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Agoudat Israel

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Agoudat Israel (« Union d'Israël ») est un parti politique juif fondé en 1912 à Katowice (Pologne actuelle, à l'époque Empire russe) comme bras politique du judaïsme orthodoxe. 

Agoudat Israel

Il existe aujourd'hui en tant que parti politique en Israël, mais aussi au niveau international sous la dénomination World Agudath Israel Federation. Le parti est centré autour d'un "Conseil des Grands (ou des Sages) de la Torah", composé des plus grands rabbins représentants les courants qui ont créé le parti. Ce conseil est non-élu. Il peut y avoir deux façon de devenir membre du conseil :

  • la cooptation, ou les membres en fonction choisissent un nouveau membre parmi les rabbins de haut rangs,
  • la nomination, ou une structure membre de l'Agoudat (par exemple une communauté hassidique) désigne souverainement son représentant, en pratique son chef.​

On note aussi, à certaines époques, l'influence déterminante sur les décisions de l'Agoudat de rabbins prestigieux extérieurs aux structures du parti (le Hazon Ish dans les années 1940-50, par exemple). L'influence des élus du parti n'est pas nulle, mais est subordonnée au conseil des sages. L' Agoudat a été créé en 1912 par une coalition de groupes relevant du judaïsme orthodoxe. Chacun de ces groupes a ses propres options et une large autonomie idéologique. Cela est dû à la structure même du judaïsme orthodoxe, qui n'a pas de direction centralisée. Chaque rabbin important a donc ses fidèles. C'est particulièrement vrai chez les Hassidim, très éclatés sur un modèle quasiment féodal. L' Agoudat est le porte-parole de cette coalition de rabbins influents, et en aucun cas il n'est l'émanation de ses militants ou ne peut imposer un avis aux groupes qui le composent.

Il s'agit d'organiser les juifs religieux dans les États non juifs d'Europe orientale, comme force de pression politique. L'idée force est de refuser (plus ou moins largement selon les obédiences) la modernité, de préserver un mode de vie traditionnel assez largement centré sur la communauté, et aussi isolé que possible de l'environnement non religieux. Il s'agit aussi de lutter contre les « modernistes » au sein du judaïsme : réformés, sionistes, libéraux, socialistes, anarchistes, etc. Les sociologues israéliens font souvent une distinction entre les laïques (peu intéressés par la religion, mais pas forcément anti-religieux), les traditionalistes (pratique religieuse partielle), les orthodoxes (pratique religieuse stricte, mais immersion dans le monde moderne) et les ultra-orthodoxes, ou haredim, ou craignant-dieu (pratique religieuse stricte, large refus de la modernité, volonté de séparatisme social fort : vêtements spécifiques, quartiers spécifiques, institutions religieuses spécifiques). Les haredim ne se définissent pas eux-mêmes comme des ultra-orthodoxes, mais comme des juifs haredim ("les tremblants", au sens de "ceux qui tremblent devant Dieu", ou "les Craignants-Dieu").

Les orthodoxes et les haredim ne diffèrent pas d'un point de vue théologique, mais dans leur mode de vie et leurs orientations politiques. Lors de la création de la Agouda il y avait trois tendances dans ses adhérents potentiels : les Juifs de l'Europe de l'Ouest, disciples de R. SH.R. Hirsch, de la mouvance : "Torah Im Derekh Erets, c'est-à-dire insérés dans la société moderne. Ceux d'obédience Hassidique, qui étaient moins insérés dans la culture occidentale, vivant surtout en Pologne, et le courant tenant des Yeshivoth, les Lituaniens. Lors de la réunion fondamentale de Katowice, en 1911, un des grands rabbins qui dirigeait, R. Hayim Soloveitchik de Brisk: déclara : « Il ne s'agit pas d'unifier mais de s'unir ». donc la différence entre orthodoxes et Harédim n'était pas un problème.

Parti mondial, avec des antennes en Palestine, aux États-Unis ou dans d'autres pays européens, Agoudat Israel avait, entre les deux guerres mondiales, comme principale zone de force la Pologne. Le parti y a obtenu, le plus souvent via des coalitions électorales, des élus au Parlement polonais. Un ouvrage scientifique de référence a été consacré à cette période: Gershon C.Bacon, The Politics of Tradition: Agudat Israel in Poland, 1916-1939, The Magnes Press, Jerusalem, 1996, (ISBN 978-965-223-962-4).

Pour en savoir plus, voir le chapitre Antisionisme juif. Ce qui a été déterminant pour l'union des orthodoxes de la Agouda, a été que lors du Vème Congrès sioniste, il a été décidé de mettre en place un programme éducatif nationaliste laïc. Le sionisme politique laïc a considéré le retour à Sion, comme une nouvelle dimension du Peuple Juif. Le Nationalisme devient non pas uniquement un moyen d'avoir un foyer national, mais un idéal en soi. La Agouda s'est opposée à cette conception. Le Mizrahi, a donné une dimension sacrée à l'État Juif. Là aussi la Agouda a considéré que l'idéal national ne peut remplacer l'idéal religieux. Le Rav Hayim Soloveitchik de Brisk déclara: Même si nous avons eu l'idée de pousser nos disciples à construire le pays, nous ne pouvons nous associer à des dirigeants qui s'opposent à la religion" (cité par Y.Friedner, in Histoire des dernières générations).

Le sommet de cet affrontement verra l'assassinat par la Haganah d'un des dirigeants de l'Agoudat en Palestine, Jacob Israël de Haan, le 1er juillet 1924, parce celui-ci proposait une coopération avec les Arabes contre le sionisme laïc. À compter de 1922 est créé Poale Agoudat Israël (PAI), à l'origine branche "ouvrière" de l'Agoudat, mais qui finira par prendre une large autonomie (phénomène classique dans une ultra-orthodoxie très balkanisée entre chefs religieux). Le PAI prendra assez rapidement des positions plus ouvertes sur le sionisme (tout en critiquant son côté trop laïque). Il créera aussi des kibboutzim et des mochavim sur le modèle des sionistes socialistes.

La pression sur le judaïsme est-européen devient très forte : Allemagne, Pologne, Hongrie, ont des politiques hostiles aux juifs. La direction de l'Agoudat (basée en Europe orientale), décide d'augmenter l'émigration vers la terre sainte, et pour cela accepte une collaboration limitée avec les sionistes, mais qui n'est pas un ralliement. C'est en effet l'Agence juive qui avait le monopole de la distribution des certificats d'immigration pour la Palestine mandataire attribués par les Britanniques. En 1937, se tient à Marienbad une réunion extraordinaire des dirigeants de la Agouda. Ils concluent les débats en appelants tous les Juifs du monde à participer à la construction du Pays selon l'esprit de la Tora, afin que ce soit la Terre Sainte que prévoit la Tradition.(Friedner, p. 77)

À partir de 1939-1940, des rabbins et des fidèles arrivent en catastrophe d'Europe. Ils orienteront l'Agoudat dans un sens plus modéré vis-à-vis du sionisme. L' Agoudat de terre sainte était traditionnellement la branche de l' Agoudat la plus hostile au sionisme. Les religieux traditionalistes installés dans le pays depuis des siècles avaient ressenti un fort sentiment d'agression (menace sur leur mode de vie) du fait de l'arrivée des nouveaux venus sionistes, à compter de la fin du XIXe siècle. L'Agoudat de Palestine connaîtra donc une scission, lorsque la Edah haHaredit quittera le parti par refus de sa nouvelle attitude. Cette fédération de groupes ultra-orthodoxes, surtout centrée aux États-Unis et à Jérusalem, et comprenant de nombreuses communautés hassidim ou non (les plus puissants étant les hassidim de Satmar), existe toujours, et est toujours aussi hostile au sionisme. On peut aussi noter la scission des Neturei Karta de Méa Shéarim, qui ne sont pas formellement membre de la Edah, et qui sont considérés comme encore plus antisionistes.

Après la Shoah, l'Agoudat d'Europe orientale n'existe plus, et la branche palestinienne (puis israélienne) devient dominante (même si aujourd'hui, certains des rabbins décisionnaires du parti sont toujours basés hors d'Israël, aux États-Unis en particulier). En 1947, lors de l'enquête de l'ONU (UNSCOP) sur la création d'un État juif, l'Agoudat accepte de ne pas prendre position contre celui-ci (mais ne le soutien pas), en échange d'un courrier dit du statu quo, signé par les leaders sionistes (gauche sioniste, sionistes généraux et sionistes religieux), qui s'engagent à :

  • réserver aux tribunaux rabbiniques la gestions du statut personnel des juifs (mariages et divorces, en particulier) ;
  • protéger les institutions autonomes de l'Agoudat (en particulier dans le domaine éducatif) ;
  • faire en sorte que l'État favorise la pratique des commandements divins.​

L'État exonérera peu après (en 1950) les ultra-orthodoxes du service militaire. La lettre du statu quo et l'exemption du service militaire sont encore aujourd'hui la base de l'actuelle politique israélienne vis-à-vis des ultra-orthodoxes juifs. Malgré son hostilité au sionisme, basée sur le principe religieux selon lequel seule l'arrivée du Messie peut rétablir un État juif en Eretz Israël, Agoudat Israel a participé à toutes les élections parlementaires en Israël, seul ou en coalition. Le partenaire de ces coalitions occasionnelles a été le Poalé Agoudat Israël jusqu'aux années 1980, puis le parti Degel HaTorah (ashkénazes orthodoxes non hassidiques). Cette dernière alliance a été connue sous la dénomination Yahadut Hatorah.

Cette participation aux élections est utilitaire, et relativement peu idéologique : Agoudat Israel monnaie après chaque élection son soutien au gouvernement en formation (de gauche ou de droite) en échange d'avantages matériels pour ses yeshivot (écoles religieuses) et ses autres institutions communautaires, et joue de sa position souvent essentielle à la survie de la majorité gouvernementale pour faire passer des lois renforçant le respect des lois du judaïsme en général et du shabbat et de la cacheroute en particulier.

Pendant cette période, le parti participe à la coalition gouvernementale avec le Parti travailliste, le Mapaï. Ses centres d'intérêts sont essentiellement religieux. C'est à ce titre qu'il obtient en 1950 l'exemption de service militaire pour les étudiants des Yeshivot. Ceux-ci étaient à l'époque peu nombreux. Mais leur augmentation numérique rapide finira par créer des tensions importantes avec la société civile israélienne, qui ne comprend pas toujours ce « privilège ».

L'alliance avec les travaillistes est rompue en 1952 suite à l'insistance de ceux-ci sur le service militaire des jeunes filles. Pour les haredim, toute domination autre que celle du père ou du mari sur la femme est inacceptable. Un des dirigeants haredi déclarera que même si la conscription avait pour but de faire réciter des psaumes aux conscrites, elle devait être combattue, parce qu'elle dérogeait à cette règle.

L'Agoudat Israel est dans l'opposition. Au plan idéologique, celle-ci est radicale. Au plan politique, beaucoup moins. D'un point de vue idéologique, le public haredi de l'époque a développé une hostilité viscérale aux socialistes "athées". Dans le milieu haredi, l'accès aux médias modernes est faible, et les rumeurs s'y répandent rapidement. Deux générations de haredim ont grandi avec des histoires horrifiantes (de leur points de vue), parfois vraies, parfois fausses, de textes sacrés profanés, de garçons et de filles prenant leur douche en commun dans les Kibboutzim, d'enfants religieux élevés de force dans le système éducatif laïque.

D'un point de vue politique, l'Agoudat s'est cependant gardé de se lier à la droite nationaliste (Herout, principal ancêtre du Likoud). Il a au contraire monnayé ses voix au parlement selon ses intérêts du moment. L'Agoudat a exercé une influence de deux façons :

  • Par le biais du Parti national religieux. Celui-ci, représentant les sionistes religieux, fut de toutes les coalitions avec les socialistes jusqu'en 1977. Il a toujours eu un certain "complexe d'infériorité" religieux vis-à-vis des ultra-orthodoxes (d'après Ilan Greilsammer, un politologue israélien dans Israël, les hommes en noir). Ceux-ci et leur rabbins exercent donc une certaine influence sur les positions religieuses de PNR, qui à son tour influence l'attitude de la coalition au pouvoir, dirigée par le Mapaï jusqu'en 1977.
  • À travers ses votes directs. Le Mapai et les autres partis de la coalition se sont parfois divisés sur certains sujets non-religieux. L'Agoudat a monnayé ses votes sur des sujets laïques qui ne l'intéressaient guère, en échange d'avantages, en particulier des fonds pour ses institutions religieuses, ses écoles, ses Yeshivot.​

De 1960 à 1969, le Poale Agoudat Israël, jusqu'alors très lié à l' Agoudat (mais plus nationaliste), a participé au gouvernement israélien (avec le soutien de certains rabbins) contre l'ordre du "conseil des grands de la Thora" de l' Agoudat, ce qui fut un traumatisme pour le monde haredi, qui considérera cette "révolte" comme un sacrilège. Des membres du PAI seront molestés, des permanences attaquées. Le responsable du PAI, Benyamin Mintz, lui-même hassid de Gour, sera exclue des Synagogues de sa communauté. Pendant 9 ans, les relations seront rompues entre les deux parties frères, et ne reprendront vraiment qu'après le départ du PAI du gouvernement.

Pendant cette période, l' Agoudat a en général obtenu 3 à 4 sièges quand il se présentait seul, et le PAI 2. Lorqu'ils se sont présentés ensemble, les deux partis ont eu 5 à 6 sièges (4 à 5 % des voix). La capacité de l'Agoudat à attirer un électorat non haredi est faible. Les conflits entre factions internes à l' Agoudat surviennent souvent lors de la répartition des fonds obtenus du gouvernement. Chaque groupe veut en effet une part aussi importante que possible pour ses institutions.

À partir de 1977, Menahem Begin et le Likoud arrivent au pouvoir. Bien que sioniste, la droite est plus conservatrice en matière de religion, et les relations entre le gouvernement et les haredim s'améliorent donc. Menahem Begin, en particulier, qui insiste beaucoup pour son respect pour les traditions religieuses, est très populaire dans le monde haredi. Son successeur, Yitzhak Shamir, qui ne cachait son manque d'intérêt pour les choses de la religion, sera beaucoup moins bien perçu. Encore aujourd'hui, Begin est sans doute le Premier ministre qui aura laissé le meilleur souvenir aux haredim.

L' Agoudat rentre dans le gouvernement et participera à beaucoup de ceux-ci depuis l'époque, mais pas à tous. La collecte de fonds : comme toujours, l'obtention de fonds pour ses institutions est une priorité. Dans ce domaine, les gouvernements des années 1980 et 90 seront des gouvernements fastes pour l'Agoudat (et ses scissions, voir plus bas). L' Agoudat est nécessaire aux gouvernements Likoud jusqu'en 1983. Les 2 partis qui animent les gouvernements d'unité nationale droite-gauche (1983-1990), le Parti travailliste et le Likoud, se disputent également l'alliance avec les partis haredim, pour les suites d'une inévitable rupture du gouvernement de coalition. Le versement des sommes atteint donc des montants inégalés jusqu'alors.

L' Agoudat préside à partir de 1977 la commission des finances de la Knesset, et obtient ainsi un accès facilité aux fonds gouvernementaux. Mais les versements se font par le biais des députés religieux. Chaque député privilégie la faction qu'il représente et les institutions religieuses qui en dépendent. Cette fonction de représentation et de collecte de fonds de l' Agoudat, au moins autant que des raisons idéologiques, explique assez largement les scissions suivantes : chaque faction veut ses propres députés.

S'il explique en partie l'éclatement de l'Agoudat, l'afflux de fonds gouvernementaux explique aussi la considérable croissance des institutions religieuses, en particulier éducatives, du monde haredi depuis 1977. Le respect des lois juives : l' Agoudat va obtenir un durcissement considérable de la législation en la matière, ce qui a été très mal vécu par les laïques, et a entraîné des affrontements avec les religieux : loi sur la vente de porc, les autopsies, l'avortement, le respect du Shabbat (interdiction des vols d'El-Al), etc. Les analyses postérieures montrent que la société israélienne a assez largement contourné ces interdictions. Sur ce point, au-delà de la loi, les haredim n'ont pas obtenu un succès aussi large que dans le domaine financier.

Après la création d'Israël, les ultra-orthodoxes israéliens ont essayé d'attirer à eux des Sépharades. Ceux-ci, assez religieux, ne faisaient cependant pas alors la distinction entre orthodoxie (politiquement plutôt sioniste) et ultra-orthodoxie (plutôt Agoudat). Mais certains Sépharades (surtout les jeunes élevés dans le système éducatif religieux à partir des années 1950) ont accepté la méfiance de l' Agoudat à l'égard de la modernité, et l'on rejoint, constituant une nouvelle faction Sépharade. Celle-ci restera cependant tenue à l'écart des décisions centrales de l'Agoudat, et finira par quitter le parti, pour former sa propre formation, le Shass, en 1984.

Comme toutes les grandes décisions chez les ultra-orthodoxes, la scission s'est faite sous le patronage de rabbins influents. Ici, ce sont surtout le Rav Ovadia Yossef (ancien grand rabbin sépharade d'Israël) et le Rav Chakh ou Shach (un rabbin Ashkénaze de la tendance « lituanienne » (non hassidim)). L'influence du rav sur les haredim sépharades s'explique par le fait que beaucoup d'entre eux ont été formés dans des Yeshivot « lithuaniennes ». Le rav Schach (ou Chakh) était un des dirigeants de l' Agoudat. Mais il avait des divergences croissantes avec certains Hassidim, en particulier les Loubavitch. Ceux-ci ne sont pas formellement membre de l' Agoudat, mais ont une certaine influence sur celle-ci. Le durcissement des affrontements explique en partie l'attitude scissioniste du rav.

Degel HaTorah est l'autre scission patronnée par le Rav Chakh (ou rav Shach), en 1988. Elle concerne cette fois les Ashkénazes non hassidim (les mitnagdim), qui s'estimaient sous-représentés au sein de l' Agoudat. Elle exprime aussi le durcissement croissant des affrontements avec les Loubavitch, qui participeront fortement aux élections de 1988 au côté de l' Agoudat, avant de revenir à leur traditionnelle et relative indifférence politique.

Dans la seconde moitié des années 1980, le paysage des partis politiques religieux non sionistes a éclaté en Israël. L' Agoudat regroupe maintenant surtout les ultra-orthodoxes hassidim et Ashkénazes. Le PAI (qui n'a obtenu qu'un siège en 1977 et 0 en 1981) n'a ainsi plus d'expression autonome à compter de 1988, et a totalement rejoint l' Agoudat. Degel HaTorah regroupe surtout les ultra-orthodoxes non hassidim (« Lithuaniens ») et Ashkénazes (cependant, en 1988, les hassidim de Belz, non liés à l' Agoudat, on décidé de soutenir le parti). Le Shass regroupe les ultra-orthodoxes non hassidim et Sépharades. Particularité du Shass, un de ses mentors spirituels (le seul après la mort du Rav Chakh) est un ancien grand rabbin d'Israël, une institution sioniste. Autre originalité, il attire aussi un électorat non ultra-orthodoxe et plutôt sioniste : des traditionalistes Sépharades.

Au-delà de ces différences, les trois partis ont des approches assez similaires. Ils souhaitent que leurs institutions éducatives et religieuses soient aidées par l'État, et que celui-ci favorise la pratique religieuse juive. Dans les années 1990, Agoudat Israel et Degel HaTorah vont présenter des listes communes (mais sans se réunifier) sous le nom de Yahadut Hatorah. Cette alliance a été rompue en 2005 suite à une divergence entre rabbins (faut-il accepter ou non des postes officiels), avant de se reformer. Trois points du programme des trois partis haredim sont aujourd'hui mal perçus par la majorité de l'opinion publique (selon les sondages) :

  • La volonté d'imposer des règles religieuses au reste de la population juive. Il y a des divergences entre haredim (le Rav Chakh y voyait peu d'avantage), mais il y a une tendance à demander un renforcement du respect des lois religieuses, en particulier en matière de Cacheroute et de Shabbat ;
  • La demande de fonds supplémentaires pour les écoles et yeshivot ;
  • Le refus de laisser les jeunes ultra-orthodoxes (il y a des exceptions) faire leur service militaire, dans un pays ou la défense est une priorité.​

Ainsi, un parti comme le Shinouï, regroupant les partisans d'une plus grande laïcité, a bâti son succès électoral sur la dénonciation des « privilèges » et des « abus » des partis religieux. Mais une autre partie de la population considère aussi ces partis comme les garants d'une fidélité des institutions « modernes » de l'État à la tradition juive. Aujourd'hui, le rapport au sionisme laïc est ambigu : c'est toujours officiellement le rejet (de temps en temps revient l'idée que la Shoah est une punition de Dieu contre le sionisme antireligieux). Mais en même temps, il y a une participation de facto évidente à l'État. On a noté aussi un rapprochement de fait avec les sionistes religieux : les partisans d' Agoudat ont montré une nette opposition à l'évacuation des colonies juives (généralement sionistes religieuses) de la bande de Gaza, en 2005.


Opération Colombo

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«L'opération Colombo » désigne l'organisation par la police politique chilienne, la DINA, de la disparition d'opposants à la dictature militaire d'Augusto Pinochet mise en place au Chili après le coup d'Etat du 11 septembre 1973. 

Opération Colombo

Au sein de la DINARaúl Iturriaga, chef du Département des opérations extérieures de l'agence, fut spécialement en charge de cette double opération d'assassinat et de désinformation. Les cadavres de 119 membres du Mouvement de la gauche révolutionnaire (MIR) chilien furent retrouvés en Argentine et au Brésil en 1975. Selon la version inventée par la DINA, ces personnes auraient été tuées au cours de règlement interne à l'opposition politique. Pour porter sa thèse, elle créa ainsi deux faux magazines au Brésil et en Argentine.

Suite aux accusations de l'ancien chef de la DINAManuel Contreras, selon lequel le général Pinochet était le donneur d'ordre du massacre, c'est par dix voix contre six que la Cour suprême du Chili leva l'immunité du général Augusto Pinochet en septembre 2005 et chargea le juge Victor Montiglio de l'enquête au sujet de ses responsabilités dans l'« opération Colombo ». Les examens médicaux pratiqués conclurent que son état de santé physique et mental lui permettait d'affronter un procès mais sa mort en décembre 2006 interrompit la procédure judiciaire.

Le juge Víctor Montiglio appliqua à Contreras l'amnistie promulguée en 1978, mais d'autres agents de la DINA demeurent poursuivis pour cette affaire. Avec l'enquête de Montiglio, on apprit en 2007 que les militants kidnappés avaient été transportés dans des centres de détention de la DINA par des camions de la firme Pesquera Arauco, une entreprise de la Cinquième Région contrôlée par le chef de la DINAManuel Contreras.

La dictature de Pinochet utilisa à d'autres occasions cette tactique, par exemple lors de l'assassinat des communistes Santiago Nattino (juriste), de Manuel Guerrero (professeur) et de José Manuel Parada (sociologue), en 1985. Cette affaire est connue comme le Caso Degollados (affaire des gorges tranchées).

Affaire Calle Conferencia

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L'affaire Calle Conferencia I et II désigne deux opérations clandestines de la DINA, la police politique du général Pinochet, qui décapita en mai puis en novembre-décembre 1976 la direction du Parti communiste du Chili (PCC). 

Affaire Calle Conferencia

Les deux opérations furent organisées par la Brigade Lautaro, dont l'existence demeura secrète jusqu'en 2007, et ce malgré le contentieux entre Manuel Contreras, le chef de la DINA, et l'ex-dictateur Pinochet. Le 21 mai 1976, Victor Díaz, n°2 de la direction clandestine du PCC, et père de Viviana Díaz, vice-présidente de la Agrupación de Familiares de Detenidos Desaparecidos (AFDD, Groupe des familles des détenus-disparus), fut séquestré par la DINA. Plainte est déposée, mais on ne saura rien jusqu'à 2007.

En fait, les détenus ont été transférés dans une caserne secrète rue Simón Bolívar, sise à La Reina (province de Santiago). Si on ne sait exactement combien de détenus communistes y furent transférés, il semblerait que tous l'ont été (Jorge Muñoz, l'époux de Gladys Marín; Fernando Ortiz, le père d'Estela Ortiz, directrice de la Junji (Junta Nacional de Jardines Infantiles) et veuve depuis le Caso Degollados de 1985, et Waldo Pizarro, l'époux de la dirigeante décédée de l'AFDD, Sola Sierra, et père de son actuelle présidente, Lorena Pizarro). Or, cette caserne secrète était le QG de la Brigada Lautaro, l'une des plus importantes numériquement de la DINA mais qui demeura secrète jusqu'en 2007. Outre s'y adonner à la torture (gégène, huile bouillante), elle y expérimenta notamment du gaz sarin, fabriqué par le chimiste Eugenio Berríos (en), sur les détenus du PCC, en compagnie de Michael Townley.

Le Groupe Dauphin (Grupo Delfín), autonome par rapport à la Brigade Lautoro, opérait aussi à partir de ce QG. Il était dirigé par Germán Barriga Muñoz, alors capitaine et l'une des "stars" de la DINA, qui se défenestra le 17 janvier 2005. La tête de Victor Díaz fut couvert d'un sac en plastique tandis qu'on lui injectait du cyanure. Selon l'agent Ricardo Lawrence, Pinochet se rendit personnellement au centre de détention de Casa de Piedra, à Cajón del Maipo, pour voir Díaz avant qu'il ne fut transféré à la caserne Simón Bolívar. Le commando comprenait des membres de toutes les branches des Forces armées du Chili (Marine, Aviation, Armée de terre et carabinieri), dont des civils, des officiers de l'armée et des dizaines de sous-officiers de toutes les branches. Tous étaient sous la direction de Juan Morales Salgado, alors major, et chargé de la sécurité personnelle de Manuel Contreras, le chef de la DINA. Les ordres d'assassinat émanaient directement de Contreras qui les transmettaient à Salgado.

Lors de l'affaire Calle Conferencia II, aussi dite El caso de los 13 (L'affaire des treize), 11 membres de la nouvelle direction clandestine du PCC furent séquestrés, avec deux militants du MIR, entre le 29 novembre 1976 et le 20 décembre 1976. Fernando Ortiz, membre du Comité central du PCC, et Waldo Pizarro avaient été séquestrés, avec cinq autres, le 15 décembre 1976. La plupart des corps ont été jetés à la mer. En mai 2007, le juge chilien Víctor Montiglio inculpa 74 ex-agents de la DINA, pour la plupart inconnus du public, dans le cadre de l'enquête la plus importante concernant les opérations de cette police. Outre 8 agents déjà inculpés entre 2000 et 2005 (dont Manuel Contreras, qui échappa à l'inculpation au motif de la « chose jugée », Miguel Krassnoff et Ricardo Lawrence, inculpés par le juge Juan Guzmán), on comptait l'ex-ministre de l'Intérieur César Benavides et le colonel Carlos Mardones Díaz, ex-commandant du Comando de Aviación del Ejército. Ce dernier fut inculpé parce que les détenus étaient ensuite jetés à la mer à bord d'hélicoptères Puma, qui partaient de Peldehue (es), au nord de Santiago.

Le brigadier Antonio Palomo Contreras, qui pilotait les vols de la mort et fut longtemps le pilote personnel de Pinochet, fut également inculpé. Il avait également, sur ordre de Pinochet, piloté l'hélicoptère du général Carlos Prats le 15 septembre 1976 après la décision de ce dernier de s'exiler en Argentine. Par ailleurs, avec Luis Felipe Polanco, également inculpé, il avait piloté le Puma lors de la Caravane de la mort (septembre-octobre 1973). Enfin, le témoin principal de l'affaire, dont l'identité reste confidentielle, a également été inculpé, mais mis à l'écart des autres suspects. Alors qu'une partie des suspects étaient en détention provisoire sous la garde de l'armée, et une autre en liberté conditionnelle, l'agent civil Carlos Segundo Marco Muñoz de la Brigade Lautaro, qui faisait partie des inculpés et venait de témoigner sur l'assassinat du diplomate Carmelo Soria, se suicida fin mai 2007.

L'enquête fit découvrir l'existence de la caserne Simón Bolívar et de la Brigada Lautaro de la DINA, à l'origine chargée de la sécurité personnelle de Manuel Contreras, chef de la DINA, et qui avait participé notamment à l'opération Colombo puis à l'assassinat des dirigeants du PCC dans le cadre des opérations Calle Conferencia. Plus de 60 personnes sont poursuivies pour l'assassinat de Victor Díaz. Fin 2009, le juge Montiglio inculpa à nouveau 120 ex-membres de la DINA, dont 60 n'avaient pas été inculpés auparavant. L'inculpation concerne l'opération Condor, l'opération Colombo et l'affaire Calle Conferencia I et II. Selon l'enquête, la deuxième opération Calle Conferencia (fin novembre-début décembre 1976) fut dirigée par la Brigada Lautaro de la DINA, commandée par le capitaine de l'armée Juan Morales Salgado, et par les groupes opérationnels dirigés par Ricardo Lawrence et Germán Barriga, respectivement capitaines des carabinieri et de l'armée.

Bachelet Michelle

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Verónica Michelle Bachelet Jeria (née le 29 septembre 1951 à Santiago du Chili), est une femme politique chilienne, de sensibilité socialiste qui a exercé les fonctions de présidente de la République du Chili pour un mandat de quatre ans (suite à la révision de la Constitution chilienne de septembre 2005), du 11 mars 2006 au 11 mars 2010, et de nouveau depuis le 11 mars 2014.
 

Bachelet Michelle

Elle a été ministre de la Santé puis ministre de la Défense dans les gouvernements nommés par le président Ricardo Lagos. Michelle Bachelet, divorcée de Jorge Dávalos, est mère de trois enfants. Outre l'espagnol, elle parle couramment l'anglais, l'allemand, le français, un peu le portugais et possède quelques notions de russe. En 2006, elle est classée comme la 17e femme la plus puissante au monde par le magazine Forbes. En 2007, elle est classée 27e. Le 23 mai 2008, Michelle Bachelet est élue par ses pairs présidente de l'Union des Nations sud-américaines pour une durée d'un an. Michelle Bachelet est à la tête de l'ONU Femmes depuis le 14 septembre 2010. Michelle Bachelet est la fille du général de l'armée de l'air Alberto Bachelet, de lointaine ascendance française (vignerons de Bourgogne, à Chassagne-Montrachet en Côte-d'Or, d'où émigra en 1869 son arrière arrière grand-père, l'œnologue Louis-Joseph Bachelet), et de l'anthropologue Ángela Jeria. Après avoir fréquenté un lycée pour jeunes filles dont elle est sortie avec le baccalauréat en 1969, elle a continué ses études en entrant, en 1970, à la faculté de médecine de l'université du Chili.

Durant le gouvernement du président Salvador Allende, le général Bachelet fut nommé à la tête du Bureau de distribution de produits alimentaires. Après le coup d'État du 11 septembre 1973, accusé de « trahison », il fut détenu et torturé par la dictature du général Pinochet. En mars 1974, il mourut d'un arrêt cardiaque sans doute dû aux mauvais traitements subis durant son emprisonnement, tandis que sa femme et sa fille étaient également incarcérées et torturées dans un autre centre de détention de Santiago. En 1975, après avoir été libérées par le régime militaire, la veuve et la fille du général Bachelet se réfugièrent en Australie, où vivait son frère depuis 1969. Puis Michelle Bachelet partit étudier l'allemand à Leipzig et poursuivre ses études médicales à l'université Humboldt de Berlin.

Elle revint s'installer au Chili en 1979, pour y achever ses études, sanctionnées en 1982 par l'obtention d'un diplôme de chirurgien. De 1983 à 1986, elle s'est spécialisée dans la pédiatrie et la santé publique dans les services de l'hôpital pour enfants Roberto del Río. C'est à cette époque qu'elle s'est engagée en politique, militant pour le rétablissement de la démocratie, tout en participant à des ONG d'aide aux enfants des personnes torturées et disparues : de 1986 à 1990, elle dirigea d'ailleurs l'une de ces organisations, la PIDEE (Protección a la Infancia Dañada por los Estados de Emergencia). Bachelet inaugura le 19 mars 2006 le monument Un lugar para la memoria, un Lieu pour la mémoire, commémorant le Caso Degollados (meurtre de trois communistes en 1985).

Après la restauration de la démocratie en 1990, elle a travaillé pour le ministère de la Santé et comme conseillère pour l'Organisation panaméricaine de la santé, l'Organisation mondiale de la santé et la Deutsche Gesellschaft für Technische Zusammenarbeit (GTZ). De 1994 à juillet 1997, Bachelet a exercé les fonctions de conseillère au cabinet du secrétaire d'État à la Santé. Intéressée par les relations entre le monde civil et l'armée, elle entreprit des études de stratégie militaire à l'Académie nationale des études politiques et stratégiques (Anepe) au Chili, obtenant la première place de sa promotion, ce qui lui permit de continuer des études aux États-Unis, à l'Inter-American Defense College, tout en bénéficiant d'une bourse présidentielle. En 1998, elle revint au Chili pour travailler comme conseiller auprès du ministre de la Défense, et fut encore diplômée, après avoir suivi un cursus de science militaire auprès de l'Académie de guerre de l'armée chilienne.

Michelle Bachelet a adhéré au Parti socialiste dans les années 1970. Elle est devenue membre de son comité central en 1995 et, de 1998 à 2000, fut également membre du bureau politique. En 1996, sous les couleurs socialistes, elle se présenta aux élections municipales à Las Condes, dans la banlieue de Santiago, mais n'y obtint que 2,35 % des suffrages. Le 11 mars 2000, elle fut nommée ministre de la Santé par le président Ricardo Lagos puis, le 7 janvier 2002, ministre de la Défense, devenant la première femme à occuper ce poste en Amérique latine. Au cours de l'année 2004, constatant sa brusque hausse de popularité dans les sondages d'opinion, et avec les encouragements implicites du président Lagos, Michelle Bachelet décida de se présenter à l'élection présidentielle devant se tenir le 11 décembre 2005, et démissionna du gouvernement afin de préparer sa campagne. Une élection primaire aurait normalement dû se tenir, au sein de la Concertation, afin de désigner le candidat unique des quatre formations coalisées. Toutefois, sa seule rivale potentielle, la démocrate-chrétienne Soledad Alvear, ancienne ministre dans les deux derniers gouvernements de la Concertation, se retira de la course en raison d'un manque de soutien au sein de son propre parti et de sa faible cote de popularité dans les sondages.

Les principaux rivaux de Michelle Bachelet, pour le premier tour de l'élection présidentielle du 11 décembre 2005, sont, à droite, Joaquín Lavín, soutenu par l'Union démocrate indépendante (UDI, Unión Demócrata Independiente) et, au centre-droit, Sebastián Piñera, soutenu par Rénovation nationale (RN). M. Lavin avait déjà été candidat à l'élection présidentielle de 1999, obtenant 47,52 % des voix au premier tour, et 48,69 % au second tour, face à Ricardo Lagos. Au soir du premier tour, Michelle Bachelet arriva en tête avec 45,96 % des voix devant le candidat de Rénovation nationale, Sebastian Piñera (25,41 %), celui de l'UDI Joaquín Lavín (23,23 %) et celui de l'extrême-gauche, Tomás Hirsch (5,40 %). Le 15 janvier 2006, Michelle Bachelet remporte la présidentielle par 53,5% des voix contre 46,5% à son adversaire de droite Sebastián Piñera. C'est une victoire historique car c'est la première fois en Amérique du Sud qu'une femme est élue présidente au suffrage universel direct.

Pendant sa campagne, elle était soutenue par la « Concertation des partis pour la démocratie » (CPD, Concertación de Partidos por la Democracia), coalition au pouvoir, qui regroupe le Parti socialiste du Chili (PSC, Partido Socialista de Chile), le Parti pour la démocratie (PPD, Partido por la Democracia), le Parti radical social-démocrate (PRSD, Partido Radical Socialdemócrata) et le Parti démocrate-chrétien du Chili (PDC, Partido Demócrata Cristiano de Chile). Michelle Bachelet devient la cinquième femme parvenue à la magistrature suprême en Amérique latine, après Isabel Martínez de Perón (présidente de la Nation argentine de 1974 à 1976), Lidia Gueiler (présidente de la République de Bolivie de 1979 à 1980), Violeta Chamorro (présidente de la République du Nicaragua de 1990 à 1997), et Mireya Moscoso (présidente de la République de Panama de 1999 à 2004) et la quatrième en Amérique du Sud après les deux premières citées et Janet Jagan (présidente de la République coopérative de Guyana de 1997 à 1999).

Bachelet a notamment réformé le système obligatoire de retraite par capitalisation instauré en 1980, en instaurant un « filet de sécurité » de 120 euros par mois, et un complément pour ceux recevant moins de 315 euros par mois (des millions de Chiliens ne recevaient que de 8 à 16 euros par mois de retraites grâce aux fonds de pension). Michelle Bachelet a annoncé la composition de son futur gouvernement le 30 janvier 2006, après avoir eu la confirmation officielle de son élection par le Tribunal Calificador de Elecciones. Le gouvernement est composé de 10 hommes et de 10 femmes, comme elle l'avait promis durant sa campagne. Sept proviennent du parti chrétien démocrate (PDC), cinq du parti pour la démocratie, quatre du parti socialiste, un du parti radical social démocrate, tandis que trois sont indépendants. Depuis le 14 septembre 2010, Michelle Bachelet est à la tête de l'ONU Femmes, organisme de l'ONU qui défend les droits des femmes dans le monde.

Schneider René

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René Schneider Chereau (Concepción, 31 décembre 1913 - Santiago, 25 octobre 1970) est un général chilien. Commandant en chef des Armées lors de l'élection de Salvador Allende, il fut tué lors d'une tentative d'enlèvement menée par des éléments putschistes.

Carlos Prats et René Schneider

Carlos Prats et René Schneider

Il est mortellement blessé le 22 octobre 1970, au cours d'une tentative d'enlèvement par un groupe militaire séditieux mené par le général Roberto Viaux, et succombe à ses blessures le 25 octobre. Officier respecté et réputé fidèle au gouvernement, il fut probablement considéré par ses meurtriers comme un obstacle à la réalisation du coup d'État qui intervint trois ans plus tard. La CIA et Henry Kissinger (alors conseiller à la sécurité nationale du président des États-Unis Richard Nixon) ont été accusés d'être impliqués dans cet attentat. 

Néanmoins, la polémique subsiste. Kissinger déclarant par exemple à Nixon le 15 octobre : This looks hopeless. I turned it off. Nothing could be worse than an abortive coup. et Nixon de répondre : Just tell him to do nothing. (français : "Cela paraît sans espoir. J'ai débranché. Rien ne pourrait être pire qu'un coup échoué." - "Dites-lui juste de ne rien faire.")

Lagos Ricardo

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Ricardo Froilán Lagos Escobar né le 2 mars 1938 à Santiago est un homme politique chilien. Il a été président de la République du Chili du 11 mars 2000 au 11 mars 2006. 

Lagos Ricardo

Son père qui s’était marié avec sa mère à l’âge de 62 ans meurt alors qu'il n'a que huit ans. Il suit les cours à l’Instituto Nacional. Il y est élu président de l'Académie des lettres castillanes. C’est dans cet institut qu’il fait la connaissance de Patricio Aylwin qui deviendra le premier président de la nouvelle démocratie chilienne en 1990. À l’âge de 16 ans, il intègre l’universidad de Chile en faculté de droit. Il fait ses premiers pas en politique entre 1955 et 1959 en tant que président du centre des élèves. En 1960, à 22 ans son mémoire « La concentration du pouvoir économique » reçoit la plus haute distinction et est édité à 5 reprises.

Avocat et disposant d’une bourse de l’université de Duke, il se marie avec Carmen Weber et partent ensemble aux États-Unis pour deux ans; ils auront deux enfants. En 1964, ils sont de retour au Chili où ils divorcent. Il intègre la faculté d’Économie de l’universidad de Chile puis en 1967, il devient directeur de l’École des sciences politiques et administratives. Il en devient le secrétaire général en 1967. En 1969, il fait la connaissance de Luisa Durán et se marie avec elle en 1971. En 1975, naît Francisca. Durant les années 1970, il est directeur du conseil latino-américain des sciences sociales et professeur à l’Institut des études latino-américaines de l’université de Caroline du Nord aux États-Unis. Il a reçu un doctorat de université Duke. Depuis les années 1990, Ricardo Lagos a établi sa seconde résidence à Caleu. D’un point de vue politique, il ne se considère pas comme socialiste, mais comme un indépendant de gauche. En 1972, le président Salvador Allende le nomme ambassadeur à Moscou, mais sa nomination n’est pas approuvée par le congrès national. Il se retrouve néanmoins ambassadeur lors de la XXVIe assemblée générale de l'ONU.

Après le coup d'État de 1973, il s'exile mais revient au pays en 1978. Pendant les années de la dictature de Augusto Pinochet, il œuvre pour le retour de la démocratie. Il devient président de l’Alliance démocratique, alliance qui regroupe la majeure partie des partis démocratiques opposés à la dictature. Inquiet par la crise économique que vit le Chili et les divisions internes, préoccupé par son pays, il quitte ses fonctions auprès des Nations unies. C’est ainsi qu’en décembre 1983, il devient le président de l’Alliance démocratique. Il lance l’idée de construire un mouvement qui puisse réunir tous les démocrates. C’est dans le sillon de son discours que naissent le PPD (Parti pour la démocratie) et le Regroupement des Partis pour la Démocratie. Le 7 septembre 1986, à la suite de l’attentat perpétré contre Pinochet, il doit subir plusieurs interrogatoires des services secrets. Bénéficiant d'un soutien international, il est libéré après dix-neuf jours de détention.

À la veille du plébiscite d’octobre 1988, il sillonne le pays pour inviter la population à voter NO (non). Ce plébiscite, en cas de victoire du Oui aurait permis à Augusto Pinochet de rester au pouvoir pour une nouvelle période de huit ans, mais élu — des élections étaient prévues par la constitution en 1989.

Lors d’une émission télévisée en direct, il lève l’index et face aux caméras lance le message suivant à l’attention de Pinochet : « Le général Pinochet n’a pas été clair avec le pays. En premier lieu vous avez dit, général Pinochet, qu’il y avait ici des buts et non des délais. Après cela, général Pinochet, vous avez eu les délais et vous avez instauré la constitution de 1980. Je vais vous rappeler, général Pinochet, que le jour du plébiscite de 1980 vous avez dit que le président Pinochet ne serait pas candidat en 1989. La caméra me filme, je l’espère. Et à présent, vous promettez au pays huit autres années de tortures, d’assassinats, de violations des droits de l’homme. Il me semble inadmissible d'avoir une aussi grande ambition de pouvoir. Prétendre rester 25 ans au pouvoir… »

Le 5 octobre 1988, le non l’emporte par 57,8 % des voix exprimées. Le triomphe du non semble lui ouvrir les portes pour une possible candidature présidentielle, mais il appuie la candidature de Patricio Aylwin et convainc la gauche de voter pour lui. Sous la présidence d'Aylwin, il devient ministre de l’éducation et lance une réforme de décentralisation de l’éducation. Il lance ainsi plusieurs projets pour aider les écoles les plus défavorisées du pays avec l’aide de la Banque mondiale. En 1993, il ne peut se lancer dans la course à la présidence, car la coalition choisit Eduardo Frei Ruiz-Tagle — qui deviendra président en 1994. Ce dernier le nomme ministre des Travaux publics. Ricardo Lagos lance alors un système de concessions permettant la construction d’œuvres de génie civil à travers tout le pays avec la participation du secteur privé.

Lors de la campagne présidentielle de 1999, il est opposé à Joaquín Lavín, leader de l'UDI, le parti pro-Pinochet. Le premier tour des élections présente une situation inattendue pour le pays, aucun candidat n’ayant atteint la majorité absolue. Le 16 janvier 2000, a donc lieu le second tour des élections — chose qui n’avait jamais eu lieu au Chili. Avec 51,31 %, Ricardo Lagos est élu Président du Chili, il l'emporte avec une avance de deux cent mille voix sur 7,2 millions de suffrages. Le 11 mars 2000, à Valparaíso, entre les murs du congrès a lieu l’investiture, Ricardo Lagos devient président du Chili, le premier président socialiste depuis la victoire de Salvador Allende en 1973. Pinochet retenu à Londres, les représentants de la droite assurent que « C'est un cadeau de l'Internationale socialiste à la gauche chilienne ». Lors de son discours d'investiture, il clame : « Notre victoire est juste et merveilleuse, mais ce n'est une défaite pour personne. (...) Je serai le président de tous les Chiliens ».

En tant que président du Chili, Ricardo Lagos mène une politique libérale s'alignant en partie sur le consensus de Washington. La priorité de sa coalition de gauche est de sortir le pays de sa récession, pariant sur un retour de la croissance à 5 ou 6 % dès la première année, grâce à l'économie de marché, mais régulée par l'État. Concernant la transition démocratique, s'adressant à la foule rassemblée face au Palais de la Moneda scandant : « Jugement !... Jugement !... », il déclare : « Je n'oublierai pas le passé, mais mes yeux sont tournés vers le futur ». Son prédécesseur, Eduardo Frei avait réclamé le retour de Pinochet, pour des raisons humanitaires, pour éviter des désordres politiques, mais aussi pour défendre l'honneur de la justice chilienne « seule, apte à juger un cas chilien ». Ricardo Lagos met en place la Commission Valech, qui rendra public en 2004 son rapport sur la torture sous Pinochet. Il est remplacé lors des élections présidentielles de 2006 par Michelle Bachelet.

Schafer Paul

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Paul Schäfer Schneider, né le 4 décembre 1921 à Troisdorf (Allemagne) et mort le 24 avril 2010 à Santiago du Chili, ancien nazi, était le fondateur au Chili de la Colonie Dignidad, une structure agricole sectaire et recluse composée principalement d'expatriés allemands qu'il dirigeait et au sein de laquelle il commettait de nombreux sévices sexuels contre des enfants. En outre la colonie servait pendant la dictature Pinochet à détenir et torturer des personnes arrêtées par la DINA, la police politique du régime.

Schafer Paul

Paul Schäfer rejoint les Jeunesses hitlériennes pendant la dictature nazie. Pendant la Seconde Guerre mondiale il est brancardier SS et finit la guerre avec le grade de caporal. Il devient pasteur luthérien et crée une église évangélique à laquelle il adjoint une « maison de jeunes », prétendument destinée à accueillir les orphelins de guerre. En 1961 il fuit l'Allemagne, où il était recherché pour abus et corruption de mineurs, et se réfugia au Chili.

Il fonda, en compagnie de 70 adeptes, la Colonia Dignidad, à 350 km au sud de Santiago du Chili, qui comprend essentiellement des personnes d'origine allemande qui deviendra une planque pour ex-dignitaires nazis. Il se faisait alors appeler par ses fidèles « el tio permanente », l'oncle permanent : il décide des unions, du droit des couples à avoir des enfants, et s'octroie parfois le droit de leur enlever leur progéniture. Ami du dictateur Augusto Pinochet, suite à son soutien au coup d'État militaire de 1973, il n'est jamais inquiété pour ses actes. Il participe à la torture d'opposants à la dictature militaire (1973-1990).

En 1991, après la transition chilienne vers la démocratie, la colonie perd son statut d'association caritative. Rebaptisée « Villa Bavaria », elle a continué à fonctionner en autarcie avec quelque 300 habitants occupant 13 000 hectares, coupé du monde par une clôture, des barbelés et un mirador. Les adeptes cultivant leurs terres et ayant leur propre hôpital, école, barrage hydro-électrique, deux pistes d'atterrissage ainsi que des intérêts financiers dans de nombreuses entreprises. En 1996, accusé par un mineur qui dépose plainte pour abus sexuel, puis par d'autres, Paul Schäfer s'enfuit le 20 mai 1997. Il est condamné par contumace pour pédophilie au Chili et accusé de tortures pendant la dictature d'Augusto Pinochet entre 1973 et 1990 ainsi que de fraude fiscale. Interpol lance un mandat d'arrêt international à son encontre.

Le magistrat français Roger Le Loire a déposé en octobre 2001 un mandat d'arrêt international via Interpol contre Manuel Contreras, le chef de la DINA, Paul Schäfer, pour le kidnapping et la torture du militant du MIR Claudet Fernandez. Le 10 mars 2005 il est arrêté en Argentine près de Buenos Aires et est extradé le 13 mars 2005 en direction de Santiago. Il est également réclamé par les justices allemande et française. Le 24 mai 2006, il est condamné à 20 ans de réclusion. Il meurt de problèmes cardiaques, le 24 avril 2010, dans l'hôpital de la prison où il purgeait sa peine.

Castro Fidel Cruz

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Fidel Castro Ruz, homme d'État cubain (Birán, district de Mayari, 1926). Le milieu familial dont est issu Fidel Castro est celui de la grande propriété paysanne récemment établie. 

Castro Fidel Cruz

Parti de rien, son père, Angel Castro, immigré espagnol d'origine galicienne, a réussi à devenir propriétaire terrien dans la région de Santiago de Cuba. Mais, malgré son aisance, la famille Castro vit d'une façon fruste et ne fréquente pas la bonne société. Le père et la mère de Fidel Castro n'ont aucune instruction et n'apprennent à lire que tardivement. Le jeune homme n'en reçoit pas moins une instruction secondaire et en 1945, à 19 ans, il entre à la faculté de droit de l'université de La Havane. Aussitôt, la vie politique l'attire. Il apporte son adhésion au parti du Peuple cubain d'Eduardo Chibas, créé le 15 mai 1947. Il y demeurera jusqu'en 1955.

Le PPC se définit comme « orthodoxe » c'est-à-dire dans la ligne de la pensée de José Martí, héros de l'indépendance cubaine au xixe s. Ce parti est avant tout anti-impérialiste (anti-nord-américain), en réaction à la férule que font peser les États-Unis sur Cuba depuis l'indépendance de l'île en 1902, et partisan de profondes réformes sociales en faveur des couches de la population les plus défavorisées. En son sein, Fidel dirige un groupe de jeunes radicaux. Déjà, la dimension latino-américaine est présente dans son action politique : en juillet 1947, il participe à une tentative de débarquement à Saint-Domingue contre le dictateur Rafael Trujillo et, en avril 1948, il fait brièvement le coup de feu à Bogotá, où il est venu participer à un congrès étudiant, avec la gauche bolivienne. Après son mariage en octobre 1948 et un premier voyage aux États-Unis, il y séjourne à nouveau en 1949. De retour à La Havane au printemps 1950, il est reçu docteur en droit et devient avocat spécialisé dans la défense des petites gens. Malgré une forte réputation d'étudiant activiste, il réussit à se faire désigner par le PPC comme candidat aux élections de juin 1952, élections avortées par le coup d'État de Fulgencio Batista le 10 mars 1952.

Castro est un des premiers opposants à Batista, contre lequel il prépare la lutte armée. Le 26 juillet 1953, à la tête de quelques dizaines d'hommes, il lance un assaut contre la caserne de la Moncada à Santiago de Cuba. C'est l'échec : beaucoup d'assaillants sont tués et lui-même est arrêté peu après. Jugé, il est condamné à quinze ans de prison à l'issue d'un procès au cours duquel il prononce sa propre plaidoirie, connue sous le nom de « L'histoire m'absoudra », véritable programme politique et social qui va circuler clandestinement à Cuba. Amnistié le 15 mai 1955, il fonde alors le Mouvement du 26 juillet (M 26) sans cesser d'être en contact avec le PPC. Devenu une personnalité politique à Cuba, il donne des interviews qui accroissent sa notoriété. Mais, le gouvernement de Batista devenant menaçant, il passe au Mexique, où il prépare un débarquement armé à Cuba. Il rassemble des volontaires, y compris un jeune Argentin, « Che » Guevara, et collecte des fonds jusqu'aux États-Unis où il se rend alors. Le 25 novembre, 82 hommes s'embarquent sous sa direction sur un yacht baptisé « Granma » à destination de la province d'Oriente, où ils arrivent le 2 décembre 1956.

Avec une vingtaine d'hommes seulement, rescapés des premiers accrochages avec l'armée régulière, Castro gagne la sierra Maestra et commence à organiser la guérilla et à nouer des contacts avec les paysans que son programme de réforme agraire et la répression aveugle de l'armée de Batista transforment peu à peu en auxiliaires de la révolution. En liaison avec le M 26 du reste de l'île, la guérilla s'enracine tandis que d'autres opposants au gouvernement agissent, comme le Directoire révolutionnaire des étudiants, créé depuis l'automne 1955, qui donne en vain l'assaut au palais présidentiel en mars 1957. Le régime réagit avec brutalité à cette opposition multiforme, recourant de plus en plus souvent à des exécutions sommaires qui provoquent une grande émotion dans l'île ainsi qu'aux États-Unis, où Fidel Castro et ses « barbudos » sont populaires depuis l'interview du journaliste Herbert Matthews en février 1957. Le discrédit de Batista, la conviction que Fidel Castro n'est pas communiste conduisent les États-Unis à mener une politique attentiste, mettant même un moment l'embargo sur les envois d'armes à Batista.

Parallèlement, Castro affirme son autorité sur le M 26 de l'ensemble du pays – certains l'ont accusé de « caudillisme » – ainsi que sur le maquis, où il s'appuie désormais sur trois hommes : son frère Raúl, Che Guevara et Camillo Cienfuegos. L'arrivée au maquis de Carlos Rafael Rodriguez, dirigeant du parti socialiste populaire (communiste) [PSP] renforce auprès de Fidel la tendance marxiste représentée par le Che et par son frère Raúl, qui avait adhéré à ce parti en 1953. Le 20 juillet 1958, à Caracas, Fidel Castro est proclamé « commandant en chef du Front révolutionnaire démocratique ». Au cours de la même année, la guérilla s'étend tandis que le M 26, le Directoire révolutionnaire des étudiants et le PSP travaillent clandestinement dans les villes. Le 18 août, Castro décide l'offensive finale contre le régime de Batista. À la suite de la prise de Santa Clara le 25 décembre 1958, Batista s'enfuit le 1er janvier 1959 et Fidel fait un voyage triomphal à travers toute l'île, de Santiago (1er janvier) à La Havane (le 8). Le 2 janvier, les troupes révolutionnaires s’étaient emparées de La Havane.

Bien que la présidence provisoire soit confiée à Manuel Urrutia et la fonction de Premier ministre assurée par Miro Cardona, le vrai chef du pays et de la révolution est F. Castro, commandant en chef de l'« armée rebelle », dont la popularité est immense. C'est lui qui imprime son rythme à la révolution, annonçant les conventions collectives, la réforme agraire, la suspension des expulsions de locataires. Le 13 février 1959, il remplace Cardona au poste de Premier ministre, et, en juillet, Osvaldo Dorticós succède à Urrutia. Le nouveau régime déjoue les diverses tentatives de déstabilisation (attentats, guérilla des « contras ») soutenues par les États-Unis et organise les Comités de défense de la révolution (CDR). Les premières entreprises nord-américaines sont nationalisées en août 1960. Suivent les compagnies pétrolières étrangères qui ont refusé de raffiner le pétrole soviétique. Le sucre cubain, dont les États-Unis ne veulent plus, est désormais acheté par l'URSS. En octobre 1960, les États-Unis décrètent l'embargo de leurs exportations vers Cuba.

L'échec de la tentative d'invasion de Cuba par des anticastristes soutenus par la CIA (baie des Cochons, le 17 avril 1961) fait la preuve de la solidité du régime, et Castro accélère le rapprochement du M 26, du PSP et du Directoire, qui fusionnent en juillet 1961 dans les Organisations révolutionnaires intégrées qui deviendront en 1962 le parti uni de la Révolution cubaine et en 1965 le parti communiste cubain (PCC). Castro dirige le nouveau parti et en écarte les anciens communistes jugés trop sectaires (affaire Escalante). La crise des fusées (22-28 octobre 1962), qui met le monde au bord de la guerre nucléaire, conforte la révolution cubaine et le pouvoir de Castro. En effet, le retrait de Cuba des fusées soviétiques se fait moyennant des contreparties (retrait des fusées américaines de Turquie, sécurité de Cuba socialiste contre sécurité de Berlin occidental). Si Castro proteste contre une négociation qui s'est déroulée en dehors de lui, la détente qui va alors se développer bénéficie largement au castrisme tandis que la proclamation de Fidel le 16 avril 1961 (« La révolution cubaine est socialiste ») se vérifie rapidement.

Dans les années qui suivent, le Líder máximo (chef suprême) engage son pays dans la voie de la socialisation des moyens de production, de l'industrialisation (qui sera rapidement abandonnée), de l'extension de la réforme agraire. Chaque année, Castro fixe les choix du moment, économiques ou politiques, démontrant aussi que la révolution est un processus ininterrompu. Les rapports qu'entretient Castro avec l'URSS sont le reflet de la communauté d'idéaux, des nécessités économiques de Cuba, mais aussi parfois de divergences stratégiques. Accueilli en héros de la révolution mondiale en URSS en avril-mai 1963, Castro obtient du « grand frère » l'engagement d'acheter chaque année la moitié de la production de sucre cubaine. Castro souhaite que l'Union soviétique apporte une aide plus importante au Viêt Nam ou à la révolution en Amérique latine, là où des guérillas procastristes existent malgré l'opposition des partis communistes locaux. La conférence tricontinentale de La Havane en janvier 1966 représente un sommet dans l'influence mondiale du castrisme. Mais l'échec des guérillas, et notamment de celle de Bolivie, où le Che trouve la mort en 1967, conduit Fidel à diminuer l'interventionnisme de Cuba et, lors de son mémorable voyage dans le Chili de l'Unité populaire, en novembre 1971, à mettre en garde les progressistes contre l'impatience révolutionnaire.

Durant la deuxième décennie de la révolution cubaine, dans un contexte d'amélioration de la situation économique et sociale mais aussi des premières mesures prises contre des intellectuels contestataires, Castro envoie des troupes en Angola soutenir le régime marxiste (novembre 1975). Il redécouvre la latino-africanité de Cuba et, à la demande de gouvernements ou de mouvements révolutionnaires, apporte une aide militaire à divers pays, dont la Namibie, le Mozambique et l'Éthiopie. L'ouverture à La Havane, le 3 septembre 1979, du sixième sommet des non-alignés est pour Castro un incontestable succès personnel, même s'il ne parvient pas à faire accepter par tous les délégués ses positions anti-américaines. En Amérique latine, Castro apporte également son aide aux gouvernements amis de Grenade, de Guyana, du Nicaragua et à la guérilla du Salvador, ce qui provoque une forte tension avec les États-Unis de Ronald Reagan au début de 1981. La crise connaît son paroxysme à l'automne 1981. Castro, craignant une invasion de Cuba, mobilise le pays tout entier et fait appel à ses amis de l'extérieur. La peur d'un second Viêt Nam fait reculer Reagan et la crise se dénoue après une rencontre secrète à Mexico, le 23 novembre 1981, entre Alexander Haig et Carlos Rafael Rodriguez : Cuba ne sera pas envahie, la guérilla du Salvador ne recevra plus d'armes cubaines. La page du soutien actif aux révolutions d'Amérique latine paraît alors définitivement tournée pour le Líder máximo, qui se fait en 1985 le porte-parole des pays endettés du tiers-monde en proposant un moratoire de dix à vingt ans. En 1988, ses troupes se retirent d'Angola.

Castro doit faire face également aux difficultés économiques récurrentes qui sont le lot de la révolution depuis 1959. Celles-ci s'expliquent par l'embargo des États-Unis et par la généralisation de la collectivisation dans laquelle le Líder máximo voit la garantie d'une société égalitaire mais qui freine la production. À compter du début de 1980, une libéralisation économique contrôlée est mise en place. Toutefois, la persistance des difficultés tant au niveau de la production que de la consommation et la limitation des libertés politiques et de la liberté d'expression conduisent un nombre croissant de Cubains à souhaiter émigrer aux États-Unis tout proches. Castro accepte les départs de 125 000 personnes en 1980. Émigration et embargo sont au centre de la polémique entre Cuba et les États-Unis depuis le début des années 1960. Les États-Unis ayant encore renforcé l'embargo en 1992, puis en 1994, Castro menace de faciliter à l'extrême les départs. Ce sont alors les États-Unis qui proposent un quota annuel d'immigrés cubains (accord du 9 septembre 1994).

Un autre problème se pose au Líder máximo à partir de la fin des années 1980 : celui de l'évolution de l'URSS. Il est opposé à la politique de perestroïka de Mikhaïl Gorbatchev qui finira en décembre 1991 par amener la disparition de l'URSS. Après cette date, et la cessation de l'aide soviétique, Castro doit tenir compte des pressions internationales en faveur de la démocratisation du régime : en 1993, une Assemblée nationale est élue à bulletins secrets, mais les candidats sont uniques. Toutefois, les signes d'ouverture du régime sont réels tandis que Fidel déploie dans ces années une grande énergie pour retrouver une stature internationale : en 1993, il reçoit le président chinois Jiang Zemin, une visite qui marque un tournant dans les relations sino-cubaines ; en 1996, il est reçu par le pape au Vatican et, après avoir restauré officiellement en décembre 1997 la fête de Noël (après 25 ans d'interdiction), il accueille le souverain pontife à Cuba en 1998, un voyage historique au cours duquel Jean Paul II émet le vœu « que Cuba puisse avec son potentiel magnifique s'ouvrir au monde et le monde s'ouvrir à Cuba » ; en 1999, c'est au tour de Juan Carlos de se rendre à La Havane pour le sommet ibéro-américain et la première visite d'un souverain espagnol depuis des siècles. Castro apparaît aussi aux séances des grands organismes internationaux : à l'Unesco, à Paris, en 1995, comme à l'Organisation mondiale de la santé (OMS), à Genève, en 1998. Il n'est plus le jeune révolutionnaire en treillis des années 1950. La silhouette alourdie, la barbe moins noire, la voix fluette font de lui un personnage plus débonnaire. Mais il reste le chef incontesté du régime et sait toujours mobiliser le sentiment national autour de son célèbre slogan « la patrie ou la mort ».

Malade, il délègue provisoirement en 2006 ses fonctions à son frère, Raúl, son successeur désigné depuis 2001. En 2008, il renonce à solliciter le renouvellement de son mandat à la présidence du conseil d'État et du Conseil des ministres – poste auquel son frère Raúl est élu le 24 février – mais demeure premier sécrétaire général du PCC. L'homme a suscité des haines terribles et un enthousiasme extraordinaire. Le système égalitariste qu'il a édifié à Cuba a rendu au peuple cubain une dignité perdue sous la tutelle nord-américaine. Pédagogue politique hors pair, recordman des discours-fleuves, l'homme est aussi autoritaire et à l'occasion implacable. Même si l'on peut contester le fait qu'il était selon ses dires marxiste depuis 1953, il est pourtant facile de voir la continuité qu'il y a entre sa jeunesse « orthodoxe » de gauche et le communiste qu'il est devenu. Symbole de la révolution dans le tiers-monde, il a joué lui-même et a fait jouer au petit peuple cubain dans la seconde moitié du xxe s. un rôle mondial que ni le passé de l'île ni sa population (5 800 000 habitants en 1953, plus de 11 000 000 en 2005) ne pouvaient laisser prévoir.


Castro Raul

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Raúl Castro Ruz (né le 3 juin 1931) est un homme politique cubain. Président par interim à partir du 31 juillet 2006, il est nommé président du Conseil d'État le 24 février 2008, succédant à son frère Fidel.

 

Castro Raul

Il a été vice-président du Conseil des ministres et ministre de la Défense de 1959 à 2006. Il fut un des membres du mouvement du 26 juillet. Raúl Castro est le demi-frère de Fidel Castro, par leur mère, son père était un métis chinois, sergent dans l'armée et commandant de poste de garde de Birán (le village natal des frères Castro). Le père de Fidel a cependant reconnu l'enfant et lui a donné le nom de Castro Ruz. Après des études chaotiques dans des écoles jésuites de Cuba, Raúl Castro n'obtiendra pas de diplôme. Il sera séduit par le communisme après un voyage derrière le rideau de fer en 1953. Il participa activement aux émeutes estudiantines avant le départ du dictateur Fulgencio Batista. Il fut membre du groupe des attaquants du quartier Moncada et passa 22 mois en prison de ce fait. Durant son exil à Mexico, il participa aux préparations de l'expédition à bord du navire Granma, qui débarqua à Cuba le 2 décembre 1956. En tant que combattant de l'armée rebelle, il prit part à la campagne de la Sierra Maestra et, en février 1958, il eut la mission de prendre l'ancienne province orientale afin d'ouvrir le front à la colonne des guerrilleros au nord-est de ce territoire. Cette guerilla fut cependant largement inefficace.

Les frères Castro organisent une réaction armée en attaquant la caserne de Moncada le 26 juillet 1953, mais celle-ci est un désastre. Raul fut emprisonné pendant 22 mois à cause de cette opération manquée. Libéré il s'exile au Mexique puis aux États-Unis avec son frère Fidel, d'où il réorganise la résistance à Batista. On les appelle le Mouvement du 26 juillet. Il se lia d'amitié avec Che Guevara, un autre membre de la résistance. Raúl a été l'un des rares survivants du débarquement de Granma. Il a fait partie du petit groupe de survivants qui ont réussi à rejoindre un refuge dans la Sierra Maestra montagne (voir la révolution cubaine). Etant le frère de Fidel et aussi son bras droit, il va prendre plus d'importance au sein de la guerilla. Il devient le commandant de la révolution le 27 Février, 1958.

Après la chute de Batista, Raúl a été chargé de superviser l'exécution sommaire de soldats fidèles au président renversé Fulgencio Batista. Raúl Castro intégra la direction nationale des organisations révolutionnaires et le parti uni de la révolution socialiste cubaine. Il est également le second secrétaire du comité central du Parti communiste cubain depuis sa constitution en octobre 1965. En tant que ministre de la Défense, il contrôle les forces militaires cubaines, ce qui alimente les spéculations selon lesquelles il pourrait conduire un coup d'État après la mort de son frère. Raúl Castro est souvent vu comme plus dur et plus sévère que son frère.

Le 31 juillet 2006, une annonce a été faite de transférer le contrôle des responsabilités et des fonctions du gouvernement de Castro, à son frère, Raúl. Fidel Castro a été hospitalisé en raison, d'après le gouvernement cubain, d'une hémorragie gastro-intestinale, que l'on attribue au stress. Plus tard, un message du gouvernement cubain de Castro expliquant que son état de santé était stable a été publié sur la télévision d'État. Depuis le 31 juillet 2006, il assume le pouvoir suite à l'intervention chirurgicale sur son frère. Selon certains journalistes de la presse internationale, Raúl Castro n'aurait ni le charisme, ni l'éloquence de Fidel pour assurer une transition de pouvoir. Il définit alors les trois priorités de la politique des années à venir : l'alimentation, les transports, et le logement.

En 2007, il engagea un débat national, à l'instar de son frère Fidel plusieurs fois dans le passé, afin de débattre sur les problèmes du pays. Les Cubains se réunissent au sein de groupes de discussions pour évoquer des idées et présenter des doléances. Plus d'un million de personnes auraient participé à ce débat, parmi lesquelles le sociologue cubain Aurelio Alonso, sous-directeur de la revue Casa de las Americas, qui a dénoncé « un système trop étatisé, trop bureaucratisé, avec un niveau de participation populaire trop limité dans la prise de décisions ». Le chanteur Pablo Milanes, à son tour, a plaidé pour un rajeunissement du Conseil d'État : « Il faut passer le témoin aux nouvelles générations pour que celles-ci fassent un autre socialisme. »

Le 24 fevrier 2008, il a été élu chef de l'État (président du Conseil d'État) par l'Assemblée nationale du pouvoir populaire. En 2008, il a aussi signé deux accords de droits de l'homme des Nations unies, a donné la terre inutilisée d'état pour l'agriculture, a libéré beaucoup de prisonniers et a desserré des restrictions de voyage pour des Cubains. En novembre 2008, Raúl Castro a reçu le président Medvedev en décembre 2008, Raul Castro, a reçu le vice-amiral Vladimir I. Koraliov, substitut du chef de la Flotte du Nord, à la tête d’un détachement de la Marine de guerre de Russie en visite à Cuba. Il espère ainsi avoir de meilleurs relations avec la Russie.

Suite aux incidents climatiques de septembre-novembre 2008, Raúl Castro met en place une "une politique d'austérité" pour essayer de sortir de la crise économico-financière. De plus, afin d'apaiser les tensions avec les États-Unis et d'espérer diminuer l'embargo économique, il décide de rencontrer président américain élu, Barack Obama. Le 12 décembre 2009, Raúl Castro entreprend un rapprochement de plus de 3 milliards de dollars avec le Venezuela. En février 2008, c'est le frère de Fidel Castro qui devient le chef d'un régime qui bascule toujours entre le choix des réformes plus ou moins symboliques et la répression destinées à sauver le régime. Raúl Castro, longtemps commandant en chef des armées, est le leader d'un pays d'économie socialiste touché par la misère, qui connaît encore les tickets de rationnement.

Le tourisme, attiré par le tropisme tropical de l'île aux plages de rêve, au charme désuet des vieilles voitures américaines et à la culture si dynamique, reste très courtisé par le régime à la recherche de devises. L'achat de lecteurs de DVD, d'ordinateurs ou de scooters, ainsi que l'accès aux hôtels, ont été autorisés alors qu'ils furent longtemps réservés aux touristes étrangers. Peu de Cubains peuvent s'offrir ces produits de luxe. Une des réformes les plus symboliques a été l'autorisation d'accès à Internet, depuis 2 cybercafés de La Havane. Les filtres restent puissants, les sites des opposants politiques restent interdits, et le nom de chaque utilisateur est systématiquement relevé. D'autres limitations indirectes existent: le prix très élevé, la faible vitesse de la connexion. Les étudiants de l'université de La Havane ont appris cependant la suppression des 10 heures mensuelles de connexion qui leur étaient octroyées.

Des lopins de terre ont été distribués aux fermiers afin d'augmenter la production vivrière ainsi que le rendement des cultures, sans que l'on puisse parler de nouvelle réforme agraire. Les restrictions sur les voyages de citoyens hors de l'île ont été légèrement assouplies. Une lettre d'invitation depuis un pays étranger est obligatoire, elle doit être accompagnée de 140 dollars. Il faut se faire faire un passeport, pour 50 dollars de taxe. Et on attend ensuite sa carte blanche, qui permet de sortir du pays, contre 150 dollars. La réforme la plus spectaculaire reste l'abandon officiel de l’égalitarisme ou plafond salarial, destiné à dynamiser l'économie en plein marasme.

Cienfuegos Camilo

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Camilo Gorriarán Cienfuegos, né à La Havane le 6 février 1932, est un révolutionnaire cubain, décédé accidentellement le 28 octobre 1959. 

Cienfuegos Camilo

Ses parents étaient un couple de réfugiés anarchistes espagnols. Issu d'une famille pauvre, il émigre aux États-Unis où il est travailleur clandestin jusqu'à ce que les autorités de l'immigration l'expulsent. De retour à La Havane, il participe aux luttes étudiantes contre la dictature de Fulgencio Batista au cours desquelles il fut blessé par balle et arrêté. Il est fiché par la police comme communiste. Il rejoint alors le Mexique et s'unit à l'expédition du Granma. Débarqué à Cuba le 2 décembre 1956, il fait partie de la vingtaine d'hommes commandés par Fidel Castro qui donne naissance à l'armée rebelle. En 1958, il commande la colonne n°2 « Antonio Maceo » (du nom d'un combattant indépendantiste cubain) qui effectue une avancée décisive vers La Havane. Le 2 janvier 1959, il entre victorieusement dans la capitale et prend le contrôle du camp militaire de Columbia, quartier général de l'armée de Batista.

Fondateur du ministère des forces armées révolutionnaires avec Raúl Castro et chef d'état-major, il est dépêché par Fidel Castro pour arrêter Huber Matos, accusé de trahison et de sédition (ce dernier est condamné fin 1959 à 20 ans de réclusion, peine qu'il effectuera totalement). Le 28 octobre, le petit avion, un Cessna 310, dans lequel Camilo s'est embarqué pour rentrer à la Havane disparaît purement et simplement du ciel cubain. Une énorme opération de recherche à laquelle participe son grand ami Che Guevara est lancée. La marine est mobilisée ainsi que les paysans et l'armée pour ratisser le territoire mais sans succès. On ne retrouvera jamais Camilo Cienfuegos.

La thèse de l'accident reste sujet à controverse, Huber Matos déclara en 1987 dans Nadie escuchaba, que Cienfuegos aurait signé son arrêt de mort en assurant à Fidel Castro qu'il n'y avait pas de complot de la part de Matos. Benigno, un compagnon du Che, accuse lui les frères Castro. Quant à Juan Vivès, il invoque un motif politique quant à la nomination de Raúl Castro au ministère de la défense. Serge Raffy, dans son livre Castro, l'infidèle écrit que le petit Cessna où se trouvait Cienfuegos reçut un message radio, et dévia sa route au-dessus de la mer : un sauvetage à effectuer pendant qu'au même moment un avion de chasse cubain était envoyé à la poursuite d'un avion « venu des États-Unis, qui avait lancé des bombes incendiaires sur les plantations ». Des témoins, ajoute Raffy, auraient vu au même moment une boule de feu au-dessus de la mer, et auraient du reste rapporté l'incident aux forces de police locale.

Néanmoins, ces accusations ne reposent que sur des convictions personnelles. Les avions étaient vieux et peu sûrs à l'époque. Ainsi, quelques mois auparavant, le ministre de l'aviation, Díaz Lanz, s'était perdu dans les marais mais avait été retrouvé au cours des opérations de recherches. Opérations de recherches auxquelles participait l'avion de Raúl Castro qui avait dû lui-même procéder à un atterrissage d'urgence, suscitant de nouvelles opérations de recherche. Les commandants, habitués aux dangers des combats, parcouraient tout le pays en prenant des risques inconsidérés, particulièrement Cienfuegos, dont la rumeur populaire faisait état des folies. Ainsi, un jour où il s'était pendu aux patins d'un hélicoptère, il avait ramené le Che à La Cabaña dans ce même appareil qu'il ne savait pas piloter.

Pour Le Che, « C'est l'ennemi qui l'a tué, il l'a tué parce qu'il voulait sa mort. Il l'a tué parce qu'il n'y a pas d'avions sûrs, parce que les pilotes ne sont pas assez qualifiés, parce que sur-chargé de travail il voulait être rapidement de retour à La Havane... et c'est son caractère qui l'a tué. Camilo ne mesurait pas le danger, il l'utilisait comme une distraction, il jouait avec lui, il le toréait, l'attirait et le manipulait ; dans sa mentalité de guérillero aucun nuage ne devait le faire dévier du tracé de sa ligne. ». Comme on suppose qu'en voulant échapper à une tempête, l'avion de Camilo Cienfuegos s'est abîmé en mer, chaque 28 octobre, le peuple cubain lui rend hommage en jetant des fleurs dans la mer et les rivières.

 

Batista Fulgencio

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Rubén Fulgencio Batista y Zaldívar (16 janvier 1901 – 6 août 1973) est un militaire et homme d'Etat cubain, d'abord éminence grise de la junte militaire qui dirigea Cuba de 1933 à 1940 puis président de la république de 1940 à 1944. 

Batista Fulgencio

Il revient au pouvoir à la suite d'un coup d'État en 1952 et est élu sans opposition comme chef d'État en 1954. Il est chassé du pouvoir et du pays en 1959 par la révolution castriste dirigée par Fidel Castro. Fulgencio Batista y Zaldívar naît à Banes dans la Province de Holguin à Cuba le 16 janvier 1901, moins de 3 ans après que sa terre natale fut libérée de l'emprise espagnole et moins de deux ans avant qu'elle devienne une république indépendante. Son père, Belisario Batista Palerma, était un paysan. Ses deux parents sont morts avant qu'il atteigne l'âge de 13 ans. Il quitta alors l'école pour devenir apprenti couturier. Fulgencio travailla dans des productions de cannes à sucre pour ensuite étudier dans le but de devenir barbier. Finalement, il s'engagea dans l'armée à l'âge de 20 ans.

Alors que Fulgencio n'était qu'un simple sergent de l'armée, il joua un rôle décisif dans « la révolte des sergents » de 1933, conséquence d'un profond mécontentement existant dans l’armée concernant leurs salaires, leur évolution de carrière et leurs conditions matérielles. La conspiration militaire menée par le sergent Pablo Rodriguez débouche sur le renversement du gouvernement dictatorial d'alors et la mise en place d'un gouvernement dit « des Cent jours ». Le 15 janvier 1934, une junte militaire présidée par le colonel Batista renverse le gouvernement provisoire et met en place un régime pro-américain. Si Batista n'a pas de fonctions dans la hiérarchie organique du gouvernement, il est, en tant que chef d'état-major, l'éminence grise des présidents successifs Carlos Mendieta et Miguel Mariano Gomez et le véritable maître de Cuba.

Il introduit une constitution modelée sur celle des États-Unis et, candidat de la coalition sociale-démocrate, comprenant le vieux parti communiste cubain, il est élu lui-même président le 14 juillet 1940 face à Ramón Grau San Martín du Parti révolutionnaire cubain. En 1944, il tente de renouveler son mandat mais est battu par son vieil adversaire, Ramón Grau San Martín. Fulgencio Batista prit ses distances durant les huit années qui suivirent, se réfugiant en Floride aux États-Unis de 1945 à 1949. En 1948, il est néanmoins élu sénateur au Sénat de Cuba. En 1952, il se présente de nouveau aux élections mais les sondages alors publiés lui sont nettement défavorables, le plaçant derrière Roberto Agramonte et Aurelio Hevia. Fortement hostile notamment à la nomination annoncée du colonel Ramón Barquín à la tête des forces armées de Cuba, Batista fomente un coup d'État qui a lieu le 10 mars 1952, soutenu par une frange nationaliste de l'armée.

Pendant deux ans, il est le président par intérim. Si le nouveau gouvernement est rapidement reconnu par plusieurs pays, dont les États-Unis, il est cependant contesté à l'intérieur. Ainsi, le 26 juillet 1953, des rebelles menés par un avocat, Fidel Castro, tentent sans succès de prendre d'assaut la caserne de Moncada, à Santiago de Cuba. Trois partisans de Castro meurent au combat, 68 autres sont exécutés sommairement. Castro est lui-même arrêté mais bénéficie d'une intervention de l'archevêque de Santiago qui lui évite l'exécution. Deux ans plus tard, il est amnistié par Batista et exilé. En 1954, Batista se fait élire président de la république sans opposition après le retrait de l'ex-président Ramon Grau San Martin qui appelle au boycott, pour protester contre la corruption du régime. La pauvreté ne cesse de s’accroître alors que le jeu et la prostitution, contrôlés par les gangs nord-américains, se développent.

Castro revient à Cuba dès décembre 1956 et reprend ses activités révolutionnaires pour déposer Batista, soutenu par une partie croissante de la population, notamment dans la province d’Oriente. En mai 1958, Batista lance 12 000 hommes contre la guérilla castriste lors de l’« offensive d’été » qui échoue trois mois plus tard. Castro mène alors une contre-offensive qui débouche sur une guerre civile le long de la Sierra Maestra dans l’est jusqu’au centre du pays, empêchant la récolte saisonnière de la canne à sucre. La classe dirigeante abandonne alors Batista qu'elle rend responsable de la détérioration de la situation économique et sociale. Le 28 décembre 1958, une partie de la population de Santa Clara apporte son aide aux guérilleros. Dans les jours qui suivent, ces derniers s'emparent de grandes quantités d’armes et des points stratégiques de la ville. Le 1er janvier 1959, Fulgencio Batista s'enfuit à Saint-Domingue. Son départ est suivi par l'entrée à La Havane de quelques milliers de guérilleros partisans de Fidel Castro. Un nouveau président, Manuel Urrutia, est nommé ; Fidel Castro devient commandant en chef de l'armée puis Premier ministre le 16 février 1959. Batista passa le reste de sa vie en exil, d'abord au Portugal, puis en Espagne à Guadalmina près de Marbella où il mourut le 6 août 1973 d'une crise cardiaque.

Stroessner Alfredo

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Alfredo Stroessner, né le 3 novembre 1912 à Encarnación (Paraguay) et décédé le 16 août 2006 à Brasilia (Brésil) est un officier militaire et homme politique paraguayen. Il est général en chef des forces armées, membre du Parti Colorado et chef d'État, président de la République du Paraguay de 1954 à 1989.

Stroessner Alfredo

Arrivé au pouvoir à la suite d'un coup d'État, il est lui-même renversé, le 3 février 1989, par un autre coup d'État, mené par le général Andrés Rodríguez Pedotti. Alfredo Stroessner est le fils d’un brasseur d’origine bavaroise, Hugo Strößner, arrivé dans le pays en 1895, et d'une Paraguayenne, Heriberta Matiauda. Il s'engage dans l'armée à l'âge de dix-sept ans, en intégrant l'Académie militaire. Une carrière militaire fulgurante le mène au sommet de la hiérarchie militaire paraguayenne en moins de vingt ans.

Il est ainsi nommé lieutenant deux ans seulement après son engagement. En 1932, lorsque la guerre du Chaco éclate, il est envoyé au front. Très vite, il monte régulièrement en grade, récompensé du courage et de l’habileté dont il fait preuve sur le terrain et à sa loyauté envers le général Higinio Moríñigo. Il reçoit après la guerre deux décorations : la Cruz del Chaco et la Cruz del Defensor. En 1948, il est propulsé au rang de général en chef des forces armées. À trente-six ans, il est le général le plus jeune d’Amérique du Sud.

Être promu au grade de général en pleine période d’instabilité offre à Alfredo Stroessner la possibilité de prendre le pouvoir par un coup d'État, ce qu'il fait six ans plus tard, en comptant notamment sur l’appui du Parti Colorado, auquel il avait adhéré en 1951. Le 4 mai 1954, il renverse Federico Chávez, puis est nommé président par la junte militaire dans le cadre de laquelle il avait mené à bien le coup d'État. Il est alors soutenu par l'argentin Juan Perón, qui s'inquiète de l'état d'instabilité chronique de ce pays alors sous son influence. Alfredo Stroessner conserve le pouvoir pendant plus de trente-quatre ans, devenant ainsi le président latino-américain le plus longtemps au pouvoir après un autre dictateur latino-américain, le président Fidel Castro de Cuba. Il est réélu à huit reprises, tous les cinq ans, de 1958 à 1988.

Pendant la période où il occupe le pouvoir, le Paraguay connaît une croissance économique relativement stable, d'environ 3 ou 4 % par an, à l'exception du « boom » économique de 1976-1981, pendant laquelle elle dépasse 10 % par an. Sa politique économique repose alors principalement sur les grands travaux, avec notamment la construction du barrage d'Itaipu, et une relative libéralisation des échanges avec les pays voisins (l'Argentine, le Brésil et l'Uruguay). Le traité du Río de la Plata, signé en 1973, facilita ces échanges en réglant des différends frontaliers qui persistaient depuis la fin du XIXe siècle.

Cependant, le fait que le pays soit tenu relativement à l'écart de la communauté internationale, en raison des violations des droits de l'homme qui s'y produisent, entravent le développement économique du pays. Sur le plan extérieur, Alfredo Stroessner rompt dès 1960 les relations diplomatiques qu'entretenait le Paraguay avec Cuba, à la suite de la révolution qui s'y été produite. Il effectue de nombreux voyages à l'étranger, au Japon, aux États-Unis et en France, mais surtout en Allemagne, pays pour lequel il éprouve une véritable fascination, même si les relations entre les deux pays se détériorent peu à peu alors que plusieurs criminels nazis (à l'instar du médecin d'Auschwitz, Josef Mengele) se réfugiaient dans son pays.

Dans les années 1970, il appuie activement l'opération Condor qui vise à éliminer des opposants aux régimes dictatoriaux en Amérique du Sud et donne asile au président nicaraguayen déchu Anastasio Somoza. Quand celui-ci est assassiné en 1980 par un commando de guérilleros argentins, Alfredo Stroessner réclame la tête des coupables, provoquant un durcissement du régime mais révèle dans le même temps une faiblesse, puisque le Paraguay s'avère incapable de lutter contre les montoneros argentins qui s'infiltrent dans le Sud du pays.

À la fin des années 1980, la démocratie revient au Brésil et en Argentine, ce qui fragilise la présidence Stroessner. La population descend régulièrement dans les rues pour protester contre les abus du régime. Ces manifestations pacifiques, organisées par les syndicats et les mouvements de gauche, sont durement réprimées. Les États-Unis, qui avaient toujours soutenu le président, finissent par l'abandonner, tandis que l'isolement diplomatique du pays avait des conséquences catastrophiques sur son économie.

Certains observateurs du Paraguay estiment qu'entre 1954 et 1989, Alfredo Stroessner a commandité au moins un millier d'assassinats et de disparitions et que deux millions de Paraguayens (environ le tiers de la population) ont choisi l'exil pour des raisons politiques ou économiques. En 1987, lors de la convention du Parti Colorado, des rumeurs circulent au sujet d'une maladie dont serait atteint le président Stroessner, et certains envisagent de choisir son fils Gustavo Stroessner comme candidat à sa succession. Toujours en 1987, il lève l'état de siège. Mais aux élections de 1988, Alfredo Stroessner est réélu triomphalement avec 88,8 % des voix. Il reçoit la même année la visite du pape Jean-Paul II, qui appelle ouvertement dans ses déclarations à l'évolution du régime vers la démocratie.

Le 3 février 1989, il est finalement renversé par un autre coup d'État, mené par le général Andrés Rodríguez Pedotti, soutenu par les États-Unis. Il s'exile alors au Brésil, et s'installe à Brasilia. En 2004, son petit-fils est candidat pour la présidence du Parti Colorado dans le département d'Alto Paraná - où Alfredo Stroessner était très populaire - mais il est largement battu.

En août 2006, Alfredo Stroessner décède d'une pneumonie, à la suite d'une intervention chirurgicale pour une hernie, alors qu'il ne pèse plus que 45 kg pour 1,90 m. Il est enterré le 17 août au cimetière Campamento de la Paz de Brasilia, au cours d'une cérémonie privée. Le transfert de ses restes au Paraguay est envisagé. Malgré l'aspect dictatorial de sa présidence, Alfredo Stroessner avait des admirateurs qui ont salué certaines réussites politiques. Il est ainsi commun de trouver aujourd'hui au Paraguay des hôpitaux, des écoles, des villages et des villes baptisés à son nom ou à celui de ses proches.

Oviedo Lino

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Lino César Oviedo Silva (né le 23 septembre 1943 à Juan de Mena au Paraguay et mort le 2 février 2013 (à 69 ans) dans le département de Presidente Hayes) est un général et homme politique paraguayen qui a été chef des forces armées du Paraguay jusqu’à sa retraite de l’armée le 22 avril 1996. Oviedo a tenté un coup d’État manqué en 1996.

 

Oviedo Lino

Il a été condamné pour le coup d’État de 1996. Oviedo et ses partisans nient les accusations et affirment que le général est victime de persécution politique pour avoir essayé de réaliser des changements bénéfiques au pays. Il crée en 2002 l'Union nationale de citoyens éthiques (UNACE). Un parti de droite issu d'une branche conservatrice du Parti Colorado ayant fait scission en 1997.

En 2012, il se déclare candidat à l’élection pour la présidence du Paraguay du 23 avril 2013. Le 2 février 2013, Lino Oviedo est tué dans le crash de son hélicoptère qui le ramenait d'un meeting politique. L'appareil, qui le ramenait de la ville de Concepcíon, à 500 km au nord d'Asuncion, s'est abattu dans le Département de Presidente Hayes.

Fleitas Epifanio Méndez

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Epifanio Méndez Fleitas (né en 1917 à San Pedro del Paraná, au Paraguay et mort en 1985 à Buenos Aires) était un musicien, poète écrivait, essayiste et politicien paraguayen.

 

Fleitas Epifanio Méndez

Considéré comme un intellectuel, il a eu différentes responsabilités dans l’administration publique. Il fut ainsi chef de la Police entre 1949 et 1952, et président de la Banque Centrale du Paraguay de 1952 à 1955. Sa critique claire contre les débuts de la dictature sanglante du général Alfredo Stroessner (1954-1989) lui valut d’être enfermé en prison, et torturé. Il partit en exil en Uruguay, puis en Argentine et aux États-Unis. Il fut aussi le protecteur et le promoteur de la musique paraguayenne. Enregistrant de la musique comme « Conjunto San Solano », il laissa à la postérité une partie de la musique populaire de son pays. Il mourut à Buenos Aires en 1985. Son neveu Fernando Lugo, évêque du Paraguay puis homme politique, deviendra président du Paraguay.

Ovelar Blanca

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Blanca Margarita Ovelar de Duarte (née le 2 septembre 1957), est une femme politique paraguayenne. 

 

Ovelar Blanca

Ancienne ministre de l'Éducation elle s'est présentée à l'élection présidentielle d'avril 2008 sous la bannière du Parti colorado, dans laquelle elle fut battue par Fernando Lugo.


Lugo Fernando

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Fernando Armindo Lugo Méndez, né le 30 mai 1951 à San Solano, au Paraguay, est un ancien évêque catholique romain et président de la République du Paraguay entre le 15 août 2008 et le 22 juin 2012.

 

Lugo Fernando

Membre de l'Alliance patriotique pour le changement (coalition de centre-gauche), il est élu président de la République le 20 avril 2008, avec 40,8 % des voix contre 30,8 % des voix à sa principale rivale, Blanca Ovelar, du Parti Colorado. Cet ancien étudiant en sociologie, devenu un temps maître d'école, est né dans une famille pauvre du département d'Itapúa, à la frontière avec l’Argentine. Son oncle, Epifanio Méndez Fleitas, fut un dissident historique à l'époque du général dictateur Alfredo Stroessner (1954–1989). Il est le plus jeune des six frères d'une famille persécutée sous cette dictature. Son père fut emprisonné, ainsi que trois de ses frères qui ont dû s'exiler pendant plus de vingt ans.

En 1971, alors que son père le destinait à être avocat, il choisit, à 19 ans, après une expérience d'enseignement à la campagne, d'entrer au séminaire dans la communauté des Missionnaires du Verbe divin, et intègre l'université catholique de Notre-Dame de l'Assomption à Asuncion où il obtient une licence en théologie. Il est ordonné prêtre le 15 août 1977. Missionnaire, il part ensuite pour l'Équateur, dans la province de Bolivar pour y travailler jusqu'en 1982 au contact des couches sociales les plus défavorisées. Ces années lui valent aujourd'hui le surnom d'« évêque des pauvres ».

Expulsé du Paraguay par le régime de Stroessner parce que ses sermons sont jugés subversifs, il connaît quatre années d'exil à Rome, où il complète ses études de théologie à l'université pontificale grégorienne, et obtient en 1983 une licence en sociologie, avec une spécialisation en doctrine sociale de l'Église. Rentré au pays, il est ordonné le 17 avril 1994 évêque de San Pedro (centre), la région la plus pauvre du pays. En janvier 2005, il remet sa démission avant de renoncer en décembre 2006 à sa charge d'évêque canoniquement incompatible avec son engagement politique. Malgré cela, le pape le déclare suspens a divinis en février 2007, refusant sa renonciation à la charge d'évêque, qui est acceptée à vie, mais suspendant celle-ci. Cette sanction, très rarement appliquée dans le cas de prêtres s'engageant politiquement, avait été appliquée à Jean-Bertrand Aristide en Haïti.

Cependant, le 30 juillet 2008, à la suite de son élection, le Vatican lui « concède la perte de l'état clérical, avec toutes les obligations qui y sont attachées » et sa « réduction à l'état laïc ». Cette décision le libère des droits et obligations associées à l'état clérical. Il conserve cependant sa qualité d'évêque consacré et son éventuelle réintégration dans l'état sacerdotal demeure possible à l'issue de son mandat de cinq ans. Il s'affirme au grand jour sur la scène politique en mars 2006, lorsqu'il prend la tête d'une manifestation à Asuncion pour protester contre Nicanor Duarte, président de la République en exercice, qui tente alors de briguer un second mandat malgré l'interdiction inscrite dans la Constitution du pays. L'establishment tente de le faire passer pour un dangereux communiste en le comparant au président bolivien Evo Morales ou au vénézuélien Hugo Chávez. En fait, il appartient à une gauche modérée. Il est soutenu pour la présidentielle par le Parti libéral, un parti de centre-droit historiquement opposé au parti au pouvoir, et qui fait partie de l'Alliance patriotique pour le changement, ainsi que le Parti démocrate-chrétien. Plutôt que « de gauche », il préfère lui-même se qualifier de « progressiste » et se dit proche du président brésilien Lula.

Il aurait reçu des menaces de mort au cours de la campagne électorale. En décembre 2007, le Parti démocrate chrétien accepte son affiliation, le candidat à la présidentielle devant nécessairement être affilié à un parti en particulier. Cela suscite la colère de l'ancien membre et président du Parti démocrate-chrétien, Luis Manuel Andrada Nogués, qui considère cette désignation comme ne devant pas avoir lieu, en raison de l'attitude de Lugo vis-à-vis de l'Église catholique et de ses valeurs. Fernando Lugo se présente à l'élection présidentielle (un seul tour) en ticket avec Federico Franco, du Parti Libéral Radical Authentique, ce parti ayant validé en interne un ticket mixte plutôt qu'un ticket exclusivement libéral mené par Federico Franco. Le Parti Libéral à lui seul n'aurait probablement pas pu battre le candidat du Parti Colorado, alors que Lugo attire les voix des électeurs qui veulent un président honnête, dans un pays miné par la corruption et le clientélisme.

Le scrutin ayant lieu dans le calme, il est élu président de la République le 20 avril 200811 et prend ses fonctions le 15 août suivant. Il nomme la première ministre autochtone du Paraguay aux Affaires indigènes en août 2008, Margarita Mbywangi, une Guayaki et ancienne esclave. Le nationalisme économique, la lutte contre la corruption et la réforme agraire constituent ses axes prioritaires. Toutefois, il perd dès le printemps 2009 le soutien du Parti libéral et de la majorité du Parlement, et ne peut mener cette dernière réforme à terme. Au cours de sa présidence, plusieurs révélations concernant des enfants qu'il aurait eus alors qu'il était encore prêtre font scandale. Il a depuis reconnu sa paternité à l'égard de Guillermo Lugo Carrillo, un enfant de deux ans. Cette reconnaissance est qualifiée d'« acte courageux » par des dirigeants politiques locaux et même par un membre de la Conférence épiscopale paraguayenne, Mgr Mario Melanio Medina. Mais on sait depuis que Viviana Carrillo n'avait, selon sa demande légale, que 16 ans lors des ses relations intimes initiales avec l'évêque Lugo, âgé alors de 48 ans. En juin 2012, il a reconnu un second fils, Angel Zárate, âgé de 10 ans.

En décembre 2009, il affirme avoir fait l'objet de plusieurs tentatives de putsch et être menacé par un coup d'État selon le scénario hondurien de juillet 200913,7. Son vice-président lui-même, Federico Franco (libéral), se dit prêt à assumer le pouvoir13, tandis que le sénateur libéral, Alfredo Jaeggli, affirme qu'il faudrait le destituer dans les quatre mois, l'accusant de ne pas réussir à maintenir l'ordre dans le pays. Federico Franco tentera de faire destituer Lugo en octobre 2010, en l'accusant d'avoir violé la Constitution. En effet, alors que Lugo est au Brésil pour faire traiter un lymphome, il ordonne des changements dans l'état-major des armées; or cette compétence revient alors à Franco qui assure la présidence par intérim. La menace d'un procès politique contre Lugo aura été brandie à de nombreuses reprises avant 2012.

Le 15 juin 2012, 384 policiers armés tentent de déloger les 60 paysans présents dans un campement près de Curuguaty, pourtant déclaré « d'intérêt social » par décret en 2004. Une fusillade éclate, faisant onze morts du côté des paysans, six du côté des policiers. La responsabilité de la tuerie fait toujours débat. En effet, l'un des dirigeants paysans, Vidal Vega, peu après avoir déclaré qu'il allait témoigner sur ce qu'il savait de la présence d'infiltrés sur les lieux du massacre, est assassiné. De plus, le film réalisé par un hélicoptère de la police ayant survolé en permanence le lieu des événements a mystérieusement disparu. Enfin la présence de femmes et d'enfants au sein du campement des paysans désavoue la thèse d'une embuscade des ces derniers, tendue aux forces de l'ordre.

Ce tragique événement sert alors de prétexte à la droite, majoritaire au Parlement19, pour engager la procédure de destitution. Le 21 juin, 76 membres de la Chambre des députés votent pour la révocation du président. Le lendemain, le Sénat le destitue au terme d'un "jugement politique" de vingt-quatre heures, par 39 voix pour, 4 contre et 2 abstentions ; alors que l'article 225 de la Constitution stipule qu'il aurait dû disposer de cinq jours pour organiser sa défense. Le Paraguay est alors exclu du Marché commun du Sud (Mercosur), de l'Union des nations sud-américaines (Unasur) et de la Communauté d'États latino-américains et caraïbes (Celac), qui ne reconnaissent pas le nouveau gouvernement, tandis que l'Organisation des États américains (OEA) rejette cette possibilité. Les chefs d’État des pays voisins prennent position contre la destitution, tels que le président équatorien Rafael Correa qui la juge ainsi « illégitime » ou la présidente argentine Cristina Kirchner parlant d’un « coup d’État inacceptable ».

Morales Ayma Evo

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Juan Evo Morales Ayma est un footballeur, dirigeant syndical et homme d'État bolivien, chef de file du Mouvement vers le socialisme (MAS). Né le 26 octobre 1959 dans l'Altiplano bolivien dans une famille aymara à Orinoca, une ville de mineurs du département d'Oruro en Bolivie, il a remporté l'élection présidentielle du 18 décembre 2005 (avec plus de 53 % des voix). 

Morales Ayma Evo

Amérindien d'origine aymara, autodidacte, militant syndicaliste depuis 1985, il prend dans les années 1990 la tête du mouvement des cocaleros mobilisés contre l'éradication de la culture du coca. Président de six fédérations de cocaleros, député de Cochabamba (1997-2002), il fonde, en 1999, le Mouvement vers le socialisme (MAS), une confédération d'organisations sociales. Arrivé en deuxième position lors de l'élection présidentielle de 2002, il accompagne et dirige, avec d'autres leaders de mouvements sociaux, les soulèvements qui font tomber les présidents Gonzalo Sanchez de Lozada (octobre 2003) puis Carlos Mesa (juin 2005).

Candidat du MAS à l'élection présidentielle de décembre 2005, il devient, en janvier 2006, le premier président amérindien de la Bolivie. Il est très largement réélu en 2009, dès le premier tour, avec plus de 62 % des suffrages. Tandis que son mouvement acquiert une position hégémonique après avoir obtenu la majorité absolue des sièges au Parlement – l’opposition parvenant toutefois à se maintenir après l’échec de l’épreuve de force engagée en 2008, dans les régions de l’Oriente, en particulier dans les départements les plus développés et riches du pays de Santa Cruz, de Tarija et du Beni – Evo Morales veut réformer en profondeur les institutions boliviennes.

La nouvelle Constitution pose ainsi les bases d’un nouvel État plurinational censé en particulier donner pour la première fois aux communautés amérindiennes un pouvoir de contrôle sur la gestion des ressources du pays. Les principaux défis qu’il doit relever sont la mise en place des autonomies au profit notamment des communautés indigènes, la poursuite de la réforme agraire avec une redistribution des terres improductives et la lutte contre l’extrême pauvreté. La nationalisation du secteur de l’énergie (gaz) et l’exploitation des richesses potentielles du pays (lithium) sont les principaux moyens économiques de cette politique allant à l’encontre de l’orthodoxie néolibérale mais n’excluant pas – derrière une rhétorique anticapitaliste et, par certains aspects, « populiste » – un certain pragmatisme.

À partir de 2010, le président doit répondre aux multiples revendications et résistances de ceux qui l’ont élu : tandis que le pouvoir tente d’éviter de faire basculer du côté de l’opposition une classe moyenne en augmentation, mineurs, cocaleros, paysans sans terre, communautés indiennes n’hésitent pas se mobiliser pour bloquer certaines mesures et projets ou exiger une accélération des réformes. La rhétorique indigéniste et socialiste montrent alors leurs limites et contradictions.

Linera Alvaro Garcia

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Linera et Luiz Inácio Lula da Silva, président de la République fédérative du Brésil (2006). Álvaro García Linera, né le 19 octobre 1962 à Cochabamba, est un mathématicien et sociologue bolivien. 

Linera Alvaro Garcia

Élu vice-président de la République lors de l'élection présidentielle de 2005 en tant que colistier d'Evo Morales pour le parti Movimiento al Socialismo (Mouvement vers le socialisme), il est réélu en 2009 comme vice-président de l'État plurinational de Bolivie. Álvaro García Linera est né à Cochabamba et étudie en Bolivie jusqu'au niveau secondaire. Il part ensuite à l'Université nationale autonome du Mexique (UNAM) dans la ville de Mexico.

En 1985, il revient en Bolivie et s'investit dans la vie publique et politique. Suite à sa participation à l'Armée guérillera Túpac Katari, il est arrêté en 1992 et passe cinq ans en prison sans être jugé ; il y étudie la sociologie. À sa sortie de prison, il reprend sa carrière universitaire en enseignant la sociologie, les sciences de la communication ainsi que les sciences politiques dans différentes universités. Il donne des conférences, notamment en Équateur, au Pérou, au Mexique, en Argentine, en Espagne et en France. Il est également commentateur politique. En 2004, il reçoit le prix de sciences sociales Agustín Cueva du département de sociologie et sciences politiques de l'Universidad Central del Ecuador.

Intellectuel organique de grande envergure, il est devenu un théoricien du réveil identitaire indigène comme moteur des mouvements sociaux, tout en étant capable de défendre la voie du dialogue. Lors de l'élection présidentielle bolivienne de 2005, il soutient Evo Morales qui obtient la majorité absolue au premier tour, et prend la fonction de vice-président. Les principaux objectifs annoncés par le Movimiento al Socialismo sont la nationalisation des hydrocarbures, la tenue d'une assemblée constituante et le refus du modèle économique néolibéral. Il est partisan d'un état fort, mais souhaite encourager l'auto-gestion au niveau local. Il situe son parti « au centre gauche ».

Álvaro García Linera souhaite décoloniser le système politique de la Bolivie afin que tout le Peuple, les Indiens participent à la vie politique bolivienne (il se donne quatre ans pour cette tâche) ; son but à long terme est d'instaurer le socialisme andin. Son objectif est également de faire fonctionner les structures et les institutions de l'État en véritable démocratie directe (la parole et le pouvoir au Peuple).

Bordaberry Juan María

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Juan María Bordaberry (né à Montevideo le 17 juin 1928 et mort le 17 juillet 2011) est le 28e Président de l'Uruguay, en fonction entre le 1er mars 1972 et le 27 juin 1973. Après le coup d'État du 27 juin, il demeure chef d'État, devenant le premier dictateur du pays jusqu'au 12 juin 1976, date à laquelle l'armée le remplace par Alberto Demicheli. Affilié au Parti Colorado aux tendances conservatrices, il fut condamné pour crimes contre l'humanité et « attentat contre la Constitution », en raison du coup d'État, en février 2010. Il est mort en 2011.

Bordaberry Juan María

Avant de se lancer dans la politique, il est un éleveur. Bien que davantage proche du Parti colorado, il est élu sénateur en 1963 sur les listes du Parti blanco. En effet, il avait rejoint la Liga Federal de Acción Ruralista (« Ligue fédérale de l'action rurale ») de Benito Nardone, qui s'était alliée en 1958 au Parti blanco, Nardone entrant au Conseil national du gouvernement. Le sénateur Bordaberry est en contact étroit avec l'ambassadeur des États-Unis, Wymberley Coerr. En 1969, il fait passer la Ligue d'action ruraliste du Parti blanco au Parti colorado, apport de voix qui permet la victoire du Parti colorado, et, au sein de celle-ci, de la candidature de Jorge Pacheco Areco. Celui-ci l'intègre à son gouvernement, qui prend rapidement un ton très autoritaire, en tant que Ministre de l'Elevage et de l'Agriculture. L'Union nationale réélectionniste, qui milite pour une réforme constitutionnelle afin de permettre à Pacheco Areco de briguer un second mandat, le présente néanmoins comme candidat présidentiel, flanqué de Jorge Sapelli comme co-listier, aux élections de novembre 1971, au cas où la réforme constitutionnelle serait rejetée.

Il est alors élu président avec 40,3 % des voix contre 40,1 % pour le candidat blanco, Wilson Ferreira Aldunate, tandis que le Front large (coalition de gauche tout juste créée) remporte 18,6 % des voix. Les élections sont néanmoins entachées de fraudes nombreuses, organisées notamment à l'instigation de la junte militaire brésilienne, en toute connaissance de cause et le soutien passif de Richard Nixon, président des États-Unis, qui veut en effet éviter une version uruguayenne de la victoire de l'Unité populaire chilienne. La campagne présidentielle est marquée par la crise économique et sociale, ainsi qu'un affrontement politique important, avec notamment l'activité de la guérilla des Tupamaros, qui ont toutefois baissé le ton lors de la campagne dans le cadre de leur « soutien critique » au Front large, tandis que les escadrons de la mort organisent des attentats, tentant notamment d'assassiner le candidat du Front, le général Líber Seregni.

Son gouvernement, formé des secteurs les plus conservateurs et militaristes, continue la politique autoritaire de Jorge Pacheco Areco, en décrétant des mesures d'exception. Il accorde une plus grande priorité budgétaire aux militaires qu'à l'éducation et à d'autres secteurs sociaux et propose également une réforme universitaire afin d'éliminer l'autonomie des facultés et d'augmenter le pouvoir de l'armée et de la police. En avril 1972, après l'assassinat par les Tupamaros du sous-secrétaire d'État à l'Intérieur Armando Costa y Lara, responsable des Escadrons de la mort, le Parlement vote l'« état de guerre interne », le 16 avril 1972, la torture étant alors généralisée tandis que les prisonniers politiques passent sous la coupe des tribunaux militaires. Toutes les libertés civiles sont suspendues, d'abord pendant trente jours mais plus tard prolongées par l'Assemblée générale jusqu'en 1973. Vers la fin de l'année, l'armée défait décisivement les Tupamaros, dont les membres survivants sont emprisonnés ou se sauvent hors des frontières du pays, une première vague de réfugiés arrivant au Chili en mai 1972.

Le 7 février 1973, Bordaberry nomme Antonio Francese, général à la retraite, au Ministère de la Défense, afin de remplacer Armando Mallet et d'affirmer son autorité sur l'armée. L'armée de terre et l'aviation s'y opposent, avec l'appui de la loge secrète et anti-communiste des lieutenants d'Artigas, réunissant blancos et colorados et dirigée par le général Mario Aguerrondo. Le chef de l'état-major, Gregorio Álvarez, déclare avec les chefs des différentes régions militaires qu'ils n'obéiraient pas à Francese. Le pays est au bord du coup d'État, les colonels poussant les généraux à faire un putsch, tandis que le contre-amiral Juan José Zorilla s'apprête à y résister, et que le blanco Wilson Ferreira Aldunate (en) propose à l'armée de destituer Bordaberry et de convoquer des élections. Finalement, le 12 février 1973, les militaires imposent à Bordaberry le Pacte de Boiso Lanza, qui créé le Conseil de sécurité nationale (COSENA), composé de quatre ministres (dont ceux des portefeuilles souverains) et du commandement de l'armée, qui impose sa ligne politique en matière de sécurité intérieure. Les nouveaux ministres de l'Intérieur et de la Défense, Néstor Bolentini et Walter Ravenna, sont nommés avec l'accord des militaires. La montée en puissance des militaires, commencée dès Jorge Pacheco Areco, s'accélère ainsi subitement.

L'armée effectue un coup d'État le 27 juin 1973, occupant les stations service et décrétant la dissolution du Parlement (décret no 464/973). Bordaberry conserve son poste de président, mais sous la surveillance étroite d'un Conseil d'État formé de militaires. La Constitution est suspendue et les partis politiques sont interdits, tandis que les mouvements sociaux sont réprimés. Au cours de cette dictature, des milliers de personnes furent torturées, emprisonnées ou encore tuées à cause de leurs idées politiques, Amnesty International a même conclu en 1976 que le ratio prisonniers politiques par habitant était plus élevé que dans n'importe quelle autre nation au monde. En 1975, Bordaberry propose une réforme visant à l'anéantissement complet des partis déjà illégaux et à l'établissement d'un système inspiré du franquisme. Le 27 mars 2011, Bordaberry est renversé par Alberto Demichelli Lizaso, président du Conseil de l'État.

La politique de Bordaberry a reçu l'appui de la Comunión Tradicionalista Carlista (es), un groupe carliste de la droite catholique traditionaliste, auquel était lié de très près son secrétaire de la présidence Álvaro Pacheco Seré. Son fils, Santiago Bordaberry, milite pour le carlisme traditionalisme. Une plainte fut déposée contre lui le 15 novembre 2002, accompagnée de la signature de 1 500 personnes, pour son rôle clef lors du coup d'État et la dictature. En mars 2006, il a été inculpé par la justice uruguayenne, accusé d'avoir violé la Constitution et d'être le responsable de crimes contre l'humanité en ayant organisé les disparitions forcées et la torture de milliers d'opposants. Il a été en particulier inculpé et mis en détention préventive le 17 novembre 2006, avec le chancelier Juan Carlos Blanco, pour l'assassinat des parlementaires Zelmar Michelini et Hector Gutierrez Ruiz ainsi que des Tupamaros Rosario Barredo et William Whitelaw, enlevés en mai 1976 en Argentine avec un militant communiste uruguayen. En décembre 2006, un autre magistrat l'a aussi inculpé de la disparition forcée d'une dizaine de personnes (crime imprescriptible).

Il fut cependant transféré à l'hôpital de Montevideo en janvier 2007 pour des problèmes pulmonaires, et bénéficiait depuis d'une assignation à résidence. Sa retraite de président de la République a été suspendue en février 2008. Son fils, Pedro Bordaberry, était le candidat colorado à l'élection présidentielle de 2009. Lors d'un arrêt historique, il a été condamné le 10 février 2010 par la juge Mariana Mota à 30 ans de prison pour « attentat contre la Constitution » (violation art. 117 Code pénal), la décision sanctionnant spécifiquement le coup d'État du 23 juin 1973, ainsi que pour neuf délits de disparitions forcées et, en tant que co-auteur, de deux « homicides politiques », tous qualifiés de crimes contre l'humanité. Les magistrats ont alors jugé inconstitutionnelle la loi d'amnistie (ley de caducidad) et donné force constitutionnelle aux traités internationaux, en vertu de l'art. 72 de la Constitution.

Fujimori Alberto

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Alberto Kenya Fujimori (né le 28 juillet 1938 à Lima, Pérou) est un homme politique péruvien d'origine japonaise, président de la République du 28 juillet 1990 au 22 novembre 2000. Accusé de massacre de Barrios Altos et de violations des droits de l'homme il s'est exilé pendant six ans avant d'être extradé vers le Pérou et condamné, en 2009, à 25 ans de prison.

Fujimori Alberto

Fujimori est né à Lima de parents japonais, Naoichi Fujimori et Mutsue Fujimori, qui étaient natifs de Kumamoto et qui avaient émigré au Pérou en 1934 (sa mère est décédée en 2009). La naissance fut déclarée au consulat japonais pour que le bébé conserve la citoyenneté japonaise, par « droit du sang » car ses parents pensaient pouvoir retourner au Japon. Cependant, lorsque le Japon entra dans la Seconde Guerre mondiale, le Pérou fut le premier pays d'Amérique latine à rentrer en guerre aux côtés des États-Unis. La réussite économique de la communauté japonaise ne fit qu'exacerber le ressentiment de la population péruvienne et beaucoup de Japonais furent persécutés et envoyés en camps de concentration aux États-Unis… plus de 600 japonais trouvèrent la mort durant la mise à sac de leurs petits commerces.

Beaucoup de Japonais fuirent le Pérou et malgré la confiscation de leur atelier de réparation de pneumatiques, la famille Fujimori resta à Lima. Il étudia à l'école de la Merced, puis au collège Alfonso Ugarte, où il sortit premier de sa promotion. Ingénieur agronome par ses études, il est aussi professeur de mathématiques, puis il a ensuite été recteur de l'université Agraria de La Molina et fut deux fois président de la Commission nationale des recteurs d'universités péruviennes (Asamblea Nacional de Rectores). Fujimori remporte de manière inattendue l'élection présidentielle de 1990 avec son nouveau parti Cambio 90, et devance le célèbre écrivain Mario Vargas Llosa par le ballottage au second tour. Fujimori a profité de plusieurs éléments politiques locaux :

  • du désenchantement de la population à la suite de la présidence d'Alan García et de son parti l'APRA (Alliance populaire révolutionnaire américaine).
  • du rejet de la campagne de Vargas Llosa annonçant des réformes économiques libérales nécessaires selon lui d'après le contexte d'alors.

Enfin, pour certains commentateurs politiques, l'asce dance japonaise de Fujimori a pu lui rallier le vote populaire, une bonne partie des Péruviens étant d'ascendance amérindienne, et comme lui ne parlant que peu le castillan, le distinguant ainsi du reste du personnel politique, souvent d'ascendance plus particulièrement espagnole. Il a été surnommé "el Chino" (le Chinois). Fujimori, rapidement rebaptisé « Fujishock », se lance dans une politique économique de grande envergure qui allait au-delà du slogan de son programme électoral (« Travail, technologie, honnêteté »). Sous la tutelle du FMI, il s’engage dans de grandes réformes de l'économie péruvienne, plus drastiques encore que ce que Vargas Llosa avait prévu. En effet, après un demi-siècle de corruption le pays est au bord du gouffre et est recordman du monde de l'inflation, avec plus 7 000 % par an et rongé par une guérilla entre le gouvernement et divers groupes révolutionnaires maoïstes (PCP-Sentier lumineux, MRTA-Mouvement Révolutionnaire Tupac Amaru).

Fujimori privatisa des centaines d'entreprises publiques, souvent de façon imparfaite mais rapide et finalement efficace. Sur les 9 milliards de dollars US qu'auraient rapporté ces ventes, la plus grande part a été utilisée pour la construction de ponts, chemins pavés et écoles. Cette politique permit au Pérou de connaître une stabilité économique, une forte croissance au milieu des années 1990 (+12 % du PIB en 1994) et, en conséquence, la réinsertion du Pérou dans la communauté internationale, mais, malheureusement, elle ne parvient pas à venir à bout du processus de paupérisation qui avait commencé sous le gouvernement d'Alan Garcia. Le 5 avril 1992, Fujimori renversa son propre gouvernement (en espagnol : autogolpe ou auto-coup d'État). Il semble que ses objectifs aient été :

  • l'approbation des nouvelles mesures antiterroristes ;
  • la dissolution du parlement obstructionniste et très impopulaire ;
  • la réforme du pouvoir judiciaire ;
  • l'instauration d'une nouvelle politique dans le but de vaincre les mouvements terroristes du Sentier lumineux et Túpac Amaru.

Au commencement, avec la dissolution du Congrès et la restructuration du système judiciaire, les Péruviens ont peu protesté. Selon les sondages, ce fut le moment de plus haute popularité de Fujimori, avec 80 %. En raison de la situation économique et de la pauvreté, beaucoup tablaient sur le « Fujishock » dont les effets ont été globalement positifs. En partie, la réaction internationale fut négative. Les organisations financières internationales reportèrent leurs prêts. Les États-Unis, l'Allemagne et l'Espagne annulèrent toute aide au Pérou, sauf humanitaire. Le Venezuela rompit ses relations diplomatiques. L'Argentine et le Chili réclamèrent que le Pérou soit suspendu de l'Organisation des États américains (OEA). Le coup d'État, par ses conséquences diplomatiques, mit en danger les réformes économiques en coupant le Pérou d'une partie de ses partenaires commerciaux.

Cependant, l'OEA et le gouvernement de George Bush reconnurent officiellement Fujimori comme chef légitime du Pérou, malgré le non-respect des règles démocratiques. Leur crainte était de voir le Pérou s'affaiblir, alors que les États-Unis venaient en 1991 de signer un accord de coopération militaire avec le Pérou pour lutter contre les producteurs de coca. De plus, le gouvernement des États-Unis commençait à s'inquiéter du mouvement du Sentier lumineux (Sendero Luminoso en espagnol) d'Abimael Gúzman. Le 13 novembre 1992, une tentative militaire du coup d'État échoua à renverser Fujimori, qui se réfugia temporairement dans l'ambassade japonaise en pleine nuit. En 1993, le Pérou adopta une nouvelle Constitution et revint sur la scène internationale.

Un deuxième opposant apparut en la personne de la femme de Fujimori après leur divorce en 1994. Susana Higuchi fut formellement démise de son titre de première dame, qui fut remis à leur fille aînée. Dès lors, Higuchi dénonça son ancien époux comme un tyran, maître d'un gouvernement corrompu. En avril 1995, au moment de sa plus forte popularité, Fujimori fut réélu et son parti obtint la majorité absolue au Congrès. Il battit Javier Pérez de Cuéllar, ancien secrétaire général des Nations unies. Quelques jours après son élection, un conflit territorial à la frontière avec l'Équateur éclata. Cédant une partie du territoire que réclamait l'Équateur, il signa un accord de paix avec l'Équateur, mettant fin à près de deux siècles de conflits territoriaux en Amazonie. Cet accord permit également d'obtenir des fonds internationaux pour développer la région frontalière. Fujimori avança également dans les discussions avec le Chili au sujet du Traité d'Ancón.

Cependant, 1995 marqua le point de retournement dans la carrière de Fujimori. Après plusieurs années de stabilité économique et une disparition du terrorisme, les Péruviens commençaient à réclamer des droits, la liberté de presse et le retour à la démocratie. À cela s'ajoutaient les scandales autour de Fujimori et du chef des services de renseignement, Vladimiro Montesinos. Malgré l'interdiction constitutionnelle de briguer un troisième mandat présidentiel, Fujimori se porta candidat pour les élections de 2000 en prétextant que le 1er mandat avait eu lieu sous l'ancienne Constitution. Il fut déclaré vainqueur de l'élection du 28 mai, au milieu d'accusations d'irrégularités faites par ses opposants. Le leader de l'opposition, Alejandro Toledo, fit campagne pour l'annulation de cette élection. Dans ce contexte, remonta le scandale de corruption autour de Vladimiro Montesinos : une vidéo fut diffusée de Montesinos corrompant un député d'opposition. Fujimori fuit le pays en novembre 2000 pour le Japon. Le 17 novembre, le Congrès péruvien vote sa destitution.

Après un intérim assuré par Valentín Paniagua, Toledo est élu le 28 mai 2001 et installé président de la République le 28 juillet. Beaucoup de Péruviens créditent Fujimori d'avoir mis fin à l'extrême violence et au terrorisme d'une quinzaine d'années qu'avait amorcé et dirigé le groupe du Sentier lumineux (Sendero Luminoso), et d'avoir arrêté son chef, Abimaël Guzmán. Pour permettre cela, Fujimori a accordé à l'état-major militaire le pouvoir d'arrêter les personnes suspectés de terrorisme et de les juger en secret par des tribunaux militaires. Dans le même temps, Fujimori encourageait les habitants à former des patrouilles de campagne (rondas campesinas) pour veiller à la sécurité des zones rurales.

Fujimori est accusé d'avoir entraîné l'arrestation et l'assassinat de milliers de Péruviens innocents, d'avoir miné les droits et libertés individuels au profit de l'armée, sans compter les ruraux qui ont pu se trouver pris au milieu des opérations de l'armée et du Sentier lumineux. Néanmoins, dès 1992, les activités de la guérilla diminuèrent, et Fujimori se posa en vainqueur. Le rapport final de la commission « Vérité et Réconciliation » du gouvernement péruvien, publié le 28 août 2003, soutient toujours la thèse de Fujimori voulant que la majorité des atrocités commises entre 1980 et 1995 sont bien le fait du Sentier lumineux ; toutefois, ce rapport affirme également que les forces armées péruviennes comme celles de l'actuel chef du parti nationaliste, Ollanta Humala, sont coupables de la destruction de villages et de meurtres de paysans suspectés d'aider les terroristes, comme le massacre de 47 habitants, enfants compris, de Cayara (département d'Ayacucho) en 1988, dont les officiers responsables furent condamnés à des peines de prison de trois mois à un an; mais beaucoup ne furent pas condamnés, faute de preuve ou de témoin.

Les révélations en 2002 sur le dénouement de la prise d'otages de la résidence de l'ambassadeur du Japon à Lima parlent également contre le comportement de l'armée. Du 17 décembre 1996 au 22 avril 1997, les miliciens du groupe terroriste Mouvement révolutionnaire Tupac Amaru (MRTA) prennent violemment en otage 800 personnes (diplomates, hauts-fonctionnaires et dignitaires du régime) dans la résidence de l'ambassadeur japonais. Malgré la libération de 72 otages, le gouvernement Fujimori a refusé en échange de délivrer des prisonniers membres du MRTA. L'armée prend la résidence d'assaut le 22 avril : deux soldats tués, un otage (le juge de la Cour suprême Carlos Ernesto Giusti), ainsi que les 14 preneurs d'otages. Quelque temps avant sa fuite au Japon, Fujimori, dans un but de réconciliation nationale, a amnistié tous les membres de l'armée et de la police péruvienne accusés ou coupables d'abus contre les droits de l'homme entre 1980 et 1995.

Alberto Fujimori, n'ayant pas abandonné sa nationalité japonaise lors de la réforme de la loi sur la citoyenneté de 1985, demeure au Japon. Le 5 septembre 2001, deux mois avant l'exil, le ministre de la justice péruvien met en accusation le président Fujimori pour homicide. En mars 2003, à la demande du gouvernement péruvien, Interpol émet un mandat d'arrêt international contre Fujimori pour meurtre, kidnapping et crime contre l'humanité. En septembre 2003, le gouvernement de Alejandro Toledo fait une demande d'extradition de l'ancien président aux autorités japonaises. Cependant, le Japon et le Pérou n'ont pas conclu de traité d'extradition. Le gouvernement péruvien prévoit de présenter par leur ministre de la justice les dossiers d'inculpation au gouvernement japonais, et leur rappeler que Fujimori a la double nationalité.

Il a été arrêté le 7 novembre 2005 quelques heures après être arrivé à Santiago du Chili où il a expliqué qu'il voulait regagner le Pérou et se porter candidat à la présidence bien que toute fonction publique lui soit interdite dans ce pays jusqu'en 2011. Le 6 janvier 2006, il annonce officiellement sa candidature à l'élection présidentielle d'avril 2006. Le Conseil électoral péruvien n'interdit qu'aux délinquants condamnés de se porter candidat à la présidence, mais de nombreux observateurs s'attendent à ce que la candidature de Fujimori soit rejetée. Fujimori, voyant que le procès permettant de l'extrader avançait, décide de jouer sa dernière carte en juin 2007 et annonce sa candidature à la Chambre des conseillers du Japon (la chambre haute du Parlement, ou Diète, de ce pays) sous les couleurs du Nouveau parti du peuple (NPP), créant ainsi une tension entre le Chili et le Japon. Il est néanmoins battu aux élections sénatoriales japonaises du 29 juillet 2007.

Meurtre pour le massacre de Barrios Altos en 1991 et la mort de 15 personnes dînant dans un quartier pauvre de Lima, dont un enfant de 8 ans. Ils furent tués par un escadron de la mort nommé Grupo Colina et qui aurait agi sur ordre de Montesinos. Meurtre pour le massacre de l'université de La Cantuta en 1992 et la mort de neuf étudiants et d'un professeur soupçonnés d'appartenir au Sentier lumineux, commis par le même escadron. Le Congrès a également voté à l'unanimité d'accuser Fujimori d'être responsable de la détention et de la disparition de 67 étudiants de la ville andine de Huancayo et de la disparition de plusieurs habitants de la ville côtière de Chimbote pendant les années 1990. Alberto Fujimori a plusieurs fois déclaré que ces accusations et ces procédures étaient politiques et infondées. Il a créé, depuis le Japon, un nouveau parti, Sí Cumple, pour participer à l'élection présidentielle de 2006. La commission nationale électorale a rappelé en septembre 2003 que Fujimori ne pouvait se présenter jusqu'en 2011 : le Congrès l'ayant accusé d'avoir abandonné son poste en fuyant le pays.

Fujimori reste une personnalité controversée au Pérou. Une grande partie des Péruviens rappellent qu'il a apporté la stabilité, la sécurité et le retour à la croissance économique, après les années catastrophiques de García. Mais une autre partie des Péruviens retiennent l'image d'un gouvernement corrompu, notamment grâce aux révélations liées à Vladimiro Montesinos inculpé de crimes allant du détournement au trafic de drogue et au meurtre. Son procès à Lima a débouché sur une totale responsabilité pour tous les chefs d'accusation et sur une peine de 25 ans de prison. Il se proclame toujours innocent. Il fut président du Pérou du 28 juillet 1990 au 21 novembre 2000, lorsqu'il a été destitué par le Congrès — mais il avait présenté sa démission le 19 novembre 2000, qui a été repoussée. Après 5 ans d'exil volontaire au Japon, il a été arrêté au Chili peu de temps avant l’élection présidentielle de 2006. Il y est demeuré en attendant son extradition vers le Pérou. Le vendredi 21 septembre 2007, son extradition a finalement été acceptée par la cour suprême du Chili. 

Il a été condamné le mardi 7 avril 2009 à 25 ans de prison par le tribunal de Lima, pour violation des droits de l'homme pendant sa présidence, peine confirmée par la Cour suprême du pays le 2 janvier 20101. Il est également condamné à sept ans et demi de prison pour détournement des fonds avec lesquels il a payé Vladimiro Montesinos, chef de ses services de renseignement. Il a été par ailleurs reconnu coupable le 30 septembre 2009 d'avoir payé des députés d'opposition, des journalistes, et de s'être livré à des mises sur écoute téléphonique d'opposants, de journalistes, et d'hommes d'affaires, y compris Mario Vargas Llosa ou Javier Pérez de Cuéllar. Pour ces motifs, il a été condamné à 6 ans de prison. Les peines ne s'additionnant pas au Pérou, il ne devrait effectuer que la plus longue des peines de prison.

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