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Nordling Raoul

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Raoul Nordling (1881 - 1962) est un homme d'affaires et consul suédois né à Paris le 11 novembre 1881 et décédé le 1er octobre 1962 à Paris. 

Nordling Raoul

Il a joué un rôle important dans la Libération de Paris, en août 1944. C'est son père, Carl Gustav Nordling, qui est arrivé de Suède en France à la fin des années 1870 et qui a créé la Société des pâtes à papier Gustav Nordling. Il se marie à une Française. Leur fils Raoul fait ses études au lycée Janson-de-Sailly, entre dans la société de son père, lui succède, est nommé vice-consul de Suède en 1905, à 24 ans, consul en 1917 et consul général en 1926, à la mort de son père. Il était président du conseil d'administration de la branche française des sociétés suédoises de roulements à billes SKF et de la société Alfa Laval.

Il était certes suédois, mais se sentait surtout « citoyen de Paris ». Il parlait beaucoup plus français que suédois, langue qu'il a dû « apprendre » en allant faire son service militaire en Suède. Il ne parlait pas l'allemand. Son action de rapprochement et de médiateur entre Suédois et Français, puis entre Allemands et Français, est à replacer dans une continuité qui s'étend sur pratiquement toute sa vie. Pendant la Première Guerre mondiale, la suprématie de la marine allemande sur la mer Baltique empêchait la correspondance diplomatique entre la France et la Russie, aussi Nordling organise une voie suédoise via Stockholm par laquelle le courrier est acheminé entre Paris et Moscou.

En 1940, il tentera d'expliquer la neutralité suédoise au gouvernement français mais aussi de le dissuader de participer à l'expédition franco-britannique en Norvège. Selon Henri Amouroux, alors que la bataille de France tourne à l'avantage de l'Allemagne, Nordling fut contacté le 15 mai 1940 par le maréchal Goering afin de proposer à Paul Reynaud une issue honorable à condition que la France réclame immédiatement un armistice. Reynaud n'en fut informé que le 20 mai, mais aucune suite concrète ne fut donnée. Après la défaite, le consulat de Suède est scindé en deux, une légation est à Vichy menée par Gustav Forssius, Thor Hessel auprès des autorités françaises, Nordling lui est à Paris, il dépend du consulat de Suède à Berlin. À partir de 1942, le consulat est regroupé à Paris.

Nordling rencontre l'ambassadeur d'Allemagne Otto Abettz, en mars 1944, qui lui confie les divisions internes du pouvoir allemand à Berlin. En mai 1944, il se rend à Stockholm pour rencontrer le roi Gustave V de Suède et prendre connaissance du plan de médiation conçu par des pays neutres. De retour, il tente, sans succès, de convaincre le maréchal Pétain d'intervenir auprès de Hitler pour ouvrir des pourparlers. En juillet 1944, après le succès du débarquement allié en Normandie, il conseille à l'ambassade de changer d'attitude dans Paris, puisque sa libération devient inévitable. À partir du 15 août 1944, Nordling et son équipe du consulat rue d'Anjou, dont Rolf Nordling son frère, Gustav Forssius, Thor Hessel ainsi qu'Emil Bender, traducteur de l'administration allemande, négocie dans de longues tractations (cinq rencontres et de nombreux coups de téléphone) avec le général von Choltitz, la libération de 3 245 prisonniers politiques, puis le renoncement au projet de faire exploser Paris suivant l'ordre de Hitler.

Le 19 août, Nordling entre en contact avec les gaullistes qui ont pris la préfecture de Paris et négocie un cessez-le-feu qui permet aux vingt mille soldats allemands de quitter Paris n'en laissant que deux mille sur place. Le 20 août Alexandre Parodi, Roland Pré et Emile Laffon, représentant direct du général de Gaulle sont arrêtés par la Gestapo au boulevard Saint-Germain alors qu'ils vont à une réunion du Conseil national de la Résistance. Nordling prévient Von Choltitz de leur arrestation, qui sursoit à leur exécution immédiate et les fait amener à l'hôtel Meurice d'où ils ressortent libres accompagnés de Nordling. Le 22 août, Nordling est victime d'une crise cardiaque ; son frère Rolf rencontre le général Bradley qui autorise Leclerc à entrer dans Paris le 23. Le 24, le général Leclerc reçoit la reddition du général Von Choltitz à la préfecture de Paris. Les Mémoires de Raoul Nordling, écrits en 1945 et retrouvés en 1995, sont publiés en 2002.

Il reçoit la Croix de guerre avec palme après la Libération en 1949, la Légion d'honneur en 1962. À partir de 1945, il est l'hôte assidu de Sainte-Maxime, dont il devient citoyen d'honneur, dans sa propriété "Le Mas du Gay Savoir". Il est intervenu en faveur de l'écrivain Louis-Ferdinand Céline quand celui-ci était en exil au Danemark. Selon ce même auteur, il a joué un rôle déterminant pour que Paris ne soit pas « brûlé » en 1944. Nordling intervient deux fois pour Céline, une première fois en écrivant au ministre des Affaires étrangères du Danemark, Gustav Rasmussen, pour éviter l'extradition de l'écrivain, et une seconde fois lors du procès en transmettant au dossier une lettre d'un universitaire suédois E. Bendz.

Dans le film Paris brûle-t-il ? de René Clément, le consul de Suède Raoul Nordling est joué par Orson Welles. Dans la pièce Diplomatie de Cyril Gély, créée au théâtre de la Madeleine, à Paris, en janvier 2011, c'est André Dussollier qui interprète le rôle de Nordling, et Niels Arestrup, celui du général von Choltitz. Un square dans le XIe arrondissement de Paris (coté sud de l'église Sainte-Marguerite) rue Saint Bernard porte son nom ainsi que des rues à Neuilly-sur-Seine, à Bois-Colombes et à Livry-Gargan.


Rol-Tanguy Henri

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Henri Tanguy, officiellement Rol-Tanguy depuis 1970, dit Colonel Rol-Tanguy, né le 12 juin 1908 à Morlaix et mort le 8 septembre 2002 à Paris, est un chef de la Résistance pendant la Seconde Guerre mondiale et un militant communiste français. 
 

Henri Rol-Tanguy et debout derrière lui l'état major des FFI de la Libération de Paris, dans les Catacombes sous la place Denfert-Rochereau

Henri Rol-Tanguy et debout derrière lui l'état major des FFI de la Libération de Paris, dans les Catacombes sous la place Denfert-Rochereau

Né en 1908 dans une famille de marins bretons, fils d'un officier marinier et d'une blanchisseuse, il fait ses études primaires à Toulon, Brest et Cherbourg. Il est ouvrier métallurgiste dès l'âge de quatorze ans. En 1925, Tanguy devient tôlier en carrosserie chez Renault où sa mère travaille. Il est affecté à une unité ultra moderne, l'usine O de Boulogne-Billancourt (Seine). Cette même année, il adhère aux Jeunesses communistes et devient responsable de la cellule de l'usine. Il est licencié au bout de quelques mois pour fait de grève. Dès lors, les portes des grandes usines lui sont interdites. Cycliste de haut niveau, il se classe premier des débutants dans la course Paris-Chauny. En 1926, il participe aux « américaines » et aux poursuites par équipe, au Vélodrome d'hiver, au parc des Princes, à Buffalo, et à la piste municipale de Vincennes.

En 1929, il fait son service militaire en Algérie, par mesure disciplinaire pour ne s'être pas inscrit à temps sur les listes de recensement, au 8e régiment de zouaves. Il quitte l'armée combattant d'élite, soldat de 1re classe, avec une formation de mitrailleur mécanicien, de télémétreur et d'armurier. Embauché à l'entreprise Nessi à Montrouge, puis en septembre 1930 à l'usine Bréguet, il suit des cours de perfectionnement et devient tôlier-formeur, chaudronnier en cuivre, tuyauteur, soudeur. À partir de 1934, il revient au militantisme communiste et crée chez Bréguet une cellule communiste et un syndicat CGTU. Licencié en 1935 à la suite d'une action revendicative, il ne trouve plus de place que dans de petites entreprises.

En octobre 1936, il devient secrétaire du syndicat des travailleurs de la métallurgie CGT de la région parisienne. Lorsqu'éclate la guerre d'Espagne, en 1936, il anime la campagne de solidarité avec les Républicains de la Fédération des Métaux. En 1937, il sert en Espagne dans les rangs des Brigades internationales. Officier, il occupe le poste de commissaire politique dans la 3e brigade (La Marseillaise). En février 1938, il retourne en Espagne, où il fait l'apprentissage du feu. Le 18 juin, il est blessé d'une balle dans la poitrine sur le front de l'Ebre. Revenu en France en novembre 1938, il se marie le 19 avril 1939 avec Cécile Le Bihan, sa marraine de guerre, militante communiste, dont il aura quatre enfants.

Henri Rol-Tanguy est mobilisé en septembre 1939 et affecté comme soldat de 1re classe au 57e régiment d'infanterie coloniale en Lorraine. En mai 1940, il est affecté comme armurier au 28e régiment d'infanterie coloniale mixte sénégalais ; il prend part aux combats de la 28e division du 5 au 24 juin 1940. Démobilisé en août 1940 après avoir été cité à l'ordre du régiment, il retrouve son épouse Cécile et reprend contact avec les communistes. Le 5 octobre, apprenant qu'une vague d'arrestations frappe les militants communistes, il entre dans la clandestinité. Il participe à la mise sur pied de l'Organisation spéciale (OS), le PCF lui confiant aussi la responsabilité du secteur Sud de Paris et de sa banlieue.

En août 1941, il est chargé avec Raymond Losserand et Gaston Carré de l'organisation, dans la région parisienne, de groupes armés, qui sont fondus, en février 1942, dans les Francs-tireurs et partisans (FTP), mouvement communiste de résistance armée. Tanguy exerce dans ce « triangle de direction » la fonction de responsable militaire. Losserand et Carré sont arrêtés en mai 1942 et seront fusillés. Tanguy reforme une équipe avec Roger Linet et Raymond Colin. Tanguy change de zone pour raison de sécurité, devenant chef des FTP de la région Poitou-Anjou, puis revient en région parisienne en mai 1943, pour réorganiser, avec Joseph Epstein et Édouard Vallerand, les Francs-tireurs de la région parisienne. Il rédige avec sa femme le journal clandestin, Le Franc-tireur parisien.

En septembre 1943, il est nommé représentant FTP au Comité d'action contre la déportation, qui sabote les départs au STO. En octobre, il passe à l'état-major des FFI de la « région P », qui regroupe onze départements autour de Paris, où il représente les FTP. D'abord sous-chef de l'état-major, puis chef régional en mai, il est en juin colonel chef de la région P1 (Seine, Seine-et-Oise, Seine-et-Marne, Oise), qu'il baptise « Île-de-France ». C'est alors qu'il prend son dernier pseudonyme Rol, nom d'un combattant des Brigades internationales, Théo Rol, tué en 1938 pendant la bataille de l'Èbre. Il se consacre alors entièrement à la préparation de la libération de la capitale en liaison étroite avec le Comité d'action militaire du Conseil national de la Résistance, le COMAC et le délégué militaire national du général de Gaulle, Jacques Chaban-Delmas. Le 10 août 1944, l'avance des Alliés en Normandie donne le signal de l'insurrection.

Le 11 août, les cheminots de Paris entament la grève. Le 15 août, la CGT appelle à la grève générale. Plusieurs corps d'administration y répondent. La grève des agents de police apporta un soutien armé à l'insurrection. L'état-major FFI est installé en sous-sol place Denfert-Rochereau. Le 17 août, l'état major de la résistance parisienne appela à la lutte décisive. Le 20 août, et la préfecture de police est prise. Le colonel Rol-Tanguy réalise dans les journées du 20 au 24 août une manœuvre générale libérant les 9/10e de la capitale. Le 25, avec l'appui de la 2e DB du général Leclerc, le colonel Rol reçoit et signe l'acte de reddition sans condition des forces allemandes du général Von Choltitz.

Dans le courant du mois de septembre, Rol-Tanguy est désigné auprès du colonel Billotte pour contribuer à mettre sur pied une nouvelle unité, la 10e division d'infanterie, mais il ne sera pas nommé à la tête de cette division. En janvier 1945, il effectue un stage de perfectionnement à Provins. Il est ensuite affecté au PC de la 1re Armée française du général de Lattre de Tassigny mais ne participe aux combats en Allemagne qu'entre le 8 et le 25 avril, de Tübingen à Sigmaringen. Il reste en Allemagne jusqu'au 2 octobre comme adjoint au colonel gouverneur militaire de Coblence. Le 18 juin 1945, il avait été décoré de la Croix de la Libération par le général de Gaulle. Il devient militaire d'active avec le grade de lieutenant-colonel.

En avril 1947, il est affecté au cabinet militaire du ministre de la Défense nationale. De 1948 à 1951, il est chef du 3e bureau de l'état-major de la subdivision du Mans, puis part à la retraite en 1962. De 1962 à 1987, il est membre du comité central du PCF, avec un rôle limité. Figure emblématique de la Résistance communiste à partir des années 1960, Henri Rol-Tanguy soutient publiquement Georges Marchais lors de la polémique relancée en mars 1980 par L'Express concernant son passé de travailleur volontaire en Allemagne, mais signe en octobre 1991 la pétition d'anciens résistants demandant qu'il ne préside pas les cérémonies commémoratives des fusillades de Châteaubriant.

Il était président de l'Association nationale des anciens combattants de la Résistance (ANACR) et de l'Amicale des anciens volontaires français en Espagne républicaine. Le 13 septembre 2002, un hommage national présidé par Jacques Chirac lui est rendu aux Invalides. Il repose à Monteaux (Loir-et-Cher). Le 23 août 2004, une avenue du Colonel-Henri-Rol-Tanguy est inaugurée dans le 14e arrondissement de Paris à l'occasion du soixantième anniversaire de la libération de Paris. Cette avenue n'est en fait qu'une courte voie de quelques dizaines de mètres de long, insérée dans une partie de la place Denfert-Rochereau. Dans le film Paris brûle-t-il ?, son rôle est interprété par Bruno Cremer.

Carte interactive : "Ici est tombé" pour la Libération de Paris

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Il y a 70 ans, Paris se soulevait contre l'occupant allemand. Durant une semaine, les combats sont violents dans les rues de la capitale, faisant quelques milliers de morts. Retrouvez, grâce à notre carte interactive, la trace de ces héros méconnus.

Carte interactive : "Ici est tombé" pour la Libération de Paris

La bataille pour libérer Paris débute le 19 août 1944. Des milliers de personnes participent à l’insurrection, qui prend fin le 25 août. Plus de 500 civils, quelque 1 000 membres des Forces françaises de l’intérieur (FFI) et une centaine de soldats de la 2e Division blindée du général Leclerc y trouvent la mort.

Aujourd’hui, des plaques commémoratives disséminées un peu partout dans la capitale rappellent leur sacrifice. France 24 a choisi de raconter l’histoire de dix de ces héros méconnus. Cliquez sur l'image pour découvrir notre carte interactive.

Jean Montvallier-Boulogne, FFI 60, boulevard Saint-Michel

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Jean Montvallier-Boulogne

Le 25 août, dans le quartier latin, les combats font toujours rage. Des FFI et des soldats de la 2e division blindée donnent l’assaut à l’École des Mines, sur le boulevard Saint-Michel, pour déloger des soldats allemands. Ancien combattant en 1940, Jean Montvallier-Boulogne s’abrite tant bien que mal derrière un char français.

Vers 15 heures, il tente de traverser le boulevard pour lancer des grenades vers les forces ennemies. Mais le jeune homme de 24 ans est atteint par une rafale de mitraillette. Il est tué sur le coup. Il sera homologué comme FFI à titre posthume après la guerre.

Auguste Fenioux, dit Jacques Francisco, caporal-chef de la 2e DB 60, rue de Seine

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Cette plaque située dans le quartier latin comporte plusieurs erreurs. Jacques Francesco s’appelait en réalité Auguste Fenioux, alias Francisco, et il n’est pas mort le 24 août, mais le lendemain. Originaire de la Vienne, ce fils d’agriculteur fait partie du 14e régiment de tirailleurs algériens au début de la guerre. Après la défaite, il décide de se rendre en zone libre et de se réengager. Il rejoint les Forces françaises libres, où il est affecté au 3e bataillon du régiment de marche du Tchad.

Au sein de la 2e division blindée du général Leclerc, Auguste Fenioux débarque en France le 1er août 1944 sous le nom de guerre de Jacques Francisco. Après avoir combattu en Normandie, il entre dans Paris le 25 août. Le caporal-chef prend alors position rue de Seine pour chasser des miliciens, mais il s’effondre, atteint d’une balle au thorax. Il est déclaré mort en début d’après-midi. En raison de la confusion sur son nom, sa famille ne recevra son avis de décès qu’en février 1948.

Simone Jaffray, agente de liaison 18, rue Jacquemont

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Lors de la Libération de Paris, les femmes sont nombreuses à participer à la bataille. Elles s’occupent des blessés, ravitaillent les combattants et prennent aussi les armes. Simone Jaffray, née Collet, fait partie de ces résistantes. Le 20 août 1944, cette agente de liaison de l’état-major des FFI et des FTP (Francs-tireurs et partisans) est chargée de porter des ordres dans le XVIIe arrondissement.

Elle traverse le quartier des Batignolles où ont lieu des combats. Elle s’effondre, mortellement blessée, devant le 18, rue Jacquemont. Son décès est constaté lors de son arrivée à l’hôpital Bichat. Dirigeante de l’Entente sportive du XVIIIe arrondissement, un gymnase porte aujourd’hui son nom à Champigny-sur-Marne.

Henri Caron, chef de char 168, rue du Temple

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Lorsque le 3 août 1944, il foule pour la première fois depuis quatre ans le sol de France, l’adjudant Henri Caron (et non Carron comme indiqué sur la plaque) se signe et embrasse le sable normand. Ce chef de char, engagé dans les FFI et membre de la 2e division blindée du Général Leclerc, fait partie des premiers à entrer dans Paris quelques semaines plus tard, le 24 août. Les Parisiens se précipitent pour embrasser leurs libérateurs sur la place de l’Hôtel-de-Ville. Mais la joie est de très courte durée.

À bord du Romilly, Henri Caron est envoyé le lendemain vers la place de la République pour déloger des soldats allemands. Le militaire, âgé de 29 ans, sort de son char pour se rendre compte de la situation. Il est alors fauché aux jambes par une rafale tirée de la fenêtre d’un appartement. Grièvement blessé, il décède quatre jours plus tard à l’hôpital Saint-Louis.

Georges Bailly, étudiant en pharmacie Rue de Rivoli

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Fils de pharmacien, Georges Bailly se destine au même métier que son père. Au début de la bataille de Paris, cet étudiant décide tout naturellement de se porter au secours des résistants. Au sein d’une équipe de secouristes, il ramasse les morts et les blessés au fil des combats.

Le 25 août, le brancardier décide lui aussi de prendre les armes. Près de la place de la Concorde, vers les dernières arcades de la rue de Rivoli, ce grand blond court pour rejoindre des camarades. Il est alors mortellement atteint par une rafale, visiblement touché en plein cœur.


Émile Plaisant, FFI 61, rue des Morillons

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Le 24 août, alors que les premiers soldats de la 2e division blindée du Général Leclerc viennent d’atteindre l’hôtel de ville de Paris, les forces allemandes en profitent pour tenter de déloger les FFI de l’escadron Vaugirard. Ces derniers occupent les abattoirs du même nom, situés dans la rue des Morillons. Les combats, très violents, durent toute la nuit.

Les assaillants finissent par se retirer, mais dans les rangs des FFI, deux morts sont à déplorer. Parmi eux, Émile Plaisant, âgé de 34 ans. Père de trois enfants, il sera cité à titre posthume à l’ordre de la division par le général Kœnig, commandant en chef des FFI : "Combattant, volontaire, animé du sens le plus élevé du devoir et l’esprit de sacrifice".

Gustave Pommier, FFI 70, rue du Père-Corentin

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Au début de la guerre, Gustave Pommier est mobilisé au sein du 150e régiment d’infanterie. Après la défaite française, le parcours du jeune homme est assez flou. Quatre ans plus tard, on le retrouve au sein de la 8e division de francs-tireurs. Ces résistants effectuent depuis 1940 des actions contre l’occupant dans les quartiers sud de Paris.

Lors de l’insurrection, Gustave Pommier, surnommé "Arthur", est envoyé le 21 août à Vincennes, sa ville d’origine, pour récupérer une voiture prise à l’ennemi. Mais les Allemands l’arrêtent rue de la Voie-Verte (aujourd’hui rue du Père-Corentin). L’ancien soldat français, âgé de 26 ans, est violemment battu sur le trottoir, puis fusillé. Son corps ne sera retrouvé qu’après la fin des combats sous un tas de sable, à quelques rues de là.

Michel Guillois, sous-brigadier 35, avenue de l’Opéra

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Quelques heures après le début de l’insurrection, une trêve est conclue le 19 août en fin de journée, par l’intermédiaire du Consul général de Suède, entre les forces allemandes et les membres de la Résistance. Le lendemain, des groupes de FFI, accompagnés de soldats allemands, doivent annoncer la trêve aux combattants.

Michel Guillois, un sous-brigadier du commissariat du XIVe, est chargé de cette mission dans le quartier de l’Opéra, avec trois de ses collègues. Installé à l’arrière du véhicule, cet homme de 45 ans, père de cinq enfants, est mortellement atteint par deux balles. Pas encore averti de la trêve, une sentinelle, qui se tenait sur le balcon de la Kommandantur, située dans un immeuble en face de l’Opéra, a ouvert le feu.

Jean-Claude Touche, secouriste Rue de Rivoli

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Depuis 1943, Jean-Claude Touche fait partie des secouristes de la Croix-Rouge. Lors de l’insurrection, il s’occupe de relever les blessés, selon les missions qui lui sont confiées au comité du VIIIe arrondissement. Le 25 août, dans l’après-midi, le jeune homme de 18 ans est appelé à un poste de secours près de la place de la Concorde, sous les arcades de la rue de Rivoli.

Avec une autre infirmière, Madelaine Brinet, ils aperçoivent alors des corps sur le trottoir d’en face. Les deux membres de la Croix-Rouge se précipitent, mais ils sont aussitôt fauchés par les tirs d’une mitrailleuse allemande. La jeune femme est tuée sur le coup, tandis que Jean-Claude Touche est gravement blessé à l’abdomen. Il décède quatre jours plus tard à l’hôpital.

Henri Mosmeau, gardien de la paix Grand Palais

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Dès le 19 août, la police parisienne se soulève contre l’occupant allemand. Dans le commissariat du VIIIe arrondissement, situé dans le Grand Palais, les forces de l’ordre se sont jointes aux résistants. Le 23 août au matin, l’un de ces policiers tire sur un convoi allemand qui passe sur les Champs-Élysées. La réplique ne se fait pas attendre : des chars et des camions de la Wehrmacht prennent position autour du bâtiment et commencent à attaquer.

Un car de police avec une dizaine de gardiens de la paix arrive en renfort des assiégés. Il est tout de suite pris pour cible. L’un d’entre eux, Henri Mosmeau, 28 ans, s’écroule à terre, mortellement touché. Père de deux petites filles, il était affecté à ce commissariat depuis 1941.

Décès de Suzanne Lefort, une des héroïnes du débarquement de Provence

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La France a perdu une de ses figures historiques en cette année de commémorations. Soixante-dix ans, presque jour pour jour, après avoir débarqué à Cavalaire le 20 août 1944, en tant qu'ambulancière, Suzanne Lefort-Rouquette est décédée le 17 août à Hyères (Var) à l'âge de 101 ans, a annoncé mercredi sa famille dans le carnet du Figaro.

 

Suzanne Lefort-Rouquette, une des héroïnes du débarquement de Provence,ici aux côtés de son mari, le général Jacques Lefort

Suzanne Lefort-Rouquette, une des héroïnes du débarquement de Provence,ici aux côtés de son mari, le général Jacques Lefort

Suzanne Rouquette, qui commandait alors le bataillon médical de la 9e division d'infanterie coloniale, a ensuite été blessée grièvement dans les Vosges fin 44 et amputée d'une jambe.

Commandeur de la Légion d'honneur et titulaire de la Croix de guerre avec plusieurs citations, elle avait écrit un livre de souvenirs («Des ambulancières dans les combats de la Libération») et épousé en 1945 un capitaine d'un bataillon de choc rencontré lors du débarquement de Provence. Celui-ci deviendra le général Jacques Lefort.

Engagée à 20 ans dans l'armée française en Algérie, elle prend en charge en 1943, au sein de la première armée française du général de Lattre de Tassigny, la direction du 25e bataillon médical de la 9e division d'infanterie coloniale (DIC), avec trente conductrices et autant d'ambulancières sous ses ordres. Elle est sur la ligne de front en Corse, sur l'île d'Elbe puis prend part au débarquement de Provence.

«On aurait donné notre peau pour sauver la France»

«Les filles étaient toutes volontaires, de tous les âges et de tous les milieux. Il y avait des filles de colonel, de docteur, de colon, une repasseuse, une Juive, une Arabe. On aurait donné notre peau pour sauver la France», a-t-elle écrit.

C'est à la suite de sa grave blessure, dans les Vosges, qu'elle reçut la Légion d'honneur, couchée sur un brancard. Envoyée en convalescence à Hyères, elle y épouse Jacques Lefort en septembre 1945. Ils eurent un fils et cinq petits-enfants.

Suzanne Lefort quitta le service actif en 1947 pour suivre son mari, en Indochine, au Laos, en Algérie.

«Elle a créé des dispensaires, des léproseries», a dit à nicematin.com sa petite-fille Isabelle, en évoquant «une femme d'exception, qui n'avait pas froid aux yeux et était un modèle».

Suzanne Lefort-Rouquette fut également très active dans le milieu associatif, à l'AGPM (Association générale de prévoyance militaire), à la Croix-Rouge, à l'ANFOC (Association nationale des femmes d'officiers de carrière) et au cercle algérianiste de Toulon notamment.

OAS: décès de l'activiste Pierre Lagaillarde

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Pierre Lagaillarde, qui avait été l'un des chefs de l'OAS contre l'indépendance de l'Algérie, est décédé dimanche à Auch, à l'âge de 83 ans, a appris l'AFP aujourd'hui auprès de la mairie de la ville gersoise.

OAS: décès de l'activiste Pierre Lagaillarde

Ce partisan de l'Algérie française, avait été en janvier 1960 l'un des principaux dirigeants de l'insurrection armée dite "semaine des barricades" à Alger, organisée notamment par des militaires opposés à la politique d'autodétermination définie par le général de Gaulle. Ce fils d'avocats français établis à Blida (50 km au sud d'Alger) était auparavant monté à l'assaut du gouvernement général d'Alger, lors du putsch du 13 mai 1958. Cela avait valu à cet ancien parachutiste, quelques mois plus tard, d'être élu député d'Alger sur un programme "Algérie française".

Après la reddition des insurgés en 1960, Lagaillarde avait été incarcéré pendant neuf mois à Paris puis libéré. Réfugié en Espagne en décembre 1960, il fut condamné par contumace à 10 années de détention en mars 1961. C'est cette année-là qu'avait été fondée en Espagne l'Organisation de l'armée secrète (OAS), en vue d'empêcher par les armes l'inéluctable indépendance de l'Algérie, acquise finalement le 5 juillet 1962. 

En 1968, gracié par le président de Gaulle, Lagaillarde rentre en France et s'établit à Auch (Gers) où il reprend sa profession d'avocat. Il deviendra en 1975 premier bâtonnier de la ville.


Lagaillarde Pierre

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Pierre Lagaillarde, né le 15 mai 1931 à Courbevoie (France) et mort le 17 août 20141 à Auch (Gers), est un ancien avocat et député (sans étiquette) du département d'Alger, activiste nationaliste et anti-indépendantiste partisan du maintien du statu quo des départements français d'Algérie (Algérie française) pendant la Guerre d'Algérie (1954-1962).

Lagaillarde Pierre

Il est l'instigateur d'insurrections révolutionnaires à Alger que sont d'une part le coup du 13 mai 1958 qui aboutit à la chute de la IVe République et d'autre part la semaine des barricades en janvier 1960 qui le mène à son arrestation. Il est par ailleurs le cofondateur (avec Jean-Jacques Susini) de l'OAS en exil clandestin à Madrid en décembre de la même année. Condamné par contumace pour rébellion contre l'État à la suite de l'affaire des barricades, il bénéficie de la loi d'amnistie générale en 1968 et s'installe à Alicante sur la côte espagnole. À l'époque s'y est établie une importante communauté de Pieds-Noirs exilés, par suite aux vagues de rapatriements des Français d'Algérie correspondant aux accords de cessez-le-feu et à l'imminence de l'indépendance algérienne entre mars et juillet 1962.

Selon le Time Magazine du lundi 8 février 1960, Pierre Lagaillarde (âgé de 28 ans) aurait déclaré: « Je suis peut-être un fasciste, mais je ne suis pas un réactionnaire. Mon arrière-grand-père était sur les barricades. Je suis un authentique révolutionnaire ! ». Toujours selon la même source, l'ancêtre républicain de Lagaillarde serait mort à Paris en 1851 en tentant de défendre la Seconde République durant le coup d'État du 2 décembre ayant porté au pouvoir Louis Napoléon; durant la Révolution française de 1848, et sous le régime monarchique de l'empereur Napoléon III, de nombreux opposants républicains de métropole sont déportés en Algérie (le terme contemporain était « transportés ») où ils font souches. Il est âgé d'un an quand ses parents, tous deux avocats, quittent la métropole pour venir s'installer dans le Département d'Alger en 1932. Il suit des études de droit à l'Université d'Alger.

Il exerce le métier d’avocat à la cour de Blida, département d'Alger. En 1968, après avoir été gracié par Charles de Gaulle, Pierre Lagaillarde s'établit à Auch (Gers) où il reprend son activité d’avocat. Il devient premier bâtonnier de la ville en 1975. Il effectue son service militaire durant la guerre d'Algérie et est démobilisé en 1957 avec le grade de sous-lieutenant et devient officier subalterne parachutiste de réserve. En 1957, il prend la présidence de l'Association Générale des Étudiants d'Algérie (A.G.E.A.). Le 13 mai 1958, il est un élément clé du putsch d'Alger et bénéficie de la complicité d'autres insurgés tels Jacques Roseau et Robert Martel mais aussi de cadres de l'armée en Algérie. C'est ainsi au volant d'un camion GMC des parachutistes qu'il défonce la grille interdisant l'accès au bâtiment du Gouvernement Général de l'Algérie (GG du Forum d'Alger) et permet ainsi à l'insurrection populaire de gagner le bâtiment du Ministre de l'Algérie résident, Robert Lacoste alors à Paris, et de le mettre à sac. À la suite de la prise temporaire du commandement civil et militaire en Algérie par le général Jacques Massu, Pierre Lagaillarde devient membre du Comité de salut public (1958) d'Alger présidé par le général Raoul Salan.

Plus tard la même année, en novembre, Pierre Lagaillarde se présente comme député sans étiquette (ou groupe des non-inscrits) et est élu pour la 1ère circonscription d'Alger-ville. Il a exercé son mandat du 30 novembre 1958 au 5 mai 1961, date de sa déchéance. En janvier 1960, opposé à la proposition d'autodétermination du président Charles de Gaulle, et à la suite du rappel à Paris du général Massu, Lagaillarde prend la tête, avec d'autres tels que Joseph Ortiz, d'un second mouvement insurrectionnel à Alger, celui-ci connu sous le nom de la semaine des barricades. Mis aux arrêts le 1er février, il est envoyé en métropole et incarcéré à la prison de la Santé à Paris après que son immunité parlementaire fut levée. Début novembre 1960 débute le "procès des Barricades", remis en liberté sur parole, le temps du procès, il en profite pour s'exiler à Madrid où il rejoint le général Raoul Salan et Jean-Jacques Susini. Ensemble ils fondent l'OAS (Organisation Armée Secrète), le 3 décembre de la même année.

Il est condamné par contumace en mars 1961 à dix ans de réclusion criminelle, et déchu de son mandat de député le 5 mai 1961. Il bénéficie de la loi d'amnistie en 1968. Pierre Lagaillarde a été responsable de l'économat à la fin 1966 puis surveillant général du Lycée Français d'Alicante (LFA); son épouse y a été professeur. Cet établissement scolaire privé, financé par le mécénat de certains Français d'Algérie exilés, s'est ouvert en octobre 1962 sous l'appellation "Nouvelle École Française". Pierre Lagaillarde meurt le 17 août 2014 à Auch dans le Gers l’âge de 83 ans.

Fondation Chagnon

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La Fondation Chagnon est une organisation philanthropique privée à but non lucratif qui a pour mission de prévenir la pauvreté en contribuant à la réussite éducative des jeunes Québécois, de 0 à 17 ans.

Lucie et André Chagnon

Lucie et André Chagnon

L'institution voit le jour en 2000. Son fondateur, André Chagnon, qui a été aussi le fondateur de la compagnie de câblodistribution Vidéotron, a investi en 1988 une partie de ses avoirs dans le secteur de la philanthropie en créant une fiducie qui deviendra la Fondation Lucie et André Chagnon.

Son épouse et partenaire, Lucie Dolan-Chagnon, meurt à 84 ans le 17 août 2014. La fondation s'occupent de divers programmes concernant le développement de l'activité physique chez des enfants de milieux défavorisés ou issus de milieux vulnérables, ainsi que de la persévérance scolaire au Québec.

Chagnon André

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André Chagnon (Montréal, 1928 - ) est un homme d'affaires québécois. 

 

Lucie et André Chagnon

Lucie et André Chagnon

Il est le fondateur de l'entreprise de câblodistribution Vidéotron, la plus importante du genre au Québec. Il utilise les fonds de la vente de Vidéotron pour créer la Fondation Lucie et André Chagnon. Cette Fondation entend mener des projets visant à prévenir la maladie et la pauvreté. Son épouse et partenaire, Lucie Dolan-Chagnon, meurt à 84 ans le 17 août 2014.

Libération de Paris : l'hommage de Valls aux policiers insurgés

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Récit - Le Premier ministre a lancé ce mardi une semaine de célébrations du 70e anniversaire de la Libération de la capitale.

Bernard Cazeneuve et Manuel Valls lors des cérémonies commémorant mardi le soulèvement de la préfecture de police de Paris en août 1944

Bernard Cazeneuve et Manuel Valls lors des cérémonies commémorant mardi le soulèvement de la préfecture de police de Paris en août 1944

Soixante-dix ans jour pour jour après le début de la Libération de Paris, la préfecture de police de Paris accueillait ce mardi la première cérémonie de commémoration d’une série qui s’achèvera lundi 25.

Dans la grande «Cour du 19 août», les espaces sont balisés. Commissaires et officiers, en uniforme foncé, se tiennent à côté des élus et des officiels. En face, les porte-drapeaux – certains s’aident d’une canne – sont à proximité des anciens combattants. Plus au centre, une petite tonnelle blanche abrite le pupitre installé pour Manuel Valls. Il est 10h45 et chacun cherche sa place, dans un brouhaha maîtrisé. Les chargés de communication s’assurent que tout soit prêt : «Serrez-vous au maximum», somme l’un d’entre eux aux nombreux journalistes parqués. Entre deux airs entonnés par la fanfare, dont une Marseillaise, les spectateurs attendent.

L’air grave, Manuel Valls, Bernard Cazeneuve et Anne Hidalgo s’avancent dans l’arène de bitume. Le Premier ministre, bien bronzé, et le ministre de l’Intérieur font le tour de la cour, passant en revue les troupes. Puis, accompagnés de la maire de Paris, ils déposent des gerbes de fleurs devant les monument aux morts et se recueillent quelques instants, chacun à leur tour. Après qu’ils ont tous trois traversé la cour pour venir se placer près des élus, un homme s’avance, leur fait face et entonne le «Chant des partisans». «C’est froid, c’est froid !» note une spectatrice, presque mal à l’aise de voir l’homme seul au milieu de la place vide. L’instant est solennel et le chanteur repart dans le silence. Pour beaucoup, croisés au cocktail après la cérémonie, ce moment aura été le plus fort de la matinée.

«UN MESSAGE QUE NOUS DEVONS ENTENDRE»

La star du jour est Manuel Valls – il est rare qu’un premier ministre soit présent à cette cérémonie – mais dans l’assistance, certains estiment aussi que «le spectacle est dans la salle». La présence de Nathalie Kosciusko-Morizet, défaite à la municipale parisienne de mars, ne passe pas inaperçue. Quand Manuel Valls prend place au pupitre, certains photographes en profitent pour faire quelques clichés du premier rang, où elle se tient, quitte à tourner le dos au Premier ministre qui commence son discours.

Une allocution plutôt sobre et consensuelle: «L’histoire de cette maison est une histoire glorieuse», déclare Manuel Valls. Et de rappeller comment, dès le matin du 19 août 1944, des policiers insurgés ont refusé de prendre leur poste, marquant le début de la Libération de Paris. «Les policiers n’ont écouté que leur cœur et leur conscience», ajoute-t-il. Entre le 19 et le 25 août 1944, 167 fonctionnaires sont tombés pour la France.

L’Histoire a même inspiré au Premier ministre un message pour aujourd’hui : «Face à l’adversité, un peuple, s’il sait se rassembler, peut reprendre en main son destin.» Il précise : «Même si les défis d’aujourd’hui n’ont rien à voir avec ceux d’hier, il y a là un message que nous devons entendre.»

Libération de Paris : pourquoi il n'y a (presque) pas de Noirs sur les photos

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HISTOIRE Les photos de 1944 représentent rarement des soldats noirs, victimes de la politique ségrégationniste américaine, jusque dans la 2e DB du général Leclerc.

 

Le général de Gaulle accompagné de Georges Bidault et d'Alexandre Parodi, sur les Champs-Elysées, en août 1944. A droite, en chemise, Georges Dukson, un soldat d'origine gabonaise

Le général de Gaulle accompagné de Georges Bidault et d'Alexandre Parodi, sur les Champs-Elysées, en août 1944. A droite, en chemise, Georges Dukson, un soldat d'origine gabonaise

«C’est la seule image de notre fonds où l’on voit un soldat noir.» La seule sur les 1 500 photographies collectées par François Boucher, le commissaire de la première exposition consacrée à la Libération de Paris présentée le 11 novembre 1944 au musée Carnavalet. Soixante-dix ans plus tard, à l’occasion de la date anniversaire du départ des troupes allemandes de la capitale, la ville de Paris propose des dizaines d’animations et d’expositions. Le musée Carnavalet a donc eu l’idée de se replonger dans le fonds collecté par François Boucher, et de refaire l’exposition qu’il avait réalisée à chaud en 1944, avec le regard qu’on porte aujourd’hui sur la Libération de Paris. Un regard différent, où il est question des oubliés de cette bataille, et grâce auquel on aperçoit une photo surprenante: celle d’un soldat noir au milieu d’une foule de prisonniers allemands, lors de la reddition de la Kommandantur. L’image interpelle par sa rareté et son poids historique. Car selon Catherine Tambrun, commissaire de l’exposition «Paris libéré, Paris photographié, Paris exposé», cet homme serait «l’un des rares soldats noirs qui n’a pas été touché par les exigences américaines de "blanchir" l’armée de libération».

UNE SÉGRÉGATION IMPOSÉE PAR LES ETATS-UNIS

«Pourquoi cette photographie n’a-t-elle pas été exposée en 1944 ? s’interroge Catherine Tambrun devant le panneau qu’elle lui a consacré. En la voyant, on se pose la question. D’autant plus que la qualité est bonne.» Lors de l’inventaire du fonds collecté par François Boucher en 1944, la photographie l’a immédiatement interpellée. «Elle ne figure sur aucune des représentations de panneaux que nous gardons de l’exposition de novembre 1944, explique-t-elle. Mais nous ne pouvons affirmer qu’elle n’y était pas, puisqu’il nous manque deux panneaux, qui n’ont pas été photographiés. La logique de l’époque, ce n’était pas d’évincer ces images volontairement.» C’est simplement que les soldats noirs étaient peu nombreux à Paris en août 1944, et ce même s’ils représentaient plus de 60% des armées françaises.

Presse Libération FFI, 25 août 1944. Reddition de la Kommandantur : des prisonniers allemands escortés par des résistants et des soldats de la 2e DB, avenue de l’Opéra, IXe arrondissement

Presse Libération FFI, 25 août 1944. Reddition de la Kommandantur : des prisonniers allemands escortés par des résistants et des soldats de la 2e DB, avenue de l’Opéra, IXe arrondissement

Et c’est bien leur absence qui surprend les visiteurs de l’exposition. Car l’histoire du «blanchiment» des armées françaises, et en particulier celui de la deuxième division blindée du général Leclerc (2e DB), unité chargée de libérer Paris de l'occupant allemand, est encore peu connue. Tout comme celui des armées américaines. «En 1943, c’est un fait, les Américains ont envoyé à la division Leclerc des directives ségrégationnistes, explique l’historienne spécialiste de la Seconde Guerre mondiale Christine Levisse-Touzé. Il faut toutefois préciser que lorsque Leclerc crée cette division près de Casablanca, c’est un rebelle. Il rompt le sacro-saint principe d’obéissance à l’armée française et se retrouve dans l’obligation d’appliquer les directives américaines, puisque ce sont les Etats-Unis qui équipent et instruisent la 2e DB.» Mais en 1943, les Américains pratiquent encore une politique ségrégationniste sur leur sol, y compris dans leurs armées. Ce n’est qu’en 1948 que le président américain Harry Truman ordonnera la déségrégation de l’armée américaine. Jusque-là, les Américains «jugent que les Noirs ne sont pas utilisables partout, et surtout pas dans une division blindée, telle que celle du général Leclerc». En conséquence, le général Leclerc se sépare des 3 603 citoyens de l’empire que compte alors sa division. Tous se retrouvent contraints de choisir entre la démobilisation et l’intégration d’une division d’infanterie. Tous sauf un : Claude Mademba Sy, tirailleur sénégalais et pupille de la nation, décédé en avril 2014. «C’est parce qu’il a fait des études et grâce à son statut de citoyen français, et non de citoyen de l’empire, qu’il a pu rester jusqu’au bout», précise Christine Levisse-Touzé.

Claude Mamba Sy en 1945

Claude Mamba Sy en 1945

L’œil averti, l’historienne affirme ainsi que le soldat de l’image exposée au musée Carnavalet ne faisait pas partie de la 2e DB, contrairement à ce qu’on pourrait croire en lisant la légende du catalogue de l’exposition. «C’est tout simplement impossible. Il n’y en avait qu’un d’origine africaine, et c’était Claude.» Elle avance l’hypothèse qu’il s’agirait d’un soldat de la 4e division américaine. «Sans doute un chauffeur américain, car les Etats-Unis n’auraient pas permis à un Noir de combattre au sein de la 4e. Pour prendre les armes dans une armée américaine, il fallait être instruit.» Elle affirme cependant que cette image, dont il est difficile de connaître l’histoire, est loin d’être la seule représentant des soldats noirs lors de la Libération de Paris, et ce «même s’il n’y a pas pléthore de photographies». Outre ce personnage mystérieux, Claude Mademba Sy et Georges Dukson, un Gabonais membre des Forces françaises de l’intérieur (FFI), surnommé «le Lion noir du XVIIe», ont eux aussi été photographiés dans la capitale en août 1944. En fouillant dans ses archives, celle qui s’est spécialisée sur le rôle des citoyens de l’empire durant la Seconde Guerre mondiale retrouve une dizaine de photos de ce type.

Mais si l’on en croit un article d’Eric Lafon, conservateur au musée de l’Histoire vivante, tous n’étaient pas les bienvenus sur les photographies. Georges Dukson aurait ainsi été contraint de sortir du cadre de la photo, ou au moins, de s’éloigner du général de Gaulle qui se trouvait alors à ses côtés. «Sur une image [de Serge de Sazo], on voit un sous-officier français "inviter" Dukson à quitter le cortège. Mes recherches d’autres images vont confirmer que ce combattant de la libération de Paris a été sorti manu militari du cortège par ceux qui font office de service d’ordre.» Une volonté de l’écarter qu’Eric Lafon ne parvient pas à expliquer.

UN SUJET ENCORE SENSIBLE

Christine Levisse-Touzé tout comme Catherine Tambrun se veulent prudentes sur ce sujet, encore très sensible outre-Atlantique. Au musée Carnavalet, on note qu’un blog américain critique de manière virulente l’exposition à cause de l’unique photo de soldat noir et du panneau consacré aux Alliés. «La description du rôle des Américains lors de la libération de Paris ne parle que de l'"ironie" du comportement raciste et criminel de nos soldats (et citoyens)», explique le journaliste auteur du blog, qui ajoute que «durant la même période, la France était tout aussi raciste que les Etats-Unis en termes de brutalité de traitement de ses colonies en Algérie», pointant du doigt le rôle du général de Gaulle.

Si le blanchiment de l’armée américaine et de la 2e DB ne fait aucun doute, le comportement du général de Gaulle vis-à-vis des alliés et des citoyens de l’empire divise encore les chercheurs. Christine Levisse-Touzé insiste d’ailleurs sur le fait que «c’est éminemment faux que de Gaulle ne voulait pas de Noirs aux portes de Paris», appuyant son argument sur le défilé du 18 juin 1945, où les troupes de l’empire étaient présentes. Elle tient à dénoncer «les raccourcis faits dans certains articles, comme celui de la BBC (publié en 2009), qui ne prennent pas en compte la situation de l’époque, où la Force libre était soumise aux ordres des Américains». Reste que les photos représentant des soldats noirs sont rares, qu’ils soient Américains ou citoyens de l’empire.

Cette image, découverte dans un autre fonds photographique et réalisée par Jean-Marie Marcel en août 1944, représente une femme soldat d’origine afro-américaine juchée sur un char à Paris. Difficile d’en connaître l’histoire, tant la photographie étonne quand on comprend quelle était la politique de l’époque. Interrogée sur cette photo, Christine Levisse-Touzé nous confie qu'elle ne l’avait jamais vue auparavant

Cette image, découverte dans un autre fonds photographique et réalisée par Jean-Marie Marcel en août 1944, représente une femme soldat d’origine afro-américaine juchée sur un char à Paris. Difficile d’en connaître l’histoire, tant la photographie étonne quand on comprend quelle était la politique de l’époque. Interrogée sur cette photo, Christine Levisse-Touzé nous confie qu'elle ne l’avait jamais vue auparavant

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