparer de cette question politique. Ils ne sont mandatés que pour faire valoir les intérêts spécifiques de leurs associations. Le leur dire »

En 1995, le président Jacques Chirac reconnut officiellement la responsabilité de l’État dans la rafle du Vélodrome d'Hiver et, en 2006, pour les 90 ans de la bataille de Verdun, son discours mentionna à la fois le rôle de Pétain dans la bataille et ses choix désastreux de la Seconde Guerre mondiale. C’est l’ultime avatar, à l’heure actuelle, de la volonté de la France et des Français de « regarder en face » un des personnages les plus énigmatiques et les plus controversés de leur histoire récente.

Une longue bataille judiciaire a eu lieu d'octobre 1984 à septembre 1998 au sujet de la mémoire du maréchal Pétain. Jacques Isorni et François Lehideux avaient fait paraître le 13 juillet 1984 dans le quotidien Le Monde un encart publicitaire intitulé « Français, vous avez la mémoire courte », dans lequel, au nom de l'Association pour la défense de la mémoire du maréchal Pétain et l'Association nationale Pétain-Verdun, ils prenaient sa défense. À la suite d'une plainte déposée par l'Association nationale des anciens combattants de la Résistance pour apologie de crimes ou délits de collaboration avec l'ennemi, le procureur de la République prit un réquisitoire définitif de non-lieu le 29 mai 1985, mais le juge d'instruction renvoya, une semaine plus tard, les parties devant le tribunal correctionnel de Paris, qui relaxa les prévenus le 27 juin 1986 — jugement confirmé par la Cour d'appel de Paris le 8 juillet 1987. L'arrêt de la Cour d'appel fut cassé par la Cour de cassation le 20 décembre 1988. La Cour d'appel de Paris se déjugea le 26 janvier 1990 en déclarant les constitutions de parties civiles recevables ; elle infirma le jugement de relaxe, et condamna les prévenus à un franc de dommages et intérêts et à la publication de l'arrêt dans Le Monde. Le pourvoi en cassation déposé par les prévenus fut rejeté par la Cour le 16 novembre 1993.

Enfin, le 23 septembre 1998 (par l'arrêt Lehideux et Isorni contre France) la Cour européenne des droits de l'homme décida par quinze voix contre six qu'il y avait eu violation de l'article 10 de la Convention européenne des droits de l'homme — portant sur la liberté d'expression : l'opinion majoritaire chez les juges fut qu'il devait être possible de présenter un personnage, quel qu'il soit, sous un jour favorable et de promouvoir sa réhabilitation — au besoin en passant sous silence les faits qui peuvent lui être reprochés — et que la condamnation pénale subie en France par les requérants était disproportionnée.

Le point de vue de Charles de Gaulle : « Toute la carrière de cet homme d’exception avait été un long effort de refoulement. Trop fier pour l’intrigue, trop fort pour la médiocrité, trop ambitieux pour être arriviste, il nourrissait en sa solitude une passion de dominer, longuement durcie par la conscience de sa propre valeur, les traverses rencontrées, le mépris qu’il avait des autres. La gloire militaire lui avait, jadis, prodigué ses caresses amères. Mais elle ne l’avait pas comblé, faute de l’avoir aimé seul. Et voici que, tout à coup, dans l’extrême hiver de sa vie, les événements offraient à ses dons et à son orgueil l’occasion tant attendue de s’épanouir sans limites, à une condition, toutefois, c’est qu’il acceptât le désastre comme pavois de son élévation et le décorât de sa gloire [...] Malgré tout, je suis convaincu qu’en d’autres temps, le maréchal Pétain n’aurait pas consenti à revêtir la pourpre dans l’abandon national. Je suis sûr, en tout cas, qu’aussi longtemps qu’il fut lui-même, il eût repris la route de la guerre dès qu’il put voir qu’il s’était trompé, que la victoire demeurait possible, que la France y aurait sa part. Mais, hélas ! Les années, par-dessous l’enveloppe, avaient rongé son caractère. L’âge le livrait aux manœuvres de gens habiles à se couvrir de sa majestueuse lassitude. La vieillesse est un naufrage. Pour que rien ne nous fût épargné, la vieillesse du maréchal Pétain allait s’identifier avec le naufrage de la France. » — Charles de Gaulle, Mémoires de guerre, l’Appel, 1940-1942.

Procés Pétain

Laval Pierre

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Pierre Laval, né le 28 juin 1883 à Châteldon dans le Puy-de-Dôme et mort fusillé le 15 octobre 1945 à Fresnes dans le département de la Seine, (actuellement Val-de-Marne), était un homme politique français. 

Laval PierreLaval Pierre

Plusieurs fois président du conseil sous la Troisième République, il est, immédiatement après Philippe Pétain, la personnalité la plus importante de la période du régime de Vichy et le principal maître d’œuvre de la politique de collaboration d’État avec l’Allemagne nazie. Ayant puissamment aidé à la fondation de « l’État français », il est vice-président du Conseil et dauphin désigné du maréchal jusqu’à son éviction soudaine le 13 décembre 1940.

Il revient au pouvoir avec le titre de chef du gouvernement, du 18 avril 1942 à son départ de Paris le 17 août 1944. Pierre Laval était originaire d’une famille modeste de la petite bourgeoisie (son père était aubergiste et commerçant de chevaux à Châteldon, dans le Puy-de-Dôme). Il devra notamment être « pion » dans un lycée parisien pour payer ses études. Son ascension sociale lui permettra ultérieurement de racheter le château du bourg où il est né. Il passe son baccalauréat et obtient une licence en sciences naturelles avant d’opter pour le droit, et de s’installer à Paris comme avocat en 1907.

De ses origines populaires, Laval gardera toute sa vie un parler direct et familier, volontiers badin, souvent très croustillant. En témoignent de multiples propos rapportés par les témoins qui l’ont rencontré. Ce qui ne doit pas dissimuler son bagage culturel acquis. Membre de la SFIO depuis 1905, défendant parfois des syndicalistes de la CGT notamment, devant les tribunaux, Pierre Laval s’affiche comme pacifiste avant la Première Guerre mondiale. Il est même inscrit au fameux « Carnet B », la liste de tous les militants de l’extrême-gauche pacifiste que le ministère de l’Intérieur prévoyait initialement d’arrêter en cas de conflit. En 1914, Laval est élu député SFIO d’Aubervilliers, mais fut cependant, en raison de son pacifisme militant, battu aux élections de 1919, qui virent la victoire du Bloc national, très marqué par l’esprit « ancien combattant », alors qu'il avait lui-même été réformé pendant la Première Guerre mondiale. Il devient maire d’Aubervilliers en 1923, mandat qu’il devait conserver jusqu’à la Libération.

Il garde toujours un fort sentiment pacifiste, entretenu par ses contacts réguliers avec Aristide Briand, avec qui il travaillait à établir de bonnes relations avec l’Allemagne et l’Union soviétique. Il s’éloigne progressivement de la gauche à mesure que s’accroît sa fortune, et glisse de plus en plus vers la droite parlementaire. Il eut la satisfaction d’être réélu député en 1924, comme socialiste indépendant face à un candidat SFIO auquel il reprochait ses sympathies pour les communistes. À la tête d’un cabinet florissant, jouissant d’une excellente implantation locale, il apparaissait déjà bien davantage comme un opportuniste, avant tout soucieux de sa réussite sociale, que comme un homme de conviction. En 1927, il est élu Sénateur de la Seine, comme candidat sans étiquette, mais avec le soutien du centre droit et de la droite. Il est plusieurs fois ministre et président du Conseil. En 1931, Laval est élu « Homme de l’année » par le Time magazine aux États-Unis.

Il mènera au cours de ces différents mandats une politique déflationniste, qui ne fera qu’aggraver la crise économique et sociale des années 1930, (bien qu’en 1935 le budget de l’État français est l’un des rares en Europe à être en équilibre, ce qui est précisément un effet de cette politique déflationniste) et précipiter la victoire électorale du Front populaire. Un autre aspect de sa politique est la limitation du budget de l’armée au moment où Hitler remilitarise l’Allemagne. Sur le plan diplomatique, alors que s’affirme la menace nazie, Laval multiplie tous azimuts les initiatives souvent brouillonnes et contradictoires. Il rencontre Staline à Moscou et conclut avec lui un pacte d’assistance franco-soviétique (mai 1935), mais ne l’assortit pas d’un accord militaire.

Il rencontre peu après Mussolini à Rome, et ne réagit pas quand ce dernier le met dans la confidence des préparatifs de l’agression contre l’Éthiopie. Le Duce interprète cela comme un consentement à sa guerre, qu’il déclenche en octobre 1935, et accueille avec fureur les sanctions de Paris et de Londres, croyant à une trahison de Laval, ce qui entre autres contribue au rapprochement Rome-Berlin et à la constitution de l’Axe, qui précipitera l’Europe dans la Seconde Guerre mondiale. En novembre 1942, lors d’une réunion à Munich avec Hitler, où Laval est présent, Mussolini confiera à l’interprète Paul Schmidt que Laval lui avait rendu fier service en 1935, en refusant de couper le ravitaillement en pétrole de l’Italie et de fermer le canal de Suez : dans ce cas, les troupes italiennes n’auraient plus eu qu’à se retirer d’Éthiopie sous huit jours.

En janvier 1936, à l’approche du Front populaire, Laval est écarté du pouvoir. Il en gardera, dès cette date, une vive hostilité envers les « socialo-communistes » qu’il associera à la Troisième République. Réélu à son poste de sénateur de la Seine pendant 10 jours en 1936, il devient sénateur du Puy-de-Dôme la même année. À partir de 1937, il incline vers des idées sinon autoritaires, du moins antiparlementaires. De retour au privé, il accumule un empire commercial basé sur les journaux, l’imprimerie et la radio. La défaite de 1940 fournit à Laval l’occasion de revenir au pouvoir. Il place son empire de médias au service de Pétain et du gouvernement de Vichy. Le lendemain même de la conclusion de l’armistice du 22 juin 1940 il entre au gouvernement Philippe Pétain. Le 10 juillet 1940, il use également de son influence à l’Assemblée nationale pour faire donner à Pétain les pleins pouvoirs. Deux jours plus tard, le 12 juillet 1940, Laval est appelé par Pétain comme vice-président du Conseil, le maréchal restant à la fois chef de l’État et du gouvernement.

Laval développa des rapports très étroits avec Otto Abetz, ambassadeur allemand en France. Jouant de son image de « francophile », ce dernier le persuade un peu plus, tout à fait à tort, que le Führer est prêt à tendre la main au vaincu et à réserver à la France une place privilégiée dans l’Europe nazie. Le 22 octobre 1940, Laval rencontre Adolf Hitler à Montoire et propose que les deux pays s’allient très étroitement. Deux jours après, il organise l’entrevue retentissante de Montoire, où la poignée de main symbolique entre Hitler et Pétain engage la France dans la collaboration d’État. Un mois plus tard, lors d’une autre réunion avec Hermann Göring, Laval suggère une alliance militaire avec l’Allemagne nazie, et fait dresser des plans pour une reconquête commune du Tchad, passé aux gaullistes sous l’impulsion de son gouverneur, Félix Éboué. Il multiplie par ailleurs les gestes de bonne volonté, sans contrepartie aucune ni demandée ni obtenue. Ainsi, il livre à l’Allemagne l’or de la Banque nationale de Belgique, confié par Bruxelles à la France. Il lui cède les participations françaises dans les mines de cuivre de Bor (Serbie), les plus importantes d’Europe à produire ce métal hautement stratégique. Il envisage le retour du gouvernement à Paris, où il serait plus étroitement sous regard allemand.

De juillet à décembre 1940, Laval mène une politique de collaboration active, avec le projet d’alliance avec l’Allemagne nazie évoqué ci-dessus. Des membres du gouvernement se sont inquiétés au sujet de cette alliance. Mais surtout, Laval agit trop indépendamment au goût de Pétain, jaloux de son autorité, et son impopularité auprès de la masse des Français risque à terme de rejaillir sur le régime. Enfin, c’est le dernier parlementaire à siéger encore au gouvernement, et il déplaît aux tenants de la Révolution nationale comme vestige de la République honnie. Le 13 décembre 1940, Philippe Pétain limoge brusquement Laval, et le remplace par Flandin puis par Darlan, lequel poursuit d’ailleurs sans grand changement la politique de collaboration et renforce le caractère autoritaire du régime.

Laval est brièvement arrêté, mais Otto Abetz intervient pour le libérer et l’emmène à Paris, où il vivra désormais sous la protection de l’armée allemande. Ce limogeage n’empêche pas Pierre Laval de continuer à participer à la vie publique et politique. Le 27 août 1941, alors qu’il passait en revue le premier contingent de la Légion des volontaires français (LVF), volontaires français sous uniforme nazi sur le point de partir pour participer à l’opération Barbarossa, Laval est victime d’un attentat à Versailles. La cérémonie organisée à la caserne Borgnis-Desbordes, avenue de Paris, réunissait Eugène Deloncle, président du Comité central de la Légion des volontaires français, Marcel Déat, fondateur du Rassemblement national populaire (RNP), Fernand de Brinon, délégué général du gouvernement français dans les territoires occupés, Marc Chevallier, préfet de Seine-et-Oise et le ministre plénipotentiaire allemand Schleier.

L’auteur des cinq coups de feu est un jeune ouvrier de 21 ans, Paul Collette, ancien membre des Croix-de-feu. Le 17 avril 1942, toujours sous la pression allemande, Laval, qui a recouvré la santé, est nommé chef du gouvernement du régime de Vichy par le maréchal Philippe Pétain. Il déclare publiquement qu’il croit en la victoire définitive de l’Allemagne nazie et renforce encore la politique de collaboration avec l’occupant. Si Pétain n’a toujours pas d’affection personnelle pour Laval, il partage avec lui les mêmes options de politique extérieure, et approuve ses décisions en conseil des ministres. En juin 1942, le maréchal déclare très clairement en public que les propos et les ordres de Laval sont « comme les [siens] » et que tous lui doivent obéissance comme à lui-même. Ainsi que l’ont montré Henri Michel, Robert Paxton, Jean-Pierre Azéma et bien d’autres historiens, il n’a jamais existé de différences entre un « Vichy de Pétain » et un « Vichy de Laval », que les apologistes de Pétain ont inventées après la guerre afin de rejeter sur le seul Laval la responsabilité des turpitudes du Régime de Vichy.

éru de diplomatie, intimement persuadé d’être le seul Français capable de négocier avec Hitler, Laval mise tout sur une collaboration sans équivoque qui consiste à anticiper sur les désirs allemands et à multiplier les gages de bonne volonté envers le vainqueur, sans en attendre de contrepartie. Il espère ainsi obtenir de Joachim von Ribbentrop ou d’Hitler l’entrevue décisive, pendant laquelle il fait d’avance généreusement confiance aux capacités de charme personnel qu’il se prête pour séduire les chefs nazis, et les convaincre de réserver à la France une place de choix dans l’Europe allemande. Laval ne semble jamais avoir eu conscience ni de la spécificité radicale de l’idéologie nazie et du régime hitlérien, ni de l’absence complète de volonté du Führer de traiter la France ni aucun autre vassal comme un partenaire.

Profondément convaincu d’avoir raison seul contre tous, et persuadé que la postérité seule comprendrait les mérites de sa politique, Laval n’a jamais tenu aucun compte de l’impopularité de sa personne et du sentiment de collaboration auprès de la masse des Français, pas plus que des avertissements qui lui parvenaient de plus en plus de toutes parts. D’où, parmi tant d’autres témoignages, ce dialogue significatif avec le général Weygand, en novembre 1942, au moment où ce dernier doit quitter Vichy en raison de l’avancée des troupes allemandes dans la « zone libre » : « Monsieur Laval, vous avez contre vous 95 % des Français.Dites plutôt 98 %, mais je ferai leur bonheur malgré eux. » Pierre Laval s’enferre ainsi sans retour dans une politique de collaboration de plus en plus coûteuse humainement et moralement pour la France, sans contrepartie. Il n’en varie pas, y compris en 1943-1944, alors que la défaite allemande est pourtant devenue prévisible.

Le 22 juin 1942, Laval prononce à la radio un retentissant discours dont se détachent ces phrases essentielles : « J’ai toujours trop aimé mon pays pour me soucier d’être populaire ; j’ai à remplir mon rôle de chef » « Darlan lisait les communiqués tous les matins afin de savoir quel camp choisir dans la journée, pour ou contre l’Allemagne. Je ne m’occupe pas des communiqués : je mène une politique dont rien ne me fera changer ». « Agir de telle façon que l’Allemagne ne soit pas trop forte pour nous éteindre, mais de telle façon que le bolchevisme ne puisse pas, lui, nous supprimer. » Et la non moins célèbre : « Je souhaite la victoire de l’Allemagne, parce que sans elle le bolchevisme, demain, s’installerait partout ».

L’effet sur l’opinion publique est désastreux, les propres conseillers et ministres de Laval sont effondrés. Préparant ce discours, Laval avait annoncé à ses conseillers qu’il mettrait aux Français « de l’acide sulfurique sur leurs plaies ». Alors que tous lui demandent de ne pas insérer cette phrase, il tient absolument à la garder, estimant qu’il doit dissiper toute équivoque envers les Allemands et ancrer résolument la France dans le camp de l’Axe. Il consent toutefois à montrer son texte au maréchal Pétain. Ce dernier se contente de lui faire modifier la version initiale – « Je crois à la victoire de l’Allemagne » – du moment qu’un civil n’a pas selon lui à faire de pronostic militaire. D’avoir émis le souhait de la victoire allemande discrédite définitivement Laval dans l’esprit de la masse des Français occupés. Laval reviendra plusieurs fois en public sur cette phrase, toujours pour refuser de la désavouer. Il déclara plus tard au moment de son procès que cette phrase lui valut la confiance du Führer et que de l’avoir prononcée lui sauva la vie quand il dut se rendre précipitamment à Munich en novembre 1942 pour voir Adolf Hitler qui s’inquiétait d’un revirement possible du gouvernement de Vichy à la suite du débarquement allié en Afrique du Nord. Hitler était persuadé que la présence de Darlan à Alger n’était pas fortuite et craignait que son ralliement aux forces américaines ait reçu l’aval de Vichy.

En septembre 1942, il autorise la Gestapo à pourchasser les résistants français en Zone libre (mission Desloges). Lors de l’invasion de la Zone Sud le 11 novembre, il ne démissionne pas et reste au pouvoir, comme Pétain. Le matin du 27 novembre, il tente in extrémis d’empêcher par téléphone le sabordage de la Flotte française à Toulon, au risque que ses nombreux navires de guerre tombent tous aux mains d’Hitler. En public comme en privé, Laval réaffirmera jusqu’à la fin son refus viscéral de toute idée de double-jeu. De fait, cet homme si souvent stigmatisé par ses contemporains comme un « maquignon » et un « opportuniste » joue jusqu’au bout un seul jeu : celui de l’entente avec l’Allemagne. Le 27 mars 1942, trois semaines avant le retour de Laval au pouvoir, le premier convoi de déportés juifs en direction d’Auschwitz a lieu au départ de Drancy et Compiègne. Dannecker, chef de la Gestapo à Paris, prévoit la déportation dans un premier temps de tous les Juifs adultes vivant en France occupée ou non occupée. Il a besoin pour cela du concours des forces de police en zone occupée et de la collaboration du gouvernement de Vichy en zone non occupée.

Le Maréchal Pétain et Pierre Laval

Le Maréchal Pétain et Pierre Laval

Début juillet, selon une notice conçue par son attaché Camille Gaspard, Pierre Laval propose de livrer les Juifs étrangers vivant en zone non occupée en y joignant leurs enfants, en échange de l’exemption collective des Juifs de nationalité française des deux zones. Ses responsabilités dans la rafle parisienne du Vel’ d’Hiv’ du 16-17 juillet 1942 et dans celle perpétrée le 26 août 1942 en zone sud sont accablantes. Sollicité de revenir sur sa décision d’inclure dans les convois les enfants de moins de 16 ans (initialement non demandés des Allemands), notamment par le pasteur Boegner, chef des protestants de France, Laval refuse : « pas un seul de ces enfants ne doit rester en France ». Le pasteur Boegner rapportera plus tard : « Que pouvais-je obtenir d’un homme à qui les Allemands avaient fait croire - ou qui faisait semblant de croire - que les juifs emmenés de France allaient en Pologne du Sud pour y cultiver les terres de l’État juif que l’Allemagne affirmait vouloir constituer. Je lui parlais de massacre, il me répondait jardinage ». Laval ne semble jamais s’être préoccupé particulièrement du sort exact qui pouvait attendre les familles déportées. Il prétendra après la guerre avoir livré les Juifs étrangers pour éviter la déportation des Juifs français.

Mais sans même parler du caractère singulier et pour le moins éthiquement discutable de ce marchandage, Laval n’a jamais demandé ni obtenu la moindre assurance écrite des Allemands à ce sujet, se fiant visiblement à de vagues assurances verbales jamais tenues, puisque des milliers de Juifs français sont déportés ultérieurement à leur tour. Par ailleurs, Laval tient peu après la rafle parisienne du Vel’ d’Hiv’ ses seuls propos antisémites connus, déclarant aux préfets faire de la « prophylaxie sociale » en débarrassant la France de Juifs étrangers qui auraient « abusé de son hospitalité » et fait de l’Hexagone un « dépotoir » humain.

Le Commissariat général aux questions juives, dirigé par Darquier de Pellepoix, est sous l’autorité directe de Laval depuis juillet 1942. Le 30 septembre 1942, dans un télégramme aux ambassades françaises à travers le monde, il reprend une rhétorique antisémite pour justifier les récentes déportations : "Le seul moyen de conjurer le péril juif était le rapatriement de ces individus dans l'Est de l'Europe, leur pays d'origine". Pour la seule année 1942, plus de 43 000 Juifs sont déportés, la plupart arrêtés par la police française. En août 1943, Laval refuse cependant de dénaturaliser les Juifs français, ce qui aurait permis aux Allemands d’accélérer leur déportation. 11 000 Juifs n’en sont pas moins déportés encore cette année-là, et 17 000 en 1944. 80 % d’entre eux ont été arrêtés par la police française. 97 % des Juifs déportés périssent dans les chambres à gaz ou sont exterminés par le travail dans les camps de concentration.

Des 11 000 enfants de moins de 16 ans déportés, la plupart sur l’insistance personnelle de Laval, aucun n’est revenu. Dès le 12 mai 1942, Laval écrit au ministre allemand des Affaires étrangères, Joachim von Ribbentrop, pour lui proposer la participation de la France à l’effort de guerre allemand, au travers de l’envoi de travailleurs. Le Reich manque en effet cruellement de main-d’œuvre, ses ouvriers étant massivement mobilisés sur le front de l’Est. Lors de son discours du 22 juin 1942, Laval annonce la décision très controversée de créer la Relève, ancêtre du Service du travail obligatoire (STO). Il s’agit d’envoyer les meilleurs travailleurs en Allemagne en échange de prisonniers de guerre français. Mais Laval tait jusqu’au 11 août le véritable taux d’échange : trois ouvriers spécialistes contre un seul prisonnier paysan.

En outre, la plupart des prisonniers libérés par le Reich sont des hommes âgés ou malades, peu productifs donc, et qui auraient sans doute été rapatriés de toute façon. Début septembre, la Relève est un échec, avec seulement 17 000 candidats au départ. Sur l’impatience du gauleiter Fritz Sauckel, le « négrier de l’Europe », Laval passe alors au recrutement forcé. Le 4 septembre, Pétain promulgue une première loi à l’origine du départ forcé de 250 000 ouvriers en Allemagne en à peine six mois. Les exigences suivantes de Sauckel reçoivent pareillement pleine satisfaction : le 16 février 1943, une loi signée de Laval permet l’envoi en Allemagne de tous les jeunes gens nés entre 1920 et 1923. Au total, en juillet 1943, plus de 600 000 travailleurs ont été envoyés en Allemagne.

Laval met activement l’inspection du travail, la police et la gendarmerie au service des prélèvements forcés de main-d’œuvre et de la traque des réfractaires au Service du travail obligatoire. Le 11 juin, dans un discours radiodiffusé, il menace ouvertement les réfractaires de représailles sur leur famille. Il durcit aussi les mesures à l’encontre de ceux qui les aident, et supprime les exemptions des étudiants et des jeunes paysans. Le prix à payer est lourd, sans aucune contrepartie : l’économie est désorganisée par la saignée en travailleurs, l’impopularité du régime se voit considérablement accrue, des milliers de jeunes réfractaires au Service du travail obligatoire sont jetés dans les bras de la Résistance et à l’origine de la naissance des maquis.

Tardivement conscient que le Service du travail obligatoire mine le régime, Laval finit par s’opposer aux nouvelles demandes exorbitantes de Fritz Sauckel lors d’une entrevue très orageuse le 6 août 1943. Cette dernière est assez rude pour que Laval soit pris d’une syncope et s’évanouisse. Appuyé par le ministre de l’Armement allemand Albert Speer, qui préfère désormais que les vaincus produisent sur place pour le Reich plutôt que de les exploiter en Allemagne, Laval obtient une suspension des départs, mais en échange d’une intégration considérablement accrue de l’industrie française à l’économie de guerre nazie (accords Albert Speer - Jean Bichelonne, 15 septembre 1943). Auparavant, Laval a été le seul chef de gouvernement d’Europe occupée à avoir « rempli à 100 % le programme de main-d’œuvre » (télégramme du plénipotentiaire d’ambassade Schleier à Berlin, avril 1943), et grâce à son aide indispensable, Sauckel a toujours obtenu tout ce qu’il voulait jusqu’à l’été 1943.

En janvier 1943, Laval crée la Milice française, force de police politique sous la conduite de Joseph Darnand, mais dont il est officiellement le président. En six mois, elle recrute plus de 35 000 hommes et joue alors le principal rôle dans la traque des Juifs et des résistants, qui sont soit torturés et exécutés sommairement sur place, soit déportés vers les camps de concentration. Recrutant largement parmi les ultra-collaborationnistes convaincus, mais aussi les aventuriers de toutes sortes et les criminels de droit commun, la Milice s’illustre aussi par de nombreux vols, viols, extorsions de fonds, voies de fait sur la voie publique ou agressions contre des fonctionnaires et des policiers.

Laval ne désavouera jamais son soutien public à la Milice. En novembre 1943, il proclame qu’il marche « main dans la main avec Darnand » car « la démocratie, c’est l’antichambre du bolchevisme ». En juillet 1944, il apparaît sincèrement horrifié par l’assassinat de son ancien ami et collègue de gouvernement, Georges Mandel, liquidé par la Milice. Mais il ne montrera guère d’émotion particulière pour les nombreuses autres exactions de cet authentique instrument de guerre civile, qu’il a lui-même encouragé à sévir. Cette même année 1943, il livre Léon Blum, Paul Reynaud et Édouard Daladier aux nazis. Depuis son retour au pouvoir, Pierre Laval obtient des prérogatives sans cesse accrues de la part de Pétain, avec l’appui des Allemands. Laval cumule de plus en plus de portefeuilles et place ses créatures à tous les postes-clés. Dès l’été 1942, il est à la fois ministre de l’Intérieur, des Affaires étrangères et de l’Information. La gendarmerie est directement placée sous son autorité depuis juin 1942. Doté du titre nouveau de « chef du gouvernement » en avril 1942, Laval redevient dauphin officiel du maréchal en novembre 1942, après que l’amiral Darlan a changé de camp et est passé aux Américains lors du débarquement allié en Afrique du Nord.

Le 26 novembre, un acte constitutionnel de Pétain l’autorise à signer seul tous les décrets et les lois. En 1943, il obtient même des pouvoirs constituants. Il est officiellement le chef de la Milice française. René Bousquet, qu’il a placé au Secrétariat général de la police, se montre en toutes circonstances l’un de ses protégés les plus fidèles. Ce grand responsable des déportations de Juifs sera d’ailleurs encore à ses côtés dans sa cellule de Fresnes pour partager ses derniers instants (Pascale Froment, René Bousquet, Fayard, 2001). Les Commissariats spécialisés chargés de la persécution des Juifs ou de la livraison de main-d’œuvre à l’Allemagne relèvent aussi directement du chef du gouvernement. Plusieurs autres ministres sont des alliés et amis proches, ainsi Pierre Cathala aux Finances ou Jean Bichelonne à la Production industrielle et aux Transports.

Laval dispose aussi d’une clientèle de compatriotes auvergnats qu’il place à d’importantes fonctions. Le préfet de police de Paris, Amédée Bussière, un des principaux organisateurs de la rafle du Vel’ d’Hiv, est un Clermontois qu’il a connu à la préfecture du Puy-de-Dôme. À la tête de la Légion française des combattants, Laval installe le maire d’Ambert Raymond Lachal, partisan d’une ligne plus collaborationniste. Un autre Auvergnat, Grasset, devient ministre de la Santé. L’administration pénitentiaire, qui collabore à la garde des résistants capturés, est dirigée par Baillet, qu’il a connu comme commissaire à Aubervilliers du temps où il en était député. Très peu intéressé par la Révolution nationale, sans préjugés antisémites ou antimaçonniques particuliers, Laval n’hésite pas à prononcer le mot honni de « République » dans ses discours. Trop isolé et trop impopulaire pour négliger des soutiens éventuels, il est prêt à s’appuyer sur des républicains ralliés au régime, passant outre les récriminations des collaborationnistes et des pétainistes. C’est ainsi que Laval fait sonder entre autres l’ancien préfet de Chartres révoqué par Pétain, Jean Moulin, pour voir s’il veut reprendre du service au profit de l’État français. Celui dont Laval ignorait qu’il était entre-temps devenu l’un des plus grands résistants français opposa évidemment une fin de non-recevoir.

Mais à partir de fin 1943, Laval accepte aussi la fascisation progressive du régime en faisant entrer à son gouvernement les ultra-collaborationnistes affichés Joseph Darnand, Philippe Henriot et Marcel Déat. Il laisse la Milice française, organisation de type ouvertement fasciste, prendre un rôle de plus en plus grand dans l’État, un milicien devenant même préfet de Montpellier. En août 1944, après le jour J, Laval démissionne mais est emmené par les Allemands à Belfort puis à Sigmaringen en Allemagne. En mai 1945, il fuit en Espagne, est arrêté à Barcelone et, le 30 juillet, remis au gouvernement provisoire français promulgué par le général de Gaulle. Laval comparait devant la Haute cour de justice en octobre 1945. Particulièrement inconscient de la gravité des actes qui lui sont reprochés, Laval parlait fréquemment à ses proches du jour où il reprendrait sa carrière politique… Il semblait sincèrement persuadé de pouvoir encore convaincre ses juges du bien-fondé et de la nécessité de sa politique. La haine générale accumulée contre lui pendant l’Occupation éclate au grand jour à son entrée dans le box des accusés : très vite, Laval est hué et insulté par les jurés (dont plusieurs sont d’anciens collègues au Parlement, qu’il s’est pris inconsidérément à tutoyer familièrement), il est de fait empêché de parler et de se défendre. Il est exclu de son procès, et la défense refuse de plaider en protestation. La presse résistante elle-même condamnera le naufrage pénible du procès. Laval n’en est pas moins beaucoup trop compromis pour que le verdict de culpabilité fasse de toute façon le moindre doute. Il est condamné à mort le 9 octobre pour « Haute trahison en ayant aidé l’ennemi et violé la sécurité de l’État ».

Pierre Laval lors de son procès

Pierre Laval lors de son procès

Alors qu’il avait tenté de se suicider le jour de son exécution en avalant une capsule de cyanure, les médecins lui firent deux piqûres de camphre, puis procédèrent à un lavage d'estomac. Son état s’étant sensiblement amélioré, il fut amené devant le peloton d'exécution qui le fusilla le 15 octobre 1945, dans la cour de la prison de Fresnes. Dans Le Procès Laval. Compte rendu sténographique (1946), réalisé sous la direction de Maurice Garçon, les derniers moments de Laval sont décrits en ces termes : « Le 15 octobre, vers 9 h 00 du matin, M. le Procureur Général Mornet, accompagné de M. le Président de la Commission d’Instruction Bouchardon, se présentèrent à la prison de Fresnes dans la cellule du condamné, lui annoncèrent que le moment était venu d’expier. Pierre Laval était couché et parut ne pas entendre. Rapidement on comprit qu’il était sous le coup d’une intoxication et le docteur Paul, médecin légiste, qui était présent, lui fit une piqûre de morphine. On trouva sur les couvertures du lit une ampoule qui avait contenu du poison que le condamné venait d’absorber, ne voulant pas, avait-il écrit, tomber sous des balles françaises. Il devint évident au bout de peu de temps que le poison était éventé. Les médecins firent deux piqûres de camphre, puis procédèrent à un lavage d’estomac.

Le condamné rendit la plus grande partie de la substance toxique qu’il avait absorbée et se ranima assez rapidement. Son état s’étant amélioré, il fut décidé, puisqu’il pouvait se tenir debout et marcher, que l’arrêt serait exécuté. Pierre Laval, qui s’était habillé et qui maintenant paraissait rétabli, marcha d’un pas ferme jusqu’à la porte de la prison et monta dans le fourgon qui le conduisit derrière la prison de Fresnes devant une butte qui pendant la guerre avait servi aux Allemands de lieu d’exécution. Quelques minutes suffirent pour le conduire au poteau. Il refusa l’escabeau qu’on lui proposait pour s’asseoir, se laissa lier au poteau et mourut courageusement. »

Il fut inhumé dans une fosse commune du cimetière parisien de Thiais puis au cimetière du Montparnasse. Alors que huit demandes en révision du procès Pétain ont été rejetées, aucun défenseur de Vichy n’a pris la peine, ou le risque, de demander la révision du procès de Laval. Seule la famille de Laval et en particulier son gendre René de Chambrun, mari de sa fille unique Josée et ardent défenseur de sa mémoire, milita pour sa réhabilitation, mais en pure perte. Jean Jardin (1904-1976), son directeur de cabinet, fut aussi son éminence grise et continua à jouer ce rôle après la guerre auprès d’autres personnalités.

Cochran Thad

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William Thad Cochran (né le 7 décembre 1937) est un homme politique américain membre du Parti républicain et sénateur du 4e district fédéral du Mississippi au Congrès des États-Unis depuis le 27 décembre 1978.

Cochran ThadCochran Thad

Thad Cochran est un fils d'enseignants, né le 7 décembre 1937 à Pontotoc, Mississippi, États-Unis. Diplômé en psychologie et en science politique en 1959 de l'Université du Mississippi, il rejoint l'US Navy de 1959 à 1961 puis termine des études de droit en 1965. Marié depuis 1964, il a deux enfants. D'abord engagé au sein du Parti démocrate, il rejoint le parti républicain à la fin des années 60, mal à l'aise par la dérive à gauche du parti démocrate au niveau national. Refusant de rallier la candidature du dixiecrat George Wallace, Thad Cochran milite pour Richard Nixon lors de la campagne présidentielle de 1968.

Après sept années d'activités professionnelles dans le domaine juridique, il est élu à trois reprises en 1972, 1974 et 1976 à la Chambre des représentants des États-Unis. En 1978, il est élu au Sénat des États-Unis succédant au démocrate James Eastland. Il devient alors le premier républicain élu à ce siège depuis la fin de la période de reconstruction (1877). Il est réélu en 1984 contre le gouverneur de l'état, William Winter, en 1990, en 1996 (avec plus de 70 % des voix) et en 2002.

Cochran est perçu comme un républicain centriste, beaucoup moins radical et extrémiste que son prédécesseur démocrate. En avril 2006, le magazine Time le distingue comme l'un des 10 meilleurs sénateurs du pays. De 1991 à 1996, Cochran présida la conférence des républicains du Sénat et présida de 2003 à 2005, la commission sénatoriale sur l'agriculture. En 2006, il vota avec 19 autres de ses collègues républicains en faveur du financement fédéral de la recherche sur les cellules souches, contre l'avis du président George W. Bush. Il fut aussi dans la minorité qui vota contre l'amendement de John McCain contre l'usage de la torture et des traitements inhumains notamment sur les prisonniers du camp de Guantánamo.

Eastland James

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James Oliver Eastland (28 novembre 1904 – 19 février 1986) était un avocat et homme politique américain, membre du Parti démocrate, sénateur du Mississippi au Congrès des États-Unis en 1941 puis de 1943 à 1978.

Eastland James

James Eastland est connu pour sa longue carrière au Sénat, où il fut le secrétaire inamovible du Comité judiciaire de 1956 à 1978, mais aussi pour son anticommunisme, son opposition au mouvement des droits civiques et sa défense de la ségrégation raciale dans les Etats sudistes. Eastland est né à Doddsville, fils d'un planteur de coton. Avocat et homme politique, il est élu représentant à la chambre basse du Mississippi où il siège de 1928 à 1932. Parallèlement, il développe la plantation familiale. En 1941, il est nommé au Sénat des États-Unis pour succéder au sénateur Pat Harrison, mort en cours de mandat. Il ne se présente pas à l'élection spéciale qui suit dans l'année et attend 1942 pour postuler pour un mandat complet. Il est élu lors des primaires démocrates contre Wall Doxey (qui lui avait succédé sur ce même siège). Il profita de ses bonnes relations avec le président Franklin Delano Roosevelt pour obtenir une augmentation de l'aide fédérale au Mississippi.

Eastland est réélu sénateur à 5 reprises. Bien que défenseur farouche de la ségrégation raciale, il était aussi très lié à Lyndon Johnson. En 1966, pour la première fois il fait face à une concurrence sérieuse de la part du parti républicain. Il est néanmoins réélu. En 1972, il est encore réélu avec 58 % des suffrages contre le républicain Gil Carmichael. Parallèlement, Eastland refusa de soutenir le démocrate George McGovern lors de l'élection présidentielle de 1972 mais apporta son soutien à Jimmy Carter en 1976. Durant son dernier mandat de sénateur, Eastland fut président pro tempore du Sénat des États-Unis. En dépit de ses positions extrémistes, il est resté apprécié par la majorité de ses collègues démocrates, notamment pour la manière dont il avait présidé la commission judiciaire du Sénat, et tissa des liens personnels avec les progressistes comme Ted Kennedy, Joe Biden et Phil Hart. 

Il modéra même ses anciennes positions racistes notamment en embauchant des mississippiens noirs dans l'équipe de la commission judiciaire du Sénat. En 1978, en vue de sa campagne de réélection, il reçut même le soutien de Aaron Henry, président de la National Association for the Advancement of Colored People mais finalement il renonça à se présenter. Le siège fut remporté par le républicain Thad Cochran. Bien qu'il affirma ne rien regretter de ses positions passées, il devint un contributeur régulier de la NAACP. Il meurt en 1986. La bibliothèque de droit de l'université du Mississippi fut baptisée en son honneur.

McCaskill Claire

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Claire McCaskill (née le 24 juillet 1953 à Rolla, Missouri) est une femme politique américaine, membre du Parti démocrate et sénateur junior du Missouri depuis le 3 janvier 2007.

McCaskill ClaireMcCaskill Claire

De religion catholique, Claire McCaskill est née à Rolla, Missouri. Son père, William Y. McCaskill, était membre de la commission d'assurance de l'État durant l'administration du gouverneur Warren Hearnes. Sa mère, Betty Anne McCaskill, fut la première femme élue au conseil municipal de Columbia. Elle échoua à se faire élire député à la chambre basse du Missouri, battue par Leroy Blunt, le père de Matt Blunt, futur gouverneur du Missouri. Claire McCaskill fut Pom-pom girl durant ses années au lycée de Hickman à Columbia avant d'être diplômée en sciences politiques de l'Université du Missouri-Columbia en 1975 puis en droit en 1978. À l'exception des années 1989 à 1991 où elle travailla pour un cabinet privé, la carrière professionnelle de McCaskill se déroula dans le secteur public, d'abord auprès de la cour d'appel du district ouest du Missouri à Kansas City puis comme membre du bureau du procureur du comté de Jackson.

En 1982, McCaskill est élue à l'assemblée de l'État du Missouri où elle représente le comté de Brookside situé près de Kansas City. Mariée en premières noces à David Exposito, elle est la première élue à donner naissance, durant un mandat, à un enfant (elle en aura 3 avant de divorcer en 1995). En 1988, elle abandonne l'assemblée pour tenter de se faire élire au poste de procureur du comté de Jackson mais renonce, suite à l'engorgement de candidatures lors des primaires démocrates. En 1990, elle est élue à l'assemblée du comté de Jackson (équivalent au conseil de comté) qu'elle quitte en 1992 suite à son élection au poste de procureur du comté de Jackson. Réélue procureur en 1996, son mandat est entachée par une enquête fédérale sur un trafic de drogue concernant ses bureaux.

En 1998, McCaskill est élue auditrice de l'État. En avril 2002, elle se marie en secondes noces avec Joseph Shepard, un homme d'affaires de Saint-Louis. En août 2004, elle remporte les primaires démocrates pour l'élection du poste de gouverneur contre le titulaire sortant, Bob Holden. Le 2 novembre 2004, avec 47,9 % des voix, elle est néanmoins battue par son adversaire républicain, Matt Blunt (50,8 %). Le 12 décembre 2005, son ancien mari David Exposito est assassiné à Kansas City, Kansas. Le meurtre n'est pas élucidé. En 2006, elle est la candidate du parti démocrate au Sénat des États-Unis lors des élections de mi-mandat du président George W. Bush. La campagne se concentre sur le débat sur le financement des cellules souches à partir d'embryons humains. Avec l'aide de l'acteur Michael J. Fox, elle dénonce les positions de Jim Talent le sénateur républicain sortant qui avait refusé de voter en faveur du financement fédéral des recherches sur les cellules souches. 

Le 7 novembre 2006, elle est élue sénatrice après avoir battu Jim Talent en obtenant 50 % des voix, soit un peu plus de 41 000 de suffrages devant le sénateur sortant (47 %). Sa victoire était principalement due aux votes des zones urbaines de Saint Louis et de Kansas City. Le 6 novembre 2012 elle est réélue sénatrice avec 54,7%. Ce bon score est largement du au propos très controversé de son adversaire sur le "viol véritable" il a déclaré "De ce que j'entends de la bouche des médecins, la grossesse après un viol est très rare (...). S'il s'agit d'un véritable viol, le corps de la femme essaie par tous les moyens de bloquer tout ça." Début 2013 elle annonce son soutien au mariage gay sur le site tumblr en déclarant "Je suis venu à la conclusion que notre gouvernement ne devrait pas limiter le droit de se marier en fonction de qui vous aimez".

Coats Daniel Ray

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Daniel Ray (Dan) Coats, né le 16 mai 1943, est un homme politique américain membre du Parti républicain. Sénateur de l'Indiana de 1989 à 1999, il est réélu à son ancien siège en 2010.

Coats Daniel RayCoats Daniel Ray

Diplômé d'un doctorat en droit (1971) et assistant de Dan Quayle, il succède à ce dernier d'abord à la Chambre des représentants en 1981 quand Dan Quayle devint sénateur puis lui succède au Sénat en 1989 quand Dan Quayle devint vice-président des États-Unis. Après son premier mandat de sénateur, il est ambassadeur des États-Unis en Allemagne de 2001 à 2005, puis lobbyiste à Washington D.C. Il figure à la liste des personnalités interdites de séjour en Russie dans le cadre de la crise ukrainienne, depuis mars 2014.


Harkin Tom

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Thomas Richard Harkin (né en 1939) est un homme politique américain, membre du Parti démocrate et sénateur de l'Iowa au Congrès des États-Unis.

Harkin Tom Harkin Tom

Harkin est né le 19 novembre 1939 à Cumming, Iowa, d'un père mineur et d'une mère slovène, décédée alors qu'il n'a que dix ans. Harkin est diplômé de l'université d'État de l'Iowa en 1962 et diplômé en droit de la Catholic University of America en 1972. Il sert dans l'US Navy de 1962 à 1967. En 1970, assistant du représentant Neal Smith, Harkin se rend dans la République du Viêt Nam au sein d'une délégation du Congrès. À son retour, il publie des photos dénonçant le traitement inhumain des prisonniers de guerre. De 1974 à 1984, il est un élu démocrate de l'Iowa à la Chambre des représentants des États-Unis (réélu en 1976, 1978, 1980 et 1982). En 1984, Harkin est élu au Sénat des États-Unis où il est réélu en 1990, 1996 et 2002.

En 1992, il se présente aux primaires démocrates en vue de l'élection présidentielle. Il remporte les primaires de l'Iowa mais est finalement battu par Bill Clinton. Démocrate libéral et défenseur des consommateurs, Harkin est un ardent défenseur de l'État d'Israël dont il défend l'allocation annuelle de crédits au titre de l'aide militaire. Il est membre également du comité d'action politique pro-israélien. Il a appuyé la légalisation de l'IVG. Tom Harkin a également été actif dans la défense des droits de l'enfant, notamment pour ce qui est des pires formes du travail des enfants. 

Conjointement avec Eliot Engel, député à la Chambre des représentants américaine, et avec le soutien du sénateur Herbert Kohl, notamment, il a été l'un des instigateurs du Protocole sur la culture et le traitement des fèves de cacao signé en 2001 par les principaux acteurs de l'industrie du chocolat afin de lutter contre le travail des enfants et le trafic des enfants associés à la production du cacao en Afrique de l'ouest. Son nom est également associé aux dispositions touchant le travail des enfants dans la Loi sur le commerce et le développement (Trade and Development Act) adoptée par le Congrès américain en 2000. Il est aussi membre de l'Action parlementaire globale, une association internationale de parlementaires engagés pour le renforcement de la justice internationale et la protection des droits de l'homme.

Colmant Ivan

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Ivan Colmant, né à Nivelles le 14 novembre 1892 et décédé à Liège le 2 septembre 1976, est docteur en médecine et chirurgien ophtalmologue. 

Colmant Ivan

Milicien en 1914, il fait toute la guerre dans l'Infanterie. Nommé officier dans les premières promotions de Gaillon, il a servi au 12e et au 20e de Ligne. Officier patrouilleur dans ce régiment, il y accomplit nombre d'actes de courage. Pendant la guerre de 1940, le Docteur Colmant s'est donné avec vigueur à la résistance. Arrêté par les Allemands en 1944, il a été détenu au secret pendant trois mois à la prison Saint-Léonard à Liège; il a été transporté au camp de Beverloo d'où il devait être déporté en Allemagne.

Il parvint à s'évader de ce camp grâce à la désorganisation provoquée par les premiers combats avec les alliés. Il épousa Jeanne Julie Goffin (1904-2008) qui appartient à une vieille famille d'Ans. Elle est la descendante directe de Hubert Goffin lequel, par son héroïsme, sauva de nombreux ouvriers mineurs lors de l'inondation du Charbonnage de Beaujonc du 28 février 1812. Cet acte de courageux dévouement lui valut d'être fait Chevalier de la Légion d'honneur(1814). La commune d'Ans lui a levé un monument sur la place communale.

Décorations et distinctions belges et étrangères

  • Milicien de 1912
  • Officier de réserve aux 12e et 20e de Ligne
  • Commandeur de l'Ordre de la Couronne avec glaives
  • Commandeur de l’Ordre de Léopold II avec glaives
  • Officier de l’Ordre de Léopold Ier avec glaives
  • Croix de guerre 1914-1918 avec 4 palmes
  • Croix du Feu Médaille de l'Yser
  • Médaille commémorative de la guerre 1914-1918
  • Chevalier de l'Ordre militaire de Virtuti Militari
  • Croix de guerre italienne
  • Huit chevrons de front
  • Médaille de Liège
  • Membre de l’Armée secrète 1940-1945
  • Agent des services de renseignements et d’action
  • Membre et rédacteur de la presse clandestine
  • Membre du Service D
  • Membre de la Ligne Comète
  • Membre du Groupe G
  • Membre du service d'espionnage français L100
  • Croix de guerre 1940-1945
  • Médaille commémorative belge 1940-1945
  • Croix de guerre française
  • Médaille commémorative française 1939-1945
  • Croix du prisonnier politique 1940-1945
  • Invalide de guerre 100 %
  • Médaille de la résistance armée 1940-1945
  • Médaille du résistant civil
  • Médaille du volontaire combattant 1940-1945
  • Médaille des Vétérans du Roi Albert 1er
  • Medal of Distinguished Service Great Britain
  • Officier d’Académie (France)
  • Effigie et plaque commémorative en bronze

 

Moran Jerry

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Jerry Moran, né le 29 mai 1954, est un homme politique américain membre du Parti républicain, élu sénateur du Kansas le 2 novembre 2010. Depuis 1997, il siégeait à la Chambre des représentants.

Moran JerryMoran Jerry

Darlan François

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Jean Louis Xavier François Darlan (7 août 1881 à Nérac, Lot-et-Garonne - 24 décembre 1942 à Alger) est un amiral et homme politique français. Chef de la Marine française au début de la Seconde Guerre mondiale

Darlan FrançoisDarlan François

il est ministre de la Marine du premier gouvernement du maréchal Pétain puis, en février 1941, chef du gouvernement de Vichy où il s'implique dans la politique de collaboration du régime avec l'Allemagne nazie. Remplacé par Pierre Laval en avril 1942, il reste commandant en chef des forces de Vichy. Présent à Alger lors du débarquement allié en Afrique du Nord en novembre 1942, il se rallie avec réticences et hésitations aux Alliés. Il est assassiné en décembre 1942. Né à Nérac dans le Lot-et-Garonne, il est le fils de Jean-Baptiste Darlan, un député radical-socialiste qui avait été garde des Sceaux dans le gouvernement de Jules Méline. Entré à l'École navale en 1899, il en sort en 1901 et part servir en 1902 en Extrême-Orient. Commandant d'une batterie de canonniers pendant la Première Guerre mondiale, il bénéficie de la protection d'un ami de son père, Georges Leygues, longtemps ministre de la Marine sous la Troisième République , dont il est chef adjoint puis chef du cabinet militaire presque sans interruption de 1926 à 1934.

Il montre d'abord une sensibilité de centre-gauche par héritage familial et par ses passages dans les cabinets de Georges Leygues et d'Albert Sarraut. Il connaît un avancement rapide : contre-amiral en 1929, vice-amiral en 1932. Au lendemain de l'avènement du Front populaire, ses attaches avec le milieu du centre-gauche le désignent comme candidat aux fonctions de Chef d'État-Major général. Le 6 juin 1939, il est fait "Amiral de la Flotte", un titre créé pour lui. Agnostique, Darlan est attaché aux valeurs de laïcité, de petite propriété, de patriotisme et de morale. Dans les conférences internationales de l'entre-deux-guerres, Darlan défend vigoureusement le droit pour la France de disposer d'une flotte puissante face aux prétentions des Britanniques. Au cours de sa carrière, Darlan fait construire de nouvelles unités navales et en profite, à l'occasion des nominations qui en découlent, pour tisser un réseau de relations, composé d'officiers de Marine dont il favorise l'avancement (les proches sont appelés « ADD », c'est-à-dire « Amis de Darlan », ceux du sérail « ADF », « Amis de François »).

En 1939, grâce à Darlan, la France possède l'une des plus puissantes marines de son Histoire (même si elle manque de moyens aéronavals). La flotte française est la 4e du monde (derrière celles de la Grande-Bretagne, des États-Unis et du Japon). Visitant le QG de Darlan durant la drôle de guerre, le maréchal Pétain, reçu avec des égards extrêmes, s'écrie : « Enfin quelque chose qui marche ! ». En juin 1940, après une phase d'hésitation, Darlan soutient la demande d'armistice. Par la suite, très choqué par l'agression britannique de Mers el-Kébir, il s'estime trahi par ses anciens compagnons d'armes anglais, et voudrait que la France déclare la guerre à la Grande-Bretagne. Pétain réussit à le calmer, et à obtenir que les représailles françaises soient purement symboliques et le Conseil des ministres, Albert Lebrun en tête, se prononce pour la rupture des relations diplomatiques.

Darlan devient ministre des Marines marchande et militaire du premier gouvernement Pétain, puis du gouvernement de Vichy. Le 10 février 1941, il succède à Pierre-Étienne Flandin comme chef du Gouvernement. Il devient le successeur désigné du maréchal Pétain par l’acte constitutionnel 4 quater du même jour. Darlan dirige le gouvernement jusqu’en avril 1942, jour où il doit démissionner sous la pression d’Adolf Hitler, qui souhaite voir Pierre Laval reprendre sa place, mais reste successeur désigné du chef de l’État et devient commandant en chef des forces françaises. La nouvelle Marine française va se trouver à la base de la politique de collaboration menée en grande partie à l’initiative de Darlan, à la suite de sa nomination comme vice-président du Conseil. Cette politique constitue l'application militaire de la politique de collaboration fixée publiquement par Pétain, le 30 octobre 1940, au lendemain de l'entrevue de Montoire entre Pétain et Hitler.

Darlan, en échange de la collaboration économique et militaire avec l'Allemagne, espère obtenir une refonte de l’armistice. Pour lui, la guerre devrait à la longue être épuisante pour le Royaume-Uni, et celui-ci devrait finalement abandonner l'Europe continentale aux Allemands. La France pourrait alors jouer le rôle de médiatrice. La France serait, selon lui, appelée à vivre longtemps encore sous la domination allemande. Aussi ne devrait-elle pas s'en tenir aux clauses de l'armistice qui la ferait perdre sur tous les tableaux. La collaboration avec l'Allemagne est, pour lui, la moins mauvaise solution. Il espère en outre jouer un rôle important à la tête de la Marine européenne, dans l'Europe de l'Ordre nouveau, où la France deviendrait la seconde grande puissance navale après l'Allemagne. Il sous-estime cependant la méfiance d'Hitler vis-à-vis de la France.

Lors du coup d’État anti-britannique de Rachid Ali en Irak, le 3 avril 1941, alors que l'Angleterre semble affaiblie, Darlan escompte pouvoir obtenir la réduction des contraintes résultant de l’armistice, en échange de la livraison à l'Allemagne d'une base aérienne en Syrie-Liban et de stocks d'armes des forces françaises du Levant à ses alliés irakiens anti-britanniques. À cet effet, il rend visite à Hitler à Berchtesgaden au début de mai 1941. Après quoi, le 14 mai, il plaide devant le Conseil des ministres pour une collaboration élargie. Les Protocoles de Paris sont signés le 28 mai 1941 par Darlan et Abetz. Par anticipation sur ces accords, et avec l'approbation active de Pétain, qui en adresse directement l'ordre au général Dentz, une base a été livrée à la Luftwaffe à Alep en Syrie, tandis que des véhicules, de l'artillerie et des munitions sont cédés aux Allemands, en Afrique du Nord, ainsi qu'en Syrie, aux Irakiens en lutte contre le Royaume-Uni.

Les autres protocoles signés à Paris par Darlan prévoient aussi la livraison à l'ennemi de bases navales à Bizerte et Dakar. Ces textes prévoient même qu'en cas de riposte des Britanniques, ou des Américains (à ce moment ces derniers sont pourtant encore neutres) contre les bases ainsi transférées aux Allemands, les forces de Vichy devront les défendre. En fait de « contrepartie » de ses concessions, Darlan n'obtient que l'autorisation de transférer en Afrique française 10 000 hommes pour la défendre contre les Alliés, et dans le même but, la libération de 961 officiers, dont le général Juin expressément désigné. Mais aucune libération massive des prisonniers français. Ainsi ce marché de dupes n'aboutit-il qu'à aider l'Allemagne, et à engager davantage les forces de Vichy dans la collaboration, avec le risque de riposte britannique et américaine. Leur application prématurée au seul Levant a d'ailleurs eu pour conséquence la campagne de Syrie.

Le risque grave de cobelligérance avec l'Allemagne impliqué par ces textes, en l'absence de toute contrepartie sérieuse, est dénoncé par Weygand. Ce dernier, disposé à collaborer (livraisons de matériels militaires à l'Afrika Korps de Rommel), ne voulait pas perdre la face devant les Indigènes, par la concession voyante à l'Allemagne de bases en Afrique. Quant au gouvernement de Vichy, il s'abstint de ratifier ce texte, en invoquant la nécessité de concessions plus conséquentes. Bien que marqué par la perte du Levant et l’échec des protocoles de Paris, Darlan se ressaisit, convaincu de la justesse de sa politique. Il lui fallait rester allié à l'Allemagne pour ne pas perdre l'Afrique, ni sa place dans le gouvernement de Vichy. Il renforce son pouvoir et devient ministre de la Défense nationale. Il peut ainsi déterminer l’emploi des forces armées et leur organisation générale, ainsi que les conditions de leur emploi.

Les relations entre Marine et Armée de Terre sont peu cordiales, les militaires supportant mal d’être commandés par un marin. Darlan entre en conflit ouvert avec Weygand et Huntziger. Le hasard sert Darlan avec la mort dans un accident d'avion du général Huntziger. Quant à Weygand, les manœuvres de l'amiral auprès des Allemands aboutissent à son rappel, à la suite d'un ultimatum allemand. Juin, libéré en application des Protocoles de Paris, est aussitôt nommé au commandement supérieur en Afrique du Nord. Le 1er décembre 1941, les difficultés de Rommel en Afrique relancent les négociations : une rencontre a lieu à Saint-Florentin entre Darlan, Pétain et Hermann GoeringPétain remet alors au maréchal du Reich un mémorandum en sept points reprenant le contentieux ancien pour obtenir une collaboration politique sincère sur les bases de la reconnaissance de la souveraineté française sur l’ensemble du territoire, de la fin de l’Ostland, de la disparition de la ligne de démarcation, d'assouplissements économiques et de la libération des prisonniers. Ce mémorandum est refusé par Goering.

Négative sur le plan des concessions politiques, la concertation débouche sur des conversations militaires concernant la défense de l'Empire. N'excluant plus le repli de Rommel en Tunisie, des négociations sont menées avec le général Juin, le 20 décembre à Berlin, pour une éventuelle participation française à la guerre en Afrique. Au cas où Rommel serait rejeté en Tunisie, les troupes françaises devraient intervenir pour combattre aux côtés des Allemands contre les troupes britanniques. C'est d'ailleurs ce qui se produit le 8 novembre 1942, où les généraux de Vichy combattent le débarquement allié au Maroc tandis qu'ils livrent, sans résistance, la Tunisie aux troupes germano-italiennes.

Il s’agit là, pour la France, comme lors des protocoles de Paris, d’un accord de co-belligérance avec les Allemands, alors que les concessions politiques demandées à l'Allemagne en contrepartie sont rejetées. Darlan négocie alors des compensations d’ordre uniquement militaire, mais qui, en dépassant largement le cadre du deuxième protocole de Paris, rendent inévitable une guerre avec les États-Unis et le Royaume-Uni. La méfiance d'Hitler à l'égard de la France exclut toute possibilité d'une France alliée de l'Allemagne et les propositions de Darlan vont, une fois de plus, rester lettre morte. En ce début de 1942, Hitler ne croit plus avoir besoin des Français, du fait de l'affaiblissement des Britanniques.

À la fin de février 1942, la politique de Darlan est un échec complet. Les Allemands ont rompu le contact, ils ne le reprendront plus. La situation de la marine ne cesse de se dégrader. Les bâtiments de Toulon ne disposent que de deux pleins de mazout alors que les stocks du Maroc sont déjà épuisés. La flotte française, en cas de reprise des hostilités, serait dans la même situation que la flotte italienne : en dépendance totale à l’égard de l’Allemagne pour le carburant et pour la couverture aérienne. Par ailleurs Darlan, par ses demandes de concessions, irrite les Allemands qui exigent le retour de Laval au pouvoir. Darlan n'est pas pour autant mieux vu des Britanniques qui lui reprochent les accords de Paris et la livraison de matériel aux Irakiens puis aux Germano-Italiens. Il est en butte à l'hostilité d’une partie de l'Armée et de l'entourage du maréchal. Il souffre de surcroît d'une certaine impopularité, du fait de la détérioration des conditions de vie des Français. Le 18 avril 1942 Pétain remplace Darlan par Pierre Laval.

Darlan a négocié son départ, et a gardé le rôle de commandant en chef des forces militaires. Non seulement il est chargé de l'organisation et de l'emploi des forces armées, mais de plus des promotions. Darlan s'efforce de lutter contre la bureaucratie et de rajeunir les cadres de l’Armée en abaissant les limites d'âge. Il limite les défilés et les prises d’armes et veut réduire le nombre des états-majors. Il tient à créer un esprit interarmées. Il accorde une grande importance à la préparation d'opérations combinées mais il n’en reste pas moins le subordonné de Laval. Darlan se livre à des spéculations sur l'avenir en un temps où la France risque de se retrouver plongée dans le conflit. Ainsi, dès la fin de 1941 Darlan aurait-t-il multiplié, à en croire son entourage, les propos désagréables à l’égard de l’Allemagne. En 1942, il laisse son fils Alain et l’amiral Raymond Fénard prendre officieusement contact avec le consul américain Robert Murphy. L’un et l’autre se seraient efforcés de convaincre le président Roosevelt, par l'intermédiaire de son consul à Alger, que Darlan croyait en la victoire alliée. Alain Darlan soutient, par la même occasion, que Vichy n'aurait fait que des concessions mineures. Mais ce travail d'intermédiaires se heurte à un certain scepticisme.

Le 4 novembre 1942, dans la soirée, Darlan reçoit un coup de téléphone de Fénard depuis Alger : Alain Darlan, atteint de poliomyélite, est hospitalisé depuis le 15 octobre à Alger ; son état est désespéré. Le 5 novembre, Darlan quitte à la hâte Vichy pour Alger. Escorté par son adjoint marine et son directeur de cabinet, il emporte ses codes de communication avec Auphan (tout en laissant ceux des autres amiraux tels que Jean de Laborde), comme il le fait dans tous ses déplacements, même personnels, depuis qu'il est devenu ministre, puis commandant en chef. Dans la nuit du 7 au 8, intervient à Alger un putsch destiné à aider les Alliés dans leur débarquement : Les points stratégiques sont neutralisés par 400 volontaires civils dirigés par leurs officiers de réserve, tandis que sont arrêtés les principaux généraux : Ainsi Darlan (venu à l'improviste au chevet de son fils gravement malade) est-il alors arrêté avec Juin par un groupe d'élèves de terminale commandés par le jeune aspirant de réserve Pauphilet. Le 14e corps d'armée ne commencera à réagir que le matin et concentrera tous ses efforts contre la résistance, au lieu de se porter à la rencontre des Alliés. Si bien que ces derniers, qui avaient déjà débarqué sans opposition, encercleront Alger et en obtiendront la capitulation le soir même.

Or Darlan, mal informé par ses services, ne croyait pas que les Américains aient pu disposer des moyens maritimes suffisants pour intervenir du côté de l'Europe avant au moins un an. Aussi commence-t-il par rejeter le message présenté par le consul américain Murphy, au nom du président Roosevelt, lui demandant d'accueillir en amies les troupes débarquées. Il s'arrange alors pour adresser à l'amirauté d'Alger, non contrôlée par les résistants, deux messages, dont l'un au moins, rédigé de sa main (et conservé), donne l'ordre à l'amirauté de résister aux Alliés. Enfin, après avoir été libéré au matin avec Juin par la garde mobile, il adresse dès 8 heures à Vichy un télégramme demandant l'intervention de la Luftwaffe, l'aviation allemande, contre les convois alliés, et organise la reconquête de la ville contre les résistants.

En raison du refus du général Giraud de quitter Gibraltar, le 8 novembre 1942, pour Alger où les résistants comptaient sur lui, Darlan, après avoir capitulé et s'être rendu aux Alliés, va se retrouver seul propulsé sur le devant de la scène. Pour les Américains, Murphy, Clark ou Ryder, il devient le seul interlocuteur susceptible dans les jours suivant le débarquement, de mettre fin aux combats à Oran et au Maroc, où ses subordonnés ont accueilli les Alliés à coups de canon. Or, si l'amiral de la Flotte, pris au piège, a accepté dès le 8 un cessez-le-feu pour la région d’Alger, il se refuse pendant les deux jours suivants, malgré les pressions et les menaces du général Clark, adjoint d'Eisenhower, à ordonner la suspension d’armes au Maroc et à l’ensemble de l’Algérie. Il ne se décidera que sous la menace, les 10 et 11 novembre, à mettre fin au combat. Au surplus, Giraud, arrivé à Alger le 9 novembre, après la bataille, se met sous ses ordres. Aussi Darlan, après avoir ordonné le cessez-le-feu à Oran et au Maroc, se proclame-t-il, le 13 novembre Haut-Commissaire en Afrique, au nom du maréchal empêché, et fait-il enfin rentrer l’Afrique du Nord dans la lutte contre l’Axe.

Le ralliement de Darlan soulage les chefs militaires vichystes, conscients d’aller à la défaite en cas de résistance prolongée. Pour les Alliés, si le ralliement de Darlan est plutôt mal vu par leurs opinions publiques, et considéré avec suspicion par leurs généraux, il permet de gagner du temps et d'épargner des vies. Au surplus Darlan vaincu a-t-il accordé aux Alliés des concessions encore plus larges que celles consenties par les résistants lors des accords secrets de Cherchell, deux semaines plus tôt. Reste dès lors le problème de la flotte de Toulon. Les Alliés espèrent son ralliement, avant tout pour obtenir sa neutralisation. Aussi les Alliés pressent-ils Darlan de lui ordonner d’appareiller, alors que Darlan ne veut la faire partir qu'en cas d'invasion de la zone Sud, l'affirmant à plusieurs reprises le 10 novembre. Il sait qu'il doit déjà parvenir à faire confirmer sa légitimité sur les autorités militaires vichystes en Afrique. Au demeurant, il a peu de chance d'obtenir le ralliement de l'amiral collaborationniste de Laborde, avec lequel il a un conflit personnel et qui n'écoutera que le maréchal Pétain. C'est donc le 11 novembre seulement que Darlan se décide, sous la pression des Alliés, à adresser un message à l’amiral de Laborde. Invoquant la rupture de l’armistice et l’absence de liberté du maréchal, il invite le commandant en chef à diriger les navires vers l’Afrique occidentale française, et non vers l'Afrique du Nord. Le lendemain, Darlan renouvelle son appel dans les mêmes termes. Il se voit opposé une fin de non recevoir.

Obéissant aux consignes de sabordage de 1940 prévoyant le cas où une puissance étrangère essayerait de s'emparer des bâtiments français, la Flotte se saborde le 27 novembre 1942 à Toulon lorsque les Allemands envahissent la zone libre. Darlan ne se soucie cependant pas d'abroger les lois et mesures les plus vexatoires du régime de Vichy, les détenus politiques restant notamment maintenus dans les camps de concentration du sud. Le changement de camp de Darlan en novembre 1942 n'en a pas moins facilité la rentrée en guerre des forces françaises d'Afrique du Nord aux côtés des Alliés. Ainsi Roosevelt, mal informé et préoccupé par les ambitions dictatoriales supposées de De Gaulle, prèfère prolonger la continuité étatique représentée par le véritable dictateur, Darlan, mais doit aussi tenir compte de la réaction des opinions américaine et anglaise, alertées par les correspondants de guerre.

La position de Darlan et son passé collaborationniste à Vichy rendent toutefois impossible toute union de l'armée d'Afrique avec les Forces françaises libres. Le 24 décembre 1942, Darlan est abattu par un jeune patriote, âgé de 20 ans, Fernand Bonnier de La Chapelle. Arrêté, celui-ci est jugé et exécuté de manière expéditive par les subordonnés de Giraud. Des interrogations subsistent quant au commanditaire de l'assassinat. Une des hypothèses est celle d'un ordre d'élimination émanant du comte de Paris, qui visait à prendre la place de Darlan pour unir les autorités de Londres et d'Alger dans un effort de guerre commun. Si l'appartenance royaliste de Bonnier de La Chapelle est incertaine, le groupe de résistants dont il faisait partie était d'obédience gaulliste au sein du Corps Franc d'Afrique (dont 3 membres sur 4 avaient participé au putsch du 8 novembre et ont depuis largement témoigné), qui avait décidé l'élimination d'un personnage qui ne pouvait que gêner et retarder la venue du seul pouvoir légitime à leurs yeux. Une autre thèse, isolée et apparue tardivement et totalement fantaisiste, soutient que Bonnier de La Chapelle aurait été motivé par la crainte que le maintien de Darlan n'entraîne la Résistance française dans l'orbite soviétique.

Bonnier de la Chapelle sera réhabilité le 21 décembre 1945 par un arrêt de la Chambre des Révisions de la Cour d’Appel d’Alger qui jugea qu'il avait agi « dans l’intérêt de la libération de la France ». Son action, par la disparition de l'amiral Darlan, a facilité les conditions propres à réunir les forces de la France en guerre. Darlan a été inhumé au cimetière militaire de Mers el-Kébir, près d'Oran en Algérie où sont enterrés les marins péris dans l'attaque de la flotte française. En novembre 2005, il a été constaté que sa tombe ainsi que de nombreuses tombes de marins français et l'ossuaire du cimetière militaire avaient été profanées.

Décorations

  • Légion d'honneur : Chevalier : 1915, Officier : 1920, Commandeur : 1930
  • Grand Officier de la Légion d'honneur en 1935
  • Grand croix de la Légion d'honneur en 1937

 

Leygues Georges

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Georges Leygues est un homme politique français, né à Villeneuve-sur-Lot (Lot-et-Garonne) le 26 octobre 1857 et mort le 2 septembre 1933 à Saint-Cloud (Hauts-de-Seine). 

Leygues GeorgesLeygues Georges

Georges Leygues est né à Villeneuve-sur-Lot dans une famille bourgeoise de tradition républicaine. Attiré par la littérature, et en particulier la poésie, il envisage une carrière d'officier de marine puis, sur le refus de sa mère, fait son Droit et devient avocat. Il se lance rapidement dans la carrière politique, devenant adjoint au maire de Villeneuve-sur-Lot à 26 ans. Il est député de Lot-et-Garonne de 1885 à sa mort. À Paris, il fréquente les milieux littéraires où l'introduisent Sully Prudhomme et José-Maria de Heredia, à qui il avait envoyé ses premiers essais poétiques.

Elu en 1893 parmi les républicains modérés, il accède aux responsabilités ministérielles à 38 ans : 30 mai 1894 au 26 janvier 1895 : ministre de l'Instruction publique et des Beaux-Arts dans le gouvernement de Charles Dupuy ;  26 janvier au 28 octobre 1895 : ministre de l'Intérieur dans le troisième gouvernement Alexandre Ribot. 1er novembre 1898 au 7 juin 1902 : ministre de l'Instruction publique et des Beaux-Arts dans le gouvernement de Pierre Waldeck-Rousseau : Son passage est marqué par la réforme de l'enseignement secondaire de 1902, qui vise notamment à moderniser l'enseignement des humanités et à rapprocher l'enseignement primaire et secondaire. Violemment contestée à la Chambre des Députés, la réforme est adoptée grâce à la ténacité de Georges Leygues.

14 mars au 25 octobre 1906 : ministre des Colonies dans le gouvernement Ferdinand Sarrien : Il travaille à consolider les ports de Bizerte, Dakar, Djibouti, Saïgon, conquiert le Tchad grâce à la conquête de l'oasis de Bilma, s'oppose au développement des comptoirs allemands en Afrique noire, entreprend d'organiser l'enseignement outre-mer. Sa carrière ministérielle va s'interrompre pendant onze ans ; en 1909, Alfred Chauchard, richissime fondateur des Grands Magasins du Louvre, mort sans descendance légitimée, lui lègue l'énorme somme de 12 millions de francs-or, plus un million à son épouse et à chacune de leurs deux filles... La nature des rapports des deux hommes n'a pas été élucidée. En 1914, bien qu'il ait 58 ans, Georges Leygues s'engage comme capitaine dans les chasseurs alpins, mais il est rapidement rappelé à Paris comme président de la commission des Affaires étrangères de la Chambre des députés.

En 1917, Clemenceau lui confie le ministère de la Marine qu'il détiendra ensuite à plusieurs reprises jusqu'à sa mort brutale en 1933, si l'on excepte un bref intermède comme ministre des Affaires étrangères et président du Conseil des ministres du 24 septembre 1920 au 16 janvier 1921 : 16 novembre 1917 au 20 janvier 1920 : ministre de la Marine dans le deuxième gouvernement de Georges Clemenceau, 24 septembre 1920 au 16 janvier 1921 : Président du conseil et ministre des Affaires étrangères : voir gouvernement Georges Leygues , succédant à Alexandre Millerand (gouvernement Millerand) devenu Président de la République, et étant à son tour remplacé par Aristide Briand (6e gouvernement), 28 novembre 1925 au 21 février 1930 : ministre de la Marine dans les septième, huitième et neuvième gouvernements Aristide Briand, le quatrième et le cinquième gouvernement Raymond Poincaré, le dixième gouvernement Aristide Briand et le premier gouvernement André Tardieu, 13 décembre 1930 au 27 janvier 1931 : ministre de l'intérieur dans le gouvernement Théodore Steeg, 3 juin 1932 au 2 septembre 1933 : ministre de la Marine dans le troisième gouvernement d'Édouard Herriot, le gouvernement de Joseph Paul-Boncour et le premier gouvernement d'Édouard Daladier.

Lorsque Alexandre Millerand est élu à la présidence de la République en remplacement de Paul Deschanel, il entend assumer un rôle actif assez peu en accord avec la coutume de la IIIe République depuis Jules Grévy. Cette ambition explique son choix d'appeler Georges Leygues, qu'on sait dénué d'ambition personnelle, à la présidence du conseil. Leygues se prêtera au rôle qu'on entend lui faire jouer mais les prétentions de Millerand seront vivement combattues par les Chambres qui le contraindront à appeler Aristide Briand en janvier 1921. C'est avant tout comme ministre de la Marine que Georges Leygues s'est illustré. Il est notamment à l'origine du Statut Naval, présenté en 1920 au parlement, qui permettra la renaissance de la flotte française, durement éprouvée par la Première Guerre mondiale, dont l'amiral François Darlan sera l'artisan. Il a voté le 3 juillet 1905 la loi du 9 décembre 1905 concernant la séparation des églises et de l'état.

Fonctions gouvernementales

  • Ministre de l'Instruction publique et des Beaux-Arts dans le gouvernement Charles Dupuy (2) du 30 mai au 1er juillet 1894
  • Ministre de l'Instruction Publique et des Beaux-Arts dans le gouvernement Charles Dupuy (3) du 1er juillet 1894 au 26 janvier 1895
  • Ministre de l'Intérieur dans le gouvernement Alexandre Ribot (3) du 26 janvier au 1er nomvembre 1895
  • Ministre de l'Instruction Publique et des Beaux-Arts dans le gouvernement Charles Dupuy (4) du 1er novembre 1898 au 18 février 1899
  • Ministre de l'Instruction Publique et des Beaux-Arts dans le gouvernement Charles Dupuy (5) du 18 février au 22 juin 1899
  • Ministre de l'Instruction Publique et des Beaux-Arts dans le gouvernement Pierre Waldeck-Rousseau du 22 juin 1899 au 7 juin 1902
  • Ministre des Colonies dans le gouvernement Ferdinand Sarrien du 14 mars au 25 octobre 1906
  • Ministre de la Marine dans le gouvernement Georges Clemenceau (2) du 16 novembre 1917 au 20 janvier 1920
  • Président du Conseil et ministre des Affaires étrangères du 24 septembre 1920 au 16 janvier 1921
  • Ministre de la Marine dans le gouvernement Aristide Briand (8) du 28 novembre 1925 au 9 mars 1926
  • Ministre de la Marine dans le gouvernement Aristide Briand (9) du 9 mars au 26 juin 1926
  • Ministre de la Marine dans le gouvernement Aristide Briand (10) du 23 juin au 19 juillet 1926
  • Ministre de la Marine dans le gouvernement Raymond Poincaré (4) du 23 juillet 1926 au 11 novembre 1928
  • Ministre de la Marine dans le gouvernement Raymond Poincaré (5) du 11 novembre 1928 au 29 juillet 1929
  • Ministre de la Marine dans le gouvernement Aristide Briand (11) du 29 juillet au 3 novembre 1929
  • Ministre de la Marine dans le gouvernement André Tardieu (1) du 3 novembre 1929 au 21 février 1930
  • Ministre de l'Intérieur dans le gouvernement Théodore Steeg du 13 décembre 1930 au 27 janvier 1931
  • Ministre de la Marine dans le gouvernement Édouard Herriot (3) du 3 juin au 18 décembre 1932
  • Ministre de la Marine dans le gouvernement Joseph Paul-Boncour du 18 décembre 1932 au 31 janvier 1933
  • Ministre de la Marine dans le gouvernement Édouard Daladier (1) du 31 janvier au 2 septembre 1933

 

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